Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

DANAIDES

DANAIDES, Dava le , ®ava ist. Les filles de DANAUS, appelées aussi Belides, du nom de Bélus, leur ancêtre'. Elles suivirent leur père, lors de sa fuite d'Égypte, et émigrèrent avec lui en Grèce. Toute leur légende paraît avoir trait à la transformation du pays aride où elles abordèrent en une contrée fertile arrosée par des eaux abondantes. Aussitôt qu'il est arrivé dans l'Argolide, Danaüs envoie ses filles à la recherche des sources Une d'elles, AMYMONE, rencontre Poséidon et devient son épouse : le dieu fait jaillir pour elle les sources de la campagne de Lerne et le fleuve, formé par la réunion de leurs eaux porte son nom 4. Niobé, Psammate, Physadéia, donnèrent de même leurs noms à d'autres cours d'eau. La tradition locale rattachait à l'arrivée des Danaïdes l'institution' du culte de Déméter Thesmophore, l'irrigation de l'Argolide et l'invention de l'agriculture G. D'après la fable, les fils d'Ægyptus, s'étant mis à la poursuite des Danaïdes, parvinrent jusqu'à Argos et contraignirent leur oncle à leur accorder ses filles en mariage. Danaüs confia au sort le soin de choisir les époux; mais à son instigation les jeunes filles se vengèrent de la violence qu'elles subissaient, en assassinant ceux-ci pendant la nuit des noces. Hyperrnnestre seule, dont la virginité avait été respectée, épargna son époux Lynkeus. Son père irrité la fit jeter en prison, citer en justice, et elle ne dut son acquittement qu'à la puissante intervention de la déesse Aphrodite, tandis que ses soeurs furent purifiées du meurtre par Hermès et Athéné 8. Cependant, après leur crime, les Danaïdes ne trouvaient plus aucun prétendant. Leur père pour les marier célébra des jeux où il offrit ses filles comme prix aux vainqueurs'. Dans la suite, les meilleures maisons des Danaens s'honorèrent de descendre de ce mariage des Danaïdes avec des héros grecs, et la tradition populaire, qui tenait Danaüs pour le fondateur des STHENIA argiennes "1 rapportait que le premier hyménée avait été chanté à ces secondes noces". D'après une autre version, Danaüs et ses filles seraient morts sous les coups de Lynkeus, successeur de son beau-père sur le trône d'Argos f2. Les Danaïdes, au nombre de cinquante, comme les NÉRÉIDES, sont généralement considérées comme les nymphes des sources du pays d'Argos : c'est sans doute par allusion à la nature de ces cours d'eau périodiquement taris par la sécheresse, qu'elles furent représentées dans des oeuvres anciennes tenant des urnes brisées, ou occupées à remplir un vaisseau percé. Cette image d'un travail sans relâche et sans fin fut une de celles que les poètes et les artistes introduisirent dans leurs peintures C'est par leur châtiment que les Danaïdes sont surtout connues dans les temps modernes, mais l'idée de leur supplice est postérieure à la période de formation du mythe. Homère, ni Hésiode, ni Pindare, ne mentionnent une peine, qui paraît contraster avec la purification faite par les dieux, et le premier auteur chez lequel on en rencontre la trace est Platon ". Polygnote avait peint, dans la LESCIÉ de Delphes 15, des jeunes femmes tenant des urnes brisées. On retrouve sur plusieurs vases peints figurant le monde des enfers 1E les Danaïdes dans la même attitude. Quelques archéologues pensent que Polygnote avait voulu représenter les âmes de ceux qui n'étaient pas initiés (.r iv né IJEaU i(diesn ) " et que l'image des Danaïdes dans Ies enfers avait la même signification dans les monuments postérieurs. C'est ainsi que Visconti interprétait un bas-relief 18 ici reproduit (fig. 2290) et Panofka 19 expliquant une peinture analogue d'un vase du musée Blacas ajoute que dans le même bas-relief a la jeune femme qui ne partage point le supplice des autres et qui s'en éloigne au contraire en se dirigeant vers Mercure assis sur un rocher, représente Hypermnestre à qui sa piété valut le sacerdoce dans le temple de Vénus 20 » Une peinture d'un vase de la collection royale de Munich 21 montre (fig. 2291) les Danaïdes, accomplissant aux enfers leur tâche sans fin. Elles gravissent les flancs d'un vase aux larges flancs (z;CBoç) dans lequel elles vident leurs hydries. Elles sont nues et ailées; cette dernière circonstance vient à l'appui de l'opinion des archéologues qui reconnaissent dans la figure de Danaïdes les âmes des non-initiés. On ne peut reconnaître avec certitude des Danaïdes dans aucune des statues de nymphes ou de jeunes filles portant de l'eau conservées dans les collections. L'une d'elles porte sur sa base le nom d'Anchirrhoé, l'aïeule des filles de Danaüs ; mais cette inscription est actuellement considérée comme moderne 2E. On voyait au temps d'Auguste, sous le portique du temple d'Apollon DAN -24DAP Palatin, à Rome, les statues de Danai'ts et de ses filles 2'. Celle des cinquante soeurs qui semble avoir le plus fréquemment inspiré les anciens artistes est AMYMONE. GIRAUa-TEULON.