DECURIA. On employait à Rome le mot decuria' dans plusieurs sens différents.
1. Il désignait d'abord une subdivision des anciennes tribus. En effet, les Ramnes, ou tribu de Romulus, se partageaient en trente curies [CURIA] et chacune de celles-ci en dix décades ou décuries; chaque décurie renfermait dis familles. Ainsi, après la réunion des trois tribus des Raffines, des Tities et des Luceres, le populos romaius compta trente curies et trois cents décuries'. Dans le système de Niebuhr 3, les décuries ne sont autre chose que les gentes (sur ce point très douteux, voy. GENS). Chaque décurie avait ses sacra particuliers et son canton de terre labourable appelé PAGUS 5 et qui portait souvent le nom de la gens; quelquefois ce nom passait mème à une tribu locale °. Peut-être est-il permis de soutenir que dans l'origine, la propriété individuelle n'existait pas à Rome, et qu'elle était constituée par gens 7, comme plus tard le patrimoine fut réputé commun au paterfamilias et aux heredes sui [IIERES), avec la charge des sacrifices de famille, sacra familiae [SACRA PRIVATA). Chaque curie avait à sa tète un DECURIO 8, nommé par le roi avec le concours du sénat et des comices-curiates 9.
II. De même, le sénat de Romulus compta d'abord seulement cent membres divisés en dix décuries S0, correspon
dantes aux dix curies. Chaque gens était donc représentée au sénat par son chef; le premier sénateur de chaque curie, ou le chef de la gens, la plus importante des dix, représentait de son côté la curie, en sorte que les dix premiers sénateurs correspondaient aux dix curies [DECEMPRtMI]. Après la réunion des trois tribus, la division du sénat en dix décuries subsista 11 [SENATUS].
Mais on fit entrer dans chaque décurie dix sénateurs des tribus des Tities et des Luceres. Cependant, ceux de l'antique race des Ramnes conservèrent sans doute la prérogative de voter les premiers 12, comme patres majorum gentium.
Au point de vue militaire, chaque légion romaine, après l'union des trois tribus, paraît avoir eu trois tribuns, trente centurions et dix décurions 13 ; de même chaque tribu fournit une centurie de trois cents equites ou celeres : il y eut la centurie des Ramnes, celle des Tities et celle des Luceres 14; chaque curie donnait donc dix cavaliers
Au point de vue judiciaire, les citoyens de Rome portés sur l'ALBUM des jurés [voy. JUDICES JURATI ou SELECTI] furent divisés, depuis la loi Aurelia, en 684 de Rome ou 70 av. J.-C., en trois décuries 1S portant des noms différents. Leur nombre fut élevé à quatre par Auguste et à
Les corporations elles-mêmes, corpora, collegia ou unirersitates, se divisaient souvent en décuries. C'est ainsi que chaque magistrat avait à son service des décuries de scribes, de PRAECONES et DE VIATORES, de LICTORES et d'ACCENSI17 [APPARITOR]. Cette organisation se maintint sous l'empire 1s. La corporation des Scribes fut même partieulièrement privilégiée sous le bas-empire [DECURIALIS].
Endans les villes municipales, les citoyens se divisaient souvent en curies pour le vote, comme le prouvent les nombreux textes cités par Marquardt 19 ; en outre le sénat, curie ou ordo, ordinairement de cent membres, se composait d'un certain nombre de membres appelés senatores, decuriones ou conscripti, plus tard curiales". Mais ces sénateurs, qui se divisaient en plusieurs catégories d'après leur rang ou leurs emplois antérieurs 21 [ALBUM DECURIONUM], n'étaient plus partagés, au moins du temps de l'empire, en décuries d'un nombre égal de membres.
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