DECURSIO, DECURSUS. I. Marche militaire. Ce terme se rencontre fréquemment, chez Tite Live et d'autres écrivains, appliqué tantôt à un défilé sous les armes', tantôt aux manoeuvres destinées à apprendre aux soldats à faire rapidement de grandes marches en armes et sans quitter les rangs 2. D'après Végèce 3, les recrues devaient s'habituer à parcourir en cinq heures d'été (environ six heures et demie) [HORA], au pas ordinaire (militari grana), la distance de vingt mille pas (29 kil. 57), et dans le même temps, au pas accéléré (pleno grade, qui citatior est), vingt-quatre mille pas (35 kil. 484). Scipion l'Africain faisait exécuter à ses troupes, tous les quatre jours, une decursio de quatre mille pas 4. Auguste, puis Hadrien, voulurent que, trois fois par mois, fantassins et cavaliers fussent obligés à faire des promenades militaires (ambulatum), armés de toutes pièces, par toutes sortes de chemins et dans des terrains difficiles 5. Maximin exigeait les mêmes manoeuvres tous les cinq jours °.
II. C'était la coutume de faire défiler les troupes en armes autour de la dépouille mortelle de leurs chefs ou d'autres personnages qu'on voulait honorer, et ce défilé est aussi désigné par les mots decurrere , decursio'. C'est une cérémonie semblable qui est figurée dans un des bas-reliefs qui décorent la base de la colonne Antonine 8 (voy. t. I", p. 325, fig. 389). Des monnaies de Néron (fig. 2298) et d'Hadrien,
sur lesquelles on voit des cavaliers galopant précédés ou suivis d'un soldat tenant une haste ou un vexillum, avec la légende DECURSIO 9, font aussi allusion à ces évolutions militaires ou à celles qui en étaient imitées dans les jeux du cirque, lorsque les chevaliers y manoeuvraient conduits par le princeps jus'entutis [EQUITES et CIRCUS, t. I, p. 1200]. Cette dernière interprétation doit sûrement être adoptée, lorsqu'on rencontre la decursio mentionnée et figurée sur des médaillons contorniates (fig. 2229), dont les sujets sont toujours relatifs aux représentations du théâtre et du cirque i0. E. SACLIO.