Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DELICIAE

DELICIAE, DELICIUM. Ce mot, qui dans sa signification la plus générale s'applique à tout ce qui a de l'attrait ou est l'objet d'une prédilection marquée, était donné, chez les Romains, plus particulièrement à des animaux familiers d'amusement et de luxe (nous renvoyons à ce qui été dit sur ce sujet à l'article BESTIAF MANSUETAE) et aussi à des enfants qui faisaient partie de la domesticité des grandes maisons, choisis pour servir à leurs jeunes maîtres de compagnons de jeux, ou pour divertir des personnes plus âgées par leur gentillesse et la vivacité de leur babil. Tels étaient ceux dont Auguste s'entourait et avec lesquels il aimait à se délasser ; il préférait, dit Suétone, ceux qui venaient d'Afrique et de Syrie, mais il n'avait que de l'aversion pour les nains, les monstres, les malheureux contrefaits ou faibles d'esprit, tous les disgraciés de la nature, que l'on trouve aussi comptés parmi les amusements favoris (in deliciis) 8 des riches Romains. Il ne manque pas de monuments antiques qui représentent ces êtres difformes dont ils se faisaient des jouets, et leur nombre même atteste, en dehors des autres témoignages, combien, à Rome, on se plaisait à ces misérables spectacles. On en trouvera ailleurs des exemples [NANGS, On en a déjà cité où sont représentés des animaux favoris iBESTIAE MANSUETAE]. Les morts ont été souvent figurés sur les tombeaux grecs et romains jouant avec les animaux qu'ils aimaient, tenant un oiseau dans la main ou ayant un chien auprès d'eux 4. Trimalchion, dans le Satyi'icon 5, recommande de placer sur sa tombe l'image de sa petite chienne aux pieds de sa statue, et à sa droite la statue de sa femme tenant une colombe et menant en laisse une petite chienne. On voit ici (fig. 2302) le couvercle d'un sarcophage du musée du Capitole e où, à côté de l'effigie d'un jeune homme couché ayant son chien à ses pieds, a aussi été sculptée l'image d'un enfant associé pendant sa vie à ses jeux et qui lui-même tient un oiseau. La figure 2303 reproduit un bas-relief' qui fait partie de la décoration d'un tombeau romain où une famille est représentée , composée du mari, de sa femme, d'une autre femme dont la parenté n'est pas indiquée et d'une petite fille nommée dans l'inscription Chloé et qualifiée de deliciunt. On ren contre souvent dans les inscriptions funéraires les mots 61 DEL dèlicium, delicia et même delicius 8. Ils sont employés comme une expression de tendresse tantôt des parents pour un fils ou une fille particulièrement chéris, tantôt d'un maître pour un de ces jeunes serviteurs dont il vient d'être question, et il n'est pas toujours facile de distinguer s'il s'agit des uns ou des autres. E. SAGLIO.