Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DENARIUS

DENARIUS (3'ea ptov). Nom de l'unité monétaire de l'argent chez les Romains. Nous avons déjà remarqué, dans l'article As, que si les Romains n'avaient battu que fort tard une monnaie d'argent dans leur ville, l'argent considéré comme une simple marchandise y circulait déjà dès la fin du ve siècle avant notre ère, en assez grande quantité, pour n'avoir que 250 fois la valeur du cuivre et pour avoir influé d'une manière prépondérante sur le poids donné aux premiers asses librales. Un peu plus d'un demi-siècle après le début de la fabrication des as à Rome, la ville de Capoue, pressée par les Samnites et ne pouvant plus leur résister, se donna au peuple des Quirites'. Ceuxci y exercèrent tous les droits de la souveraineté, parmi lesquels le droit de faire battre monnaie en leur nom. La série numismatique de la Campanie romaine, depuis longtemps discernée par les érudits 2, se compose de pièces d'or, d'argent et de bronze, et se divise en deux groupes bien distincts par leurs légendes et leurs poids. Les anciennes monnaies portent la légende BoMANO, probablement pour ROMANOM, forme osque, quoique écrite en lettres latines, du génitif pluriel de la seconde déclinaison (fig. 2315). Leur poids, dans l'argent et dans le bronze, est celui des autono mes grecques ou samnites frappées antérieurement dans la Campanie, c'est à-dire, dans l'argent, fondé sur la drachme phénicienne d'environ 3s',500 3 [nü ACnM.a, ; ITaA], sang aucune relation avec le système des monnaies romaines. Ces pièces ont dû commencer à être émises dès l'an 340 av. J.-C., à la première prise de possession de la ville par les Romains. Elles dénotent une grande abondance d'argent dans le pays et un écart bien moins grand qu'il n'existait à Rome entre la valeur de ce dernier métal et celle du bronze. La difficulté des communications, l'absence de régularité dans les rapports commerciaux des deux contrées sont les seuls moyens d'expliquer ce fait extraordinaire d'un mème gouvernement émettant dans deux provinces deux espèces de monnaies sans rapport entre elles et même se rapportant à deux situations absolument différentes de la valeur des matières métalliques. C'était alors un état général en Italie, et la numismatique I putes portent les chiffres latins XXX (fig. 2317), qui ne peuvent désigner qu'une valeur de 30 as. Les monnaies d'or de 61111.820 circulaient donc dans la ville de Romulus comme représentant 45 as Opales ou 450 onces pondérales, c'està-dire 37 livres l2 de bronze, les pièces de 3011,410 comme représentant 22 as 1/2 ou 18 livres 3,4 de bronze, et les pièces d'eleetrum comme représentant 15 as ou 12 livres 1;'2 de bronze. Vous en concluons pour le scrupule d'or la valeur à Rome de 7 as 1/2 ou de 10 onces pondérales et le rapport de 1 à 1,800 entre les deux métaux. Mais l'argent étant au bronze dans cette ville 250: 1, il n'était à l'or que :: 1 : 7,20 S0. Un fait d'une grande importance pour la condition économique de la république romaine à la fin du Ive siècle av. J.-C. ressort de ces indications : c'est que si l'argent était alors peu commun dans la ville reine, l'or n'y était pas beaucoup plus rare et que l'écart entre le prix de ces deux métaux y était notablement moindre de ce qu'il était dans tout le reste du monde antique, excepté à Panticapée. Après l'affermissement complet de la domination romaine en Campanie, la soumission définitive des Samnites, la défaite de Pyrrhus, la prise de Crotone, la reddition de Locres et de Tarente, les métaux précieux et particulièrement l'argent devinrent assez abondants à Rome pour que la République se dèeidilt enfin à frapper dans sa capitale une monnaie de ce métal. Ce fut en 485 de Rome (269 av. J.-C.), sous le consulat de Q. Ogulnius et de C. Fabius que cette résolution fut prise 11, et l'année suivante la nouvelle monnaie fit son apparition sur le marché'. Elle comprenait trois pièces qui étaient entre elles dans les rapports de 1, 2 et 4. La plus forte s'appelait denier (rlenarius), la seconde quinaire (goietaritrs) et la troisième sesterce (seslerrius). Les types de ces pièces étaient : ait droit la tète de la déesse Rome f3, coiffée d'un (asque de celte partie du monde ancien présente des faits bien plus surprenants encore, qui prouvent l'isolement dans lequel vivaient par rapport les unes aux autres les cités d'une même contrée. En Étrurie, à l'époque même où Volt terrae, Camars, Cyrtonium et Arretium fabriquaient un aes grave copié sur celui de Rome, Popdonia, Volsinii et quelques autres villes battaient des monnaies d'or, d'argent et de bronze d'une tout autre nature, appartenant aux systèmes grecs''. Dans le Picenum les as tibiales d'Ariminum et d'tladria sont exactement contemporains des bronzes de taille et de poids purement helléniques frappés dans la colonie grecque d'Ancône, située entre ces deux villes', Le second groupe de la série des monnaies romanocampaniennes est beaucoup plus romain que le premier, et le point de départ doit en être cherché à l'année 317 avant notre ère, où un préfet fut établi à Capoue 6. Les pièces de ce groupe portent le nom même de la ville éternelle au nominatif, ROMA, comme les plus anciennes monnaies à inscriptions fabriquées dans la ville de Rome(fig. 2316). Le poids en est réglé de manière à ce que les monnaies d'argent puissent circuler également suries marchés de la Campanie comme des pièces grecques, d'après le prix des métaux dans ce pags, et sur le marché de Roule en représentant une valeur exacte en aes grave d'après la proportion 250e, qui y était admise entre la valeur de l'argent et du cuivre. Pour arriver à ce résultat on émet encore en argent des tridrachmes, des didrachmes et des drachmes du système phénicien avec des bronzes de poids grec; mais le taux des tridrachmes, des didrachmes et des drachmes a été légèrement affaibli, de telle façon que ces pièces pèsent les unes 9', les autres 6. et les troisièmes enfin 3 scrupules de la livre romaine. Pm-tees à Rome, ellese donnaient donc les unes pour 9, les autres pour 6 et les dernières pour 3 as Mua/es ou de 10 onces pondérales. Quant a l'or, il est entièrement taillé sur le poids du scrupule. Les pièces d'or pur pèsent en moyenne 65x,820, 4011,550 et 3011,410 ou 6, 4 et 3 scrupules «fig. 2317). Les pièces d'électrum ou d'or à bas titre sont de 2011,840 ou de 2 1/2 scrupules, mais comme l'alliage entre dans la proportion de 20 0/0 dans leur composition, elles ne devaient valoir que 2 scrupules d'or e. Comme ce sont les seules monnaies d'or de la Campanie, qui n'en frappa point dans luge de la pleine autonomie, nous ignorons quel y était le rapport des deux métaux et coutre combien de drachmes d'argent elles s'échangeaient sur les marchés de ce pays. Mais nous savons quel était le pair de leur change à Rome. En effet les pièces de 4 seru ailé au revers, avec la légende ROMA, les Dioscures à cheval, comme les dieux protecteurs qui avaient combattu dans les rangs des Romains à la fameuse bataille du lac Régille 1k (fig. 2318, 2319, 2320, 2321). Au bout de peu de temps un autre type s'introduisit pour le revers, concurremment avec le premier; ce fut celui de la Victoire dans un char attelé de deux chevaux, d'où vint aux deniers d'ancienne époque le surnom populaire de bigati15 (fig. 2322). DEN 95 DEN Le poids des deniers primitifs varie de e t,570 à 4s°,150; on peut donc en fixer le taux normal à 712 de la livre romaine ou quatre scrupules, celui du quinaire à deux scrupules et celui du sesterce à un scrupule Ce poids du denier était évidemment imité de celui de la drachme attique un peu forcé, poids que les Romains avaient appris à connaître dans leur contact avec Pyrrhus et les Tarentins, qui l'avaient pour base de leur système monétaire. Les noms de denier, de quinaire et de sesterce, ainsi que les signes numéraux X, V et HS, marqués sur différentes pièces, montrent qu'elles valaient, comme nous le disent les auteurs 17, 10,5 et 2 as 1/2. Au moment où l'on commença à fabriquer la monnaie d'argent à Rome, l'as avait été réduit dans cette ville au poids triental, adopté probablement par suite d'une sorte de banqueroute de l'ltat, dans le moment de la pénurie de numéraire où se trouvèrent les Romains pendant la guerre de Pyrrhus ". Un denier ou quatre scrupules d'argent répondaient donc alors comme valeur à 4o onces pondérales de bronze, d'où nous concluons que la valeur des deux métaux était à ce moment à Rome dans la proportion de 240 à 1. L'écart avait déjà diminué de c depuis le temps de la fixation du poids de l'as libralis. M. Mommsen" a établi d'une manière désormais incontestable que le système originaire de la monnaie d'argent romaine avait été imité, sauf quelques différences, du système monétaire de Tarente et de Syracuse. Dans ce système, que nous exposerons à l'article LITRA, 11 y avait deux tailles principales, le didrachme attique et son dixième qui équivalait à une liera ou livre de bronze. Le poids de la livre romaine, plus fort d'un tiers que celui de la livre sicilienne ou tarentine, et le chiffre de la proportion entre l'argent et le bronze (car les Romains, pour faire admettre leur monnaie sur un plus grand nombre de marchés, voulaient se conformer au poids de la drachme attique, la plus répandue alors) ne leur permettait pas de reproduire exactement cet arrangement. Ils le scindèrent en deux parties. Le denier, qui devint l'unité supérieure et qui ne correspondait qu'à la moitié du décalitron ou statère d'argent de Syracuse, se divisa en quatre sesterces. Le sesterce à son tour reçut spécialement le nom de nummus 20, dérivé de celui de vovuu.oç, par lequel on désignait à Syracuse la pièce d'argent dixième du didrachme attique ou décalitron, et il fut taillé de manière à représenter la valeur de 2 as 1/2 de la réduction trientale, c'est-à-dire d'une livre monétaire de bronze, comme le nummus syracusain valait une livre du même métal avant la réduction de la litra par Denys )LrraA]. Mais en mène temps. pour les comptes, on divisait le sesterce ou nummus en dix parties appelées libellae 21 011 « petites livres, » en imitation des litrae syracusaines de la dernière réduction 22, dont il fallait dix, en effet, pour correspondre à un nummus d'argent de la grande cité sicilienne. La moitié rie la libella s'appelait sembella 23 (contracté pour semilibella) et par corruption sindulu nom copié sur I'ééutai'rptov syracusain, et le quart teruneau.s 23, à l'imitation du Tptâ; du mime pays. Les sigles employés par les comptables, conformément à ce système de division du sesterce, nous sont connus par les écrivains tels que Varron et Volusius Maecianus. Ce sont 20 : Il en résulte qu'avec cette manière de compter et d'exprimer les valeurs monétaires, en prenant pour unité fondamentale le marrants ou sesterce d'argent, on représentait, sur les registres des finances, les monnaies de cuivre de la, façon suivante 21 : Du reste, comme le nummus était à Syracuse la véritable fut réellement dans l'origine l'unité de l'argent; le denier n'était que son multiple. De là vint l'habitude, constante dans les auteurs anciens, pendant toute la république, de compter les sommes d'argent par sesterces et non par deniers. On connait les règles assez compliquées d'après lesquelles s'expriment ces sommes de sesterces. Jusqu'à mille on emploie le mot sestertius sous la forme masculine de la seconde déclinaison 28. Les milliers s'expriment manière abrégée par sestertia ou 10011(0 seuls, comme dans les exemples suivants : Deux exemples suffiront pour rappeler au lecteur comment on exprimait les comptes qui comprenaient, avec chiffre la langue latine n'avait pas de noms de nombres et multipliait 100,000 par les adverbes numéraux 3`. D'après cette règle, un million de sesterces se disait pour exprimer un million de sesterces, on employait le DEN 96 DEN substantif neutre sestertium 32. Ce sestertiuni formait véritablement une nouvelle et énorme unité de compte, comme le talent chez les Grecs. On la multipliait par les adjectifs verbaux, le plus souvent en omettant le substantif. Ainsi quaterdecies millies signifiait 14 milliards de sesterces et millies et quingenties, 1500 millions 1i0. Cicéron r1 fournit deux exemples d'énoncés de sommes cornprenant des millions et des milliers de sesterces avec des quantités inférieures. Ce sont : L'introduction de la monnaie d'argent à Rome précéda de très peu le début de la première guerre Punique. Pendantla durée de cette guerre, les alternatives de revers et de succès des armes romaines produisirent d'énormes changements économiques dans la circulation des métaux. D'un côté les triomphes du début de la guerre, le développement de la navigation, la conquête d'une notable partie de la Sicile, multiplièrent considérablement la masse d'argent qui se trouvait à Rome entre les mains du commerce, de l'État et des particuliers, et changèrent la relation de valeur des deux métaux. De l'autre, les dépenses énormes des expéditions militaires et maritimes, les désastres de Drepanum et de Lilybée amenèrent une crise financière, une grande rareté de numéraire et une hausse considérable du prix des matières métalliques. Par suite de ces deux causes réunies le peuple romain dut réformer de nouveau son système monétaire. Le poids de l'as fut réduit de moitié; de 4 onces pondérales il descendit à 2 onces ou un sextans '2. Celui du denier fut également diminué, quoique dans une moins forte proportion; au lieu de 72 deniers on en tailla 84 dans une livre d'argent, taille qui se maintint jusqu'au temps de Néron et que mentionnent Cornelius Celsus ers, Scribonius Largus, Pline "' et Galien L5. De cette manière, au lieu de 4,2,550, le denier d'argent ne fut plus en moyenne que de 3rr,900, ce qui le maintint encore dans les limites de la drachme attique, mais affaiblie, tandis qu'originairement il forçait sur le poids de cette drachme. Une semblable réforme constituait en réalité une banqueroute de 50 p. 100, car l'as et non le denier, le cuivre et non l'argent, était encore en ce moment l'étalon régulateur de la valeur des choses, la monnaie qui servait de base à toutes les stipulations de payements. Mais en même temps elle établissait dans l'usage monétaire la proportion 1400 qui était devenue celle de la valeur des deux métaux dans le commerce. Ce résultat, joint à ce que dans la masse métallique circulante, qui se trouvait notablement réduite par suite des circonstances politiques, l'argent entrait pour une part plus considérable que vingt-cinq ans auparavant, diminuait pour les particuliers les effets fâcheux de la banqueroute. Les auteurs anciens ne précisent pas la date à laquelle pour l'as le poids sextantal fut substitué au poids triental et à laquelle le denier devint de T-~ de la livre, e'-,,. Mais ce dut être seulement vers la fin de la première guerre Pu nique, car les plus anciennes monnaies de la colonie romaine de Brundisium. fondée en 211 avant l'ère chrétienne'i°, appartiennent encore au système du poids triental Une réforme nouvelle fut opérée un quart de siècle environ plus tard. En 217 av. J.-C., l'année méme de la bataille du lac Trasimène, sous le consulat de Cn. Servilius et de C. Flaminius ou sous la dictature deFabius Maximus, qui leur succéda dans l'année même, à la mort du consul Flaminius, une loi réduisit l'as à une once pondérale et décida que le denier, maintenu au taux de 300,900, vaudrait désormais 16 as au lieu de 10 48. L'argent s'était dès lors substitué au bronze comme régulateur du prix des choses, et par conséquent cette loi constituait une nouvelle banqueroute de 37 et demi p. 100. L'état de détresse oit l'expédition d'Annibal en Italie et les succès du général carthaginois avaient réduit la république en étaient la cause, du moins pour ce qui se rapporte à l'augmentation de la valeur nominale du denier. Quant à la réduction de l'as à la moitié de son poids antérieur, si elle tenait en partie au changement de la valeur du denier, elle tenait également à la proportion :: 1 : 112 entre la valeur du bronze et celle de l'argent, qui résultait de ce qu'en 25 ans ce dernier métal était entré, dans une proportion de 17,68 p. 100 plus considérable, comme partie intégrante dans la masse totale du numéraire. Ce fait que l'établissement du poids oncial pour l'as représentait un état réel de la valeur réciproque des métaux dans le commerce, peut seul expliquer comment une année après la promulgation de la loi Flaminia, quand l'issue de la bataille de Cannes décida la Campanie à se soulever contre les Romains et à embrasser le parti d'Annibal !9, les villes de Capoue, d'Atella et de Calatia, conservèrent le poids oncial pour les as purement autonomes qu'elles frappèrent alors en même temps que Capoue émettait des pièces d'argent de 5 scrupules 1 /2 de la livre romaine'', valant, dans le rapport :: 1.12 : 1 entre les deux métaux, 25 as 1/2 d'une once, ou 25 de ces as, si l'on suppose soit que la valeur de l'argent fîlt à celle du cuivre en Campanie 111 : 1, tandis qu'elle était à Home :: 112: 1, soit que le gouvernement de Rome, pour arriver à une relation de valeur plus exacte entre la monnaie d'argent et la monnaie de bronze. ait établi, par la loi Flaminia, entre Ies deux métaux un rapport monétaire factice légèrement différent du rapport de lemvaleur réelle dans le commerce. A dater de cette réforme, le denier porta les chiffres XVI (fig. 2323), indication de sa nouvelle valeur °2. C'est également à partir de la loi Flaminia que l'on commence à y voir apparaître les noms des magistrats monétaires, d'abord sous forme de mo nogrammes ou de lettres initiales, et, cent ans plus tard, sous forme de noms complets U3, tandis que la légende ROMA commence à être quelquefois omise L, et disparaît entièrement dans le cours du vu° siècle de la fondation de Rome1°. La tête de la déesse Rome avec son casque ailé forme encore pendant plus de cent ans le type constant du droit des deniers, et ne commence que dans le vne siècle de Rome à être remplacée par le buste d'autres divinités ou les effigies des ancêtres illustres des magistrats monétaires 56. Les plus anciennes monnaies d'argent frappées sous le régime de la loi Flaminia conservent au revers les types des Dioscures ou de la Victoire dans le bige, en usage déjà dans l'époque antérieure. Vers la fin du vie siècle de l'ère romaine67 d'autres divinités se substituent dans le bige à la Victoire, et en même temps commence à paraître un autre type, celui du quadrige portant Jupiter ou d'autres dieux, lequel fait donner aux deniers qui le portent l'appellation populaire de quadrigati 56. Dans le cours du vue siècle les images représentées sur les monnaies se diversifient à l'infini. Le denier valant désormais 16 as et le sesterce 4, la correspondance qui avait existé sous le régime antérieur entre les divisions du sesterce adoptées pour les comptes et les monnaies de bronze se trouva changée. On continua à diviser le sesterce ou nummus en IO libellae, 20 sembellae et 40 teruncii; mais les espèces de bronze se trouvèrent désormais notées de la manière suivante dans les comptes qui prenaient pour unité le sesterce d'argent 59 : Semis T = ' Le quadrans, le sextans et l'once ne pouvaient plus s'énoncer dans cette notation de comptabilité, comme sous le régime antérieur. En même temps s'introduisit un autre système de comptes prenant le denier pour unité et le divisant sur le modèle de l'as, de la manière suivante 60 : Semis S denier. Semuncia... . ' Dans les comptes établis d'après ce mode de division et de notation, les différentes monnaies d'argent et de bronze étaient indiquées de la manière suivante : Quinaire S = s denier. Sesterce _ Après la loi Flaminia cesse la fabrication des divisions du denier, quinaire et sesterce. Le sesterce continue à être l'unité employée dans la majorité des comptes, mais une unité purement théorique, sans existence réelle dans la circulation métallique. A la place de ces tailles de la moitié et du quart du denier, on fabrique le victoriatus et sa moitié. Le victoriatus, que mentionnent fréquemment les auteurs, était une pièce d'argent portant au droit la tête de Jupiter, et au revers une Victoire élevant un trophée, type d'où lui venait son nom (fig. 2324). Le même type du revers se re III. produisait sur la moitié, qui se distinguait de la pièce entière par son module, par la tête d'Apollon au droit (fig. 2325), et quelquefois par la lettre S, initiale du mot semis. La valeur du victoriatus était du denier ou 12 as, celle du semi-victoriatus ( ou 6 as 61. L'origine de cette monnaie était la suivante. Voi sine des mines d'argent de Damastium et d'autres points du nord de l'Illyrie, la ville de Dyrrachium était le siège d'un monnayage très considérable de ce métal, qui avait surtout grandi dans les Ive et nie siècles avant notre ère. Pendant ces deux siècles, les espèces frappées à Dyrrachium inondaient tous les marchés des bords de l'Adriatique, y régnaient presque sans partage avec les monnaies d'argent d'Apollonia, autre ville illyrienne, et venaient jusqu'à Rome, où la pureté de leur titre les faisait accepter avec faveur comme des marchandises 62. Une autre raison de cette faveur tenait à ce que l'unité monétaire et la taille la plus multipliée à Dyrrachium et à Apollonia était une drachme asiatique forte au poids moyen de 3e",410 63 laquelle correspondait par conséquent exactement à 3 scrupules de la livre d'argent romaine ou à 4 du denier primitif frappé d'après la loi Fabia-Ogulnia. Ce fut en 229 avant notre ère, entre la première et la seconde guerre Punique, que Dyrrachium et la région voisine tombèrent avec Corcyre au pouvoir des Romains, et en 228 que l'on organisa la province d'Illyrie. La fabrication des autonomes grecques des villes comprises dans cette province cessa alors. Mais la drachme de Dyrrachium était déjà tellement usitée sur le marché de Rome, elle correspondait à une valeur si exacte en monnaie romaine, étant intermédiaire entre le taux de la drachme de 36',230, prédominante en Asie-Mineure dans le système des cistophores et des monnaies de Rhodes, et celui de la drachme de 36r,540, prédominante en Égypte et à Carthage, elle offrait enfin une si grande commodité pour le commerce avec l'Orient, que le gouvernement romain ne voulut pas supprimer cette taille monétaire. Il la frapa lui-même à son propre profit, d'abord dans la province d'Illyrie, puis à Rome 64, et il lui donna un type de Victoire qui rappelait les succès militaires sur les troupes de la reine Tenta, par lesquels avaient éte acquises au peuple des Quirites les cités où se frappaient d'abord ces monnaies. Telle est, du moins, l'opinion de Borghesi, reprise et développée avec une érudition ingénieuse par M. Mommsen. Des faits constatés plus récemment sont venus l'ébranler dans une certaine mesure et ont donné naissance à une nouvelle théorie, proposée par M. Zobel de Zangroniz 66 et admise par le duc de Blacas. On a trouvé un double victoriatus du poids de 6 scrupules 66, qui semble, d'après son style, antérieur à l'époque de la conquête de l'Illyrie. Cette pièce est du même poids que celles de même module dans la seconde série romano-campanienne, et de bons juges, croyant y reconnaître la même fabrique, l'attribuent également à ce pays. Si ceci était définitivement établi, le victoriatus se rattacherait par son origine au mon 13 DEN 98 DEN rayage romain de la Campanie antérieur à la fabrication des espèces d'argent k Rome même. On l'aurait frappé avant 229 comme la moitié d'une de ces pièces campaniennes, et la coïncidence de son poids avec la drachme d'Illyrie, qui contribua sûrement à la faveur avec laquelle cette monnaie fut accueillie sur les marchés, aurait été purement fortuite. Quoi qu'il en soit, le victoriatus, égal à la drachme illyrienne, ayant ainsi pris droit de cité dans le système de la monnaie romaine, où il représentait 4 du denier, lorsque intervint la loi Flaminia, subit la mème réduction que les autres espèces d'argent. Les plus anciens victoriati parvenus jusqu'à nous pèsent 350,410, ou exactement 3 scrupules ; ceux qui datent d'une époque postérieure à la loi Flaminia ne sont plus que de 25e,920, c'est-à-dire des â du nouveau denier réduit à 361'00007. Le seinivictoriatus, qui avait pesé d'abordlsr,705, était également réduit à 1°r,460. La riche et puissante cité grecque de Marseille, dont le commerce avait alors atteint son point culminant de prospérité, dont les monnaies circulaient en abondance dans l'Italie du Nord, dans l'Helvétie, dans une grande partie de 1a Gaule, et y étaient copiées à l'infini par les peuplades barbares 68, dont enfin la politique se liait de plus en plus à l'alliance de Rome, tailla désormais ses espèces d'argent sur le pied du victoriatus réduit. Les drachmes de Marseille, marquées au droit de la tète de Diane et présentant un lion pour type du revers(fig. 2326), pesaient àl'origine3er,77,puis 3sr,56. A l'époque qui suit la loi Flaminia à Rome, le poids en change brusquement et devient flottant entre 3 grammes et 2er,90; il est donc alors exactement celui du nouveau victoriatus R9; plus tard, il continue à descendre graduellement et arrive à 2rr,70 et même 26r,6070. Plus tard, en l'année 10ri av. J.-C., la loi Clodia changea encore une fois le poids et la valeur du victoriatus, en lui laissant ses types. Réduit à ler,950, il eut désormais la valeur d'un quinaire ou de 8 as, et sa moitié celle d'un sesterce ou de 4 as '1. C'est daprès ce dernier taux que Varron Cicéron 73 et Volusins Maecianus i4 font correspondre le victoriatus à la moitié du denier. La Ioi Flaminia n'avait pas seulement établi une valeur nouvelle du denier et une réduction de l'as à la moitié de son poids antérieur : elle avait aussi pour la première fois réglé l'existence d'un monnayage d'or à Rome mème. Antérieurement à cette loi, l'or circulait comme marchandise dans la cité reine. En 357 avant notre ère, la quantité de ce métal qui se trouvait dans le commerce était assez considérable pour que l'on pût établir sur l'affranchissement des esclaves un droit de 5 p. 100 qui se payait en or, Lauxural vICESIMAammMj 76. Le produit de ce droit formait dans le trésor une réserve pour les besoins les plus urgents, réserve qui montait pendant la seconde guerre Punique à 4,000 livres pesant 76. Nous avons montré plus haut qu'entre 317 et 269 le gouvernement de la république faisait battre en Campanie une monnaie d'or au nom de Rome, monnaie qui avait un cours légal dans cette ville et s'y échangeait contre 1800 fois son poids en bronze. Nous avons également montré que dans cet intervalle il y avait presque autant d'or que d'argent à Rome et que l'écart de valeur des deux métaux n'y était que :: 1 : 7,20. Pendant le demi-siècle qui s'étendit de cette époque à celle de la loi Flaminia, les conquêtes de Tarente et de l'Illyrie, la sujétion d'une partie de la Sicile eurent pour résultat d'augmenter énormément la proportion de l'argent clans la masse circulante, tandis que la proportion de l'or restait à peu près stationnaire. Il en résulta que le rapport de l'argent à l'or était, au bout de ce demi-siècle, parvenu au chiffre de 1 à 17,143, et que la loi Flaminia prit ce rapport pour base en décidant que la monnaie d'or serait taillée sur le pied du scrupule, qui dans ce métal vaudrait 20 sesterces d'argent, la livre d'or étant estimée à 5760 sesterces ". Nos collections modernes renferment quelques petites pièces d'or fabriquées d'après ces dispositions légales. Le style en est élégant et presque grec; les types sont au droit la tête casquée de Mars et au revers un aigle sur le foudre (fig. 2327). Elles pèsent 1, 2 et 3 scrupules de la livre romaine etportentlessignesnumé niques XX,XXXX et \f/X, indicatifs de la valeur 20, 40 et 60 sesterces 76. Ces pièces sont fort rares et paraissent n'avoir été fabriquées que pendant un très court intervalle de temps. Evidemment le cours de l'or était alors trop variable pour que l'on pût songer à fabriquer dans ce métal une monnaie d'un usage régulier. Sous le régime de la loi Flaminia, le système de la monnaie romaine s'étendit et se généralisa dans toute l'Italie avec les institutions politiques du peuple-roi. Les anciens poids grecs et gréco-italiques disparurent entièrement de l'usage, à tel point que lorsque les populations de l'Italie, soulevées contre la tyrannie de Rome, engagèrent la formidable lutte connue sous le nom de Guerre Sociale, les monnaies qu'elles frappèrent étaient par leur poids et leur valeur de purs et simples deniers romains73 (fig. 2328). Lorsque la Guerre Sociale fut terminée et que l'Italie entière eut obtenu le droit de cité romaine, en 89 avant J.-C., les autonomies Ioà ,, cales disparurent, la mon raie officielle de l'État de vint seule en usage dans la péninsule, et la loi Plautia Papiria vint en réorganiser le système 8°. Depuis 217 jusqu'en 89, au milieu des éclatants triomphes de la fortune romaine, la masse de l'argent avait progressivement doublé par rapport à celle du bronze dans la ville, qui était déjà la capitale du monde. Par conséquent la relation de valeur des deux métaux de :: 1 : 112 était descendue à :: 1 : 56 et, le taux du denier restant le même, celui de l'as, à Rome et dans les provinces, s'était successivement abaissé d'une once pondérale à une demi-once 81. Mais cet abaissement ne s'était pas produit d'une manière uniforme et régulière et il en résultait un assez grand désordre. La loi Plautia-Papiria eut pour objet de donner un caractère légal et invariable au poids semoncial de l'as et de faire ainsi cesser toute confusion et toute irrégularité. Sous le régime de cette loi on cessa de fabriquer à Rome les plus petites divisions de l'as et on ne frappa plus que l'as, le semis et le quadrans B2. C'était, du reste, une grande entreprise que de rétablir l'ordre dans le système monétaire à ce moment de l'histoire romaine. La Guerre Sociale, compliquée de la guerre civile entre Marius et Sylla, avait produit un bouleversement universel dont la mauvaise foi tirait amplement parti. Ainsi, trois ans seulement après la loi PlautiaPapiria, le consul Valerius Flaccus, peu scrupuleux sur les moyens de se créer une popularité, porta une loi que Velleius Paterculus traite justement de honteuse, turpissima. Depuis le temps ois le denier valait 10 as de poids triental et le sesterce 2 as 1/2 du même poids, somme équivalente à un ancien as libralis, on avait conservé l'habitude d'employer dans les stipulations particulières l'as libralis comme une monnaie de compte égale à la valeur réelle du sesterce. La loi Valeria déclara que ces as de compte seraient assimilés à des as monétaires du poids d'une demi-once, ce qui permettait aux débiteurs de se libérer en ne payant que 25 p. 100 à leurs créanciers S3. Une semblable loi suffit pour faire juger une situation financière. Il faut ajouter à ces faits ceux qui se rapportent pour la même époque à l'altération du titre des monnaies. Les premières espèces d'argent frappées à Rome étaient toutes d'un titre tellement élevé qu'il atteignait presque le fin. En 217 la loi Flaminia, en même temps qu'elle augmentait la valeur du denier et diminuait le poids de l'or, autorisa le gouvernement de la république à comprendre dans chaque émission un petit nombre de pièces fourrées [Nt'MMI MIxTIJ à âme de cuivre revêtue d'une feuille d'argent 8'". C'était comme une monnaie fiduciaire, que l'on imposait au public et à laquelle on donnait cours forcé. On maintenait, du reste, soigneusement la pureté du titre des autres pièces comprises dans les mêmes émissions. En 91 avant J.-C. (663 de Rome), le tribun du peuple M. Livius Drusus fit passer une loi permettant de porter au huitième de chaque émission monétaire les espèces fourrées S9. C'était grave déjà; il y avait de quoi produire les plus fâcheux troubles dans la fortune publique et privée. Mais dans les désordres de la Guerre Sociale et de la guerre civile la fraude se donna carrière et outrepassa les limites, bien trop larges cependant, de la tolérance légale. La proportion des pièces de mauvais aloi augmenta chaque année avec une effrayante rapidité. Au temps de Cinna la valeur du numéraire était devenue si incertaine que personne ne savait plus au juste ce qu'il possédait 88. Alors, en 8.4 (670 de Rome), les tribuns du peuple et les préteurs délibérèrent sur les mesures à prendre pour remédier à une crise aussi fâcheuse. Un édit du préteur M. Marius Gratidianus institua des bureaux de vérification, supprima le cours forcé des deniers fourrés et ordonna aux caisses publiques de les retirer de la cir culation et de donner en échange des deniers de bon aloi 87 [NUMMI MIXTI]. Aussi la reconnaissance publique se traduisit-elle en rendant des honneurs presque divins à Marius Gratidianus, en brûlant des cierges et de l'encens devant ses images. Sylla, devenu dictateur, fit périr le préteur populaire dans d'horribles supplices e8 et semble avoir rétabli par un édit le cours forcé des monnaies fourrées, mêlées dans une certaine proportion à chaque émission. C'est du moins ce qu'on infère de la loi Cornelia, défendant de refuser comme pièces fausses celles qui portent les types sanctionnés par les lois 89. A la même époque, Sylla rétablit à Rome la fabrication des monnaies d'or, interrompue depuis plus d'un siècle dans cette ville. Les quelques pièces d'or au nom des magistrats romains, frappées avant lui, l'ont été dans les provinces, comme celles de T. Quinctius Flamininus en Grèce 90. Sylla lui-même commença son monnayage en Orient, pendant la guerre de Mithridate 91, mais il le continua à Rome quand il eut pris la dictature. Entre l'époque de la loi Flaminia et la sienne, la proportion de valeur de l'or à l'argent avait considérablement changé elle n'était plus que 11;, à 1 et, par conséquent, la livre d'or valait 4000 sesterces P2. Au reste, demeurant fidèle aux traditions de la loi Flaminia, il tailla son or en le rapportant à des fractions exactes de la livre. Ses pièces pré-. sentent deux coupes différentes, l'une de 10 gr. 915 environ, c'est-à-dire de 9 scrupules 5/8 ou 3?e de la livre, l'autre de 95e,096, c'est-à-dire de 8 scrupules ou 36 de la livre 98 (fig. 2329). Trois pièces de la première taille valaient donc 400 sesterces et neuf de la seconde 1000 sesterces. En 81 av. J. C., l'année même où Sylla prenait possession de la dictature, quand Pompée reçut à son retour d'Afrique les honneurs du triomphe, on frappa à son nom des pièces d'or pesant également 8 scrupules 91. En même temps qu'elle fit reparaître à Rome la fabrication des espèces d'or, la dictature de Sylla vit s'accomplir un autre changement important dans l'organisation monétaire. La fabrication du bronze fut interrompue et ne reprit qu'un demi-siècle plus tard 95. Les seuls as qui appartiennent à cet intervalle de cinquante ans, ceux au nom de Pompée, ne sont pas, en effet, de travail romain et ont été certainement frappés en Espagne dans le camp des adversaires de César 99. Le vainqueur de Pompée, par l'établissement de l'aut'eus, substitua l'or à l'argent dans le rôle de régulateur du système monétaire. D'après le principe de rédaction que nous avons déjà exposé à la fin de l'article as, nous renverrons le lecteur à l'article AUREUS pour les détails de l'organisation des monnaies sous l'Empire. nous bornant à indiquer ici succinctement les principales modifications subies par le denier pendant cette période. César rétablit les tailles du quinaire et du'serterce 97 et rendit à la monnaie d'argent sa pureté 98. A partir d'Auguste on ne fabriqua plus en argent que le denier et DEN tion du dieu. Peut-être même l'arbre porté n'était-il qu'une forme, une image du dieu, rappelant, par exemple, le Dionysos 'EvlEsiSpç de Béotie 6, le Dionysos IiSµatoç le Dionysos l-r7èoç ou pieu 7, dont les représentations étaient de simples troncs d'arbres a. On manque de détails sur les rites mêmes de ces Dendrophories; on sait seulement que le soin de porter les arbres était regardé comme peu honorable et réservé aux petites gens et aux esclaves On connaît aussi les rapports de Dionysos et de Déméter; le dieu est devenu le parèdre de la déesse 1° et mème son amant et son époux " ; on l'appelle, dans les fêtes dionysiaques, le conducteur des mystères, le démon (SuCgmv) de Déméter12 [DAIMON]. Déméter est, d'ailleurs, comme lui, la déesse de la vie végétale; on s'explique que son culte ait aussi compris des Dendrophories. Cependant il semble que les Dendrophories de Déméter aient eu plus spécialement trait à la légende d'Attis. Quand le culte de la grande Mère des dieux, Magna deém Mater, prit dans le monde romain un très grand développement [CYBELÉ, t. I, p. 1684], la Dendrophorie devint un important épisode des fêtes célébrées en l'honneur de la déesse. Le jour où elle avait lieu était désigné par ces mots : arbor intrat; c'était le 22 mars '2; une procession portait au Capitole, dans le temple de la Mère des dieux, un arbre sacré, un pin. C'était sous un pin qu'Attis s'était mutilé, et la Mère des dieux lui avait consacré cet arbre pour le consoler. Le pin symbolique, dans la Dendrophorie, était entouré de bandelettes de laine parce que la fille du roi Midas avait enveloppé de bandelettes de laine le cadavre du jeune homme ; on suspendait des violettes aux branches, parce que la déesse avait orné le pin des premières fleurs de la saison, ou parce que des violettes avaient poussé à l'endroit où le sang d'Attis s'était répandu 14. Le pin symbolique devait être coupé à l'équinoxe du printemps i5. Suivant d'autres traditions, le tronc de pin représentait Attis lui-même transformé en pin par sa divine amante 16. Ce n'étaient plus, comme dans la Dendrophorie dionysiaque, d'humbles gens ou des esclaves qui portaient l'arbre sur leurs épaules (succolare) ; autour du char de Cybèle se pressaient des citoyens de haut rang qui faisaientl'office deDendrophores Ce nom n'est pas une simple épithète donnée, à l'occasion de chaque Dendrophorie, aux dévots qui portaient l'arbre. La Dendrophorie était une charge ou un privilège réservé à une confrérie spéciale 78. Le nom complet était dendropltori magnae deum matris19, ou simplement matris deum V0. Il est impossible de nier, comme on l'a fait, l'existence de ces confréries religieuses 27, et de soutenir qu'il y en eut seulement en Afrique 22. Elles sont désignées très nettement dans des inscriptions de Lyon, de Tomes, DEN -100 le quinaire ; le sentence devint une monnaie de bronze ". Nenni, réduisit le denier à s1F de la livre d'argent 100 Caracalla introduisit une nouvelle monnaie de ce métal, qui valait '1 denier 101 et s'appelait argenteus antoninianus 102 ; elle fut en usage concurremment avec le denier. Pendant le cours du ne siècle, une altération rapide du titre réduisit la monnaie d'argent à n'être plus que du billon, puis du bronze saucé, de telle façon qu'à partir d'Auré lien le denier fut traité d'aereus 103. Sa dépréciation avait été, d'ailleurs, plus rapide encore que celle de l'antoninianu7s et de toute autre monnaie. Sous Dioclétien, après la réforme monétaire de cet empereur, on frappait encore des deniers, mais c'était alors une très petite pièce de cuivre légèrement allié d'argent, dont on comptait 756 à l'AUREUS. Dans l'édit de maximum de Dioclétien, 25 de ces deniers sont le prix de la journée d'un ouvrier terrassier. Après Constantin, le denier ou NuMMICM n'est plus qu'une monnaie de compte, dont on admet, suivant le cours du numéraire effectif variable d'une province àl'autre, depuis 5760 jusqu'à 7200 dans le soLIDUS. F. LENORMANT.