Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DÉPAS

DÉPAS (8éna;, m€narTpov). L A l'époque homérique, ce mot paraît désigner toute espèce de vase à deux anses, comme l'a démontré M. Helbig'. Sa consciencieuse dissertation montre une fois de plus combien sont vagues et inexactes les explications des lexicographes sur les noms de vases et combien il importe de s'en servir avec prudence. Bien souvent eux-mêmes n'avaient plus sous les yeux les formes dont ils parlent et ils tirent des conclusions erronées des étymologies plus ou moins fantaisistes qu'ils imaginent. Dans Homère, le mot Udptxm ek)av est ordinairement joint à celui de S=-,Ta/;. Les grammairiens anciens ont rapproché la racine zur du verbe rûnrm, incliner, courber, et ils ont conclu que ce vase offrait une courbure, soit dans le rebord supérieur 2, soit dans les anses 3. Parmi les modernes, Winckelmann a exprimé une hypothèse qui n'a pas plus de fondement en comparant l'ex pression aµitxûnek).ov à aµipiOOéarpov et en supposant qu'il s'a gissait d'un vase où le récipient était contenu et enfermé dans une enveloppe métallique'. M. Schliemann s'accorde avec M. Helbig pour montrer que, dans plusieurs passages, Homère se sert indifféremment des mots Slraç, xûnuAAov, Hr.«ç a(acptxureaaov et dAeteov pour désigner un seul et même vase'. On doit, par conséquent, les considérer comme quatre synonymes. Homère fait suivre le mot âAetaov de l'épithète OÎtz mvov : il s'agit donc d'un vase à deux anses et l'expression zµytx' roM,ov ne signifie pas elle-même autre chose'. On doit s'en tenir au passage le plus formel et le plus clair d'Athénée 8 : « On appelle ce vase Séraç, soit parce qu'il est donné (Sisorai) à tous ceux qui veulent faire libation ou boire, soit parce qu'il avait deux inaç; ce dernier mot désignerait les anses. » Quant à l'edmisov [ALEISON], Athénée ajoute qu'il avait certainement deux anses. M. Helbig fait remarquer qu'un vase de ce genre explique parfaitement les usages multiples auxquels on le faisait servir dans la vie homérique : on puisait le vin dans le cratère, on faisait des libations aux dieux au moyen de cet ustensile ; on le faisait circuler autour de la table du festin, on l'offrait à l'hôte arrivant, etc.'. En somme, c'est le type primitif du CANTIIABUS ou du cABCuES1uM et l'auteur montre combien sont fréquentes, en effet, dans la céramique primitive des Grecs ou dans l'industrie la plus ancienne du métal, ces formes à deux anses" II. A l'époque classique, le mot ô_7zaç est resté en usage sous une forme un peu plus allongée, Sérxerpovtt. Comme autrefois, il servait à désigner tous les verres à boire (norojpta) d'après les témoignages rassemblés par Athénée t'-. On employait aussi le verbe Serâçio, comme synonyme de 9tiVW13. E. POTTIER. DÉPASTRON [DLPASi.