Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DESPOSIONAUTAI

DESPOSIONAUTAI [HILOTAE]. DESULTOR(A7roéârr;ç, âvaôzrri; su a~â''g ).-L'exercice de voltige qui consiste à descendre de cheval et à. y remonter en pleine course, ou à faire la même chose sur un char, paraît avoir été de tout temps pratiqué et tenu en honneur chez les anciens. Déjà Homèret comparait Ajax bondissant sur les vaisseaux des Grecs à un habile écuyer qui conduit quatre chevaux assemblés et qui excite l'admiration des hommes et des femmes par son adresse à sauter de l'un sur l'autre pendant qu'ils courent. On peut remarquer aussi avec quelle agilité les héros de l'Iliade, portés sur leurs chars au milieu de la mêlée, en descendent pour combattre et y remontent quand ils sont contraints de fuir'. Longtemps après que l'on eut abandonné l'usage du char de guerre [cuanes, t. Ir°, p. 1634], on se servait encore du char de course de la même manière, au moins à certaines fêtes. Deux personnes étaient debout sur le char, i'apobate («noérz;), qui devait en descendre pendant la course (c'est la signification même de son nom), et y remonter avant qu'elle fût terminée, et le cocher (ânoéa-. stxô; i;v(ozoç) chargé de diriger les chevaux et de les réunir de manière à seconder l'apobate dans sa manmuvre 3. A cause de cela on l'appelait iv(ooç éyetéz;t»v; ce terme se rencontre dans un catalogue agonistique d'Athènes 4. Une course d'apobate est représentée dans un bas-relief (fig. 2332) trouvé il y a peu d'années à DES -112DES Athènes ~. On y voit le cocher vètu de la longue tunique serrée à. la taille, les bras tendus et paraissant modérer l'allure des chevaux au moment oil son compagnon descend : celui-ci se rejette en arrière, sa main droite n'a pas abandonné l'antyx du char, point d'appui ordinaire de ceux qui s'y tenaient debout, le pied droit est encore posé sur le plancher, le pied gauche va toucher le sol. Dans la sculpture, les roues n'ont rien qui les distingue de celles des autres chars; il paraît cependant que celles des chars destinés à ce genre de course étaient construites ou disposées d'une façon particulière, de manière à faciliter la montée et la descente. Elles avaient un nom spécial : ânoGxrtxot Tposot°. L'apobate est coiffé d'un casque et porte un bouclier. La légende en faisait remonter l'emploi pour la course à Érichthonius, qui, conduisant un char aux Panathénées, .aurait eu un compagnon (axpaôâtrlv) armé d'un petit bouclier et d'un casque à trois aigrettes'. Cette tradition religieuse fait comprendre que le premier rang, parmi les concours hippiques, ait été donné, aux Panathénées°, à la course des apobates. Cette course est rappelée dans la frise du Parthénon par plusieurs groupes, où l'on voit des jeunes gens armés montant dans un char ou en descendant'. D'après le témoignage de Théophraste10, les courses d'apobates étaient propres à Athènes et à la Béotie; il en est fait aussi mention dans une inscription d'Aphrodisias de Carie". A Athènes on les voit encore en usage au iv° siècle av. J.-C.: le fils de Phocion y remporta le prix". Denys d'Halicarnasse, àla fin du 1" siècle, en parle comme de jeux subsistant en Grèce dans un petit nombre de fêtes tres anciennes". ]l y avait un autre genre de course ressemblant à celuilà, appelé Kâan•q, qui fut introduit à Olympie dans la 71° olympiade et supprimé dans ]a 84°. Les concurrents n'étaient pas portés sur des chars, mais sur des juments; ils devaient sauter à bas, au dernier tour de l'hippodrome, et achever la course en tenant leur monture par la bride : c'est, ajoute Pausanias, en décrivant cet exercice'`, ce que faisaient encore de son temps, mais sur des chevaux entiers, ceux qu'on nom Cette expression est synonyme de qu'il s'agit d'un cheval ou d'un char, il fallait en descendre et y remonter alternativement. Hésychius explique" de la peut reconnaître un vainqueur à cette course dans une peinture de vase16 où un cavalier nu, armé d'un petit bouclier rond et d'un javelot, est représenté au moment où il se laisse glisser à bas de son cheval (fig. 2333); devant lui, dans la peinture, se tient une Victoire qui lui présente une couronne. C'est aussi un de ces apobates ou anabates que représente une terre cuite du musée de Berlin". On en trouve encore un exemple dans une peinture d'un tombeau étrusque de Chiusi", où, parmi d'autres jeux, imités de ceux des Grecs, on voit aussi un groupe de deux cavaliers (fig. 2334), l'un assis de cédé sur son cheval dans l'altitude qui vient d'être décrite, l'autre qui lance le javelot en cou cela se pratiquait aux Panathénées" et à d'antres fêtes. Peut-être les noms d'apotate et anabate s'appliquaientils aussi, chez les Grecs, à des écuyers qui faisaient, pour l'amusement des spectateurs, des exercices de voltige pareils à ceux que l'on exécute de nos jours dans les cirques. Les monuments figurés en offrent des exemples. Tel est celui qu on voit, gros sièrement dessiné (fig. 2335) sur un vase du musée de Turin26; il est à genoux sur un cheval galopant. On a cité ailleurs (t.I",p.1079, fig. 1329) un vase panathénaïque sur lequel est figuré un personnage armé d'un casque et de jambières et qui tient de chaque main un bouclier ; il vient de sau ter sur la croupe d'un cheval; mais l'inscription qui accompagne la peinture le désigne par le nom de rtAaTc-'p, qui est commun à toutes sortes de faiseurs de tours de force et d'adresse. Dans un passage cité plus haut 21 de Denys d'Halicar nasse, il est question de courses en usage chez les Romains, où, à l'imitation des apobates de la Grèce, des hommes montés sur des chars en descendaient à la fin de la course pour en disputer le prix à pied. On faisait aussi courir dans le cirque, chez les Romains, des cavaliers précédant ordinairement les courses des chars 22, conduisant deux chevaux, et quelquefois un plus grand nombre, et sautant de l'un sur l'autre : de là le nom qui leur était donné de desultores 23, et à leurs chevaux celui de desultorii equi On voit des desultores portant leur coiffure habituelle n, le PILEus, figurersur un assez grand nombre de monuments et notamment sur les deniers des Marcii, des Pisons, de Sepullius Macer (fig. 2336)" où ils font allusion aux jeux Apollinaires [LUDI], qui consistaient principalement en courses équestres. Sur des pierres gravées 27, des desultores mènent, I'un quatre chevaux à la fois, d'autres dix et davantage. D'autres écuyers, que les auteurs désignent par le même nom, variaient le spectacle en se tenant debout, à genoux ou couchés sur leurs chevaux, en faisant des si mulacres de combat et sans doute en se livrant à tous les exercices qui sont encore de tradition dans les cirques 2s.