DIADÈMA (At«ô-r,ua). Dans son acception la plus générale, ce mot est synonyme de TAENIA, verTA, FASCIA, STEMMA, sTROPRIUM, MITRA, et de tous les mots grecs et latins qui servent à désigner un bandeau propre à entourer la tète. Les monuments en offrent d'innombrables exemples. Les hommes aussi bien que les femmes en faisaient usage pour assujettir la chevelure dans les temps où il fut de mode de la porter longue, comme on peut en voir des exemples à l'article coma. Le bandeau ou la bandelette était aussi un emblème de consécration dans les circonstances les plus diverses. Les prêtres et les devins en ceignaient leur front; les vainqueurs des jeux la recevaient avec le prix de la lutte ; en toute occasion la bandelette est, avec le feuillage des arbres sacrés, un signe auquel on peut reconnaître ce qui a reçu un caractère religieux, personnes et animaux, autels, monuments, images, symboles, offrandes, objets de toute espèce. Pour tous les usages, profanes ou sacrés, de la bandelette nous renvoyons aux mots rappelés plus haut i`vov. aussi CovsECRA'flo et CORONA, t. I, p. 1449, 15241. Mais nous dirons quelque chose de plus du diadème pris, au sens moderne du mot, comme un insigne de la souveraineté.
Le bandeau ne fut considéré comme tel que fort tard, soit en Grèce, soit en Italie. Celui qui ceint le front des rois dans les peintures des vases et sur les autres momie
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ments de l'art grec. est pour eux comme pour les autres personnages un simple ornement, un emblème de victoire ou celui des fonctions religieuses dont ils étaient revêtus. Nulle part aucune mention n'est faite du diadème comme emblème de la dignité royale, avant le temps où Alexandre et ses successeurs l'adoptèrent à l'imitation des souverains de l'Orient. La tradition qui faisait considérer Bacchus comme en étant l'inventeur' se rattache peut-titre àla même origine ; elle se relie, en effet, aux fables qui avaient cours au sujet de ses triomphes en Asie [BACCaus, t. I, p. 613, 6141.
Alexandre le Grand ajouta à la coiffure nationale [CAus1Aj que portaient les rois de Macédoine, le diadème des rois de Perse, comme plusieurs historiens l'attestent formellement. Justin dit de plus que cet insigne n'avait pas été adopté par les rois qui avaient précédé Alexandre; ii le fut par ses successeurs. En même temps, imitant encore en cela le Grand Roi, dont il avait pris la place, il donna le premier en Grèce l'exemple, bientôt suivi par les autres princes, de placer l'effigie royale sur les monnaies où jusqu'alors n'avaient paru que des têtes de divinités. On peut dès lors chercher sur ces mon uments l'exacte représentation du diadème. Nous plaçons ici côte à côte (fig. 2337, 2338 et 2339) une médaille de Colophon, où est
figuré le Grand Roi 3, une autre de Persée, roi de Macédoine °, une troisième enfin de Mithridate IV, roi de Pont, 6. Sur la première le diadème est un bandeau plat, la MITRA, qui maintient la tiare °; sur les deux autres, la tête est nue et le diadème placé sur les cheveux sans intermédiaire: c'est un ruban bordé en haut et en bas d'un léger galon et frangé à ses extrémités, qui tombent derrière la tête sur la nuque'. Ces représentations et toutes celles qu'on trouve en si grand nombre sur les monnaies royales s'accordent avec les passages des auteurs qui parlent du diadème comme d'une étoffe souple et légère ; il suffit de rappeler l'histoire de Lysimaque blessé au front par Alexandre, qui banda la blessure avec son propre diadème 8; celle de Monime essayant de se pendre en se servant du diadème que lui envoyait Mithridate', et d'autres où le même mot a une signification conforme à l'étymologie du grec
ôcar,;ta (de ôcanéco) et à la traduction latine qu'on trouve en plusieurs endroits, par panants et par fascia". D'autres textes il résulte que le bandeau était blanc Il
C'est ce bandeau blanc qui devint le symbole partout reconnu de la royauté 12, et qui par ce motif était si odieux aux Romains sous la République. Le reproche d'avoir essayé de s'en parer équivalut plus d'une fois à l'accusation d'aspirer à la tyrannie f3, tandis que personne ne s'offensait de voir paraitre aux fêtes avec la couronne de laurier les citoyens qui l'avaient reçue comme une récompense publique" : il fut même permis à Pompée15, puis à César et à Auguste de porter au théâtre et aux jeux la couronne d'or des triomphateurs". Mais César affecta toujours de refuser le diadème que lui offrait Antoine, et quand un de ses partisans s'avisa un jour de poser sur sa statue une couronne de laurier liée au moyen d'un bandeau blanc (candida fascia praeligatam), les tribuns du peuple firent aussitôt enlever, non la couronne, mais le bandeau (coronae fasciarn detrafti) ; celui qui l'avait offerte fut mis aux fers ". Même lorsque l'empire fut fait, les princes les moins retenus dans l'abus d'un pouvoir sans limite n'osèrent pas pendant bien longtemps se parer de cet emblème de la souveraineté 18. Caligula en eut la pensée ; on l'en dissuada en lui disant qu'il était au-dessus des princes et des rois 19. Le diadème orné de pierres précieuses que ceignait Éliogabale dans son palais 2p n'était
pas l'emblème royal, mais une parure de femme ajoutée aux vêtements de femme qu'il se plaisait à porter. Caracalla, qui prétendait imiter Alexandre le Grand, s'est fait représenter sur des monnaies de Tarse (fig. 2340) avec le bandeau uni, ou garni d'un double rang de perles comme celui des rois Parthes, par allusion aux faciles victoires
qui lui valurent le surnom de Parthicus 9i; mais jamais en Occident il n'adopta, ni en réalité, ni dans ses effigies, un pareil insigne. Aurélien aurait le premier fait du diadème une pièce du costume impérial, d'après l'Epitonie attribué à Aurélius Victor 22, qui est seul à attester ce fait; il a été révoqué en doute. On ne voit paraître en réalité cet insigne sur les monnaies qu'après que le siège de l'empire eut été établi en Orient, d'abord, par exception, sur un
bronze de Dioclétien (fig. 2344) 23, puis définitivement sous Constantin. On rencontre aussi l'effigie des fils de cet
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empereur, Crispus, Constantin, Constant, de son vivant décoré du diadème; mais par la suite il semble que l'usage se soit établi de réserver aux seuls Augustes cet insigne de la dignité suprême, quoique les écrivains du basempire aient employé quelquefois, par flatterie ou abus de langage, le mot diadema en parlant du bandeau des Césars'. Le diadème du bas-empire est rarement un bandeau uni (fig. 23'i2); plus ordinairement il est. bordé de perles en haut et en bas, avec une grosse pierre centrale sur le devant (fig. 2343), ou garni de pierres précieuses qui lui donnent l'apparence d'une couronne d'orfèvrerie, et les extrémités qui tombent par derrière sont elles-mêmes faites de perles ou de pierres enfilées. Quelquefois les pierres alternent avec des feuilles de laurier et le diadème se confond ainsi avec l'ancienne couronne triomphale (fig. 3344). Souvent aussi
des pierres rondes ou carrées., richement encllàssées, s'articulent
comme les parties d'un collier (fig. 2345) E. S,tGl.lo,