Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DIAGOGION

DIAGOGION (àtay6(iyiov). Terme de douane en usage en Grèce. Nous avons parlé plus haut [DÉKATÈ]1 d'un droit de transit, fixé à dix pour cent, que les Athéniens perçurent, à diverses époques, sur les navires qui traversaient l'Hellespont. Ce droit de transit était appelé Vers l'an 220 (01. 139), les Byzantins firent ce qu'avaient fait les Athéniens et soumirent à une taxe les cargaisons transportées de l'Euxin dans la Propontide ou de la Propontide dans l'Euxin. Mais les Rhodiens, dont la marine était alors très florissante, n'ayant pu obtenir par les voies amiables la suppression du Staywytov, déclarèrent la guerre aux Byzantins et firent de la liberté du passage à travers le Bosphore une condition du rétablissement de la paix. La fortune n'ayant pas été favorable aux By L'histoire grecque offre plusieurs exemples de droits de transit perçus par un État pour des transports effectués par terre. C'est à l'institution d'un péage de ce genre que se rattache une guerre, tout à la fois légendaire et historique', la guerre de Krissa, qui, comme la guerre de Troie, dura dix ans, de 600 à 590 avant J.-C. La ville de Krissa, près de laquelle débarquaient les nombreux pèlerins venus des colonies grecques de l'Italie ou de la Sicile pour faire leurs dévotions au dieu de Delphes, se faisait de gros revenus, en percevant un impôt excessif sur les pèlerins qui traversaient son territoire. Les Amphictyons, qui voulaient que les routes conduisant au temple fussent exemptes de tout péage, essayèrent d'amener, par la persuasion, les Krisséens à renoncer à cette taxe ; ils échouèrent et les Krisséens continuèrent à abuser de la situation qui les rendait, en quelque sorte, maîtres de l'avenue maritime du temple'. Soutenus par les Thessaliens, par les Sicyoniens et par les Athéniens, au milieu desquels Solon joua alors un grand rôle, les Amphictyons déclarèrent la guerre aux Krisséens; ce fut la première guerre sacrée'. Krissa et Cirrha sa voisine furent complètement anéanties, et, pour prévenir le retour de pareilles prétentions de la part d'une nouvelle cité, le territoire de Delphes fut étendu jusqu'à la mer. Corinthe voulut aussi profiter de sa situation privilégiée, qui lui donnait les clefs de l'Isthme. Elle établit un droit de transit sur toutes les marchandises, qui, suivant la voie de terre, sortaient du Péloponèse ou y entraient. II est probable qu'une taxe était également perçue sur les navires et sur les cargaisons, qui, en suivant le à(oaxos, passaient du golfe Saronique dans le golfe de Corinthe ". Mais plus heureuse que Krissa, Corinthe jouit pendant longtemps de ce péage 9. Des traités diplomatiques intervenaient parfois entre les États pour la réglementation des péages; on a retrouvé le texte d'un de ces traités, conclu, vers le commencement du Ive siècle avant notre ère (389 à 383), entre Amyntas, roi de Macédoine, et les Chalcidiens'0. On peut rapprocher des droits de transit dont nous venons de parler le droit que les Marseillais percevaient sur les navires, qui se servaient du canal (É'ossae Mart'aiae) établi par Marius, à l'embouchure du Rhône, pour faciliter l'accès du fleuve aux navires venant de la mer et l'accès de la mer aux navires venant de la Gaule'. La faculté de percevoir ce droit avait été donnée par Marius aux Marseillais en reconnaissance de l'aide qu'il avait trouvée près d'eux dans sa guerre contre les Ambrons, et Marseille, l'imposant à tous ceux qui remontaient ou descendaient le canal, en retira de grands profits 12 E. CAILLEMER.