DIES, (`HN.épa.) Ce mot, dans le langage ordinaire, peut être pris dans deux acceptions; il. désigne tantôt le temps pendant lequel on voit (lux), opposé aux ténèbres (nox)', tantôt l'ensemble d'un jour et d'une nuit, c'est-àdire l'espace de temps déterminé par une révolution apparente du soleil autour de la terre 2. Les astronomes alexandrins ont appelé ce jour de vingt-quatre heures vuxlr',uepov (dies civilis). Pour ce qui concerne le jour solaire vrai, nous renvoyons à l'article ASTRONOMtA (t. Iar, p. 485, 486).
1. Point de départ du jour civil.« Les Babyloniens, dit Pline', comptent le jour entre deux levers du soleil; les Athéniens, entre deux couchers; les Ombriens, de midi à midi; le vulgaire, de la lumière aux ténèbres (a lute ad tenebr•as); les pontifes romains et ceux qui ont fixé le jour civil, ainsi que les Egyptiens et Hipparque, de minuit à minuit. Le temps pendant lequel le soleil est invisible entre deux levers est plus court vers le solstice d'été que vers l'équinoxe, car à l'équinoxe la position de l'astre dans le zodiaque est plus basse, au solstice elle est plus élevée `. » Nous savons aussi que les Gaulois c et les Germains 6 faisaient commencer le jour au coucher du soleil. Les Numides comptaient également le temps par les nuits'. Les Juifs et les musulmans font encore de même
César ° suppose que la croyance des Gaulois, qui faisaient descendre leur race de Pluton ou Dispater DISPATERI, explique cet usage singulier à ses yeux, mais qui parait avoir été général chez les peuples aryens primitifs. « Les anciens Aryas, dit Pictet 10, avaient des mois lunaires et comme les phases de la lune ne pouvaient bien s'observer que la nuit, il était naturel qu'ils comptassent le temps par nuits plutôt que par jours. » Dans le Rig-Véda u le mot kshapa, nuit, est synonyme du jour civil; le mot rdtri, nuit, est employé de même dans l'expression daçaratra, signifiant dix nuits ou un espace de dix jours'. Les Iraniens, comme le prouve l'Avesta ", comptaient également par nuits et Spiegel en a inféré i4 que leurs mois devaient ètre lunaires. Les Kymris disent encore heno « cette nuit » pour « en ce jour » et wyth nos « sept nuits» pour « une semaine ». Chez les Anglo-Saxons, nyth erne signifie « la nuit dernière » ou « hier » , seofenniht (anglais sevennight) désigne la semaine. Les Anglais disent encore aujourd'hui a fortnight, c'est-à-dire « quatorze nuits
pour une quinzaine de jours. Dans de vieilles lois germaniques, on trouve aussi la formule super noctes septem u. Par une hypothèse assez semblable à celle de César, on a invoqué, pour expliquer cet usage, l'idée, commune à plusieurs cosmogonies, de placer les ténèbres à l'origine des choses et de regarder la nuit comme plus ancienne que le jour. On peut citer à cet effet le second verset de la Genèse, un hymne du RigVêda16, un passage des Lois de Manou 17 et la Théogonie d'Hésiode 18 qui fait surgir du Chaos l'Erèbe et la Nuit. Une tradition analogue existait dans la mythologie scandinave, où la nuit, nôtt, donne naissance à dagr, le jour u. Ce n'est qu'à l'époque hellénistique que les Grecs ont fait commencer le jour au lever du soleil, d'après l'usage babylonien et macédonien. Auparavant, depuis l'époque homérique, les Grecs, comme les Athéniens, faisaient commencer le jour au coucher du soleil 20. Dans Homère, la nuit du jour précédent est appelée hier, ftôç 21. Divers passages d'écrivains grecs, qui attestent le mème usage, ont été réunis par M. Unger 22. Aristide le rhéteur u fait encore commencer la journée à la nuit tombante. Geminus 24 dit expressément que les Grecs comptaient les jours d'après la lune. Il s'ensuit que pour convertir des jours grecs en jours de l'année julienne, qui commencent à minuit, il faut indiquer deux quantièmes : ainsi le premier Hécatombéon de l'Olympiade 87,1 répond au 13-14 juillet 432 de notre ère.
4, 31; Cyr. VIII, 39; Polvb. III, 42, 4-6, 8-43; X, 49, 2; XVIII, 19, 2 et 20, 7;
III.
Les astronomes, suivant l'exemple de Ptolémée", commencent le jour au passage du soleil par le méridien supérieur, c'est-à-dire à midi.
II. Division du jour26. II est probable que les Grecs, comme tous les peuples primitifs, ne distinguèrent à l'origine que le jour et la nuit. Avec le temps et la diversité croissante des occupations de la vie civile, le nombre des divisions se multiplia. A deux reprises 27 Homère indique les trois divisions principales dans le vers suivant : ''EaceTat
1l, éetar uéaov µap 28. 'Hwç n'est pas seulement l'aurore, mais désigne la matinée, sens généralement attribué à 6'p9poç par les écrivains postérieurs". Pendant le µécov 4.ap, on croyait le soleil immobile 30. Au lieu de Star, la soirée, on trouve aussi Seteaov °7îuap ". La dernière partie de la Ss(ai1 est quelquefois appelée 7toTi la7téoav ou (3611auTÔç, l'heure où l'on dételle les boeufs 39. Homère connaît le mot ÉaEepoç u « le soir », mais n'emploie pas le féminin Éurépa.L'expression âzptléxA né désigne le crépuscule". On a beaucoup discuté sur le sens et l'étymologie de l'expression vuxxlç 4.ol. l 36, que les anciens étymologistes rattachaient au verbe «µéa'w signifiant traire (l'heure de la nuit où l'on trait) 36. Buttmann 37 admet, d'après Eustathe 38 qu'xµol dç est un vieux mot équivalent à cixirh et signifiant « au fort de, au milieu de 30 ». Curtius a du reste fait observer40 que le mot n'avait rien de commun avec np.éaysty
il le rattache à une racine [rapt, µax, qui se retrouverait dans le grec moderne µoupr.(t:et, « la nuit tombe". »
Les écrivains grecs, en particulier Pollux 42, nous ont transmis un grand nombre d'expressions plus ou moins vagues désignant les différentes parties du jour. Les unes sont empruntées aux phénomènes lumineux, les autres aux occupations des hommes et à la vie animale. Dans la première partie du jour, npw( (plus tard aussi dptpoç), Pollux distingue ou plutôt énumère les moments suivants : rep(OpOpov, l'approche de l'aube, 6'p9poç, le diluculunn des Romains, 57toaaµ7sot1arlç iµépaç, 5notpotvoûariç (buépaÿ), 575ô ,retire 9 èw, haie,, âvla;OovTOç, nepi a(OU ÉntTOaç, 72pmi, rpwi T71ç 'Siµépaç. Dans la seconde partie du jour, géarl 7siµe'pa, quelquefois µsarlu.(p(a Pollux distingue : µsaoéarlç ïµépaç, 7tepi µeenµ(3p(av, il(ou 57afp xepaa ç i2Taµévou, XliVOVTO; siç Tà (non mentionnée par. Pollux) 44 et ltî),' dsi(a ; on dit f liou siç Tô xâtw PénovTOç, é'j l T~ç 3~µ€paç, nepi bliou lueja.âç, €anépaç (611e 7jlo auveaxôTse) pour désigner le moment où le soleil se couche et disparaît. On trouve encore dans les auteurs les
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expressions n?,vl loch', Ti;; âyopâ;, nopi;r s louaav yop..v 45, désignant le moment de la journée, depuis le matin jusqu'à midi, où l'agora est remplie de monde 46. La nuit, dans les camps, est divisée en trois veilles ou yuÀaxa(, auxquelles on a voulu, dès l'antiquité, identifier les trois fxoipat de la nuit dans Homère" .Pollux" énumère ainsi les parties de la
nuit : vuelàç paj, xal tapi np(ÛT7)v véxTu, Xat YuxTOÇ p1ogévçÇ, Xn)
cpvteu. Le chant du coq est suivi du 7cupiopOpov. Les différentes parties de la nuit n'ont pu être distinguées et mesurées exactement que depuis l'invention de la clepsydre [aoxoroalus].
Chez les Romains, nous avons dît que le jour civil (dies civilis) commençait à minuit; c'est alors que dans les camps commençait aussi la troisième veille o0. « La division des heures, dit Pline 69, s'introduisit tardivement chez les Romains. Dans les Douze Tables, on ne nomme que le lever et le coucher du soleil; quelques années après, on y ajouta l'heure de midi; l'accensus des consuls l'annonçait quand du sénat il apercevait le soleil entre les rostres et la graecostasis; il annonçait la dernière heure (supremazn) quand l'astre était descendu entre la colonne Maenia et le Carcel', Cela n'était possible que par un temps serein ; cet état dura jusqu'à la guerre punique. Le premier qui donna aux Romains un cadran solaire, douze ans avant la guerre de Pyrrhus, fut L. Papirius Cursor (an de Rome 461) ; c'est du moins ce que rapporte Fabius Vestalis. M. Varron rapporte que le premier cadran établi en public le fut auprès des Rostres, sur une colonne, lors de la première guerre punique, par M. Valerius Messalla, consul, après la prise de Catane en Sicile. Il fut donc apporté de là trente ans après la date assignée au cadran de Papirius, l'an de Rome 491 (262 av. J.-C.). Remarquez que les lignes qui étaient tracées ne concordaient pas avec les heures 62. Cependant on s'en servit quatre-vingt-dix-neuf ans, jusqu'à ce que L, Marcius Philippus, qui fut censeur avec L. Paulus, en fit poser près de l'autre un mieux approprié. Néanmoins, quand le temps était couvert, les heures étaient incertaines et il en fut ainsi jusqu'au lustre suivant. Alors Scipion Nasica, collègue de Laenas, marqua le premier, à l'aide d'une clepsydre, les heures tant du jour que de la nuit 53; il la plaça dans un lieu couvert et en fit la dédicace l'an de Rome 595. Tel fut le long espace de temps pendant lequel la journée fut sans divisions pour le peuple romain ».
On a contesté l'exactitude de ce passage de Pline en faisant remarquer que les expressions ortus et occasus ne sont pas seules employées dans les Douze Tables, puisque AuluCelle 54 et Censorinus n y ont trouvé les mentions ante nzericliern etpost meridiem. La division du jour en antemeridianus
et poslmeridianus semble, en effet, avoir été très répandue".
Les anciennes divisions du jour chez les Romains ne sont pas moins vagues que chez les Grecs. Censorinus 57 distingue : Media nax, gallicinium, conticinium (cula galli conticuerunt), ante lucem et sic diluculum, diluculum (corn sole nondum orto, jam lucet), mane (cour lux videtur salis), ad meridiem, meridies, de meridie, suprema, vespera (vesperugo dans Plaute, vesperunz dans Ennius), crepusculum (sic fortasse appellatum quod res incertaecreperee dicuntur), luminibus accensis (plus anciennement prima face), concubium, intempesta nox (id est malta nox qua nihil agi tempestivum est), ad medium noctem, media nox fige Servius n distingue sept parties de la nuit : crepusculum, quod est vesper; fax, quo lumina accenduntur; concubium, quo nos quieti damas; intempesta, i. e. media; gallicinium, quo galli captant; conticinium, post cantum gallorum silentium; aurora vel crepusculum matutinum. Ailleurs, Servius adopte des divisions un peu différentes 60, en se fondant sur Varron : Suait auteur solidae noctis partes secundum Varronem hae vespera (crepusculum), conticinium (concubium), intempesta nox, gallicinium (conticinium), lucifer (crepuscutum matutinum). Diei : urane, ortus, meridies, occasus. Varron énumère lui-même 6i, sans suivre aucun ordre, urane, suprema, crepusculum, nox, vesperugo ou vesper, nox intempesta ou concubium ou silentium. noctis ou conticinium. Fronton 60 cite les expressions media nox, gallicinium, conticinium, matutinum, diluculum, ante meridiem, meridies, vespera, concubia nox, intempesta nox. Il est inutile de transcrire les divisions indiquées par d'autres auteurs et qui n'ont ni plus de valeur ni plus de précision 63. On n'était pas d'accord sur la signification exacte de suprema. Nous savons par Varron 64 que, dans la loi des Douze Tables, la suprema était identique à l'occasus salis; plus tard, une loi Plaetoria établit que le supremum tenzpus diei serait proclamé avant le coucher du soleil. Du temps de Cicéron, cette suprema factice, qui marquait la cessation des tribunaux, coïncidait avec la fin de la neuvième heure 66.
Dans la vie des camps, la nuit est divisée en quatre veilles 66, vigilia prima, seconda, tertia, quarta, de trois heures chacune (6 heures du soir à 6 heures du matin) S7 Par extension, on employait aussi cette division dans la vie civile 68. De là, aussi, une division quadripartite du jour qui paraît avoir été établie pour les vacations des tribunaux 8g : marie, du lever du soleil au commencement de la troisième heure ; ad meridiem, de la troisième à la sixième ; de meridie, jusqu'à la neuvième ou la dixième et la suprema jusqu'au coucher du soleil. Les tribunaux s'ouvraient à la troisième heure 70 et fermaient, comme nous l'avons dit plus haut, à la suprema. Varron 71 rapporte, d'après Cosconius, que le préteur donnait l'ordre à son accensus d'annoncer la troisième heure, le milieu du
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jour et la neuvième; ainsi le jour judiciaire, comme le jour et la nuit militaires, était divisé en quatre parties.
III. Les heures. Les peuples anciens ont divisé le jour naturel et la nuit en douze heures, comptées à partir du lever du soleil, de sorte que midi coïncidait avec le commencement de la septième heure du jour et minuit avec la septième heure de la nuit72. L'origine orientale de cette division est certaine. Hérodote73 dit que les Grecs reçurent des Babyloniens le cadran solaire (7rôao,), le gnomon et la division du jour en douze parties (gépea). L'emploi du mot dpat dans le sens d'heures n'est pas antérieur cependant à Pythéas de Marseille : c'est à tort qu'on a cru le trouver dans Platon et dans Xénophon 7'6 qui se servent de ce mot d'une façon vague, pour signifier les phases successives du jour ou de l'année. Lors de l'invention des horloges solaires, nommées (5po),oyia ou d uzé rra parce qu'elles mesuraient les phases de la journée (typai), l'emploi du motupa se répandit, principalement sous l'influence des astronomes. On voit, par l'Almageste, qu'il était déjà familier à Hipparque vers 140 avant J.-C. 75 Le nombre de douze heures s'explique tant par la commodité de ce chiffre que par le désir fort naturel de conformer les divisions du jour à celles de l'année7U.
L'usage de compter par heures égales ou équinoctiales n'a été connu, dans l'antiquité, que des astronomes (â3pst ioylgeptva(, horae aequinoetiales). Les autres écrivains n'en ont fait mention que très rarement". Les heures variables, seules usitées dans la vie ordinaire, sont appelées ;,pat vatptxat, horae temporales, c'est-à-dire variables suivant la longueur du jour et de la nuit. Théon7B distingue aussi les jours en 1 stpat zatpt:ai et tosv gspeval. Les premiers sont les jours naturels et variables, déterminés parle séjour du soleil au-dessus de l'horizon; les seconds sont ceux des équinoxes. L'heure variable est 12 des premiers, l'heure équinoctiale est s des seconds79. Les heures de l'hiver étaient naturellement plus courtes et les heures de l'été plus Iongues que les heures équinoctiales 8Q,
Si l'on veut réduire en heures équinoctiales modernes une indication d'heures donnée par un auteur romain, il faut tenir compte de ces deux faits : 1.0 que la première heure du jour varie, sous une même latitude, suivant les saisons ; 2° que la durée des heures varie suivant la durée du jour apparent. Le tableau suivant, reproduit par Becker" et par Marquardt"$, d'après les calculs d'Ideler, indique, pour la latitude de Rome, la concordance des heures anciennes et modernes aux solstices d'été et d'hiver. A l'équinoxe, comme il a été dit plus haut, les heures romaines sont identiques aux nôtres.
On trouvera I. l'article IIononoalLlm des indications sur la manière de compter les heures après l'introduction du cadran solaire et de la clepsydre.
IV. Jours de la semaine. Pour les divisions des mois usitées chez les Grecs et les Romains avant l'introduction de l'hebdonoade, nous renvoyons à l'article CALENDAl1IL'M (t. 1, p, 834)". On y trouvera également les détails essentiels sur l'emploi de la semaine et l'origine orientale de cet usage". Il paraît certain que, dans les pays occidentaux, il n'est pas antérieur à l'ère chrétienne. La plus ancienne division du mois, qui a été commune à plusieurs peuples de langue aryenne, est fondée sur les deux moments opposés de la pleine lune et de la lune nouvelle "5
c'est la division en deux parties, restée en usage dans l'Inde, et dont on trouve des traces chez les Grecs (Stxoga via) et chez les Germains ". Mais il n'est pas question de la semaine de sept jours. e' La durée du mois lunaire, dit A. Pictet 87, conduisait naturellement à cette subdivision par le nombre sept, mais elle était moins commandée par les apparences visibles des phases que celle du mois en deux portions". » Les anciens Germains :n'ont adopté la semaine et l'usage de consacrer les jours à certaines divinités, que sous l'influence et à l'imitation des Romains ". Quant à la division tripartite des mois grecs en trois décades, elle n'a rien de commun avec la division hebdomadaire". L'origine orientale de cette division est hors de doute. Hérodote" dit que les Égyptiens ont imposé des noms de dieux aux mois et aux jours; chez les Assyriens 52, d'après les textes cunéiformes", le nombre sept était aussi employé dans le calendrier, le mois se composant de quatre hebdomades plus deux jours supplémentaires. Les prernières mentions d'un jour de la semaine dans la littérature latine font allusion au sabbat des juifs94, qui est également signalé comme jour de repos par Tacite, Frontin, Juvénal et d'autres auteurs ". Dès la fin de la période républicaine, les superstitions orientales avaient
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introduit à Rome sinon la connaissance et l'usage de la semaine, du moins l'idée de l'importance mystique du nombre sept. Varron 96 avait écrit un ouvrage sur les Ilebdomades, intitulé Ilebdomades vel de Imaginibus. Il y énumérait les vertus singulières du nombre septénaire queue Graeci €êogéls appellant, indiquait le rôle de ce nombre en astronomie, dans la génération de l'homme, sa taille, sa dentition, ses maladies, Ies périls qui le menacent, etc. Il citait aussi les sept merveilles du monde, les sept sages, les sept chefs ligués contre Thèbes. Un passage du Satyricon de Pétrone semble prouver qu'à l'époque de Néron, l'attribution des noms des sept planètes aux jours de la semaine avait déjà passé dans l'usages''. Mais il s'agit encore là d'astrologie, de croyances superstieuses, ce qui concorde, du reste, avec le célèbre passage de Dion Cassius sur l'origine orientale et astrologique de I'hebdomade [CALENDARIUM, t. 1, p. 834] 98. M. de Witte, résumant tout ce
que l'on sait à cetégard99,pense que la division hebdomadaire estd'originejuive (les sept jours de la création de
Moïse) et que l'attribution des divinités planétaires à chacun des sept jours, beaucoup plus tardive, est d'origine alexandrine et astrologique. On peut se demander, avec Ewald 100, si les Juifs n'ont pas reçu euxmêmes d'une source plus
ancienne, chaldéenne ou égyptienne, la notion de l'hebdomade qu'ils ont transmise aux peuples occidentaux 151
Dans une églogue bien connue d'Ausone, intitulée De
nominibus septem dierum 102, le Soleil commence la semaille; il est suivi de la Lune, de Mars, de Mercure, de Jupiter, de Vénus, de Saturne. Ce sont les influences chrétiennes qui ont substitué au jour de Saturne le Dimanche ou jour du Seigneur, Dies Dominica. Cependant les chrétiens ont employé l'expression dies Solis dans leurs épitaphes et saint Augustin reproche même aux fidèles de son temps de désigner les jours de la semaine par les noms de divinités du paganisme 153. On a remarqué que saint Justin, dans sa première Apologie, dit que le Christ a été mis en croix 7cpi tifs Kpovtxl; (.Fg.ipa) et a ressuscité 't ?j (cor4 Kpovtx7jv, Ojzts imcty `Halou, p.épa, évitant ainsi, par une périphrase, de mèler le nom de Vénus au récit sacré de la Passion 104. Ajoutons qu'au Ive siècle des édits de Constantin et de Théodose rendirent d'abord facultatif, puis obligatoire, le repos dominical los
MM. Lersch10G et de Witte707 ont décrit un certain nombre de monuments d'époque romaine, où l'on trouve figurées et groupées les divinités des sept jours de la semaine. Le plus ancien est une peinture découverte à Pompéi en 1760 et représentant, en sept médaillons, les bustes des divinités tutélaires de l'hebdomade dans l'ordre suivant: Saturne, le Soleil, la Lune, Mars, Mercure, Jupiter , Vénus (fig. 240'2)1". Huit autels trouvés dans la vallée du lthin10'offrent des figures ou des bustes en bas-relief où l'on reconnaît facilement les divinités des jours de la semaine. Saturne a pour attributs
yl~
le voile, la faulx ou la torche, la harpe; le Soleil est figuré Mars, avec le casque, la cuirasse, le bouclier, la lance ;
comme Apollon, avec le sceptre, le fouet, le globe, la Mercure, avec le caducée, le pétase ailé, la bourse, le coq ;
couronne radiée; la Lune, avec le sceptre et le croissant; Jupiter, avec le sceptre et le foudre ; Vénus, nue ou demi
nue, avec un diadème, un miroir ou un coffret. Les inscriptions et les autels sont des dédicaces en l'honneur de la maison impériale (IN-H-D-D-) 10, à Jupiter Optimus Maximus seul" ou associé à Junon Reine i2. Un neuvième monument de la même série, trouvé à
Agnin, dans l'Isère 13, porte une dédicace à Jupiter et céleris dis deabusque immortalibus pour le salut de l'empereur Septime Sévère. Nous reproduisons (fig. 2403) les sculptures de l'autel octogone découvert en 1825 à Havange et conservé aujourd'hui au musée de Metz 114. En dehors de ces monuments, on peut encore citer, pour des représentations analogues, une barque de bronze autrefois à Montpellier15; une tasse d'argent trouvée en 1633 à Wettingen près de Bâle 16; un vase
représentent les planètes personnifiées sous l'influence d'idées astrologiques12'. De ce nombre sont sept médailles d'Antonin le Pieux, frappées à Alexandrie d'Égypte la huitième année du règne de cet empereur; les bustes des planètes y sont associés aux signes du zodiaque 125 [zonlAcus].
V. Jours fastes et néfastes. Le calendrier égyptien distingue déjà, avec beaucoup de rigueur, les jours fastes et les jours néfastes12E. L'attribution des jours du mois aux différents dieux se rattache, chez les Grecs, à la superstition des jours heureux et malheureux, des jours propices pour certains actes et défavorables pour d'autresf2'. Cette superstition est expliquée en détail dans l'espèce de calendrier agricole qui termine les Travaux et les Jours d'Hé
incrusté d'argent découvert à Gap et aujourd'hui au musée de Lyon"; une boîte de bronze avec figurines incrustées d'argent trouvée en 1745 dans une tombe près de Turricium 18; une figurine d'argent doré, au musée Britannique (fig. 2404), représentant une ville
Ye;,Ï tourrelée avec les bustes des sept divi
F nités rangées suivant une ligne concave entre ses ailest19; une lampe en terre (fig. 2405) 1"; un petit bracelet d'or trouvé en Syrie, avec les noms des divinités écrits en grec et précédés de la Fortune, Mn 921; une plaque de bronze trouvée aux sources de la Seine (fig. 2406), aujourd'hui au musée de Dijonf22; une mosaïque découverte en 1841 à Vienne, (Isère) et détruite depuis 123. Il faut distinguer de ces œuvres d'art celles qui
( W-PQVr
siode f 28 ; elle ne cessa d'être observée à l'époque classique et exerça une grande influence sur la vie civile et politique. « Les jours qu'on appelait néfastes (â7tot)pà1a;, a'XUOptoceni) constituaient en Grèce de véritables solennités de deuil; dans ces jours on devait s'abstenir de tout acte important129, car on s'imaginait qu'il ne pouvait tourner à bieni30 Cette superstition ne fit que prendre en Grèce plus de crédit sous l'influence des doctrines chaldéennes et égyptiennes et elle s'est continuée jusque dans le moyen
Le premier jour du mois1S2 est tantôt consacré à tous les dieux, tantôt en particulier à Apollon 133, à Hermès et à Hécate 134. Le second jour est consacré aux héros 935, le
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troc taule è a -réné'n, qui présidait aussi au treizième et au t uiti.'nme 137 Le quatrième jour appartient à Aphrodite hermès, El'os et liérakl.sl'R. Le cinquième est un jour néfaste 139 où les Er°,fnnies exercent leurs vengeances, Le lxi.ème jour est celui d'Airtém}s., qui était née ce.jour lei, le septi;éme appartient à.'àpollort dont c'est aussi le jour natal', Le huitième est consacré à Poseidon et à Théséeb", le neuvième à'Hélios et à Rhéa", le .riligtieine à ;tic illonlb3 le dernier jour du mois à liéestel'`y.. Lie dix-huitième et le dix-neuvième sont les plus 'propres aux purifications 1" et 1es free' 'atm le 'miniers ;ours du mois sont néfaste., «~e z „ tomt , ',:at, con
sa particulièrement aux divinités chthoniennes et aux
. D ris la vie ordinaire, on évitait de cnrnmee.rse une
aux fours néfastes, de se mettre en voyage, etc.
dardas, en particulier, les jours des Antesthéries sont néfastes"; il en est de même des l-ri ntérie's à la fin du ,otoi de Thar.réiïon "d. Il est curieux que lai treizième jour du mie. rit déjà. évité par les anciens, en qualité de 7piga~ lt u bicadeu8. On ne trouve pas de décrets datés
-11 sera question au g oies jours fastes
et néi es chez les Romains. SALOMON RE1NACH.
1. Aie point de vue du culte, les jours, chez les Romains,
livisaient en dies festi, profeste ou intercis,' 169 vel endo
i•si. Hies premiers étaient destinés aux fét religieuses,
second étaient profanes, et les derniers entrecoupés, e' t-à-dire e' parte fessu, parce que la. moite seulement sin i °,ait consacrée aux dieux Ces jours vont d signés dans les calendriers par les lettres E N 16' N E signifie peut
A»1'fasteo., ;Errants, i..,s d;,,,, ,r'8t se solennisaient con
-ment aux rtdescript'ions t,,.-1 cure, par l'interdiction du
crilces aux dieux, par des festins et des
;z l'article i-ERI,CEpourl'indication des différentes P;i a), flans l'antique année de dix mois, qui fut d'abord en usage à Rorne, il n'y avait point d'époque fixe pour les
urs de fête : on les déterminait d'après les phases de la ;une; auxr, nones de chaque mois, le roi des sacrifices Marx Sscesouus'j les proclamait pour le mois courant "c". Ce ne
',s la réforme du calendrier par les décemvirs
avoir des fr. es fixés d'avance à ee tain jour du
contraire 1i se_ reli .lent. t de.:.ii époques
s l'année durent rester mobiles, et les pors
eirnt d'après leur connaissance de l'année
Bien flue cette nécessité eût, disparu après la
du "e1 ndrier par Jutes César', on conserva
usage die faire annoncer, aux nones de chaque
jours de fêtes par le re:v sac?°ei'tim 16 ,
)(tint de vue de la vie civile, on divisait encore ris en jours fériés (feriae) et jours ouvrables,. D'après alter, dont nous t.I-Eonsprincipalement l'excelI, dams son Histoire du droit romain l", comme p_upalrt des jours fériés dtaient consacrés au cuite, il
arrivait souvent que l'on confondait l'expression feriae avec les mots dies festi 157. Toutefois, il existait aussi des sacrifices, sacra, sans férie 158, et réciproquement des jours fériés non consacrés comme dies festif59, On peut citer comme exemples quelques-uns des sept jours des Saturnal_esS6' et les nundinae 1610 Les jours fériés religieux étaient affectés au culte public ou au culte privé. En effet, certains particuliers, ou certaines familles (gentes), ou corporations, avaient des privatae feriae 162, ou propriae farniliarum, ou sacra gentilicia 56a L'acte qui instituait une corporation, ou les règlements du collegium renfermaient ordinairement une liste de ses jours de fetes, M. Mommsen en a recueilli plusieurs exemples dans un travail inséré aux Mémoires de l'Académie de Saxe 46'°. Quant aux féries publiques, ou elles étaient déterminées à l'avance, legitimae, d'une manière régulière, ou commandées pour tel jour en particulier, indictracte 165 sive ineperativae; tel était notamment le cas où, après un tremblement de terre, un édit prescrivait des cérémonies publiques et des féries 166. Les feriae legitineae se divisaient elles-mèmes en statae o', conceptivae. Les feriae statae i67 ou dies stati étaient ainsi. nommées parce qu'elles étaient attachées à certains jours du mois, et désignées avec eux dans les fastes. Il en était de même des sacra popularia, lorsqu'ils étaient fixes, comme les ceristia, les feralia, les terminalia, les parilia, les laralia. On doit encore ranger dans la catégorie des feriae statae, tous les jours de calendes et les ides f5B, parce que les premiers étaient dédiés à Junon et les derniers à Jupiter.
Les feriae zoneeptevae étaient celles que le peuple n'était `ont' d'observer qu'après qu'elles avalent été fixées, et leur temps publié par le magistrat 169; elles se subdivisaient d'ailleurs en annales et non annales, suivant qu'elles se présentaient chaque année ou à des périodes indéterminées. A la première classe appartiennent les féries latinesf70, les sementinae, les compitalia, paganalia, et les fornacalia; à la seconde, le sacrum novemdiale 174.
Un caractère commun à toutes les feriae consistait dans l'interdiction du travail 172, mais non pas d'une manière absolue, comme dans le sabbat judaïque 1". On permettait en effet tous les travaux dont l'omission eût été préjudiciable, quel praeter'missum traceret 676, et notamment à l'agriculture 175. Il en était de même pour les jours appelés nundinae, où l'on devait s'abstenir des labeurs les plus rudes, mais qui étaient destinés traditionnellement aux affaires de la ville et notamment aux marchés 1". On profitait des nundinae pour s'occuper des soins de propreté corporelle L7 ; elles étaient encore l'occasion d'un repas plus abondant ou plus recherché, Aussi la loi Licinia sur le luxe de la table, rendue en 1357 de Rome ou 97 av. J.-C., avaitelle égard à cette coutume "g. Comme les villageois se vendaient à la ville les jours de nundinae, on tenait le
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marché à cette même époque. Lorsque, sous l'empire, le christianisme prévalut, le dimanche prit la place des nundinae, et Constantin interdit 179, ce jour-là comme pour toutes les grandes fêtes, le travail manuel dans les villes, et aussi les courses de char et les spectacles 18°. Mais les travaux agricoles indispensables demeurèrent permis, et mêrtie les marchés furent remis au dimanche, pour la plus grande commodité des campagnards 18te
ë III. Au point de vue de la juridiction et des comices, se présente une importante division des jours en fasti et nefasti'"; mais il faut distinguer en outre les questions judiciaires de celles qui touchent aux comices. En matière judiciaire, on appelait nefasti, les jours où les lois de la religion ne permettaient pas de jus dicere, c'est-à-dire interdisaient au magistrat de prononcer, même par erreur, et sans se soumettre à. une expiation, un des trois mots sa cramentels de la juridiction, tria verba : do, dico, addico 7fl°, Do indiquait le fait de donner une action, une possession de biens; dico, celui de dire le droit, d'émettre des édits ou des interdits [IrTERDICTUM] ; addico signifiait attribuer, par exemple, au juge, aux parties, etc. Dans le calendrier primitif de dix mois, les dies l'asti, où la juridiction s'exerçait librement, ne pouvaient pas être fixes, à cause de la mobilité des feriae. Aussi le roi des sacrifices devait-il encore, au jour des nones, annoncer les dies fasti du mois courant; Muid esseteomense faciendulnf84. Ilparaît qu'après la réforme opérée par les décemvirs dans le calendrier, les dies (asti furent fixés pour chaque mois, mais la connaissance en demeura un secret, et l'on devait s'adresser aux pontifes i8' pour savoir quel jour on pourrait plaider; enfin le mystère fut révélé par le scribe N. Flavius, qui, en 450 de Itome ou 304 av. J.-C., publia sur une table placée au forum la série des dies fasti. Toutefois nous ne savons pas quelles règles on observait relativement au mois intercalaire.
Au point de vue des comices, il semble certain que depuis les premiers temps de Rome, les dies nefasti pour la juridiction l'étaient également pour les assemblées du peuple1B8, Mais il était peu question de ce point de vue à cause de la rareté des comices; d'ailleurs on apprenait aisément lors de la proclamation mensuelle des fêtes par le roi des sacrifices, quels jours on pouvait tenir les comices Leur multiplication rendit nécessaire la détermination de certains jours réservés aux seules affaires judiciaires. Alors s'établit la distinction 1n des dies fasti purement judiciaires, et des dies fasti (comitiales) attribués aux comices, mais qui, en l'absence d'une assemblée, pouvaient servir à la juridiction civile 1B8, Dans un sens général, opposé à ces deux classes de dies fasti, on se servait alors du mot nefasti (dans les calendriers N. F. C.) pour désigner Ies jours qui ne devaient recevoir aucun de ces emplois 789. On voit donc que, dans cette antithèse, le mut /asti embrassait même les dies comitiales. Tel est le système de Walter, qui nous paraît le plusprobable'90. Un savant jurisconsulte
! allemand, M. Hartmann, en a proposé un autre f0', dont voici le résumé. Suivant cet auteur, les mots fasti et nefasti ne se rapportaient primitivement qu'à la tenue des comices; l'adjectif fassi ne fut employé que plus tard dans le sens étroit, propre à la juridiction, par suite de cette circonstance que plusieurs jours fastes furent déclarés impropres à la tenue des comices; mais ils demeurèrent aptes à la discussion des affaires judiciaires. Nous renvoyons à la réfutation que Walter 102 a. faite de ce système ingénieux mais peu d'accord avec le caractère juridique des mots do, dito, addico, et avec plusieurs textes anciens. Quoi qu'il. en soit, Jules César, lors de se réforme du calendrier, nota comme fasti les dix jours qu'il introduisit dans divers mois 892; ce système fut conservé sous Au_.uste, comme l'attestent les calendriers, à l'exr
concerne le 30 janvier', Le nombre d , jours d'après la combinaison de plusieurs de r_.., dom. us atteignit alors ie chiffre nie 49. Le tableau donné par Mommsen 783 en a 53, parce qu'il compte le 23 avril, le 14 juin, le 19 août et ie 23 septembre 19f, On doit remarquer que, dans les dies nefasti, il était pelards de réunir le peuple pour une concio libera [coxeio], en dehors d'une séance officielle des comices. On pouvait aussi, ces jours-là, traiter une affaire qui n'appartenait pas à la juridiction des magistrats, ainsi, par exemple, plaider devant clesjlcdices ou jurés 197, De plus, en aucun cas, ie dies nefdstus no' mettait obstacle à l'exercice de la juridiction criminelle, ainsi que l'ont prouvé très bien,E-artmann et Euinpt 2°° II ne faut pas confondre avec les dies nefasti, les jours de
vacance pour la rentrée des moissons messiurn ferias? aestate, ou ferieruna terr,pus aestiearum, ou pour les vendanges, vindemiarum feriae; établis longtemps avant la réforme de Jules César. Pendant ce temps les tribunaux vaquaient, mais rien ne s'opposait à la tenue des comices708o
Les jours de fête exerçaient une influence des plus restrictives sur la vie politique et civile i30, En effet, il était défendu de procéder ces jours-là aux affaires judiciaires 202, sauf une exception particulière pour Ies feralia du 21 février2°8. Il résulte aussi des calendriers que les comices ne pouvaient avoir lieu les jours de feh dusei quand les re. iae conceptoco e étaient proclamées pour un. dies comitialis, celui-ci devenait par cela même ne/estas et impropre aux comices de toute nature 20"'plais la grande quantité des jours de fête exigeait une modification. La plupart des dies festi cessaient d'être néfastes après l'accomplissement des sacrifices 203. Aussi l'on voit dans les calendriers, ajoutée près de ces féries, la note i! ou N P, c'est-à-dire ne fastes pri,or ou parte 2206, L'existence prétendue des dies [asti priores ne repose que sur une interprétation contestable du sigle F P, se rapportant aux vinalia du 19 août'''. Certains jours de fêtes devenaienL (asti après la terminaison des cérémonies prescrites. Tels étaient le 24 mars et le 24 mai, qui portent, dans les cas
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lendriers, la note Q. R. C. F., c'est-à-dire quando rex comitiavit fas, et le 5 juin avec la note Q. S. D. F., c'est-àdire quando stercus delatum fas, après le nettoiement du temple de Vesta20°. Enfin dans les jours coupés, endotercisi ou intercisi, il y avait un intervalle 209 où pouvait, s'exerce r la juridiction. Les ides consacrées à Jupiter appartenaient à la première catégorie des jours mixtes, qui cessent d'étre néfastes après certains sacrifices; aussi portent-ils le sigle N. P., nefastus parte; au contraire les calendes, attribuées à Junon, étaient d'abord fastae pour partie 210 Les jours de fête consacrés à des jeux religieux commandaient le silence de tous tribunaux et l'abstention de toute espèce de débats 211
Quant aux NUNDINAE, qui se reproduisaient tous les neuf jours dans les calendriers romains, nous renvoyons pour les détails à un article spécial'. II suffit de résumer ici leur histoire, d'après Walter 213 Sans être des jours de fêtes, les nundinae à l'origine étaient absolument néfastes, au point de vue politique et juridique. Cette règle fut d'abord appliquée aux comices curies, et même aux comices centuriates 21', soit pour ne pas détourner le peuple de ses affaires du marché, soit plutôt pour écarter le concours des plébéiens. Au contraire, ce même motif fit adopter par la plèbe les nundines pour le jour de réunion habituel des comices-tribus 210. Puis la loi Hortensia, rendue en 467 de Rome ou 278 av. J.-C., rendit les nundinae fastae, et permit ainsi d'y tenir les comices centuriates 216. En effet, elle voulait assimiler ces deux espèces de comices même au point de vue religieux. Aussi depuis lors put-on également manumitere, judicia addicere, componere lites, et tenir les assemblées du peuple un jour de nundina 217, à moins qu'il ne fût nefastus par un autre motif, Mais les plus grands obstacles à l'exercice de la juridiction ne venaient pas tant des dies nefasti, que des jours de fête feriae publicae, des jeux, ludi honorarii, fériés, et des vacances pour la moisson ou la vendange 216. En effet, les jours néfastes n'empêchaient pas certaines affaires judiciaires, et d'ailleurs plusieurs étaient mixtes, comme on l'a vu. Mais les jours de fêtes s'accroissaient sans cesse, et le gouvernement impérial se préoccupa de restreindre cet abus. Ainsi Octave dut retrancher 219 sur les jeux publics (honararii ludi, liberalia) trente jours qui furent rendus aux affaires (actui rerum accommodavit). Un nouvel accroissement des jours de fête ramena une réduction'', accomplie par des motifs économiques, par Claude, Vespasien et Nerva. Marc-Aurèle se préoccupa surtout de faciliter la solution des litiges ; il ajouta pour cela aux dies (asti des dies judiciarii 221, en sorte que la juridiction put s'exercer désormais pendant deux cent trente jours de l'année. Ce surcroît fut pris sur les anciens jours comitiales et nefasti non destinés à des fètes
religieuses ou a des jeux. Ainsi s'établit une nouvelle division qui effaça les anciennes distinctions. On opposa aux feriae, dies feriati, feriatici d'une part, les dies juridici, ou rerum agendarum, ou negotiosi d'autre part. La première catégorie comprenait les jours de fètes, des jeux, et ceux des vacances pour les moissons et la vendange, maintenus formellement par Marc-Aurèle 222, dans une oratio rapportée par Ulpien, quia occupati in rem rusticam in forum compellendi non sont.
Sous les empereurs chrétiens, les affaires et même la poursuite des impôts furent suspendues d'abord le dimanche "3, puis aux jours de fêtes désignés. En même temps le gouvernement retira aux fêtes païennes leur qualité de jours fériés'''. Il y eut cependant toujours une cerce taine ressemblance entre les deux calendriers, et l'on peut consulter à cet égard un curieux travail de M. Mommsen'''. Depuis la réforme chrétienne, on conserva comme fériés les deux mois correspondants au temps des moissons et de la vendange, le for janvier, les jours anniversaires de la fondation de Rome et de Constantinople, et ceux de la naissance et de l'avènement de l'empereur 22G. Pour le sabbat et les autres jours consacrés à leur culte, les Juifs obtinrent de semblables privilèges'''.
La distinction des jours fastes ou néfastes n'exerçait jadis aucune influence sur la tenue des assemblées du sénat. Elles étaient en général réglées d'après les circonstances. Ainsi, elles pouvaient avoir lieu les jours de fête 028, les jours néfastes, comme on le voit par des exemples de séances tenues les 1ar, 8, 9, 10, 12 février, 19 mars, 13 mai, 1" octobre, tous dies nefasti229. On convoquait même le sénat au jour où les tribunaux avaient siège 70, ou après les comices i''. Cependant plus tard, une loi Pupia 232 prescrivit en règle générale de ne pas réunir les sénateurs aux dies comitiales, mais il y eut des exceptions de faveurz33, qui confirment la règle 2°'". Rappelons encore qu'Auguste, en organisant des séances régulières du sénat, les fixa aux calendes et aux ides de chaque mois 2$G Sous Constantin, les Senatus legitimi remplacent les dies comitiales dans le calendrier23s Auguste avait décidé que pendant les heures de séances du sénat, les tribunaux et les autres services où pouvaient être employés les sénateurs seraient suspendus 23',
IX. Dies religiosi. Il faut éviter de confondre les jours religieux ou malheureux avec les jours néfastes, comme le fit ensuite le peuple par ignorance 236. Les premiers étaient des jours considérés comme funestes, où il était défendu de faire tout ce qui n'était pas absolument nécessaire 239. Dans cette classe 2°0 on rangeait entre autres les jours qui suivaient les calendes, les nones et les ides, dies posteri, postriduani, qui formaient les trente-six dies atri vel vitiosi ou funestes, celui de la bataille de l'Allia, dies
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Alliensis,18 juillet, peut-être celui de la bataille de Crémone, 13 février; ceux quibus mundus patet, où l'on croyait que le monde inférieur, celui des mânes était ouvert : or cela avait lieu trois fois l'an 241, le lendemain des fêtes de Vulcain, et avant le sixième jour des ides de novembre, avant le troisième jour des nones d'octobre. On compta aussi parmi les jours malheureux les ides de mars ou le 15 mars, nommé parricidium, parce que c'était l'anniversaire de l'assassinat de César par les sénateurs 242. La religion défendait de pratiquer pendant les dies atri aucune cérémonie du culte, d'y célébrer des mariages ou des banquets, de tenir des assemblées des comices ou du sénat243, bien que cependant ce dernier se soit montré parfois moins scrupuleux Enfin on ne commençait en général aucune entreprise intéressant l'État, à moins de nécessité absolue 2i". Cependant, relativement aux comices, il y a quelques distinctions à faire. On voit dans les calendriers, le 18 juillet, le 24 août, le 5 et le 40 octobre, qui étaient religiosi, marqués de la lettre C (c'est-à-dire comitiales); au contraire, la plupart des trente-six dies atri sont marqués de la lettre F (fastes), mais aucun d'eux n'a la lettre C (comitialis).
Au point de vue militaire, on distinguait aussi 2'i6 certains jours comme favorables pour livrer bataille (dies praeliales 247). Mais Varron nous rapporte qu'on n'avait pas égard aux dies fasti ou nefasti. Au contraire, il n'était pas permis un jour de feria 2i8, ni un jour religieux de lever des troupes 249 ou de combattre sans nécessité. Sous l'empire, ces scrupules tendirent à s'effacer : Ulpien, au livre vii de son traité sur l'office du proconsul no, rapporte un écrit de Trajan adressé à. Minucius Natalis, aux termes duquel les féries ne devaient faire vaquer que les affaires civiles, mais qu'on pouvait accomplir ce jour-là tout ce qui touchait à la discipline militaire : inter quae custodiarum quoque cognitionem esse.
En matière civile, on appelait dies legitimus ou fatalis, le dernier jour d'un délai après lequel le demandeur perdait son droitS5l, Les dies negotiosi ou rerum agendarum étaient ceux où se rendait la justice, dans lesquels il y avait actes rerum 252.
Dies perendinus ou comperendinus indiquait, en matière de procédure civile, le troisième jour du délai auquel les parties se sommaient de comparaître devant le juge (comlerendinatio), au temps des legis actiones 253; l'affaire étant parvenue à ce point était dite res rouiperendinata 254. En matière criminelle, la loi Servilia repetundarum accordait, après la défense, à l'accusateur le droit à une
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deuxième action, le troisième jour 20; la comperendinatio était ce délai d'un jour plein. Aulu-Gelle nous semble indiquer, contre l'avis de M. Ortolan 256, que la comperendinatio avait été maintenue sous le régime formulaire, en matière civile par la loi Julia de judiciis privatis.
On appelait dies soleinnis magistratibus ineundis 257, le jour où les consuls devaient entrer en charge; il varia aux diverses époques de la république; enfin, en 601 de Rome (153 av. J.-C.), il fut fixé aux calendes de janvier, c'est-à-dire au prernier janvier 258.
XII. Dans la langue juridique, dies désignait ordinairement un délai déterminé par un fait qui doit nécessairement arriver259; quand l'époque où il doit se réaliser est incertaine, le dies prenait le nom de dies incertus 260, et en matière de testaments, il pouvait avoir l'effet d'une condition"'. Les mots ex die indiquaient un délai suspensif, et ad diem un délai extinctif d'un effet juridique. L'expression dies venit signifiait en général qu'un délai est échu; dies redit 202 pour les legs, indiquait que le legs était déféré, ouvert au profit du légataire, qui, toutefois, n'acquérait un droit définitif qu'après l'acceptation de l'hérédité par l'héritier 263. En matière d'obligations contractuelles, dies redit annonçait la réalisation du droit de créance 264. Le délai continu était celui qui se comptait de jour à jour, d'après le calendrier (dies continui). On nommait au contraire dies utiles, ou délai utile, celui dans lequel on ne comprenait que les jours où une partie avait eu la possibilité d'agir. Le dies cretionis 265 était le délai accordé par un testateur à son héritier pour accepter solennellement l'hérédité, hereditatem cernere [ACTIO].
Enfin, on appelait dies justi les trente jours concédés par la loi des Douze Tables à un condamné pour exécuter la sentence rendue au profit de son adversaire, sous peine de subir les voies d'exécution forcée 266 ; mais le magistrat pouvait doubler le legitimum tempus judicati 267. Terminons en remarquant que les actes juridiques solennels, actes legitimi, n'admettaient jadis aucune modalité expresse, et par conséquent aucun terme, dies 256. G. HUMBERT.