Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DIOIKÈSIS

DIOIRÈSIS (Atoix1at,). I. Le titre de 6 in-1 Ti ôtotxrwet a été donné par les Athéniens, pendant la seconde moitié du ive siècle et pendant la première moitié du me, à l'un des plus hauts fonctionnaires de leur république. On peut, sans rien exagérer, le comparer à notre ministre des finances. Quelques historiens font remonter cette magistrature jusqu'au v° siècle. Ainsi Boeckh, trouvant dans Plutarque la qualification, donnée à Aristide, d'i7rtue),'Tiio Tô,v xotvmv ;Tpoadô60v nous présente Aristide comme l'un des prédécesseurs de Lycurgue dans l'intendance des revenus publics '. Mais il est généralement admis aujourd'hui que Plutarque a dénaturé le véritable titre financier d'Arise Dl0 225 D10 tide 3. C'est Aristide qui a organisé l'administration financière de la ligue maritime de Délos; il a même dirigé cette administration avec une équité qui lui a valu le surnom de juste 4. Mais il n'a pas eu les mêmes attributions que l'orateur Lycurgue. Müller-Strubing s'est cru autorisé à conclure d'un passage des Chevaliers d'Aristophane' que Cléon a été investi d'une sorte de trésorerie générale des finances 6. Le texte cité par lui n'a pas la portée qu'il lui attribue. Le poète nous montre seulement le peuple, personnifié sous les traits du bonhomme Dèmos, prêt à révoquer des fonctions d'intendant (Tagiaç, Én(Tpo7toÿ), qu'il lui a précédemment confiées, un de ses esclaves qui a cessé de lui plaire'. Il faut arriver jusqu'au milieu du Ive siècle pour trouver une mention de 1'1 E7ti Tr, Swtxdrti. Fraenkel estime qu'on peut donner ce titre à Aphobètos, l'un des frères d'Eschine. Aphobètos fut élu É7LtüE157,TŸç ÉT.I Tliv XOLVT,v SLoiXY,QCV 8, et cette élection, d'après les calculs de Fraenkel, eut lieu en l'ol. 107,3 (350 av. J.-C.) e. Mais, si l'on rapproche le titre donné à Aphobètos par son frère d'un autre texte d'Eschine relatif à l'intendant du théorique1°, il est très permis de croire que le vrai titre d'Aphobètos était, non pas 6 uni TŸI StotxfcEt, mais bien 6 E7tl Tô OEwFtr.6v 1i. L'hésitation est au moins permise sur cette date de 350. Elle l'est, à bien plus forte raison, pour la date de 354, proposée par von Wilamowitz 12 et par Droege 13, et pour la date de 378, proposée par Feliner 1i. Dans une inscription de l'ol. 109,2 (343-342), on trouve encore la mention de 1'6 fini rl Oewptxôv et nous ne croyons pas que ce magistrat ait coexisté avec 1'6 É7ti TYI SLOtxŸltrEt. Ce dernier n'a dû apparaître que vers l'époque où Démosthène fit rapporter la loi votée en 350 sur la proposition d'Eubule, loi antipatriotique, qui défendait, sous peine de mort, de demander que l'argent des fêtes fût employé à des dépenses militaires. Non content d'avoir obtenu l'abrogation de cette loi, Démosthène fit décider que tous les excédents des recettes sur les dépenses annuelles cesseraient d'être attribués à la caisse du théorique ou distribués au peuple, et qu'ils seraient mis en réserve pour former une sorte de trésor de guerre. Ces réformes furent adoptées en l'ol. 110,2 (339), et la réorganisation financière qui les suivit motiva sans doute la création d'une sorte de ministère, présidant à toute l'administration des finances (Stoix-nats), surveillant l'encaissement de toutes les recettes, et ordonnançant, en faveur des différents services publics, les sommes nécessaires à leur fonctionnement 16. Le chef suprême de cette administra Pour occuper dignement des fonctions si élevées et si importantes pour la bonne direction de la République, il fallait offrir des garanties d'intelligence, de capacité financière et de probité f7. Les Athéniens ne voulurent pas livrer au hasard d'un tirage au sort la désignation d'un tel magistrat. Comme les chefs militaires, stratèges et autres, le ministre des finances d'Athènes fut toujours un 1II. A la différence de la plupart des autres magistrats, dont les pouvoirs étaient annuels, 1'6 bd Tf ScocxuieEt était nommé four un temps assez long; on avait voulu lui donner tout le loisir de bien se familiariser avec les détails multiples de son administration. Ses fonctions avaient la durée d'une pentétéride 19, expression qui a induit en erreur quelques historiens. Il faut bien se, garder de traduire par période de cinq années; une pentétéride ne se composait que de quatre années entières. Une inscription de l'olympiade 111,2 (335-334) dit expressément que les comptes d'une administration correspondent à une TETp5ET(a 20. Le commencement de la cinquième année marquait le point de départ d'une nouvelle période. Boeckh a établi qu'il y avait concordance entre l'année des grandes Panathénées (la troisième de chaque olympiade) et l'entrée en charge de FI fiti Trl Swtxriest n. Il prenait, dit Boeckh, possession de ses fonctions au commencement de l'hiver de l'année pendant laquelle ces fêtes devaient être célébrées. Nous ferons seulement remarquer que le compte sur lequel raisonnait Boeekh est un compte rendu, non pas, comme il le croyait, par le ministre des finances, mais bien par une commission spéciale, dont nous avons parlé au mot DEBMATIKON. Pour empêcher qu'un citoyen ne se fit, grâce à des réélections successives, une situation vraiment prépondérante dans la République, il avait été décidé que 1'6 TŸ1 è1otxtjeet sortant de charge ne serait pas rééligible 92. Le plus illustre des ministres des finances d'Athènes, au Ive siècle, est l'orateur Lycurgue, fils de Lycophron, dont l'honorabilité, le zèle et la compétence sont attestés par de nombreux témoignages. Il parvint à élever notablement le chiffre des recettes annuelles et à établir sur des bases inaccoutumées le crédit de la République. Par suite de sa bonne administration, Athènes eut une flotte de quatre cents vaisseaux; elle agrandit ses arsenaux et ses magasins militaires; elle augmenta ses fortifications et ses moyens de défense, tout en consacrant de fortes sommes à des embellissements et à la construction d'édifices tels que le théâtre de Dionysos, le stade panathénaïque, et le gymnase du Lycée. Ce fut très probablement en l'ol. 110,3 (338) que Lycurgue entra officiellement en fonctions 23. Régulièrement son ministère aurait dû finir en l'ol. 111,3 (334). Mais les Athéniens, pour ne pas se priver des services d'un tel administrateur, éludèrent la loi en lui donnant deux fois pour successeurs des personnes sous le nom desquelles il continua à diriger les finances, ses amis ou ses parents. C'est peut-être à cette époque qu'il faut placer l'élection de son Cils Habron, qu'une inscription nous montre en charge lors de la réfection des remparts de la cité 2'". On peut donc dire que le ministère de Lycurgue dura, en fait, sinon en droit, douze années, de 338 à 326, années pendant lesquelles la République jouit d'une prospérité aussi grande que le permettaient les circonstances extérieures 25. A une date encore indécise, mais que l'on peut approximativement désigner, le ministre des finances fut remplacé par un collège de magistrats appelés oi iti ccot 29 DIO 226 DIO rata. Pendant la pentétéride qui va de fol. 120,3 à l'o1. 121,3 (298 à 294), il n'y a toujours qu'un seul ministre. f,e décret pour Hérodore, décret dont M. Rangabé a précisé la date (ol. 121,2) 25, parle de 1'6 irl r Stntxv~aet 27. Au contraire, pendant la pentétéride qui va de fol. 1'23,3 à fol. 124,3 (286 à 282), on trouve un collège de ministres des finances. Les décrets rendus sous l'archontat de Diotimos (ol, 123,3), en l'honneur de Spartolcos et d'Audoléon, mentionnent les ol i,tl T7, ?ait polo-st". Le changement s'est donc produit soit en l'oI. 121,3, soit en fol. 122,3, soit en fol. 123,3. L'abondance des monuments de cette période 29 permettra quelque jour de préciser davantage. Athènes revint bientôt à l'unité d'administration. Une inscription, de peu de temps postérieure à l'année 272, ne parle plus que de 1'6 inl T i ltotxaet 30. Il est vrai qu'un autre magistrat, le Tauiaç Tiiv aTpaTt83Ttxb1V, ne tarda pas à hériter d'une notable partie des attributions du ministre des finances. Une inscription nous montre ce Tagiuç associé au collège des oi étotxr;cet 31 ; on le voit ensuite occupant leur place et seul chargé de pourvoir aux dépenses ordonnées par la République 32. E. CAILLEMER.