Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DIOGÉNEIA

DMOGÉNEIA (Atoymneta). Dans les inscriptions attiques du début du ne siècle av. J.-C., on trouve la mention d'un certain Diogénès, évergète d'Athènes, en l'honneur duquel on célébrait des fêtes appelées Awyveta, et auquel se rattache la fondation d'un gymnase public, le Atoysvetov. Parmi les sièges d'honneur qui occupent un des premiers rangs devant l'orchestre du théâtre de Bacchus, à Athènes, on en remarque un qui porte le nom de ce Diogène, évergète d'Athènes'. Toutes ces dignités attestent l'importance considérable du personnage. M. KÉihler 2 et M. Dumont 0 ont réussi à l'identifier avec un phrourarque du Pirée, qui joua pendant les guerres de la Ligue achéenne un rôle assez obscur, mais qui s'acquit la reconnaissance éternelle des Athéniens par une trahison qui rendit à la ville sa liberté. Après la mort d'Antigone Gonatas, le chef de la Ligue, Aratus, tourne tous ses efforts vers la délivrance d'Athènes et déjà, à ce moment, nous trouvons mêlé à ces événements le nom de Diogénès. Aratus ayant été battu par Bithys, général de Démétrios, roi de Macédoine, qui succédait à son père Antigone, le phrourarque du Pirée envoie des messagers à Corinthe, alors au pouvoir de la Ligue, pour sommer la garnison d'évacuer la ville 4, sommation qui resta sans effet. Environ dix ans plus tard, en 229, nous retrouvons le même officier commandant les garnisons macédoniennes du Pirée, de Munychie, de Salamine et de Sunium 5. Démétrios vient de mourir et la Ligue reprend courage. Aratus s'abouche avec le phrourarque et obtient qu'il livre aux Athéniens les places qu'il commandait pour la somme de 150 talents, dont 20 furent fournis sur-lechamp par Aratus 6. Les plus grands honneurs furent la. récompense de cette trahison. Une inscription attique mentionne un certain Euryclide qui avec son frère Micion fournit l'argent pour une couronne destinée aux soldats qui avaient, avec Diogénès, livré la place'. Nous avons vu comment le commandant macédonien put jouir en paix du fruit de sa trahison et de quelle considération les Athéniens l'entourèrent. M. Koehler a fort ingénieusement rapproché de ces faits une épigramme du Corpus qui met sur le même rang d'ancêtres l'orateur Lycurgue et Dio génès « honoré sur la terre attique») : il en conclut que les descendants du phrourarque avaient continué à vivre à Athènes et s'étaient alliés à la famille de l'illustre orateur, Le Diogéneiona, fondé en l'honneur de l'évergète macédonien, était un ïuµv«atov où les jeunes gens athéniens recevaient une instruction libérale : on y enseignait les lettres, la géométrie, la rhétorique et la musique'. On le trouve mentionné très souvent dans les textes éphébiques, jusqu'à la fin du second siècle ap. J.-C. 46, Le personnel des professeurs devait être nombreux; pourtant on ne trouve cité dans les catalogues éphébiques qu'un xtertpo1élaS ëni Atoyevriou 11 et un autre fonctionnaire qui s'appelle simplement inné Atoysvciou. Ce dernier est-il une sorte de directeur ou de surveillant général? Ll ne semble pas que ses fonctions soient d'un ordre bien relevé, car il est toujours placé à la fin de la liste des fonctionnaires éphébiques ou parmi les derniers noms, à côté de l ôraop«zoç 12, des ypappanEiç n, du considère comme une sorte d'épimélète spécial t6.Il pouvait être nommé à vie, âth f3iou f7. Les élèves qu'on instruisait dans ce gymnase sont appelés oi 7Ep1 ru a07évEtov. M. Dumont a remarqué que dans les catalogues éphébiques ils sont toujours mentionnés après les éphèbes, cd nuvéLent 16. Ils sont certainement Athéniens et distincts de la liste des étrangers qui est placée à part. De plus ils sont, en moyenne, deux fois plus nombreux que les Éyrêot, c'est-à-dire les jeunes gens de dix-neuf à vingt ans. De ces deux faits, M. Dumont conclut que les oi 7nopl din vcfov sont les enfants qui n'ont pas encore l'âge voulu et qui se préparent à entrer dans le collège éphébique : de là leur nombre plus grand et leur condition hiérarchiquement inférieure. Le passage dans le Aroïuvctov constituait donc, en quelque sorte, le noviciat de l'éphébie14. Dans ce cas, nous pouvons nous expliquer le petit nombre de fonctionnaires mentionnés spécialement pour le Aioyévetov. Ce sont sans doute les professeurs des éphèbes qui vont faire dans le gymnase inférieur des leçons plus élémentaires, et le Atoyévetov ria besoin que d'un ou deux surveillants attitrés, comme le xEOi7potpaaç C'est dans ce gymnase qu'avaient lieu les fêtes des 9toylvitx. Le collège des éphèbes y faisait chaque année des libations et le sacrifice de deux taureaux, comme aux Éleusinies, ce qui était une marque de grande piété 26. Nous possédons une épitaphe versifiée en l'honneur d'un fils de eosmète qui négligea de se couvrir suffisamment pendant une de ces cérémonies et mourut d'un refroidissement ". Dans le Diogéneion on plaçait un double des inscriptions éphébiques, comme dans l'Eleusinion et clans un sanctuaire placé près du Bouleutérion 22. E. POTTIER. recevaient leur éducation, à Athènes, avant d'entrer dans le collège des éphèbes. Aloy. DIOGANEiA, Pollux 1 mentionne une sorte de clepsydre, à Athènes, qui portait aussi ce nom et qui était l'ceuvre d'un certain Diogénès, qu'on peut identifier peut-être arec le statuaire contemporain d'Agrippa, dont parle Pline 2. E. PoTTfra, poursuite) fut donné, sous l'empire, à une sorte de milice, imparfaitement armée, dont l'entretien était à la charge des villes et placée sous les ordres du chef de la police municipale, peur faire un service de gendarmerie'. Par exception, sous Marc-Aurèle. on voit 'les déopmeae, pourvus d'un armement régulier, renforcer l'armée décimée par la peste'. En temps ordinaire les villes n'avaient pas à fournir de semblables troupes à l'empereur. E. SA Guo. DIOkiLâ IA (Stllx?,Ela). crête nationale des Mégariens célébrée en l'honneur du héros [dociles, Les scholiastes de Théocrite et d'Aristophane nous apprennent que Dioelès était un Athénien, réfugié pour des causes que Deus ignorons à Mégare, qu'il adopta pour patrie. Dans un combat, s'étant placé à côté d'un éphèbe qu'il aimait. il le couvrit de son bouclier contre les ennemis qui l'assaillaient et mourut lui-même percé de coups. Les Mégariens, en souvenir de ce dévouement, firent de D'iodés un demi-dieu, lui élevèrent un monument et instituèrent des jeux où avait lieu un concours particulier: les jeunes gens se disputaient entre eux à qui donnerait le baiser le plus doux. C'est ainsi qu'à chaque printemps nouveau les Mégariens honoraient ;tio.caéa tris ilid,ôtnniia 2. Ces fêtes (levaient être aussi accompagnées de jeux gymniques 3. Elles avaient, ï'ërt vinement une grande, importance i. Mid gare; un scholiaste les met sur le même rang que les Pythiques et les Eteusinies ", L'époque où vivait Diodes appartient aux âges héroiques. C'est Alkathous, fils de Pélops [AL1tAisooIAj, qui institua. les jeux en son honneur' et l'on pense que c'est ce même Dioclès qui s'empara avec les Mégariens d'Éleusis, d'où il fut chassé par Thésée et les Athéniens e. le. POTTIER. DIOMÉDÉS (AtoysGrs). I. Diomède, fils d'Arès et de I£yi: ené, roi des Histones, de Thrace, dont les cas ales sauvages se nourrissaient de chair humaine et qui fui tué par hercule [uri.iLvsj. Il. Diomède, fils de Tydeus, roi d'Étolie, et de DéipyIé, fille du roi d'Argos, Adrastedont il devint le successeur. Il prit part à la guerre des Épigones qui saccagèrent le ville de Thèbes 2, et fut ensuite un des héros de l'expédition de Troie, où il conduisit les guerriers d'Argos, de Tirynthe, d'Hermione, d'Asiné, de Troezcne, d'Eiones, d'Épidaure, d'Égine, de Musés, avec quatre-vingts vaisseaux", Ses exploits et ses aventures ont été célébres par les poètes`, et souvent représentés dans legs monuments 5, et particu DI0 228 1)10 fièrement l'enlèvement du Palladium, auquel était attaché le sort d'Ilion, sujet que l'art rendit très populaire [FALLADWM]. Mais nous avons à nous occuper ici, non du personnage homérique, mais du héros divinisé à qui furent rendus des honneurs divins. A son retour de Troie, réduit à fuir loin de sa patrie et de sa femme infidèle, jusqu'aux rivages de l'Italie, Diomède avait fondé, d'après la légende, en Apulie, chez les Dauniens, un nouveau royaume, où il vécut jusqu'à l'âge le plus avancé'. Dans une des îles voisines du cap Garganum, auxquelles fut donné son nom (Diomedeae insulae, aujourd'hui isole di Tremiti), on montrait son tombeau et à côté son temple entretenu par ses anciens compagnons changés en oiseaux (diomedeae aves, ipultoi), qui conservaient après leur métamorphose des moeurs humaines'. Il est permis de croire, avec `Veleker, Preller et d'autres mythologues, que la fable et le culte de Diomède étaient ici substitués à ceux d'un ancien dieu pélasgique, de nom et d'attributs semblables, comme lui navigateur et se plaisant aux chevaux. Ce culte se répandit, d'un côté sur le rivage de l'Adriatique, dans le pays Ombrien, chez les Vénètes, qui sacrifiaient à Diomède des chevaux blancs jusqu'à Timavum au fond du golfe de Tergeste'; d'un autre côté chez les Peucétiens, dans l'Apulie, et même dans le Samnium. Arpi (" Apyoÿ iltlttov), Sipontum, Brundusium, Bénévent, Equus Tuticus, Venusia, Canusium, Venafrum l'honoraient comme leur fondateurs. Les Grecs de Thurium, ceux de Métaponte, lui élevèrent aussi des autels 10. On peut d'ailleurs chercher les traces de son culte dans la Grèce propre. D'après Pindare, Athéna, sa constante protectrice, lui a donné l'immortalité, dont il jouit à côté des Dioscures". Le bouclier merveilleux dont elle lui avait fait présent était conservé à Argos; le jour de la fête d'Athéna, il était promené en procession et lavé en même temps que l'image de la déesse dans les eaux de l'Pnachusf2. A Salamis de Cypre, Diomède avait un sanctuaire dans la même enceinte qu'Athéna et Agraule, où on lui offrit longtemps des sacrifices humainsf3. E. SAGr.ro.