AESTIVI, HIBERNi SALTUS, ou Loca aestiva, hiberna, pâturages d'été et pâturages d'hiver 1. Les particuliers, surtout à l'époque du développement des grandes propriétés [LATIFUNDIA], les cités ' et l'État lui-même possédaient des pâturages (pascua) des deux côtés de l'Apennin pour leurs nombreux troupeaux. Le climat de l'Italie rend encore nécessaire aujourd'hui une émigrationpériodique ou transhumance 3. Ainsi les moutons de l'Apulie étaient conduits dans le Samnium pour y passer l'été ; les mulets étaient chassés des prés de Rosea sur les montagnes des Gurgures ; les moutons revenaient ensuite hiverner en Apulie, les boeufs et les chevaux avaient aussi trois stations °. Ce passage don
AESTIMATUM.1 Cie. J e Ver-r. III, 5, 81 ; Ascon. let Rem. 10, p. 113, ed: Orelli. -i Baubold, Atonurn. legalia, p.137,ed. Spangenberg, 1830; Rgger, Latini sermonis reiiquiae. Paris, 1843,p. 278 et suiv. ; Rudorff; Rdnt. Rechtsgesch. Leipz., 1859, I, p. 213, 3 ; 1I, p. 389, rem. 1.5 Tit. Li v. XLIII, 2.s Cie. An Vert' . II, 1, 38 ;11,60 ;111, 77, 87 ; Inlhotn. 10, et Ascon. A d h.l.Orelli,p. 113, 185; Laboulave, 1.'1. Paris, 1845, p. 175, 194, 303, et l'article Rsrsrvxosa. 7 Cie. Ad Allie. V, 10, 16, 21. Bmmounsruns. bureau de la Malle, Écon. polit. des Rom. Paris, 1840, II, p. 429; Hoffmann, 3, édit. 1, § 241, p. 354; Becker-Maequardt, Sand.. der rôt». Alterthümer, III, 1,
'Lit. Li v. XXXIX, 29 ; Mareian. Fr. 67 Dig. De legat. 3.; Gerlach et Bachofen, Gesch der Rimer, Baie, 1851, I, p. 41, 65. --2 Frontin, De contrat'. agror. p. 49, éd. Laehmann. 3 bureau de la Malle, con. pot. des Rom. II, p. 142 et 143, 153,
Hait lieu pour l'État à la perception d'un impôt indirect appelé scRIPTURA. Ces troupeaux étaient accompagnés de bergers ordinairement à cheval, et de femmes, esclaves pour la plupart, qui leur apprêtaient leurs repas Cet usage de la transhumance avait un double inconvénient : les troupeaux de passage dévastaient les propriétés voisines 7 ; quelquefois ils étaient enlevés par les brigands; enfin la vie errante des bergers les amenait trop souvent au brigandage[ABIGEATUS]. En outre, dans les saltus mêmes, les taillis, les saussaies, etc., loués pour le pacage, étaient en peu de temps dénudés par les bestiaux. Ces saltus, qu'on n'exploitait que six mois de l'année, auraient été sujets à de trop faciles usurpations, si le propriétaire n'en avait pas été réputé conserver la possession par la seule intention (animo solo) 8; aussi avait-on dérogé en cette matière tout d'abord à la rigueur des principes ordinaires du droit civil [PossEsslo].Les jurisconsultes admirent que le propriétaire qui occupait ainsi les saltus six mois de l'année (more solito), avait continué de posséder sans interruption. En conséquence, il obtenait du préteur l'interdit Uti possidetls a[INTERDICTUM], tendant à faire maintenir sa possession contre tout usurpateur. Plus tard, cette même doctrine fut étendue à la possession de tout immeuble dont le possesseur s'était éloigné momentanément, et qu'un tiers avait occupé clandestinement. On appelait soltuarius le gardien d'un pâturage et de ses fruits. Quelquefois plusieurs propriétaires achetaient un fonds pour y pratiquer en commun le pacage de leurs troupeaux( jus compascendi)10.
On trouve le mot saltus appliqué parfois à des terres en culture "; mais le plus souvent il désigne des pâturages dans les bois ou dans les montagnes. On se réservait parfois l'usufruit d'un saltus; l'usufruitier, outre le droit de pacage, avait la faculté d'y chasser 19 G. HUMBERT.