Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DIOMOSIA

DIOMOSIA (i1twu.oa(a). Dans la procédure attique, nul n'était admis à agir en justice, soit en demandant, soit en défendant', s'il ne commençait par prêter serment que ses allégations ou ses moyens de défense étaient sincères. D'après les grammairiens les plus autorisés, on appelait 7tpwp.oa(a le serment du demandeur, i,w;.toa(a le serment du défendeur qui opposait une fin de non-recevoir (7rapuypapil), et «vtwpoa(x le serment du défendeur qui opposait une défense au fond (oTtYpxsfj). Les mots ôtwp.osix, «µpwposta et «o.ztopx(a, comprenaient les deux serments, celui du demandeur et celui du défendeur 2. Cette terminologie rigoureuse a-t-elle été fidèlement respectée dans la pratique? Il est permis de répondre négativement; car quelques-unes de ces expressions, 7rpowg0s(a, «zpwuonin, «µtptopx(ce, ne paraissent pas avoir été employées par les orateurs; nous ne croyons pas qu'on les ait rencontrées dans les discours qui sont parvenus jusqu'à nous. D'autres ont été détournées de leur sens grammatical'. Ainsi le mot içwuos(a, si l'on en juge par un passage d'Aristophane', désignait le serment prêté, non pas par un défendeur qui voulait corroborer une fin de non-recevoir, mais bien par un citoyen qui alléguait une excuse pour se soustraire à une charge dont il était menacé'. Schùmann l'emploie même dans une troisième acception, en l'appliquant au serment exigé des témoins qui refusaient de déposer, sous ce prétexte qu'ils n'avaient aucune connaissance des faits litigieux'. Le mot Stwp.oa(a, ou tout au moins le verbe bi p.vue0xt, est fréquemment appliqué par les orateurs aux serments prêtés, non plus par les plaideurs, mais par les témoins, quels qu'ils soient'. C'est surtout à l'occasion des affaires d'homicide (p oou S(xat) que l'on rencontre le mot âwp.oa(x, et il s'applique bien alors, suivant la définition des grammairiens, aux serments de l'accusateur et de l'accusés. Le cérémonial et la formule de cette Stwµos(a nous ont été conservés par les orateurs 10. L'accusateur (b ltt. xwv) et l'accusé (b tpavywv) prêtaient serment, debout, sur les entrailles d'un bouc, d'un bélier et d'un taureau (TptTr'n, TptTTU7.), victimes im DIO 229 DIO molées par des sacrificateurs officiels, à des époques déterminées par les lois religieuses''. Le serment était suivi d'imprécations contre la partie qui se parjurait, contre sa postérité et contre sa maison'. Platon, dans son Traité des lois, critique avec vivacité l'usage de déférer le serment aux parties sur les points en litige. « Cet usage était, dit-il, bon au temps de Rhadamanthe, à éette époque de ferveur religieuse où tous les hommes croyaient à l'existence des dieux. Mais, lorsqu'il y a des gens qui soutiennent qu'il n'y a pas de dieux, lorsque beaucoup d'autres sont convaincus que les dieux ne se mêlent pas des choses d'ici-bas, lorsque la majorité croit que les dieux, satisfaits par quelques petits sacrifices ou par de basses adulations, dispensent volontiers les criminels des supplices dus à leurs crimes, il faut que les lois changent. La méthode suivie par Rhadamanthe n'est plus de saison, puisque les sentiments ne sont plus les mêmes au sujet des dieux... Il ne faut admettre le serment que là où il n'y a rien à gagner en se parjurant. Dans tous les cas où il y a un grand avantage à nier une chose et à la désavouer, on devra se contenter des voies ordinaires de la justice... 13 ». Eschyle, dans ses Euménides, avait exprimé la même opinion, lorsqu'il avait montré Athéna, imposant, d'une part, aux juges un serment, comme garantie d'une bonne administration de la justice'', et, d'autre part, nettement hostile aux serments que l'on voulait exiger des plaideurs". La victoire du droit ne peut pas dépendre d'un serment que l'homme injuste prêtera sans hésiter, tandis que sa formule absolue fera peut-être condamner le coupable malheureux et de bonne foi, qui, par crainte du parjure, refusera ce serment76. Cette obligation imposée par les lois d'Athènes, non seulement au demandeur, mais encore au défendeur, de jurer qu'il a pour lui la conscience de son bon droit, est invoquée par M. Philippi17 comme l'un des meilleurs arguments pour démontrer que les Athéniens n'étaient pas un peuple jurisconsulte (die Alhener kein Ilechtsvolk