Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

DIONÊ

DIONÊ (.Audv-q). Déesse épouse de Zeus, dans la religion primitive de la Grèce, particulièrement à Dodone', qui en était le centre antique et vénéré. Son nom même a été considéré comme une forme féminine de celui du dieu (Zeûc, tltbc) de même qu'en latin Juno se rapproche de Jovis ou Diovis'. Il faut remarquer toutefois que dans les poèmes homériques Dionè est une divinité différente de Héra ou Junon et qu'elle lui est même opposée 3. Dès les temps homériques il y avait d'ailleurs à Dodone, comme on le voit par un vers de l'Odyssée ', une divinité associée au Zeus pélasgique. Cette divinité ne peut être une autre que Dionè, que l'on trouve constamment unie avec lui dans la religion de Dodone, partageant' son temple et ses honneurs (6uvvxo;), rendant avec lui des oracles et dont on rencontre l'image sur les monnaies de l'Épire, tantôt 6 accolée à la sienne (fig. 2417), tantôt' seule et parée du voile des épouses, de la sléphané ou du calathos, et tenant un sceptre (fig. 2418). Elle a pu être assimilée par les mythologues à Héra, dont elle occupe ainsi la place 8 ; niais les anciens ne paraissent pas l'avoir confondue avec celleci. Ils reconnaissaient plutôt en Dionè la Terre, l'antique Gala fécondée par l'élément humide 3. Comme Zeus est surnommé Né'ttoc, elle est aussi appelée M'eu ou N«ta Xia, dans les formules des oracles et dans les autres inscriptions retrouvées à Dodone, et ce nom 10 indique la même signification. Hésiode range Dionè " parmi les Océanides, filles d'Océan et de Thétis; des écrivains postérieurs, parmi les Titanides, filles de l'Éther, d'Uranus ou de Kronos et de Gaia f 2; d'autres ont fait d'elle une Néréide 12 ou une Hyade, mère ou nourrice de Dionysos". Le nom de Dionè se lit sur quelques vases peints " où il désigne une des femmes qui entourent ce dieu (voy. t.155, p. 682, et p. 626, fig. 707). Toutes ces généalogies dérivent de la conception priatiitive et pélasgique. Homère place Dioné dans l'Olympe; elle est, dans l'Iliade, la mère d'Aphrodite t6, avec laquelle on l'a même plus tard identifiée 77, et l'on est forcé d'admettre que le culte de la déesse orientale de la fécondité est venu se fondre dans le culte pélasgique de la terre féconde76. La colombe, oiseau sacré de la déesse asiatique, était déjà l'oiseau prophétique de Dodone [oRACULDM]. Les prêtresses et prophétesses de Dioné s'appelèrent les Colombes, Haaeicilec. C'est tout ee que l'on peut dire de certain au sujet de ce nom, dont l'interprétation a déjà occupé les archéologues de l'antiquité '9, Les Péléiades étaient au temps d'Ilérodote au nombre de trois. Les inscriptions nomment un naïarque (vaiapZoc) 20 et, auprès de lui, un prostate (ou administrateur) du bien de Zeus Naïos et de DIO 230 DIO Dioné n, qui s'enrichissait par les dons des particuliers et des États. Les Athéniens, qui furent toujours dévots aux divinités de Dodone, envoyèrent encore aux derniers temps de leur liberté, avec d'autres présents, une magnifique parure pour la statue de Dioné 22. A Athènes même on a retrouvé des traces de son culte ". E. Saurin