Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DIPTYCHON

DIPTYCHON. Neutre de l'adjectif Sf t'uyo,t, plié en deux, de Sic et reéaao,. II se dit, au singulier et au pluriel, d'une sorte de carnet formé par deux tablettes qui se ramènent l'une sur l'autre et sont rattachées par des anneaux ou une charnière. La face intérieure est enduite de cire, de manière à recevoir l'empreinte du stylet. Les Grecs disaient iskcot, 7r(vaxec. En latin classique : labellac, pugillare.s, codices, codicilli. On trouvera ailleurs [TABHLAE, LIBER] ce qui est relatif au matériel de l'écriture chez les anciens. Quant au mot diptyque, qui ne se rencontre guère que dans les auteurs de la basse époque, il s'emploie souvent pour désigner une classe spéciale de monuments, la seule dont il sera question ici : ce sont les diptyques de luxe qui se donnaient en cadeau. Ils paraissent, en raison de leurs dimensions, avoir été moins propres à l'usage que les diptyques ordinaires'. Un spécimen de ceux-ci, trouvé sur l'Esquilin, permet d'apprécier la différence. Les deux tablettes dont il se compose mesurent 6 centimètres de large sur 19 de haut. Les diptyques dont nous avons à parler sont plus grands du double environ. La hauteur moyenne en est de 30 à 39 centimètres ; la largeur de 10 à 15'. Une autre différence consiste naturellement dans la richesse de la matière et de l'ornementation. Il est vrai que le diptyque de l'Esquilin est en ivoire, comme la plupart de ceux que nous appelons de luxe. De plus, les anneaux qui rattachent les tablettes sont en argent, mais aussi il appartient à un clarissime, Gallienus Concessus, ainsi que nous l'apprend l'inscription gravée sur la surface extérieure «fig. 2454). En revanche cette surface est unie, ainsi que l'autre, tandis que, sur nos diptyques, elle est rehaussée de sculptures en relief, également intéressantes par le choix des sujets et le travail artistique. Ce sont, il est vrai, des oeuvres de décadence. On y trouve la décoration compliquée qui est dans le goût byzantin, avec une exécution lourde et souvent maladroite. Mais ils apportent des renseignements précieux sus une des branches de l'art cultivées à cette époque. La série qu'ils composent est assez nombreuse. Elle compte, pour le moment, quatre-vingt-douze feuillets ou tablettes, accouplées ou détachées, mutilées ou intactes, dispersées dans les musées ou les collections particulières', plus quelques-unes dont on a la description, mais dont la trace est perdue'. Le moyen âge a. sauvé ces pièces de la destruction en les utilisant pour recouvrir des manuscrits. L'Église même qui, pour inscrire ou. préserver ses catalogues sacrés, se fit confectionner des diptyques avec motifs religieux à l'imitation des profanes, se servit plus d'un fois de ces derniers, qu'elle avait sous la main. Cette appropriation nouvelle nous est révélée généralement par des surcharges sur les faces intérieures. C'est ainsi. qu'uni diptyque consulaire, actuellement à l' Arcniginnesio de Bologne, autrefois à la collégiale de Saint-Gaudence de Novare, donne une liste de soixante-neuf évêques de cette ville'. Le diptyque du consul Clementinus porte des formules liturgiques'. Celui de Boèce a reçu une peintur représentant d'un côté la sépulture de Lazare et sarésurrection, de l'autre les figures en pied de saint Jérôme, de saint Augustin et de saint Grégoire le Grand °.. On a e' u voir dans un diptyque conservé au Trésor de Monza la preuve que l'on modifiait quelquefois les ornements de la surface extérieure, avant de détourner l'objet de sa destination primitive pour l'employer au culte, mais l'exemple invoqué n'est pas convaincant. Le diptyque dont dl s'agit montre de chaque côté un personnage revêtu de la trabée 8 et jetant la mappa. L'un tient d'une main un sceptre terminé par une croix. On remarque sur sa tète la tonsure cléricale. Au-dessus une inscription nous apprend que nous avons sous les yeux l'image de saint Grégoire. Le personnage qui lui fait pendant n'est autre, d'après ('inscription qui le surmonte, que le roi David'. L'abbé Martigny 16 croit avec Gori" que c'est. là un diptyque consu faire transformé. Un examen plus minutieux démontre à. Pulzskyl2 et à Meyer" qu'il n'en est rien et que le monument a été fabriqué tel quel, au te siècle, un peu après le pontificat de Grégoire. Le mélange des attributs consulaires et ecclésiastiques s'expliquerait par la gloire mondaine de la famille Anicia, dont l'évèque de Rome était sorti. I1 est fait allusion aux honneurs exercés par cette famille dans l'inscription même". Ce diptyque de caractère mixte est le seul de son espèce. Nous passons maintenant à ceux qui sont purement pro DlP 272 D1P fanes. Ils peuvent se partager en plusieurs catégories. La plus importante est celle des diptyques consulaires, qui ont été étudiés à propos des insignes du consulat (t. 1°° p. 1474 et suiv.). On ignore à partir de quelle époque l'usage s'était établi pour les consuls d'offrir ces cadeaux à leurs amis et même à l'empereur, le jour de leur installation. Le premier diptyque consulaire daté est de l'an 406 ap. J.-C., tandis que le dernier est celui de Fl. Basilius Junior, qui a été précisément le dernier particulier élevé au consulat en Orient, l'an 541. Cet usage a donc duré autant que le consulat lui-même et, pour la date initiale, une ordonnance du Code théodosien nous apprend qu'il faut la reporter au moins dans la deuxième moitié du Ive siècle. Cette ordonnance, qui est de l'an 384, nous apprend en outre que les consuls n'étaient pas les seuls dignitaires qui eussent pris l'habitude de fêter leur avènement par des libéralités de ce genre. Elle interdit, en effet, à tout autre qu'aux consuls ordinarii de donner des diptyques en ivoire : « Illud etiam constitutione solidamus, ut, exceptis cousulibus ordinariis, nulli prorsus alteri auream sportulam, diptyca ex ebore dandi facultas sit : cum publica celebrantur officia, sit sportulis nummus argenteus, alia materia diptycis 15. » Il suffit de regarder ce texte d'un peu près pour s'assurer que l'interdiction qui s'y trouve formulée ne concerne pas seulement les consuls suffecti par opposition aux ordinarii, mais en général tous les magistrats : « cum publica celebrantur officia. » Cette interprétation est confirmée par une lettre de Symmaque où l'on voit que les questeurs, à leur entrée en charge, distribuaient des diptyques aussi bien que les consuls 70. Il résulte de la même lettre que la loi somptuaire de l'an 384 ne fut guère observée. Symmaque écrit à son frère Flavianus en 393-4 pour lui envoyer, ainsi qu'à d'autres personnes, des diptyques en ivoire, au nom de son fils qui vient d'obtenir la questure. Au reste, tous les monuments que nous allons avoir à décrire sont en cette matière, non pas seulement les diptyques dits privés, c'est-à-dire ceux que leur inscription ou le caractère de leur décoration ne permet d'attribuer à aucun magistrat et qui, par conséquent, doivent avoir été fabriqués pour le compte de particuliers, ceux-là ne sont pas visés par la loi de 384, mais même ceux qui peuvent ou doivent être attribués à des magistrats autres que des consuls. Les seuls diptyques en os qui aient été conservés sont précisément des diptyques consulaires au nombre de quatre ", et sur ces quatre il y en a un qui est notoirement, l'inscription en témoigne, d'un consul ordinarius la. Ainsi les consuls ordinarii eux-mêmes restaient libres de mesurer à l'importance du destinataire la richesse de leurs dons. Il était naturel que les diptyques offerts à l'empereur fussent d'un plus haut prix . Celui que Symmaque lui envoie au nom de son fils a autour de l'ivoire une bordure en or19. On a vu ailleurs20 que les diptyques réservés pour cette destination étaient taillés quelquefois sur un plus grand patron, avec une décoration en plusieurs compartiments, généralement en cinq, et où domine le portrait de l'empereur. On en trouvera un nouvel exemple plus loin21. Mais il n'y a pas là de règles absolues. Les diptyques de grande dimension ne semblent pas porter de traces d'une garniture en qr, et inversement un diptyque de Monza", où ces traces sont visibles, ne diffère ni pour la dimension ni pour le système de la décoration des diptyques expressive, ressemble pour le reste aux autres diptyques consulaires23. Longtemps on a appelé consulaires des diptyques qui n'avaient aucun droit à figurer dans cette catégorie. C'est M. Meyer qui a procédé à une classification plus rigoureuse, fondée d'une part sur une lecture plus attentive des inscriptions qui illustrent quelques-uns de ces monuments, de l'autre sur une analyse plus exacte des insignes des consuls et des autres dignitaires. La série des diptyques consulaires se trouve donc limitée à ceux qu'une désignation précise, ou, à défaut de cette indication, le type des figures, autorise expressément à qualifier ainsi. On en a donné la liste dans un précédent article (t. I°°, p. 1474). Quant aux autres, on les citera ici d'après le catalogue de Meyer, sans s'astreindre toutefois à l'ordre qu'il a suivi. On renvoie du reste à ce catalogue pour de plus amples détails et pour la bibliographie. Le n° 42 présente un cas embarrassant. Il est représenté à la bibliothèque de Brescia par un feuillet unique. Du haut d'une loge trois personnages en trabée contemplent une course de chars dans un cirque. Celui du milieu a la trabée brodée, le sceptre et la mappa (fig. 2455). Ce qui empêche M. Meyer de classer ce diptyque parmi les consulaires, c'est le fragment d'inscription LAMPADIORVM dénotant une formule qui n'est pas la formule ordinaire. Il incline à croire que le personnage qui porte le nom de Lampadius ne donne pas les jeux à titre de consul24. Il rappelle à ce propos une inscription de Rome relative à un certain Lampadius qui a fait réparer l'amphithéàtre entre 442 et 450'. Mais d'un autre côté la figure centrale est bien d'un consul, et il y a un Lampadius qui a exercé le consulat en 530 avec Orestes. Il se pourrait qu'il eût voulu associer sa famille à l'honneur qui lui revenait, et c'est pour cette raison qu'il se montrerait ainsi entouré. De toute manière, ce diptyque, s'il est consulaire, s'écarte sensiblement du modèle consacré, tant pour l'arrangement de la scène que pour la teneur de l'inscription. On rapprochera de ce monument un autre feuillet conservé au musée Mayer à Liverpool (ne 41) et qui représente une scène analogue (fig. 2456). Mais il est difficile de voir dans cette pièce une moitié de diptyque consulaire. Dans le bas des gladiateurs luttent contre des élans. En haut trois personnages regardent revêtus de la trabée. Celui du milieu tient une patère. Aucun attribut ne permet de reconnaître en lui un consul. Sa trabée sans broderies, comme celle de ses voisins, est la même que portent les sénateurs de distinction 26. Le personnage de gauche a en main la mappa que Lydus compte parmi les insignes consulaires 27, et que les consuls tiennent en effet toutes les fois qu'ils sont représentés présidant aux divertissements du cirque28. Mais la mappa à elle seule ne peut suffire pour caractériser un consul, car elle servait pour donner le signal du départ à tout magistrat qui célébrait des jeux 29. D'ailleurs un consul eût-il été relégué à cette place secondaire? Berlin, ne peut nous offrir qu'une inscription incomplète : QPATRETSECVNDO. M. Meyer lit Pair (icius) et... 31. La lettre n est détachée du dernier des mots gravés sur le premier feuillet. C'est cette moitié, aujourd'hui perdue, qui nous donnerait le nom de ce patrice et sa fonction. Le motif de la décoration est à remarquer. II parait être de pure fantaisie, à moins cependant qu'il ne contienne une allusion au talent poétique du donateur inconnu. En tout cas le Un diptyque de la collection Basilewslci, à Saint-Pétersbourg (n° 39), pose un problème dont les termes sont moins compliqués. Les deux feuillets, qui sont à peu près identiques, représentent simplement des gladiateurs luttant contre des lions. Il n'y a aucune raison pour rapporter ce diptyque à un consul plus qu'à n'importe quel magistrat. On n'ignore pas du reste qu'il y avait des jeux célébrés par des particuliers ao Les nos 43 et 44 sont plus explicites et étalent eux-mêmes leur état civil en toutes lettres. Malheureusement le premier, qui se borne à un feuillet conservé au musée de III. monument doit remonter à une époque assez ancienne, où les types n'étaient pas encore fixés. Une Muse avec un rouleau ou un plectre est adossée à une colonne. A côté un Amour tient une palme et appuie la main gauche sur un morceau d'architecture. Derrière est un socle avec un buste. Le n° 44, qui se trouve également à Berlin, à la bibliothèque, est complet (fig. 2457). C'est un diptyque ROMAE, c'est-à-dire vice-préfet du prétoire à Rome. L'ornementation marginale qui ressemble à celle du diptyque 35 DI P -274 -DIP des Symmaques et des Nicot" tu. supérieur. que l'on retrouve stt les deux diptyques consulaires de 406 et de 428 u, nous reportent au iv° siècle ou au début du v°. Le sujet traité est des plus inst.uctife pour l'archéologue et l'historien. Probianus est représenté dans l'exercice de ses fonctions judiciaires. Chaque feuillet est divisé horizontalement en deux compartiments. Le, compartiment du haut, sur le premier feuillet, celui qui donne le commencement de l'inscription,lemontre assis sur un siège élevé au-dessus de deux gradins. La main gauche estappuyée sur un rouleau. La main droite est levée comme pour dicter un arrêt. Au pied de l'estrade, à droite et a gauche, se tiennent deux notarii, écrivant sur leurs codices. La salle, carrée, tonnes dans les angles, est tendue de rideaux. Dans le fond un meuble, dont le haut est visible aussi sur le diptyque du consul Astur-ius 3. et que l'on retrouve fréquemment sur les Images de la. Notifia dignitatum, parmi les attributs des hauts fonctionnaires La v . forme en est allons gée, étroite, amincie ~ par le bas. Une bande9ii verticale et deux bandes horizontales qui la coupent dessinent, dans la partie apparente, quatre petites loges, Celles de dessus sont occupées par des bustes, les bustes impériaux devant les quels on rendait la justice; celles de des sous, par des figures en pied qui doivent être les symboles des provinces ou des s as l'autorité du magistrat. Dans le com -sté-partiment inférieur ~ deux plaideurs tiennent d'une main un rouleau et lèvent l'autre dans l'attitude de la parole. Entre les deux on remarque une sorte de bassin sur un tréteau soutenu par des satyres que rejoignent des traverses creusées obliquement. Dans le milieu est un bol avec un manche qui plonge dedans. M. Meyer est porté à voir dans ce meuble le bassin d'argent à large panse qui figure dans l'attirail du préfet du prétoire. Le même motif se répète sur l'autre feuillet, avec quelques différences. Probianus tient une banderolle où on lit ces mots : L'artiste a imaginé ce moyen d'exprimer l'acclamatio qui a salué l'entrée en charge du convention est la seule qu'il se soit permise dans cette scène tirée tout entière de la vie réelle. Une autre différence est celle qui existe dans le costume. Sur le premier feuillet, le magistrat et les plaideurs portent la trabée. C'est signe qu'il s'agit d'un procès entre sénateurs". Les notarii portent une tunique longue, et par dessus une draperie relevée sur les deux bras, qui parait ètre la paenula. Sur le deuxième feuillet les cinq personnages portent la chlamyde qui était devenue d'un usage général dans toutes les classes de la société. On en peut conclure que les parties étaient de moindre dignité 3s M. Meyer appelle privés les diptyques suivants qui re IMP _. 27 DIP présentent des personnages anonymes revétus d'une chlamyde et sans attribut déterminé 31. Toutefois M. Camille Jullian a essayé pour le premier (le 47) une identification qui le mettrait hors de cette catégorie 36. Des deux feuillets conservés au Trésor de Monza (fig. 2458), l'un représente un homme barbu, revêtu d'une longue chlamyde brodée dont les plis, en retombant par derrière, laissent à découvert une tunique également brodée, à manches longues et étroites. La chaussure est le campagus. Un ceinturon, supportant une épée, est passé à la taille. La main droite tient une lance. La main gauche repose sur un bouclier où l'on remarque un médaillon encadrant deux bustes. Ils représentent les mêmes personnages que l'on va retrouver en pied sur le deuxième feuillet et dont les portraits ont déjà fourni un motif, sou vent répété, aux broderies de la tunique. Ce deuxième feuillet qui, par une exception à noter, ne reproduit pas le premier, nous montre debout un enfant et une femme qui sont sans doute le fils et la femme du guerrier, leur pendant. La femme porte par dessus la tunique à longues manches (interula) la stola, entourée d'une longue écharpe, dans laquelle on reconnaît la palla. La coiffure est très élevée, selon la mode du temps [comp, p. 1370]. L'enfant est revêtu de la tunique manicata et de la chlamyde. Il tient à la main des tablettes et ce détail, s'ajoutant au geste de l'autre main, permet de supposer qu'il a été, malgré son âge. et à titre honorifique, revêtu de quelque magistrature judiciaire, comme la questure ou la prétune. On sait que c'était l'usage. M. Jullian voit dans l'homme Stilicon, dans la femme Serena, femme de, Stilicon et fille de l'empereur Honorius, dans l'enfant le jeune Eucherius, né de leur mariage. Cette femme et cet enfant étaient pour le général barbare le point d'appui de hautes ambitions. On comprend dès lors qu'il ait fait sculpter leurs portraits sur son diptyque, qu'il les ait fait broder sur ses vêtements et graver sur son bouclier. Quant à la circonstance à propos de laquelle ce diptyque fut fabriqué, on ne peut faire que des conjectures. Les traces de placages d'or donnent à croire qu'il a été offert à l'empereur. Les nos 48 et 49 se ressemblent beaucoup. N° 48, Trésor de la cathédrale de Novare. Complet. Sur chaque feuillet tan homme revêtu d'une tunique et d'une chlamyde. Sur l'un des deux feuillets il tient un codex. d° 49, Université de Bologne. Un feuillet. Un homme vêtu comme le précédent. II tient un rouleau. Il y a deux diptyques qui représentent des figures impériales10. N° 50, Vienne. Collection Spitzer. Complet. Sur le premier feuillet un empereur assis sous une sorte de baldaquin en coupole. Il tient d'une main le globe surmonté d'une croix. If est vêtu d'une chlamyde richement brodée et recouverte de pierreries. Sur le second feuillet une impératrice (?) debout, tenant d'une main le globe, de l'autre le sceptre. Travail barbare. N° 58, Bibliothèque Barberini. Rome (fig. 2459). Un feuillet. Diptyque à cinq compartiments. Bande supérieure horizontale : deux figures ailées volant et soutenant une couronne au milieu de laquelle se trouve un buste. Bande inférieure: barbares vaincus qui apportent des présents. L'espace intermédiaire est divisé en trois bandes verticales. Bande de gauche : un guerrier à pied apportant une Victoire . Bande du milieu, la plus vaste : un empereur à cheval foulant une femme qui porte des fruits dans les plis de sa robe. Derrière le cheval un barbare. La bande de droite n'existe plus. Elle représentait sans doute le personnage qui offrait le diptyque. Il ne paraît guère douteux qu'il n'ait été offert à l'empereur. Le travail est assez bon et doit être du quatrième ou du cinquième siècle 4c= On peut citer à. côté de ce monument le suivant qui lui est certainement antérieur. N° 40, British Museum, Londres, Un feuillet (fig. 2460). Dans le bas un triomphateur traîné par quatre éléphants, sur une sorte de char en forme d'édicule. Il porte la toge et tient d'une main la hasla puna, de l'autre un rameau de laurier. A côté un bîlcherd'oùs'élance une figure masculine de plus petites proportions. sur un char traîné par quatre chevaux et précédé par deux aigles volant. Dans le haut le triomphateur est emporté par deux génies ailés, cornus et barbus, jusqu'à l'assemblée des dieux qui siègent au-dessus des signes du Zodiaque. Ce curieux monument a beaucoup exercé la critique ou l'imagination des savants. Il est évident qu'il représente une scène d'apothéose, et cela à une époque relative ment ancienne, puisque la toge n'avait pas encore été remplacée par 1atrabée.Une hypothèse ingénieuse est -al1J) celle deM.Pulzsky",d'après laquelle le triomphateur serait l'empereur Maxime, et l'autre figure son jeune fils. Aurelius Romulus, nommé César et consul en 308 et mort la même année. Malheureusement cette interprétation a pour point de départ une lecture contestable du monogramme inscrit dans les moulures qui surmontent ce feuillet. Le monument qu'on vient de décrire conduit, par une transition naturelle, à la classe des diptyques à su jets allégoriques. N° 54, Vienne, Cabinet impérial. Complet. Sur l'un des deux feuillets une femme debout. casque en tête, le sein droit découvert, tenant de la main gauche une Victoire sur montant un globe. C'est Rome. Sur l'autre feuillet une autre femme debout tenant une corne d'abondance et coiffée d'une couronne avec des tours. C'est Constan tinople (?) Deux inscriptions, très difficiles à déchiffrer, garnissent le dessus de chaque feuillet. Gori42 croit pouvoir lire, sur le premier, le nom de Atomes (Flavianus) consul en 538, sous Justinien, et, sur le second, le mot Paustitas. Ce diptyque serait donc un diptyque consulaire d'une espèce particulière. Mais cette lecture, surtout sur le premier feuillet, est douteuse. Les diptyques suivants empruntent leur sujet à la mythologie. Ils sont donc antérieurs au triomphe définitif du christianisme. Il en est un qui se rattache à un l'ait historique. C'est le diptyque de Moutier (n° 53) dont les deux feuillets sont Fun à Lon dres, au musée de Kensington, l'autre au musée de Cluny, à Paris. La décoration est à peu près la même sur les deux (fig. 2461). Sur le premier une femme répand les parfums que lui présente un enfant sur un autel surmonté d'un arbre. Sur le second une femme incline des torches sur un autel au pied duquel est un pin auquel sont suspendues des cymbales. Ce qui fait l'intérêt de ce monument, c'est l'inscription SYMMACIIORUM sur le feuillet de Londres et NICOMACHORUM sur celui de Paris. Il est clair qu'elle fait allusion aux relations des deux puissantes familles des Symmaques et des Nicomaques, à la fin du quatrième et au commencement du cinquième siècle. M. Otto Seeck u voit deux circonstances à propos desquelles ce diptyque a pu être fabriqué : le mariage de Nicomachus Flavianus, fils de Virius Nicomachus Flavianus, consul en 394, avec la fille de Q. Aurelius Symmachus l'orateur, entre 392 et 394, ou bien le mariage de Q. Fabius Memmius Symmachus avec Galla, fille de Nicomachus Flavianus, en 401. N° 51, Trésor de Monza. Complet. Sur un feuillet une Muse jouant de la lyre. Sur l'autre le poète assis. Figure imberbe et tête chauve. Est-ce un portrait du temps? N° 52, Paris, Louvre ". Complet. Les deux feuillets sont divisés tous deux en trois compartiments représentant chacun un homme assis et une Muse debout avec ses attributs. A rapprocher du précédent. N° 55, Liverpool, Musée Mayer. Complet. Sur tan feuillet Esculape avec le bâton et le serpent. Sur l'autre Hygie avec le serpent elle bâton. N° 56, Sens", Bibliothèque. Complet. Sur un feuillet tin Bacchus barbu traverse la mer sur un char. Au dessous, des divinités marines. Au-dessus, une scène de vendange. Sur l'autre feuillet la déesse de la lune sort de la mer sur un char traîné par deux taureaux. Au dessous une divinité marine et un animal marin. En haut, des hommes groupés. N° 57, Brescia, Bibliothèque. Complet. Sur un feuillet Hippolyte et Phèdre. Sur l'autre un homme en costume phrygien et une femme en costume de Diane. A droite et à gauche, des rideaux. Ce détail et quelques autres font croire à M. Meyer" que ce pourraient être des portraits avec travestissement mythologique. On ne trouve pas dans le catalogue de Meyer le diptyque suivant publié par la Gazette archéologique de Berlin 47. Musée de Trieste, un feuillet en deux compartiments. Dans celui du bas Europe et le taureau avec des Amours, un médaillon enfermant un buste d'homme. Sous celui du haut deux jeunes gens avec la tunique courte et le bonnet phrygien, les Dioscures, s'embrassant. A droite et à gauche un Amour portant une lance. Les deux DIS -277-DIS compartiments sont encadrés chacun par des pilastres supportant une sorte de toiture en forme de coquille. Le feuillet tout entier est entouré d'une large bordure où des Amours jouent dans une vigne. II faut signaler encore, pour finir, le n° 46, Paris, Bibliothèque nationale. Complet. Ni inscription ni décoration figurée. Une simple ornementation. Comme elle est exactement la même que sur deux diptyques du consul Philoxenus 48, M. Meyer pense que ce diptyque pourrait aussi être attribué au même consul. G. ocu.