Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EMBATERION

EMBAStIOLTE ]AaivsTIcuos]. EMBAUMA [_ExoucÈs mica.]. EMBATÊRION (iEn6azr p(ov glÀos)• On appelait ainsi les airs de marche militaires. Il est probable qu'il en existait chez beaucoup de peupl :., grecs, mais les plus célèbres, les seuls qui eussent une véritable valeur poétique et musicale, étaient, ceux de deux poètes doriens : Tyrtée à Lacédémone et Ibycos chez les Crétois. Ce dernier n'est connu que de nom (il est sans doute différent du fameux poète de Rhégium'); nous sommes un peu mieux renseignes sur les embatéria de Tyrtée, dont il subsiste deux courts fragmentsa Ses vers respiraient le patriotisme et l'ardeur guerriers lis étaient écrits dans r mètre anapestique 2; le rhythme naturel de la marche tantôt il. employait le t t"amctre catalectique lectiquc Cette dernière combinaison présente une remarquable analogie avec le rhythme de notre Marseillaise, comme on peut s'en assurer en écrivant l'un au-dessous de l'autre, en notation moderne, le fragment l5 de Tyrtée. xAïei' :,rtâp'rsu iucv+apou -Kstpot oa'répo,v rso?.exr .2 On remarquera surtout la coïncidence des deux grandes EMB 596 EME tenues à la deuxième et àla quatrième mesures, ainsi que l'anacruse qui précède le premier temps fort. La différence essentielle consiste dans l'emploi du procéleusmatique, que le poète-musicien grec a judicieusement évité. Le fragment 16 de Tyrtée, confirmé par les historiens 5, nous montre que l'embat érion était chanté ou récité en chœurpar les guerriers, au moment de marcher au combat: â'fei' i 7t4iaç évostaot xoûpot, 7ts') 'rIv °Apttoç xivatrty. Le roi donnait le signal d'entonner le « péan 6 » qui n'est pas ici différent de l'embatérion. L'accompagnement instrumental, au moins à Lacédémone, était représenté par le son des flûtes', plus anciennement par celui de la cithare ou de la lyre s. Il semble qu'on ait donné le nom générique de xaardpetoç ' eoç à la mélodie type de l'embatêpion°, probablement écrite à l'origine dans le mode dorien ; sans doute, comme dans la plupart des choeurs anapestiques, les paroles étaient simplement déclamées et fortement rhythmées par la cadence du pas; les flûtes seules exécutaient la mélodie. Quoique l'embatêrion se récitât en armes, iv taotç f0, il ne faudrait pas en conclure que tout « air en armes n, ivéltatov ta.Eaoç, fût un embatêrion; plusieurs des airs désignés sous ce nom accompagnaient de véritables danses, (pyrrhique, caryatis, etc.), et non des marches" ; c'est à eux seuls que pouvait convenir le trimètre anapestique, appelé quelquefois ivdid teç t'. Enfin, quant à l'opinion qui confond les élégies de Tyrtée (déclamées aux repas et dans les concours) avec ses enzbatêria (récités au moment du combat), c'est une vieille erreur cent fois réfutée qu'on s'étonne de rencontrer encore dans des ouvrages très récentsf3. Tu. REINACH. EMI3LEMA [cAELATURA, t. I", p. 801, et musIVUM meus].