Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ENDROMIS

ENDROM[S. Grèce.Com me il arrive pour la plupart des termes qui désignent quelque partie du costume antique, les textes nous donnent peu de renseignements sur le genre de chaussures que désignait le mot endromis. Hésychius se contente de dire que le nom des endromides vient de ce qu'elles étaient affectées aux coureurs'. Pollux confirme l'étymologie 2 ; il dit encore que les endromides conviennent aussi aux athlètes 3, et il ajoute quelque part que c'est la chaussure particulière à Artémis'. Ce détail est caractéristique : c'est pourquoi l'érudit Callimaque fait dire à la déesse : « Je veux des suivantes pour bien soigner mes endromides et mes chiens rapides 5 » ; mais il ne nous apprend rien sur la forme de ces chaussures. Par bonheur les monuments figurés sont plus instructifs. 11 est naturel, puisque l'endromis était plus particulièrement portée par Artémis, d'examiner les représentations de la déesse. Tantôt elle a les pieds nus 6; tantôt elle est chaussée simplement de sandales liées aux pieds par des courroies, c'est-à-dire de crépides [CREPIDA] 7 ; tantôt elle porte des brodequins montants, plus ou moins hauts, richement ornés et lacés par devant. Mais parmi ces derniers modèles, il y a deux types différents : ou les brodequins sont ornés à leur sommet d'un revers qui retombe à retroussis 8, ou ils se terminent simplement; dans le premier cas la déesse porte 1'embas, dans le second l'endromis 9. Ainsi entre l'embas et l'endromis, quand ces deux noms ne sont pas pris l'un pour l'autre, il n'y a, semble-t-il, qu'une différence essentielle, le revers [EMBASi. L'endromis était donc, d'une manière générale, une sorte de demi-botte lacée par devant, simple et sans retroussis, et il est facile à ces traits de la reconnaître aux pieds d'une foule de personnages, dieux et déesses, héros ou héroïnes mythologiques, ou simples mortels. Mais il y a des variétés intéressantes. On peut d'abord former deux groupes, les endromides basses, qui s'arrêtent au-dessous ou au milieu du mollet (fig. 2668 et2669, 2671 à 2675) 70, et les endromides hautes, qui montent jusqu'au genou, et quelquefois même le recouvrent (fig. 2670)". La manière d'assujettir la chaussure varie également. La tige est serrée par des cordons qui s'en roulent une ou plusieurs fois autour de la jambe (fig. 2671)12, quelques fois en passant par des oeillets qui bordent l'ouverture de la tige 13; ou bien les deux côtés sont rapprochés par un lacet qui s'insère dans des oeilletst4 ou s'accroche à des boutons (fig. 2672 et 2673) f6. Presque tou jours les deux bords de la fente restent assez distants l'un de l'autre; l'on aperçoit dans l'intervalle une langue en forme de soufflet, comme cela se fait encore pour nos souliers lacés, et qui dépasse quelquefois le bord supérieur de la tige'G. Sur des vases peints de style archaïque, on voit des personnages, et particulière ment Hermès, chaussés de brodequins au-devant desquels cette langue forme un ornement arrondi et recourbé qui fait une forte sailliet7. On ne saurait la prendre pour l'aile qui se trouve ailleurs adaptée aux pieds du dieu; car, dans quelques peintures où il est figuré, on ne distingue pas moins nettement l'aile fixée au talon, et l'on peut faire la même remarque pour d'autres personnages dont les peintres ont voulu caractériser la course rapide; par exemple, sur un vase où Persée est représenté fuyant après avoir coupé la tête de Méduse, le héros, aussi bien que les Gorgones qui le poursuivent et que Hermès qui en est témoin, tous sont chaussés d'endromides à langue proéminente, tandis que l'aile est attachée par derrière (fig. 2674)1e Il y avait des endromides qui laissaient à nu les doigts des pieds (fig. 2671, 26 75)'9. Cette particularité se trouve aussi dans quelques spécimens d'EMBAS. Signalons encore les endromides dont Apollon est chaussé dans une peinture de vase : très hautes, appliquées étroitement sur la jambe, elles couvrent le genou sans cacher le jarret, elles sont encerclées d'un double lien, sous le genou et sous le mollet; elles semblent faites d'une peau de bête mouchetée, et, sur le mollet, est dessiné un ornement qui ressemble à un oeil (fig. 2670)20. daus tous les recueils les anciennes représentations d'Hermès; voy. supra, ras., gcblaetter, E, pi. 5, 1 e; cf. plus haut la fig. 2672, et dans ce Dictionnaire, t. I, La forme générale est celle des guêtres assyriennes. Cela n'a rien d'étonnant, car nous connaissons la parenté de l'endromide et de l'embas, et nous avons cité [EMBAS] un texte d'Hérodote qui dit d'un Babylonien qu'il portait des souliers de son pays semblables aux embades béotiennes 21. Quant à la matière dont étaient fabriquées les endromides, les monuments figurés étant nos seuls documents, il est assez difficile de le préciser. Sans doute, comme pour les embades, on employait le cuir, ou raclé ou couvert encore de poils, le feutre, etc., dans tous les cas des peaux ou des tissus souples, car on voit que la tige comme le pied de la botte épousait étroitement les formes de la jambe. P. PARIS. Rome.Les Latins ont traduit ce mot par COTHURIVUS dans le sens de chaussure ; ils ont réservé le terme endromis pour désigner un vêtement de dessus, un manteau, sens qui n'apparaît pas dans les auteurs grec antérieurs à la période romaine". On a déjà vu, à l'article BASSARA, un exemple d'une même locution appliquée à une tunique et à des chaussures. Dans ce cas c'est la similitude de la matière employée qui a déterminé une double signification. Ici, l'extension donnée par les Latins au mot endromis est due sans doute à l'étymologie ôpôµos, course , l'endromis grecque étant la chaussure spéciale de course et de marche, et l'endromis romaine étant un manteau recherché par les athlètes. Une épigramme de Martial nous apprend, en effet, que ce manteau, analogue à la LAENA, était d'un tissu épais et chaud, fort commode contre le froid et la pluie : on en recommandait l'usage aux jeunes gens après le jeu de la balle ou après la course, afin d'éviter les refroidissements23. Malgré son aspect un peu rustique74, les riches ne dédaignaient pas de le porter, quand la température l'exigeait 25. Les artisans gaulois et tyriens fabriquaient ce genre d'étoffes2s