Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EPARITOI

EPARITOI (En«pinot). Étienne de Byzance prenait ce mot pour un nom propre, 'Ee ap:Tai, et il en cherchait l'étymologie dans le nom d'une ville d'Arcadie qui devait s'appeler 'Enaptc : Xénophon, Éphore et Androtion, au 1 témoignage du même auteur, mentionnaient cette prétendue peuplade arcadienne (Éevoç Apx ehxç T). Mais chez Xénophon le mot se présente toujours sous l'une des deux formes ittap(TOVÇ ou lnap(Twv 3, qui supposent le nominatif la«ptrct. L'étymologie de ce nom est d'ailleurs inconnue et la variante ittupcé nt, que donne Hésychius, ne se prête pas davantage à une interprétation certaine s. La notice d'Hésychiius permet cependant de rectifier l'erreur d'Étienne de Byzance : iaapô7lTOt, T«yµ5 pzsitxds, dans Xénophon que le sens du mot apparaît avec le plus de précision. Après la bataille de Leuctres et la fondation de Mégalopolis, en 370, l'Arcadie unifiée soutint plusieurs guerres contre les États voisins, Sparte entre autres et Elis : dans cette lutte, le gouvernement fédéral eut à sa disposition, outre les contingents ordinaires des cités, une troupe d'élite, permanente, composée d'hoplites. Ces hoplites, nommés lit ptTOt, figurent au premier rang dans les combats de l'année 3657, et, l'année suivante, ils sont envoyés par les chefs du gouvernement fédéral contre les Mantinéens rebellese. Ainsi se justifie peut-être le titre de r)uatot v,Daxeç que leur donne Hésychius. On rapproche ordinairement ces ln«ptTOI d'autres corps d'élite constitués dans plusieurs villes grecques, àAthènes, à Elis, à Thèbes, à Argos Mais nous avons lieu de croire que les in«prrol arcadiens étaient beaucoup plus nombreux: tandis que le plus considérable de ces bataillons sacrés, celui des Argiens, s'élevait seulement à mille combattants, les in«paroi semblent avoir été au nombre de cinq mille. Tel est du moins le chiffre que fournit Diodore pour cette armée permanente des Arcadiens, à laquelle il donne, il est vrai, un autre nom : oi xn)wéusvot lnta.XTOI 5VTe2 nsv .zID;fi),to170. Mais Diodore a fait erreur, en prenant pour le titre officiel de ces hoplites le terme général qui désigne en grec toute espèce de troupe d'élite ". Les in«plTOt recevaient une solde du gouvernement fédéral d'Arcadie, et, pendant quelque temps,.cette solde fut prise sur le trésor sacré d'Olympie (364)". Mais, en temps ordinaire, il semble que chacune des villes du xotvôv ait contribué à cette dépense, pour une part proportionnée sans doute à l'importance de ses revenus12. On sait que le xotvôv «pxaôtxôv ne parvint jamais à se constituer d'une manière définitive, et qu'il passa par de nombreuses vicissitudes : nous ne pouvons pas affirmer que l'organisation des ln«ptTOt ait survécu même aux premières discordes qui se produisirent dans la ligue par la défection de Mantinée (364). AM. HAUVETTE. Théopompe que nous sommes redevables des quelques renseignements bien incomplets que nous avons sur les Épeunactes, leur origine et l'étymologie du nom qu'ils EPH 620 EPH portaient. Le passage où cet historien, cité par Athénée 2, nous parle de ces anciens Hilotes, nous reporte aux premiers temps de l'histoire de Sparte. Il nous raconte que pendant les guerres de Messénie (très probablement pendant la première ou peu après), les Lacédémoniens craignant que leurs ennemis, toujours aux aguets, ne s'aperçussent des pertes énormes qu'ils avaient faites sur les champs de bataille, permirent à un certain nombre d'Hilotes de s'unir avec les femmes des guerriers morts en combattant les Messéniens 3. Ils donnèrent à ces Hilotes qu'ils chargeaient de perpétuer la race de ceux qui n'étaient plus, le nom d'Épeunactes, parce qu'ils avaient pris la place des maris (ie 'eûvâs) ; plus tard ils leur auraient accordé les droits de citoyens. Si l'on prend ce récit au pied de la lettre, la première objection que l'on fera, c'est que les Épeunactes ne durent pas jouir longtemps des droits de citoyens, à supposer qu'on les leur ait tous accordés`, ou bien que la paix une fois conclue et tout danger extérieur disparu, on se garda bien de tenir ce qu'on leur avait promis. Il dut y avoir entre eux et les Doriens des inégalités qui leur parurent monstrueuses; en tout cas ils étaient si loin d'être satisfaits de la position qui leur était faite, que, d'après Diodore de Sicile ils s'abouchèrent avec d'autres mécontents, Phalantos et les Parthéniens [PAHTHÉrrJOI] et promirent de se soulever avec eux. Cette conjuration ayant été découverte °, les Parthéniens se seraient dispersés et auraient renoncé à leur tentative, tandis que les Épeunactes auraient délégué quelques-uns des leurs auprès de l'oracle de Delphes, pour lui demander si le dieu leur accorderait la Sicyonie7. L'oracle refusa de souscrire à leurs prétentions et leur conseilla d'aller habiter Tarente et le pays des Iapyges. Mais comme ce sont les Parthéniens qui d'après d'autres historiens' auraient reçu cet ordre de Delphes et auraient colonisé Tarente, il faut admettre que Diodore a fait ici une confusion de noms; on ne peut donc rien conclure de la fin de son récit, sinon peut-être que les Épeunactes se joignirent. Phalantos et à ses compagnons et allèrent habiter avec eux l'Italie méridionale. Toute cette histoire des Épeunactes paraît être si intimement liée à celle des Parthéniens, qu'on est en droit de se demander, surtout après avoir lu Diodore, si elles ne sont pas toutes les deux des variantes de la même légende °. Sans vouloir aller aussi loin que Doehle 10, qui ne craint pas de les prendre l'une et l'autre, en partie du moins, pour des fables inventées à plaisir par quelque mauvais plaisant Athénien, dans le but de tourner les Spartiates en ridicule, on doit admettre que nous n'avons là qu'un récit mythique de faits historiques, qui se seraient passés à Sparte à la suite de la première guerre de Messénie et qui auraient donné naissance à des luttes intestines de la dernière gravité. Nous n'avons pas à nous occuper ici de la légende des Parthéniens, qu'on a expliquée de bien des manières''. Quant aux Épeunactes, nous croyons qu'il faut voir dans ce qui nous a été transmis à leur égard, le souvenir des mesures prises pour récompenser tous ceux qui, dans la population non dorienne, avaient combattu vaillamment aux côtés des Spartiates et avaient comblé les vides faits dans leurs rangs pendant la première guerre de Messénie12. Comme l'a très bien montré Curtius13 « on leur permit de s'allier avec des femmes spartiates et on leur fit sans doute espérer aussi une part dans les nouvelles assignations de terres ». Mais, quelques années plus tard, les Doriens, complètement rassurés « ne voulurent plus entendre parler d'un semblable mélange avec le sang achéen et refusèrent de reconnaître comme légitimes les alliances contractées entre Achéens et Doriennes ». De là le complot dont nous avons parlé plus haut, qui fit courir les plus grands dangers à l'État, puis l'émigration en masse des Épeunactes et des Parthéniens, qui dut se faire par l'entremise de l'oracle de Delphes, vers la 18° olym