Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EPHESIA

EPHESIA. I ('Etpéata tep«). Fête célébrée à Éphèse en l'honneur d'Artémis, la divinité principale de cette cité' ; elle avait lieu durant le mois artémision, spécialement consacré à la déesse. Thucydide en parle comme de la fête nationale des Ioniens de Grèce et d'Asie et Denys d'Halicarnasse l'oppose aux fêtes que les Doriens célebraient en l'honneur d'Apollon au promontoire de Triopium3. Elle ressemblait alors de tous points aux panégyries solennelles de la Grèce, admettant tous les jeux gymniques et les concours littéraires. Une fois les sacrifices et les réjouissances terminés, des arbitres jugeaient les contestations entre cités confédérées et décidaient des guerres à entreprendre contre les barbares. II semble que ce dernier usage fût en rapport avec celui de déclarer une trêve générale durant le mois artémision 1 et aussi avec le droit d'asile que les Éphésiens revendiquaient encore avec énergie, sous Tibère, devant le Sénat romain'. C'est à ces revendications que se rapporte une inscription importante où il est fait mention de la fête des Ephesia °. S'il en faut croire des auteurs plus récents, les Ephesia se seraient célébrées la nuit' ; les hommes avec les jeunes filles, même esclaves, y auraient été seuls admis et la grotte contiguë au temple et le bois sacré auraient été interdits aux femmes mariées. Il est probable que les Ephesia revêtirent cette dernière forme, quand elles furent déchues, grâce à la conquête romaine, de leur signification nationale. Il ('Eysota 7rci1uara), Formules magiques, résultant d'un assemblage de syllabes bizarres et inintelligibles que l'on portait suspendues au cou sur des tablettes de bois ou de cuir, ou que l'on prononçait tout bas comme des remèdes et des préservatifs contre les maux de la cie 3. La légende en rapportait l'invention aux Dactyles de Phrygie Les Mages, dit Plutarque 10, recommandaient à ceux qui étaient sous l'influence de quelque démon, de réciter les formules éphésiennes. On les appelait de ce nom parce que les premières connues avaient été inscrites sur le piédestal de l'Artémis d'Éphèse " ; AMaLETOM, I, p. 233, avec la figure 303j. Elles se multiplièrent avec le temps et formèrent des recueils de sorcellerie que les païens nouvellement convertis au christianisme brûlaient en signe d'abjuration'. En voici deux échantillons; le second était rapporté à Branchus de Milet qui en avait prescrit l'emploi contre la peste : 1° °Acxt, Ktc éŒxt, TéTpa'; Axuvagev2r ç 13 ; BPu, /niptee, XOâv, II), ~xzpov, Kvc'c;ét, Xeu,cTr,;, 4aéy6.o4, ApJ,t, f `, Cette dernière formule a ceci de particulier qu'elle emploie deux fois toutes les lettres de l'alphabet 10. Les Romains en avaient de semblables, sans pour cela les emprunter toujours aux Grecs; on connaît celles que Caton a fait figurer dans son traité de re rustica16. J.-A. Hlbn.