ÉPHOROI (E?opt). On trouve la magistrature des éphores dans un certain nombre de villes doriennes, mais nous n'avons de renseignements étendus que pour Sparte, et c'est à Sparte seulement que l'éphorie a eu un développement complet et original.
La plus profonde obscurité règne sur l'origine et le caractère primitif de cette magistrature. A-t-elle fait partie des plus vieilles institutions doriennes, mises sous le nom de Lycurgue, ou bien est-elle de création postérieure? Nos sources sont en désaccord sur ce point. A l'époque d'Hérodote, les Lacédémoniens paraissent considérer l'éphorie comme une institution de Lycurgue t ; mais déjà Platon l'attribue à un législateur postérieur
Aristote (ou ses sources' au roi Théopompe et, dès lors, c'est cette seconde tradition qui prévaut'. Conformément à ce système, les chronographes assignent à la naissance de l'éphorie la date de 157-6, sans doute d'après Apollodore ou Ératosthène'. Plutarque, dans la Vie de Cléomène , tient également pour Théopompe, mais indique une date un peu postérieure, la première guerre de Messénie 6. Enfin, dans une troisième tradition, qui ne mérite certainement pas créance, les éphores auraient été créés seulement vers 557 ou 555 par un des sept Sages de la Grèce, Chilon, qui aurait été le premier éphore'. Les historiens modernes se partagent entre les deux premiers systèmes sans apporter de raisons décisives en faveur de l'un ou de l'autre s. D'une part, en effet, l'existence de l'éphorie dans d'autres villes doriennes, à Cyrène, à Héraclée du Siris 9, ne prouve pas absolument que ce soit mie institution primitive des Doriens, car ces colonies ont pu l'emprunter assez tardivement aux États doriens continentaux; l'établissement de l'éphorie chez les Messéniens après leur délivrance de la domination lacédémonienne peut aussi être attribuée à une imitation de Sparte 10. On ne saurait non plus alléguer en faveur de la haute ancienneté des éphores la relation qu'il y a entre leur nombre cinq et les cinq anciennes tribus territoriales de Sparte, car il n'est pas prouvé qu'il n'y ait eu que cinq tribus 11, D'autre part, les rois de Sparte, dans leur lutte contre les éphores, ont pu avoir intérêt à faire croire que l'éphorie était une institution relativement récente qui n'existait pas dans la législation de Lycurgue et qui no s'était développée que par une série d'usurpations. C'est ce que soutient Cléomène IH dans le discours ois il essaye, après son coup d'État, de faire accepter au peuple la suppression des éphores"; et d'autres rois avaient peut-être déjà antérieurement essayé de créer cette tradition, Pausanias par exemple, qui avait déjà tenté de renverser les éphores 1'.
Il n'est pas question des éphores dans les pièces que nous avons sur la prétendue législation de Lycurgue, à
3, 3. 11 y a la même tradition dans une des lettres attribuées à Platon (8, p. 354), mais c'est en contradiction avec Plat. Leg. 3, 693 A. Il est question des éphores au début de la première guerre de Messénie dans Diodor. 8, 5, 6, et Pans. 4, 4, 5 mais ce sont des récits évidemment légendaires. Isocrate (12, 153) parait aussi
attribuer l'éphorie à Lycurgue. 2 Leg. 3, 692 A. 3 Aristot. Pol. 5, 9, 1 (éd. 5 Euseb. (vers. nrnz.) Ol. 5, 4; Rieron. 01. 5, 4; Plutarque (Lyc. 7) donne im
plicitement la même date en mettant Théopompe 130 ans après Lycargue. 3 Plut. Cleom. 10, 2-5. -' Diog. Laert. 1, 68 (d'après Sosicrate) où l'archontatd'Euthydème correspond à l'année 555; Euseb. (cers. (ues.), 01. 56, 4 (557); Herodot. 1, qui a soutenu le premier système. 9 Voir les notes 118-120. 10 Polyb. 4, 4, 2;
tot. Pol. 5, 1, 5. Ou peut en outre rappeler que Pausanias avait dans son exit écrit un livre sur Lycurgue; malheureusement le teste de Strabon (8, 5,5) est altéré.
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savoir les rhètres et les vers de Tyrtée"; elles ne mentionnent que les rois et le Sénat; mais il y a de fortes raisons de croire que ces morceaux sont de pures falsifications littéraires dont le but était justement de prouver que l'éphorie n'avait pas fait partie de la constitution primitive de Sparte n, Il est donc difficile de choisir entre les deux traditions.
Quelles ont été les attributions primitives des éphores'? On a fait sur ce point toutes Ies hypothèses possibles. On a vu dans les éphores tantôt des magistrats chargés de la police et de la justice dans les cômesn, tantôt les représentants de la royauté dans les cinq villes laconiennes dont Sparte avait supprimé les rois 17, tantôt des espèces d'édiles chargés de la surveillance du marché public n, tantôt les patrons du peuple contre les rois et le Sénat 19, tantôt des magistrats subalternes choisis par les rois qui leur délèguent certaines fonctions et en particulier l'exercice de la juridiction civile 20 La plupart de ces hypothèses ont le tort de ne pas tenir assez compte de l'étymologie du mot éphore. Elle indique un droit général de surveillance. C'est tout ce que nous savons. En tout cas, il faut se garder de croire que l'éphorie ait dù être dès le début une magistrature rivale de la royauté.
Cette idée, exprimée par Platon et Aristote", que Théopompe, en créant l'éphorie, avait voulu affaiblir la royauté et par là même en prolonger la durée, ne parait pas correspondre à la réalité et n'a pu naître qu'à une époque où la royauté avait disparu dans presque toutes les villes grecques et ne subsistait plus à Sparte que fort affaiblie et démembrée.
Nous avons très peu de renseignements sur le développement et les progrès successifs de l'éphorie depuis l'époque de Théopompe. D'après Plutarque", l'éphore Astéropos, qu'il place plusieurs générations après Théopompe, aurait considérablement accru le pouvoir de cette magistrature. Nous ne savons rien de plus sur cette réforme : peut-être a-t-elle consisté à enlever l'élection des éphores aux rois pour la donner au peuple 23. On comprendrait alors comment les éphores, devenus indépendants des rois, ont pu rapidement s'élever au-dessus d'eux. Il n'y a rien à tirer des renseignements que nous avons sur Chilon n. Ensuite nous constatons l'acquisition successive, par les éphores, de nouveaux droits ; dès Hérodote ils ont en particulier presque toute la juridiction civile 25 ; le roi n'en conserve plus que des débris. Le développement de l'éphorie est favorisé par le désaccord et l'hostilité qui règnent généralement entre les deux rois, surtout depuis le règne de Cléomène Ier; les rois ne pouvant faire ni décider quoi que ce soit l'un sans l'autre, ce sont les éphores qui tranchent leurs différends 26. Le Sénat profite aussi de la rivalité des rois, mais, ne pouvant fonctionner comme pouvoir exécutif, il se sert des
éphores ; dès Cléomène Ie", on voit des délibérations communes du Sénat et des éphores ". Ils sont également servis par l'abaissement moral de la royauté, par les nombreuses condamnations de rois, surtout aune siècle, par les minorités et les tutelles royales qui en sont souvent la conséquence. En vertu de leur droit général de surveillance, ils mettent peu à peu la main sur tous les services publics, soumettent à leur contrôle tous les magistrats et fonctionnaires, y compris les rois, ont constamment l'appui de l'aristocratie, qui se préoccupe surtout d'empêcher l'établissement d'une tyrannie 48. Ils sont ainsi les véritables chefs de l'État jusqu'au milieu du me siècle (av. J.-C.). Ils déjouent toutes les tentatives dirigées contre eux, celle de Pausanias qui les attaquait directement, celle de Lysandre qui voulait remplacer la double royauté héréditaire par une royauté élective plus forte, celle de Cinadon qui voulait introduire de nouveaux éléments dans la cité". Ils représentent l'organe le plus original de la constitution de Sparte, un organe qui n'existe nulle part ailleurs et que les historiens ne savent dans quelle catégorie classer. Aristote y voit une magistrature démocratique ; Platon est surtout frappé de ce que leur pouvoir a de tyrannique ; Cicéron les compare aux tribuns de la plèbe ao
La magistrature des éphores subit la même décadence que les autres rouages de la constitution. Choisis dans le peuple, souvent parmi les pauvres, ils sont très accessibles à la corruption31. Aristote les accuse de mener une vie dissolue 32. Ils finissent par ne plus représenter que l'oligarchie égoïste qui possède presque toute la propriété foncière. C'est de i'ephore Épitadee qu'est la loi qui porte le dernier coup à la vieille constitution en autorisant le père de famille à disposer de tous ses biens sans exception par donation ou testament, même au détriment d'enfants légitimes 33. Aussi est-ce surtout contre les éphores qu'est dirigée la révolution démocratique d'Agis I11 et de Cléomène III3''. Agis succombe dans la lutte. Cléomène réussit à supprimer pendant quelque temps l'éphorie, qu'il remplace par un collège de patronomes3' ; après la victoire de Sellasie en 221, Antigone rétablit l'ancienne constitution et aussi les éphores, mais sans doute en maintenant à côté d'eux les patronomes a6 Les éphores redeviennent les chefs de l'État, jusqu'à l'apparition de la tyrannie à Sparte, avec Machanidas et Nabis, surtout sous le gouvernement du faible Lycurgue, leur créature 37. Après la chute de ces tyrans, les éphores sont sans doute rétablis par Philopoemen". Sous la domination romaine, Sparte, devenue civitas foederata, possède toutes ses anciennes magistratures, sauf la royauté ", et il est encore question des éphores au ne siècle après Jésus-Christ". Toujours au nombre de cinq, ils font sans doute partie de l'ensemble des magistratures qu'on
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appelle rsuvapy(at u ; ils paraissent être encore les principaux magistrats de la cité, quoique le magistrat éponyme ne soit plus le chef des éphores, le 7cpéceu;, mais le chef des patronomes 42.
Voyons maintenant quelles ont été les attributions des éphores, en nous plaçant à l'époque de leur plus grande puissance, au Ive siècle. Ils constituent un collège de cinq membres" dont le président est le magistrat éponyme de la cité 44 et jure le premier les traités et les accords conclus avec les pays étrangers "'. Ils entrent en charge au début de l'année laconienne qui commence avec la nouvelle lune après l'équinoxe d'automne". Sauf pour la juridiction civile, ils n'agissent généralement que réunis en collège" ; la minorité doit se soumettre à la majorité"; mais naturellement le collège entier obéit en général à un ou plusieurs de ses membres". Nous sommes mal renseignés sur le mode de nomination des éphores. Ils ont été sans doute à l'origine nommés par ]es rois ", mais ceux-ci ont perdu dans la suite cette attribution, peut-être, comme nous l'avons vu, depuis la réforme d'Astéropos. A l'époque historique, les éphores sont pris, par l'élection et non par le sort, parmi tous les les Spartiates, sans distinction, riches ou pauvres, qui ont les droits complets de citoyens 6t. Nous ne savons pas à partir de quel âge. Il n'y a donc pas de citoyen qui ne puisse arriver à l'éphorie ; c'est là, pour Aristote, le caractère le plus démocratique de la constitution spartiate. Mais quels sont les électeurs, quel est le procédé d'élection `i Nous ne savons au juste. Il est très probable que les éphores sont élus par le peuple de la même manière que les sénateurs, c'est-à-dire par acclamation 52 ; cette hypothèse explique pourquoi Aristote trouve ces procédés enfantins". A certaines époques, les rois peuvent avoir quelque influence sur l'élection des éphores, surtout par l'argent 54. Les éphores sont annuels et soumis à une reddition de comptes devant leurs successeurs, qui peut porter sur tous les actes de leur magistrature". Il ne semble pas qu'ils puissent être déposés légalement, sauf à la suite d'une accusation intentée par leurs collègues et d'une condamnation ". Ils ont sur l'agora, près du temple de la Crainte, un local commun (tyopaiov)qui renferme sans doute la table commune dont il est question J7.
Éphore et Aristote comparent justement les éphores aux cosmos des villes crétoises pour la multiplicité de leurs attributions ". Ils n'ont pas seulement un pouvoir
général de contrôle et de répression, mais aussi des fonctions actives. Ils ont d'abord le droit de convoquer et de présider l'assemblée du peuple, l'apella [EKKLÉSIA, p. 512-514], et le Sénat 59. On sait que de très bonne heure il n'y a guère que les rois, les sénateurs et les éphores qui parlent à cette assemblée 60. Aussi n'y a-t-il pas d'affaire publique à laquelle les éphores ne prennent part; souvent même nos textes les nomrnent seuls 61, en attribuant à leur seule initiative des mesures qu'ils n'ont fait que proposer et appuyer devant le peuple ou le Sénat, surtout en matière de politique extérieure ; ils ont pu, en effet, agir souvent seuls, même en dehors des périodes de troubles. Réunis au Sénat, ils constituent le conseil du gouvernement et possèdent le pouvoir exécutif. Ils sont souvent compris dans les expressions génériques 'r 'id7l, ot Ev TUE' ÔVTE; qui désignent les principaux organes du gouvernement et l'ensemble des fonctionnaires 62 Ils ont l'initiative en matière de législation : la loi d'Épitadée, par exemple, porte le nom d'un éphore ; ils soumettent sans doute d'abord les propositions de lois au Sénat; celui-ci émet une opinion préalable, après quoi le peuple est appelé à voter; mais ce vote ne lie pas le Sénat, qui peut se prononcer définitivement en sens contraire, conformément à la procédure que décrit la loi attribuée à Théopompe 63.
Les éphores ont la direction générale de la politique étrangère. Ils sont chargés de traiter avec les ambassadeurs étrangers, de les accueillir ou de les renvoyer, selon le cas, de les conduire, s'ils le jugent à propos, devant le peuple, d'envoyer des ambassadeurs aux autres puissances. C'est sur leur proposition que l'assemblée du peuple conclut les traités de paix, d'alliance, déclare la guerre 6''. Ayant la direction de la confédération lacédémonienne, ils sont quelquefois amenés à intervenir dans les affaires des villes alliées, à établir ou à supprimer des harmostes 65. Ils lèvent, pour chaque campagne, le nombre de classes et d'hommes nécessaire", donnent l'ordre du départ au roi ou au général désigné par le peuple '7; les rois, en effet, qui, à l'époque d'Hérodote, ont encore théoriquement le droit de faire la guerre de leur propre volonté, y ont peu à peu renoncé à cause de la dangereuse responsabilité qu'ils encourent.: au Ive siècle ils ne font généralement88 que conduire les troupes où les envoie l'État60 et depuis 510 il n'y a jamais qu'un seul roi à l'armée 70. A partir d'une date inconnue, il est accompagné régulièrement 71 dans chaque
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campagne par deux éphores qui, sans s'immiscer directement dans les opérations militaires, le surveillent, l'assistent dans les sacrifices, sont chargés, le cas échéant. des négociations avec l'ennemi 72, recueillent, au besoin, les éléments de l'acte d'accusation qui est souvent intenté au roi, à son retour, pour la mauvaise issue d'une expédition73. Il est donc probable qu'en campagne le roi ne fait rien d'important sans consulter les éphores. D'ailleurs les éphores restés à Sparte entretiennent des communications fréquentes, au moyen de la scytale 74, avec le roi et les généraux, leur donnent des instructions, des ordres, peuvent les rappeler 73, envoient des commissions spéciales à l'armée pour se renseigner76 ; en 418 ils adjoignent pendant quelque temps dix conseillers au roi Agis 77. Ce sont les éphores que les généraux vont d'abord voir à leur retour".
Chargés de la police générale de l'État, ils contrôlent tous les actes privés et publics des citoyens ; ils maintiennent les anciennes traditions et la discipline de Lycurgue. C'est ce qu'indiquent la proclamation qu'ils adressent à leur entrée en charge aux citoyens pour les inviter « à couper leurs moustaches et à obéir aux lois n » et le droit qu'ils ont de les frapper d'une amende immédiatement exigible pour un acte blâmable S0. Ils surveillent même leur tenue extérieure; ainsi un certain Naukleidas a été réprimandé en public pour son embonpoint st. Ils répriment les innovations; plusieurs musiciens, Terpandre et Phrynis de Lesbos, Timothée de Milet ont été punis pour avoir modifié l'ancienne cithare et altéré ainsi la simplicité de la musique S2. On pourrait citer quantité de traits analogues, par exemple la condamnation d'Isadas à une amende pour avoir combattu sans armes s3. Les éphores bannissent les étrangers suspects de corrompre les moeurs et les Spartiates ne peuvent résider en dehors de la Laconie sans leur autorisation sous peine de morts`. Ils interdisent encore aux particuliers, à l'époque de Lysandre, de se servir de monnaie d'or et d'argent s5. Ils surveillent les rapports des hommes et des jeunes garçons, l'éducation des enfants80; le a«ciov6N.oç mène les enfants désobéissants devant eux 67, Ils passent tous les dix jours une sorte de revue des éphèbes 88. Leur contrôle s'étend à tous les fonctionnaires qu'ils peuvent suspendre, emprisonner, frapper d'une accusation capitale et à qui ils demandent une reddition de comptes à leur sortie de charge 83. Mais c'est surtout à l'égard des rois que s'exerce leur pouvoir disciplinaire et inquisitorial. Polybe prétend que pendant longtemps les rapports des rois et des éphores ont été ceux d'enfants et de parents 90; dans la réalité, il y a presque toujours eu malveillance des
deux côtés °1. En cas de contestation pour la succession au trône dans une des familles royales, les éphores jouent certainement un rôle considérable dans l'élection, surtout aux époques de troubles 92. D'après Xénophon 9°, les rois jurent chaque mois devant les éphores de gouverner selon les lois et réciproquement les éphores jurent au nom du peuple de respecter l'autorité royale, si les rois tiennent leur serment; mais il est plus probable que, comme le dit un fragment de Nicolas de Damas''", il n'y a qu'un serment prêté par les rois à leur avènement. Ils doivent se présenter à la troisième citation devant les éphores qui, seuls de tous les citoyens, ne se lèvent pas devant eux 95. Tous les neuf ans, les éphores observent le ciel par une nuit claire et sans lune ; s'ils aperçoivent une étoile filante, ce phénomène prouve que les rois ont commis quelque faute religieuse et ils peuvent être suspendus de leur charge jusqu'à ce qu'un oracle de Delphes ou d'Olympie les ait disculpés 96. Les éphores peuvent, de leur propre autorité, les réprimander, les frapper d'amendes 97. Ils surveillent les familles royales pour en maintenir la pureté et en assurer la durée, pour empêcher les substitutions d'enfants98. Enfin les crimes politiques des rois, vénalité, trahison, mauvaise direction d'une campagne, tombent sous la juridiction des éphores et du Sénat qui les condamnent soit à la peine capitale, soit à d'énormes amendes, soit à la déposition°9.
Les éphores exercent plusieurs sortes de juridictions : d'abord, au civil, ils jugent, non pas en collège, mais isolément, les procès qui n'ont pas été arrangés par les arbitres 1"; les rois n'ont guère gardé que les procès relatifs aux droits des familles et aux héritages101. En second lieu, comme chargés de la police générale, ils ont, comme on l'a vu, le droit d'infliger eux-mêmes certaines peines et des amendes 102, Enfin ils président le Sénat, cour de justice, pour les crimes soit de droit commun soit politiques 'Al y a comme peines : la mort, l'exil, l'atimie, la confiscation et les amendes 104. Ce sont les éphores qui font les enquêtes, reçoivent les dénonciations, arrêtent et emprisonnent les accusés, même les rois, convoquent les sénateurs, intentent l'accusation et font exécuter les sentences100. Dans ce rôle de présidents, qui ne les empêche pas de voter, ils exercent une influence prépondérante. Mais on ne voit pas qu'ils aient eu régulièrement le droit de prononcer seuls une condamnation capitale 100, sauf aux époques de troubles ou en cas de danger public107. D'après Isocrate10s ils peuvent faire tuer les périèques sans jugement, mais il ne s'agit sans doute là que de mesures exceptionnelles. Quant aux hilotes, il se peut qu'ils aient eu sur eux
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droit de vie et de mort, comme l'indique l'habitude qu'ils ont, à leur entrée en charge, d'autoriser la xpteaeTetu 100 Ils ont à leur service; pour la police du pays, une partie du corps d'élite des trois cents jeunes méats"-i0 ; les véot qu'on voit souvent dans Polybe"' à la, disposition des éphores font sans doute partie de ce corps. Ces jeunes gens sont choisi:, tous les ans par les trois heataypla'at que nomment les éphores no
Ils ont encore la surveillance des finances, administrent l'impôt, reçoivent le butin de guerre'. En matière religieuse, ils offrent annuellement un sacrifice publie au temple d'Athéné Chalcioekos, règlent le calendrier, vont parfois chercher un oracle sous forme de songe dans le temple de Pasiphaé 1Y0, Ils conduisent sans doute aussi les jeux publies 15
Les subdivisions de Sparte, appelés déat, ont eu sans doute aussi des éphores; nous en connaissons dans : =1G d'Ainyclée 1i0 A l'époque romaine ii v en a aussi. d'ans plusieurs villes de la confédération des Eleutliérolaconiens, à Géronthrae, à Kaenépolis, à Oetylos, à Gythéion, dont ils paraissent être les magistrats particuliers, tandis que le magistrat fédéral est un stratège'''. A l'époque ancienne on en trouve à Héraclée du Siris if', colonie de Tarente 1'0, à Cyrène 120, chez les Messéniens, après le rétablissement de leur ville au m° siècle'"t.
Un des fonctionnaires d'un collège religieux de Sparte porte aussi le nom d'éphore 122 Ca. LI2Cacc x.
chez les Grecs des cavaliers t, de ceux qui montaient en char', et même des cornacs d'éléphants' On appelait aussi épibates les passagers d'un navire ou même tes rameurs', mais au pluriel le mot désigne spécialement les soldats de marine.
Il faut distinguer avec soin les épibates des rameur,, des matelots, et surtout des troupes de terre qu'on embarquait à l'occasion. sur les va ,s, "x de guerreCependant, à Athènes du moins, 1, «épi :taxes n'étaient que des hoplites pris sur le catalogue régulier et c'est par exception qu'en !ris on les recruta une fois parmi les thètes'.
Nous sommes peu renseignés sur l'armement des épis hales; cependant il est probable qu"ils employaient de loin les flèches et les javelots, et de près la .tance et l'épée $. Il est même possible que, comme les rameurs, ils eussent sur ce point une certaine liberté. Platon a, en
effet, raconte 1'hisl i i i t :l'un épibate q u i , au lieu d'armes ordinaires Inanceuvrait une lance en forme de faux'.
Le nombre des épibates embarqués sur chaquey aisseau de, guerre a varié: sans doute il a diminué à mesure que la tactique navale s'est perfectionnée; il est de plus probable que la grandeur des navires citait pour quelque chose dans le nombre des soldats qui l'armaient, et aussi que chaque ville ou chaque État avait en cela ses reglements. Tout ce que nous savons, c'est que les trières attiques, à Salamine, portaient, dix-huit épibates, dont quatre archers t0, et pendant la guerre du Péloponnèse dix seulement°'. Plus tard le navire à huit rangs de rameurs de Lysimaque comptait douze cents épibates ; les pentères de la première guerre Punique en comptaient cent vingt; le vaisseau sur lequel voyageait Ptolémée deux mille huit cent chiadante ".
Les épibates, à Athènes du moins, touchaient une solde mensuelle que Boeckh assimile absolument à celle des hoplites t', Ils étaient sans doute sous l:; commandement on chef du triérarque et avaient leurs officiers spéciaux", P. Pions.
II. On a suppose, non sans vraisemblance, quà côté des épibates ordinaires 7', il y avait dans la marine des Spartiates, tout au moins vers la fin du v" siècle, certains officiers d'un grade assez élevé qu'on appelait aussi des fang ont 56 Nous ne savons pais qui les nommait, quel était leur nombre ni combien de temps ils restaient en fonctions''. On pourrait même conclure de la simili... toue du nom qu'ifs n'étaient que des soldats de marine (voy, le w I) mis en évidence par les hasards de la guerre, si nous ne les voyions pas exercer des commandements réservés d'ordinaire aux officiers supérieurs, Il est donc probable que ce sont des officiers réguliers, ayant des attributions bien déterminées, Nous n'en trouvons jamais qu'un seul à la fois mentionné à côté du navarque'", sans qu'on puisse le confondre avec 1 ÉPIS3'OL .DS Il pouvait être chargé de missions très importantes et placé à la tête de forces navales considérables ainsi Agesandridas, épiai hale du navarque Mindaros20. battit en 411, avec quarante-deux vaisseaux, la Bette athénienne en vue d'Eretrie et soumit l'Eubée. V1 nous le retrouv eus plus tard commandant, dans les mêmes conditions, sur les côtes de ,;a Thrace, une division de la flotte lacédémonienne La même année, Léon, qui avait été épibate d'Antisthi nès",
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livra bataille, avec trente-six vaisseaux, aux Athéniens qui assiégeaient Chios. Ce sont là les deux seuls exemples que nous ayons d'officiers ayant rempli les fonctions d'epibate dans la marine lacédémonienne.