Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

AGATHODAEMON

AGATHODAEMON (àa(uow âya96ç, AyaOoSaiuwv). Le bon génie, le dieu bienfaisant, divinité mâle de l'ordre des DAEMONES et des GENII, dont la protection devait assurer aux habitations, aux terres, aux cités l'abondance et la prospérité et qui correspond ainsi à la divinité femelle du même ordre honorée sous le nom de 'Are; TG ,la Bonne Fortune, à laquelle elle est fréquemment associée. Dans quelques contrées, et notamment à Athènes, le jour où l'on goûtait pour la première fois le vin de l'année lui était consacré 2, comme au dieu qui donne aux champs, et plus particulièrement aux vignobles, la fécondité. On avait coutume de terminer le repas (SEPtvov) par une libation de vin pur en son honneur après l'ablution des mains et avant de chanter le PAEAN. Agathodaemon était invoqué conjointement avec Aya01j l'é dans les préliminaires des décrets, dans les titres, sur les monuments, dans les dédicaces, les consécrations, etc., et aussi dans les actes de la vie journalière. Il y avait à Athènes ' un sanctuaire commun aux deux divinités ; de même à Lébadée, en Béotie'; un REROON lui était consacré à Thèbes'; en Arcadie, Pausanias vit un temple dédié au dieu bon (Ayatot nto vadç), c'est-à-dire, selon son interprétation', à Jupiter qui répand les biens, nom et qualification qui conviennent également à Agathodaemon. Ii avait pour symbole un serpent, comme les genii locorum et souvent aussi le phallus, emblèmes ordinaires de la fécondité [DRACO, GENII]. L'art plus perfectionné le représenta aussi sous la figure d'un jeune homme tenant d'une main une patère ou une corne d'abondance, de l'autre des épis et des pavots, souvent avec un petit autel près de lui 8. Telle était une célèbre statue d'Euphranor, qui fut, dit Pline 9, portée à Rome. D'après le même écrivain 10 on voyait au Capitole deux statues de Praxitèle représentant, l'une le Bon Génie (Bonus Eventus), l'autre la Bonne Fortune (Fora AGE A dix-sept ans, les fils des citoyens riches et influents rassemblaient autour d'eux un nombre de camarades plus ou moins considérable, suivant que l'organisateur rencontrait plus ou moins de sympathie. Chaque groupe formait une slyûz, et les jeunes gens qui en faisaient partie s'appelaient «y aaaaTOl ou âY€aaot. A leur tête était un chef («yeT ,çl, ordinairement le père du jeune homme qui avait pris l'initiative de l'association'. Les âysaa5TO( vivaient presque constamment réunis ; la nuit même ne les séparait pas, le plus souvent. Ils étaient soumis à un régime sévère et à une discipline rigoureuse. Été comme hiver, ils portaient toujours les mêmes vêtements ; la frugalité était la règle de leurs repas dont l'État faisait les frais. Leur instruction était bornée; on leur apprenait seulement à lire et à écrire (YpéggzTz sévov aatSeéovTat xai'atta N.tTp(ott)'. Mais, en revanche, tous les exercices qui devaient les rendre torts et courageux étaient vus avec faveur. L'cîYe) éTrtc les habituait principalement à faire rapidement de longues courses; aussi donnait-on parfois aux «yeaaaTai le nom de Sex«Spov.ot. 11 les conduisait à la chasse dans les montagnes, à travers les bois, pour leur apprendre à supporter le chaud et le froid et à braver les fatigues de pénibles marches dans un pays accidenté. Il leur enseignait à tirer de l'arc, et la réputation des archers crétois était très-répandue. Pour que les jeux eux-mêmes servissent à développer les aptitudes militaires, les jeunes gens dansaient, armés, la pyrrhique et chantaient les péans et odes guerrières composés par le poète national de la Crète, Thalès ou Thalétas, qui vivait vers 625. Entre les diverses «v,:')at, on organisait à certains jours des luttes à coups de poing, à coups de bâton, et même à coups d'armes véritables, luttes méthodiques, engagées au son des lyres et des flùtes marquant le rhythme suivant lequel les jeunes gens devaient combattre. Les âysaaa'roi récalcitrants ou timides étaient punis par l'âyea«TRç. Cette éducation devait porter ses fruits. Les jeunes Crétois n'attachaient de prix qu'à leurs exercices et regardaient le don d'une arme comme le présent le plus précieux. Après dix ans (Sex«Spop.ot) passés dans l''(ûa, les Crétois arrivaient à la pleine jouissance des droits civiques. Ils étaient obligés de se marier, et entraient dans les associations de citoyens participant aux âvSpsta. II. Il y avait à Sparte des sociétés nommées (3oûat, que l'on rapproche ordinairement des âyaasti, bien qu'elles s'en différencient à plusieurs points de vue. Au lieu de rester dans leur famille pendant seize ans, les jeunes Spartiates entraient dans les 6o5at dès qu'ils avaient accompli leur septième année. Les groupes ne se formaient pas librement d'après les sympathies des membres ; le aatSovéµo; lui-même procédait à la répartition des enfants entre les fioêat. Chacune de ces associations se subdivisait en plusieurs sections appelées iÀat, dirigées par un ï).apzos ; à la tête de la (loûa était un [3ouéyop ou (iouâyoç, pris parmi les IRENES Ies plus méritants, et peut-être élu par les enfants. Enfin les jeunes Spartiates ne restaient dans les (3oêat que jusqu'à l'âge de dix-huit ans, 32 AGE époque où ils devenaient N.eaae(pevec. Sous ces réserves, l'assimilation peut être admise. Les membres de chaque groupe prenaient en commun leurs repas, dont le trésor public faisait les frais, mais qui étaient en outre alimentés par le produit des vols et des larcins des enfants. Sous la haute surveillance du craeèa' io.oç et de ses tacTtyoydpot, surveillance à laquelle étaient associés non-seulement les (itèai'ot, mais encore tous les citoyens indistinctement, les jeunes gens, dirigés par l'Irène placé à leur tète, se livraient à tous les exercices de leur âge'. E. CAI.LEMER.