Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EPIMELETAI

EPIMACHIA [coEroS toute une classe de fonctionnaires grecs par opposition aux magistrats proprement dits (âpetansç) et aux simples aides ou employés (ûrriplTat), tantôt un certain nombre de fonctionnaires particuliers qui rentrent dans cette classe et n')nt pas d'autre nom spécial. Quels sont les caractères propres aux irmuenr,7ai? Quelle différence essentielle y a-t-il entre une s'7ttlreaeEa d'une part, et de l'autre une 5xgpeaia ou une «p (AUCnAr] ? Avec l'ûrepgaia il n'y a pas de confusion possible. Les Ûrrlp rat sont d'humbles fonctionnaires, souvent des esclaves publics, placés sous les ordres de chefs qui ont tout pouvoir sur eux, payés parce qu'ils font un métier. Les irtpaaryca( sont toujours des citoyens, quelquefois les premiers personnages de la république; ils considèrent le poste qu'ils occupent comme un honneur enviable, non comme un gagne-pain nécessaire. Mais quelle démarcation tracer entre une e'rm.eaeia et une «para ? Déjà les anciens se posaient la question. Aristote' déclare bien difficile d'y répondre. Il essaie cependant d'arriver à une définition. D'après lui, l'«p''s confère au magistrat : 1° le droit de prendre des décisions libres et spontanées (;3ouaedaaa8at); 2° le droit de donner des ordres légitimes et exécutoires (Frtt«,am) ; 3° le droit de frapper d'une amende ou de poursuivre en justice tout citoyen coupable de désobéissance ou de contravention quelconque (xpivam); le tout dans la sphère de ses attributions (Tapi Tmvwvl, sans autre limite à son autorité que les lois générales de l'État, le contrôle du peuple et la perspective des comptes à rendre. Ce sont là, en effet, des droits qui manquent à certains epimélètes. Mais d'autres en sont pourvus Les distinctions trouvées par Aristote ne peuvent donc avoir qu'une valeur théorique : une fois établies, il n'en tient plus compte lui-même. Pure analyse de métaphysique constitutionnelle 1 11 ne peut en être autrement, dès que l'on considère les deux institutions dans la période de leur plein développement. C'est une tentative illusoire et que la logique condamne à l'insuccès, de rechercher des dïfférenees radicales entre les «pyai et les értµeaaiat, à une époque oit tous les âpyovTeç sont constamment chargés de tel ou tel mandat appelé érm;Aaaala et où maint collège d'k r n)rr,Tai prend le titre d'«pyr. Historiquement, il n'y a eu de partage net et tranché entre ces deux catégories de magistrats qu'au moment de leur origine. Athènes et les autres villes grecques n'eurent pendant longtemps qu'un petit nombre de hauts dignitaires. Les uns rappelaient le passé le plus lointain; les autres représentaient les voeux et les passions d'une démocratie qui prenait conscience d'elle-même : tous exerçaient un pouvoir très large, un pouvoir surtout politique : c'étaient les «pyovraç. Par la suite, quand les républiques organisèrent leurs diverses administrations sur un modèle plus compliqué, elles multiplièrent les règlements spéciaux. Pour régir ces administrations, pour appliquer ces règlements, il hP 667 fallut créer de nouveaux magistrats ce feront les ir aEnrral. Désormais la loi s'ingéniait à tout prévoir : elle précisa et restreignit à la, longue, par toutes sortes de mandats déterminés ou i7e g„E.ltEfai l'antique initiative des xptovrsç, en même temps qu'elle variait à l'infini les fonctions et dosait la puissance des enirnélètes. Ainsi 'expliquent et la différence primitive et les continuelles ressemblances entre les etptiai et les i;ttg.EXEiiiat. Ainsi s'expiique aussi l'impossibilité de donner une définition à la fois exacte et complète des unes et des autres. Par cela, même, il faut renoncer à faire une étude d'ensemble sur les epimelètes en général, à une synthèse où on négligerait les détails particuliers pour examiner les traits communs à tous les magistrats de cette catégorie. Une république nommait des épimélètes, au. fur et à mesure des besoins._ comme un particulier confiait, à sa convenance, telle part de ses affaires à un administrateur et le droit publie que dans le droit privé, les Cirees n'ont .t ramené le différents cas du mandat à une seule idée, générale et abstrai€ 3 ». On doit donc, si l'on no veut ,pas se livrer à un simple travail d'imagination, se résigner à examiner, l'une après l'autre, toutes les espèces 't'épirnclètes. Nous nous bernerons ici. à considérer les magistrats qui n'ont jamais reçu d'autre désignation que celle d'épituélêtes. Pour les autres, ceux qui sont épimélètes dans le sens large du mot, tels que les âtcoôixrad les ;prisa( et rotaponotol, Man (voir leur énumération à l'article ARCHAI , t''sus renvoyons aux articles spéciaux qui leur sont consacr Nous laisserons donc de côté plusieurs intumhvra( qui ont leur nom propre et qui ne sont appelés irceµmar,ral par les auteurs qu'à la faveur de périphrases littéraires. Antiphon mentionne des s' épimélètes des malfaiteurs 1 » rmiv iv rie SEauo,rr,piv ° , Plutarque°dit qu'Aristide fut épimélète des finances publiques (h' goe(e„v itpisé v irt;cEÂr~r' ç) : le vrai titre du oubliq dec finances à Athènes est â i 2 rra totxr~ et e Il ne sera question ni des prétendus ~aosiuv spovriôtlo. Dans toutes les villes grecques, on nommait des commissaires extraordinaires préposés aux travaux publics, aux bàtiments et à l'exécution des statues : ils étaient fréquemment appelés intliE oif (à Délos, à Cnide, etc.) ; mais sauvent, surtout à Athènes, on leur donnait le nom d'EPISTATAI. Nous n'en parlerons pas non plus, 'n un mot, nous traiterons, non pas de tous les fonctionnaires chargés d'une u épimélie » (i.gnp.ÙE(a, fvigEJE7(t€rxt), maïs de ceux qui sont investis de 1'« épi ceux qui ont des attributions d'épiméiètes, niais de FPl ceux qui sont qualifiés constamment et exclusivement d' épirnélè tes. D'autre part, comme c'est une habitude chère aux étrecs d'organiser les différentes parties d'une cité el, les associations privées sur le modèle de la cité elle-même, on trouve des épimélètes placés à la tête des circonscriptions administratives et des sociétés particulièees. Nous ne pourrons pas nous dispenser de jeter un coup d'oeil sur cette € atégorie d'administrateurs. A..Epinrélèfes chefs tic services civils. t° I'pimesefss porte que les lois de Solon remettaient à une magistrature spéciale (ée'pj) le soin de surveiller l'éducation des jeunes Athéniens. Quelle est cette magistrature? Dans un passage de l'Énarque'° il est parlé de 1'ëpiin .lie des éphèbes (i rwv iLrléo)v ivt tmàeix , A-1-on là. le titre exact. d'une charge, et Athènes comptait-elle parmi ses dignitaires un épimélète des éphèbes, comme Rhodes avait un épistate des enfants (iviovàv'gç vélo nati,v)"? Ou bien n'a-t-on qu'une expression commode pour désigner une fonction dont pouvaient être investis certains citoyens ou que certains magistrats joignaient a des attributions différentes? Jusqu'ici le doute était permis ; un examen attentif du discours de Dinarque contre Phitoclès faisait même « hardiment nier l'existence d'épimélètes particuliers aux éphèbes" » et assigner un pouvoir de plus aux stratèges. Mais aujourd'hui Aristote" tranche définitivement la question en déclarant qu'au ive siècle un épimélète présidait le collège éphébique. La nomination de cet épimélète no , fait pas a la légère. Déjà les dix sephronistes, qui. commandent chacun aux éphèbes d'une des dix tribus, sont choisis Irai' le peuple sur une liste qu'ont dressée, après avoir prêté serinent, les pères des éphèbes : ils sont parmi les meilleurs et les plus capables de leur tribu ((3Elrimtoeç omi i7tly eEtorxrouçl et ont quarante ans accomplis 1`. L'épimélète, chef de tous les éphèbes'', doit présenter des garanties au moins égales. 11 est, de plus, élu parmi tous les Athéniens. Platon, qui semble présenter dans les Lois une image assez fidèle de l'institution éphéhique, parle à plusieurs reprises d'un magistrat qu'il nomme o ri;ç °zamàaia; iatgmXaaàçi8 et qui a tout l'air d'être emprunté à la réalité. Cet épimélète, et Platon ici invoque « les lois i, (xeerâ vd;xou;), ne doit pas avoir moins de cinquante ans ; il doit être père de famille ; il doit être « le citoyen le meilleur en tout » fxpteroç mlç arivral; car « il faut bien se dire... que cette charge est, entre les charges les plus élevées de l'État, de beaucoup la plus importante ». Ce n'est point là un principe purement idéal ; en voici le commentaire historique : le seul épimélète des éphèbes dont le nom nous ait été conservé fut dans sa vie dix fois stratège et trois fois hipparque19, EPI 668 EPI Comme les autres magistrats d'Athènes, l'épimélète des éphèbes était soumis au contrôle de l'assemblée, qui exerçait son droit une fois par prytanie. Comme les autres magistrats, il pouvait être destitué par la voie de l'«noxetporovi«. Mais à son égard le peuple était particulièrement scrupuleux. On pouvait avoir démérité comme épimélète des éphèbes et être encore jugé digne d'autres fonctions. Témoin ce Philoclès contre qui s'élève Dinarque et qui semble bien avoir été encore stratège après s'être vu enlever la direction de la jeunesse20. Aristote, qui énumère avec ampleur et précision les fonctions des sophronistes, garde le silence sur celles de t'épimélète. Il se contente de dire qu'à l'opposé des sophronistes, qui n'ont affaire qu'au dixième des éphèbes, il étendait son autorité sur tous, iitl navT«ç. Il fallait bien, en effet, un administrateur général, pour que les dix sections d'éphèbes, avec leur sophroniste, leur personnel de pédotrihes et de didascales, n'eussent pas l'une à l'égard de l'autre une indépendance qui eût vite dégénéré en incohérence et en anarchie. Il ne faut donc pas se représenter l'épimélète des éphèbes comme un fonctionnaire subalterne, occupé à visiter les gymnases pour veiller sur les locaux et le matériel, propriété de l'État"t.Il n'a rien de commun avec l'épistate de l'Académie (inter: mi-cil; T Iç 'Axnh yin;) 22 ni avec les futurs épi mélète du Lycée (S7rtµE?,rT%(ç Auxeiou) 2'' et l'épimélète du OEOÛ `ASpt«voû) 2a. Il est au premier rang. Il ressemble bien moins à un inspecteur des édifices publics ou à un directeur honoraire de gymnase 20 qu'à un grand maître de l'éducation nationale. C'est précisément sous ces traits que se présente à Athènes le cosmète [EPUESI, p. 626]. Mais le cosmète n'apparaît dans les inscriptions éphébiques qu'à partir de l'an 31727, et le dernier document qui fasse allusion à l'épimélète des éphèbes est de 321128, Dans cet intervalle on a dû modifier l'organisation des collèges de jeunes gens. Les sophronistes, lespédotribes, les didascales, etc., ont subsisté ; mais l'épimélète a trouvé un successeur. Évidemment, il y a eu plus qu'un changement de nom, et la transformation profonde de l'éducation athénienne au ne siècle [EDUCATIO] en témoigne assez. Mais la nature de la nouvelle magistrature, sa durée, les formes selon lesquelles elle est conférée par le peuple, la considération dont elle est entourée ne la distinguent pas de l'ancienne. Aussi peut-on conclure rétrospectivement de l'une à l'autre, à condition de s'en tenir aux généralités; on peut dire de l'épimélète comme du cosmète : « C'est un haut directeur qui veille à toutes les affaires importantes du collège, chef de tous les maîtres spéciaux, délégué direct du peuple, futur stratège et futur archonte... 11 représente dans le collège l'esprit même de la république 29 ». 2° Epimélêlés Mn krénôn (6 Tmv xpivmv ÈntuEÀr~Trç). L'Attique, dit Plutarque 30, n'a pas de ces fleuves qui ne tarissent jamais : on y trouve très peu de lacs et de fontaines, et presque partout on n'y a d'autre eau que celle des puits creusés à la main. » Athènes même n'a pas d'autres ressources naturelles en eau que le filet qu'épanche goutte à goutte la Clepsydre et la source de Callirhoé convertie en fontaine 31. Dans un tel pays et dans une telle ville, l'aménagement des eaux, la dérivation des sources, la construction et l'entretien des aqueducs et des réservoirs sont plus que des commodités à offrir aux particuliers; ce sont des nécessités d'ordre public. Athènes y avait pourvu [AouAEDUC L'S]. On savait déjà par quelques notes de lexicographes qu'il avait existé une administration athénienne des eaux, une «px.;l ni T~ç EntilE),EC«ç û8«TOç 32. Une inscription récemment recueillie n et la découverte de l'ouvrage d'Aristote sur la constitution athénienne-24 nous renseignent sur le directeur de cette administration. Il portait, au Ive siècle, ce titre d'épimélète des fon ytlpoTOVOdµEVOt i I °r fi; xpavnç), qui nous était déjà connu", sans qu'on sût à quelle ville appartenait le magistrat ainsi désigné. Peut-être s'appelait-il au commencement du ve siècle épistate des eaux (b (s6 vtev $aitoré'e ç) 30 ; peutêtre aussi cet autre nom est-il une invention de Plutarque, aisément satisfait d'un à-peu-près. De toute façon, ce qu'on sait sur cet épimélète et sur cet épistate permet de supposer qu'ils sont identiques S7. Dès lors, leur fonction doit passer pour l'une des plus antiques d'Athènes et l'une de celles qui ont duré le plus longtemps. Au Ive siècle 38, c'était une magistrature permanente 39, une «pxii. Elle était trop importante et exigeait des connaissances trop spéciales pour être tirée au sort. Parmi toutes les charges périodiques, celles qu'Aristote appelle avec la direction du fonds des stratèges et celle du théorique, qui fût donnée à l'élection 40. II est, d'ailleurs, facile d'estimer le prix qu'on y attachait, si réellement Thémistocle n'a pas dédaigné d'y consacrer son activité 4t. Comme c'était le mérite technique qui devait l'emporter, et non l'habileté politique, il était inutile de changer l'épimélète ou de renouveler ses pouvoirs chaque année. Il était nommé pour quatre ans, de Panathénées en Panathénées'i2. Il inaugurait donc ses fonctions la troisième année de chaque olympiade, du 23 au 28 d'hécatombéon. Pour connaître ses attributions, nous devons nous borner à énumérer les faits et gestes de ce Pythéas qui était épimélète des fontaines en 333. « Il a jusqu'à présent achevé la construction à neuf de la fontaine sise près du sanctuaire d'Ammon et aménagé la fontaine du temple d'Amphiaraos; il s'occupe en ce moment même des aqueducs et des conduits souterrains i3. » Mais le décret honorifique dont il fut jugé digne le loue encore de «remplir avec honneur et distinction les autres devoirs de sa charge " ». Sur ces « autres devoirs » un mot, un seul, nous fournit une indication. On vante en Pythéas la « justice » dans l'exercice de ses fonctions (âsc'r ç Evexa dit Plutarque", Thémistocle, alors qu'il était épistate des eaux, avait fait faire et avait consacré dans un temple une statue en airain de deux coudées, une vierge hydrophore, en prélevant une somme sur les amendes infligées à quiconque était pris à détourner l'eau publique dans des canaux particuliers". L'épistate des eaux semble ainsi avoir été chargé, au v° siècle, d'assurer l'exécution des lois de Solon relatives à l'usage des eaux". Ces lois subsistaient toujours au Ive siècle, et Platon cite avec admiration et énumère avec complaisance ces « antiques et belles lois sur les eaux destinées à l'agriculture'"" ». Il est donc permis de supposer que Pythéas, épimélète des fontaines, faisait entrer dans sa juridiction administrative les mêmes affaires pour lesquelles, un siècle et demi auparavant, Thémistocle, épistate des eaux, prononçait de si fortes peines pécuniaires. Pour l'aider dans l'accomplissement de ses diverses fonctions, il devait avoir sous ses ordres les gardiens des fontaines (xpvfvap uxsç) 50. Tous les ans l'épimélète des fontaines était tenu de rendre des comptes. Le décret rendu en l'honneur de Pythéas fut voté le 9 de métageitnion 5t, c'est-à-dire immédiatement après ces derniers jours d'hécatombéon qui marquent pour l'épimélète le terme d'une année accomplie. Il rappelle la reddition des comptes qui venait d'avoir lieu", et représente l'épimélête comme étant toujours en charge ". Cette reddition des comptes annuelle suffit pour qu'on accorde des distinctions à l'épimélète encore investi de ses fonctions. Il peut donc recevoir quatre fois la récompense de ses services. Pour Pythéas au moins, cette récompense est belle : c'est une couronne en or de mille drachmes et la transcription d'un éloge magnifique sur deux stèles, qui s'élèveront dans ces temples d'Ammon et d'Amphiaraos témoins de son zèle". Si les épimélètes des fontaines obtenaient de grands honneurs, c'est qu'en vérité leur oeuvre fut belle et féconde". Dans cette Athènes dépourvue d'eau, dans cette Attique âpre et sèche, ils surent multiplier les puits et les citernes ; ils surent aller chercher les ruisseaux en formation sur les flancs du Parnès, du Pentélique et de l'Hymette, pour les mener par une canalisation souterraine au grand réservoir qui les distribuait partout ; ils ont su approvisionner d'eau leur patrie plus de deux mille ans après leur mort. La même charge a existé ailleurs qu'à Athènes. A Chio il y avait probablement un épimélète de l'eau (iat so)'sv c T0 é mToç) 56. Il a dû s'occuper des mêmes travaux et réprimer les mêmes contraventions 57 que l'épimélète athénien. A Céos 5s un épimélète est préposé à la surveillance des sources dont les eaux étaient amenées par un conduit souterrain dans le temple de Déméter. Il doit empêcher qu'on ne s'y lave ou qu'on ne s'y baigne ; il doit infliger aux contrevenants une amende jusqu'à concurrence de dix drachmes, et, en cas de flagrant délit, une peine corporelle (aryaiç xoagntv). Enfin, à Palmyre, en plein désert, là oïl la question de l'eau était capitale, l'entretien de chaque source semble avoir clé confié à un épimélète spécial (iatµE),r(T'Ilç 77'q ç) 50. C'est à ces magistrats qu'est due sans doute la construction de ces aqueducs souterrains et de ces conduits verticaux (fig. 39'7 et 398) qui subsistent encore. Les inspecteurs des chantiers et arsenaux maritimes ne comptaient ni parmi les commissaires extraordinaires ni parmi ces fonctionnaires subalternes que les Athéniens appelaient, d'un nom générique, (JstrlpÉTat. C'étaient des magistrats réguliers, des âpïo»TEc. En effet, dans des actes officiels, les épimélètes en charge sont dits ol Tôiv oOtu[piav âpxsnTEç 60 ; les épimélètes sortis de charge, of vement une Otpxji62 Dès lors il est bien étrange qu'Aristote ne les cite pas dans la seconde partie de son ouvrage sur la Constitution d'Athènes, dans les chapitres où il énumère les magistratures permanentes. Cette lacune est d'autant plus bizarre, que l'auteur ne manque pas de parler de la haute surveillance exercée par le conseil des Cinq-Cents sur l'entretien des navires en service et la construction des navires sur chantiersfi3. Ni le rapprochement qui semble avoir dû s'imposer à l'écrivain, ni le terme même d'i7ctüEÂEIa sous lequel il désigne cette fonction spéciale du Sénat, rien ne l'a fait penser un seul instant aux épilnélètes. Qu'on remarque, de plus, qu'Aristote consultait les documents épigraphiques, qu'il étudiait même de près les inscriptions athéniennes 86, qu'il a dû, par conséquent, au moins jeter les yeux sur les stèles où étaient gravés les inventaires des épimélètes; et l'on trouvera son silence inexplicable. Car il est impossible de ne pas croire à l'existence de magistrats cités dans des textes aussi nombreux et aussi authentiques 65. Faut-il penser qu'ils avaient cessé d'exister à l'époque que décrivait Aristote? Non : nous possédons des inventaires d'épimélètes depuis l'an 376-375" avant notre ère jusqu'à ElI 6143 --Et I l'an 323-322 '7, c'est-à-dire que les derniers en date sont précisément contemporains de la 11aÀtinia "". On peut dire, sans trop s'avancer, que l'institution des épimélètes a duré depuis la réorganisation de la marine athénienne en 378 6e ;jusqu'à sa ruine complète à la suite de la guerre Lamiaque en 32`1. Faut-il taxer Aristote de négligence', Accusation bien osée : toute autre solution de la difficulté doit sembler préférable. Or, il y en a une possible, et elle aura l'avantage d'expliquer comment étaient nommés, quelle position occupaient clans la constitution athénienne les épimélètes des chantiers. On trouve à Athènes des collèges de magistrats qui ne sont, de par leur origine, que des commissions sénatoriales. Le conseil des Cinq-Cents tirait de son sein, par la voie du sort, dix logis/es et dix etl'ihilnes pris dards les dix tribus et chargés il'oxercor en son nom une de ses fonctions essentielles i , La mémo compagnie devait faire construire tes trières; ruais elle se déchargeait en grande partie de ce soin sur les dix Tça poatoioi, véritables délégués quelle choisissait elle-même dans les dix tribus". Il est bien possible que les épimélètes des chantiers aient été nommés de la mime façon par les sénateurs. Ne voit-on pas, en l'an 3911-34.5, un délégué du Sénat (oiptOtiç de Ç3nvnrç) adjoint au collège des épimélètes et occupé aux mêmes fonctions"' Mais alors il faut que les épimélètes des chantiers soient nommés, comme tes togiste s, les euthynes et les 'o is po7toto(, au nombre de dix chaque année, un par tribu. lis le sont précisément. C'est ce que témoigne le tableau ci-contre (p. 671), oïl' sont rassemblés !es épimélètes connus individuellementS3. Quoi qu'on. pense de la. nomination des inspecteurs des chantiers, on peut affirmer qu'a aucun moment ils ne cessaient de recevoir l'impulsion du Sénat. Ce sont les agents, probablement désignés par leur profession ou leurs connaissances spécialesn,' à l'aide desquels les Cinq-Cents dirigeaient l'administration maritime. Leurs attributions étaient assez importantes pour qu'ils eussent le titre d'op. ovrEç, Leurs rapports avec le Sénat assez constants, et sans doute leur dépendance assez étroite, pour qu'Aristote se crût dispensé de les nommer après avoir montré à l'ouvre leurs collaborateurs et chefs. Les fonctions des è7rmgi],rprai 'r iv suspituv, mal définies dans quelques passages d'orateurs anciens ou de lexicographes, sont indiquées avec une grande précision par les inscriptions navales. « Ces inscriptions sont soit M. Koehler devait donc assigner à ce document la date de 376/375 ou de 374/373 (la date de 375/37i est impossible, parce que I'épimélétat de la tribu oenéide, occupé per Mn stades, ne peut l'erre par Diogeiton). 87 C'est la date des Seour irnnden, e' XV et XVI (= Corp. inscr. ait. n' 811). Cependant 1'inscription no XVII (= Corp. iriser. ait. n' 812) se rapporte peut-être à l'une des années immédiatement suivantes. 88 Elle a été composée entre 3291328 (archontat de Céphisophon cite 6 5i, p. i37; cf. § 61, p. 132) et 322 ("lori d'Aristote). Sont donc peot0tre posté62, Diod. Sie. XV, 29. 70 Arrstot. De ?_théol. ravi. § 48, e 121-122. 71 Id. 803), c, 1. 166-177. 73 A cette liste il faut joindre Sots roc (tDemosth.'i C. Aadrot. § 63, p. 612). Mais on ne sait ni à quelle date il fut épimelette ni de quelle tribu il faisait partie (Arno Schaefer, Deeiosth. und seine Zeit, Leipzig, 1856, t. I. p. 326). Toul ce qu'on peut affirmer, c'est que son épimetéiat fut antérieur à l'an 355-354, où fut composé le discours contre Androlion. 75 Boeckh, sont, plus exactement, les abris couverts oit l'on remisait les navires mis d sec des inventaires de navires avec leurs agrès composant la flotte d'Athènes, soit le relevé des dettes des triérarques et des sommes payées par eux, soit des documents dans lesquels les épimélètes des arsenaux font un compte exact des objets qu'ils ont reçus au moment de leur entrée en charge et qu'ils transmettent à leurs successeurs" ». D'une fao'on générale, les Éa p.e7irat 'edo vi03oioiv surveillent les arsenaux maritimes (vidpta) et les chantiers (vcca'roixouç)7t; ils ont la garde des navires et agrès appartenant à la république. Sur décret conforme du peuple, ils font remise aux triérarques d'une coque. de trière et des agrès accessoires 77. Ils reprennent en charge les navires et le matériel ramenés par les triérarques dans l'un des trois ports militaires de I°Attigue Ils procèdent à l'inspection minutieuse des objets restitués, prenant note. de ceux qui manquent, rapprochant chaque pièce présentée de ta description qui en est faite sur le rôle des prêts ou sur la liste matricule conservée dans leurs archives'", constatant les dégâts. Par intérim, mais au moins pendant sept ans, ils ne s'occupent pas seulement du matériel naval, mais aussi des machines de guerre 70. Dans leur visite de contrôle, ils sont assistés d'un expert (doxtuaazrs)A0. Ifs tiennent registre des dettes contractées de ce chef envers l'État, font graver les noms des débiteurs sur la stèle dc'stl tee à cet usage 81, s'occupent des recouvrements B2, et font inscrire sur la stèle les son-unes acquittées", Ils vendent les agrès mis au rebut, non pas de leur autorité propre, mais sur Tordre du Sénat et les remplacent par des neufs". On peut se rendre compte de ce que cers multiples attributions devaient conter de travail aux éplmeleles, quand on songe, que depuis laréorganisation de la flotte, les Athéniens possédaient en 378-3'71 cent bâtiments, en 357-396 deux cent quatre--vingt-trois, en 333/352 trois cent quarante-neuf, en 330-329 quatre cent dix, en 316-335 quatre cent treize". Les constructions navales étaient dans les attributions des Cinq_-Cents. A l'ordinaire, les Cinq-Cents déléguaient leurs pouvoirs â un comité de construction, aux dix zptripoiiotodB7. Il pouvait toutefois arriver aux inspecteurs des chantiers d'être chargés par commission spéciale de surveiller des travaux entrepris.. Dans nn de leurs inventaires, les épimélètes déclarent avoir pris en charge un bâtiment à moitié terminé", et, par ta suite, signalent le même bâtiment comme rangé dans la catégorie des navires d'éliteA6 : c'est donc que la construction déjà, no 809), e, P. 16 ss. Il y a là une rubrique qui parait pour la première fois dans l'inventaire de 330-327, qu'on retrouve dans ceux de 326-325 et 325-324, et qui a dû dispa •attre dans les inventaires postérieurs a 323-332, car, cette année-là, les épimélètes des etianiiers remettent tout ce matériel te L'un de stratèges (id. § 22, p.1145. 82 tt,cmosth.) C. Amiral, § 63, p. 012, oS réplméléte Satyros fait rentrer la somma considérable de trente-quatre talents. 83 Doe-ehh, Op. (= Corp. no 811), b, 1. 80 ss. Ailleurs il est même dit que c'est le Sénat qui s'est défait de certains objets ' il faut entemire que c'est par l'intermédiaire des épi att. no 791); n'IV xu,zwv Corp. no 793) ; n' V (= Corp. no 795); no XI Corp. n' 807) ; no XIV (-Corp. no 809). Cf. Koehler, dans les Mittheil. d. deatsch. p. 118-119, complète sur ee point Aeschin. In Ctesiph. § 30, p. 425. 88 Boeckh, 0vopû iaev Bo er._, 'Aexe,ntou (555 .cor -3c tjelteyov -arc ha9.ov:s; te eue' 'r 0,e7ove.tuv E PI -672 EPI commencée a été achevée sous leur direction. Cependant la confection des agrès semble leur avoir été confiée plus souvent que la construction des trières. Avec les sommes qu'il a fait rentrer, l'épimélète Satyros fournit d'agrès les navires en partance 144. Les épimélètes de l'an 335-324 renouvellent les câbles pourris'" et commandent une grande voile 1cs Comme les autres magistrats à Athènes "', les E7ti na•tirai rônv vampimo avaient la compétence judiciaire pour quelques-unes des affaires qui rentraient dans leurs attributions. 10 Ils avaient la présidence du tribunal (11yep-ov(x) et, par conséquent, recevaient la plainte, procédaient à l'instruction et introduisaient la cause dans certaines contestations (SlaStxuulat) soulevées à propos d'agrès appartenant à l'État et que le triérarque autorisé par décret réclamait au triérarque qui les détenait. Ce droit, ils le partageaient, sous l'archontat d'Agathoclès (337-336), avec les apostoles. Mais comme ces commissaires Venaient d'être nommés par mesure extraordinaire, il est vraisemblable qu'avant et après ce moment exceptionnel, les épimélètes exerçaient et conservèrent le même droit, à eux seuls 20 Ils saisissaient aussi le tribunal de certaines actions en revendication de la propriété publique, celles qui étaient intentées à quiconque n'avait pas fait remise totale d'agrès pris en charge. 11 est vrai qu'avant d'en venir à cette extrémité, ils poussaient la longanimité à l'égard des débiteurs jusqu'aux limites de la négligence : d'année en année, pendant bien longtemps, ils reportaient dans leurs comptes à l'actif de l'État et se léguaient les uns aux autres des séries de créances que ne venait même pas alléger le moindre acompte. Mais aussi, quand ils se décidaient au recours en justice, ils obtenaient de fortes condamnations ''°s que tout citoyen pouvait se charger de faire exécuter par la voie de l'«aoyparpuj fJe. Les épimélètes de l'an 325-324 requirent contre l'héritier d'un ancien Tn e(aç et tirent estimer le montant de l'amende à « plus du double e, à la suite de quoi l'on confisqua tous les biens du condamné '"'. 3" Enfin, ils saisissaient peut-être le tribunal de certaines exceptions (axa' ttç) soulevées par les triérarques. Il ne s'agit point ici des réclamations formulées par les citoyens qui se croyaient en droit d'être exemptés de la triérarchie : ces litiges (âvrtSdattç, StnStxaa(at) étaient jugés sous la présidence d'un stratège, au moins depuis ['an 325-3`24102. If s'agit des excuses opposées par les triérarques dont le navire avait été perdu ou endommagé pendant leur temps de service'''. Aux réclamations des épimélètes on pouvait répondre en invoquant un cas de 8txpOaptivxt). On avait grand intérêt à dégager ainsi sa responsabilité; car les triérarques dont l'excuse était déclarée valable (oi ax-1.4,âp.evot xarâ ytsµwva) n'avaient à restituer que l'éperon du navire perdu qu'ils auraient dû sauver en tout état de cause, tandis que les triérarques dont le tribunal n'acceptait pas l'excuse devaient rendre, outre l'éperon, un navire neuf, et, s'ils ne s'acquittaient dans les délais légaux, deux navires neufs 1". Les contestations ou Stxôtxaa(at étaient fréquentes, qui résultaient de ces oppositions. Mais nulle part ne sont indiqués les magistrats qui les introduisaient devant le tribunal. Étant données les fonctions ordinaires des É7CttaE),Ytral T (';;V vstoo(onv, on peut leur attribuer non sans vraisemblance Les inspecteurs des chantiers avaient des droits fort restreints en matière financière. D'après leurs inventaires, ils transmettaient à leurs successeurs peu d'argent comptant. Ils avaient, semble-t-il, un fonds fixe qui, en règle générale, ne s'élevait qu'au total de trente-trois drachmes et trois oboles, c'est-à-dire d'un tiers de mine 17., Cependant ils avaient qualité pour percevoir les sommes qu'ils avaient à réclamer comme chefs de service ; et c'étaient de grosses sommes. Mais tous deniers acquittés par les débiteurs de l'État étaient versés par les épimélètes dans la caisse des apodectes156 receveurs ordinaires des revenus publics'°', ou même, dans les cas urgents oit il fallait renoncer aux formalités usuelles et affecter immédiatement tel revenu telle dépense, ils étaient remis, de la main à la main, aux fonctionnaires expressément désignés par un décret du peuplet58. On doit donc dire avec Boeckh 159 que les inspecteurs des chantiers ne se faisaient point de caisse particulière avec leurs recettes. Quant à leurs dépenses, il n'en est jamais rendu compte dans leurs inventaires. Ils n'effectuaient pas eux-mémos, mais se bornaient à ordonnancer, les payements nécessités III. 85 EPI 673 EPI par leurs achats ou leurs commandes. Lors même que des crédits déterminés étaient tenus à leur disposition pour l'acquisition de certains agrèsu0, ils avaient, dans ce genre d'opérations, la charge et la responsabilité de la partie technique, mais non de la partie financière. Quand ils étaient portés comme débiteurs publics, ce n'était point pour avoir retenu indûment de l'argent, mais pour n'avoir pas fait remise d'agrès qui appartenaient à l'État ou pour l'achat desquels on leur avait alloué des fonds 161 Les épimélètes des chantiers étaient assistés d'un secrétaire (ypaµuaTEGç), qui sans doute avait la charge de la comptabilité et des archives, et qui certainement partageait la responsabilité pécuniaire des épimélètes 162 lls avaient à leur disposition un esclave public (ôrlµôrw; iv ToT; VEWplotç) 16a Ils étaient forcément en relations continuelles pour affaires de service avec les cinq cents gardiens des chantiers maritimes (tppcupoi v£Wp(Wv)16'I ; avec ce trésorier des agrès à suspendre (Ta(.Llaç xpElr.aaTwv) 1u dont on ne saurait dire si c'est un magistrat extraordinaire pour l'an 325-324 ou un magistrat permanent; avec le trésorier des constructeurs de trières (i v TptIpo7tot6à)) tion des navires, de la confection des agrès, des travaux à exécuter dans les chantiers, etc. ; avec le trésorier préposé aux chantiers maritimes (Taplaç El; 'r VE1.41a)167 que l'on voit occupé, comme les épimélètes eux-mêmes, de concert avec eux ou en leur nom, à reprendre en charge et à faire inscrire sur la stèle les agrès restitués par les triérarques ; avec le collège des stratèges, chargé solidairement jusque vers 330-325 de surveiller le Pirée et de dresser la liste des triérarques; enfin, après 330_325, avec le stratège de Munychie chargé de la protection des chantiers maritimes (b aTpaTrlyèç c'est surtout avec le conseil des Cinq-Cents qu'ils devaient être en rapports journaliers : il n'est aucune de leurs fonctions que ne semble partager le conseil. L'épimélétat des chantiers est une de ces magistratures auxquelles Aristote fait allusion, quand il dit du conseil : Les épimélètes de l'emporion ou surveillants du port marchand n'ont pu être institués que dans les grandes villes dont le commerce maritime faisait la prospérité. Ils ne sont connus qu'à Athènes et à Délos. C'est dans le cours du nie siècle avant notre ère qu'on les voit fonctionner à Athènes"' . Ils forment un collège annuel de dix magistrats. Ils sont tirés au sort"' parmi tous les citoyens, mais probablement, en fait, parmi ceux qui ont des motifs valables pour se porter candidats, c'est-à-dire surtout parmi les armateurs ou les marins 173 La docimasie écarte les indignes 171. Leur rôle est vaguement indiqué par les auteurs anciens17'. C'est encore à Aristote qu'on doit les données les plus précises. « Ils sont chargés, dit-il 1", de surveiller les ports marchands, et quand un chargement de céréales arrive au port aux blés, de forcer les négociants à en expédier les deux tiers en ville. » Pour comprendre les attributions de cette magistrature essentiellement athénienne, il faut se rappeler avec quelle sollicitude, quel luxe de précautions la législation d'Athènes traitait le commerce des grains. La production agricole de l'Attique était infime. C'est à peine si dans les bonnes années elle pouvait s'élever à un million de médimnes en céréales diverses, et les années de disette étaient fréquentes; si bien que les récoltes indigènes ne représentaient jamais qu'une faible fraction de la consommation annuelle 177. Il fallut donc des mesures publiques, d'une part pour réglementer la vente du froment, de la farine et du pain, d'autre part pour favoriser l'importation des grains. La surveillance de la vente fut confiée aux dix, puis aux trente-cinq s'itophylaques 178 : ils étaient en rapports constants avec les vendeurs au détail. Le contrôle de toutes les cargaisons amenées au Pirée, afin d'établir si en partie ou pour le tout elles se composent ou non de blés; la surveillance des transactions opérées sur les blés, afin d'empêcher la réexportation d'une quantité supérieure au maximum légal; la réquisition de la quantité vendue qui dépasse la proportion fixée ; l'expédition des lots réquisitionnées dans les magasins de la cité 17s : voilà l'affaire des iatua),r'ai Toû iaaoo(ou. Ils repré sentent les droits de l'État au regard des importateurs et des capitaines ; ils sont les intermédiaires autorisés entre ceux-ci et les entrepositaires publics. Il faut donc bien qu'ils aient leurs entrées dans toutes les parties du port et dans tous les docks 1Twv Ea7.ophWV iatpt)Aia6at). Mais là où ils se tiennent d'ordinaire, là où l'on est presque sûr de les trouver, c'est dans le port aux blés (atrcems i)J.7ôp10v), ou en face, à l'ombre, sous le portique de vente pour le froment (è rro7twntç n'roâ), tc le plus étendu des cinq portiques qui se développaient sur les quais 1A0 ». C'est vraisemblablement dans les environs de ce portique que se trouvait le vuvl:Sptov des i7ttu£)a1Ta1 ToG éuaopfou ou bâtiment affecté à leurs réunions. Ils avaient leurs bureaux, avec un secrétaire ou greffier (I ypapuarsb; 6 Twv Ils devaient, en effet, avoir à tenir passablement d'écritures. Ils avaient une certaine compétence judiciaire. Nous voyons, dans le discours contre Théocrines, leur EPI 674 EPI greffier, Euthvphèmos, recevoir en leur nom une dénonciation et l'afficher à la porte du auvMptov. Mais quelle est cette dénonciation (? c.tç)? L'orateur dit qu'elle est relative au navire ($ repl 'r a)«oiov (fivtç)'82 dont la destination n'est pas régulière183, qu'elle assure au dénonciateur la moitié des biens confisquést8", et qu'elle entraîne la peine ordinaire de mille drachmes ou même la prise de corps contre le demandeur qui n'obtient pas la cinquième partie des suffrages ou renonce à la poursuite1Ro. C'est la même action, sans doute, qui est donnée ailleurs pour une ?«st; avec «roypx i (remise d'un inventaire écrit) et qui est ainsi définie par la loi : « Il est interdit à tout Athénien et à tout métèque habitant Athènes et à toute personne soumise à leur autorité de prêter de l'argent sur un navire qui ne serait pas destiné à porter à Athènes du blé ou telle marchandise que désignerait la convention. Si un prêt est fait contrairement à la loi, la dénonciation sera reçue, et la confiscation de l'argent poursuivie devant les épimélètes18G. » Les épimélètes, qui reçoivent la dénonciation, sont chargés de l'instruire i8' et, par suite, de présider le tribunal qui la juge. On peut admettre que la juridiction des épimélètes s'étendait, non seulement sur les citoyens et les métèques qui prêtaient de l'argent pour une autre destination qu'Athènes, mais encore sur ces étrangers dont parle Aristote et à qui défense était faite de rembarquer plus d'un tiers de leurs blés. Puisque les épimélètes pouvaient les forcer («vayxeetv) à envoyer sur Athènes les deux tiers des arrivages, ils devaient bien avoir le moyen de venir à bout des résistances intéressées, de réprimer les contraventions et les fraudes rendues fatales par les principes économiques du temps et l'avilissement factice des prix. Avaient-ils le droit d'imposer des amendes de leur propre autorité et sans autre forme (irteo),ov irt~«] )Etv) ? Ou bien, requéraient-ils condamnation devant le tribunal ordinaire? Nulle part il n'est fait allusion à l'une ou à l'autre de ces deux procédures ; et cependant il est difficile d'imaginer que les épimélètes n'aient pu appliquer ni l'une ni l'autre. Il fallait bien être armé contre la mauvaise volonté de ces capitaines venus de tous les coins du monde, d'Égypte n et de Chypret33, de Rhodesi3° et de l'Asie MineureiV1, de l'Eubée 192, de la Chersonèse de Thrace f93 et de la Sicile'''. Si la compétence des i1tq enTiTal Toû iurop(OU semble avoir eu une assez grande extension, àcoup sûr elle était nettement déterminée. Malgré les apparences, ces magistrats n'interviennent jamais dans les contestations entre commerçants (S(xat ip,roptxat) 195. Leurs droits judiciaires sont définis par leurs fonctions administratives : ils doivent assurer l'exécution des lois économiques et douanières votées par le peuple athénien 151 L'existence des rtppea5Tai Toû iuropfou dans Athènes ne peut être affirmée avec certitude que pour la seconde moitié du Iv' siècle. Si donc à plus de deux cents ans d'intervalle, sur les confins du ne et du 1°° siècle avant Jésus-Christ, nous trouvons à Délos, alors soumise à Athènes et occupée par une clérouchie athénienne, un irtlt1),' r'-,ç Toû ip.rop(ou, nous ne sommes pas fondés à voir en lui un membre du collège athénien. Nous le sommes d'autant moins, que quelques-unes des fonctions exercées jadis par les surveillants du port marchand ont dû passer dans Athènes même à un magistrat nouveau appelé surveillant du port ou du Pirée (iry.E)r,T q éri Tôv ntuéva ou Ttv flEtpaiea). Nous devons, par conséquent, considérer comme un fonctionnaire purement déliera l'irtut)s ç Toï, ii),. oop(OU qui figure sur la liste dite des pré Cependant jusque dans ces derniers temps les érudits n'ont pu se mettre d'accord sur ce point1°0. Mais M. Somolle a publié une inscription, trouvée à Délos, qui paraît bien prouver qu'il y avait un i gzt)YiTŸfç TOU i[Arop(OU spécialement pour les clérouques de l'île 199. Les fonctions de ce magistrat sont impossibles à définir avec exactitude. On voit toutefois que c'était un grand personnage. Aristion i Ofou, qui était surveillant du port en l'an 100-99"0 est probablement le même qui devait, bientôt après, être désigné comme épimélète de Délos, c'est-à-dire investi de la plus haute charge 201 Dans l'inscription des «rapya(, l'irtuEaIT'ç Toû iuroplou est classé une fois après l'épimélète de Délos et avant les agoranomes, une autre fois après les thesmothètes et avant le délégué aux iepé (6 irl Tâ lep). C'est qu'il est préposé aux affaires commerciales, et que Délos, par sa belle situation au milieu des Cyclades, à égale distance entre l'Europe et l'Asie, est tout entière tournée vers le commerce. D'ailleurs, la charge de l'irtuea77T7ç Tot iuropiou semble n'avoir existé à Délos que dans le demi-siècle où cette île a déjà recueilli la succession de Corinthe détruite (146) et n'a pas encore été dévastée par Mé.nophanès (88), dans ces brillantes années où elle est devenue un lieu de transit pour les vaisseaux, un entrepôt pour les marchandises du monde entier202. Strabon263 trouvait à la grandeur de Délos une double cause, le culte et le négoce ; c'était à l'irtue)rtyr.jç Toû ig topiou de veiller à l'élément matériel de cette prospérité. 5' Epimélétês tou en Peiroiei liménos (irt5EXAT';jç 7.0û iv ou IlEtpaiawç 2U8). Le surveillant du port ou du Pirée est un magistrat athénien de l'époque romaine. Il est signalé seulement dans les documents épigraphiques EP1 67I EPI qui remontent aux dernières années du lte siècle avant jésus-Christ et descendent jusqu'au milieu du ler siècle après Jésus-Christ. Il est élu à mains levées209 et rééligible 210" Il est sans doute chargé de la police au Pirée. La loi sur les poids et mesures place sous sa surveillance l'esclave public constitué gardien des étalons au Pirée. En cas de délit, il a le droit d'infliger des peines corporelles ou pécuniaires2if-. C'est naturellement une haute dignité que celle du fonctionnaire qui assure la tranquillité publique et le bon ordre dans un port comme celui d'Athènes. Byttacos, fils de Pyrrhos, de Lamptrai, surveillant du Pirée en 101-100, sera en 95-94 délégué à. la banque publique de Délos'''. Dionysios, fils de Nicon, de Pallène, avait rempli vers 10Gr la fonction d'épimélète de Délos 213 et il s'en était acquitté de brillante façon, si l'on en juge d'après les nombreux souvenirs qu'a laissés son administration : il n'en brigue pas moins, plusieurs années après (99-98), 1.'épi_nélétat du Pirée 2''^. 6° Lpimélétai tôn choréhi -seLes épimélètes des choeurs étaient des fonctionnaires élus par le peuple athénien, à ce qu'affirme Suidas210. N'avaient-ils pour fonction, comme il semblerait d'après le même auteur, que de maintenir l'ordre parmi. les choreutes dans les théâtres ? Réglaient-ils la danse, et faut-il les identifier avec les ?e5P.µa( "8`? Ou bien faisaient-ils la police du choeur, et cela depuis le moment de sa constitufion 2i"? Le mieuxest peut-être de ne pas rester servilement attaché à une note de lexicographe, Pourquoi ces épimélètes ne seraient-ils pas analogues aux trois hommes de confiance dont il est question dans un discours d'Antiphon et qui furent chargés par un chorège de veiller aux besoins du choeur9" A l'époque oit le peuple dut s'acquitter lui-mémo de la chorégie et remplacer les chorèges des tribus par des agonothètesV10, il ne put surveiller tous les exercices du choeur et la gestion de chaque agonothète. Il nomma, comme l'aurait fait un homme privé, des épimélètes qui devaient empêcher tout désordre, â ce que dit Suidas, et peut-être aussi, selon d jipii, 7° 'tliarielot(s ales fiaioittees. 1 d' 1r:dtz2tia (b P.^oU.alAr n o , -A Andania, en Mes _,,; , il y avait un épimélète, au commencement du I°r si,`cle avant JésusChrist'''. Comme il ne parait que dans la fameuse inscription sur les mystères, on ne connaît qu'une de ses fonctions, le contrôle qu'il exerçait sur la gestion financière de ces grandes fêtes. C'est à lui que les Cinq doivent remettre, aussitôt que les mystères sont terminés, la copie de leurs comptes. Il vérifie les dépenses; il examine le chapitre des recettes, oà doivent être consignés, article par article, qom par non, le produit des purifications, les sommes payées par les prote mystes, etc. Il fait verser le reliquat dans la caisse du trésorier (iraµ(aç). En un mot, ce sont les conclusions arrêtées par l'épimélète qui font condamner les Cinq en cas de malversation. D'après ces détails, on peut conjecturer"' que, d'une façon générale, l'épimélète d'Andania dirigeait de haut et surveillait l'administration des deniers publics. Les Deiphiens avaient reçu d'Attale Il, au 1I° siècle, une somme de `?1000 drachmes, pour être consacrée à l'instruction des enfants et aux cérémonies religieuses. Trois épimélètes 223 furent chargés d'administrer ce fonds spécial. La première fois, ils sont nommés par l'assemblée du peuple pour cinq ans. Par la suite, ils doivent être élus tous les ans au suffrage à deux degrés, sur une liste de proposition 220 dressée par les npéPou)sot. Installés par les archontes", qui inscrivent les trois noms dans l'assemblée régulière, ils prêtent serment' 20. Ils doivent consacrer le capital qui leur est confié à des prêts". Mais l'assemblée en a réglé d'avance toutes les conditions. Le minimum des prêts qu'ils peuvent consentir est fixé à cinq mines "8; le minimum d'intérêt au denier 15 (près de ,i p. 100)222. Les dates des échéances sont déterminées230. Pas de prêts sans hypothèque, ni qui dépassent la moitié de la valeur du champ hypothéqué 231 Pas de prêts sans cautions qui se portent garants des gages 232 Il faut donc que les épimélètes aillent vérifier sur les lieux mêmes si le bien foncier n'est pas déjà engagé par une première inscription hypothécaire. Il faut qu'ils agréent les cautions fournies. Ils tiennent à jour les deux tableaux on sont inscrits les emprunteurs et les gages ; ils en donnent lecture à l'assemblée et les déposent, l'un dans le temple, l'autre dans les archives 233 Ils s'occupent des recouvrements, Sil'emprunteur ne s'est pas acquitté à. l'échéance annuelle, ils le poursuivent en payement d'une somme égale à deux fois et demie les intérêts échus. Pour faire rentrer ces créances, ils n'ont qu'un délai de grâce de cinq mois 22". Si, au bout vies cinq années qui marquent la durée des prêts, l'emprunteur ne peut pas obtenir quittance intégrale, les épimélètes saisissent et vendent son gage; et si le produit de la vente ne désintéresse pas la ville, les épimélètes successivement en charge revendiquent la différence 23"'. Ils n'ont pas de caisse : dans le mois qui suit l'échéance fixe, ils déposent les sommes perçues dans le temple d'Apollon230; dans les cinq mois ils doivent remettre les sommes en retard à la ville 237. Les épimélètes sont cependant chargés des dépenses, et cet argent va repasser entre leurs mains. Toujours à époque fixe, ils payent les appointements des maitres 238. Quand arrive la fête des Attaleia, il faut quils tiennent les victimes prêtes dès la veille23° : ils offrent au nom EP1 676 EPI de la cité, entre autres victimes, trois boeufs en l'honneur d'Apollon, de Latone, d'Artémis94'. Ils subviennent aux frais des banquets sacrés, et achètent les quaranté métrètes de vin nécessaires241. Mais, tous frais payés, ils n'ont pas le droit de garder par devers eux les reliquats ni surtout d'en régler l'emploi 242. Ils ne reçoivent point de salaire : on leur alloue de simples indemnités de déplacement (iq,6a), et on leur rembourse leurs menues dépenses, le tout sur les bénéfices du change 2'"'. Ils doivent rendre leurs comptes 2.4, et peuvent être mis en accusation pour détournements (x).oi(S;) 2t'. Si, dans les cinq mois de répit qu'on leur accorde et au bout desquels a lieu sans doute la reddition des comptes2'6, ils n'ont pas versé les sommes dues pour intérêts et amendes, ils sont « atteints d'atimie et inscrits comme débiteurs publics par les épimélètes leurs successeurs, à raison de la différence, plus une fois et demie la différence 2'"'. » Les Delphiens ne laissaient donc aux administrateurs de la donation d'Attale qu'une initiative à peu près nulle, de nombreuses occupations, une grande responsabilité. C'était une dignité bonne pour les riches, non une sinécure à l'usage des oisifs. Epimélouménos de Lyttos (6 iirtp.EAo)uavoç). C'est une fonction du même genre que semble avoir exercée un autre épimélète (I iat(co o)(svoç) dont l'existence a été révélée par une inscription récemment découverte : celui de Lyttos "«en Crète). Autant qu'on peut en juger, il administrait, à l'époque de la domination romaine, un capital provenant d'une donation très ancienne 2's et dont les rentes devaient être partagées entre les 1TapTo( pendant les fètes des THEODAISIA et à un autre moment de l'année. I1 faisait lui-même ces distributions, ou remettait l'argent nécessaire au protocosme qui les faisait à sa place. Quand le total des fonds disponibles ne s'élevait pas au chiffre fixé par le peuple pour la distribution, il devait le compléter de son bien. S'il agissait contrairement à ces dispositions, il était prévenu d'impiété. A Rhodes il existait, dans la première moitié du dernier siècle avant Jésus-Christ, cinq magistrats appelés épimélètes des étrangers 26o L'inscription qui les mentionne ne donne aucun détail sur leurs fonctions. Elle fait seulement supposer, d'après leur rang dans une énumération de fonctionnaires, qu'ils étaient inférieurs aux i1ré7xo1rot dans la hiérarchie rhodienne 26. Mais, vu la place importante qu'occupaient les étrangers2u' dans cet entrepôt du commerce international, ils devaient encore jouir d'une assez grande influence. Ils avaient, d'ailleurs, un secrétaire particulier. Peut-être faut-il les rapprocher (puisqu'aussi bien Rhodes est une cité dorienne) de ces proxènes25' que l'ancienne Sparte chargeait de recevoir les étrangers arrivés en ville''' A l'époque romaine, on trouve installé dans Athènes, comme dans toutes les parties de la Grèce, un épimélète de la ville 2''. C'était un haut dignitaire, mais sur lequel on n'a pas de renseignements précis. Il avait peut-être quelque analogie avec l'épimélète d'Olympie2a6 et celui d'Olbia207 qui avaient le privilège de l'éponymat, avec l'épimélète d'Antioche sur le Méandre et celui de Stratonicée dont l'existence est prouvée par des monnaies cariennes 268, ou encore avec cet i7rtU.Ea7iT7jç ,dpaç xai Ti;,v Srlµoa(wv T7(Ç 7tAEWç qui exerça sa fonction dans une ville de Phrygie 255 A Sparte aussi il y avait un épimélète de la ville probablement le chef des épimélètes envoyés dans les dépendances comme Amyclées et Coronée. Tous ces fonctionnaires formaient un collège 26o Le doyen ou 7r9iaeuç de ce collège était l'épimélète de la ville, qui portait par excellence le titre d'épimélète. Les autres sont des ativap,ol ou ouvCCpxovTEç, au nombre de six dans une inscription, de trois dans une autre. L'époque impériale semble, d'ailleurs, avoir multiplié en Grèce les épimélètes. Rien qu'à Athènes, les inscriptions mentionnent quatre présidents annuels de tribunaux IO° Curateurs romains. Après avoir énuméré tous ces i7rtuf)nfTai, il ne faut pas oublier que la langue officielle des Grecs a encore désigné sous ce notn un grand nombre de magistrats romains. L i7rimsk è,; ote v(GÇ 265 n'est autre que le praefectus annonae. On trouve mentionné un prendre praefectus classis Alexandrirae. Quand on voit dans un cursus honorum le titre d'i7rtµaa•1T9Iç €pywv ST)(J.oa(Wv T61V iv `Pm cj 267, il faut traduire curator operum publicorum 206, et compléter en mettant curator aediurn sacrarum et operum locorumque publicorum269. Enfin, le plus fréquemment cité, c'est l'iirt(J.eIzyriIç 6Swv270, le curator viarum, ou, avec plus de précision, l'i7rtµtAtITç ttiw Atip muç xai Tptouelpo') ç27t (curator viarum Aureliae veteris et novae, Corneliae et Triumphalis), l'd7ttIAEArr'gÇ bSoïi xavvk xai AwTE(vr; 273 (curator Labicanae et Latinae), l'~atuE1rTrç 6Soû Oûa)op(aç Te tgoupvcin ç 274 (curator vice Valeriae Tiburtinae) [voy. CCRATOR]. B. Epimélètes préposés à des services religieux. Dans toutes les cités de la Grèce antique, on nommait des dignitaires préposés aux affaires du culte : à l'administration des temples ou à la célébration des grandes fêtes. Il y avait des épimélètes religieux, comme il y avait des épimélètes civils. Les uns avaient à régir en permanence les biens d'un sanctuaire ; les autres devaient, à certains moments de l'année, organiser des concours et des jeux ou bien régler des sacrifices et des processions ; d'autres encore cumulaient plusieurs de ces fonctions ou toutes à la fois. 1o Epimélêtai tôn peri ta Niera ( i.t)u rai Twv aapi Tâ tep), Chaque temple en Grèce a ses intérêts : un vestiaire rempli d'étoffes de prix, un mobilier complet à I'usage des dieux ; une réserve métallique ; des revenus, des contributions, des amendes à toucher; des terres à faire valoir. Chaque temple a aussi ses dépenses pour le culte, l'entretien du matériel et des bàtiments. A qui revient cette administration sacrée? A Athènes, elle est partagée entre les plus hauts fonctionnaires de la république. Mais ailleurs a le soin qu'on doit aux dieux » à des épimélètes des biens sacrés : ils veillent à entretenir en bon état et à réparer, en cas de dégradation, les édifices et tous autres objets consacrés aux dieux. Voici, à Olympie, un épimélète de Zeus276 : il pouvait être en même temps prêtre du dieu277. Voilà, à Lébadée, un épimélète de Zeus Basileus et de Trophonios ; il gère les fonds sacrés réunis par une quête (Tâ iap xp8(µara) et tient d'un oracle le privilège de porter la couronne 278. Il se peut que le même sanctuaire ait eu plusieurs épimélètes formant comme un conseil de fabrique. A Délos, deux groupes d'épimélètes sont chargés, d'après un livre de comptes, d'offrir des couronnes à Apollon de la part du roi Eumène et d'un consul romain 279. Il n'est pas vraisemblable que ce soient des commissaires extraordinaires des travaux publics200 (Epistatai tôn dêmosiôn, ergôn). Ce sont plutôt les auxiliaires des hiéropes. On leur adresse aux uns et aux autres les dons à consacrer dans le temple. Puis donc que le trésor et le garde-meuble d'Apollon est confié aux hiéropes28t, les épimélètes ont très bien pu leur être adjoints dans un comité administratif. Epimélêtas ton koinou tôn Amphiktionôn (8 éatµEArT ç Toû xotvoû Twv 'A sptxTtdvsev. L'amphictyonie de Delphes avait son trésor. A l'époque de la ligue étolienne, l'administration en avait été confiée àun véritable fonctionnaire politique, l'épimélète du temple et de la ville. Il était peut-être assisté d'autres épimélètes, ceux-là nommés depuis longtemps par les Delphiens et chargés uniquement de veiller aux intérêts du sanctuaire282. Plus tard, au moins sous l'empire romain, la même administration revint à un épimélète spécial 283, l'épimélète du conseil des Amphictyons. Ce dignitaire est mentionné dans trois inscriptions ; deux fois il est citoyen de Nicopolis 284 Il ne faut pas être surpris de cette coïncidence. Elle s'explique si l'épimélète était élu par le conseil amphictyonique. Auguste avait attribué six suffrages à Nicopolis, autant qu'aux Macédoniens et aux Thessaliens28o : Nicopolis pouvait facilement obtenir la majorité pour son candidat. Bien qu'il faille distinguer cet épimélète de celui que les Étoliens déléguaient jadis à Delphes et du collège des épimélètes qui représentait les Delphiens, quelques fonctions cependant lui sont communes avec ses prédécesseurs. Comme l'ancien É7es se)o T.?i; Toû TE iEpoV xai seq 7t6Atoç 'A (l.5txrlovwv régit les affaires matérielles du temple. Il s'occupe des placements et revenus de Pythios Apollon xpr ~J.ÛT ,sv 387). Il a aussi son compte de dépenses. De concert avec un ou plusieurs autres personnages, il fait faire les travaux décidés par le conseil. L'épimélète Tibérius Claudius a veillé à la construction de deux murs de soutènement, pour éviter les éboulements fréquents et redoutés dans une ville escarpée'''. L'épimélète Flavius Soclaros a fourni les fonds pour l'aménagement d'une bibliothèque 288. On voit dans un décret"' que l'Eatue) '7ç Tou xotvoû Tâ)v 'Aµgtx'lévwv portait par abréviation le titre d'éitiN.EArT7h T6)V 'Al:.tulTtôvwv. On est donc en droit de compléter les données épigraphiques par les quelques renseignements fournis sur a l'épimélète des Amphictyons o par les textes littéraires 291. On s'aperçoit alors que ce fonctionnaire n'appartient pas seulement à la classe des épimélètes administrateurs des finances religieuses, mais qu'il ressemble encore aux épimélètes organisateurs des fêtes. Les règlements des jeux Pythiques le chargent d'inscrire les EPI -618 --• E P I concurrents dans les délais légaux. C'est lui qui tous les quatre ans préside ces grands concours : c'est son nom qui les date. épimélètes sont connus dans un assez grand nombre de villes. Parfois, à côté des hauts magistrats qu'ils assistaient, ils avaient pour principale ou pour seule fonction de régler et de présider les luttes et représentations. Tel paraît être, en Béotie, l'épimélète de la panégyrie (Limes ).~T~ç ri s 7.,inirupeuç) 232, dont le nom figure, après celui de l'archonte, en tête des listes de vainqueurs au concours des II:tµfotdrta. Tel paraît être, à Olympie, l'ordonnateur personnage est tout autre chose qu'un directeur des haras23'; il peut être chargé d'ériger une stèle laudative et a probablement sa place dans le collège des nELLAaoonc 1295. Tels paraissent être enfin, à Délos, l'épimélète TPoly 297, qui administre le fonds destiné aux prix et veille aux préparatifs des jeux. Le plus souvent d'autres fonctionnaires, agonothètes, athlothètes, etc., sont préposés à cette direction. Alors les épimélètes sont chargés spécialement, avec les archontes, rois ou prytanes. de veiller aux mystères, aux processions, à ces sacrifices qu'Aristote293 appelle « nationaux », parce que « la loi ne les attribue point aux prêtres pour en réserver l'honneur au foyer national ». Dans une inscription de la Carie 299 est mentionné un nommé Phanias qui fut plusieurs fois épimélète des mystères d'Ilécate. A Ilion. deux ou trois siècles avant Jésus-Christ, on nom maittrnis épimélètes dela procession (hiigi vy'.iTesrourT,s; pour les fêtes de Zeus Polieus°°° C'étaient le prêtre de tous les dieux, 1'agonothète et l'eclogiste. Ils devaient veiller personnellement aux préparatifs de la procession et la conduire; ils devaient choisir des commissaires subalternes chargés de maintenir le bon ordre, avec droit de frapper de leur bâton quiconque le troublerait ment rapproché les Értµsa7 rai Tiiv gusTrp(rov, qui à 2leusis Fu, qui à Andania assignent un rôle analogue aux (iaKSotprzpot ou porte-bâton. La comparaison peut s'étendre : on peut dire d'une façon générale qu'aux épimélètes des fêtes, mystères et processions, reviennent le soin de l'organisation matérielle et la haute surveillance de la police qu'ils font faire par des subordonnés. Les seuls épimélè tes de ce genre qui aient laissé après eux quelques souvenirs précis sont ceux qui étaient institués en Attique, surtout les épimélètes des mystères et ceux de la procession dionysiaque, mais aussi les épimélètes des Diisôtéria et ceux des Dionysies de Salamine. Spin-télêtai t6n mystêriôri (o iegIvu),r,Trai Twv uuo'T~psmv). C'est dans la Midienne, au milieu du Ive siècle avant notre ère, que les épimélètes des mystères apparaissent pour la première fois302. Les derniers documents qui mentionnent les mêmes magistrats investis du même titre appartiennent à la fin du ne siècle 303 Dans l'intervalle, leur existence ininterrompue est démontrée par des textes qui se rapportent aux archontats de Ctésiclès (334-333), deCépbisopllon (323-328),de Ménéclès (282-2811, d'Antimachos (au commencement du m" siècle), de Poiyeuctos (277;276)30', ou qui, datés avec une moindre précision, comblent pourtant le vide entre les archontats de Céphisophon et de Ménéclès'°°. Ils étaient élus par l'assemblée du peuple 306. Leurs pouvoirs étaient annuels30'. Ils entraient en charge au commencement de l'année civile, en même temps que l'archonte-roi, à qui ils étaient adjoints. D'après Aristote 363, ils étaient au nombre de quatre, dont deux choisis dans la masse des citoyens athéniens, un parmi les EuaOLPIDAs et un parmi les KÉRYKÉs. Cependant, dans trois textes épigraphiques303, les épimélètes mentionnés ne sont qu'au nombre de deux. Comment expliquer cette contradiction? Dès l'abord, une chose est certaine, c'est que ces documents contradictoires doivent se concilier ; car rejeter l'autorité d'Aristote ou refuser foi à trois décrets qui se confirment entre eux, ce serait de toute l'acon une lin de non-recevoir bien risquée. M. Koehler3t9 croit que les deux épimélètes tirés des familles sacrées n'étaient pas considérés comme de vrais magistrats, et qu'on a dû, par conséquent, les passer sous silence dans les actes officiels. Mais le passage d'Aristote ne permet absolument pas d'établir une distinction fondamentale entre deux groupes de deux personnages désignés par la même procédure et en même temps, portant le même titre, fonctionnant dans les mêmes circonstances. Et que peuvent donc être deux hommes nommés par les Athéniens à mains levées, deux collègues de magistrats, sinon des magistrats'? On a parfois nié que l'archonte-roi eût des parèdres, et l'on a soutenu que les épimélètes des mystères lui en tenaient lieu 3t1. C'est une erreur inanifeste342. Mais faut-il dire que parmi les épimélètes des mystères il y en avait deux qui prenaient le titre de parèdres? est-ce pas là ce qui paraît résulter d'un décret rendu par les Céryces en l'honneur d'un parèdre qui surveilla les préparatifs des mystères (b Tatpslpoç To') inadmissible : les épimélètes élus par l'ecclésia et les parèdres choisis par l'archonte-roiV1'` ne peuvent s'identifier. M. Dittenberger2'° remarque que l'époque où il est question de deux épimélètes des mystères est postérieure à celle que décrivait Aristote. I] part de là pour affirmer que le nombre des épimélètes a été réduit de quatre à deux, au milieu « de la confusion et de la misère» qui suivirent la mort d'Alexandre. Mais est-il vraiment avantageux, en des EPI 679 EPI années de gène, de faire contribuer à une même dépense, nécessairement forte, deux citoyens au lieu de quatre? Ce qhi est assez vraisemblable, c'est qu'à une époque où les Athéniens simplifiaient l'organisation administrative de. la république 316 ils voulurent aussi simplifier l'épimélétat des mystères. Que faire? On ne pouvait rien contre ces familles sacerdotales qu'une inscrip tion appelle T« yévl T« TrEp: Tl tOG,317 et que protégeait, outre le prestige de leur intimité avec les déesses, le souvenir d'un traité passé dans les siècles légendaires avec le roi Érechthée 318. Les deux places réservées aux Eumolpides et aux Céryces restèrent donc intactes, immuables. Mais à ces deux épimélètes on adjoignit, au lieu des deux autres tirés de la masse, un magistrat que sa charge appelait naturellement à Éleusis. On donna, sinon le titre, du moins les fonctions d'épimélète des mystères au stratège délégué dans la région d'Éleusis Aristote décrivait la constitution athénienne, ce stratège spécial n'existait pas encore [STHATÈGOI]. Voilà pourquoi Aristote parle des quatre épimélètes primitifs. Mais déjà cinq stratèges sur dix avaient leurs attributions distinctes 359. Déjà il y avait un stratège préposé à la garde du pays en général (b TTpuTryôç è gTtl Tr,v ywpav)320, et dès 362 ce poTOVV u.évo;) était chargé avec l'Aréopage et les péripolarques de veiller sur les propriétés sacrées d'Éleusis 321 Quand la division des pouvoirs entre les membres du collège stratégique fut achevée, un stratège fut envoyé en résidence à Éleusis. Il ne tarda pas à se voir confier le soin de préparer et surveiller les mystères. Le premier document qui mentionne deux épimélètes est de 282-281 32' : c'est que dès la fin du me siècle il y avait à Éleusis à poste fixe un stratège et que ce stratège organisait les Haloa et probablement les Éleusinies 323. Sous l'archontat de Dioclès, les épimélètes des mystères n'étaient que deux 3°' : c'est que cette année-là, comme l'année précédente et l'année suivante, le stratège préposé à la région d'Éleusis s'occupait de faire célébrer de préférence à Éleusis les stratèges qui avaient été épimélètes 326, L'épimélie des mystères avait passé des deux épimélètes disparus au stratège d'Éleusis. Mais c'est à titre de stratège que celui-ci rendait ses comptes et était honoré par le peuple il n'y avait plus, dans le langage officiel, que deux épimélètes des mystères, ceux des familles sacrées. Ainsi s'explique qu'au ive siècle Aristote parle de quatre épimélètes des mystères et que les actes du me siècle n'en mentionnent que deux. Les épimélètes des mystères avaient pour principale fonction, comme leur titre l'indique, de surveiller la célébration des ELEUSINIA. Dans ces fêtes, ils agissaient de concert avec l'archonte-roi 327: toutes les circonstances qui exigeaient la présence de ce chef du culte officiel réunissaient autour de lui, outre ses deux assesseurs et la famille sainte des Céryces, les épimélètes des mystères. Ils étaient occupés bien avant le commencement des véritables fêtes. Dès que les spondophores avaient proclamé la trêve sacrée et convoqué les peuples voisins, la foule se portait à Athènes. Aussitôt l'archonteroi et les épimélètes avaient sans doute à se faire présenter les mystagogees ou la liste de leurs noms, à vérifier leurs titres, à les agréer32°. Ils devaient probablement surveiller, sinon opérer eux-mêmes, le classement des mystes en catégories distinctes selon le prix de leurs offrandes. Ils recevaient peut-ètre, pour les répartir entre les différents temples, les victimes et les dons 329. En tout cas, ils apprêtaient déjà, sur les fonds qui leur avaient été votés, le char destiné à transporter les objets sacrés, les tapa (Tb aUyOç 77Œ Œ tttu0l9 dg TŸy xo1.t8',v Twv tep,tvl 330. C'est probablement le 1.14 de boédromion qu'ils arrivaient d'Éleusis, ces tapé, ces jouets précieux d'Iacchos qui devaient, cinq ou six jours plus tard, distraire le dieu pendant la grande procession'''. Les Éleusiniens les avaient conduits le long de la voie sacrée jusqu'au Figuier sacré (tep« luxr1) 332. C'est là qu'attendait sans doute, attelé de quatre chevaux blancs"", le char préparé par les soins des épimélètes. Il n'est donc pas invraisemblable que les épimélètes s'y trouvaient aussi, tandis que les éphèbes étaient allés au-devant des topé jusqu'à l'endroit appelé Écho ou même jusqu'à Éleusis 06'°. Pendant la halte obligatoire, les épimélètes se faisaient remettre les hhp«; ils les faisaient placer sur le char une fois « reposés » ; enfin, sous l'escorte des éphèbes en armes et couronnés de myrte, ils les amenaient dans Athènes, où le tpa1èu3TII; courait prévenir la prêtresse d'Athéna'''. Le 16 de boédromion, lendemain de la réunion générale (ctyupu.dç) et second jour de fête, dans la matinée, les épimélètes étaient là, sous le portique où s'assemblaient les mystes. Ils assistaient l'archonte-roi au moment où, par une proclamation solennelle (cepô,:3latç), il ordonnait à tout homme impur de se retirer 336 : c'était à eux sans doute de faire exécuter cet ordre. Puis, lorsqu'avait retenti le cri : A3,aès µûaTat f 337 lorsque la foule sainte sortait de la ville pour purifier les victimes dans les eaux de la mer, ils étaient chargés de diriger la procession (i s1J.EÂEi68at Trlç E'ÂaèE D ai09ç) 338, d'assigner un point de la côte aux baigneurs sacrés 339, de prendre toutes les mesures d'ordre convenables. Le 17 de boédromion, les épimélètes se rendaient avec l'archonte-roi a;0 dans l'Éleusinion d'Athènes (ELEUSINIA, p. 566]. Environnés d'un appareil qui devait être particulièrement pompeux, ils offraient des sacrifices accompagnés de prières a à Déméter et à Coré et aux autres dieux désignés par la tradition, pour le bien du conseil et du peuple et des enfants et des femmes et de tous autres qui sont bienveillants à l'égard du peuple 341 ». Le 19, au matin probablement 342, avaient lieu les EPIDAGRIA. Les mystes passaient tout ou partie de cette ,journée dans la retraite. Ni l'archonte-roi ni les épimélètes ne jouaient donc de rôle actif à ce moment. C'était l'archonte éponyme, avec d'autres épimélètes, qui menait la procession au temple d'Asclépios 343. Ce ne sont certainement pas non plus les épimélètes des mystères, en compagnie de l'archonte-roi et de son parèdre, qui figurent sur un bas-relief3" découvert parmi les ruines de l'Asclépiéion et représentant six personnages en adoration devant Asclépios, Déméter et Coré 345 (fig. 2693). Mais les sacrifices préparatoires offerts d'après une inscription 316 par les épimélètes des mystères (Oétty T« apoOûµxta) ont pu être tout de même ceux qui étaient consacrés dans l'Asclépiéion ou dans l'laccheion, soit pour préluder aux Épidauria, soit plutôt pour annoncer à la fin des Épidauria les grandes cérémonies des jours suivants. Le. 19 ou le 20, lacchos sortait de son temple, et l'enfant divin, avec ses jouets, au milieu des cris, suivi des mystes qui tenaient dans leurs mains des instruments de labour ou des épis symboliques, se mettait en route et entraînait derrière lui l'immense procession se déroulant sur la voie sacrée. Les épimélètes se trouvaient-ils au premier rang du pieux cortège? présidaient-ils aux sacrifices et aux libations, aux danses et aux péans qui en interrompaient fréquemment la marche347? Ne le devançaient-ils pas plutôt, afin de surveiller les préparatifs? Rien n'est sûr à cet égard. Mais c'est à eux qu'était confiée cette haute mission, la réception d'Iacchos à Éleusis (l'E),eusZvt Tot' 'Idxr,ou licoloxrt) 318. Le lendemain, 20 ou 21, était célébré un grand sacrifice qui était par excellence le sacrifice d'Éleusis 3". Le monument épigraphique qui fournit le plus de détails sur les épimélètes des mystères dit seulement que ceux de l'archontat de Dioclès envoyèrent aux Éleusinies comme victime un taureau et en distribuèrent la chair aux membres du conseil3 ° Mais un autre texte fait supposer que dans ce sacrifice d'Éleusis leur rôle était le même que dans les SôTEHIA de l'Éleusinion athénien35f. Depuis ce moment, on ne voit plus les épimélètes intervenir dans aucune cérémonie. Cependant les mystères se prolongeaient jusqu'au 25. Mais peut-être le 21, sûrement le 22 et le 23, étaient consacrés aux pratiques secrètes de l'initiation : c'étaient les (4.usT%).te ttatg 3laspat. Or, Athènes avait promis aux Éleusiniens l'entière propriété de leurs cérémonies religieuses 352, et elle tenait parole : ces jours-là, 341 La formule complète est facile à restituer d'après les inscriptions (Corp. mentionne nominativement, parmi x ceux qui sont bienveillants pour le peuple n, le personnage qu'on voulait spécialement honorer (Antigone Gonatas, dans 1"E o. Ce texte réfute Aug. Mommsen, Op. cit. p. 252, qui n'invoque d'autre document qu'une inscription mal lue (cf. Corp. inscr. att. t. no 556). P. Girard, Op. cit. p. 31, et D. Philios, dans l"E on µ. ? ;ta: ol. 1887, p. 194, ont également fait intervenir les épimélètes des mystères dans les cérémonies des Epidauria. proposée par M. Koehler (Mittheil. 1. c. p. 245) et combattue par M. P. Girard depuis à son hypothèse (Corp. inscr. att. t. ll, u,, no 1449, argum.). 345 'E n µ. de même qu'au moment de la procession en l'honneur d'Asclépios 353 ses magistrats n'étaient plus que des mystes comme les autres. Quant au 24 et au 25, c'étaient les jours des concours gymniques, hippiques et musieaux34i. Or, Aristote dit formellement que les épimélètes des mystères partageaient avec l'archonte-roi le privilège de diriger les autres cérémonies, mais qu'à l'archonteroi seul appartenait l'organisation des concours3s5 Comme les IIALOA avaient lieu aussi partie à Athènes et partie à Éleusis 336, on a voulu attribuer la direction de ces fêtes aux épimélètes des mystères. Sans doute cette hypothèse ne se fonde que sur une restitution épigraphique"' : elle est donc encore sujette à caution 358. Mais elle est assez vraisemblable, étant donné que le stratège d'Éleusis, substitué aux deux épimélètes disparus, présidait aux Haloa dans les premières années du III° siècle. Environ quatre mois après les Éleusinies, vers le 19 ou le 20 de gamélion, les Athéniens célébraient les Lénéennes [DIONYSIA]. Ces fêtes du pressoir n'étaient pas sans rapport avec les mystères. Les épimélètes des mystères étaient donc tout désignés pour les diriger, de concert avec l'archon te-roi. Les cérémonies purement religieuses ne duraient qu'un jour : c'était la partie essentielle des Lénéennes, la seule véritablement antique, la seule aussi qui fût du ressort des épimélètes. A partir de la LXI' olympiade (vers 536), des concours dithyrambiques et dramatiques étaient venus allonger notablement la fête primitive 3"; mais l'archonte-roi s'en occupait seul 360 On pourrait même croire, en prenant à la lettre le témoignage d'Aristote, que les épimélètes ne paraissaient qu'à la procession. Ils auraient déjà eu fort à faire, il est vrai : il s'agissait de ranger et de surveiller une troupe exaltée par la double frénésie d'une foi sombre et d'une joyeuse ivresse, « entonnant en choeur le dithyrambe enthousiaste et passionné, mais bientôt éclatant en plaisanteries et en folles gaietés 3fi1 ». Cependant, comme il est probable que les victimes figuraient dans la procession, comme le sacrifice se faisait le même jour, il est probable aussi que les épimélètes avaient leur place marquée à ce sacrifice. Ils devaient remplir dans le Lénaion de Limnae des fonctions semblables à celles qui leur étaient dévolues dans l'Éleusinion d'Athènes et le temple d'Éleusis. Aussi étaient-ils chargés, les fêtes terminées, de vendre les peaux des victimes et de verser dans les caisses de l'État le produit de cette vente. C'est ce que démontrent les comptes du DEHMATIKON relatifs aux opérations de l'an 334-333 362 On ne peut dire si à ce sacrifice les épimélètes des mystères agis des trittyes (taureau, bélier, porc) à Éleusis (Corp. inscr. att. t. I, no 5, 1. 5). ireè;ii,0naav s7a Buaia;. La phrase s'oppose à la suivante, et l'opposition n'est pas seulement entre les grands et les petits mystères, mais aussi entre la Quel« et les 353 Le jour des Épidauria. 351 P. Foucart, Note sur les comptes d'Éleusis, seulement des Lénéennes, mais encore des mystères. 356 Aug. Mommsen, Op. M. Fraenkel, dans la 20 éd. de Boeckh, Staatahaashaltung der Athener, t. II, EP1 681 EP1 saient avec ou sans le concours de l'archonte-roi 363. Les petits mystères, qui se célébraient au mois d'anthestérion, près de l'Ilissos, à Agrae 38`, étaient le complément indispensable des grands mystères [ELEUSINIA, p. 551]. Il est donc naturel que les épimélètes des mystères aient eu à y intervenir 365 Ils y offraient les sacrifices appelés Sôtéria « en l'honneur des déesses pour la santé et le salut du conseil et du peuple et de tous les autres qui ont bienveillance et amitié pour le peuple 366 e, Ils y exerçaient encore d'autres fonctions367. Lesquelles? Il est impossible de les déterminer; on ne peut que les supposer analogues à celles qui leur incombaient au mois de boédromion, les petits mystères étant une réduction des grands. Dans le cours du ne siècle, tous les quatre ans, les mêmes épimélètes des mystères avaient à célébrer deux fois les fêtes d'Agrae 368 : la première fois, en même temps que les Éleusinies, en automne ; la seconde fois, à l'époque ordinaire, au printemps. C'est qu'on dut, à un certain moment, aviser à rendre plus facile l'accès des mystères, pour conserver aux déesses la clientèle religieuse qui sans doute commençait à les déserter. Pour passer du noviciat à l'époptéia, il fallait parcourir pendant deux ans tous les degrés de l'initiation et assister deux fois aux petits et aux grands mystères 319. C'était un grand dérangement et une lourde charge pour les étrangers, que d'abandonner leurs champs deux ans de suite au commencernent du printemps et de l'automne, de faire les frais de quatre voyages à Athènes. Mais c'était une loi rigoureuse. On l'appliqua durant des siècles à la lettre 370. Démétrios de Phalère obtint pour la première fois de la servilité athénienne qu'on la fit fléchir en sa faveur 371. On n'osa pas la violer, on la tourna : par décret on imposa au mois de munychion le nom d'anthestérion ; le tyran fut conduit à Agrae, et le tour fut joué. C'est par un artifice analogue qu'on dut doubler les mystères d'Agrae tous les quatre ans. Les Éleusinies, fête annuelle, étaient en même temps une TptET)pç 372 et une 7t2VTETNpiç 373, c'est-à-dire étaient célébrées de deux en deux ans, mais surtout de quatre en quatre ans, avec un éclat particulier. S'il y avait chaque année des 'EÀEuaivta, il n'y avait qu'une fois sur quatre épimélètes des mystères profitaient de l'affluence)) inaccoutumée des visiteurs qui se précipitaient alors sur Athènes, pour les mener aux mystères d'Agrae avant de les faire assister à ceux d'Éleusis. On faisait grâce aux étrangers d'un voyage, sans les admettre aux mystères à la faveur d'un sacrilège 378. Voilà, pourquoi les mêmes épimélètes ont eu à organiser deux fois le cérémonial des petits mystères379. Ce qui donne une grande vraisemblance à cette conjecture, c'est que l'archontat de Dioclès 380 identifie l'année où, d'après une inscription, le collège des épimélètes s'acquitta deux fois de cette III. même obligation à Agrae, et l'année où, d'après une autre inscription, ont été célébrées les Grandes Éleusinies. A ces fonctions à demi religieuses les épimélètes des mystères joignaient des fonctions plus purement administratives. On les a vus plus haut vendre les peaux des victimes après les sacrifices des Lénéennes. Avec l'archonte-roi et ses parèdres, avec un certain nombre d'épistates, tous magistrats athéniens, ils étaient chargés d'affermer le domaine sacré d'Éleusis38f. Mais il est impossible de démêler leur part dans l'ouvre commune. Selon M. Aug. Mommsen 332 les relations des épimélètes avec l'archonte-roi seraient bien simples, et le cercle de leurs attributions respectives nettement déterminé. Dans toutes les circonstances où nos documents parlent de l'archonte-roi sans mentionner les épimélètes ou des épimélètes sans nommer l'archonte-roi, M. Mommsen est convaincu que le ou les magistrats passés sous silence n'avaient effectivement pas à intervenir. 11 conclut que tôt ou tard l'archonte-roi, chargé tout ensemble de la police des mystères et de leur administration générale, garda pour lui les fonctions de police, qui suffisaient largement à l'occuper : les épimélètes se virent abandonner les affaires administratives, comme la surveillance des sacrifices et la perception de certains droits. Ils acquirent, en conséquence, une certaine indépendance à l'endroit de leur chef hiérarchique. C'est là une conjecture qui repose sur une interprétation trop étroite des textes : quand un décret honorifique loue un magistrat de tel ou tel acte, il n'est pas prudent d'en déduire que le personnage en question n'a point eu de collaborateur. D'ailleurs, la découverte des comptes d'Éleusis de l'an 3°9-3`-28 est venue donner un démenti à la théorie de M. Mommsen : si l'archonte-roi et les épimélètes n'agissaient pas toujours de concert, on ne peut plus dire, du moins, que l'archonte-roi renonçait à la partie administrative de ses fonctions en faveur des épimélètes. Mais alors quels étaient les rapports de service entre le haut magistrat et ses aides ? Chaque archonteroi fixait-il aux épimélètes le cercle variable de leurs attributions, et se réservait-il celles qu'il trouvait le mieux d'accord avec ses goûts? N'y eut-il jamais de partage, et les épimélètes formaient-ils, avec l'archonteroi pour président, avec ses parèdres et les épistates d'Éleusis pour collègues, un collège indivisible ? Dans ce cas, chaque membre du collège pouvait-il agir à part au nom du collège entier et après entente générale 383, ou bien tous agissaient-ils en corps ? Si l'on agissait en corps, les épimélètes étaient-ils, par suite, les auxiliaires de l'archonte-roi, non pas seulement quand il offrait aux déesses dans leur temple d'Athènes ou d'Éleusis les sacrifices et les voeux traditionnels, mais encore quand il « surveillait les mystères de la fête pour empêcher toute injustice et tout sacrilège au cours des cérémonies sacrées 381 » ? Nos documents actuels laissent toutes ces questions sans réponse. Il faut les poser, afin de faire le départ entre ce que nous savons et ce que nous igno 86 EP1 682 EPI rons ; on ne peut avoir la prétention de les résoudre. Si les épimélètes des mystères étaient élus à mains levées, c'est que le peuple avait intérêt à les choisir parmi les plus riches. Un nommé Xénoclès, qui fut épimélète vers la fin du Ive siècle383, avait déjà donné des preuves de sa générosité 780 en élevant comme agonothète deux monuments choragiques 387 et en faisant don à la cité d'une forte somme pour achat de blé 388. Les épimélètes des mystères avaient, en effet, à faire bon nombre de dépenses personnelles. Ils pourvoyaient aux frais des sacrifices qu'ils offraient pour le salut de l'État pendant les grands et les petits mystères'R9. Ils pourvoyaient aux frais accessoires des sacrifices qui se multipliaient pendant le séjour à Éleusis 390. On les voit se cotiser pour fournir le taureau d'une trittye et partager la viande de la victime aux sénateurs391. Sans doute on leur votait des subventions ; mais ils y renonçaient souvent, pour mieux témoigner de leur zèle. Les épimélètes de l'archontat de Dioclès avaient reçu da Trésor la somme nécessaire à l'acquisition et à la décoration du char destiné aux lep« : ils en firent abandon, toujours en faveur du Sénat'''. Xénoclès fit plus : il laissa un souvenir durable de sa libéralité en consacrant à Déméter et à Coré deux statues dont les bases ont été retrouvées à Éleusis 393 Malgré tout, le peuple exerçait sur les épimélètes des mystères le contrôle auquel il ne renonçait, jamais. Chaque fois qu'ils avaient assisté à la célébration d'une fête, les épimélètes et t'archonte-roi adressaient un rapport collectif au Sénat (x7cayy€A)(ety) sur les sacrifices offerts. Si les présages avaient été favorables, le Sénat donnait ordre aux proèdres d'introduire les épimélètes devant l'assemblée du peuple, pour y faire annoncer « les bonnes nouvelles 394 o. Toutes ces formalités s'accomplissaient au plus tôt. Les petits mystères d'Agrae n'étaient pas terminés avant le 21 et peut-être le 23 d'anthestérion 395. Or, en 282-281, l'ecclésia devant laquelle parurent les épimélètes pour rendre compte de leur mission fut convoquée dès le 293". Avant de sortir de charge, les épimélètes allaient porter toutes les pièces relatives à leur administration par-devant les logistes et au Mêtrôon, puis rendaient leurs comptes au tribunal compétent, selon les lois ordinaires397. Cette vérification pouvait se faire avant que l'année fût écoulée, dès la fin d'anthestérion, après les mystères d'Agrae : les épimélètes entrés en charge en même temps que l'archonte Dioclès obtiennent une ordonnance de conformité avant le 3 de skirophorion 398, quand l'archonte avait encore un mois à rester en charge. Les récompenses ordinairement décernées aux épimélètes des mystères sont des décrets honorifiques du Sénat et du peuple. Ces décrets sont parfois la sanction d'un rapport au Sénat, et alors ils honorent les épimé lètes encore en charge (29 d'anthestérion3j0). Plus fréquemment ils suivent la reddition des comptes, et alors ils sont rendus soit dans les dernières décades de l'année (3 de skirophorion44U0), soit l'année suivante, voire au milieu de l'année suivante (13 de posidéon 1140t) Les honneurs accordés sont l'éloge 402, l'inscription du décret sur une ou deux stèlesi03, la couronne de myrte 40%, honneurs auxquels le Sénat proposait encore d'en ajouter d'autres au choix du peuple'i0°. Pendant le cours du Ite siècle, on ne trouve cités nulle part les épimélètes des mystères. Ils ont dû disparaître à ce moment. Dans les dernières années du ne siècle ou au commencement du 1", on voit à Éleusis, près de l'hiérophante, des magistrats élus, annuels et permanents, qui sont désignés par ces mots oi xaee6Tap.évot âvnpoç Ért 7Ÿw 7ravtiyupty, et qui semblent les héritiers des épimélètesL06 en même temps que des surveillants des poids et mesures. J'pimélêtai tés pompés (oi àoeq.eXr,tai 'e5 7raµ7G75ç). Si l'on s'en tient à la date de nos documents, on trouve à Athènes des épimélètes de la procession dionysiaque [DtoNYSIA] pendant ce même espace d'environ cent cinquante ans où l'on voit fonctionner les épimélètes des mystères et qui s'étend depuis le milieu du Ive siècle 401 jusqu'à la fin du IIIe408 Mais, comme le premier texte qui signale leur existence marque la fin d'une des périodes que leur institution a traversées, il faut l'aire remonter leur origine beaucoup plus loin dans le passé. Jusqu'à présent on avait sur la nomination de ces épimélètes deux renseignements contradictoires. Dans la Midienne, Démosthène dit qu'ils étaient élus (yatpoTOVmi's) dans la première Philippique, qu'ils étaient tirés au sort (Ad,oonty) "9. On essayait de mettre ces deux passages d'accord en ôtant toute valeur au second "°. C'était une piètre défaite, d'autant plus que Démosthène dit clairement que les épimélètes sont habiles ou non selon les hasards du tirage au sort. Il fallait toutefois se contenter de cette prétendue explication; car les deux textes sont contemporains, et le premier est confirmé par l'incontestable autorité d'un document épigraphique 41-. Mais aujourd'hui, sur ce point comme sur tant d'autres, l'apparition de la IIiAITo(a d'Aristote dissipe toute obscurité. Les épimélètes de la procession ont d'abord été élus à mains levées, au nombre de dix ; plus tard, ils sont nommés par le sort, à raison d'un par tribu b1'. Il est même possible de fixer avec certitude la date du changement. Il n'était pas encore accompli à l'époque où se passèrent les faits racontés dans le plaidoyer contre Midias; il était accompli au moment où Démosthène prononça la première Philippique. Or, la Midienne fut composée sous l'archontat de Callimaque (01. CVII, 4 = 349-348)4" ; mais Midias avait insulté Démosthène deux ans auparavant'', aux Grandes Dionysies, c'est EPI -683-EPI a-dire au mois d'élaphébolion 301 ou 350, et, par conséquent, Midias s'était fait élire épimélete pour 3:3à-331 ou pour 351-350 (archontat d'Vristodêmos ou de Thessalos (il. C VII,1 ou 2). D'autre part, la première Philippique a pour date presque universellement admise l'an 35141`. Donc l'épimélète Midias a forcément fait partie du dernier collège élu. C'est immédiatement après la fête et encore dans la même année civile, d'élaphébolion à skirophorion 351, que le peuple athénien décida de ne plus élire les épimélètes de la procession, mais de les tirer au sort. On comprend alors tout ce qu'il y a d'amère ironie dans le passage de la première Philippique où Démosthène raille les Athéniens de porter leur attention sur l'organisation des Dionysies plus que sur leur flotte, de ne se passionner pour rien tant que pour les nominations de fonctionnaires préposés aux fêtes. Il demandait une réforme (le la marinei18 ; on lui répondait par un règlement sur les fêtes qui entrainait de nouvelles dépenses. « Ces choses-là, dit l'orateur sont réglées en détail un reproche vague et générai; c'est une sanglante allusion à un fait d'hier. Le mode de nomination établi en 351 et qui était encore pratiqué pendant les dernières années d'Aristote (vers 324) disparut avant l'année 281-280. Dans une inscription de cette année "«archontat de Nikias) est incluse la liste complète des épimélètes de la procession. Ils sont dix, comme à l'époque d'Aristote ; mais, si l'on examine leurs démotiques, on voit que trois ou quatre tribus ne sont pas représentées dans le collège. Ils ne sont donc plus nommés à raison d'un par tribu (."va ç ~ua~c sxryntslç), el, puisqu'ils sont tirés i â o v 'Al ivahirr, de la masse des citoyens, ils ne sont probablement plus désignés par le sort, Impossible de déterminer le moment où se produisit cette nouvelle modification On peut supposer toutefois, étant donné que la méthode du tirage au sort impliquait une subvention de l'État, que le rétablissement de l'élection eut pour cause l'effroyable misère qui suivit la guerre Lamiaque. Une dernière inscription 410 nous fait constater un dernier changement. Elle est sûrement postérieure à. l'an 260 et doit appartenir à la seconde moitié du siècle '20. Elle dit positivement que les épimélètes de la procession étaient alors élus, et elle donne la liste de leurs noms : cette fois ils sont vingt-quatre. Ainsi, il y a eu au moins quatre périodes dans l'histoire de ces épimélètes. Quelle est la cause de ces perpétuelles variations? C'est la difficulté de trouver l'argent nécessaire pour préparer dignement les Dionysies, et, d'autre part, la pieuse obstination du peuple athénien, ruiné peu à peu, mais non pas résigné à faire moins belle la fête qui flattait le plus l'amour-propre national. Si les Panathénées étaient la grande tête pour la ville d'Athènes, et les Éleusinies pour les villes de l'Attique, les Dionysies étaient plus spécialement la grande fête fréquentée par les citoyens de toutes les villes rattachées à l'empire athénien. Leur origine même, loin de se perdre dans la nuit des temps, rie remontait pas au delà de l'époque où la domination athénienne s'était étendue au loin~21. Voilà pourquoi elles étaient placées sous la direction d'un magistrat au caractère plus politique que religieux, l'archonte éponyme ; voilà pourquoi on demandait aux épimélètes des Grandes Dionysies de leur donner un éclat capable de fasciner les imaginations42"-. Tous ces alliés qui venaient apporter le tribut de leur elle, il fallait leur montrer Athènes, non pas seulement revêtue de la splendeur printanière que lui prêtaient, les belles journées d'élaphébolion, mais parée, mais rayonnante de toutes les beautés dont la richesse et l'art savaient illuminer les solennités du culte : il fallait les renvoyer éblouis de tant de luxe, fiers d'appartenir à la république. Il en coûtait cher d'être au premier rang dans de pareilles occasions de dépenses423. Malheureusement, les grandes fortunes se faisaient rares. Malgré la gêne du Trésor public, il fallut bien venir en aide aux particutiers. De là le changement de 351. Aristote en indique nettement la cause. Il dit qu'auparavant les épimélètes payaient de leur bien les frais de la procession, et qu'une fois nommés par la voie du sort, ils reçurent pour les apprêts de la fête une somme annuelle de cent mines. Dès lors il n'y eut plus de raison pour ne pas nommer les épimélètes d'après le mode le plus démocratique. Jadis l'épimélétat était une lourde charge : il revenait de droit aux plus riches. Maintenant c'était un honneur : tout le monde y put prétendre; chaque tribu en eut sa part. Mais la charge fut alors pour le Trésor. Quand le malheur des temps exigea des économies, on chercha de nouveau dans les rangs du peuple entier des hommes de bonne volonté, Enfin, quand dix épimélètes n'y suffirent plus, on fit pour eux ce qu'on avait fait polir les trierarques en établissant la syntriérarchie : on augmenta leur nombre pour diminuer les dépenses de chacun. On en nomma vingt-quatre. Interminable conflit oit la démocratie athénienne se débat entre les regrets de l'orgueil patriotique et les nécessités matérielles f Sur les attributions des 1m1usÀ1 ai Ti.jç 7tou7tv;ç les ren seignements n'abondent pas. Ils réglaient l'ordre de la procession dans les Grandes Dionysies. Mais ni les auteurs ni les inscriptions ne les montrent à l'ouvre. On peut cependant imaginer ce qu'ont dû être leurs fonctions. On sait, d'une part, qu'il a existé des épimélètes identiques dans d'autres villes qu'à Athènes; on a, d'autre part, des connaissances certaines sur tes Grandes Dionysies d'Athènes : en rapprochant ces deux catégories de textes, on arrive presque à tirer au clair le rôle des épimélètes. Ce sont les organisateurs et les surveillants de la procession. Ils doivent donc, longtemps à l'avance, en combiner l'effet décoratif, réunir les figurants, leur procurer la parure qui convient, vérifier si les pères des canéphores ont bien fait les choses "'. Ils doivent aussi à l'avance prendre note des personnages à qui leur rang dans la république ou la magnificence de leurs offrandes assure une place d'honneur. Le jour venu, ils forment le cortège. Quand la foule est entassée dans le Pompéion 423, ils assignent leur rang à tous, magistrats et prêtres, citoyens et clérouques, éphèbes porteurs EPI 6811• EPI d'objets précieux et vierges aux corbeilles d'or, et masques, et costumes, et victimes même. Puis, ils se placent à côté de l'archonte et de ses parèdres 420, en tête du cortège. Ils le mènent du Lénaion, où l'on cherche la vieille statue de Dionysos Éleuthéreus, à un autre sanctuaire près de l'Académie'`27. Ils commandent les haltes devant plusieurs autels, où ils président aux sacrifices offerts ; à l'agora, où ils président aux évolutions des choeurs autour de l'autel des douze dieux 428 ; devant l'iaxcipa, où ils président aux sacrifices, aux prières, aux hymnes des enfants libres'''. Voilà, autant qu'on en peut juger, les cérémonies accessoires dont s'occupaient ceux qui dirigeaient la procession : ÉREM.Yav Malgré leur nom, les èrctv.e)mTcti Trlç 7to(iar'i s ne figuraient pas seulement dans la grande procession des Dionysies. Les termes dans lesquels Aristote parle d'eux ne permettent pas de les séparer de l'archonte pendant toute cette fête. Midias se fit nommer épimélète pour multiplier contre Démosthène, alors chorège, les vexations petites et grandes 031. Les épimélètes exerçaient donc leur autorité dès la préparation des concours dramatiques. On les voit encore offrir les sacrifices « aux dieux qui y ont droit de par la tradition » (TOiç OEOiç oiç aâTptev Ÿ1v Quels sont ces sacrifices? Ils précèdent le jour de la procession ; car il est inadmissible que les deux décrets qui les mentionnent"' rompent l'un et l'autre, l'un comme l'autre, l'ordre chronologique. Ils sont offerts par l'archonte accompagné de ses parèdres et des épimélètes « pour le bien du Sénat et du peuple 434 ». La veille des Grandes Dionysies, le 8 d'élaphébolion, avait lieu la fête préliminaire des AscLÉPIÉIA : on y chantait un péan 435 ; on y offrait un sacrifice 436. Précisément, certains sacrifices à l'Asclépiéion honoraient, conjointement avec Asclépios, « les autres dieux qui y ont droit sacrifices étaient offerts « pour le bien du Sénat et du peuple et des enfants et des femmes437 » et quelquefois « de ceux qui habitent les villes des Athéniens 438 ». Il y a donc une forte probabilité pour que les épimélètes aient présidé les cérémonies religieuses des Asclépiéia. II ne faut pas s'en étonner : selon le témoignage irrécusable d'Aristote 439, les épimélètes de la procession intervenaient avec l'archonte dans la célébration des ÉPIDAURIA, qui sont aux Éleusinies ce que sont aux Dionysies les Asclépiéia. Le 18 de boédromion, pendant que les mystes se renfermaient chez eux, leurs chefs, l'archonte-roi et les ii tp.E),rvr i'ri v puv'n pimv, ne paraissaient pas. C'étaient l'archonte-roi et les iittp.E),rttai Ti§ç rop.7ti 426 'AB$ve s,, t. Vll, p. 480, no 3, 1. 13-15. Cf. Corp. biser. att. t. 11, 1, no 480, L 36-37. 427 Pausan. 1, 29, 2 (cf. 1, 20, 2) ; Philostr. Vit. Sophist. 1, 5. 428 Xenoph. Hippareh. III, 2. 429 Cf. P. Foucart, Sur l'authenss. 490 Corp. inscr, att. t. Il, 1, no 480, 1. 36-38. 431 Demosth. In Mid. § 14, p. 519 ; cf. §§ 14-18, p. 519-521. 432 Corp. roser, att. 1. c. 1. 35-36. I, s, p. 796, éd. Bernhardy. 436 Aeschin. In Ctsesiph. § 67, p. 63. 437 Corp. inscr. Mt. t. II, 1, add. no 453 b. 1. 5, 8-9. Cf. add. nova, no 373 b, 1. 6-7, 13-14. _ 438 Ibid. add. nova, no 477 b. 439 Aristot. De Athen. civil. § 56, p. 141. 440 Poil. VIII, 89. 441 Aristot. i.e. 442 'AB,jvamr, 1. c. 1. 3-4, 6-7; Corp. inscr. Mt. t. 11, 1, no 420, 1. 8-9. 443 Corp. inscr. att. 1. c. 444 'AAwa,ov, 1. e. 1. 39-41. 447 Corp. iriser. ait. t. II, 1, no 486, I. 23; no 469, 1. 2t ; no 471, 1.30, 448 Aristot. De Athen. civil. § 56, p. 141. 440 Corp. inscr. att. t. Il, r, no 305. qui dirigeaient une procession en l'honneur d'Asclépios. Une note de Pollux 440 affirme que les épimélètes assistaient encore l'archonte éponyme aux TDARGELIA. C'est une erreur. Aristote"' distingue nettement les processions en l'honneur de Dionysos et d'Asclépios, où l'archonte a des collaborateurs, de celle des Thargélies, où il agit seul. Après les fêtes, les épimélètes s'associaient peut-être à l'archonte pour le rapport que celui-ci présentait au Sénat et au peuple 442. En tout cas, c'est à l'occasion de ce rapport que l'ecclésia dite iv Atov6aul votait en leur honneur des décrets élogieux, décrets spéciaux aux épimélètes seuls 443, ou décrets communs à l'archonte, à ses proèdres et aux épimélètes''". Ces décrets étaient gravés sur des stèles érigées dans le sanctuaire de Dionysos 446. A l'époque où les épimélètes étaient déjà au nombre de vingt-quatre, ils pouvaient mériter par leur piété et leur zèle qu'on les gratifiât chacun d'une couronne d'or440. Les Diïsêteria se célébraient le 14 de skirophorion. Les épimélètes n'y assistaient pas l'archonte, tandis qu'accompagné par les éphèbes'i7, il menait la procession X48. Ils assistaient le prêtre de Zeus Sôter et d'Athéna Sôteira, celui dont le siège a été retrouvé dans le théâtre de Dionysos. Ils formaient, au commencement du me siècle, une commission d'au moins treize membres 449, prise dans la masse du peuple 4so Ils étaient peut-être élus, et peutêtre recevaient-ils une subvention 451. C'est au Pirée qu'ils exerçaient leurs principales attributions; car c'est là qu'était le temple commun du dieu et de la déesse4s2 Nulle part on ne les voit fonctionner en dehors du temple. Ils se tenaient près du prêtre pendant les sacrifices très nombreux en l'honneur de Zeus Sôter et d'Athéna Sôteira4u3, d'Asclépios, d'Hygieia et des autres dieux46'. Peut-être étaient-ils chargés à l'avance d'orner l'autel 4". Ils faisaient tous les préparatifs du festin solennel qu'on offrait aux divinités. Ils étendaient les statues, vêtues de manteaux brillants, ornées d'anneaux d'or, couronne en tête, sur un lit mollement garni de somptueuses cou vertures et de coussins précieux (arpmatç 'r x),ivrjç 4JG). Puis, sur une table recouverte d'une nappe éblouissante, ils remplissaient les coupes des divins convives et leur servaient des mets choisis, viandes et gâteaux (x6a)J3 tç Tî)ç Tpa7tr1ç467). L'assemblée qui se tenait immédiatement après la fête, au Pirée même, recevait du prêtre et des épimélètes le rapport ordinaire sur les sacrifices 4". Quand le Sénat et le peuple étaient satisfaits, ils accordaient l'éloge par un décret honorifique qu'ils faisaient graver sur une Dans ce décret mutilé est intercalée une liste incomplète, qui portait treize noms. Ce sont bien des épimélètes. Cela ressort d'une comparaison avec un autre décret ('AEgvawv, t. IX, p. 234, no 2). 450 Voir les démotiques dans l'inscription citée ci-dessus. 451 Plut. Demosth. 27. Dans ce passage Démosthène figure peut-être comme épimélète des Diïsbtéria. -'+52 'ABwzwv, 1. c. 1. 6. -453 Ibid. 1. 6-7 ; Corp. inscr. att. 1. c. 1. 10-13. Cf. Corp. t. Il, 1, no 335, 326. 454 Ibid. 1. 8. Cf. Corp. inscr. ait. 1. c. 1. 12. Sur le grand nombre de ces sacrifices voir l'inscription sur le nsa.ATlsos (Corp. t. 11, u, no 741, 1. 25; cf. ibid. t. Ii, 1, no 162, c. 1. 13). 455 Plut. 1. c. r+66 Corp. inscr. att. 1. c. 1. 14. Cf. ibid. add. no 453 b et 453 c. Voir Koehler dans l'Hermès. t. VI, p. 107 ss.; P. Girard, dans le Bull. de cor•r. hell. t. II (1878), p. 76-78; Id. l'Asclepiéimt, p. 108 se.; J. Martha, Les sacerdoces athén. p. 50. 457 Ibid. 1. 15. Cf. Pausan. IX, 40, 12; Dionys. llalic. Antiq. rom. 11, 23. Il faut rapprocher de ces épimélètes les deux 080x1 ou commissions chargées d'un réle analogue auprès d'Apollon Ptôos (Bull. de corr. hell. t. XIV, 1890, p. 181-182,1.17-t9, 21).458 'A Bq valse, i.e. 1. 4-6. stèle. Le plus souvent, ils votaient par surcroît une couronne pour chacun 459. On a retrouvé une dédicace d'un épimélète qui a voulu perpétuer le souvenir d'une pa reille distinction"Epimélêtai eis Salamina (oi ÉzrtµeÀrtai ol sit ~aÀaµivx46t) Comment se fait la nomination, quel est le rôle des épimélètes qu'on voit fonctionner, pendant le ne siècle avant Jésus-Christ, à Salamine? Les auteurs sont généralement d'accord pour les considérer comme des magistrats élus par la clérouchie et chargés de l'administration générale 4fi2. M. Koehler lui-même, qui considère tous les épimélètes des villes soumises à Athènes comme des fonctionnaires athéniens, admet que ceux de Salamine faisaient exception463. C'est qu'on s'est toujours laissé tromper par une double analogie. On voit les épimélètes agir de concert avec l'archonte de Salamine, et, comme cet archonte était éponyme en même temps que celui d'Athènes, on admet qu'il était nommé par les Salaminiens, et l'on étend la conclusion aux épimélètes. D'autre part, on voit, vers la même époque, des épimélètes gouverner les colonies athéniennes d'Haliarte et de Délos, et l'on suppose gratuitement, sans se renfermer dans les données des textes, qu'il en allait de même à Salamine. Mais voilà que cet édifice de conjectures croule, parce que la base en est ruinée : voilà qu'Aristote 464 nous dit que l'archonte de Salamine, loin d'être un magistrat local, était tiré au sort parmi les Athéniens, envoyé d'Athènes, payé par Athènes; que, loin d'être le chef de toutes les administrations, il était chargé uniquement d'organiser les Dionysies. Mais alors que deviennent les épimélètes? Nous constatons qu'ils exercent leurs fonctions tantôt seulsh83, tantôt en commun avec l'archonte 466 ou avec le stratège"' ou avec l'un et l'autre 468. Ils forment avec ces magistrats un véritable collège, une auvapAia 469. L'archonte est délégué à Salamine (aie Fx),apiva 170) ; le stratège est délégué à Salamine (è rlv Zal,alaTva 477); tous deux le sont dès le Ive siècle, tous deux le restent au tic siècle. Pourquoi n'en serait-il pas ainsi des épimélètes ? Ce n'est qu'une hypothèse; mais l'opinion qui a dominé jusqu'ici est également hypothétique, et elle a le tort d'être fondée sur une seconde hypothèse, aujourd'hui démontrée fausse. D'ailleurs, ce qui confirme l'origine athénienne de ces épimélètes, c'est la communauté constante entre leurs fonctions et celles de l'archonte. L'archonte est envoyé à Salamine pour y célébrer les Dionysies et y choisir les chorèges. Les documents éphébiques du ne siècle le montrent, de plus, présidant aux cérémonies variées des AIANTÉIA. C'est uniquement aux fêtes religieuses, c'est précisément aux Dionysies et aux Aiantéia que paraissent les épimélètes de Salamine. Pendant les Dionysies, ils président les concours de tragédie; ils y proclament, seuls '672 ou avec l'archonte et le stratège "3, les couronnes que le peuple a votées en l'honneur du collège éphébique et qu'ils ont fait faire eux-mêmes. Pendant les Aiantéia, toujours avec l'archonte et le stratège, ils guident la procession qui promène la statue d'Ajax en bois d'ébène; ils offrent le sacrifice solennel471 ; ils assistent aux concours gymniques, où ils proclament encore une fois les honneurs décernés aux éphèbes 475 De concert avec le stratège, ils rédigent les rapports qui valent aux organisateurs des fêtes 476 des décrets honorifiques. En un mot, il faut les comparer, non pas aux épimélètes politiques envoyés par Athènes à Lemnos, à Haliarte ou à Délos, mais aux épimélètes religieux envoyés à Éleusis ou au Pirée. Ils accompagnent l'archonte éponyme de Salamine, comme les épimélètes des mystères accompagnent l'archonteroi, comme les épimélètes de la procession accompagnent l'archonte éponyme d'Athènes. C. Épimélètes envoyés dans les villes alliées ou dans les clérooechies. On trouve mentionnés fréquemment, dans des inscriptions grecques dont la date varie du va siècle avant Jésus-Christ au 1°r siècle de l'empire romain, des épimélètes qui sont différents les uns des autres par la nature et le caractère de leurs fonctions, mais qui ont ce trait commun, d'être des magistrats envoyés par une république dans une cité subordonnée. Des épimélètes furent institués dans les villes confédérées du premier empire athénien au v' siècle, puis dans certaines clérouchies du second empire athénien au 1v° siècle, enfin dans quelques-unes des clérouchies qui formèrent, lors de la domination romaine, au ne siècle, le troisième empire athénien. A partir du lue siècle, l'institution semble se généraliser : Athènes a pour imitatrices la ligue étolienne et Sparte. 1° Épimélètes athéniens. Epimélêtai (oi Ertµn)rytiai) à l'époque du premier empire colonial d'Athènes. Les épimélètes les plus anciens nous sont connus par deux actes 477 destinés à régler les relations d'Athènes avec les villes alliées. L'un de ces actes remonte aux environs de l'an 450; l'autre, aux années comprises entre 425 et 420. Par cela même que les épimélètes reparaissent à vingtcinq ans de distance, ils semblent être des magistrats permanents. Peut-être ont-ils été « choisis pour la circonstance''78 » à l'origine ; mais leur fonction dura autant que les nécessités politiques qui l'avaient fait créer. Les attributions de ces épimélètes ont dû être essentiellement financières 470. « Il est vrai qu'un décret du Sénat et du peuple parle des €7ttusXrrral qui, dans le délai d'un mois, auront à saisir le tribunal compétent (iWeïsty Ec Ti) StxŒr3-n ptov) de toute plainte déposée contre un allié qui aura mis obstacle à la perception du tribut, et l'on sait que, d'après les règles du droit attique, le magistrat qui saisissait le tribunal était le même qui procédait à l'instruction et qui ensuite présidait le jury 480. » M. Gilbert 481 est même parti de là pour attribuer aux épimélètes la juridiction ordinaire dans toutes les affaires civiles ou criminelles où étaient impliqués des sujets confédérés. Il invoque Antiphon à l'appui de cette hypo EPI thèse'''. Mais le passage cite se refuse au cents qu',.in prétend lui imposer, et ii est bien inutile d'aller chercher un argument dans une inscription postérieure de plus de deux cents ans au texte allégué' n, On doit conclure, avec M. Guiraud, ace « ces etttrel.rtiat sont,. des fonctionnaires financiers, investis, dans les Limites de leurs attrilrulions, d'une certaine autorité judiciaire, comme le voulait un usage constant à Athènes' ». r,`pMolletes à l'époque du second empare colonial d'Athènes (é èrtgsdvive:jç é ev `H' eie"iat, S iv Mupivci). -Lorsque, après 381, Athènes reconstitua sa puissance en détachant des clérouchies dans les Cyclades, elle envoya: clans plusieurs fies, en résidence ou en mission temporaire, des chefs militaires : un des deux hipparques se tint en permanence a Lenanos4n et à chaque instant un stratège venait examiner l'état des défenses ou mettre fin à des difficultés passagères à. I cmnos'6r .i Samos''"', Sevres à Salamine". Aussi m4-on pu se demainder '° s'il n'y avait point de gouverneurs civils dans les colonies athéniennes du 1v t siècle, M, lioehler''t a même admis que la sécurité d'un empire étendu exigeait que partout le soin de représenter la métropole frit confié à des mains de soldats, et qu'il fallut la paix universelle apportée par la conquéte romaine pour qu'enfin, au ii siècle, on. prit investir de pouvoirs plus modestes et d'un titre moins sonore des administrateurs civils nommés épimélètes. Cependant, dès la première moitié du ive siècle, il a existé des épimélètes, probablement dans lion nombre de clérouchies, certainement dans les deux cldrouchies de I emnos,lléphaestia et Mvrina 492 Que ces epirnéit tes soient nofnrti s par les Athéniens, et non. par les clérouques, la question n est pas douteuse' ', [[lais sur Leurs fonctions nous n'avons guère de données positives. Deux inscriptions nous révèlent leur existence. L'une porte le commencement d'un décret rendu en ['honneur de l'épi:nélète d'Hephaestia r=ntp.ckr,vrtc, 6 pv `ëtsn.tarieit) ; l'autre porte un décret rendu par oixèiv), qui autorise les Chalcidiens fixés à Meilna (oi An?.xtSée, oi L Mupivst ol sèo i,) a élever une stèle commémorative à l' ptm(i. '.te. (évidemment l épirr éii;te de M`/ r,ld (;t qui charge le héraut de proclamer :es honneurs accordés à cet O pimétète pour sa bonté et sa justice envers [es Chalcidiens ». Comme l'éloge et la couronne ne sont pas encore, au milieu du iv siècle, des distinctions prodiguées et avilies, ces hommages prouvent l'importance du i'èle commis aux épimélètes. Leur autorité s'étendait, non seulement sur les clérouques, mais sur les autres habitants de l'ile, puisque l'epimélète 'l'héophilos a été à même de rendre des services signalés aux Chalcidiens, u r (cava, v6µ, 489 pour trouver dans le texte d'Antiphon les épimélètes, et non les onze, M. Gilbert rejette les mots suv reeu',ymv sur vtiais, nu lieu de les faire dépendre de ol t',, µen.,2ai, et confirme cette interprétation en citant les lois . . xa.o l'inversion proposée est bien insolite, et le rapprochement Men forcé entre le dis(murs sur le meurtre d'Hérodes, qui est d "nviron 40, et an document tpigeaphique pris sur les confine du deuxième et du premier siècle. 484 p, Guiraud, 1, e, c'est 1a conclusion adoptée aussi par J.-H. Lipsius, dans la 3' éd, de Meier et Seboe EPI ci l'on identifie ce personnage avec le Thi'opliils,' dont Ls.eophron, ancien hipparque' de Lem nos, invoque le témoignage dans un discours d'Hypéride 4°'`, on voit que les épimelr"tcs sent; assez haut placés pour suivre Cl près l'administration de 1"hipparque lui-même Enfi n à de la valeur exacte gl:'on peut accorder aa usités dans les documents epigrapbiques de l'époque, on peut présumer que, si un épimelète esl loué pour sa justice fésé oiyul ; :vexez xai Crxato,cénij, c'est qu'il avait réellement un droit de juridiction. Lequel? Tonte affirmation serait hasardeuse Peut-être toutefois faut-il songer ici que le décret voté en 387 pour l'envoi des clérouques à Lemn ts "0i règle les conditions du fermage, fixe les termes pour le payement des arrérages dus au Trésor public, indique la procédure à suivre dans les cas contentieux, et que la partie perdue du décret déterminait la juridiction à laquelle était confiée l'ex (teuiien de ces prescriptions diverses. En tout cas, on a l'impression (et c'est une impression à moitié justifiée par les textes) que les épimélètes du tve siècle, dont les fonctions sont rétribuées ',ont déjà des fonctions moins limitées, moins spéciales, et. par suite, occupent une position plus élevée que les épimélètes de la première confédération athénienne. I'pzm'lètes â l'époque du troisième empire colonial d'Athènes, Lorsque les Athéniens, après avoir dry, en 196, â la reconnaissance romaine et à des calculs d'intérêt bien entendu la possession de Paros, d'Irnbros et de Scs'ros 7, virent encore une fois, en 166, récompenser leur zèle et encourager leur dévouement par la cessirin de Lemnos, de Délos et il'laliart,,ie" ils se firent représenter, au moins dans chacune de ces cieux dernières acquisitions, par des épimélètes chargés de I°adniinis(ration générale. Sur la foi d'une inscription"', on a pu croire qu'a la rhème époque il y avait aussi un épimélète athénien dans bile de Paros'°, Mais M. Ilomolle a ci n,jecturé 60f que le prétendu épimélète de Paros (Protimos) fut en réalité épimélète à Délos et que la pierre qui porte son nom et qui a été trouvée à Paros fut transportée d'une île dans l'autre, Cette hypothèse' a été vérifiée par la découverte d'une autre inscription venue de Délos data, le épimélétat du même Protiinoso0', Aussi est-il admis aujourd'hui" que rien ne prouve l'e'tistence d'un épimélète athénien à Paros. Ilaliarte, au contraire, a eu certainement son épimélête. Mais le seul document qui en parle '0o nous apprend uniquement que c'était un magistrat éponyme. Toutefois ce simple renseignement, rapproché du fait que l'administration d'Haliarte et celle de Délos ont été organisées dans les mêmes circonstances, semble indiquer que dans boit, t. 1X (1885), p. 50, nt 2; p. 54, n' 3. Sur la question de date, voir le eommentaire de G. Cousin et C. Dur,baeh, p 31 et 55-57. ,na L'hypothèse de Ci. Gil des fonctionnaires dans les elerouchies ne tient 'pies depuis l'apparition de la noa,-c n d'Aristote (voir § 57, p. 137; § et, p. 152; 5 62, p. 1561. [,es épimélètes sont implicitement désignes par les mots . . oreoa;uv,.o:en, ,ie/a`' _ F..a -802 tittenberger, 57111, iriser. gr. nt 238. n'4, n'avait pas voulu s'y rallier. -PH Bull. de carre /tell. i. VH11 ,t884), p. 20 5°4 K. Schuma lier, dans le eoeieisc'le, [PI 687 [PI la première de ces villes l'épimélète a eu, toutes proportions gardées, à peu près les mêmes privilèges et les mêmes attributions que dans la seconde. 0 Ea1ps),-iTrç T 1c vo uu ou 0-f,)sou, tel est le nom donné au gouverneur athénien de Délias. Les inscriptions, qui sont les seuls documents à consulter, l'intitulent le plus fréquemment sEtuek11srç Tr,ç vrlaou; elles l'appellent bien plus rarement 'trtieX11'trç . a9rao ; quelquefois, par abrévia-Lion, elles disent tout court Eltmot)'. Pour éclairer les quelques faits qui -,ont suivre, notes avons dressé le tableau des épimélèfes dong, les noms sont parvenus .jusqu'à, nous. 11s sont rangés par ordre chronologique 1Ur (autant qu'on peut, déterl viner des dates à l'aide d'inscriptions éparses et très courtes). La charge des épimélètes de Délos était annuelle. Sur une foule d'inscriptions, le nom des épimélètes change en même temps que le nom des archontes athéniens. Sur la célèbre table des âtapyai'''3 où sont énumérés les magistrats qui souscrivent aux frais de l'ennéétéride pythienne, on peut suivre une série de six années (de 101-100 à 96-9h), dont chacune est pourvue de son épimétète (de Théodotos à Aristion). Comment était nommé l'épimélète? Nul document n'en dit rien explicitement. Mais d'abord tout prouve qu'il était envoyé d'Athènes'''. Ensuite certains faits suggèrent l'idée qu'il ne peut être question ici de tirage au sort''". II serait assez étrange que le sort eût désigné deux fois le même personnage. Toutefois la chose est possible : admettons qu'Ammonios ait dû au hasard ses deux épimélétats. Mais comment le sort aveugle serait-il tombé avec une constante régularité sur les candidats les plus recommandables par leur noble origine, leurs longs services, leur expérience? Qu'on jette un coup d'oeil sur la liste des épimélètes. Il y a là une trentaine de noms, et bien peu dans le nombre, malgré les immenses lacunes de nos connaissances actuelles, sont sans évoquer ou la gloire d'une grande famille ou la valeur personnelle d'un homme illustre. Voici Dracon 546 et Xénon'", dont on peut reconstituer la généalogie et les antécédents ; £pigénès, dont le père était, jeune encore, l'honneur de sa tribune; Dionysios d'Anaphlystos, frère d'un personnage qu'on jugea digne de plusieurs sacerdoces'''' ; Protimos, fils d'un thesmothète°'0 ; Alexandros de Phlya, fils d'un ancien archonte qui fut encore épimélète de Délos. Zénon appartenait à une famille dont les membres proclamaient leur nom avec orgueil et considéraient leur origine comme un titre de gloire à étaler aux regards du public sur une inscription'". En voici d'autres, qui, avant d'être investis de l'épimélétat, avaient été vus à l'oeuvre dans la vie publique et pouvaient rappeler de brillants états de services. Théophrastos avait, comme Dracon, appelé l'attention sur lui dès sa jeunesse S2. Socratès on et Théodotos" avaient déjà déployé leur activité politique, et le second s'était acquitté d'un sacerdoce délien. Peut-être Callistratos avait-il été prêtre de Sarapis quelque douze ans auparavant 555. Sarapion, probablement fils d'archonte n6 avait obtenu la charge de stratège des hoplites; il devait l'obtenir encore avec l'agonothésie de quatre grandes fêtes"'; et sa fille même est connue comme canéphore et prêtresse'''. Andréas avait été héraut de l'Aréopage 669 ; Aristion, le fils de l'épimélète Socratès, avait été épimélète de l'emporion 560 ; Callimachos, archonte-roi 56t ; Ilipparchos 162, Polycleitos 563 et Quintus 56', archontes. Il n'est pas jusqu'au mérite littéraire qu'on ne puisse revendiquer dans les rangs des épimélètes : Dionysios, fils de Démétrios, était auteur dramatique, et, dans ses vieux jours, il remporte des prix aux concours tragiques et satiriquesJ6J Mais de tous les épimélètes délions le plus célèbre, c'est ce Médeios, fils de Médeios, du Pirée, qui fut dans la même année 97-96 épimélète, délégué à la banque publique de Délos, agonothète des Panathénées et des fêtes déliennes, enfin héraut de l'Aréopage "6. Ce descendant authentique de l'orateur Lycurgue, que l'aristocratie des Eumolpides désigna comme exégètes' et qui fit nommer dans une même solennité son fils déliaste et ses deux filles canéphores et prêtresses 56s avait exercé en 100-99 l'archontat 5°9 et devait plus lard le conserver trois ans de suite J0. L'âge même des épimélètes indique qu'ils occupent un poste élevé. Dracon et Théophrastos avaient certainement atteint la soixantaine : ils avaient l'un et l'autre été proclamés vainqueurs aux Théséia plus de quarante ans auparavant 571. Théodotos jouait, vingt ans auparavant, le rêle de chef de parti. Il y avait un long intervalle entre l'archontat d'Hipparchos et son épimélétat. Tout conspire donc à montrer qu'à l'époque où la riche Délos était la perle de l'empire athénien, il fallait, pour la gouverner, des titres sérieux, et non pas une simple faveur du sort. Si l'on a pu tirer de leur longue obscurité un assez bon nombre d'épimélètes, c'est que leur nom servait, joint à celui des archontes athéniens, à dater les inscriptions déliennes. On a cependant voulu nier que l'épimélétat de l'île fût une magistrature éponyme 572. Il est vrai que, dans les décrets rendus par les clérouques, le seul éponyme c'est l'archonteJ7'. Mais si, dans les actes officiels, qui parfois étaient soumis à la ratification de l'assemblée athénienne, « le peuple des Athéniens habitant Délos » ne se permettait aucune dérogation au formulaire athénien, il n'en allait plus de même dans les actes privés et dans la vie quotidienne. Athènes était loin : le nom de son archonte pouvait être encore familier aux clérouques qui s'etablirent dans l'île en 166 ; il ne pouvait plus dire grand chose à l'esprit de la génération suivante. De là vient que les inscriptions remontant aux premières années de l'occupation athénienne (ce sont, d'ailleurs, des copies de décrets) ne mentionnent pas l'épimélète de l'année a'S. De là vient aussi que, dans les inscriptions EPI 689 EP1 plus récentes, cette population hybride de marchands cosmopolites ait senti le besoin de fixer les dates, non seulement par le nom d'un dignitaire presque inconnu, mais encore par le nom du magistrat que tous avaient continuellement sous les yeux. A Athènes, la république était personnifiée par l'archonte; à Délos, par l'épimélète. Comme la plupart des documents où il s'agit des épimélètes sont de simples dédicaces ou des bases de statues où leur nom ne figure qu'à titre de date, on a peu de détails précis sur leurs attributions. Ce sont des dignitaires très occupés : ils ont un secrétaire'7J. Mais peut-on déterminer leur rôde ? M. Koehler les croit chargés surtout de maintenir l'ordre et de veiller à la rentrée des impôts 576. Les qualités que les décrets honorifiques vantent particulièrement en eux sont « la vertu et la justice » (7lpETŸ)Ç €'vex« zcet Stx«toativrç) 677. On a voulu conclure de là « que ces magistrats jugeaient certaines contestations commerciales 57" ». On leur a même octroyé une compétence universelle et la même tye »ovi« Stxusu-r p(ou qui appartenait dans Athènes aux archontes 579. Tout peut se soutenir quand rien ne peut être affirmé, et ici rien n'est certain, pas même l'existence pure et simple de cette juridiction qu'on cherche à définir. En réalité, « la vertu et la justice » sont de style dans les inscriptions du même genre et de la même époque 580 : ce sont compliments qui ne prouvent rien, à moins qu'ils fassent ériger aussi en président de tribunal le yuuv«at«pxoçJ81. Les seules fonctions que l'insignifiance, plus encore que le petit nombre, des documents actuels permette d'assigner avec certitude aux épimélètes de Délos sont relatives au commerce et aux travaux publics. Un épimélète dédie à Apollon la mesure de froment qui doit d'ordinaire ce sont les agoranomes qui sont chargés de ces offrandes, on peut croire qu'à Délos l'épimélète et les agoranomes ont des attributions connexes. Une statue fut élevée par souscription à Théophrastos, non pas seulement pour rendre hommage à sa vertu, à son Inérite et à sa bienveillance, mais surtout pour célébrer le magistrat qui avait fait construire ou achever l'entrepôt et les quais bordant le port 'N3. Faut-il donc aller, comme on l'a fait, jusqu'à déclarer que l'épimélète de Délos était préposé particulièrement, uniquement, aux affaires commerciales J85? Faut-il affirmer58' que l'épimélète de Délos absorbait toutes les affaires de cette catégorie, au point de rendre superflu et sans raison d'être l'épimélétat de l'emporion ? Exagérations évidentes. Si l'on ne veut pas laisser subsister à côté de l'épimélète délien un autre épimélète aux fonctions plus restreintes et plus spéciales, sous prétexte que Théophrastos s'est occupé des travaux du port, on devra, d'après le même raisonnement, nier l'existence des agoranomes déliens, puisque le fils de Diodotos a consacré le demi-médimne normal de blé en III. leur lieu et place. Or, l'institution des agoranomes ne peut être contestée 5"6 Et il en est bien ainsi de l'épimélétat de l'emporion. Ce rapprochement même qu'on constate continuellement, entre les attributions de l'épimélète et celles des autres fonctionnaires déliens, est une indication qui ne manque pas de valeur. Elle fait soupçonner que l'épimélète de Délos avait la haute main sur toutes les branches de l'administration. En fait, il avait à prendre le plus souvent des mesures destinées à favoriser le commerce; mais il s'occupait de tout. C'est à lui, par exemple, que les ambassadeurs de trois cités crétoises viennent porter leur lettre de créance et demander un emplacement pour l'érection d'une stèle. C'est lui qui a le droit de haute surveillance sur les fonds sacrés, qui autorise les administrateurs du temple d'Apollon àtransformer les objets mis au rebut en une offrande dédiée au nom du peuple'8'. On peut voir en lui le représentant ordinaire de la métropole, un fondé de pouvoirs universel envoyé par Athènes dans sa colonie. Après les terribles massacres de 88, après le sac de Délos par les pirates d'Athénodoros, quand commença pour l'île une décadence rapide, l'importance de l'épimélétat diminua, mais non pas son prestige. Il n'y eut plus de magistrats dans cette vaste solitude de Délos; mais, si l'épimélétat ne fut plus qu'une sinécure vide de puissance, il servit à donner un titre recherché. Les plus grands noms semblent n'avoir point dédaigné ce surcroît d'honneur. Sous le règne de Néron, les inscriptions intitulent épimélète à vie de l'île sacrée de Délos (i ust)f5l'n'v 's ltpâç A4ou Mt (3(ou) un personnage nommé Tiberius Claudius Novius, qui fut en même temps stratège des hoplites au moins huit fois, prêtre à vie d'Apollon Délien, grand prêtre de Zeus Ëleuthérios, de la maison des Augustes, etc., nomothète, agonothète des Grandes Panathénées, etc., enfin épimélète à vie d'Athènes5AB Cependant cette inutile magistrature disparut bientôt 580 Hadrien et Hérode Atticus, accablés de dignités par la reconnaissance athénienne, n'ont pas reçu la charge d'épimélète. 20 Épimélètes étoliens. Au nue siècle, quand la ligue étolienne atteignit l'apogée de sa puissance, elle étendit sa domination sur Delphes. Pour maintenir sous son autorité l'assemblée des Amphictyons, elle ne se contenta pas d'en modifier la composition à son gré et de prendre la présidence des jeux pythiens et des Smrajpt« 590 ; elle délégua dans la cité sainte un épimélète, fonctionnaire religieux et politique, curateur du temple et de la ville Il n'est connu que par une inscription 591 ; mais le texte du décret conservé sur cette inscription, les habitudes de la politique étolienne, souvent hostile à l'indépendance locale, suffisent à montrer l'importance de sa mission. On choisit, semble-t-il, un homme préparé à ce rôle par 87 EPI 690 EPI son passé : l'épimélète Aristarchos connaissait la ville qu'on l'envoyait gouverner, puisqu'il avait déjà témoigné aux Delphiens « sa continuelle bienveillance » 692 L'épïmé lète a occasion d'intervenir dans la vie quotidienne des citoyens 502, et sa conduite peut avoir pour effet de resserrer les liens qui les unissent au pouvoir central". Il fallait i, piété et activite bienfaisante'" pour administrer le sanctuaire on la Pythie rendait des oracles toujours dictés par un maître, et pour attacher aux Étoliens une ville qui leur permettait de « transformer leurs affaires politiques en affaires religieuses sas „ 3nEpiatdlêtesspartiates (6hu Àzr1ç'A~ux)ôrv,Koptove(aç). Dans des inscriptions, qui toutes sont de la période romaine, il est question d'un épimélète d'Amyclées 5°' et d'un épimélète de Coronée698. Il faut sans doute tes considérer comme des représentants de Sparte délégués dans les villes de son territoire "9. On ne sait rien sur leurs attributions. H semble cependant que l'épimélète d'Amyclées ait eu à s'occuper spécialement des étrangers établis dans cette ville. Toujours est-il qu'un épimélète fut honoré d'une dédicace par la colonie étrangère d'Amyclées. épimélètes de tribu ont dû être créés dans Athènes"' à l'époque de Clisthènes. Leur existence est prouvée par des actes officiels depuis le v° siècle"' ; mais on peut admettre qu'elle date du vie. Quand les quatre tribus ioniennes furent réduites à n'être plus que des groupes religieux, les quatre rpu)oôaoti.eîç continuèrent de les diriger, vrais chefs de cultes particuliers802. Dans les tribus nouvelles, qui devaient être, en même temps que des groupes religieux, des circonscriptions civiles et politiques, il fallait, à côté des prêtres qui s'installèrent dans les sanctuaires des héros éponymes 6", des administrateurs chargés de représenter la communauté et de soutenir ses intérêts : ce furent les épirnélètes. En l'état fragmentaire oiz nos documents nous sont parvenus, ils ne nous font connaître explicitement les épimélètes que dans quatre ou cinq tribus. Actuellement on voit paraître dans cinq inscriptions et dans un discours de Démosthène 60'• les épimélètes de la tribu Pandionide ; dans trois inscriptions 603, ceux de 1'rechthéide ; dans une606 ceux de l'Hippothontide; dans une 6°7, ceux de la Cécropide. Peut-être aussi le discours contre Théocrines nous parle-t-il d'un épimélète de la tribu Léontide 608. Mais, si l'épimélétat de la tribu a del précéder de cent ans le premier texte qui nous en parle, pour les mêmes raisons, par suite de la même nécessité, l'institution a dû être commune aux dix tribus609 Dans tous les actes où ils figurent, les zactu.lt-lTal ¢rs 'tu),' ç sont toujours cités au pluriel. Ils forment donc un collège, un collège de trois magistrats, croient pouvoir affirmer M. Koehler6S0 et M. Dittenbergerst'. Ils se fondent sur un décret qui enjoint aux épimélètes en charge de fournir des fonds à trois personnages nommés. On peut, en effet, considérer ces trois personnages comme étant les épimélètes sortis de charge. Un autre décret E12 nomme explicitement trois épimélètes, tous du même dème. Cependant, tout ce qu'il est prudent d'affirmer, c'est qu'il y a trois épimélètes dans la tribu Pandionide et dans la tribu Cécropide. Il serait téméraire d'étendre cette conclusion aux autres tribus 613. Rien ne prouve que, dans les détails, l'organisation de toutes les tribus soit identique. L'épimélétat de tribu est une magistrature permanente et annuelle : ceux qui en sont investis sont appelés oi Sur les attributions des épimélètes nos documents fournissent des renseignements assez instructifs. Ces magistrats y apparaissent comme les agents supérieurs de la tribu. Ils convoquent les assemblées particulières des 1u)État 616 et c'est un principe constant dans le'droit public d'Athènes, que les assemblées sont présidées par le même fonctionnaire ou le même collège qui les a convoquées. Quand il s'agit de délibérer sur les affaires intérieures de la circonscription, les épimélètes peuventils convoquer des assemblées extraordinaires de leur propre initiative? Ce qui semble certain, c'est qu'ils exerèent le droit d'initiative sur la demande de l'archonte, quand il faut assigner des liturgies à des citoyens de la tribu 111 et sur l'ordre du peuple, quand il faut prendre des mesures pour qu'un homme de la tribu fournisse sa contribution à certains travaux urgents°17 Ce sont aussi les épirnélètes que la tribu charge d'exécuter ses décisions. A eux de se mettre en rapport avec l'archonte pour lui désigner et présenter le chorège porté par la tribu 618 (cuoarui's . A eux de faire graver les décrets rendus et de faire ériger dans le sanctuaire du 1 'P1 -691 EP1 hert . éponyme les stèles qui porteront ces inscriptions" A eux de subvenir aux dépenses qu'occasionnent les sacrifices offerts au nom de la communauté". On peut donc admettre que, d'une façon générale, ils ont a ordonnancer les payements autorisés par voie de décret. Mais leur principale occupation semble consister dans la gestion et la surveillance des biens appartenant à la tribu. Peut-être qu'ils les mettent en adjudication, passent les contrats avec les fermiers, agréent les cautions fournies. En tout cas, ils tiennent la main à la stricte exécution des conditions imposées aux preneurs s 5 Conjointement avec le trésorier ou Tct;z(s de la tribu, ils perçoivent la rente (pi n8oint due par les fermiers ou par leurs répondant. Dans une des dix tribus au moins, ils touchent cette rente par tiers à trois échéances fixes., au commencement de l'année civile, au mois de gamelion et au mois de ttiargélion -, Si les sommes dues ne sont, pas régulièrement versées entre leurs mains, ils ont ordre, toujours avec le concours du ¢spin;, d'opérer une saisie 6u3 véritables intendants du domaine, ils sérifientsn si les lots affermés sont exploités conformément aux conventions intervenues. c'est-à-dire mis en culture, et non couverts de bâtiments'', et si les marques ou inscriptions hypothécaires (o`pot) qui consacrent la propriété du dieu éponyme sont à leur place authentique Au milieu du Ive siècle 927, la tribu f rechtlieide prescrivit à ses épiméiétes d'entreprendre dorénavant deux fois l'an une tournée générale, pour constater l'était des lieus_. Telles sont les fonctions ordinaires des inp eo)cp aé 'r Par exception, ils ont charge de compléter, sur une stèle 'rpprop -iee à cet usage, la liste des eunére..t honorés lu. prix de la chorégie '8, de couvrir de leur protection et de or: mine contre toute injure la fille épicière d'un biens ,de, tu de la tribu Gis Malgré cette multiplicité d'attributions, les représentants officiels de la tribu n'ont pas dé jouir d'une grande indépendance, Leur gestion semble contrôlée de très prés. Ils ne pouvaient point, de leur propre initiative, subvenir aux h ans des personnes mêmes qui leur avaient été reine ,n..rs déee par un décret, Le cas échéant, ils devais leur rapport et demander avis à la n t„opi°ar, Quand on les requérait de pourvoir ; frais d'une gravure ou d'un sacrifice, tantôt on. leur f'. ,,t un maximum." tantôt on. leur ouvrait bien un crédit illimité, mais sous réserves formelles, eu r-péciliant qu'ils auraient à présenter leurs comptes à leur tribu133, Ces comptes devaient comprendre, outre les ella.p lit., des recettes et des dépenses, un état détaillé des biens appa tenant à la communauté ; car les membres de le tribu voulaient 'être tenus au courant des constatations faites par les épuneliètes pendant leurs inspections :tecement hypothéqué aux Céeeopides Corp. (iriser, nit t. ut no 11136 bisannuelles6''. La comptabilité des épiméiètes étant-elle vérifiée lis' temps n temps pendant la durée le leur charge, dans ces ârrip4i qui avaient un ordre du jour, asse-r, charges pour qu'elles eussent à se réunir fréquemment'? Ott bien ne passait-elle sous tes yeux des citoyens qu'au moment où tes magistrats sortaient de charge'? Question que nos documents laissent sans réponse, Du moins, on peut affirmer que les épiméiétes étaient tenus à cette reddition des comptes que les instituhons athéniennes imposaient à tout fonctionnaire, Pour eux surtout ce n'émit pas une simple formalité. Leur responsabilité était réelle, et d'autant plus grande qu'ils avaient plus d'occasions de l'engager. On livrait, semble-t-il, de rades assauts à leur probité, dans le camp des débiteurs récalcitrants et des fermiers prêts à confondre leur bien avec le bien commun. La qualité qu'un décret honorifique prise le plus dans un personnage qui a sîirement exercé quelque fonction dans sa tribu, c'est une intégrité capable de résister à tous: les présent;'° . L'exemple de 'l'héocrines montre ià. la fois que ceux.. qui maniaient les fond;, de l'éponyme pouvaient être tentés de couamettre des détournements et qu'ils étaient soumis à un contrôle sérieux. '1lteacrines avait soustrait sept cents drachmes; mais la tribu s'en aperçut iv rtOevaic t obtint gain di' cause contre lui en justice Quand, au contraire, lies épiméiétes s'étaient acquittés de leurs fonctions à la satisfaction di'nérale, leur suprême récolapense parait avoir été une couronne (fig. D394) et le prbvie lège d'offrir un sacrifice ait non: de la tribu60Y.. EPI 692 EPI 2° Epimélêtai tôn symmoriôn (ai É-LUenrTal Twv auuuoptisv). Ces groupes de contribuables qu'on appelait à Athènes des SYMMORIAI avaient leur administration spéciale et leurs chefs. Parmi ces dignitaires il faut compter les épimélètes. Existaient-ils à la fois dans les symmories organisées pour le payement de l'impôt extraordinaire nommé tusplioRA et dans les vingt symmories chargées alternativement du service maritime ou triérarchie? C'est l'opinion de Boeckh GJB. Mais aucune preuve n'est venue la confirmer. Les seuls épimélètes des symmories mentionnés par le seul document qui jusqu'à présent cite le nom de cette magistrature 63J, ce sont les hommes d'affaires placés à la tête des symmories triérarchiques. Chaque symmorie, ayant un seul -;Iyeutliv6'i0, avait vraisemblablement aussi un seul épimélète G41. Un président et un administrateur, cela devait suffire à un groupe de soixante personnes. L'administrateur était choisi probablement, comme le président l'était sêrement, parmi les plus riches 642. L'épimélète pouvait être en même temps triérarque 643 La loi de Périandros, qui avait organisé en 357 le système des symmories, rendait chaque groupe collectivement responsable pour une partie du matériel sorti des arsenaux". On peut croire que l'épimélète représentait sa symmorie au moment de la prise en charge. Peu après la loi de Périandros, le décret de Chairédémos assignait à chaque épimélète de symmorie une part proportionnelle des recouvrements à opérer sur les personnes qui devaient des agrès àl'État6i0. Enfin, de même que l'archonte chargeait les épimélètes des tribus de lui fournir les chorèges exigibles, de même les stratèges s'entendaient, à ce qu'il semble, avec les vingt épimélètes des symmories pour la désignation des triérarques. Il est vrai que l'inscription qui donne ce renseignement"' ne parle pas formellement des épimélètes : elle dit seulement les Vingt (ot amen v), et M. Koehler, qui a découvert ce document, croit qu'il s'agit des vingt iiyEuôvEç Tiïv auuuoptâiv 657. Mais M. Gilbert 848, avec plus de raison, identifie 3° L'pimélêtai tés phratries, tou genous (ot rtmu)~Taé Tlç ppa'rpixç, Toû yuans). Dans un grand nombre de cités helléniques, les PIIRATRIAI et les yévrl, groupes inférieurs compris dans la tribu, durent avoir à leur tête des épimélètes. On sait, du moins, qu'il en était ainsi à Chio et à Athènes. A Chio, on a retrouvé une inscription où les Klytides, après avoir réglé dans le détail d'importantes affaires de culte, chargent leurs épimélètes de faire gra ver sur une stèle de pierre le procès-verbal des décisions arrêtées 649. A Athènes, dans ces registres du centième qui sont de vrais, registres de ventes immobilières 650, on d'autres encore 662, qui représentent des communautés jouissant de la personnalité civile et aliènent au nom de leurs commettants des biens fonciers. Ces épimélètes de phratrie ou de yévoç font transition entre ceux de circonscriptions civiles et politiques comme les tribus ou les symmories, et ceux de sociétés libres et purement civiles ou purement religieuses, comme les sociétés de commerçants ou les sociétés d'orgéons, les thiases et les éranes. B. Dans les sociétés privées. 1° Epimélétai tôn ergazornenôn (ot' É7tt[J.m)i7iTai Tôiv spyaouévotv). Les épimélètes des corporations de marchands ne sont connus que par une dédicace 653. On y voit qu'une de ces sociétés votait, en assemblée générale, des couronnes aux trésoriers, aux secrétaires et aux épimélètes, pour reconnaître leurs bons services. 2° Epimélêtai tôn orgeônôn, tou thiasou, tou eranou seuls oRGÉôlNEs dont on puisse aujourd'hui parler en connaissance de cause sont ceux de la Mère des Dieux, établis au Pirée. M. Foucart, qui a étudié l'organisation de cette société, a passé en revue ses dignitaires, entre autres ses épimélètes 654. Ils étaient au nombre de trois, d'après une liste qui figure à la fin d'un décret 656. Avec les sacrificateurs, ils convoquaient les membres de la société à l'assemblée qui se tenait le deuxième jour de chaque mois pour délibérer sur les intérêts communs 656. Ils étaient chargés, seuls 627 ou avec le concours du trésorier (Tauiaç)658, de faire graver certains décrets, les décrets honorifiques, à ce qu'il semble 609, et d'exposer la stèle dans le sanctuaire. Ils étaient chargés de couronner de feuillage les prêtresses à qui la société accordait cette récompense et de la faire proclamer, un an durant, à chaque sacrifice'''. Enfin, ils étaient chargés de faire inscrire sur une stèle spéciale les noms des orgéons condamnés à une amende ou exclus de la participation aux affaires communes 661 Peut-être représentaient-ils la société quand il fallait passer un contrat d'achat ou de vente'''. Ils étaient entraînés à mettre leur fortune personnelle au service de la société 663 On retrouve l'épimélétat dans plusieurs thiases ou ÉRAnoI. « C'était une charge régulière et permanente, mais dont les attributions un peu vagues se confondaient avec celles d'autres magistrats 664. „ Le thiase des Sérapiastes n'avait qu'un épimélète os5. On le voit cité, conjointement avec le trésorier et le secrétaire, mais seulement après ces deux magistrats : on peut donc croire que sa fonction avait quelque analogie avec la leur, mais était moins considérée 66s Le thiase des Sabaziastes n'avait également qu'un épimélète, qui pouvait cumuler avec cette charge la trésorerie et le secrétariat G67. Dans le thiase de la déesse Bondis paraissent, encore après le trésorier, deux ou trois dignitaires qui portent isolément le nom d'î aE)dlTŸlq et, réunis en collège avec le trésorier luimême, celui de auvE77tN.)■EATui 6G8 : ils veillaient à la célébration des sacrifices. Dans le thiase d'Aphrodite Syrienne au Pirée, l'épimélète s'appelait, à la fin du Ive siècle, occupations que lui imposait la confiance de la société, il lui arrivait de faire davantage par pur dévouement, par exemple, de mener solennellement la procession aux fêtes d'Adonis''' En somme, on peut présumer que, dans la hiérarchie administrative des associations religieuses, les épimélètes occupaient un rang subordonné. Ils se tenaient sans doute au second plan, derrière le prêtre ou la prêtresse, voire derrière le trésorier, pas avant le secrétaire. Mais il est impossible de déterminer nettement leur rôle, d'autant plus que leurs attributions variaient peut-être d'une société à l'autre, comme leur nombre671 Il est cependant certaines règles qu'on retrouve dans tous les statuts d'orgéons, de thiasotes ou d'éranistes, et qui s'appliquent aux épimélètes aussi bien qu'aux autres magistrats. Ils sont nommés par élection pour un an. Comme les sociétaires peuvent être métèques, étrangers ou esclaves 672 on n'exige pas non plus des dignitaires la qualité de citoyens : de même qu'on trouve mentionnés un secrétaire d'origine servile 673 et de nombreux magistrats d'origine étrangère G'', on voit l'épimélétat d'un thiase donné à un métèque fabricant de cuirasses G'".Les épimélètes doivent prêter serment, à leur entrée en charge G76. Les restrictions qui limitent les pouvoirs de toutes les magistratures dans les associations religieuses font aussi que les épimélètes restent à tout moment « sous la surveillance et l'autorité de l'assemblée, c'està-dire de la société tout entière G77 ». Rien n'est abandonné à leur initiative : ce sont des agents d'exécution. Ils ont à rendre des comptes 678. Non seulement une irrégularité dans le maniement des fonds les fait tomber sous le coup de poursuites judiciaires"; mais la moindre violation des statuts ou décrets, l'oubli d'une formalité prescrite les expose à des amendes''' Par contre, si leur administration a satisfait aux exigences de la société, surtout s'ils ont dépensé de fortes sommes de leur propre fortune, ils sont récompensés par des décrets honorifiques dont la pompe égale la prolixité et qui leur décernent l'éloge public, la couronne de feuillage 6', la proclamation de la couronne après les sacrifices 682, l'érection d'une stèle commémorative 685. Quand ils ont rendu des services exceptionnels, ils reçoivent, par exception, une certaine somme prise sur la caisse commune, mais qu'ils emploient à l'acquisition d'une offrande sacrée'''. 3° Epimélétês tôn péri ton Dionyson technitôn (1 iivtN.E sociations religieuses, la corporation des artistes dionysiaques [DIONYSIACI ARTIFICES] avait un épimélète. Il en était ainsi du moins en Attique pendant le ler siècle avant Jésus-Christ; car à Téos, à Argos, dans d'autres villes où existaient les mêmes confréries d'acteurs, les fonctions de l'épimélétat étaient réparties entre le prêtre, l'agonothète et le trésorier "as. La corporation élisait l'épimélète pour un an, d'hécatombéon à skirophorion sas mais pouvait renouveler ses pouvoirs plusieurs fois de suite. Le seul document qui nous renseigne sur la charge en question 6"7 est un décret rendu en l'honneur d'un certain Philémon, qui fut épimélète durant quatre années 688. La principale fonction de cet épimélète consistait dans l'administration du trésor social. Il recherchait des sources de revenus 689. II payait pour les fêtes établies par le vote des ancêtres, pour les sacrifices, libations, aspersions et péans en l'honneur de Déméter et de Coré'', pour les travaux ordonnés par l'assemblée générale f91. Comme les recettes suffisaient difficilement aux dépenses, on ne lui refusait point la noble satisfaction de verser une partie de son bien dans la caisse commune : on ne mettait aucune limite à sa bonne volonté et à ses largesses. Les artistes dionysiaques savaient ce qu'ils faisaient, quand ils « forcèrent » Philémon à garder l'épimélétat une quatrième fois. C'était un homme généreux, et la malheureuse société avait grand besoin qu'on lui vînt en aide dans ces temps de misère qui suivirent la prise d'Athènes par Sylla. Philémon avait déjà fait décider par la corporation qu'on augmenterait la solennité des sacrifices et autres hommages aux dieux et aux bienfaiteurs, qu'on offrirait victimes et libations à Déméter et à Coré pendant les mystères, qu'on procéderait à la construction d'un autel spécial et à l'aménagement d'un sanctuaire à Éleusis. Quand les calamités publiques eurent suspendu toutes ces cérémonies pendant plusieurs années et ruiné l'autel avec le sanctuaire, Philémon, épimélète pour la troisième fois, « restitua les sacrifices traditionnels offerts aux déesses et fut le premier qui sacrifiât à Éleusis en l'honneur de Déméter et de Coré ; il se chargea EN -694 de toutes tes dépenses, y compris la chorégie ; il reçut la corporation à ses frais eg2. » Enfin, s'il rétablit le sanctuaire ruiné sur les fonds communs, c'est lui du moins qui, « dans sa piété envers les déesses et son inaltérable bienveillance envers les artistes 7, sut trouver les ressources nécessaires, et fit les frais de l'autel reconstruit'. Pendant son quatrième épimefétat, il recommença la série de ses libéralités même empressement à accepter la chorégie ; même hospitalité splendide offerte pendant deux jours à toute la confrérie". On comprend qu'un pareil administrateur laissât, en sortant de charge, la caisse considérablement accrue a96. Il était bien plus un protecteur pour la compagnie qu'un trésorier. G. GLOTZ,