Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EPINIKIA

EPINtRIA. -Ce neutre pluriel de l'adjectif i7ctvixloç, pris substantivement, a eu, chez les auteurs anciens, des acceptions variées. D'une manière générale, il désigne tout ce qui est relatif à la victoire, aussi bien dans l'ordre militaire que dans celui des luttes gymniques, hippiques ou littéraires. On le trouve employé au sens de ve•..r,Tzipta' pour désigner les distinctions et les récompenses accordées soit à des soldats qui se sont bien conduits dans la bataille, soit aux vainqueurs dans les jeux solennels. 11 a pu être appliqué parfois aux médailles frappées en souvenir d'une victoire 2, aux chants qui la célèbrent (suppl. dia-p.a.= et aux fêtes qui en sont la suite (suppl. laps); ces deux derniers emplois sont les plus fréquents. Les épinikia, fêtes consacrant une victoire, étaient en usage surtout après les succès obtenus dans les jeux à Olympie, à Delphes, etc.' Elles EPI 696 EPI supposaient un sacrifice suivi d'un repas et l'offrande ou d'un trépied ou de tout autre trophée à la divinité protectrice. Démosthène parle d'un certain Chabrias qui, ayant remporté le prix aux grandes Pythiques dans la course des quadriges, fête ce succès par des épinikia, de concert avec ses amis. Il y a foule chez Agathon le jour où il célèbre de même son premier triomphe dramatique en la compagnie de ses choreutes. L'épisode capital était le repas organisé ou par le vainqueur lui-même ou par ses amis en son honneur'. Dans les catalogues agonistiques sont cités des poètes dramatiques ou lyriques qui ont obtenu des épinikias. Les chants qui portent ce même nom remontent au moins jusqu'à Simonide qui leur fut redevable de la meilleure part de sa renommée A l'origine, quand un athlète ou un poète avaient obtenu le prix, ses amis entonnaient un hymne d'Archiloque dont le héros était Héraklès'. Avec Simonide commencent des chants spécialement composés en l'honneur du vainqueur ; mais on y retrouvait la digression (lmpéxôa6tç) s'adressant à Héraklès ou aux Dioscures 8. Au temps de la guerre du Péloponnèse ces chants de victoire par Simonide comptaient encore parmi les plus populaires à Athènes 9. Sans parler de Pindare dont les épinikia ont effacé tous les autres, bien des poètes s'essayèrent dans ce genre. Plutarque nous a conservé un fragment de l'hymne que Euripide composa en l'honneur d'Alcibiade, après ses succès aux jeux Olympiques f0. L'usage des festins et des chants persista bien avant dans le monde antique. Suétone nous montre Néron qui, d'abord troublé par le soulèvement des soldats de Galba, songe à les ramener et se promet de chanter avec eux les épinikia qu'il va composer exprès ". Le dialogue de Lucien intitulé Charidème est prononcé dans un magnifique banquet qui a lieu au Pirée chez un auteur dont le livre a obtenu un triomphe aux Diasies et qui en reconnaissance, a fait le sacrifice des épinikia à Hermès 12, Le mot est souvent pris métaphoriquement pour désigner les conséquences ou le fruit de la victoire en général f3. J.-A. HILD.