Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EPIORKIA

EPIORRIA ('Einopx(a). Proprement le parjure, le fait de se parjurer. Le mot n'a pas eu primitivement cette signification, au moins dans la langue attique, et Lysias, citant une loi de Solon où se trouvent les mots iatopxyjtrxvca Tin+ 'A7rdXÀi», donne de ce verbe l'explication suivante : i7rtopx4iaccvrà bµdtrat icr(t. Mais, au temps de Lysias, le mot avait perdu ce sens et ne signifiait plus que parjure. On sait l'importance que les Grecs attachaient au serment'. Se parjurer, c'était non seulement tromper la foi publique ou privée, mais surtout manquer aux dieux, témoins et garants du sermen t a. Tout serment se terminait ordinairement par une formule plus ou moins détaillée que nous font connaître nombre d'inscriptions. La plus simple est celle-ci : enopxéovrt µév ;lot juav itoaaâ xai Oè, i9opx€ovrt Sl :â ivav'rlx'. On devine tous les développements dont cette formule était susceptible, et quelle suite de malédictions on pouvait appeler sur le parjure, sur les siens, sur ses terres, sur ses arbres! C'est dans les serments crétois que cette formule est le plus menaçante et le plus effrayante 0 : menaces vaines, si les Crétois méritaient vraiment leur vieille réputation de menteurs6j Si terribles que soient les conséquences du parjure, le parjure n'est pourtant pas un délit. Il n'y a pas d'action donnée contre celui qui se rend coupable de cette faute'. La peine qui l'atteint est une peine purement morale en quelque sorte : « S'il est convaincu de n'avoir pas dit la vérité, dit Démosthène, il emporte avec lui son parjure dont tous ses enfants et toute sa postérité éprouveront les suites terribles»). La même expression revient dans une autre harangue : « Prenez garde, dit Dérnosthène aux juges, de ne rapporter chez vous que le courroux des dieux et un parjure»). Le parjure est, en effet, une faute irréparable, qu'on rapporte à son foyer, avec laquelle on vit, et soi et les siens, et qui retombe sur sa postérité. Les Crétois n'étaient pas les seuls à ne pas redouter les dieux. Tous les Grecs passaient pour violer leurs serments avec la même aisance : Théognis 90 leur adressait déjà ce reproche, que tant d'auteurs ont renouvelé dans la suite, et que Polybe" et Cicéron 12 devaient reprendre avec tant de force. Pour avoir un recours contre un parjure (ia(opxoç), il III. fallait que la violation du serment se traduisît par quelque acte pouvant donner lieu à une action. Si, par exemple, un témoin avait prêté serment et n'avait pas dit la vérité ts, on avait contre lui la t' PSEUDOMARTYRION DIKÈ. Si dans une convention conclue entre deux cités et garantie par des serments, quelqu'un des contractants avait violé la convention et par là même son serment, la partie lésée pouvait le traduire en justice''. Mais jamais l'action n'était donnée pour violation de serment : la violation du serment était un thème à déclamations et rien de plus. B. HAUSSOULLtER. EPIRRDEDIUM [BHEDA].