EPISTATES ('Entir'srç). --Le sens de la proposition tri donne à ce terme deux significations différentes que nous examinerons successivement.
1. Dans l'acception la plus ordinaire du mot, éxi ale sens de sur, au figurés, et l'en peut rendre épistale par président, prépose, surveillant et intendant (Cf. ô ixi rtp loieptx((i, ou rsô Oampixnô ou r0 Oerapu;ôv, b ltd r71 Ôt Ot x'%;6pt(.
Comme titre servant à désigner des fonctionnaires, le ternie épistate a, lorsqu'il n'est,pas suivi d'un complément, un sens tout indéterminé. Suidas', avec Harpocration 2, explique « celui qui est préposé à une charge publique quelconque ». II parait avoir été employé pour désigner surtout les fonctions qui ne sont pas des magistratures régulières et responsables ; c'est ce qui paraît ressortir du moins d'un passage de la .Politique d'Aristote3 : éart SÈ aûôs rr,üro Stopiacet (Sâôwv, sr-0ixç xaAaiv âp,râç• ico)A()v yâp èntarruTwv .~ ro), rtxl7 xotvowia ôeirat. On trouve en tous cas ce terme d'une signification si générale appliqué, à Athènes et dans d'autres villes de la 'Grèce antique, à des officiers publics revêtus de charges très différentes. C'était, employé avec un complément qui précisait la fonction , un terme commode pour désigner les fonctionnaires de toutes sortes qui n'a
L'inscription est du u° siecte av. '2.-C. Cf. W. Bottermund, De republica Rhodioruvn ooramentatio, Halle, 8882, Diss. inaug. p. 40. Il n'est pas parlé des €nioaono, dans la dissertation de K. Schumacher, De republica Rhodiorurn esementatio, Heidel
vaient pas de titre ancien et consacré par la tradition. Nous allons donc étudier, l'une après l'autre, les différentes espèces d'épistates.
Athènes'. On sait que le Conseil [BouLÈ] se divisait en dix bureaux de cinquante prytanes chacun, qui siégeaient en permanence à tour de rôle pendant une période de trente-cinq ou trente-six jours. A côté de l'administration des affaires courantes, les prytanes préparaient les séances du Conseil et de l'assemblée, et les convoquaient qui devaient y être discutées (7rpdypauu0f)'. En un mot, ils avaient en main pour plus d'un mois la direction de toutes les délibérations publiques. On a reconnu de plus en plus l'importance capitale de ce comité, qui avait en main, pour ainsi dire, tous les fils de la vie politique et d'où émanaient la plupart des propositions votées par le Conseil et le peuple°. Or chaque jour le sort tirait du sein de ce collège un président, qui restait en charge seulement pendant un jour et une nuit. Ce haut fonctionnaire, qui paraît s'être appelé autrefois i 7rpilTavtç 7, est désigné habituellement sous le titre d'épi
tout court. Comme on ne pouvait être deux fois épistate, trente-cinq ou trente-six des cinquante prytanes revêtaient à leur tour ces fonctions.
Quand le mot épistate était employé seul, on entendait toujours à Athènes, du moins au ve siècle, celui des prytanes. C'est l'épistate par excellence ; il est le mandataire suprême du pouvoir de l'assemblée du peuple. Ecclésia. Boulé, prytanes, épistate, tels sont à Athènes les rouages au moyen desquels s'exerce la souveraineté populaire. L'épistate des prytanes est en quelque sorte le représentant du peuple et le chef de l'État'.
Ses attributions marquent bien ce caractère. Il avait la garde du sceau de l'État (Spi soa(a agpay(c), les clefs des archives publiques conservées au Metrôon, et de celles du Trésor public, qui était enfermé dans l'opisthodome du Parthénon 9. Cette dernière fonction entre autres indiquait le contrôle des finances qui appartenait au Conseil.
Quant au pouvoir réel de l'épistate des prytanes, il est assez difficile à fixer. En effet, nous ne sommes guère en état de déterminer exactement ses charges et ses droits au sein du collège des prytanes. Aristote, dans sa Constitution d'Athènes f0, nous apprend que l'épistate devait pendant toute la durée de ses fonctions demeurer dans la tholos ou local des prytanes, et avec lui le tiers
de ses collègues qu'il désignait. Il est probable que c'était lui encore qui tirait au sort son successeur. Mais le rôle de l'épistate prenait surtout une grande importance, lorsque les prytanes convoquaient le Conseil, ou' surtout, ce qui arrivait quatre fois par prytanie, l'assemblée du peuple. C'était lui en effet qui présidait les délibérations de ces assemblées (É7rlaréT61ç f Tbl i ,pal, =_v Taiç ixx)Yla(atç) 11. Cependant ici encore nous avons quelque peine à distinguer la compétence particulière de l'épistate de l'action collective des prytanes, qui formaient en quelque sorté le bureau de l'assemblée. Ainsi le droit d'ouvrir et de lever la séance, la charge de maintenir l'ordre, de dénombrer les voix, paraissent avoir été exercés en commun par les prytanes, qui se servaient pour cela du ministère du héraut et de l'aide des archers (ToçdTat) ". L'épistate, lui, mettait aux voix
propre responsabilité le droit et dans certains cas le devoir de se refuser à mettre une question aux voix', même contre l'avis des prytanes. Socrate, présidant, en 406, l'assemblée du peuple, usa de ce droit malgré les cris et les menaces d'une assemblée surexcitée et alors que les prytanes effrayés cédaient au peuple ".
Le nom de l'épistate qui l'avait présidée servait à désigner, dans l'intitulé des décrets athéniens, l'assemblée par laquelle ils avaient été votés 1G. Peut-être cette responsabilité de l'épistate, dont nous venons de parler, contribua-t-elle aussi à faire placer son nom à côté de celui du citoyen qui avait fait la proposition votée et qui restait toujours en premier lieu responsable f7. On connaît la formule qui se trouve, à partir du milieu du v° siècle en tête des décrets athéniens : "L'So;E T7) (iounil xa'Tol Ulm); telle phylè Éitpu'r vtuE, un tel Éypa(t.(céTEUE, nn tel irrE
Les institutions que nous avons décrites furent modifiées au commencement du Ive siècle, sans doute dans le but d'affaiblir cette autorité trop grande des prytanes et de leur épistate. Chez les orateurs du Ive siècle 10, dans 1"A0.1va(oly 7ro),tTEia d'Aristote?) et chez les lexicographes qui ont pour la plupart copié ce traité", nous rencontrons une nouvelle constitution. L'épistate des prytanes ne préside plus le Sénat et l'assemblée ; toutes les fois que les prytanes réunissent le Conseil ou le peuple, son rôle se réduit à tirer au sort neuf proèdres, un dans chaque tribu excepté celle qui a la prytanie et, parmi ces neuf, de nouveau un président ou épistate des
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proèdres (ÉdttarUT2;ç Tmv rpoéèplnv). Il remet à ce dernier l'ordre du jour (xcpôypxµya) arrêté par les prytanes et que le chef du nouveau collège aura à faire exécuter avec l'assistance de ses collègues.
L'épistate des proèdres, en effet, paraît avoir eu dans la présidence des assemblées un rôle moins prépondérant sur ses collègues qu'autrefois l'épistate des prytanes. Il n'agit que d'accord avec eux et en leur nom. Cela se comprend : le nouveau comité était beaucoup moins nombreux que celui des prytanes, et pouvait plus facilement diriger en commun les délibérations ; du moins les orateurs ne parlent-ils que rarement de l'épistate en particulier", et Aristote, en indiquant les attributions des proèdres, ne cite pas d'action réservée à leur épistate. Toutefois c'était lui qui mettait aux voix". Mais si un projet de loi était déposé au cours de la séance, le collège entier votait sur la proposition et pouvait refuser d'en donner lecture au peuple 2:.
Pour l'épistate des proèdres comme pour celui des prytanes, les inscriptions viennent confirmer et préciser les renseignements des auteurs2J. Elles nous aident surtout à déterminer plus exactement l'époque à laquelle les anciennes institutions furent changées. En effet, encore dans deux décrets de l'archontat d'Euclide 403-2 26, le démotique ajouté au nom des épistates nous montre que ceux-ci appartenaient bien à la puMi apuT«vuloua«, étaient par conséquent épistates des prytanes. Au contraire, dans une inscription de l'année 378-7", l'épistate qui préside est de la Kélcropide, tandis que c'était l'Hippothontide qui avait alors la prytanie. C'est donc entre 402 et 378 que la réforme eut lieu. On ne peut, avec les documents que nous possédons actuellement, fixer une date plus précise.
Sur un décret qui appartient également à l'année 378-728 apparaît pour la première fois à la place de
l'ancien 6 6Ewa É22ECUT'et la formule nouvelle 'c6iv 7tpoé6p.1v Ereni:FnE b ôaivci. Cependant l'ancienne formule est employée encore, concurremment avec la nouvelle, jusqu'en 347-6 n. M. Hartel croit avoir remarqué qu'on la conserve de préférence dans les décrets plus solennels, en particulier dans les traités conclus avec d'autres cités 30. Dès 319-8 on ajoute régulièrement les mots xai 01 auN.rcp6Epot31 ; l'énumération des proèdres suit quelquefois 32 Ces faits montrent bien la part que prenait le bureau entier à la direction de l'assemblée.
Mentionnons encore en passant ce fait que deux décrets de la huitième prytanie de l'année 347-633 portent le même épistate, Théophilos d'Halimonte. Il faut en conclure qu'ils ont été rendus dans la même assemblée: Aristote nous apprend, en effet, qu'on ne pouvait être épistate des proèdres plus d'une fois dans une année".
Il y avait donc àAthènes, depuis le commencement du Ive siècle, deux épistates revêtus de fonctions différentes.
Une très curieuse inscription de l'année 352, trouvée à Éleusis et publiée par M. Foucart 35, nous montre la part que prennent ces deux fonctionnaires à un acte assez singulier, et nous fait bien voir la compétence de chacun d'eux. Il s'agit de consulter l'oracle de Delphes ; sur deux tablettes d'étain des questions contraires ont été gravées par les soins du secrétaire du Conseil. Ce qui suit se passe devant l'assemblée. L'épistate des proèdres, en sa qualité de président, roule sous les yeux de tous les deux tablettes sur elles-mêmes et les dépose dans une urne d'airain. Les prytanes, qui ont pour office de tout préparer pour les séances, l'ont fournie. L'épistate secoue ensuite l'urne d'airain, tire les tablettes l'une après l'autre et met la première dans une urne d'or, la seconde dans une urne d'argent. C'est alors qu'intervient l'épistate des prytanes ; il scelle les deux urnes avec le sceau de l'État. On voit donc que les attributions de ce dernier fonctionnaire n'ont point varié; il n'a cédé à l'épistate des proèdres que ce qui regarde la présidence de l'assemblée. Et dans sa Constitution d'Athènes, écrite pendant les années 3244-3 3G, et qui décrit les institutions contemporaines, Aristote définit bien ainsi les fonctions des deux épistates. Ce serait donc, en tous cas, après cette date qu'aurait eu lieu la transformation dont M. Kochler" a cru retrouver les traces dans une inscription de l'année 306-5". Suivant lui presque toutes les fonctions et jusqu'au titre du président des prytanes avaient à cette époque passé à l'épistate des proèdres. M. Dittenberger a montré que c'était là probablement une erreur39. C'est bien l'ancien épistate des prytanes qui est nommé dans ces comptes des trésoriers d'Athèna, à cause précisément du contrôle qu'il exerçait sur les finances.
Il est plus difficile de savoir ce qu'il faut penser d'un renseignement de Suidas 40. L'épistate des proèdres, dit-il, « introduit les causes et veille à ce que tout se passe selon la loi et à ce que rien ne soit négligé qui" puisse éclairer les juges ». Nous savons que certains procès venaient devant la Boulê ou l'Ecclesia constituée en tribunal suprême. Les prytanes et les proèdres jouaient un rôle considérable dans l'instruction de ces affaires" ; il est probable que c'était dans des occasions pareilles que l'épistate en charge avait à remplir' des fonctions judiciaires de ce genre.
A l'époque romaine l'épistate des prytanes était nommé à Athènes pour toute la durée d'une prytanie 42.
Avant de passer aux autres villes de Grèce, nous dirons ici quelques mots de l'épistate des nomothètes (èitta'd'•rlç 'wv vouoOeTiev). Il n'en est fait mention que dans une seule inscription'', d'après laquelle il semble que le grand corps des nomothètes athéniens se soit constitué en quelque sorte à l'image de la Boulê ou de l'assemblée et donné des proèdres et un épistate. Le décret en question enjoint auxdits proèdres et à leur épistate de faire
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voter par les nomothètes une mesure prise par le peuple.
ee hors d'Athènes. Les constitutions politiques des clérouchies athéniennes reproduisaient dans tous ses principaux traits la constitution de la métropole. Nous retrouvons dans ces colonies l'assemblée du peuple et la Roulé, des prytanes et des proèdres "1'. On doit s'attendre à y rencontrer aussi des épistates chargés de fonctions semblables à celles des fonctionnaires athéniens que nous venons d'étudier. Les inscriptions signalent en effet des épistates à Lemnos, Imbros et Samos au Ive siècle, à Délos au lie siècle. Ce sont dans toutes ces clérouchies des proèdres qui président l'assemblée. Pour Lemnos, en effet, l'épistate nommé en tete d'un décret que nous possédons est de la tribu Antiochide, tandis que c'est I'Acamantïde qui a la prytanie. Un décret des clérouques d'Imbros'i' a l'intitulé ordinaire des décrets athéniens rôlvnpfdpmv É7784 f'ptev...; mais un autre"' emploie xei auu.npérdpot... (suivent deux noms). L'inscription qui
nous renseigne sur les clérouques de Samos faisait partie des archives du Trésor; elle est de l'année 34fi-3`x_ On y rencontre deux fois la formule -rév npo€3po,v é7tei
6 3eivx xai eup,npéedpot qui rappelle l'intitulé d'Imbrosb9.
Quelques inscriptions de la clérouchie de Délos font aussi mention de proèdres et de leur président G0, quoique cette mention manque ordinairement dans les décrets de cette colonie", de méme que dans ceux de Salamine". I-ses décrets de Skyros et de Silsinos ne permettent pas de jugement certain".
Si les constitutions des clérouchies étaient ainsi faites exaetoinent sur le modèle de la constitution de la mère patrie, d'autres cités grecques aussi montrent dans l'intitulé de leurs décrets des formules plus ou moins semblables à celles d'Athènes. On peut croire qu'elles empruntèrent à la ville de Périclès avec ses institutions politiques les titres qui servaient à désigner ses magistrats". Les inscriptions montrent, en effet, des épistates présidant l'assemblée du peuple dans plusieurs îles de la mer Égée et dans quelques villes d'Asie Mineure, qui avaient presque toutes fait partie de l'empire athénien. Ces inscriptions appartiennent généralement à l'époque d'Alexandre ou de ses successeurs. L'exemple le plus frappant est celui de Cyzique, car c'est exactement le libellé des décrets athéniens qu'on retrouve sur les inscriptions de cette ville"
La formule b Selva é7rnardrst se rencontre régulièrement
aussi sur les décrets assez nombreux des tve et tue siècles que nous avons d'Iasos0a.C'est, dans cette ville de Carie, l'épistate des prytanes qui préside encore les assemblées. En effet, dans quelques-unes des inscriptions qui nous importent ici, le texte du décret est précédé des mots npurx'vswv Yvieµs suivis de l'énumération des six membres de ce collège. Or on retrouve dans cette liste une seconde fois le nom de l'épistate. Iasos avait sans doute emprunté à Athènes son épistate et ses prytanes avant les réformes du commencement du pve siècle.
Zélée 57 et Ilion" avaient de même, à l'époque macédonienne, un épistate de l'assemblée. A Ilion il paraît avoir présidé un collège de prytanes.
A Thessalonique, parmi les magistrats qui font une proposition devant le conseil, on trouve en première ligne un vaste-aTé' r,ç eu sous-épistate
Mais c'est surtout dans les cités des îles, plus directement et plus longtemps soumises à t'influence d'Athènes, que l'epistatat semble avoir fleuri. La république libre de Délos avait des prytanes qui exerçaient un contrôle direct sur le trésor sacré, et sans lesquels on ne pouvait ouvrir la caisse publiqueBO. La clef en était sans doute, comme à Athènes, entre les mains de l'épistate. On rencontre, à la fin de quelques décrets, la formule é driva àreiKiptve1. A Arcésiné" et à Aigialé n3 d'Amorgos, à Ashjpalaia °b, à los 85, à Paros °G et peut être aussi à TénosG7, les inscriptions nous signalent des épistates qui remplissent les mêmes fonctions qu'à Athènes.
Avec des attributions un peu différentes, nous rencontrons encore le même titre à Milet". Un collège d'épistates y avait, en effet, la présidence du Sénat et formait très probablement la commission permanente de ce corps, tandis que les prytanes étaient les premiers magistrats de la cité. Le président de ces épistates est peut-être désigné par l'expression au singulier (Éntara
De même dans l'organisation municipale de Lindos dans l'île de Rhodes 70, des épistates, probablement au nombre de trois, paraissent avoir eu la présidence du conseil des géarpot et l'administration suprême des affaires. Ils sont nommés par la communauté, et correspondent aux prytanes de la ville de Rhodes et aux damiourgues de Camiros.
A L'rythrai, où une constitution démocratique fut établie à l'époque de Cimon et où il y avait des stratèges et des prytanes, une inscription signale des éatarérat rwv étxa[art v ?...] élus par le peuple''. M. Waddington rappro
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(the ce texte du passage cité plus haut de Suidas. Enfin des épistates Tot ouasuTs i.ou sont chargés à Stratonicée de Carie, comme ailleurs les prytanes, de fournir aux frais de gravure d'un décret".
Aristote, dans un passage de sa Politique 7', dit, après avoir traité de divers magistrats, qu'il y en a de particuliers, « auprès desquels on doit faire enregistrer les contrats privés et les jugements des tribunaux, et devant qui doivent se faire les plaintes en justice et l'instruction des procès ». Ils s'appellent, ajoute-t-il, mnémons, hiéromnémons ou épistates, suivant les cités. Les deux premiers titres peuvent être contrôlés par les inscriptions; on ne trouve au contraire nulle part dans les matériaux dont nous disposons d'éplstates revêtus de fonctions d'archivistes 14, Ces fonctionnaires paraissent d'ailleurs d'origine sacerdotale, et ils se rattachent très probablement aux épistates des temples dont nous allons parler.
GPISTÀTES DES TEMPLES n. Chaque temple de l'an
cienne Grèce possédait des richesses privées, un trésor consistant d'une part en objets précieux consacrés à la divinité, et de l'autre en argent, produit des offrandes, des dîmes et des amendes. Souvent il était encore propriétaire de biens-fonds. Il avait par contre à subvenir aux frais du culte, aux besoins des prêtres et à l'entretien des bâtiments sacrés.
Le décret du peuple athénien qui, en l'année 433-4, réunit en un seul trésor central les richesses de tous « les autres dieux » qu'Athéna7fi, nous montre que jusqu'alors l'administration de ces biens avait été entre les mains soit des prêtres eux-mêmes, soit de trésoriers ou d'épistates. C'étaient là sans doute de simples auxiliaires et subordonnés des prêtres, et cette administration fut à l'origine toute sacerdotale. Mais les trésors sacrés devenant de plus en plus considérables, l'État s'attribua peu à. peu l'administration de ces richesses. A Athènes le trésor d'Athéna avait été soumis au contrôle de l'État de fort bonne heure. Déjà une loi de Solon ordonna que dix Taµt«t Tije 'AtInvc.e fussent tirés au sort chaque année parmi les pentacosiomédimnes77, Pour les autres temples de l'Attique ce füt donc en 435 que la création de dix nouveaux trésoriers, dits « des autres dieux », supprima les anciens épistates.
Deux sanctuaires cependant, en raison probablement de leur antiquité et de leur importance, conservèrent une administration indépendante. Ce sont ceux d'Éleusis et d'Artémis Brauronia sur l'Acropole. Leurs richesses étaient gérées par des épistates, et comme quelques comptes et quelques inventaires ont été retrouvés, nous pouvons nous faire une idée des attributions de ces fonctionnaires.
Les inscriptions qui se rapportent au temple d'Artémis Brauronia 7", gravées après coup d'après les comptes de gestion des épistates en charge au ive siècle, sont trop brèves pour nous apprendre grand'chose Elles contiennent des inventaires des objets sacrés en or, en
argent, en bois, des vêtements conservés dans le sanctuaire, énumérations suivies chaque fois de la formule
des intendants ordinaires, des magistrats réguliers, nommés pour un an, et préposés spécialement à la conservation des objets du trésor.
Du temple de Cora et de Déméter à Éleusis, qui avait avec l'Éleusinion d'Athènes une administration commune, nous possédons un compte de gestion complet, ordonné par prytanies, pour l'année 3'29-87'. D'après ce document, l'administration du sanctuaire était conflee
roiv Oeoîv. Les épistates, qui nous intéressent seuls ici, étaient comme pour le temple d'Artémis des fonctionnaires ordinaires, probablement au nombre de dix, choisis ou plutôt désignés par le sort parmi tous les Athéniens. Ils restaient en charge pendant un an. Quant à leurs attributions, elles consistaient en premier lieu dans la surveillance des ustensiles sacrés et clans l'administration des biens-fonds que possédait l'antique sanctuaire. Mais leur principale charge parait avoir été l'entretien du temple et en général des bâtiments sacrés. Nous les voyons, en effet, toujours d'après le même document, surveiller divers travaux de construction et de réparation. Comme il n'y a pas d'entrepreneur général, ce sont les épistates qui dirigent eux-mêmes les travaux. Ils payent à part, pour chaque travail exécuté, ouvriers ou entrepreneurs; ils payent encore l'architecte et l'an ligrapheus, les esclaves publics et leur épistute, lequel reçoit, en sus de l'argent pour sa nourriture, dix drachmes par prytanie. Ils versent d'autres sommes entre les mains des fournisseurs. L'argent nécessaire à toutes ces dépenses est en partie tiré de la caisse du temple ; mais l'État accorde, par l'intermédiaire du '7Œµl«; rîov 6rpanomxnu et des apodectes, des crédits considérables.
Disons encore que, d'après un passage de la mème inscription, ces épistates avaient à Éleusis un local spécial, nommé Épistasion R0.
Une seconde inscription, trouvée aussi à Éleusis, renferme un inventaire des objets remis par un collège d'épistates au suivant (356-5 av. J.-C.) $'. C'est un acte, de décharge, et on y emploie une formule tout à fait semblable à celle des administrateurs du temple d'Artémis. Les épistates d'Éleusis sont donc bien aussi des fonctionnaires réguliers.
S'agit-il des épistates ordinaires d'Éleusis ou d épistates extraordinaires des travaux publics dans tin compte qui se rapporte àla construction du portique exécuté par Philon à la fin du ive siècle"2Y Cela est difficile à décider, car ces deux sortes de magistrats avaient, comme nous le verrons, des attributions semblables.
On a conjecturé, d'après des comptes de gestion analogues à ceux des épistates d'Artémis, que l'administration du sanctuaire d'Asclépios, situé au pied de l'Acropole,
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était de même confiée à des épistates particuliers83. Il est certain que ce temple, fondé après l'institution des Ta(.tiat Twv âÀÀtov Bette, avait une administration indépendante, mais il paraît plus probable après un examen attentif que le prêtre seul du dieu avait l'intendance des biens sacrés 8'".
L'entretien des bâtiments sacrés, telle était, comme nous l'avons vu, la principale charge des épistates d'Éleusis. Qui donc s'acquittait de ce soin pour Ies autres temples, depuis que les « trésoriers des autres dieux » ne géraient que leurs fortunes rassemblées dans l'opisthodome du Parthénon? Aristote, qui ne parle pas des fonctionnaires que nous venons d'étudier, nous le dit, je crois 83. « On tire encore au sort, dit-il, dix iEpôly EttaxeuxcTai qui reçoivent des apodectes trente mines et font aux temples Ies réparations les plus urgentes. » Épistates, épimélètes,épiskeuastes, ces termes sont fréquemment pris l'un pour l'autre86. Lorsqu'il s'agissait, non plus d'entretien ou de réparations, mais de constructions neuves qui exigeaient une surveillance plus grande et duraient surtout plusieurs années de suite, on comprend que les dix magistrats réguliers fussent insuffisants. Le peuple nommait alors des commissaires extraordinaires. C'étaient les EttaTâTai Twv Espynov. Nous les étudierons tout à l'heure.
Les inscriptions nous font retrouver dans quelques autres cités de la Grèce antique des préposés à l'administration des temples portant le nom d'épistates. Elles sont malheureusement trop brèves pour nous laisser rien supposer des attributions de ces fonctionnaires.
A AmphipolisU7 un épistate est mentionné avec le prêtre d'Asctépios au bas d'un contrat. A Mylasa88 de Carie nous rencontrons un .'atarrl'e ; TWV itpwv; en Lycie deux épistates du temple d'Apollon situé dans file de Mégisté 89; à Rhodes 90 trois épistates préposés, selon toute vraisemblance, au temple d'Apollon. Dans presque toutes les cités grecques les fonctions se retrouvent les mêmes, mais les noms sont différents, et ces intendants des
Aux intendants des sanctuaires on peut rattacher quelques épistates auxquels l'État paraît avoir confiée la surveillance d'autres bâtiments publics. C'est ainsi qu'llypéride01 parle d'un certain Aristomachos, qui,
devenu épistate de l'Académie (E7ttaTT714 T'rlç 'Axarl 4(ç), fut sévèrement puni pour avoir emporté un nxatptlov de la palestre dans son jardin qui était voisin. C'était, à ce qu'il semble, un petit fonctionnaire, chargé de veiller sur les locaux et le matériel. La désignation d'épimélète paraît avoir été plus habituelle [ÉPJMÉLÈTÈS] 32.
Bien différente était la charge, surtout honorifique,
d'épistate du Musée d'Alexandrie (è7I7°66Wgç Toû 1V1ouco(ou)
sous les Ptulémées et l'empire romain. Le titre ne nous est connu que par les inscriptions 93. Les fonctions honorifiques les plus diverses s'accumulaient sur la tête de ce haut personnage. Une inscription de l'époque de Pto
lémée III lvergète 9'` nous montre un auyysvr, ,aataéoç xal
Une autre 0° est en l'honneur d'un certain Lucius Julius Vestinus qui fut à la fois archiprêtre d'Alexandrie et de toute l'Égypte, épistate du Musée, surintendant des bibliothèques de Rome et qui dirigea l'éducation d'Hadrien.
épyoly) 96. Les fonctionnaires dont nous avons parlé jusqu'ici sont ordinaires ; ceux que nous allons étudier maintenant ont au contraire ce caractère particulier d'être créés, par décret, pour un temps et un objet déterminés. Ils sont extraordinaires comme l'ouvre pour laquelle ils ont été institués, et ils durent autant qu'elle. Mais si les fonctions se prolongent souvent au delà d'un an, les titulaires sont généralement, comme dans les magistratures régulières, renouvelés à chaque commencement d'année. On comprend que ce devait être avant tout les entreprises de travaux publies qui, à Athènes comme dans les autres villes de Grèce, exigeaient la création de commissaires de ce genre.
1° A Athènes. Toutes les fois qu'un travail public de quelque importance avait été décrété, le peuple athénien nommait du même coup une commission spéciale pour en surveiller et en diriger l'exécution. Suivant la nature de l'entreprise, ces commissions étaient constituées de deux façons différentes. Ou bien l'Ecclésia nommait un seul collège composé ordinairement de deux, trois ou cinq membres pris parmi tous les Athéniens ; ou bien, si les travaux avaient été partagés entre les tribus, c'était chaque phylè qui tirait de son sein soit un commissaire, soit plutôt, comme l'Ecclésia dans le premier cas, une commission de plusieurs membres, plus ou moins indépendante de celles des autres tribus. Comme ce dernier mode d'élection était usité pour un petit nombre d'entreprises déterminées, les commissaires des phylai en avaient reçus des titres particuliers, tels que TEtZo7cotot, TXSpolcoio(97 et la désignation plus générale d'épistates s'appliquait surtout aux membres des commissions élues par l'Ecclésia. Bien donc qu'Eschine, dans son Discours contre Ctésiphon93, veuille que l'on comprenne les TEtyo
c'est lui qui nous donne le titre complet et officiel) 00, nous nous occuperons ici surtout des épistates proprement dits.
C'est du reste le discours d'Eschine que nous venons de citer, avec la réplique de Démosthène (tupi Toi aTEV«900)f0° et les arguments placés en tête de ces harangues, qui nous renseignent le plus complètement sur le caractère de ces commissaires extraordinaires et leur position
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dans l'État. Dans chaque cas particulier les dispositions principales sont arrêtées par le décret du peuple ; les
épistates agissent d'après elles (7CpâTTEty Xarâ Ji/Itptal a). Ce
ne sont point d'ailleurs des hommes de métier, mais plutôt des hommes de confiance et de jugement. Leurs attributions le font voir clairement; ils ont en effet en premier lieu à veiller à l'emploi des sommes que l'État consacre à l'oeuvre décrétée ; ils sont en second lieu responsables devant le peuple de la bonne exécution du travail. Toute leur compétence découle de ces deux chefs. Par le fait qu'ils administrent les deniers de l'État, ils sont considérés, pour peu qu'ils restent en charge plus de trente jours, comme des magistrats responsables (âpÏovreç), et ont à rendre des comptes xcsé@uvot). Comme les magistrats ordinaires, ils ont l'iljtmov(a'etxaarrp(ou pour les affaires qui rentrent dans leurs attributions.
Les inscriptions laissées par les épistates des travaux publics d'Athènes confirment et complètent cesrenseignemonts des auteurs ; elles nous font voir en quelque sorte ces fonctionnaires à l'oeuvre, et nous apprennent ainsi une foule de détails précis sur leur administration.
Les plus anciennes remontent au milieu environ du Nit siècle. Ce sont les comptes, très mutilés, d'un collège d'épistates préposés à une entreprise qu'on ne peut déterminer101 Les commissaires en question indiquent d'abord les sommes qui leur ont été remises, ici par les colacrètes, et font ensuite le relevé des dépenses de leur administration. D'autres comptes rendus pareils 10' paraissent s'échelonner sur une période de plus de huit années. Les épistates qui les ont établis furent d'abord au nombre de deux, puis de trois, enfin de cinq et sont assistés d'un greffier. La disposition est toujours la même : noms des épistates sortant de charge, sommes reçues, sommes dépensées, soldes remis aux nouveaux épistates. On a reconnu'°' que les comptes très étendus qui, dans le Corpus, suivent ceux dont nous venons de parler 10'', n'étaient autres que les bilans des commissaires préposés à la construction du Parthénon. L'année 434, qui paraît être la dernière où l'on ait travaillé, est la quatorzième année de construction. Les mêmes épistates paraissent être restés quelquefois au moins deux ans de suite en charge ; ils avaient sans doute été réélus 10J. Remarquons que ce sont ici les trésoriers d'Athéna et les hellénotamiai qui remettent â la commission l'argent nécessaire aux dépenses. Nous possédons de même des fragments des comptes rendus par les cinq épistates des Propylées
([Ipcau)faiou ipyla(aç É7ctaTâTat)106 Mais les plus intéressants
de ces documents sont sans contredit ceux qui se rapportent à l'Èrechtheton. On a retrouvé en effet trois fragments des comptes des épistates d'avant 410 f07, le décret rendu cette année-là sur la proposition d'Épigénès pour ordonner la reprise des travaux108, l'inventaire de tous les ouvrages terminés ou à demi exécutés, qui fut dressé en 409-8 par les trois épistates alors en charge (ErctrTé.(Tat
'te; vs2o rot.; Ë(z 7iôanr iv w Tô âpjliov âya).tm) assistés de l'archi
tecte que leur adjoint toujours le peuple", enfin un nouveau compte rendu pour l'année 408-7, établi' par prytanies et dans le plus grand détail 410. Nous pouvons, d'après ces documents, nous faire une idée assez exacte de l'activité des épistates à cette époque. Il n'y a pas d'entrepreneur général, et les commissaires du peuple surveillent eux-mêmes chaque détail d'exécution. Co sont eux qui font les parts du travail et les attribuent aux ouvriers; ceux-ci sont loués soit à la journée, soit à la tache, et sont payés directement par les commissaires :
Pour la cannelure des colonnes, à un tel, tant, à un tel, tant... Pour l'exécution d'une frise, à un tel tant ». Les seules peintures à l'encaustique ont été données à forfait aun entrepreneur (uteOwCrç). L'État fournit par l'intermédiaire des épistates le marbre et en général les matières premières. Alamême époque le nouveau mur qui devait relier Athènes au Pirée était bàti tout entier à forfait par l'entrepreneur Callicratès"'. On voit par là la différence qui était faite entre la construction délicate d'un temple et celle d'un mm' de défense.
Ce n'était pas seulement à la construction d'édifices publics qu'au V° siècle on préposait des commissions d'épistates ; on agissait de même pour l'exécution des grandes statues destinées aux temples. Il nous reste quelques fragments de comp tes d'i itraT4.rat Toè etyâaw.aTos {1
que nous voyons fournir à l'artiste de l'or et de l'argent. La statue dont il s'agit ici est probablement l'Athéna de Phidias. De 421 à 417 exista une commission de denx membres, toujours les mêmes, qui devaient faire exécuter et placer las statues des deux divinités (probablement Arès et Aphrodite)1i3. C'étaient les Taµ(at TG;v D),o,v OEiJV qui cette fois devaient fournir les crédits. Des épistates préposés à la fabrication de vases sacrés pour
7cEïa) se rencontrent aussi au v° siècle et de nouveau à l'époque de l'orateur Lycurgue 114
Du Ive siècle il nous reste des comptes de cinq épistates du temple de Zeus Soter au Pirée11'. Bien moins qu'un siècle auparavant les préposés à l'Érechtheion, ils exercent une surveillance immédiate et ont le contrôle direct des ouvriers. Ils ont au début de la construction adjugé par devant tribunal les travaux par lots à des entrepreneurs, et n'ont plus dès lors que la surveillance de ces ttta0ara(. Un décret des dernières années du v` siècle "G montre encore ce procédé d'adjudication. II s'agit de la reconstruction des murs, et les travaux ne sont pas cette fois, suivant la coutume, partagés entre les tribus. Des épistates assistés d'un architecte feront, dit le décret, dix parts des travaux, lesquelles seront ensuite adjugées au rabais par le ministère des polètes et de l'administrateur des finances. Les épistates livreront les matières premières que fournira l'État, et pourront punir quiconque ne respectera pas leurs ordres. Suivent les clauses et
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conditions du contrat. Nous allons voir du reste plus exactement, par les inscriptions de Délos, quelles étaient les attributions des épistates, quand il y avait ainsi contrat avec des entrepreneurs. Rappelons encore, avant de quitter Athènes, que c'est en qualité d'épistate que Lycurgue présida à la construction du théâtre en marbre (le Dionysos et probablement à celle d'autres édifices'', de même que Périclès autrefois avait fait partie entre autres de la commission de l'Odeion18.
Eschine nous dit "3 que ce fut en qualité d'épistate de
en 310 sa fameuse loi sur les symmories. Nous ne savons rien de ces fonctions, mais on peut penser que c'était aussi une commission extraordinaire dont l'orateur faisait alors partie.
2' Hors d'Athènes, Les documents, de beaucoup les plus importants, qui nous signalent hors de l'Attique des épistates chargés de travaux publies, appartiennent à Délos. Sur un célèbre marbre conservé à Oxford', et dans les comptes des hiéropes que M. Homolle a publiés et commentés si savamment" ou dont il est donné des extraits, nous rencontrons en effet à plusieurs reprises la mention de commissaires, élus par le peuple 122, pour assister les hiéropes dans la construction de bâtiments publics. Ces commissaires étaient appelés tantôt épistates (dans l'inscription d'Oxford et dans le cahier des charges inédit de l'année 297)123, tantôt épimélètes (comptes de l'archontat d'Hypsoclès de l'an 279) et de l'archontat de Démares (180), publiésl2'' (comptes inédits de Charilas et de Sosisthénès 123). Les attributions de ces fonctionnaires sont en effet tellement les mêmes, les formules employées si semblables, qu'on ne peut guère, nous semble-t-il, douter de leur identité 126 Même à Athènes, avons-nous vu, ces magistrats portent les deux noms. Nous allons donner une idée des attributions des épistates déliens, en suivant le contrat d'Oxford, qui est le plus détaillé et dont les autres inscriptions reproduisent avec peu de différences les principales clauses. Nous n'entrerons pas à ce propos dans le détail des « marchés de travaux » : on trouvera sur cet intéressant sujet d'excellentes études dans des livres récents122, Les épistates donc, que nous avons vus à Athènes abandonner de plus en plus la direction immédiate des travaux, adjugent ici tous les ouvrages à un ou à un petit nombre de gros entrepreneurs (ipïaivrç), et ne conservent, assistés en tout par leur architecte, qu'une surveillance générale. Si l'entrepreneur n'achève pas les travaux qu'il a obtenus, ils lui infligeront une amende, et adjugeront à un autre ce qui restera à faire. « Ils ont la police des chantiers et peuvent frapper d'amende les entrepreneurs ou les ouvriers indociles. » lis ont le droit de refuser (â7oSoxcµ«aac) ce qui leur
paraîtra insuffisamment exécuté et de punir d'amendes un mauvais travail. S'il y a plusieurs entrepreneurs et que des contestations s'élèvent entre eux, les épistates, siégeant dans le temple, trancheront les questions en litige et leur arrêt sera sans appel (xéptov r»). Une des principales attributions des commissaires est encore l'administration financière, qu'ils partagent d'ailleurs avec les hiéropes. Ce sont eux qui ordonnent les payements. Ceux-ci se font de la manière suivante : la moitié de la somme dès la signature du contrat, après toutefois qu'un dixième en aura été retenu; un quart au premier tiers des travaux ; le dernier quart aux deux tiers des travaux. Quant au dixième de caution, il ne sera livré qu'après achèvement complet du travail et inspection détaillée faite par les épistates, accompagnés par l'archi
fication devra avoir lieu dans les dix jours après l'achèvement. La caisse publique accordait parfois des subsides pour ces constructions; dans ces cas les trésoriers remettaient les sommes votées aux hiéropes et ceux-ci, à leur tour, les donnaient aux épistates en temps voulu (roïç xuOauoust ypôvotç)128. Les épistates détiens avaient, comme ceux d'Éleusis, un local particulier, nommé éatsr«stov 129.
Outre les entreprises de bâtiments, M. Homolle nomme encore, parmi les attributions de commissions extraordinaires à Délos, « le bornage des propriétés, le placement des capitaux, la gestion des fondations pieuses, la célébration des fêtes130 ». C'est qu'un certain nombre d'inscriptions 13' d'une époque un peu plus récente, qui renferment des inventaires de vases sacres conservés au prytanée, font plusieurs fois mention d'épistates qui auraient consacré ces vases. II est difficile aujourd'hui de déterminer ce qu'étaient vraiment ces fonctionnaires, et il faut sans doute suivre l'avis de M. Homolle.
Nous avons encore deux contrats passés entre intendants et entrepreneurs, qui sont fort semblables à celui de Délos et appartiennent à la même époque. L'un est de la ville de Lébadée et l'autre de Tégée 132, et ils ont pour la connaissance de ces questions une importance au moins égale à celle du document que nous avons résumé plus haut. Nous nous contenterons cependant de les signaler ici, puisque les intendants des travaux ne portaient point dans ces villes le nom d'épistates. Ils s'appelaient dsôo'rirypeç (adjudicateurs) à Tégée, de leur principale attribution, et vaoitotoi à Lébadée. Ailleurs ils avaient le titre d'épimélètes.
Ils se sont appelés épistates, comme à Athènes et à Délos, s'il faut en croire les inscriptions, encore àIlion13 (épistates chargés de construire un théâtre, à la fin du ve siècle), à Tralles de Magnésie13t, où nous trouvons à l'époque d'Auguste trois épistates chargés de la construc
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Lion d'un mur; enfin à Ititodes7n, on le peuple choisit deux épistates pour adjuger l'exécution d'une statue d'airain. Dans d'autres villes ces commissaires portèrent le titre d'Ipya i0rx7at139
dance des temples telle que nous l'avons vue exercée par des épistates, celle des jeux a dû être, au moins à l'origine, étroitement liée. Par bien des points aussi ces intendants se rapprochent des commissaires extraordinaires que nous avons étudiés dans le précédent chapitre. Il n'est donc pas étonnant que ces fonctionnaires fussent aussi nommés épistates. Platon, dans un passage des
Pollux 133 et Hésychius 139 déclarent, à l'unisson, que les [eotetaTai étaient appelés épistates. Xénophon, lui aussi, compare l'autorité des éphores à celle des a épistates des jeux gymniques », qui, lorsqu'ils remarquaient quelque infraction aux règles, punissaient immédiatement et de leur seule autorité 1''0. Mais on parle de même d'épimélètes des jeux ou des fêtes [voy. 'E tµenr Tai 7i iv ioprwv], et il est difficile de voir si l'on a affaire ici à de véritables titres désignant des personnages revêtus de fonctions distinctes, ou si c'est là simplement une périphrase.
Les inscriptions plus précises ne nous signalent d'épistates que rarement, et à une époque tardive. Nous avons vu que, suivant M. IIomolle, des épistates choisis pour la circonstance présidaient les fêtes de Délos. Une inscription de Cos S4', qui énumère des victoires remportées aux concours, se termine en mentionnant le président des jeux. Un décret honorifique de Pergame 1''2, probablement de l'année 239, nous fait connaître un certain Apollonios qui fut choisi comme épistate et agonothète pour une panégyris, et avait en cette qualité à recevoir les théories et les étrangers qui venaient à la fête. Quelques inscriptions enfin de l'époque romaine (une de Sparte", une d'Ilion''", une troisième de Thyatire) 1'S signalent des victoires remportées par des jeunes gens ou des enfants Set?) i;taT«rrw un tel. It s'agit ici aussi sans doute du président des concours.
Avec l'emploi de directeur et de président des fêtes et jeux gymniques celui de surveillant des exercices ordinaires des jeunes gens a quelque rapport. Hésychius explique encore épistate entre autres par iitiTpoitoç, &Su0-x0,oç, et Eustathe 1w5, citant Aristophane de Byzance, dit que l'on prend ce mot aussi pour paadotribe'. Dans ce sens exact aucun témoignage ne vient corroborer ces renseignements un peu tardifs, mais les inscriptions nous signalent à Sparte'" et à Rhodes'" un épistate des entants (hartarâti7)ç T1(9 xratôô v), magistrat spécial auquel est commis le soin de surveiller l'éducation des jeunes gens. C'est là sans doute plus qu'un piadotribe, et ce personnage était probablement, comme l'épimélète des éphèbes à Athènes, au-dessus des maîtres particuliers. A Rhodes c'est dans
le cas que nous connaissons, à un officier, qui a fait ses preuves à la guerre, que l'on confie ce posteSd3
titre d'épistate parait avoir été employé fréquemment, surtout à l'époque des successeurs d'Alexandre. Parmi les inscriptions que nous avons citées, un grand nombre remontent à cette époque. On rencontre plusieurs fois encore ce titre dans l'Égypte des Ptoléméesl1o
Suivant une inscriptionf"S, un certain Apollodoros, conseiller du prince, était, au temps de Ptolémée Il Évergète, à la fois greffier et épistate de la cavalerie indigène (Twv xa'roixtov iaa€oiv). Ainsi accouplé à greffier, épistate désigne ici vraisemblablement, plutôt qu'un commandant militaire, une charge d'intendant et d'administrateur du corps. De même on trouve un ntaréxr,ç 7wv pu?x xtuwv t n (sorte de gendarmerie cantonnée dans divers lieux de l'Égypte), chargé aussi, sans doute de la nourriture des troupes, de la distribution de la solde et autres fonctions de ce genre.
Le même titre d'épistate est parfois aussi, dans les inscriptions relatives à l'Égypte, employé isolément 1J3. Letronne avait supposé qu'il s'agissait dans ce cas d'intendants des revenus publics ou d'inspecteurs des finances. Des papyrus du musée de Turin, publiés dès lors 75', ont fait voir que c'étaient plutôt des magistrats chargés du soin de la justice. 1l parait y en avoir eu deux par nome; c'étaient des fonctionnaires considérables, car ils précèdent immédiatement par le rang le stratège, et sont généralement de l'ordre honorifique des aipôirot ?Ulm ou des âpytotay raaV),axeç. Plusieurs fois ils ajoutent à. leur charge celle de préposé aux revenus du nome.
A l'époque de l'empire romain, on trouve installé dans différentes cités de Grèce un épistate de lie ï iif Ainsi Cioslo6 de Bithynie honore un Tiberius Claudius Julianus
avepyEr agi irtatâvrly Ti;ç 7ccAuWç; A n2astris de Paphlagonie ne d'un empereur, qui est iartar[axrg Kapxupaimv, fait une dé
dicace. Enfin sur une monnaie de Pergame'°'', de l'époque de Sévère, on lit, d'après Eckhel, 'E;ttaxelxou Tau., '_Avvicu.
C'était, on n'en peut douter, un haut personnage. Peutêtre le titre d'épistate correspond-il encore ici à celui d'épimélète, qui, dans d'autres villes, désignait une sorte de gouverneur [voir l pïruélètès lés polédisj.
II. La préposition ::ri, en prenant dans le mot composé le sens de à côté de, derrière, peut donner à épistate une signification toute différente de celle que nous venons de voir. C'est dans la langue militaire que le terme épistate parait avoir été surtout usité dans cette seconde acception. Xénophon, dans deux passages de la Cyropédie 559, parle déjà de protestates, épistates et pat-astates, pour désigner la position qu'occupent les hommes dans les rangs. Les épistates paraissent bien,
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d'après le premier de ces textes, être les soldats du second rang.
Arrien, dans sa Tactique 460, donne sur l'emploi de ces différents termes techniques quelques détails assez précis, et ce qu'on peut lire dans Élien 16' ou dans Suidas 162 n'y ajoute rien. « Celui qui est placé, dit-il, derrière lui, s'appelle protostate, et celui qui est derrière celui-ci, épistate. De sorte que tout le rang du lochos est composé de protostates et d'épistates alternativement. » Le premier protostate était donc le lochagos ; le dernier épistate, l'ouragos. Ces dénominations avaient de l'importance pour les évolutions et les changements. Le poste du premier épistate, placé immédiatement derrière le Iochagos était important; le soldat qui l'occupait devait remplacer le capitaine, si celui-ci tombait dans la
bataille'''. F. CHAVANNES.
lettre, missive écrite. On appelait ainsi le contenant par opposition au contenu (littei'ae), cette distinction, du reste, ne fut pas toujours observée'. Chez les jurisconsultes, le terme epistolae désigne les codicilli testamentarii z.
Les lettres des anciens s'écrivirent d'abord sur des tablettes [TABELLAE] de bois, d'ivoire, de plomb, d'étain, puis on employa les feuilles de palmier, peut-être celles de mauve, comme on le verra plus loin, le papyrus, le liber de certains arbres, la peau des animaux. Les tablettes servaient surtout pour les missives courtes. Après l'invention du papyrus, il semble bien que la plupart des lettres et notamment celles qui étaient un peu étendues, aient été écrites sur cette matière'.
La forme des lettres dans l'antiquité ne parait pas avoir beaucoup différé de celle que nous donnons aux nôtres. Le nom de l'envoyeur au nominatif et la formule de salut, accompagnée du nom du destinataire au datif, se mettaient en tête de la lettre, qui se terminait généralement par le souhait de bonne santé : Yale (£ÛTUXEe, Eppofao)'. La mention du lieu d'origine et la date étaient, comme de notre temps, tantôt mises tantôt oubliées. L'empereur Auguste se montrait, sous ce rapport, particulièrement méticuleux, il allait jusqu'à marquer l'heure du jour ou de la nuits. Les anciens écrivaient généralement à pleine page, parallèlement au plus petit côté de la feuille, comme cela se voit dans des lettres trouvées en Égypte. César, au dire de Suétone 6, fut le premier qui donna aux lettres officielles la forme d'un livre de notes (memorialis lihellus), c'est-à-dire qu'il plia la feuille de papier, probablement pour n'avoir pas à tracer de trop longues lignes. Avant lui, les consuls et les généraux écrivaient toujours au Sénat en travers de toute la feuille sans la
plier (transversa charta)7. Les lettres, une fois écrites, étaient roulées de façon que le commencement se trouvât à l'ouverture du rouleau, puis fermées avec un fil de lin retenu par un cachet de cire; un point de couture assurait la fermeture de la lettre. On possède aussi des spécimens de lettres pliées'. Quant à l'adresse ou suscription, on pouvait se dispenser de la mettre si l'on faisait porter la lettre par un esclave, mais, lorsque le talbellarius en emportait plusieurs pour diverses personnes, il était nécessaire qu'il prit s'y reconnaître. Plutarque, dans la Vie de Dion, parle positivement d'une suscription visible à l'extérieur d'une lettre, les papyrus du Louvre nous en offrent aussi plusieurs exemples'.
De bonne heure on éprouva le besoin de mettre les lettres à l'abri des indiscrétions. Le plus ancien exemple de message secret se lit dans l'Iliade : Proetos envoie Bellérophon auprès du roi de Lycie avec une tablette pliée (7tiva 7cTUxtiç) qui renferme des signes funestes (s' u.xTa i,uyp«)f0. Bien qu'on soit réduit à des conjectures sur la signification exacte de ces termes, il semble bien qu'il s'agisse ici de signes de convention. Dans les temps historiques on voit la correspondance secrète au service de la politique, de la guerre et des intrigues amoureuses. L'imagination des hommes s'est donnée carrière et a inventé toutes sortes de moyens pour déjouer la curiosité, éviter la trahison ou la faciliter. La scytale (vaut«A7)) des Lacédémoniens, dont Plutarque et Aulu-Gelle nous ont donné la description, était un message politique officiel et secret". Les caractères que l'on traçait sur cette étroite bande de papier ou de peau (Plutarque dit (3tKa.iov, Aulu-Gelle lorum) lorsqu'elle était enroulée autour d'un bâton d'une certaine grosseur, ne pouvaient être lus que par celui qui possédait un bâton de même calibre.
Dans la plupart des cas, surtout en guerre, les lettres secrètes s'envoyaient selon le hasard des circonstances et, pour les faire parvenir, il fallait, le plus souvent, avoir recours à des complices. On écrivait, par exemple, en écriture menue,. sur du papier très mince, une missive que l'on dissimulait sous l'épaule d'une tunique repliée en cet endroit" ; on en cousait dans dès chaussures entre la semelle et sa doublure'', d'autres étaient transportées dans un chapeau ou dans un casque ", insérées dans le harnachement de tête des chevaux, sous les courroies qui retenaient le mors f5, dans des baudriers ou des fourreaux d'épées 1G. On en plaça, à l'occasion, au milieu d'engins et d'objets de toutes sortes, dans les paniers à provisions et jusque dans les cercueils avec les morts''. Un homme apporta un jour à Éphèse une lettre écrite sur des feuilles appliquées en cataplasme sur un
ulcère qu'il avait à la jambef6. Le corps des animaux, soit morts, soit vivants, servit aussi à dissimuler la correspondance. On sait qu'Harpage prévint Cyrus de ses desseins en lui faisant parvenir un billet enfermé dans le corps d'un lièvre dont il avait recousu la peau avec grand soin f0. Il y en avait qui, pour passer devant les postes, introduisaient le message dont ils étaient chargés dans l'anus des bêtes de somme". On traça aussi des caractères sur le corps des hommes. Histiée de Milet, lorsqu'il jugea que le moment était venu de soulever l'Ionie, craignant qu'une lettre ne fût interceptée, imagina de raser la tête d'un homme dont la fidélité était certaine et de lui tracer avec une pointe rougie au feu son message sur le crâne; lorsque les cheveux furent repoussés, il envoya cet homme à Aristagoras sans autre commission que de l'inviter à lui raser la tête 2f. Les complices étaient quelquefois aussi des soldats. Ainsi des cavaliers sortaientils en fourrageurs, l'un d'eux, qui portait une lettre fixée sous les bandes mobiles (titi 'tâ a'repuyta) bordant sa cuirasse, avait l'ordre de se laisser tomber de cheval et de se faire prendre vivant, pour pouvoir la remettre à qui de droit, une fois arrivé dans le camp ennemi 22. Afin d'éviter les indiscrétions et par mesure de prudence, les lettres pouvaient n'être pas remises directement par le porteur au destinataire, mais placées dans un endroit convenu où ce dernier les faisait prendre 23.
Comme il n'était pas toujours possible aux messagers de pénétrer dans les places assiégées, ni dans les camps retranchés, pour faire parvenir quand même les billets, on les attachait à des armes de jet, flèches, javelots, avec lesquelles on les lançait au delà des murs ou des retranchements 26. Ce procédé fut employé par ceux qui voulaient répandre une nouvelle ou un bruit dans toute une place "5 et par ceux qui préféraient se passer de messager. C'est ainsi que, d'après Hérodote, Timoxène s'étant entendu avec Artabaze pour lui livrer Potidée, ils étaient convenus entre eux de deux endroits, l'un dans la ville, l'autre dans le camp, où ils devaient se lancer des flèches portant un billet roulé près de l'entaille 26
Comme les matières dont on se servait le plus ordinairement, papier de papyrus ou parchemin, étaient assez fragiles et que divers accidents pouvaient les altérer ou effacer l'écriture, on écrivit aussi sur des lames très minces d'étain ou de plomb, qui parvenaient à destination roulées et attachées aux oreilles des femmes en guise de pendants, cachées dans des chaussures 27, transportées même sous l'eau par des plongeurs. C'est ce dernier moyen qu'employa entre autres le consul Hirtius pour envoyer des nouvelles à Decimus Brutus, assiégé dans Modène par Antoine2B.
Il était prudent, lorsque on ne pouvait se passer de messager ou qu'on n'en avait pas sur qui l'on pût absolument compter, de prendre des mesures pour qu'ils ne connussent pas la mission qui leur était confiée et transportassent les lettres secrètes sans s'en douter. Les lames
minces de plomb ou d'étain, dont il a été question plus haut, pouvaient être cousues dans les semelles des chaussures à l'insu du messager, qui portait ouvertement une autre missive. Pendant qu'il se reposait, le destinataire décousait les semelles, y plaçait sa réponse et renvoyait le porteur après les avoir recousues. Mais, pour n'éveiller chez celui-ci aucun soupçon, il était indispensable de faire les coutures avec le plus grand soin et il ne devait pas toujours être facile de bien dissimuler le travail auquel on s'était livré 29. Démarate, pendant des guerres Médiques, voulant avertir les Lacédémoniens des préparatifs de Xerxès, s'avisa d'écrire sur une tablette dont il avait raclé la cire, cela fait, il l'enduisit à nouveau et la fit porter 30. D'après Tinée le Tacticien, on écrivit aussi sur des tablettes de buis (7tuliov) avec une encre excellente (1 ûe vt (ç E)1T(a'rgl) que l'on laissait sécher et qu'on
recouvrait d'une couche de peinture blanche ; celle-ci s'enlevait ensuite avec de l'eau. Cette encre, qui résistait ainsi à l'action de l'eau, devait être une encre mordante très probablement à base métallique 31. Le même auteur recommande, parmi les stratagèmes de ce genre, l'envoi d'un tableau votif à un sanctuaire dans le voisinage de la ville assiégée. On devait écrire sur le tableau, puis le blanchir, le sécher et sur la couche blanche dessiner ou peindre à nouveau n'importe quoi, pourvu que ce ne fût pas en noir. Celui à qui était destiné le message, après avoir reconnu le tableau à certains signes, l'emportait chez lui et faisait apparaître l'écriture en enlevant la peinture au moyen del'huile ; ce qui nous fait supposer que le blanc dont on devait recouvrir l'écriture était un blanc résineux 32. Le moyen suivant paraît plus pratique ; il consistait à écrire avec du noir à enduit (ufiavt xa-raxû.),q, U3) sur une vessie que l'on avait préalablement gonflée. Lorsque l'écriture était sèche, on dégonflait la vessie et on la faisait entrer dans un lécythe de grandeur convenable; elle était alors gonflée à nouveau de manière à occuper tout l'intérieur du récipient et emplie d'huile; on coupait ensuite la portion de la vessie qui dépassait le goulot du lécythe, contre lequel on ajustait le reste avec soin, puis on bouchait. Dans ces conditions, il était possible de porter ouvertement le lécythe au destinataire. Celui-ci n'avait qu'à vider l'huile, à retirer la vessie et à la gonfler pour prendre connaissance de la dépêche. Eu effaçant avec une éponge la première écriture, il pouvait renvoyer sa réponse par le même procédé"`.
Pour le transport des lettres on utilisa aussi les chiens, mais il ne semble pas qu'on les ait dressés spécialement en vue de ce service. On les emmenait en laisse de chez leur maître pour les y laisser retourner, le cas échéant, après leur avoir mis autour du cou un collier ou une courroie renfermant un écrit". Les pigeons aussi servirent de messagers. Pendant le siège de Modène dont nous avons parlé, Décimus Brutus reçut et envoya des nouvelles au moyen de ces oiseaux3s
Cryptographie. Quelques précautions que l'on prît, toute dépêche pouvant être livrée ou interceptée, on
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chercha à assurer le secret de la correspondance en recourant soit à des alphabets étrangers, soit à des systèmes
de signes purement conventionnels (au vOAy..a7txiiç yp4siv').
César, en Gaule, écrivait à Quintus Cicéron en caractères grecs n. Dans un livre ou dans une longue missive qui ne renfermait que des choses indifférentes, certaines lettres étaient marquées soit d'un petit point, soit d'une barre, le lecteur n'avait qu'à les copier et à les réunir pour trouver un sens n. D'autres convinrent de remplacer dans les mots les voyelles par un nombre de points correspondant à leur rang dans la série de ces lettres, c'est-à-dire ce par un point, e par deux, s par trois et ainsi de suite'". Ou bien on donna aux lettres elles-mêmes des valeurs de convention; le chiffre de César consistait à remplacer la lettre qu'il aurait fallu par celle qui, dans l'alphabet, occupait le quatrième rang après, par exemple A par D, B par E et ainsi de suite. On trouvait des passages écrits par ce procédé dans les lettres qu'il avait adressées à C. Oppius et à Balbus Cornelius". Cicéron paraît avoir écrit des lettres de ce genre et être convenu de certains signes avec quelques-uns de ses correspondants 42. Les évêques des premiers siècles de l'ère chrétienne usèrent aussi entre eux de signes conventionnels pour se recommander des étrangers 4'.
Enfin Énée le Tacticien recommande comme très sûr, mais aussi comme très difficile, un procédé de correspondance qu'il parait avoir imaginé. Il consiste à percer dans un osselet vingt-quatre trous, six sur chaque face
chacun de ces trous devant représenter une lettre de l'alphabet. Si l'on voulait écrire, par exemple le mot AINEIA1, on faisait passer un fil par le trou qui représentait l'A, puis on sautait les autres lettres pour faire passer par le trou de li le fil que l'on amenait ensuite à celui de l'N et ainsi de suite jusqu'à la fin, La missive ainsi constituée avait l'air d'un peloton de fil autour de l'osselet. La sortie du fil se faisant en ordre inverse, le lecteur devait écrire les lettres désignées par les trous à mesure qu'il l'en retirait; les mots se trouvaient nécessairement écrits à rebours. On pouvait opérer de même avec un morceau de bois long d'un empan ou avec un disque de bois que l'on perçait de vingt-quatre trous et même de quelques trous inutiles pour éloigner tout soupçon. Lorsqu'une lettre se répétait et qu'il fallait passer le fil deux fois par le même trou on le faisait tourner autour de l'osselet ou du morceau de bois ou bien on le passait dans un des trous inutiles avant de le faire rentrer dans celui de la lettre répétée". Ce procédé paraît fort long et peu pratique.
Correspondance amoureuse. Encres sympathiques.Le transport de la correspondance amoureuse se faisait par des moyens qui ne différaient pas de ceux que nous avons énumérés. Les femmes galantes, au temps de Jucénal 4', avaient recours,poui faire porter leurs billets, aux déliait
chés du plus bas étage (cinaedi), dont elles payaient les services. Mais ce genre de commission était surtout fait par des entremetteuses. Celles-ci cachaient les lettres dans leur sein sous la bande (fascia, strophium) qui soutenait leur gorge, elles les passaient sous leur robe liées à leur mollet, sous leur pied dans leur chaussure, ou enfin se laissaient écrire sur quelque partie du corps'".
Les anciens, pour les correspondances secrètes, usaient aussi des encres sympathiques. Ils traçaient avec du lait frais ou avec le suc légèrement visqueux d'une espèce d'euphorbiacee, le tithymale, des caractères invisibles et les faisaient apparaître au moyen de la cendre ou de la poudre de charbon, qui adhérait à la matière grasse ou visqueuse laissée sur le papier par le liquide dont on s'était servi47. Outre ce procédé, dans lequel il n'y a qu'une action mécanique, dès le u° siècle avant l'ère chrétienne, on en connaissait un autre qui consistait en une véritable réaction chimique ; on écrivait sur un feutre neuf ou sur une peau avec une infusion de noix de galle concassées, dont les traces étaient rendues visibles au moyen d'une éponge imbibée d'une solution de sulfate
Pour la correspondance officielle des empereurs avec les généraux, les gouverneurs, etc. voyez AB EPISTGLLS.
officier tenait le second rang dans la marine des Spartiates, telle que nous la voyons organisée au v° et au ive siècle ; il était donc le lieutenant du commandant en chef', le navarque'. 11 ne parait pas avoir été choisi ou désigné par lui, mais autant au in', 1s qu'on peut le conjecturer des termes très vagues dont se servent les auteurs anciens, il devait être nomme par le peuple et imposé à son supérieur. Malgré cette communauté d'origine, l'autorité de ces deux officiers généraux n'étant pas égale, aucun conflit n'était possible entre eux. Ils pouvaient très bien n'appartenir ni l'un ni l'autre par la naissance à la classe des àzotot, et leurs fonctions paraissent avoir été accessibles à tous [es Spartiates sans exception', puisque Lysandre put revêtir les deux.
L'épistoleus était désigné probablement vers l'équinoxe d'automne, c'est-à-dire au commencement de l'année spartiate, en même temps que son supérieur hiérarchique'. Mais parfois il entrait de fait en charge avant lui, puisqu'il partait de suite pour le théàtre des opérations, tandis que le navarque pouvait être retenu à Sparte par des circonstances indépendantes de sa volonté'. Il semblerait qu'il n'était, nommé que pour un an, car chaque navarque avait son épistoleus' et cependant plusieurs passages des auteurs anciens ne permettent pas de se prononcer avec certitude sur ce point. En effet, en 388 nous voyons l'épistoleus de l'année 389, Gorgopas, chargé après le départ de son chef Hierax d'une mission très
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importante par le nouveau navarque Antalkidas, qui avait pourtant avec lui son lieutenant Nikolochos ; il pourrait donc bien avoir conservé en partie ses fonctions'. Ainsi il n'y avait pas de loi qui interdît de nommer deux fois le même épistoleus 10, comme cela paraît avoir été le cas pour le navarque l'.
Lorsque son supérieur était à la tête de l'escadre, le rôle de l'épistoleus était relativement effacé; comme les autres officiers, il était à la disposition de son chef qui l'employait comme bon lui semblait ; c'est lui qu'on chargeait très probablement des ordres à transmettre 12, ainsi que des missions délicates ou secrètes, d'où le nom d'èrisTO),tai-ôpot. sous lequel il était aussi désigné. Mais il sortait de son effacement lorsqu'il était appelé à diriger des expéditions lointaines ou des opérations militaires importantes, à la tête d'une division plus ou moins nombreuse de la flotte 13. Parfois il prenait le commandement effectif de toutes les forces navales, c'était le cas si le navarque venait à être blessé ou tué à l'ennemi ; ainsi en 410 après la mort de Mindaros, nous voyons Hippocratès lui succéder, prendre toutes les mesures que nécessitaient les circonstances et se hâter d'informer les éphores de la situation difficile où se trouvait la flotte lacédémonienne'`. Était-il blessé lui-même et par suite hors d'état de prendre à son tour la direction des opérations, c'était l'un des triérarques qui le remplaçait 75.
Il arrivait souvent que l'épistoleus était promu aux fonctions de navarque, c'est peut-être ce qui arriva à Lysandre en 404-403, malgré la loi que nous avons mentionnée plus haut et qui l'avait empêché les deux années précédentes de prendre le commandement en chef16 En tout cas nous voyons Pollis et Nikolochos, qui étaient Enta7O),67 , le premier en 393-392, le second en 387-388, commander la flotte comme navarques l'un en 377-37617 et l'autre en 376-37:118. D'autre part nous avons un exemple d'un ancien navarque acceptant d'être nommé épistoleus, c'est celui de Lysandre en 406-405; il est vrai que ce fut dans des circonstances toutes particulières et qu'Arakos ne commandait la flotte que de nom19; on comprendrait mal autrement qu'après avoir eu en main un pouvoir aussi étendu que celui de navarque, un homme eût pu se résigner à accepter plus tard un poste, qui, si honorifique qu'il pût être, n'en était pas moins le second en rang. ADRIEN KREBS.
ment la clef cylindrique percée de part en part qui le ferme et qui retient ou laisse échapper à volonté l'eau d'un conduit ou le liquide contenu dans un vaisseau. Des clefs semblables servaient à régler la distribution des eaux chez les Romains'. On en a retrouvé quelques-unes bien conservées. L'epistomium que l'on voit (fig. 2693) pro
vient du palais de Tibère à Capri et est actuellement au musée de Naples 3 ; un autre (fig. 2696) appartient actuellement au musée archéologique de Florence. La tête porte
une anse dans laquelle on peut introduire une barre ou levier pour faire pirouetter la clef sur son axe. La clef d'une fontaine de Pom
pai (fig. 2697) est surmontée de même d'une anse ou anneau rectangulaire 4. D'autres plus petites et qui n'ont pas besoin d'une prise aussi puissante sont pleines. Telle est la
clef qui fermait des conduits d'eau à Aventicum (Avens elles) en Suisse 5. Un robinet trouvé à Windisch (Vindonissa), dans le canton
d'Argovie 6, a la forme d'un coq (fig. 2698), restée commune jusqu'à nos jours pour les instruments de ce genre. Tous ceux qu'on vient de citer sont en bronze. Sénèque' dit que de son temps le luxe était poussé à un tel point
dans les bains de Rome, même pour les classes inférieures, que l'on n'y voyait que des robinets d'argent.