Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EPONYMOS

mille, ' voç [GENS], une phratrie [PHRATRIA], une tribu [PHYLÉ], un dème [D MOS, voy. p. 87] faisait remonter son origine et qui lui avait donné son nom. On rendait à cet éponyme des honneurs religieux [HEROS]. Magistrat qui, dans les cités grecques, donnait son nom à l'année pendant laquelle il était en charge; ce nom figurait en tête ou à la fin des décrets. C'était, à Athènes, le premier archonte [ARCHONTES]; de même à Délos à Delphes 2, en Béotie 0, à Érétrie', à Carystos à Érinée 6, à Éphèse', etc.; à Sparte, le président du collège des éphores [EPHOxoI] et, à l'époque romaine, le TaTpovd(t.oç8; à Mégare, Aegosthena, Chalcédoine, Chersonèsos, Samothrace etc., le (3ac;ÂEÛÇ °. On trouve mentionnés de la même manière des xdcu.ot en Crète f0, des Chios f3 et dans les cités ioniennes 10; des ôapp.topyo( ou ôrlit.toupyo( à iEgion f0, à Nisyrosf°, à Samos17; des erpaTnyo en Acarnanie i8, à Trézène 59 ; ce dernier titre est aussi porté par le magistrat éponyme de la confédération étolienne, tandis que celui des cités s'appelle AEatpdç 20. Les inscriptions font connaître beaucoup d'autres magistrats éponymes. Une étude où ils se trouvent réunis avec les titres propres à chacun d'eux n'a pas encore été faite 21. Les noms de l'archonte éponyme et de celui qui avait été en fonctions l'année précédente 22 servaient à dater, à Athènes, l'inscription pour le service militaire, dû par tous les citoyens de dix-huit à soixante ans. Il y avait par conséquent quarante-deux classes désignées par les noms de leurs éponymes (C'TpeCEÎat Ev E7cnvJuotg)'a et ces épo 736 EPU n}mes étaient dits (Di Ttàv )1,,V 15.012. Les citoyens qui devaient être al ElitrestDTAIC13T,Sij dans li ar 61e année, étaient désignés de la 'oeuie manière l':. ° ",Gou. EPOP'IAE fLLLc51vi,al. LPO.S'I'RALi..MOS (l'.°o 2 ,5r.., ié( d'est. le jeu des ricochets, qui consiste à bouter n 'une cogi ' ou un palet de indolore à le faire coutil' en rebondissant aussi loin que possible sur la surfa 1 ', nu Ce jeu u été souvent dt c rit par les é::riT fins ,, latins. Le vainqueur, disent-ils, ust celui dont le .ajecti e est allé le plus loin et 1 rebondi. le plus le fois' L. S. EL'OTLUES [.uxvls . 1.PCLA sE c ,so'te.';ij. Repas publics, repas sacres Un deu, _ let phis singuliers que l'antiquité nous offre est ces lin :,,t et:lui des ripas publics, et c'est aussi l'un de ceux mie al , le plus universellement dans toutes les ;récoriteliennes. Ces repas publics mites :mut. ', peur les différentes époques, parHomère, par•Pndare, rai Hérodote, par Ihuognis,par Plutarque, pal.' Pausanias, par Athénée. Ils avaient lied a Athènes aussi Lien tpr'à Sparte, en Thessalie comme en Ci cre, àA1 uv, e Mégare, à lhasos, à ilitvlène, dans la ville dorienne de 'Tarente comme clou les éoliens de Mitylène et les Ioniens d'Éphèse, et jusque dans la colonie grecque de Naucratis en Égypte. Pour ce qui est de l'Italie et de Rome, la mémo coutume nous est signalée de la manière la plus claire. Partout les repas publics ont été usités, et partout ils ont eu les mêmecaractères. Ce n'étaient, pas des réunions formées au hasard ou en vue du plaisir. Ce n'étaient pas non plus des réunions commandées par la volonté tyrannique d'un législateur en vue de fonder une sorte de communisme. Les repas pubItcs étaient des acres sacres, et ils faisaient partie de la religion. L'origine de cet usage apparait dans les plus vieilles croyances des populations. Elle se lie au souvenir que les anciens ont toujours eu pour le foyer sacré. Tout repas était, dans ces vieilles générations, un acte religieux. C'était le feu divin du foyer qui avait préparé la nourriture. C était auprès du foyer qu'on la mangeait. Le dieu était présent. On considérait la table elle-même comme un objet sa e; ,saôv't ; Ta disait-on encore au temps de Plutarque' ; elle était une sorte d'a,utel; les anciens l'appelaient volontiers ara. Avant de manger on déposait sur l'autel ou le foyer les prémices des aliments; avant de boire on y versait la libation de vin 2. C'était la part du dieu : car nul ne doutait qu'il ne Rit présent, et l'homme croyait entrer en communion avec lui par le partage du repas. Ces vieilles idées ont régné longtemps dans l'esprit des populations grecques et italiennes et lorsqu'elles ont disparu de leur esprit, elles ont laissé dans leurs habitudes des vestiges presque ineffaçables. L'histoire des repas publics est la même que celle du culte du foyer. Il y avait un foyer sacré dans la famille, dans la curie ou phratrie, dans la tribu, dans la cité. II y eut aussi des repas communs entre les membres composant ces divers groupes. Le repas était la cérémonie qui marquait leur union religieuse entre eux et leur union avec la divinité protectrice de chaque association, Les repas communs de la famille avaient lieu avec une solennité marquée au four natal, aux différents jours de fête, aux funérailles. Les repas de la curie sont mentionnés par Cicéron; Ovide et Denys les décrivent'. Les repas de la phratrie avaient lieu aussi à Athènes''; l'auteur de la Fie P'llomère, attribuée à Hérodote, les mentionne pour File de Samos, et Athénée nous dit qu'ils avaient lieu dans toutes les villes grecques. Les repas de tribu ne nous sont pas connus pour Rome ; mais les inscriptions témoignent qu'ils existaient dans les villes grecques et qu'ils s'y perpétuèrent fort longtemps. Quant aux repas publics des cités, on les trouve partout, et l'idée que les hommes y attachaient est bien manifeste. Athénée, parlant d'après d'anciens auteurs, dit que le salut de la cité dépendait de leur accomplis sement, rr,s 'cL. rcohéo's eu lôeistvx t, On les appelait or Pollux les compte parmi les fêtes religieuses'i Il est certain qu'ils étaient, surtout dans les temps anciens, l'une des cérémonies les plus importantes du culte public. On peut voir dans l'Odyssée la description d'un de ces repas; tous les traits ne sont pas de l'invention du poète: le peuple de Pylos l'ait un sacrifice qui est en même temps un festin : neuf longues tables sont dressées ; à chacune d'elles cinq cents citoyens sont assis, et chaque groupe a, immolé neuf taureaux en l'honneur de la divinité, Ce repas, que le poète appelle le repas des dieux, commence et finit par des libations et des prières : « Fais la libation, dit le fils de èiestor en accueillant Télémaque, car telle est la loi religieuse. » 1,e même usage du repas commun est. signalé par les plus anciennes traditions d'Athènes; on racontait qu'Oreste, meurtrier de sa mère, était arrivé à Athènes au moment ou la cité, réunie autour de son roi, allait accomplir l'acte sacré ; mais le repas ne pat avoir lieu, parce que la présence d'un coupable l'aurait souillé', Les repas publics de Sparte, comme ceux de la Crète, sont bien connus; mais on se trompe fort quand on voit en eux une invention des législateurs doriens. On se trompe aussi quand on se les représente comme une institution purement politique qui aurait eu pour objet d'astreindre les citoyens à la vie commune. La vie privée, comme la propriété privée, exista toujours chez les Spartiates, et l'on sait par des textes anciens qu'ils prenaient souvent leurs repas dans leur maison au milieu de leur familles. Les repas publics de Sparte n'étaient pas journaliers ; ils avaient lieu deux fois par mois, sans compter les jours de fête", Ils étaient des actes religieux de mème nature que ceux qui étaient pratiqués à, Athènes, à Argos, et dans toute la Grèce. Denys d'Halicarnasse fait remarquer que les sYSSZTTA de Sparte ressemblent aux repas de curies des Romains ". Les repas publics de 1..a cité d'Athènes ont toujours duré. s L'État, dit Xénophon, sacrifie de nombreuses victimes; le peuple fait les banquets et se partage les viandes sacrées 52,i; des citoyens seuls avaient part à ces repas; il paraît même que. c'était une obligation d'y assister. Le lien entre ces deux choses, être citoyen et EPU -737 -FPI être copartageant du repas sacré, était si étroit que, dans certaines villes, l'homme qui n'avait pas assisté au repas, cessait par cela seul d'être considéré comme citoyen". Outre ces immenses banquets où toute la cité était réunie et qui ne pouvaient guère avoir lieu qu'aux fêtes solennelles, la religion prescrivait qu'il y eût chaque jour comme une image du repas commun en l'honneur des dieux. A cet effet, quelques hommes choisis pour représenter la cité, devaient manger ensemble, en son nom, dans l'enceinte du prytanée et en présence du foyer. La loi de Solon exigeait qu'il y eût chaque jour un repas de cette nature. Il semblait que, si ce repas venait à être omis un seul jour, l'État fût menacé de perdre la faveur de ses dieux. Le tirage au sort déterminait quels citoyens devaient y prendre part. L'homme qui se trouvait désigné ne pouvait pas se dispenser de cette fonction sainte, et la loi punissait sévèrement quiconque refusait de s'en acquitter u. Ces citoyens qui au nom du public s'asseyaient à la table sacrée, et se trouvaient ainsi revêtus momentanément d'un caractère sacerdotal, s'appelaient parasites (aap 'Belo). Ce mot qui devint plus tard un terme de mépris commença par être un titre d'honneur. Un ancien écrivain cité par Athénée disait avoir trouvé chez des écrivains plus anciens encore que le parasite était une sorte de personnage sacré, t.pdv ri xellig i, et un autre avait observé dans les vieilles lois de beaucoup de villes grecques que la fonction de parasite était estimée à l'égal des fonctions les plus hautes is. L'importance que les anciens attribuaient aux repas sacrés peut se mesurer à l'honneur dont ils entouraient ceux qui étaient chargés de les accomplir. De tout temps, les prytanes d'Athènes, c'est-à-dire les représentants officiels de la cité, furents astreints à manger tous les jours en commun, dans le 06Aoq, c'est-à-dire près du foyer public" A Thèbes, certains magistrats avaient aussi la fonction d'accomplir le repas commun A7, et dans toutes les villes grecques il y avait des salles qui étaient affectées spécialement k cet usage. Ces repas n'étaient pas des festins et n'avaient rien de commun avec le plaisir. C'étaient, comme dit un ancien, des repas pieux et modestes, ecé pcva auve" va 1R. A voir comment les choses s'y passaient, on reconnaît bien une cérémonie religieuse. Chaque convive avait sur la tels une couronne de feuilles ou de fleurs; or la couronne était, chez les Grecs comme chez les Latins et chez les Hindous, un emblème religieux et un insigne de la fonction sacerdotale. 1. Si tu sacrifies sans avoir une couronne, dit un ancien poète, les dieux se détournent de toi". » Pour la même raison les convives étaient vêtus de robes blanches ; le blanc était chez les anciens la couleur sacrée, la couleur qui plaisait aux dieux'-2. Le repas commençait invariablement par une prière et des libations ; on chantait des hymnes sacrés, Avant de se séparer, on renouvelait la libation et la prière. Un prêtre présidait; ou, si ce n'était un prêtre. c'était un de ces magistrats qui chez les anciens étaient revêtus annuellement d'un caractère sacerdotal. Tout se faisait suivant des rites immuables. La manière dont les victimes étaient égorgées était fixée par la religion. La religion disait HI. même comment les viandes devaient être cuites; if fallait qu'elles fussent rôties, directement exposées au feu sacré du foyer, et sans qu'on y mît d'abord de sel 31. Le cuisinier était une sorte de prêtre qui devait être expert dans la science d'immoler les victimes et qui devait connaître les rites particuliers à chaque sorte de sacrifice 22 11. Aussi la fonction de cuisinier, si importante pour la bonne exécution des rites, était-elle fort honorée. Comme celle de joueur et celle de héraut, comme celle de presque tous les prêtres anciens, elle était héréditaire et ne se transmettait que dans certaines familles sacrées 2', Les KÉRVK s d'Athènes étaient une noble famille qui avait de temps immémorial la fonction d'immoler les victimes, de les accommoder, de les couper par morceaux, et de verser le vine". A Sparte, le découpeur des viandes, sreroiairr6, n'était pas le premier venu, mais était toujours l'un des premiers citoyens; Lysandre remplit quelque temps cette charge honorifique 2a. Un des traits les plus singuliers de ces repas, c'est que les aliments et le vin devaient être partagés d'une manière parfaitement égale. Il y a apparence que la religion le voulait ainsi. Cette règle d'égalité absolue se voit déjà dans la description que fait Homère; et encore au temps do Plutarque, dans les repas sacrés auxquels les archontes présidaient dans les villes de Béotie, chaque convive avait sa portion fixée ; tous avaient même mesure et même poids26. Athènes avait même des magistrats spéciaux dont la charge consistait uniquement à s'assurer que dans les repas publics, les convives buvaient exactement la même mesure de vin 27. Dans ces cérémonies, tout se faisait suivant des usages antiques auxquels la. religion défendait, de rien changer, La nature des mets et l'espèce de vin qu'on devait servir étaient fixées par le rituel de chaque cité, S'écarter en quoi que ce fût de l'usage suivi par les ancêtres, présenter un plat nouveau, chanter un nouveau chant ou altérer le rhythme d'un chant ancien, était une impiété grave dont la cité eût été responsable envers ses dieux. La religion allait jusqu'à fixer la nature des vases qui devaient être employés, soit pour la cuisson des aliments, soit pour le service de la table, Dans telle ville il fallait que le pain fût placé dans des corbeilles de cuivre ; dans telle autre on ne devait employer mie des vases de terre. Chrysippe, auteur cite par Athénée, raconte que dans un repas qui eut lieu à Athènes, le cuisinier ayant fait servir un plat à un usage différent de celui auquel on avait l'habitude de l'employer, les citoyens qui faisaient le sacrifice brisèrent ce vase, parce que la loi religieuse avait été violée. Toutes ces règles de l'ancienne religion ne cessèrent jamais d'être observées, et les auteurs cités par Athénée attestent que les repas sacrés gardèrent toujours leur simplicité primitive Il est vrai que, lorsque les convives avaient satisfait à la religion en mangeant les aliments prescrits, ils pouvaient, immédiatement après, commencer un autre repas plus succulent ou plus en rapport avec leur goût. C'est du moins ce qu'on faisait à Sparte 2S. ou le rituel des repas sacrés était sévère, mais où la sensualité n'était guère plus émoussée qu'ailleurs. On lui donnait carrière, mais seulement après que la religion EPU 738 EPU avait été obéie. Les Grecs furent toujours très scrupuleux observateurs de leurs cultes locaux ; beaucoup de leurs légendes et de leurs rites ont pénétré dans le christianisme; et encore aujourd'hui le voyageur retrouve chez les Grecs modernes, à certaines fêtes solennelles, l'usage des repas sacrés. La même coutume était en vigueur dans l'ancienne Italie. Aristote dit qu'elle existait chez les peuples qu'on appelait OEnotriens, Osques, Ausones". Virgile en a consigné le souvenir par deux fois dans son Énéide. Le vieux roi Latinus reçoit les envoyés d'Énée, non pas dans un palais, mais « dans un temple consacré par la religion des ancêtres; là ont lieu les festins sacrés après l'immolation des victimes ; là tous les chefs de famille s'asseyent ensemble à de longues tables30 ». Plus loin, quand Énée arrive chez Évandre, il le trouve célébrant un sacrifice qui est en même temps un repas; le roi est au milieu de son peuple; tous les citoyens couronnés de feuillages sont assis sur des sièges de gazon près des tables. Cet usage, comme Virgile l'indique lui-même dans ce récit, se perpétua à Rome. Le repas sacré s'appelait daps. Daps apud antiquos dicebatur res divina, dit Festus3'. S'il fallait s'en rapporter à un passage de Servius, daps aurait désigné spécialement cette sorte de cérémonie religieuse, tandis que le mot epula aurait désigné un repas ordinaire"; mais si cette distinction exista nettement, ce ne put être qu'à une époque fort ancienne, et elle s'effaça de bonne heure. Les Romains de l'époque de Cicéron désignaient habituellement le repas sacré par le mot epulum; sacri/cium cum epulo33 Ces repas avaient lieu les jours de grande solennité religieuse, ou quand on dédiait un temple, quand on exécutait des jeux sacrés, ou enfin quand on célébrait des funérailles auxquelles on voulait associer la ville entière. La cérémonie du triomphe consistait essentiellement en un sacrifice qui était suivi d'un repas public 3''. Le peuple entier prenait part à ces banquets, et des tables étaient dressées dans toute la longueur du forum n. En dehors de ces fêtes solennelles, il y avait des repas sacrés qui devaient être faits en commun par les pontifes, d'autres qui devaient l'être par le sénat36. Il est si vrai que ces repas faisaient partie de la religion, que c'était d'abord les pontifes qui y présidaient; plus tard, la cité eut des prêtres spéciaux, les EPULONES, pour en marquer le jour et pour en régler tous les détails". L'une des règles prescrites par la religion pour ces repas, était de chanter des hymnes. Ces chants étaient surtout en l'honneur des dieux ; mais ils disaient aussi les actions des hommes 33, et ils rappelaient toutes les actions qui, dans les vieux siècles, avaient intéressé la religion nationale et manifesté la faveur des dieux. C'est par ces chants, qui n'étaient pas l'oeuvre de l'imagination, mais de la piété, et que les générations se transmettaient sans oser les altérer, que le souvenir des vieux temps de Rome nous a été quelque peu conservé. Le rituel des repas était aussi rigoureux à Rome qu'en Grèce. I1 fut toujours sévèrement observé. Ni le temps ni les révolutions ne l'altérèrent. Au temps d'Auguste, les repas sacrés avaient encore toutes leurs formes antiques. « J'ai vu, dit Denys d'Halicarnasse, le repas dressé dans les demeures sacrées, devant le dieu; les tables étaient de bois, suivant l'usage des ancêtres, et la vaisselle était de terre. Les aliments étaient des pains, des gâteaux et quelques fruits. J'ai vu faire les libations ; elles ne tombaient pas de coupes d'or ou d'argent, mais de vases d'argile, et j'ai admiré les hommes de nos jours qui restent si fidèles aux rites de leurs pères 39. » Cependant il est hors de doute qu'à la longue, le caractère de ces repas s'altéra. L'idée religieuse qui s'y était longtemps attachée, finit par s'effacer et disparaître parce que les vieilles croyances avaient disparu ellesmêmes. Le peuple romain, qui finit par être recruté parmi des esclaves de tout pays, perdit ses traditions. Pauvre, sans ressource et sans travail, il ne vit dans ces repas publics qu'un moyen de vivre un jour entier dans l'abondance, et il fallut les multiplier pour assouvir sa faim. Alors le repas sacré n'eut plus lieu que pour la forme ; quelques prêtres continuèrent à se réunir dans un temple, auprès du foyer, pour accomplir pieusement les vieux rites ; mais pour la foule le repas se changea en une distribution de viande, de pain et de vin ou d'argent. Ce fut comme les jeux du cirque, qui avaient d'abord été une cérémonie religieuse et qui devinrent un vulgaire et grossier amusement, panem et circenses. Il en fut de l'institution des repas sacrés comme de la plupart des institutions, qui se corrompent plutôt que de disparaître.