Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EQUIRRIA

EQUIRRIA ou UQUIRIA. Ce sont, avec les coNSUALIA, les jeux les plus anciennement célébrés à Rome. Les egxliria, comme les consualia, sont mentionnés en gros caractères sur les calendriers qui nous sont parvenus. Ils figuraient donc dans la rédaction primitive que M. Mommsen fait remonter à l'époque des décemvirs'. Les auteurs reportent l'institution des equiria à Romulus Ces jeux consistaient, comme on le voit assez par leur nom, en courses de chevaux : « Ecuirria ab equorum cursu n dit Varron 3; Ovide parle de courses de chars`. A l'imitation de ce qui se passait dans les cirques, les chevaux avaient fini par être attelés, mais il est probable qu'ils avaient commencé par courir en liberté et sans être montés. Le carnaval romain pouvait encore, il y a une vingtaine d'années, donner une idée de ce genre de divertissement. Les courses avaient lieu, non dans un cirque, mais en plein air, sur un terrain gazonné, réservé à cet usage dans le Champ de Mars 3, et non loin sans doute de l'ara Marlis. Quelques inscriptions découvertes dans cette partie de Rome ont permis de fixer cet emplacement avec précision. Une inscription relative à un agitator factionis prasinae a été trouvée au palais de la Cancellaria auprès de l'église San Lorenzo in Damaso, qui s'appelait aussi au moyen âge in Prasino. Le mot prasinu.s signifiait la couleur verte, emblème de l'une des factions des cochers du cirque. M. Otto Gilbert conclut de ce fait que les cochers avaient leur écurie là où s'éleva plus tard cette église. Un autre indice de même nature lui rait placer l'extrémité du champ de courses à l'église San Biagio. Il suivrait de là qu'il allait parallèlement au cours du Tibre, parallè lement à la direction des porticus maxime et au sud ouest de cette construction 7. On avait prévu le cas où les débordements du Tibre, si fréquents au printemps, dans la saison même où tombaient les courses, les au raient empêché d'avoir lieu sur le terrain qui leur était destiné. On les transportait alors sur le Caelius, dans 94 EQU 716 EQU un endroit appelé aussi campus martialis 8. On voit par les détails qui précèdent que la fête était célébrée encore sous l'Empire, mais elle n'avait alors qu'une importance bien secondaire auprès des jeux établis plus tard et qui la surpassaient de beaucoup en magnificence. Le nom même de ludi avait fini par être exclusivement attribué à ces derniers 9. Ce qui la rendait encore vénérable pour tous et ce qui en faisait l'intérêt pour l'archéologue, c'étaient les souvenirs auxquels elle se rattachait. Elle appartenait au cycle le plus ancien des sacra romana. Elle était donnée en l'honneur d'une des plus vieilles divinités italiotes et latines, le dieu Mars f0, dieu de la force virile, personnification de l'activité productrice dans la nature, et dans l'homme de l'énergie guerrière. Les chevaux, dont l'élève réussissait assez bien au centre de l'Italie, dans les pâturages de la montagne, lui étaient consacrés ". En ce qui concerne spécialement les equiria, le choix seul du terrain où ils étaient célébrés, de cette vaste plaine à laquelle Mars avait donné son nom, suffirait pour démontrer leur rapport avec son culte. Le choix du moment n'était pas moins significatif. Les equiria étaient au nombre des FERIAE stativae. Ils se plaçaient au commencement de l'année, dans cette période qui coïncidait avec le retour du printemps et qui, pour cette raison, était particulièrement vouée à Mars et toute remplie par les hommages rendus à sa divinité. Les cérémonies qui se succédaient durant le mensis Martius commençaient même dès la fin de février, après les purifications et les offrandes aux morts qui avaient occupé ce dernier mois de l'année écoulée'". Elles débutaient précisément par les equiria, le `27 février. Les equiria étaient ensuite célébrés une seconde fois, le 14 mars. La participation des prêtres Saliens [SALIS] aux equiria n'est pas directement attestée par les textes, mais elle résulte du caractère de la fête, analogue à celles qui, durant le mois de mars, mettaient en mouvement cette confrérie. Il y a d'ailleurs une cérémonie qui suppose nécessairement l'intervention des Saliens. A cette date du 14 mars, le mot mamuralia se substitue dans quelques calendriers à celui de equiria". Mamurius était ce forgeron qui, par les ordres de Numa, avait fabriqué onze boucliers ou ancilia exactement semblables à l'ancile que le pieux roi avait reçu du ciel, de telle sorte qu'on ne pût distinguer ni dérober de préférence ce dernier". L'identité de cette figure avec Mars, Mamor, Mamers n'est pas douteuse ". Servius nous dit qu'on lui avait consacré un jour où l'on frappait avec des bâtons sur un bouclier, comme avec un marteau, de manière à imiter le travail de la forge 's. Ce jour ne peut être que le jour des mamuralia, jour des equiria dont cette cérémonie était, sans doute un épisode ou un complément. Or, le culte de Mamurius était confié aux SALn97. G. BLocn.