Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EQUITES

EQUITES. GRÈCE (al [assois). La plus ancienne cavalerie que nous connaissions chez les Grecs est celle que nous montrent les poèmes homériques, la cavalerie des chars [CURROS]. La tactique à l'époque du char de guerre est toute aristocratique : il y a deux guerriers sur le char, l'iviozos et le a«ptxgzrrrq; ce sont ordinairement deux amis et ils appartiennent à la classe des nobles, des âvax. og, des (3xet3sig ; sur le champ de bataille la foule du peuple les suit, sans avoir une grande influence sur le résultat de l'action; des nobles seuls dépend la victoire parce qu'ils sont montés et bien armés. Cette importance EQU -753EQU de la cavalerie explique, d'après Aristote, pourquoi c'est le gouvernement de l'aristocratie qui a succédé à celui de la monarchie'. « Le premier gouvernement chez les Grecs, après la royauté, fut aux mains de ceux qui faisaient la guerre et tout d'abord aux mains des cavaliers ; c'est dans la cavalerie que reposait la puissance à la guerre, car il fallut un temps assez long à l'infanterie pour se discipliner et pour connaître sa force 2. » Dans un autre passage d'une portée plus générale, Aristote établit la corrélation qu'il y a entre la forme du gouvernement d'un pays et son organisation militaire : là où l'arme principale est la cavalerie ou la grosse infanterie des hoplites, le gouvernement est aristocratique ; là où c'est l'infanterie légère ou bien la marine, le gouvernement est démocratique 3. On a dit' que, le sol de la Grèce n'étant pas en général propre à la cavalerie, ces observations d'Aristote ne s'appliquaient qu'à un nombre assez restreint de pays grecs, ceux qui possédaient ces grandes plaines nécessaires aux manoeuvres de la cavalerie. Cependant il faut observer qu'à l'époque historique subsistaient encore sur divers points de la Grèce d'anciennes coutumes, d'anciennes dénominations, qui prouveraient qu'à l'époque héroïque l'usage du char de guerre était très répandu (on verra plus loin ce qui concerne Sparte, la Crète, la Béotie, Cyrène) ; on sait de plus que le char de cette époque était d'un maniement facile et pouvait être employé même sur un terrain accidenté. Quoi qu'il en soit, le rapport établi par Aristote entre la cavalerie et l'aristocratie est une vérité constante pour toute l'antiquité ; la cavalerie a toujours été un corps aristocratique et, quand on étudie l'histoire de cette arme dans un pays, ce n'est pas seulement l'histoire militaire de ce pays que l'on étudie, c'est aussi son histoire politique et sociale. Athènes. L'Attique n'est pas un pays favorable à la cavalerie 5; à l'exception des deux grandes plaines de Marathon et de Thria, le sol est rocailleux, montueux; il blesse et use très vite les pieds des chevaux'. Cependant le cheval occupe une grande place dans les légendes particulières de l'Attique; par exemple la lutte entre Poseidon et Athéna, l'histoire d'Erechthée, celle des Amazones et d'Hippolyte ; on connaît le culte de Poseidon Hippios à Colonne ; dans un passage de l'Iliade, qui paraît remonter tout au plus à l'époque de Solon ou de Pisistrate, nous trouvons rappelées les trois prétentions, qui ont toujours été les plus chères aux Athéniens, la protection d'Athéna, l'autochthonie et l'art de dresser les chevaux'; nous savons enfin que jusqu'à l'époque de Pisistrate, il n'y avait à la fête nationale du pays, les Panathénées, qu'une seule sorte de concours, les jeux équestres 3. Tous ces faits indiquent que, dès une haute antiquité, l'aristocratie a été très puissante dans l'Attique et qu'elle avait un goût prononcé pour la cavalerie. Quelques savants' ont voulu aller plus loin et ont cru qu'on pouvait reconnaître cette aristocratie dans la seconde des quatre tri I11. bus ioniennes, qui ont formé jusqu'à Clisthène la division administrative et religieuse de l'Attique, les llopletes. Cette identification, qui prétend s'appuyer sur quelquesuns des traits de la légende de Xuthus et d'Ion, ne peut être considérée que comme une hypothèse. Le grand fragment de la 116À;o(a tiwv 'AO va(mv d'Aristote, qui vient d'être publié", nous apporte quelques renseignements précieux sur la cavalerie athénienne; malheureusement, sur bien des points importants, cet ouvrage présente les difficultés les plus graves. Un des passages les plus embarrassants est celui qui concerne la législation de Dracon. Il résulterait de ce passage que la cavalerie existait déjà à l'époque de Dracon comme corps militaire et comme classe sociale. a Ce législateur, dit Aristote, constitua la cité avec ceux qui pouvaient se fournir l'armement; on choisissait les archontes et les trésoriers parmi ceux qui avaient une fortune, libre d'hypothèques, d'au moins dix mines; pour les autres charges on prenait ceux qui avaient l'armure; quant aux stratèges et aux hipparques ils devaient prouver une fortune nette d'au moins cent mines et avoir des enfants légitimes âgés de plus de dix ans". » Un peu plus loin, à propos de l'organisation du conseil des Quatre-Cent-Un, Aristote dit : a Si l'un des membres du Conseil, quand il y a séance du Conseil ou de l'Ecclésia, manque à la réunion, il est passible d'une amende qui est de trois drachmes pour le pentacosiomédimne, de deux drachmes pour le cavalier, d'une drachme pour le zeugite. » Au milieu des obscurités qui couvrent l'histoire des origines de la constitution athénienne, s'il y avait un point qui parût clair, qui fût considéré comme bien certain et bien établi, c'est l'attribution des classes censitaires à Solon. Le témoignage de Plutarque est formel là-dessus''; et ce témoignage se trouve confirmé par celui de divers grammairiens 13 qui, en parlant de l'institution des classes, ne mentionnent que Solon, sans dire un mot de Dracon. Ce n'est pas là la seule difficulté. Sans entrer dans plus de détails, il nous est impossible de comprendre comment ce cens qui divise la cité en pentacosiomédimnes, en cavaliers, en zeugites, concorde avec le cens imposé aux archontes et aux trésoriers, aux stratèges et aux hipparques 14. En présence de tous les embarras, et même des contradictions que se trouvent dans ce passage, quelques critiques ont exprimé l'avis qu'il était interpolé et qu'on ne pouvait l'attribuer à Aristote ". Les arguments émis en faveur de cette explication nous paraissent avoir une force considérable, et nous n'hésitons pas à nous ranger à cette opinion. Quelque peu de confiance qu'on accorde à Plutarque et aux lexicographes, l'erreur commise ici par eux paraît un peu forte. Si, au contraire, on admet l'authenticité de ce passage,il n'y aurait, d'après nous, qu'une façon d'expliquer cette erreur, c'est de supposer que Plutarque et les lexicographes ont trop pris à la lettre ces mots d'Aristote : 95 EQ [1 --75 EQU « Solon constitua un gouvernement et établit des lois différentes; on cessa de se servir des lois de Dracon, à l'exception des lois sur le meurtre". » Il ressort, en effet, de ce dernier passage que Solon a fait très probablement table rase de tout ce qui existait avant lui; il n'a gardé de la législation draconienne que les lois sur le meurtre ; puis il a constitué l'État à nouveau ; mais dans cette constitution nouvelle il a fait entrer bien des éléments de l'ancienne; il a conservé les quatre tribus, les douze phratries avec les phylobasileis, l'Aréopage, le Conseil des Quatre-Cents ; il aurait donc pu aussi emprunter à. Dracon la division des classes censitaires. Mais si l'on admet cette explication, il nous semble qu'il faut admettre aussi non seulement qu'à l'époque de Solon on a procédé à une évaluation nouvelle des fortunes, et, par conséquent, à une répartition nouvelle des citoyens dans les classes, mais aussi qu'à l'époque de Dracon, cette division en classes censitaires n'avait encore qu'une importance secondaire, tandis que l'ancienne division, en Eupatrides, Géomores,Démiurges, qu'on attribuait à Thésée et qui était toute aristocratique tenait toujours le premier rang. On ne peut nier en tout cas que les détails, dans lesquels entre Aristote pour faire connaître la division des classes de Solon, n'indiquent chez lui l'intention de montrer dans cette partie de l'oeuvre du législateur quelque chose de nouveau et qui lui appartient bien, en tout ou en partie : « Il divisa les fortunes en quatre classes, comme cela avait été fait auparavant u, pentacosiomédimnes, cavaliers, zeugites, thètes. Il attribua les fonctions publiques aux pentacosiomédiillnes, aux cavaliers, aux zeugites, e,est à-dire les fonctions d'archontes, de trésoriers, de polètes, d'onze, de colacretes, donnant à chacun un droit aux fonctions publiques en rapport avec sa fortune. Il n'accorda aux thètes que le droit de siéger à l'ecclésia et dans les tribunaux. Pour être pentacosiomédimne, il fallait recueillir de ses terres cinq cents mesures en denrées sèches ou liquides; pour être cavalier, il fallait en recueillir trois cents, ou, comme quelques-uns le disent, être en état de nourrir un cheval ", et on donne comme preuve le nom de la charge dérivé de l'obligation imposée et les consécrations des anciens; en effet il y a sur l'Acropole une statue du (fils de) Diphilos, sur laquelle se trouve cette inscription : Anthémion, fils de Diphilos, a consacré cette statue aux dieux parce qu'il est passé de la classe des thètes dans celle des cavaliers. Et il a auprès de lui un cheval comme témoignage. Le cens des zeugites était de deux cents mesures79; tous les autres citoyens formaient les thètes et ne participaient à aucun emploi. » Malheureusement le fragment d'Aristote, si explicite sur la formation de la classe sociale des cavaliers, n'apporte rien de nouveau sur la manière dont le corps militaire des cavaliers était organise du temps de Dracon ou de Solon. Tout ce qu'il nous dit c'est que ce corps aurait existé puisqu'il y avait des hipparques dans Athènes au temps de Dracon; pour le reste nous en sommes toujours réduits au texte de Pollux 20 : Les démarques sont les chefs des dèmes; ils s'appelaient autrefois naucrares, lorsque les dèmes s'appelaient naucraries. La naucrarie était la douzième partie de la tribu qui avait douze naucrares ; la trittys en avait quatre; ils avaient à répartir les contributions entre les dèmes et à régler les dépenses particulières des dèmes. Chaque naucrarie fournissait deux cavaliers et un vaisseau; c'est de ce vaisseau qu'elle a peut-être tiré son nom. » S'il était vrai que la cavalerie athénienne existât déjà du temps de Dracon, la question des naucraries aurait perdu de son importance 21 ; mais, comme cette question reste encore douteuse, nous continuons à croire que le témoignage d'Hérodote relatif aux prytanes des naucrares est en contradiction avec ce que dit Thucydide, surtout avec ce que disent certains grammairiens qui attribuent à Solon l'institution des naucraries 22. Le texte de Pollux est considéré comme une citation empruntée à la floatTa(a T,wv 'AOr,vaéov d'Aristote" ; le philosophe parlait donc, dans un autre passage de son livre, et des naucraries et des cavaliers; y avait-il dans ce passage des renseignements sur l'origine des naucraries? Peut-être une nouvelle découverte nous l'apprendra-t-elle; en attendant cette question, qui serait surtout intéressante pour l'histoire de Solon et de sa législation, doit être réservée. Quoi qu'il en soit, la constitution athénienne telle qu'elle a été réglée par Solon repose sur deux grands principes: elle est militaire et timocratique; elle a pour objet de répartir les charges militaires entre les diverses parties de la population et de régler les rangs dans la cité d'après les charges imposées à chaque partie de la population. Les trois premières classes, qui seules supportent toutes les charges, qui seules sont soumises au service militaire, qui équipent la flotte, qui fournissent des cavaliers montés, ces classes sont payées de tous ces sacrifices par une série de privilèges qui sont une compensation de toutes ces charges; et ces privilèges sont en proportion directe avec la fortune de chaque classe, c'est-à-dire avec les charges qui lui sont imposées; le témoignage d'Aristote est formel sur ce pointe'; en un moi, dans la constitution de Solon, les charges imposées à chaque citoyen sont en proportion de sa fortune, et ses privilèges sont en proportion des charges qu'il subit. C'était là une application de cette grande idée de la justice distributive, de la Néueatç, une des idées fondamentales qui ont réglé la conscience grecque depuis Hésiode jusqu'à Socrate et jusqu'aux sophistes 25. Si à présent nous cherchons à voir comment était organisée l'armée athénienne à cette époque, nous voyons qu'elle comprend le corps des hoplites, les cavaliers, la flotte. Ces trois services sont répartis entre les trois premières classes, les seules qui soient appelées à former l'armée nationale. Il n'était pas nécessaire de fixer l'effectif du corps des hoplites ; cet effectif était indiqué parle chiffre de la population : tous les citoyens valides des trois premières classes sont tenus de se fournir l'armure complète et de servir comme hoplites. Pour la flotte et pour la cavalerie 26 au contraire, il fallait indiquer quelle importance on entendait donner à cette partie de la puissance EQU militaire d'Athènes; il fallait enfin répartir d'après la population et le territoire les charges qui en résultaient,. L'ancienne division des quatre tribus et des douze phratries est conservée; mais à côté de la phratrie, division qui est surtout religieuse, on place la trittys''', division purement admististrative; la t ittvs est enfin subdivisée en quatre parties appelées naucraries. On a donc quatre tribus, douze trïttyes et quarante-huit naueiaries ; la répartition des vaisseaux et des cavaliers est faite sur les bases suivantes Ainsi l'armée athénienne comprend une flotte de quarante-huit vaisseaux, un escadron de quatre-vingt-seize cavaliers et un corps d'hoplites dont l'effectif n'est pas connu. On a jusqu'ici compris assez inexactement, la façon dont les trois services de la flotte, de la cavalerie et des hoplites ont été répartis entre les trois classes qui servent a recruter l'armée. On croyait que la cavalerie ne pouvait être recrutée que dans la deuxième classe, celle des cavaliers, et alors on se heurtait a de nombreux témoignages attestant que les cavaliers peuvent appartenir à la première classe'$. Voici, d'après nous" le sens qu'il faut attribuer à la division des classes de Solon. Le timéma de la troisième classe, deux cents médimnes, indique la limite au-dessous de laquelle on ne peut plus être enrcîlé comme hoplite ; celui de la deuxième classe, trois cents tnedimues, indique la limite au.. dessous de laquelle un ne peut plus être enrôlé commue Ce calier ; le. . ,,fine de la première classe, cinq ~en médimnes, indique la limite au-dessous de laquelle on ne peut plus être triérarque. Ce ne sont donc pas seulement les citoyens de la troisième classe qui sont hoplites, mais aussi tous ceux de la deuxième et de la premiero qui ne sont ni cavaliers ni triérarques; et, de la même manière, ce ne sont pas seulement les citoyens de Ia. deuxième classe qui peuvent être enrôlés comme cava. tiers, mais aussi tous ceux de la première classe qui ne sont pas triérarques. En un mot, les citoyens valides des trois premières classes sont astreints au service militaire dans le corps des h-'plites; avais, en outre, pour recruter la cavalerie. en peut prendre tous les citoyens qui ont au moins le taméeea de la deuxième classe, est--à-dire les citeaens de la première et de la deuxième classe ; et enfin pour la flotte, on peut prendre tous les citoyens qui ont Io finie:ma de la première classe. Cette explication rend compte des noms attribués aux quatre classes censitaires. Il ne faut pas croire, avec K. P. Hermann 3e, que cette division nouvelle n'est autre chose que l'ancienne division en trois classes de Thésée, à laquelle on aurait ajouté simplement une classe nouvelle, celle des pentacosiomedimnes ; il ne faut pas s'imaginer que les thetes rie sont autre chose que les démiurges de Thésée; que les zeugites ne sont autre chose que les anciens géomores, et qu'enfin les izaasç ne sont autre chose que les eupatrides. Nous pensons, au EQU contraire, que s'il y a quelque chose de bien évident dans l'institution nouvelle, c'est le soin avec lequel on a évité de donner à aucune des classes un. nom qui pût rappeler le privilège de la naissance. L'ancienne division attribuée à Thésée reposait véritablement irur ce caract. e , ace système Solon (ou Dracon) en oppose un autre tout dif erent qui repose sur le privilège de la fortune" , et les noms qu'il donne aux nouvelles division du corps social n'ont trait qu'à, ta fortune. Des poins comme les citoyens eu.c cinq cents mesures, les citoyens qui ont un attelage de boeufs, les mercenaires sont significatifs : à côté de termes si clairs, le mot ir7tnaa ne peut avoir d'autre signification que celle qu'il a généralement, un homme qui a un cheval ou qui monte à cheval. Ces noms des nouvelles classes ont un sens tout administratif', nous pourrions dire tout laïque. ils sont par là en parfaite corrélation avec les noms de naucraries et de trittys, et ils appartiennent très probablement au même système d" institutions. Ainsi dès l'époque de Dracon, en tout cas dès l'époque de Solon, ii y eut dans Athènes une classe sociale et un corps militaire de cavaliers. Les deux choses sont distinctes et potlent des noms différents : l'expression ir-côte relata", avoir le cens équestre, ne s'applique qu'à la classe : pour le service militaire, l'expression usuelle est Gier€x eivxi. Eu effet, on peut être rangé dans l'une sans être incorporé dans l'autre, comme on peut appartenir à la première classe et n'être pas triérarque. Mais un lien étroit rattache le corps militaire à la classe sociale ;. i n'y a pas, dans Athènes, une crasse de cheva_ s, et, en dehors de cette classe, un corps militaire de r,ai'rr.liers; il y a une classe de cavaliers, et c'est le cens de cette classe qui détermine quels sont les citoyens qui peuvent servir dans la cavalerie ; tous ceux qui ont le cens de cette classe peuvent être enrôlé sparl'hipparque. Après Solon, il n'est plus question de la cavalerie athénienne jusqu'à l'époque où commence la guerre du Péloponnèse. Son effectif parait avoir été porté de quatrevingt-seize à cent hommes, lors des réformes de Clisthène et de l'institution des dix tribus". Il semble cependant que, peu après Solon, on se soit préoccupé d'avoir dans l'armée athénienne un bon corps de cavaliers. On peut attribuer à Pisistrate cette alliance avec ia Thessalie 34 qui a duré si longtemps et qui avait pour objet de donner une bonne et nombreuse cavalerie aux Athéniens. Les guerres Médiques montrèrent la supériorité de l'infanterie des Grecs sur celle des Perses ; mais ceux-ci possédaient une cavalerie nombreuse, qui fit souvent du mal a l'ennemi; les Grecs n'avaient guère dans leur armée que quelques cavaliers, à peine en état de faire un service d'ordonnances". Dans le contingent athénien, ces cavaliers faisaient très probablement partie du corps institué par Solon; l'anecdote, dans laquelle Plutarque montre Cimon allant déposer un frein de cheval aux pieds de la statue d'Athéna3e, prouve qu'a cette époque la jeunesse aristocratique d'Athènes avait le goût qu'elle montrera toujours pour la cavalerie. Les guerres Médiques avaient donc ouvert les yeux EQU î56 EQU aux Grecs sur les services que la cavalerie peut rendre à la guerre. Si l'on en croit Andocide 37 et Eschine 38, c'est par des accroissements successifs que les Athéniens auraient formé leur cavalerie. Après la paix de Cinquante ans en 43'2, ils auraient organisé pour la première fois un corps de trois cents cavaliers et acheté trois cents archers scythes; après la paix de Trente ans, en 445, ils auraient porté le corps des cavaliers à un effectif de douze cents hommes et acheté de nouveau trois cents archers scythes, Ces renseignements sont empruntés, dans les deux orateurs, à des passages où il est difficile de ne pas voir de purs développements oratoires. Aussi quelques savants30 ont-ils émis des doutes sur l'exactitude de ces témoignages. Le peu que nous savons des batailles de Tanagra en 457 et de Coronée en 447 semblerait leur donner raison. Un fait doit être relevé qui appartient à l'histoire de l'art. On admet généralement que la frise de la cella du Parthénon représente la grande procession des Panathénées ou les préparatifs de cette procession. Il y a bien des points obscurs pour nous dans cette représentation; nous ne comprenons pas, par exemple, pourquoi le corps des hoplites ne se trouve pas figuré sur la frise ; leur présence à cette procession est un fait hors de toute contestation 40. Les cavaliers, au contraire, occupent dans cette composition une place des plus considérables. Cela prouve sûrement qu'à l'époque où cette frise fut composée, la réorganisation de la cavalerie était un fait accompli; jamais sculpteur n'aurait donné une telle place dans son oeuvre à ce corps s'il n'avait eu que l'ancien effectif de cent hommes; peut-être aussi cela nous indique-t-il que cette réorganisation était une oeuvre assez récente. Ne peut-on pas supposer que l'artiste, en négligeant les hoplites pour donner une place plus grande aux cavaliers, a voulu faire ce que nous appelons une oeuvre d'actualité? Nous serions donc tenté de croire, mais ceci n'est qu'une. simple supposition, que la réorganisation de la cavalerie s'est faite en une seule fois, qu'elle est l'oeuvre de Périclès et qu'elle doit être placée peu de temps avant l'année 438, époque oùla statue chryséléphantine d'Athéna fut placée dans le Parthénonb1. Quoi qu'il en soit, en 431, au moment où commence la guerre du Péloponnèse, la cavalerie athénienne se trouvait portée au chiffre qui sera regardé comme son effectif normal, mille cavaliers citoyens et deux cents archers à cheval. C'est au moment où la cavalerie athénienne est définitivement constituée qu'il convient d'étudier son organisation. Mais pour bien comprendre cette organisation, il est nécessaire de connaître tous les services qui étaient demandés à la cavalerie, et en particulier les services qu'elle avait à faire dans les fêtes religieuses. Les cavaliers sont appelés à prendre part à deux des actes principaux d'une fête religieuse, la procession, 7ro(i57r's, et les jeux ou concours, ywveç. Les grandes fêtes ayant pour objet de rendre hommage aux divinités nationales, on peut dire que c'est la cité tout entière qui compose la procession42. Non seulement les prêtres et les magistrats, mais les hoplites, les cavaliers, les éphèbes, toute l'armée en un mot est tenue de figurer dans le cortège". On pensait que ces parades étaient un bon moyen pour exercer les hoplites et les cavaliers ". Les Athéniens se prétendaient le peuple le plus religieux de la Grèce parce qu'ils avaient plus de fêtes que les autres peuples 46. Les dépenses qu'occasionnaient ces fêtes étaient des plus considérables : Démosthène dit que pour les Panathénées et les Dionysies on dépensait plus que pour une expédition navale". La présence de la cavalerie aux processions nous est attestée d'une façon formelle par Démosthène ''7, et surtout par Xénophon. Dans le livre qu'il a écrit sur les devoirs de l'hipparque, Xénophon recommande à cet officier de s'occuper avec le plus grand soin du rôle de la cavalerie dans ces cérémonies : les cavaliers doivent apprendre à conserver l'ordre qui rendra les processions que l'on fait aux dieux aussi belles que possible ''8; il propose des évolutions nouvelles sur l'Agora, devant les Hermès et l'Éleusinion 42 ; il étudie la question de savoir quelle doit être la tenue des cavaliers, comment ils doivent porter la lance. Le nom de l'Agora revient assez souvent dans les textes qui rappellent le rôle des cavaliers dans les processionsa0; c'était là, pour les fêtes auxquelles la cavalerie prenait part, un point topographique important. Voici l'ordre dans lequel se faisait le défilé de la cavalerie. En tête marchaient les archers scythes à cheval, les ï7r7rvTOGTat51, 11, après eux seulement venaient les cavaliers : montés sur leur chevaux d'ordonnance, la tête ceinte de couronnes62, EQU 757 ils s'avançaient divisés en deux corps de cinq escadrons 53 ; en tête de chaque corps marchait l'hipparque, qui était peut-être entouré des 2cdôpou0t 54; et en tête de chaque escadron (fig. 2718), le phylarque u. Beaucoup de ces officiers faisaient souvent aller leurs hommes au pas, afin de pouvoir eux-mêmes caracoler et se faire admirer de la foule. Xénophon blâme très vivement cette pratique, il trouve que les officiers s'occupent trop d'euxmêmes et pas assez de leurs hommes"; la vraie parure d'un commandant de cavalerie, c'est la bonne tenue de son escadron 57. Le défilé de ces cavaliers, presque tous jeunes, presque tous des premières familles d'Athènes, était un des principaux ornements des processions et EQU arrachait des cris d'admiration à tous les spectateurs58. Il faut cependant reconnaître que, si la présence des cavaliers à la procession des grandes fêtes d'Athènes est attestée par des témoignages certains, il n'y a qu'une seule de ces fêtes qui soit nommée d'une façon précise dans nos textes, c'est la fête des Olsnapieia 59. Pour les autres, nous sommes guidés par l'analogie. Ainsi la procession des Éleusinies est une û7caa-7.zvTratç, et nous savons par Polybe 50 que la présence des cavaliers était de règle à ces sortes de processions. Quant aux Panathénées, nous avons pour preuve la frise de la cella du Parthénon (fig. 2719), si l'on admet que cette frise représente la procession et non les concours 61 Quoi qu'il en soit de ces points particuliers, la présence des cavaliers à ces cérémonies est attestée d'une façon générale par des textes nombreux; il nous semble donc qu'on peut en conclure que la cavalerie figurait à la 7rol.-i des principales fêtes d'Athènes. Un fait important est à relever, c'est que cette participation des cavaliers aux processions est très ancienne; elle est attestée non-seulement pour l'époque de Démosthène et de Xénophon, mais aussi pour celle d'Aristophane, et même pour celle de Phidias. Les jeux ou concours 62 sont le complément, on peut dire nécessaire, de toute grande fête religieuse. Des trois sortes de concours, l'yàv uouatxdç, l'ywv ry.vtxdç et I'âywv Ï757nxdç, ce dernier se distingue des deux premiers, en ce que, pour concourir, on n'a pas besoin de descendre soi-même dans l'arène ; ce n'est pas celui qui a dirigé le cheval ou le char victorieux, ce n'est pas l'écuyer ou le cocher qui est proclamé vainqueur (fig. 2720), mais le propriétaire du cheval ou du char; la victoire n'est plus la récompense de la force ou du mérite personnel, comme dans les autres concours ; l'yàv (7c7ctxdç est le privilège de la richesse ; quiconque veut faire montre de sa richesse n'a pas de meilleur moyen que de faire courir aux jeux publics; les mots hticoTpopéa, puaTorpoptx servent pour désigner une grande richesse 63. Introduit relativement assez tard 60 dans le programme des concours, l'ymv i767ctxdç leur donne peu à peu un caractère aristocratique qu'ils n'avaient point auparavant. A mesure qu'à partir du ve siècle l'opposition grandit contre les abus de la gymnastique, on voit les jeux équestres augmenter d'importance et devenir bientôt la partie la plus brillante de la fête; là du moins les riches, les nobles, les rois étaient sûrs de n'avoir que des rivaux dignes d'eux ; ils n'étaient pas exposés à avoir à disputer le prix à des cuisiniers65 ou à des marchands de poisson 66. Nous avons vu que de bonne heure l'aristocratie athénienne y a montré une vive passion pour les chevaux; nous n'avons pas à parler ici des victoires que des citoyens athéniens ont remportées aux jeux équestres des grandes fêtes de la Grèce; il nous suffira de citer dans la liste des olympionices athéniens, les noms d'Alcméon, l'ami de EQU 3° Les Lampadodromies °g. Ces courses, à pied, sont très anciennes, mais c'est seulement du temps de Platon qu'on a commencé à les faire à cheval". Vers l'an tél), sous l'archonte Phaidrias, les cavaliers font une lampadodromie aux Théseia 97; mais bientôt après les tarentins sont substitués aux cavaliers"; nous connaissons aussi une larnpadodromie faite par les cavaliers à la fête des Panathénées vers le milieu du IIe siècle après Jésus Concours individuels. -Ils constituent ce qui est proprement l'àyufv i7t7ttxéç. Nous connaissons exactement la composition de ce concours pour deux des grandes fêtes d'Athènes, les Théseia et les Panathénées. 1. Théseia". Nous avons sur cette fête [TMESETA] Une dizaine d'inscriptions plus ou moins complètes 90 ; trois sont datées de noms d'archontes qui se placent entre les années 163 et 136 avant Jésus-Christ, ce sent les inscriptions 444, 4443 et 47i6. Toutes ces inscriptions, pour ce qui concerne l'éyw itcattxéç, peuvent se diviser en deux groupes ; le premier groupe comprenant les inscriptions 444 et 443, le second groupe comprenant les inscriptions 446 et suivantes. Dans le premier groupe, nous voyons trois catégories de concurrents faire trois sortes d'exercices 92. Les phylarques (i'x zyv ou),âoyt„v) font : le diaulos, soit en armes soit avec le cheval de guerre ; le diaulos simple; l'acampios simple, Les cavaliers (lx 'c(co i7tlrio1v) font : le diaulos avec le cheval de guerre; le diaulos simple ; I acampios simple. 3, Tous (ka 7âvzmv) font : le diaulos; l'aeampios. Les concours 17770) ).ap.7cpip et wY 'Optait. iyoe-: .Ont aussi ouverts à tous, ils sont ix 7cs4 To)v, tout en étant plus particulièrement disputés par les cavaliers. Les jeux de l'année à laquelle appartient l'inscription 443 ont eu un grand éclat : il y eut alors un double concours des phylarques, et des courses avec le char ztnAEU.tc'.r)ptov, ce qui est sans autre exemple aux Théseia d'après nos catalogues. Le rôle des cavaliers est ici considérable sur dix exercices qui semblent constituer normalement les jeux équestres, six sont réservés aux cavaliers ou à leurs officiers, les phylarques ; sur les quatre autres, il y en a deux qui ne sont guère faits que par les cavaliers. Ainsi sur les dix concours équestres des Théseia, huit appartiennent aux cavaliers, six en droit, deux en fait. Le second groupe nous apprend deux particularités importantes. L'inscription 446, la moins incomplète de ce groupe, nous montre qu'à cette époque le rôle des cavaliers a été très réduit : trois concours seulement leur sontreservés ; les courses de phylarques sont supprimées ; EQU -i 8 -- C1'ésus ", de Cimon-Miltiade, trois fois vainqueur avec le même attelage8'. enfin le nom d'Alcibiade. Rappelons maintenant que le fait d'entretenir des chevaux pour les concours s'appelle tr :orpo f(a; que c'est la un des signes et aussi un des devoirs de la richesse; et crue l'État, dans Athènes et dans toutes les cités grecques. encourage et récompense ceux qui font courir aux jeux publics°°. Les concours [CERTASIINA] comprennent deux catégories de prix : Io les prix individuels; ils sont décernés à un seul individu à qui ils sont remis et dont ils deviennent la propriété; les prix collectifs ; ils sont décernés à un groupe d'hommes, à un corps, généralement une tribu, ils ne sont pas remis au vainqueur, mais déposés dans un temple et consacrés aux dieux"°. Il semble que jusqu'au lv° siècle, les prix collectifs avaient un nom particulier 'nie'v ip'z'1; plus tard nous les trouvons appelés A?,ct comme les autres prix ". Concours collectifs, auxquels prennent part les caLe plus ancien de ces concours est celui d'EÛaote(a pour les Panathénées; il est mentionné sur une inscription du ive siècle "; deux prix sont indiqués, et on peut affirmer qu'ils devaient être décernés, l'un à la cavalerie, l'autre à l'infanterie; en effet, les catalogues de Théseia nous font connaitre au n° siècle trois catégories de concurrents pour les concours d'Eéavoo(a et d'coo d,(a, les fantassins, les étrangers, les cavaliers; or nous savons que les étrangers ne prenaient point part au concours d'cfxvie(a des Panathénées74 ; il ne reste donc comme concurrents que les fantassins et les cavaliers "g. Deux prix seulement sont aussi indiqués pour le concours d'eéia(a par une autre inscription u, et la même explication est la seule probable. Cette dernière inscription nous fait connaître de plus quo ces concours étaient ]'objet d'une liturgie; dans la proclamation du prix, on nommait la tribu victorieuse, le nom da phylarque "", quelquefois celui del'hipparque ie, plus tard on trouve le tarer) tinarque nommé à la place du phylarque Le concours à.' ,iitturana(x E0. La cavalerie est divisée en deux corps de cinq escadrons, chaque corps est commandé par un hipparque; elle simule des charges et des poursuites "; ce concours n'est pas nomme parmi les vtx'rgeptx de l'inscription du 1v° siècle citée plus haut, il avait donc lieu soit avant la procession. °z soit après8°; un concours d'âvOt7Graa(a avait lieu au commencement du ne siècle aux Panathénées et aux ïleusinies 2â EQU '159 EQU et ce sont des tarentinarques qui sont nommés pour le concours d'éuonalz ; en revanche il y a pour la première fois une lampadodromie ix Twv iTrswv. Les inscriptions 447 et 448 indiquent que cette lampadodromie est faite par les tarentins. Il semble donc qu'à l'époque des inscriptions 446, 449 et 448, c'est-à-dire vers l'an 150 avant Jésus-Christ, s'est opérée dans la cavalerie une réforme qui n'a d'abord porté que sur les cadres. Les phylarques sont remplacés par des tarentinarques; puis cette réforme s'est étendue au corps lui-même: les cavaliers sont remplacés, au moins dans une partie de leur service, par les tarentins. L'importance qui était attribuée aux cavaliers venait de ce que les étrangers n'étaient pas admis à concourir à l'ywv inntr.iç des Théseia; nous en avons la preuve certaine ; en effet,il y a bien une catégorie de concurrents désignés sous la rubrique ix ;ecw.wv, mais les vainqueurs, qui sont toujours des Athéniens, sont désignés avec le nom de la tribu ; à l'àytàv yu x' x6ç, au contraire, ois les étrangers sont admis à concourir, les vainqueurs des concours ix névTwv sont désignés avec l'ethnique, 'AOrlvxïoç, 'Api Etoç, etc. Ces concours lx txvrwv des jeux équestres des Théseia sont analogues, sous ce rapport, aux concours ix Twv no),tvwv des jeux équestres des Panathénées. 2e Les Panathénées 93. Nous avons six inscriptions qui semblent toutes relatives aux jeux des Panathénées9i [PANATIIENALA]. La plus ancienne est du Ive siècle; c'est l'inscription 965 ; elle contient une liste des prix à décerner, avec l'indication de leur valeur ; les autres inscriptions sont des catalogues agonistiques et semblent toutes appartenir au milieu du lie siècle, elles sont à peu près contemporaines des inscriptions des Théseia. Voici d'une façon générale ce qui ressort de l'examen de ces textes. Au ive siècle, les jeux équestres ne durent qu'un jour et se font au même endroit; ils comprennent deux sortes de concours, les uns réservés aux seuls citoyens d'Athènes, lx Twv noat'eav, les autres ouverts aussi aux étrangers, €x nxvTwv ; il y a quatre courses pour les deux sortes de concours 9' ; il n'est pas fait mention de courses faites par les cavaliers. L'a'.yt'av Ex nâv'rwv n'est pas comme celui des Théseia, qui n'est en réalité qu'un ywv ix Twv toàv Aiv ; il est ouvert à tous les Grecs ; les vainqueurs sont désignés par l'ethnique et le plus souvent il ne sont pas athéniens ; c'est ce concours que nous retrouvons à Olympie, Delphes, etc., et qui forme la partie la plus brillante des jeux; cet âytùv lx n ivTwv, au moment de son complet développement, comprendra six courses : deux au cheval monté (xi),rlTt r(ontxés etTE),Ety), deux au char à quatre chevaux (âpu.zzi arcuXtxw et Te)■eip) deux au char à deux chevaux (uvwpft nwXtxŸl et TEàs:x). L'écrin lx Twv noatTw,v a aussi aux Panathénées un caractère particulier: il est composé de courses avec les chars noÀEN.trTiiptx et zop.ntxâ, et avec le cheval noaEp.taTr~ç ; ce sont là, comme le jeu de l'apobate, des exercices nationaux, très anciens96. Voilà quelle est la composition des jeux équestres des Panathénées, telle que nous la fait connaître l'inscription 965 qui est du commencement du Ive siècle. Au milieu du ria siècle, à l'époque des inscriptions 966970, de grands changements se sont produits ; les jeux durent à présent deux jours et se font sur deux emplacements différents, le premier jour à un endroit que nous ne connaissons pas, le second jour à l'Hippodrome. On a conservé pour le second jour les deux anciens concours Er. nzvTwv et ix Twv noàrn v ; chacun de ces concours est arrivé au chiffre de courses qui semble avoir été pendant longtemps le chiffre réglementaire; six courses pour l'ywv éx 7Hvxrtov, huit pour l'ywv ix Twv noàuTuv. Le premier jour ont lieu trois sortes de concours. acampios et diaulos avec le char à quatre chevaux et avec le char à deux chevaux; Ex Twv f1.5u)iépywv : le diaulos en armes avec le cheval de guerre, le diaulos avec le cheval de guerre, Pacampios `innw ; ix Twv ix rswv : le diaulos avec le cheval de guerre, le diaulos, l'acampios. Enfin plus tard (insc. 969 A) les jeux sont terminés ce jour-là par une lampadodromie qui est faite par les cavaliers. On a donc ajouté à la fête une série de concours 97 qui ont tous lieu le premier jour et dont l'ensemble constitue l'^tt;rv inntxdç de fêtes comme les Théseia, concours de citoyens athéniens, de phylarques, de cavaliers, avec cette différence qu'à cause de l'importance de la fête des Panathénées, les courses exécutées par les citoyens athéniens sont en grande partie des courses de char. Cette différence entre les deux fétes n'est pas la seule, ni la plus importante. Ce qui distingue les jeux équestres des Panathénées de ceux des Théseia, ce sont les concours du second jour célébrés aux Panathénées dans l'Hippodrome : là en effet les concours ix Twv noÀtTwv ont un éclat particulier, ils sont exécutés avec les chars no7,Eµta-r pta et no,uzrixx.; mais de plus c'est là qu'a lieu le grand ywv ~x nxv'rnv qui fait des jeux équestres des Panathénées une fête analogue aux grandes fêtes de la Grèce, c'est-à-dire une fête internationale à laquelle tous les Grecs sont appelés; nos catalogues nous montrent parmi les vainqueurs des Grecs de tous les pays, et souvent ces vainqueurs sont les plus grands rois de l'époque98. Niais, par cela même, il en résultait qu'aux jeux des Panathénées, le rôle des cavaliers était bien moins important qu'à ceux des Théseia ; ils ne prenaient part qu'aux concours du premier jour, et là sur douze courses, ils n'en faisaient que six. Un autre fait important nous est révélé par les inscriptions59. Il semble qu'on peut conclure de la comparaison de ces divers textes, que c'est entre la date de l'inscription 966 et celle de l'inscription 968, c'est-à-dire entre les années 191 et 168, que les cavaliers ont pris part pour la première fois aux concours. Ces indications, qui nous sont fournies par des textes malheureusement trop mutilés, seraient insuffisantes, si elles n'étaient confirmées par le témoignage des auteurs. En effet, il est facile de voir que Xénophon, chaque fois qu'il parle de ce que la cavalerie doit faire dans les fêtes, n'a en vue EQU 760 que la procession et non les concours'"; il en est de même de Démosthène, quand il trouve que les officiers de la cavalerie sont trop des « poupées » de place publique Y01, quand il attaque l'hipparque Midiast02; bien plus, Xénophon, dans un de ces écrits, 1'Hiéron 103 qui est environ de l'an 404, demande l'institution de quelques-uns des concours qui figureront plus tard dans les jeux. Tous ces témoignages nous portent donc à admettre que quelques-uns des prix collectifs, des vtxr,T7 eta, tels que les concours d'EU«vlp(a, d'EÛc7r),(x, d'el' x (a, tels que l'âvAtin7cc7(a, ont été institués peu de temps après les réclamations de Xénophon, c'est-à-dire dans la première partie du Ive siècle, et que c'est seulement vers le milieu du ne que les cavaliers ont pris part à ce qui était proprement l'âywv i707ttx6ç. Enfin ces courses faites par les cavaliers et par leurs officiers, les courses €x Tï»v i7tnEe v, Ex T cpu))xpywv, se distinguent des autres courses, celles qui sont désignées sous les rubriques Ex n .' eev, €x ecev 7toXLT(ilv, en ce que les cavaliers doivent courir eux-mêmes; ils ne peuvent pas confier leur monture à un écuyer; c'est en qualité de cavaliers, c'est en qualité de phylarques qu'ils concourent, ils doivent donc concourir en personne, et ils le font avec leur monture réglementaire, avec le cheval qui a été examiné par le conseil des Cinq-Cents. C'est la raison pour laquelle ils ne font pas de courses de char. Ils peuvent d'ailleurs, s'ils sont riches, faire courir aux concours ix i v'nnv, ix T/nV 7toÂC7av; ainsi a fait Dionysios, fils d'Agathocle ; il est vainqueur au diaulos des cavaliers et à l'acampios ès, 7tâvnwv'D'; dans cette dernière course, il a pu confier son cheval à un écuyer, il a peut-être couru lui-même ; mais dans la première, il a certainement couru lui-même. A présent que nous connaissons l'origine de la cavalerie athénienne et les services qui lui étaient demandés, nous pouvons examiner l'organisation qui lui avait été donnée. Une première question se pose, c'est à savoir quelle espèce de liturgie acquitte le citoyen athénien qui sert dans la cavalerie 105. Ce point est resté jusqu'ici assez obscur, parce qu'il y avait là une équivoque : le mot employé pour désigner l'entretien des chevaux en vue des jeux, des concours, i777toTpofp(a, est le même qui sert pour désigner l'obligation à laquelle est soumis le cavalier d'entretenir un cheval pour le service de l'État'os On a été ainsi amené à confondre les deux choses, ou, au moins, à rapporter à l'une des textes qui se rapportaient à l'autre. L'hippotrophie pour les concours ix 7t«vTeuv, ix Ttûv 7co),tTwv, est une véritable liturgie; elle est imposée par la loi comme la chorégie, la gymnasiarchie 107, etc.; mais on ne peut en dire autant de l'hippotrophie pour le service militaire. Si c'est une liturgie, elle est analogue à celle qu'acquitte aussi le citoyen qui sert dans le corps des hoplites ; on ne peut d'aucune façon assimiler cette prestation aux liturgies proprement dites comme la chorégie. K. F, Hermann, qui le fait, allait jusqu'à prétendre que les cavaliers jouissaient de l'immunité d'après laquelle on ne pouvait être soumis deux ans de suite à la même liturgie. C'est une erreur certaine; en effet, EQU nous avons plusieurs exemples d'Athéniens n'ayant jamais servi que dans la cavalerie 108 ; si l'hypothèse d'Hermann était vraie, comme ces Athéniens n'ont jamais servi dans les hoplites, il en résulterait que, de deux ans l'un, ces Athéniens auraient été exemptés du service militaire, ce qui ne peut être admis d'aucune façon. Reste la question des concours particuliers à la cavalerie. Nous savons que les concours d'Eé«vlp(«, d'éuo,c),(a, etc., fonctionnaient au moyen de liturgies, ainsi que les lampadodromies; peut-être le même système a-t-il été appliqué aux concours Ex -ria tpua«pywv et ix T nv 17t'téwv. Ces liturgies ne frappaient-elles que les cavaliers? C'est probable, mais nous ne pouvons pas l'affirmer. En tout cas, ces liturgies sont bien distinctes de cette prestation qui est le service militaire. Cette prestation, qui consiste à servir dans la cavalerie, se rapprocherait assez de la triérarchie; c'est une liturgie militaire ; elle a pour objet un service qui concerne la défense nationale 109. Mais, par d'autres côtés, elle diffère complètement de la triérarchie ; elle n'est pas une liturgie extraordinaire imposée seulement en temps de guerre ; la prestation, qui est imposée au cavalier, l'entretien d'un cheval pour le service public, se combine avec l'obligation du service militaire qui pèse sur tous les citoyens. Le cavalier, en même temps qu'il est un citoyen qui acquitte une liturgie, est un soldat, et un soldat qui a besoin d'une longue instruction. De là, la nécessité du service permanent ; ce service dure non-seulement toute l'année, mais il peut être imposé les années suivantes, il peut être imposé au cavalier tant qu'il a l'âge pour être soldat. Nous pensons donc que la prestation qui est acquittée par le cavalier est la même que celle qui est acquittée par l'hoplite, c'est aussi une liturgie militaire permanente; seulement le cavalier, outre l'obligation de se fournir une armure, doit encore entretenir un cheval et est tenu de continuer plus longtemps son instruction. Chaque année, comme l'explique K. F. Hermann 110 le corps des cavaliers est constitué à nouveau par les deux hipparques, quand ils entrent en charge. Ces officiers se servent presque toujours des éléments déjà existants ; ils n'ont qu'à rétablir dans leurs fonctions la majorité des cavaliers et à combler les vides qui se sont produits "'. De cette façon, il peut arriver que des citoyens aient fait tout leur service militaire dans la cavalerie. Les hipparques doivent, d'après la loi, recruter les cavaliers parmi les citoyens les plus forts et les plus riches "2; ils choisissent donc dans les citoyens des deux premières classes (voir plus haut). Xénophon conseille même à l'hipparque de commencer par enrôler les citoyens les plus riches, afin d'enlever toute excuse aux autres 113; il emploiera d'abord la persuasion; il s'adressera de préférence aux jeunes gens ; il montrera les avantages que le service dans la cavalerie présente pour un jeune homme ; si la persuasion ne réussit pas, il aura recours aux tribunaux. D'autres témoignages nous montrent que le corps était en grande partie composé de jeunes gens1S'; le mot vE«vtcxot est même souvent employé pour désigner les cavaliers 16. Parmi les ci toyens riches, ceux qui sont invalides sont tenus d'armer à leurs frais des citoyens pauvres qui peuvent être de bons cavaliers"6. I1 ne suffit pas, pour être enrôlé dans la cavalerie, d'avoir été désigné par l'hipparque, il faut encore avoir subi un examen, une dokimasie, devant le conseil des Cinq-Cents f17. La loi était formelle ; elle interdisait d'entrer dans la cavalerie si l'on n'avait pas subi cet examen 118; quiconque la violait pouvait être frappé d'atimie 119. La conséquence légale de cet examen était de donner au cavalier l'assurance qu'il resterait toute l'année dans la cavalerie ; ni les stratèges, ni les hipparques n'avaient plus le droit de le faire servir dans les hoplites t20. En quoi consistait cet examen? C'est l'hipparque qui recrute le corps, il choisit parmi les citoyens eeux qui doivent étre enrôlés ; en cas de conflit, si le citoyen désigné par l'hipparque refuse d'obéir et prétend n'être pas dans les conditions légales pour servir dans la cavalerie, ce sont, nous l'avons vu, les tribunaux qui décident. L'examen du Conseil ne peut donc guère porter sur ces deux points; il semble au contraire que le Conseil devait examiner avec soin si le cavalier était valide, et surtout si son cheval était bon pour le service; le Conseil avait le droit de réformer les chevaux qui lui étaient présentés f2f ; tout cheval faible ou épuisé était marqué à la mâchoire d'un signe particulier appelé T9ua(7t7t1OV 122. Voilà quel était l'état de la question au moment de la publication de 1"AOiva(ov 7to).tTe(a. Dans cet ouvrage, Aristote nous donne quelques détails nouveaux et sur le mode de recrutement de la cavalerie et sur la dokimasie. Le Conseil, dit Aristote, examine les chevaux ; il réforme ceux qui ne peuvent pas courir ou qui ne savent pas se tenir en place '2'; on les marque alors d'une roue à la mâchoire; les cavaliers qui entretiennent mal leur monture sont punis par une retenue sur la solde, ut'oç f2S. Le Conseil examine aussi les coureurs, 7tpu4op.ot et les 4t=t7t00's. Pour le recrutement des cavaliers, le peuple élit à main levée dix racoleurs, xxTaaoyeï; ; ceux-ci dressent un catalogue qu'ils transmettent aux hipparques et aux phylarques ; ces officiers à leur tour apportent devant le Conseil le catalogue dressé par les dix racoleurs et le tableau sur lequel se trouve le rôle de la cavalerie 126: ils déplient ce tableau et ils commencent par effacer tous ceux des anciens cavaliers qui jurent n'être plus en état de monter à cheval, ils appellent ensuite ceux que les racoleurs ont mis sur leur catalogue, et s'il y en a qui jurent n'avoir ni la force ni la fortune nécessaire pour être cavaliers, ils les laissent partir; celui qui ne jure pas est l'objet d'un vote du Conseil pour savoir s'il est propre ou non à servir dans la cavalerie ; si le vote est favorable, ils inscrivent son nom sur le tableau, dans le cas contraire ils le laissent partir. Le témoignage d'Aristote nous paraît confirmer l'explication de K. F. Hermann : chaque année le corps des cavaliers est reconstitué. Ce point acquis, il est étonnant que Xénophon n'ait point parlé de ces dix xxTa),oy0ï;, qui sont élus par le peuple pour dresser la liste de recrutement des cavaliers; d'après lui, c'est l'hipparque qui doit s'occuper de trouver les nouvelles recrues ; il considère comme fréquent le cas où le citoyen capable d'être cavalier fera résistance et devra être traîné devant les tribunaux, seuls juges dans la question. Dans Aristote, au contraire, il n'est pas question de l'intervention des tribunaux, le serment suffit pour faire effacer du rôle tout cavalier qui veut sortir du corps et pour empêcher l'inscription sur ce rôle de tout citoyen inscrit par les xc'x),oyerç. Cela paraît vraiment III. un peu trop simple ; il devait certainement se produire des cas de résistance. Xénophon l'affirme ; nous avons peine à croire que, pour se dérober au service dans la cavalerie, il ait suffi de jurer qu'on n'avait ni la fortune ni la force physique nécessaires à ce service. Le Conseil, et le renseignement que nous donne ici Aristote est précieux, assiste aux opérations du recrutement; c'est devant lui qu'on apporte les rôles de la cavalerie et les listes dressées par les xaTuXoye g ; c'est devant lui que les citoyens portés sur ces listes prêtent serment ; c'est lui enfin dont le vote décide. Mais ce vote 96 EQU n'avait-il lieu que si le citoyen appelé ne recourait pas au serment? Si le Conseil pensait que tel citoyen, qui venait de jurer ne pouvoir servir dans les cavaliers, était, au contraire, dans les conditions voulues pour t'aire ce service, n'avait-il pas le droit de rechercher la vérité : ne pouvait-il pas ordonner une enquête? Et d'autre part, le vote du Conseil était-il sans appel? Le citoyen qui se jugeait enrôlé à tort dans la cavalerie, ne pouvait-il en appeler du jugement du Conseil? Xénophon dit que les juges en dernier ressort étaient les tribunaux, c'està-dire en réalité le peuple. Il nous semble, en combinant le témoignage d'Aristote avec celui de Xénophon, que le serment seul n'a pu suffire à un citoyen pour se dérober au service de cavalier, qu'en tout cas une enquête pouvait être ordonnée pour contrôler son serment et aussi que le citoyen, désigné par le vote du conseil pour servir dans la cavalerie, pouvait en appeler de ce jugement devant les tribunaux. Ainsi, tous les ans, le Conseil pour constituer le corps des cavaliers passe une double inspection; il fait à la fois la dokimasie des hommes et des chevaux. Cette inspection était suivie très probablement d'un défilé de tout le corps devant le Conseil ; mais dans cette première dokimasie, l'inspection était la chose importante. Dans le courant de l'année avaient lieu d'autres dokimasies; cette fois, c'était le défilé qui était plus important que l'inspection 121. La dokinasia est représentée sur une coupe attique 12' trouvée à Orvieto (fig. 2721). Après cette dokimasie, le cavalier reoevait une indemnité appelée xx7•x'rss;ç 12J. De toutes les questions relatives à la cavalerie athénienne, la plus obscure est peutêtre la question de la xx'xu ss,ç. Il semble, en fin de compte, que la Xx'rx4Tx7:ç est quelque chose d'analogue à lacs equestre, à cette somme d'argent que le cavalier romain recevait de l'État pour acheter son cheval; la différence est qu'à Rome Focs equestre (10 000as= f. 1000) était donné au cavalier, tandis qu'à Athènes la e,sti.czuctç n'aurait guère été qu'une avance, un prêt que le cavalier devait restituer en sortant du service. Si la xxsx7T rtç parait analogue à l'ace equestre, la solde est analogue à "Lacs hordeariutei ou indemnité donnée au cavalier romain pour l'entretien de son cheval136. La solde comprend deux parties, le salaire (ytuléçl et les le 7ïtioç OU (At7Obç ÉV7Ea,jç 13', le « prêt franc » de nos troupiers, et étaient données en argent. Le cttir,p€7tov du cavalier est évalué par Démosthène à trente drachmes par mois, celle de l'hoplite à dix drachmes 132. Dans le traité d'alliance conclu en 420 entre Athènes, Argos, Élis et Mantinée, nous trouvons trois oboles d'Égine pour la solde de l'hoplite, six pour celle du cavalierf33. Ce qui distingue ici le cavalier de l'hoplite, ce n'est pas seulement -. 762 EQU ce fait que le premier reçoit une solde beaucoup plus élevée, c'est aussi qu'il touche une solde même en temps de paix13'°. La dépense qui en résultait pour le Trésor est portée par Xénophon à quarante talents par an. Une inscription des plus importantes fait connaître les sommes qui ont été dépensées pour le cïroç `i7r7cotç pendant quatre prytanies 135 ; la dépense moyenne serait de quatre talents par prytanie, ce qui confirmerait le témoignage de Xénophon. Mais, puisque le ctr-tlpÉstov du cavalier est d'une drachme par jour, comme le dit Démosthène, on est obligé d'admettre, avec le système de I3cnchh, qu'au lieu de mille deux cents cavaliers présents au corps, il n'y en avait guère que la moitié; nous croirions plutôt que cette dépense de quarante talents par an ne concerne que les années oh Xénophon a écrit l'llipparchicos, années de faiblesse politique et de détresse financière; la cavalerie, comme nous allons le voir, n'a pas alors son effectif complet; quarante talents répartis entre des hommes qui reçoivent une drachme par jour indiqueraient seulement un nombre de six cent soixantesix cavaliers en activité de service. La question reste obscure. L'effectif de la cavalerie était fixé par la loi, b XST7 ibv vôµov ptO z ç 136 il était de mille cavaliers citoyens i 03 ; quand on parle de mille deux cents cavaliers, c'est qu'on ajoute aux mille cavaliers athéniens les deux cents archers à cheval, les fnzrorroUsx:138. L'effectif normai n'était pas toujours au complet. Après la guerre du Péloponnèse, par exemple, le corps se trouva singulièrement réduit. Xénophon proposait d'y accepter des métèques Ise et même des mercenaires'"'. Cette réforme, au moins pour ce qui regarde les mercenaires, était accomplie du temps de Démosthène''". L'armée athénienne comprend donc un corps de cavalerie de mille deux cents hommes et un corps de grosse infanterie de treize mille hommes; il y a donc un cavalier pour dix fantassins. Dans Athènes, comme dans presque tous les états grecs à l'exception de Sparte, les divisions utilitaires correspondaient aux divisions civiles. Les dix tribus servaient de base à la formation de l'armée athénienne ; elles en marquaient aussi les divisions'"2; les hommes de chaque tribu sont incorporés tous ensemble; ils forment la 7;x;t, des hoplites sous les ordres d'un taxiarque, ou la ua 1'r3 des cavaliers sous les ordres d'un phylarque. Il y avait donc dix régiments d'hoplites d'environ mille trois cents hommes et dix escadrons de cavaliers de cent hommes. Les dix phylarques sont pris à raison de un par tribu'"; ils sont élus à main levée 1"3 et ont pour les cavaliers les mêmes attributions que les taxiarques pour les hoplites. Ils assistent l'hipparque dans l'opération du recrutement; ils dressent le catalogue de leur esca FQU ---763 -EQU ciron sur une petite planche'''s blanchie à la craie''" (cw ç, 7 ixaio)t) comme les taxiarques le font pour les hoplites, et ces catalogues réunis forment le rôle de l'armée athénienne. Pour les levées, ils dressent aussi le i'ttalogite h s cavaliers qui doivent partir, soit que l'on prenne des classes entièl es "5, soit que l'on choisisse des hommes dans les diverses classes". Ils ont à ce moment un rôle très important, c'est sur eux et sur les taxiarques que lespoètes comiques font retomber la responsabilité des illégalités fréquentes qui étaient commises : on les accuse d'inscrire plus souvent qu'à son tour le citoyen de la campagne pour ménager l'habitant de la ville", et d'enrôler dans la cavalerie tel citoyen qui devait servir comme hoplite 75t. C'est parce qu'ils avaient à dresser et à conserver les rôles, que les phylarques furent chargés, après le rétablissement de la démocratie, de dresser la liste des cavaliers qui avaient servi sous les Trente et de remettre cette liste aux tnuvôtxot institués pour réclamer à ces cavaliers la xxtésrxatç 4o3o Un des soins les plus importants des phylarques était l'instruction des cavaliers ; les exercices avaient lieu souventsur l'Agora, près des hermès7a3. Xénophon demande que ces officiers sachent tirer de l'arc et qu'ils forment leurs hommes à cet exercice5E4; ils doivent veillera ce que les cavaliers aient l'équipement réglementaire 1", ils interviennent arec i'hipparque, pour faire payer la solde aux cavaliers., Nous avons vu enfin qu'ils avaient dans les processions et les concours un rôle important : c'est le phylarque qui est nommé avec la tribu, pour les victoires des concours que nous avons appelés collectifs : pour les concours individuels, il y a une série de courses dites ix ',cdv .raz.`yt,.,v. Le rôle de ces officiers devait. être d'autant plus considérable qu'il n'y avait pas, à ce qu'il semble, de sous-officiers au moins dans la cavalerie; en tout cas, s'il y en avait, leurs fonctions devaient être bien peu importantes, car il n'est jamais fait mention d'eux 1ss Le commandement supérieur de la cavalerie appartenait aux hipparques. Ils sont au nombre de deux 967 et commandent chacun la moitié du corps, soit cinq escadrons', tv a,; ils sont élus pour un an. à main levée, comme les stratèges, les taxiarques, les phylarques ; l'élection, pour eux comme pour les stratèges, a lieu à une époque indéterminée, la sixième prytanie après celle dans laquelle les augures ont été favorables 159 ; comme les stratèges et comme tous les magistrats militaires, ils peuvent être réélus indéfiniment lso ; l'époque des Quatre-Cents, il n'y eut plus qu'un hipparque i6, qui était de droit membre du conseil'". Dans la hiérarchie des honneurs, ils viennent immédiatement après les stratèges; quand on veut parler des premiers emplois de la République, on cite les stratèges et les hipparques 1", les deux charges sont considérées comme des fonctions aristocratiques; le peuple les laisse volontiers aux riches''`. En temps de guerre, les hipparques sont sous les ordres des stratèges 163. En temps de paix, ils paraissent avoir été plus indépendants; ils règlent tout seuls les affaires qui sont de leur ressort, ils ne paraissent. subordonnés qu'à une autorité, celle du Conseil. L'operaï:ton la plus importante qu'ils aient à faire, c'est de constituer à leur entrée en charge le corps des cavaliers, comme nous t'avons expliqué; clans cette opération du recrutement, ainsi que dans tout ce qui concerne les levées, ils sont aidés par les phylarques, La charge de l'hipparque offre les caractères généraux des autres fonctions dans Athènes, c'est-à-dire le partage du pouvoir entre plusieurs citoyens, la courte durée, le contrôle; ce qu'il y a de particulier ici, c'est que le contrôle est exercé surtout par le Conseil ; nous pouvons affirmer enfin que les hipparques devaient rendre des comptes quand ils sortaient de charge. Les fonctions de l'hipparque étaient souvent délicates : il avait surtout appaire avec les jeunes gens de l'aristocratie athénienne qui ne craignaient pas d'afficher leur opposition et même leur mépris pour le gouvernement de leur pays ; leur indiscipline est attestée par un partisan de l'aristocratie, Xénophon 166 Il n'était pas facile d'obtenir de ces jeunes gens le respect des règlements; autant que possible les chefs qui les commandaient devaient éviter les conflits : Néno_ phon leur recommande de procéder surtout par la persuasion et la douceur 167. D'après un passage de Démosthène 1", les hipparques auraient eu le droit de faire pour la cavalerie des lois, vé sot ; il est probable qu'ils pouvaient porter devant le peuple des propositions touchant l'organisation de la cavalerie, et qu'ils étaientresponsahles du bon ou du mauvais résultat produit par ces règlements. lieshipparques représentaient naturellement la cavalerie, ils en défendaient les intérêts; une affaire dans laquelle ils interviennent fréquemment, c'est le règlement de la solde, dont le payement était souvent en retard ; quelquefois ils recoivent de leurs hommes pour ce service des éloges et des couronnes 16". Les hipparques pouvaient encore être envoyés hors d'Athénes176, dans les colonies appelées clérouquies ; ils ne gouvernaient pas ces colonies; ils étaient simplement chargés de protéger les colons athéniens; ils avaient sous leurs ordres un corps de troupes dont la solde était à la charge des colons. Nous avons des exemples d'hipparques envoyés à Samos, Lemnos, Éleusis. Enfin les hipparques étaient appelés avec les stratèges et les membres du Conseil, à confirmer par leur serment les traités qu'Athènes faisait avec les autres peuples 1710 Quelquefois aussi, mais plus rarement c'est le corps des cavaliers tout entier qui prête serment pour sanc EQU 764 EQU tionner un traité''. II n'est pas rare d'ailleurs de voir les cavaliers agir comme un corps délibérant : ils décernent des éloges, des statues 173, ils consacrent des monuments aux dieux 'n; les éloges et les statues sont le plus souvent dédiés à des phylarques ou à des hipparques Dans une inscription ii6, les TaEa.r'at ti-ii, Oeoû sont associés aux hipparques, ils reçoivent des éloges et une couronne d'or pour avoir fait payer la solde aux cavaliers; il est dit que la résolution, le (fri(icla nu, sera gravé sur une stèle de marbre et déposé à l'Acropole ; l'argent pour la pierre et la gravure sera fourni par les hipparques. Cette clause indique-t-elle que les cavaliers avaient une caisse commune, administrée par les hipparques? Après une campagne, chaque tribu faisait graver sur une stèle les noms de ses morts ; cette coutume pieuse était pratiquée non seulement par les hoplites, mais aussi par les cavaliers. Nous avons la liste des cavaliers qui sont morts dans la guerre de Corinthe en 394 : ces morts appartenaient probablement à une seule tribu; un d'entre eux est ce Dexiléos, dont on a trouvé la stèle funéraire, ornée d'un beau bas-relief77 (fig. 2722). Une des conséquences du système de recrutement de la cavalerie athénienne était de donner à ce corps le même esprit politique. Les cavaliers sont choisis parmi les plus riches citoyens; ils appartiennent aux premières classes; ils sont, par conséquent, du parti de l'aristocratie; et, comme il y a beaucoup de jeunes gens dans le corps, ils ne font pas mystère de leurs opinions; ils les affichent ouvertement; par leur costume, par leurs goéts, par leurs habitudes, ils affectent de montrer leur sympathie pour le système politique qui est considéré comme le plus opposé à celui d'Athènes, pour l'aristocratie de Sparte. Comme les Spartiates, ils portent de longs cheveux''• ; ils pratiquent avec zèle les exercices de gymnastique 179 ; ils sont du parti de ceux qu'on appelle les hommes aux oreilles meurtries 780. Nous avons déjà en 424 une preuve de cette opposition des cavaliers au régime démocratique dans la pièce d'Aristophane intitulée les 'Iz7vil'q ; le comique les prend comme auxiliaires dans la lutte contre Cléon et contre la démocratie'''. A mesure que la guerre contre Sparte continue, cette opposition devient plus vive et plus violente ; les cavaliers prennent part à toutes les tentatives qui ont pour objet le renversement de la démocratie; ils sont compromis dans le coup d'État des Quatre-Cents d82 ; quand Athènes vaincue est livrée aux Trente, ils sont les partisans les plus dévoués des tyrans 188 ils prennent part à leurs actes les plus odieux, comme le massacre des habitants d'Éleusis et de Salamine '86, et, jusqu'au dernier moment ils restent les défenseurs les plus fidèles de cet atroce régimef86 L'éducation du cavalier comprenait deux parties importantes : le maniement des armes et l'équitation. Cette éducation, comme on le peut voir ailleurs [EQUITATIO], commençait à Athènes de bonne heure. L'instruction des cavaliers présentait des difficultés particulières pour les anciens qui ne connaissaient ni l'étrier ni le ferrage; elles expliquent l'état d'infériorité dans lequel la cavalerie est restée si longtemps. Pendant des siècles, la cavalerie n'a eu véritablement d'action que contre la cavalerie, et cette action n'avait aucune influence sur le résultat final, qui était toujours entre les mains de l'infanterie ; tout ce que la cavalerie a pu faire pendant longtemps contre l'infanterie, c'est de tournoyer audevant des lignes en lançant des traits sans jamais les aborder par des charges à fond. Aussi attachait-on une grande importancef8' à ce que les cavaliers fussent habiles dans l'exercice du javelot ; Xénophon veut que les hipparques le connaissent et y forment leurs hommes; mais il ne se flatte pas que tous acquièrent l'habileté nécessaire. Ici encore l'absence de l'étrier rendait l'exercice difficile; de plus, la cuirasse, quand le cavalier la portait, gênait par son poids le mouvement du bras. L'exercice du javelot était depuis longtemps aimé et pratiqué par les Athéniens ; Thémistocle l'avait appris à son filsfB7, et nous avons vu qu'au moins dès le commencement du ive siècle, il y avait aux jeux des Pana thénées un concours âp' ') naou âz.0911 ov'ct 1B6. Xénophon propose au sujet du javelot une réforme qui nous fait EQU 765 EQU connattre comment la cavalerie athénienne se servait de cette arme 189. Au lieu du long javelot ou lance (Sdpu) faite Xénophon et même de fabrication attique (1723), et sur le tombeau représenté (fig.2724i) on voie le cavalier souvent armé de deux lances ou javelots au lieu d'un seulf93? Le cavalier avait encore une autre arme offensive : c'est avec une sorte de roseau (x«N.a)'9° et semblable à la lance de l'hoplite, que l'on voit figurée sur divers monuments 191 (fig. 2723), Xénophon voudrait que le cavalier etlt toujours deux javelots de cornouiller, xpavÉunit lé a a) z ; la longue lance est cassante et incommode, les javelots sont plus forts et plus maniables; le cavalier peut en lancer un et garder l'autre pour s'en servir comme d'une lance. Xénophon empruntait cette réforme à la cavalerie perse; il avait vu en Asie cette ca valerie, armée de javelots en cornouiller, faire éprouver un échec aux cavaliers d'Agésilas'92. Le passage de Xénophon où est traitée cette réforme est très clair et ne soulève aucune objection dans son sens général. Comment expliquer alors que sur les peintures de vases, antérieures â le ,1poç ou épée droite, généralement assez courte. C'est cette épée que nous voyons sur le même bas-relief attique (fig. 2724) et dans des peintures de vases194. Xénophon'96 voudrait qu'ici encore on adoptât l'arme des Perses, le sabre recourbé, la ii.s e upc.. ou la xoatç [coins] Ys6, parce que, dit-il, un coup de taille porté de la hauteur du cavalier vaut mieux qu'un coup d'estoc. Sur un inventaire du IV' siècle, nous trouvons mentionnée une µ« oatpa taatxfi 197 La cavalerie macédonienne avait le lépu en bois de cornouiller 199 et Sur un des tombeaux attiques qui sont figurés ici (fig. 2723), un cavalier est armé d'un petit bouclier rond. D'autres exemples encore sont fournis en grand nomhre par les monuments (fig. 2725) f99. Dans quelques circonstances les textes aussi nous montrent des cavaliers se 11101011 FOU -766 EQU servant de boucliers 200; mais ces circonstances sont tout à fait exceptionnelles, et alors les cavaliers ne font plus véritablement fonction de cavaliers, mais d'hoplites. On peut dire qu'au ve et au ive siècle le bouclier ne fait pas régulièrement partie de l'armement du cavalier : aussi arrive-t-il que les hoplites sont désignés par le mot âan-dicomme si le bouclier était leur arme distinctive, tandis que pour les cavaliers on se sert du mot Le cavalier a pour se défendre une cuirasse plus lourde que celle de l'hoplite 202. Cette cuirasse, que Xénophon décrit203 en détail, doit défendre le cavalier sans le gêner, et pour cela il faut qu'elle porte sur tout le corps t trop Iarge, les épaules seules en sont accablées; trop étroite, c'est une prison et non pas une armure; celle qu'il préfère doit être munie d'une défense qui monte assez haut pour protéger le cou du cavalier et, quand il le veut, le bas du visage jusqu'au nez". La cuirasse doit permettre au cavalier de s'asseoir, de se baisser, de remuer les bras et les jambes; elle était munie de pièces mobiles qui, d'après les monuments, paraissent faites de cuir couvert de métal. Ces pièces appelées -TEpuyc doivent être assez longues et assez rapprochées pour protéger tout le bas-ventre (comme on le voit dans la fig. 2726) ; on voit aussi que les épaules pouvaient être également couvertes par les 7t55€poyaç 905 Xénophon donne d'autres indications sur la manière de construire la cuirasse, de façon que le bras puisse se lever et s'abaisser pour lancer le javelot ou frapper avec l'épée, et que dans ce mouvement les parties qui se découvrent ne soient pas sans défense. I1 approuve comme une invention récente, utile pour défendre la main gauche qui tient la bride, une arme particulière à pièces mobiles appelée main, ye(p, qui couvrait l'épaule, le bras, Pavant-bras et le poignet los Le cheval lui aussi pouvait être cuirassé, au moins sur les parties où les blessures étaient le plus dangereuses ; Xénophon mentionne un poitrail-poeTEpvàtov (fig. 2727)208, un chanfrein -bop,ETna-!ôlov (fig. 2728) 807. Ces deux figures reproduisent des armes grecques qui ont été conservées. Dans la figure 2729, tirée d'un bas-relief de Pergame 200, on volt parmi des armes, la plupart, il est vrai, moins grecques qu'asiatiques, une plaque de poitrail au bord de laquelle sont suspendues des -TEpuyEç semblables à celles de la cuirasse. Un garde-flancs, -x~xugp:ôtov, peut couvrir, en même temps que le cheval, les cuisses du cavalier. Pour les jambes et les pieds, il sera bon de les chausser de bottes de cuir (sur les vases peints on voit aussi des cnémides). Le ventre du cheval peut être défendu par la disposition donnée à l'apmpplua. Pour tout ce qui touche au costume, à l'armement du cavalier, il faut d'ailleurs se souvenir que, les renseignements qui nous sont parvenus sont assez rares. Tout prouve que des changements se sont produits avec le temps, mais nous ne pouvons pas toujours dire quand et comment ces changements se sont produits. La tactique particulière à la cavalerie ne nous est connue que parce que disent les historiens, surtout Xénophon ; les auteurs de tactique doivent être consultés avec réserve. L'unité tactique la plus faible est la tribu dans Athènes, ailleurs l'île ; la tribu devait être régulièrement de cent hommes, Nous connaissons assez rarement la profondeur des lignes ; à la bataille de Dasliileïon en 396, la cavalerie forte de six cents hommes était sur quatre rangs 2"; Polybe dit que de son temps on disposait ordinairement la cavalerie sur huit rangs211. Les formations les plus usitées 212 sont en carré, en losange, en coin ; la première de ces dispositions est jugée peu propre pour faire les conversions; la forme en losange ou EQU -767EQU rhomboïde, dont on attribuait l'invention à Jason, était la plus estimée. Dans ces diverses dispositions, chaque tribu ou chaque île était séparée 513 ; la formation sur un seul front É7ct y xaayyoç, éat iLETo 7cou, n'avait lieu qu'au moment de l'attaque. Nous trouvons d'ailleurs la terminologie suivante pour les évolutions de la cavalerie 274 : s'il s'agit d'un seul cavalier, oblique à gauche, Ep' i-,v(av; à droite, €7d iépu; demi-tour, µe-raéo)eii ; tour, âvaa:oop'i; pour une compagnie, les termes qui désignent l'oblique, le demi-tour et le tour sont É77tctipop'l , 77E pta7ranp.ôç et i X772pte7cacp.ég. Dans les marches les cavaliers descendaient tour à tour de cheval pour ne pas être trop raides et pour ménager leur monture. Dans les marches de nuit, ou près de l'ennemi, cela ne se faisait pas pour toutes les tribus ensemble : pendant que l'une allait à pied, l'autre était montée pour être prête en cas de besoin2f'. Les Athéniens n'ont commencé à transporter de la cavalerie sur leur flotte que pendant la guerre du Péloponnèse 21G. C'est encore à Périclès que cette innovation est due; l'expédition qu'il conduisit en 430 contre les côtes du Péloponnèse, comprenait quatre mille hoplites et trois cents cavaliers dont les chevaux furent embarqués sur de vieux vaisseaux qu'on avait disposés à cet effet'''. Sur ce point encore les Grecs avaient été devancés par les Perses, qui, depuis longtemps, avaient des vaisseaux de transport pour les chevaux2t8. Après 430, il est souvent mention chez les Athéniens de vriuç i777rviyo(2t9. Chaque vaisseau portait trente chevaux ; du moins c'est le chiffre que nous trouvons indiqué pour l'unique galère i7r7c' yéç226 qui suivit l'armée envoyée en Sicile sous les ordres de Nicias, d'Alcibiade et de Lamachos. Ces galères étaient un peu différentes, au moins dans leur équipement, des galères ordinaires"' ; elles avaient soixante rameurs'", tandis que les autres en avaient cent soixante-quatorze ; elles coûtaient un peu plus cher à équiper ; nous voyons que le triérarque d'une galère ordinaire paye cinq mille drachmes, tandis que, pour une galère i7c7c,lydç,la somme indiquée est de cinq mille cinq cents drachmes. Voilà ce que les renseignements dont nous disposons nous font connaître sur l'origine et l'organisation de la cavalerie athénienne; pour ce qui concerne les autres peuples, nos renseignements sont encore plus incomplets et c'est à peine si nous pouvons indiquer quelques faits certains. A Sparte 223 il ne faut pas comprendre dans la cavalerie le corps des trois cents hurEîq, troupe d'hoplites d'élite, qui était constituée tous les ans par les éphores et les (7caayp€'cat22s. Ce corps existait dès une époque très ancienne ; quant à la cavalerie proprement dite, c'est seulement en 424 que les Spartiates entreprirent 213 Pol. XII, 18, 3. 214 Passage important dans Polybe, X, 23. 212 Xen. Hipp. IV, 1. 216 Bmckh, Staatsh. 1, 398; Urkunden über das Seee'esen des atttschen Staates, p. 124; A. Martin, Les cati. Ath. 362; Corp. bise. ait. Il 807-809. 217 Thuc. II, 56. 216 Ils en avaient au moins dès 490, lors de l'expédition dirigée par Datis et Artapherne; Herod. VI, 48, 95, 101 et 102; pour Xerxès voir Herod. VII, 98. 219 Par exemple pour l'expédition commandée par Nicias en 425 et qui eut pour résultat la victoire de Solygéia (Thuc. IV, 42), victoire qû Aristophane a chantée dans les Eguit., 595.220 Thuc. VI. 43. Cf. A. Martin, O. cit. p. 364. 221 C. iris. ait. II, 808, col, b, I. 4 et s. ; Bmckh, Urkrutden, 124. 2.22 Bmckh, ibid. 124 et 226 ; C. ins. ait, 11, 808, col. c. 1. 81. 223 Pour la cavalerie spartiate, nous renverrons à Stelfen, De Spartanorum re militari, Greifswald, 1881 ; Gust. Gilbert, liane. 77 et 79; Ad. Bauer, Grierh. Kriegsalt. p, 250; H. Droysen, Griech. Kriegsalt. p. 70. 224 Herod. VII, 205; Vlll, 124; Thuc. V, 72; Strab. 481 et suiv.; Ilesych. s. ou trzr .aroi;a;; Xen. Laccd. Besp. IV, 1-4. 223 Thuc. IV, 55, 2; V, 87. 225 XenHell. IV, 2, 16. 227 Xen. Laced. resp. XI, 4; d'en former une225; l'effectif était de quatre cents hommes; il était de six cents hommes en 394, à la bataille de Némée'''. Ces six cents cavaliers étaient divisés en six p.opat et chaque p..dpa en deux oé),a(J.o(; il y avait une µripa de cavaliers pour chacune des six s.épat d'hoplites 227 ;la palpa des cavaliers était commandée par un il-mxpir.oa-ri7ç228 qui était sous les ordres du polémarque commandant la mora d'hoplites'''. Cette cavalerie était très mauvaise 230; le mode de recrutement était des plus défectueux ; il y avait bien à Sparte comme dans Athènes, la liturgie appelée i777toTpo23(x ; mais, dans Athènes, cette liturgie frappait à la fois le corps et les biens : celui qui était chargé d'entretenir un cheval était aussi chargé de le monter en temps de guerre, et était tenu, en temps de paix, à des exercices en vue de former son instruction. A Sparte, au contraire, la liturgie ne frappait que les biens; les citoyens les plus riches étaient tenus en temps de paix d'entretenir un cheval; si une guerre éclatait, ces chevaux étaient donnés aux hommes qui n'étaient pas jugés assez forts et assez braves pour servir comme hoplites. On ne doit pas être étonné si un tel sÿstème n'a donné que de mauvais résultats. Plus tard on forma une cavalerie de mercenaires dont on fut plus content231 La cavalerie béotienne était considérée comme une des meilleures de la Grèce 232 ; c'était une arme véritablement indigène. Il y avait, dans le corps des hoplites béotiens, un corps d'élite de trois cents hommes, organisé par couples; les hommes de chaque couple s'appelaient l'un l'ilvroyoç, l'autre le 7capaG«T71ç 233. Les monuments funèbres de Béotie représentent souvent un cavalier 334. En 503, les Athéniens vainqueurs des 1Iippobetes de Chalcis et des Béotiens, deux peuples renommés par leur cavalerie, consacrèrent à Athéna, en souvenir de leur victoire, un quadrige sur l'Acropole 235, On était très probablement inscrit sur les rôles de la cavalerie, comme sur ceux de l'infanterie, à l'âge de vingt ans 2JG. Chaque ville de la confédération béotienne fournissait un corps de cavaliers commandé par un hipparque, qui avait sous ses ordres un ou plusieurs Hapyat, selon la force du contingent'''. Thucydide mentionne à la bataille de Mégare, en 424, l'hipparque des Béotiens, comme ayant sans doute le commandement en chef sur les hipparques de chacune des cités confédérées 236. Pour Thèbes, nous connaissons un hipparque de l'époque des guerres Médiques 239; entre 200 et 150 sont mentionnés quatre ft),apyov,reç et deux chefs de tarentins 240. Pour Lébadée, nous connaissons un hipparque241, un ir„capx(w, deux ftaapx(ov,rEç; entre 230 et 150, les cavaliers de Lébadée ont remporté le prix à la fête des Pamboiotia2S2. Nous avons l'inscription du monument que les cavaliers Hell. IV, 5, 11. Le témoignage de Philostéphanos dans Plut. Lye. 23, sur la etéation de deux oesaµot de 50 cavaliers par Lycurgue, est contesté. 228 Xen, Hell. 7V, 4, 10; 5, 12. 229 Xen. ibid. IV, 5, 11 et 12. 230 Xen. ibid. IV, 4, 10 et 11. 231 Xen. Bipparch. IX, 4. 232 Voir G. Gilbert, Handb. II, p. 57 et 60; A. Bauer, Die ,griech. Kriegsalt. p. 296. -233 Ce corps existait encore au temps de la bataille de Délion, Diod. XII, 70; cf. encore Plut. Pelopid. 18, 19, arch. hist. III, p. 360 et s. 376 et s.; Duruy, Hist. des Grecs, 1887, t. Il, p. 144. 235 llerod. V, 77; Corp. inscr. ait. 1, 334. 236 fiaa;,f€nt; :cypè2 aato. Inscriptions de Lébadée, n°" 67, 68 de W. Larfeld, Sylloge inser. Boeoticarum. 1883. 237 Pour Thespies sont mentionnés des irs6sa, entre 350 et 250, n° 237 de Larfeld ; un 'isvu9 s;, Bull. de corna hell. VIII, 413; pour Chéronée deux iraabt;s s,ç et probablement deux f,'vv90 iov;r„ Larfeld, 50 a. 2381V, 72; pour les années 230221, Polyb. XX, 5; l'hipparque Pompidas dans l'insee, publiée par WilamowitzMéllendorff, Hermès, VIII. p. 431. 233 Herod. VI, 69. 250 Larfeld, n° 319. EQU 768 EQU d'Orchomène élevèrent à Zeus Soter, en 330-29, à leur retour d'Asie où ils avaient suivi Alexandre 2n : cette inscription donne le nom de vingt-trois cavaliers ; le total du contingent fourni par Orchomène en cavalerie était de trois cents hommes 243. Pour ce qui concerne l'effectif total de la cavalerie béotienne, nous trouvons les indications suivantes; à Délion, en 424, mille cavaliers et dix mille hoplites 245, à Némée, en 393, huit cents cavaliers et cinq mille hoplites, le contingent d'Orchomène n'étant pas compté 2'i6. Il faut signaler dans l'armée béotienne l'emploi régulier des 4d777tot (voir plus loin). La cavalerie la plus célèbre de la Grèce était la cavalerie thessalienne. La Thessalie avait toujours gardé son organisation féodale; les nobles, qui avaient su conserver toujours leur haute situation, composaient cette cavalerie. L'alliance avec la Thessalie fut longtemps une des bases de la politique athénienne; elle fut conclue probablement par Pisistrate ; les Thessaliens fournirent à Hippias un corps de mille cavaliers qui repoussèrent une première fois l'invasion des Spartiates, à qui ils tuèrent même leur roi Anchimolios; mais lors d'une seconde invasion dirigée par Cléomène, les Thessaliens vaincus se retirèrent dans leur pays 247. Un corps de cavaliers thessaliens était dans l'armée athénienne à la bataille de Tanagra, en 45'7, et fut cause de la défaite par sa défection 248. L'alliance rompue alors fut reprise plus tard, un contingent de cavaliers thessaliens se trouve de nouveau dans l'armée athénienne au commencement de la guerre du Péloponnèse2'9. Lorsque Jason de Phères eut réuni toute la Thessalie sous son pouvoir, les forces de ce pays s'élevaient à plus de dix mille hoplites et à six mille cavatiers 250. Sur une monnaie de son successeur, Alexandre de Phères (fig. 2730) on voit un cavalier thessalien, coiffé d'un casque, couvert d'une cuirasse et brandissant une longue lance 23'. La thessalien. cavalerie thessalienne était comman dée par des hipparques "2; ces officiers furent quelquefois appelés, avec leurs hommes. à confirmer des traités par leur serment". Nous avons déjà parlé de la cavalerie des deux villes de l'Eubée, Érétrie et Chalcis; Aristote les cite parmi les républiques dans lesquelles dominait une aristocratie de cavaliers 26'. Dans la guerre que les deux villes se firent au milieu du vile siècle, la bataille principale fut livrée par la cavalerie 26B ; le nom donné à l'aristocratie de Chalcis, les Hippobotesn6, semble indiquerl'existence de la liturgie appelée i7crotiooy.x; à Érétrie, la procession à Artémis comprenait trois mille hoplites, six mille cavaliers et soixante chars de guerre 25'. Parmi les autres villes dont la cavalerie nous est connue, il faut citer Tégée, où l'on trouve un hipparque au rang des premiers magistrats226; Syracuse, dont les cavaliers eurent un rôle très important lors du siège fait par les Athéniens 219 et où il y avait pour les cavaliers un tableau de discipline appelé l'i7e7câpyou 7c(vaç 260 ; Cyzique, où le magistrat éponyme était l'hipparqued81; Magnésie du Méandre 262, Élis2G3 Phlionte26h, etc. Parmi les peuples grecs dont il vient d'être question, quelques-uns étaient renommés par leur habileté comme cavaliers et avaient dans leur armée une cavalerie qui était renommée excellente; cependant aucun de ces peuples ne sut donner à cette arme la place qui devait lui appartenir. Un peuple qui pendant longtemps fut considéré comme appartenant non au monde grec, mais au Inonde barbare, le peuple macédonien, fit dans l'art militaire cette révolution. Nous avons vu que les guerres Médiques révélèrent aux Grecs les services que la cavalerie pouvait rendre à la guerre. Ils furent cependant bien lents à tirer profit de l'expérience qu'ils avaient faite. Pendant presque tout le ve siècle, le sentiment des hommes de guerre est loin d'être favorable à la cavalerie26s Les braves hoplites de cette époque n'avaient guère que du mépris pour ce guerrier, qui n'était pas même sûr de son assiette, qui avait toujours peur de tomber, qui ne pouvait frapper que de loin par des coups mal assurés, et qui tournait le dos dès qu'on l'attaquait266. La guerre du Péloponnèse, si féconde en expériences, modifia sensiblement cette opinion. L'utilité des troupes légères fut démontrée à Sphactérie, où les premiers hoplites de la Grèce durent mettre bas les armes ; à Délion, la défaite ne fut si sanglante pour les Athéniens, que parce que l'armée béotienne possédait un corps de mille cavaliers qui poursuivirent énergiquement les vaincus; en Sicile, une des causes de la ruine de l'armée athénienne fut que cette armée ne possédait qu'une très faible cavalerie "7. Pendant la guerre du Péloponnèse, une armée grecque ne comprend plus exclusivement un corps d'hoplites; elle possède aussi des archers, des frondeurs et un corps de cavalerie ; elle a quelquefois de l'infanterie légère, des I,it),o:. La cavalerie a pour mission de défendre le corps des hoplites contre la cavalerie et les troupes légères de l'ennemi. Dans un combat de cette époque, il y a en réalité deux engagements : les deux armées sont en présence, les hoplites au centre, les cavaliers avec les troupes légères aux deux ailes; c'est la disposition classique 268. L'action commence par un combat de cavalerie, les cavaliers et les troupes légères en viennent aux mains sur les deux ailes, ils combattent jusqu'à ce qu'un des deux partis soit mis en fuite, les vainqueurs restent sur le champ de bataille ; mais cette action n'a pas grande influence sur le résultat final ; ce qui décide la victoire, c'est la lutte entre les deux corps d'hoplites, et dans cette lutte, la cavalerie n'intervient pas; seulement, ~QU 76 quand l'affaire est décidée, quand un des deux partis est en fuite, la cavalerie peut être utile, soit pour protéger la retraite de l'infanterie en cas de défaite, soit pour rendre la poursuite plus terrible en cas de victoire. Les années qui suivirent la guerre du Péloponnèse furent marquées par l'importance toujours plus grande que prirent les troupes mercenaires et par la création d'une infanterie légère, le corps des peltastes. Si la Grèce avait été un pays de cavaliers, c'est alors que les divers États auraient dé penser à constituer une forte et nombreuse cavalerie ; mais le rôle de l'infanterie avait été si considérable jusque-là, et les Grecs étaient si habitués à cette arme, que lorsqu'on eut constaté que la grosse infanterie ne pouvait plus se suffire à elle-même sur les champs de bataille, on ne trouva rien de mieux à faire que de créer l'infanterie légère : à l'hoplite l'Athénien Iphicrate opposa le peltaste. C'était là ne résoudre qu'une partie du problème. L'importance de la cavalerie devenait chaque jour plus grande. L'Athénien Xénophon fut un des hommes qui comprirent le mieux cette importance et qui essayèrent de la faire comprendre aux autres. Toute l'antiquité s'accorda à reconnaître dans Épaminondas une habileté jusqu'alors inconnue à se servir à propos sur le champ de bataille des diverses forces qui composaient alors une armée. Cependant la grande création du général thébain consiste dans une disposition nouvelle du corps des hoplites, dans la création de la aoyçrl tpâaxy'. Pour la cavalerie, il ne semble pas qu'il ait fait d'innovation bien importante. Il faut signaler l'emploi des «µt c7 ot à Mantinée; quant à la disposition de la cavalerie en grandes masses, dans cette bataille, elle lui fut inspirée par l'exemple de l'ennemi 269, et même alors, si la cavalerie fut disposée différemment, son rôle fut à peu près le même; elle ne fut appelée à agir que contre la cavalerie. Avec Philippe et Alexandre, au contraire, s'opère une grande révolution dans l'art militaire. Les Macédodoniens 270 n'avaient pas pour la cavalerie la répugnance des autres Grecs. Au commencement de la guerre du Péloponnèse, les rois de Macédoine ont une forte et nombreuse cavalerie271, armée de cuirasses272. l'un d'eux, Archélaos (M 3-393), opéra une réorganisation de l'infanterie et de la cavalerie, qui accrut d'une façon notable la force de ce pays 273. Cette organisation fut reprise et complétée par Philippe. Nous n'avons à. nous occuper que de ce qui concerne la cavalerie. Jusqu'ici l'effectif de la cavalerie dans les armées grecques avait été à l'effectif de l'infanterie dans le rapport de un à dix; dans l'armée de Philippe, il était dans le rapport de un à six. Ce résultat fut obtenu, à partir de 344, lorsque Philippe, maître de la Thessalie, put disposer de la cavalerie thessalienne, la meilleure de toute la Grèce. L'armée macédonienne comprend alors deux grands corps de cavalerie : la cavalerie macédonienne proprement dite et la cavalerie thessalienne. La cava III. GQ[J crie macédonienne est composée des nobles, É~x~ost; les Macédoniens libres, mais non nobles, forment la grosse infanterie, les rcoratcot ; il y a au moins sept divisions d'air îot et de 7CE,Ératoot "' pour les etv? o1, ces divisions s'appelaient ïax1 ; il y a en outre, dans le corps des pezétaires, comme dans celui des hétaires, une troupe d'élite appelée l' .' a.z; l'xyrµa des hétaires s'appelait aussi l'i'), (tixctatxç, il était probablement composé d'hommes choisis dans toutes les autres divisions. L'effectif du corps des hétaires, comme celui des autres troupes macédoniennes n'est pas connu27'; le total de l'armée organisée par Philippe s'élevait, au moment où il mourut, à environ trente mille hommes. Alexandre compléta cette organisation si bien commencée : c'est probablement Alexandre qui eut le premier l'honneur de diriger, à Chéronée, une charge à fond de la cavalerie contre l'infanterie276. L'armée qu'il conduisit en Asie était forte de trente mille fantassins, et d'environ cinq mille cavaliers. Ce qui la distinguait, c'est la variété des forces qui la composaient. Il y avait d'abord un corps de grosse infanterie, la phalange composée des divisions de 7ro iTxtpot; puis les hypaspistes, infanterie moins lourde se rapprochant des peltastes; enfin l'infanterie légère des Agriens, des archers, des acontistes. La grosse cavalerie était constituée par les îles macédoniennes augmentées de l'agéma, par la cavalerie thessalienne et par celle des contingents grecs"; comme cavalerie légère, on avait les Thraces, les Péoniens, les Sarissophores 27°. Les dispositions générales, prises par Alexandre dans les trois batailles qui lui livrèrent l'empire des Perses, montrent la révolution qui s'était opérée dans l'art militaire et l'importance qu'avait prise la cavalerie. A l'extrême droite est l'infanterie légère des Agriens, archers, acontistes; la droite est proprement constituée par les îles des hétaires avec l'agéma; à côté de cette grosse cavalerie, se trouve la cavalerie légère des Péoniens et des Sarissophores; le centre est formé par la phalange des pezétaires soutenus parles hypaspistes ; enfin l'aile gauche est formée par la cavalerie des contingents grecs, qui sont en contact avec les hypastistes et la cavalerie thessalienne; à côté de cette grosse cavalerie, à l'extrême gauche, se trouve la cavalerie légère des Thraces, des Odryses, etc. Le roi, entouré de l'agéma, est à l'aile droite, qui a toujours été, dans les armées grecques, le poste d'honneur; dans toutes les batailles d'Alexandre, c'est l'aile droite qui seule a eu le rôle offensif : les hypaspistes, la phalange, la cavalerie de l'aile gauche s'avancent lentement, et seulement pour soutenir la charge à fond de la grosse cavalerie des hétaires; ces cavaliers, ayant le roi à leur tête, s'avancent comme un coin dans l'armée ennemie, la coupent, la mettent en désordre et la rejettent sur la phalange et la cavalerie de l'aile gauche. Le résultat de la manoeuvre n'est pas seulement la victoire, mais la destruction presque complète de l'armée ennemie. 97 ~QU 770 EQU Après Arbelles, des modifications furent apportées à l'organisation de la cavalerie. On n'avait plus à craindre la formation de grandes armées de la part des Perses; mais il fallait être en état de rayonner promptement de tous côtés sur les immenses territoires qu'on venait de conquérir. Un premier changement fut fait à Suse en 331; il eut pour résultat de diviser File en deux ad7ot, dont le commandement fut donné à des hétaires d'une valeur éprouvée 279; plus tard l'i'),fut remplacée par Pt-n«py(a; il y avait probablement huit hipparchies, sans compter l'agéma380. Cette cavalerie des hétaires n'avait d'abord qu'un seul chef, Philotas. Mais après l'exécution de ce général, Alexandre ne voulut plus d'un chef unique: il divisa Ies hétaires en deux commandements, dont l'un fut donné à Clitus, l'autre à Héphestion 251. Enfin le contingent de la cavalerie légère, composée de barbares, fut notablement augmenté, quand la cavalerie thessalienne et celle des contingents grecs furent congédiées s6s Au moment de sa mort, Alexandre s'occupait d'une nouvelle disposition de son armée, mais ces réformes avaient surtout pour objet l'infanterie. A l'époque des Épigones, la cavalerie continue à croître d'importance; depuis la campagne de l'Inde, elle est soutenue par les éléphants ; et, à présent, en rase campagne, l'infanterie est impuissante à lui résister 283. Les généraux de cette époque continuent à pratiquer la méthode d'Alexandre, qui consiste à ne prendre l'offensive que sur une aile de l'armée ; seulement tandis qu'Alexandre prenait toujours l'offensive avec l'aile droite, ils la prennent tantôt avec l'aile droite, tantôt avec l'aile gauche, selon les circonstances ; l'aile qui a l'offensive est toujours formée par la grosse cavalerie ; c'est l'attaque de cette aile qui décide presque toujours du résultat de la journée. Les dispositions les plus intéressantes à étudier sont celles que prit Eumène à la bataille contre Antigone en 322, à la bataille dans le Paractacène en 317 et à celle dans la Gabiène. Avec Pyrrhus commence une nouvelle transformation de l'art militaire ; la cavalerie perd peu à peu cette importance si considérable qu'elle avait dans les armées depuis Alexandre. Déjà à Héraclée, la cavalerie de Pyrrhus est d'abord vaincue par la cavalerie romaine; c'était cependant cette cavalerie thessalienne dont la renommée était si grande28t. La phalange, armée à la manière macédonienne, c'est-à-dire portant la longue sarisse, devient la force principale de l'armée ; ce n'est plus l'attaque de la cavalerie sur une des ailes, c'est l'attaque de la phalange au centre qui décide la victoire. Les armées de cette époque comprennent un nombre toujours plus grand d'armes différentes : pour la cavalerie, nous avons à signaler en particulier la formation de deux corps nouveaux, les tarentins et les cataphractes. Nous avons déjà parlé des tarentins à propos des concours des Théseia; nous avons vu que c'est dans la période qui sépare les inscriptions 444-445 du tome II du Corpus inser. allie, des inscriptions 446-448, c'est-à-dire entre 160 et 150, que les tarentinarques d'abord, puis les tarentins remplacent les phylarques et les cavaliers dans les concours de cette fête. La première mention des tarentins se rapporte à la campagne d'Antigone contre Eumène dans la Gabiène, en 317 ; son armée se compose de vingthuit mille fantassins, dix mille quatre cents cavaliers et soixante-cinq éléphants; parmi ces cavaliers, il y avait un corps de deux mille trois cents tarentins venus, dit Diodore 28', d'au delà des mers; un escadron de cent tarentins formait la garde du fils d'Antigone, Démétrios 266. A partir de cette époque, il est très souvent fait mention de ces cavaliers 287. L'expression ,r«f«v'lv«oef« se trouve dans les traités de tactique militaire et dans les lexiques; elle désigne une division tactique de cavalerie; la première division est l'dqui comprend soixantequatre cavaliers, et qui est commandé par l'i)c( ycg; audessus est l'i-cra«?/(a, qui comprend deux ).«t, soit cent vingt-huit cavaliers; la 71pav-r;ss y(« comprend deux Ént),ao-(at, soit deux cent cinquante-six cavaliers ; 1'i7n«pz(2 comprend deux 7ao«'Ttv«p((«t, soit cinq centdouze; l'.?tnnapy(x comprend deux inn«pz(«t, soit mille vingt-quatre cavaliers, le 'r),oc comprend deux Eutnn«p-(«t, soit deux mille quarante-huit cavaliers; enfin l'in(Txyµa comprend deux ira-ri, soit quatre mille quatre-vingt-seize cavaliers266. Les tarentins avaient une façon particulière de combattre. Arrien 289 dit qu'il y a deux sortes de cavaliers tirailleurs : ceux qui se servent de javelots et ceux qui se servent des arcs ; ceux-ci sont les archers à cheval; les autres au contraire sont les tarentins; et, même, parmi ces tarentins, les uns se contentent de lancer les traits et de tournoyer sur le front de l'ennemi sans l'at, taquer,ceux-là sont proprement les tarentins; Ies autres, après avoir lancé leurs javelots, abordent l'ennemi soit avec la seule pique qu'ils ont conservé, soit avec l'épée droite, en8-ri ; ceux-ci sont appelés cavaliers légers. Nous voyons cependant que les tarentins de Philopémen, d'après Tite-Live, menaient avec eux deux chevaux 296 ; ils seraient donc ce qu'on a appelé les ègptnnot29", c'està-dire des cavaliers qui ont deux chevaux et qui sautent de l'un sur l'autre chaque fois que cela est nécessaire. Il est difficile de se prononcer entre ces deux explications. Un cavalier armé est fréquemment figuré sur les monnaies de Tarente, quelquefois conduisant deux chevaux, ou bien comme celui qu'on voit ici (fig. 2731) s'apprêtant à sauter à bas de celui qu'il monte, à la manière des apobates [DESULTOR]. On peut y reconnaître un égcpnn06, à moins que ces types ne fassent simplement allusion aux jeux célébrés à Tarente 292. De ces ).éctnnot, il faut distinguer les i;,.tnnot. Les grammairiens 298 ont donné de ce mot différentes explications la plupart erronées ; il faut s'en tenir, comme le veut PaulLouis Courier, à ce que disent les historiens 97i. L'i .innaç est un fantassin, armé à la légère, qui suit à pied le cavalier; quand l'occasion le demande, il monte à ses côtés EQU 77 sur le cheval ; il prend part au combat de cavalerie, suit en se tenant à distance et en faisant simplement usage de se, traits, soit en s'engageant dans la mêlée, en frappant les chevaux et les cavaliers ennemis; il peut aussi prendre part à l'action de l'infanterie légère, soit contre les tt,: a,C, soit contre les hoplites de l'ennemi. Xénophon 23° indique comme une excellente ruse de cacher ces fantassins derrière les cavaliers: arrivés près de l'ennemi, les .u.traot se découvrent aussitôt et marchent en bon ordre ; ils peuvent ainsi contribuer pour une grande part à la victoire. Il y avait des 4.t7Saot dans la cavalerie athénienne t l'époque d'Aristote'96 ; ils étaient soumis comme toute la cavalerie à la dokimasie du Conseil; si l'examen n'était pas favorable, 1' u.t nooç cessait de recevoir la solde, 7té,tau:«t .tatioooawv; ces mots indiquent qu'il était mercenaire. Les Béotiens paraissent avoir pratiqué plus que les autres peuples l'usage de ces combattants ; Thucydide mentionne des du.tn lot à la bataille de hélion e ; à Mantinée, hparninondas mêla des tiu.d-naot dans les rangs de sa cavalerie, ce qui donna à celle-ci la supériorité sur la cavalerie ennemie qui était dépourvue de ce secours 298. L'usage de ces üatrns, se trouve encore chez d'autres peuples, par exemple chez les Germains d' Arioviste 299. A l'époque de Xénophon et d'Aristote, il y avait dans la cavalerie athénienne un corps de 7.pt2pov.ot ; ils étaient soumis eux aussi à l'examen du Conseil; si le vote était défavorable ils étaient reformes 3U0. Il est probable qu'ils étaient citoyens. Deux fonctions particulières leur sont attribuées : il forment l'escorte de l'hipparque 3Q1; ils servent _,onimc cavalerie légère pour faire des reconnaissances, pour fourrager, dm"; ils ne doivent pas être confondus avec les iz,cotiU':at; ils ne se servent pas de l'arc, mais de l'arme que Xénophon veut voir dans les mains des cavaliers athéniens, le javelot303. Ils sont probablement, avons-nous dit, citoyens ; on peut le conclure aussi de ce que dit Aristote, que s'ils sont réformés par le Conseil, ils cessent de servir dans la cavalerie 30''. Dans l'armee d'Alexandre, les acpéèsou.ot formeront un corps de cavalerie indépendante 303 Quant aux iriei açxzzo., on les trouve d'abord dans les armées des Séleucides '91 ; les bas-reliefs de Pergame en donnent quelques représentations ; le cavalier et le cheval sont tous les deux cuirassés ; cette cuirasse n'aurait pas couvert, comme plus tard (voy. tome 1, CATAPILRACTI, fig. 1232), tout le cheval, mais seulement, comme le dit Arrien307, les flancs et la tête. Du temps de Polybe, la cavalerie grecque avait adopté le grand bouclier appelé 0379ç ; les Romains elnprun EQU tarent cette arme aux Grecs et la donnèrent a leurs cavaliers 308 ; Arrien mentionne parmi les cavaliers de son époque ceux qui sont armés de ce bouclier et qui sont appelés pour cela Ouaeoé;ôpot 30°. L'époque hellénistique est surtout l'histoire des grandes monarchies d'Égypte, de Syrie, de Pergame, de Macédoine. etc. La Grèce essaye à deux reprises de continuer une fédération qui assure son indépendance. Dans les deux ligues achéenne et étolienne, le chef de la cavalerie, l'hipparque, est un des premiers magistrats 310 ; il vient encore immédiatement après le stratège. Nous avons quelques renseignements surla cavalerie achéenne 311. Recrutée en grande partie parmi les jeunes gens de la classe riche par voie d'engagements volontaires, elle était très indisciplinée; comme dans Athènes, l'hipparque craint de sévir, il a peur de s'aliéner les membres des grandes familles; il voit des cavaliers vendre leurs chevaux et il ne dit rien. Avec la ligue achéenne finit l'histoire de la cavalerie grecque comme finit aussi le rôle militaire de Rosie. -A Rome comme en Grèce, le mot equites a un double sens, celui de cavaliers, qui est le sens primitif, et celui de chevaliers, l'ordre des chevaliers ayant sa source dans l'organisation militaire des premiers temps. On s'adressa, à l'origine. podr faire le service de la cavalerie, plus coûteux que celui de l'infanterie, aux citoyens les plus aisés; en échange, on leur assura une position à part dans l'assemblée du peuple et une influence plus considérable. Peu à, peu, ceux qui étaient appelés à, ce service militaire spécial tendirent à former, avec ceux qui l'avaient accompli et ceux qui étaient aptes à l'accomplir, une classe privilégiée qui avait pour elle la double puissance de la fortune et de la considération. Cette classe resta pour ainsi dire à l'état latent, tant que les membres qui la composaient continuèrent à servir comme soldats. Mais, à une certaine date, cette cavalerie devint insuffisante; les cadres anciens n'étaient plus assez larges pour fournir l'effectif aux grandes armées de l'époque ; de plus, Ies guerres se faisant dans des provinces éloignées de l'Italie, on ne pouvait plus songer à envoyer ainsi, sur la terre étrangère et souvent pour une longue période, l'élite de la jeunesse romaine. On renonça donc à recruter les cavaliers parmi les centup'iae equitutta. Les chevaliers restèrent à Rome ou en Italie, se livrant au grand commerce ou à l'industrie; ceux qui allaient à l'armée y servaient comme officiers. De ce jour, il y eut des chevaliers et des cavaliers. Nous serons obligés de faire cette distinction dans notre article. Nous confondrons d'abord les deux termes pendant une EQU 772 EQU certaine période, qui correspond à la plus grande partie de la république; nous prendrons comme date extrême de cette période, la fin de la guerre sociale, avec laquelle disparaît la cavalerie légionnaire; mais il faut bien observer que c'est là une division qui, pour être commode et même nécessaire, ne répond pas absolument à la réalité ; car la distinction entre chevalier et cavalier s'est certainement introduite peuà peu dans les esprits, comme dans les moeurs. A partir de cette date, nous aurons à étudier séparément les equites-chevaliers, c'est-à-dire l'ordre équestre, et les equites-cavaliers, c'est-à-dire la cavalerie romaine. 1. CAVALIERS-CHEVALIERS. On fait généralement remonter l'organisation complète des equites à Servius Tullius ; mais il faut peut-être en rechercher plus haut l'origine. Dès les temps les plus reculés, sous Romulus, il est question d'un corps de cavalerie divisé en trois centuries, qui correspondaient aux trois anciennes tribus ; ils auraient porté le nom de CELERES 31', Les uns, par exemple M. Belot, ont fait de cette troupe une sorte de garde du corps, créée par Romulus et licenciée par Numa 312. D'autres, comme M. Madvig 313, identifient les celeres et les equites. Suivant cette théorie, les equites se seraient composés à l'origine de trois cents cavaliers, choisis dans les trois tribus, à raison de cent par tribu, et divisés en dix turniae, chacune de trente hommes, dont dix de chaque tribu'''. Ce nombre aurait été par trois fois augmenté : d'abord sous Tullus Hostilius, après l'arrivée des Albains tf3; le nombre des cavaliers aurait été dès lors de neuf cents; puis sous Tarquin l'Ancien, qui aurait doublé cet effectif'''. Ces cavaliers auraient été répartis à ce moment en six centuries, deux de Rampes (Ramnes primi, Ramnes secundi), deux de Luceres et deux de Tities 317. Ces six centuries étaient composées de patriciens 318. La réforme de Servius Tullius vint modifier de nouveau l'organisation de la cavalerie. Les six centuries ancien nes subsistèrent; elles furent composées de seniores ; ce sont celles que l'on nomme plus tard sex su ffragia. Douze nouvelles centuries furent créées, composés de juniores, qui formaient la cavalerie active, les autres constituant la réserve'''. Dès lors et jusqu'au temps de l'empire, il y aura dix-huit centuries d'equites ; les modifications électorales apportées à l'institution n'ont changé ni leur nombre ni leur organisation'''. La liste des cavaliers des dix-huit centuries était dressée, avant 311, par les consuls, qui avaient le cens dans leurs attributions, après cette date par les censeurs, qui furent créés à cet effet. Cette cérémonie, recognitio equitum 341, suivait le recensement général de tous les citoyens; elle se passait au forum 324. Un héraut citait par tribu les equites des dixhuit centuries "3. Chaque cavalier, à l'appel de son nom, conduisait son cheval devant les censeurs 32x [cENSOR]. Si ceux-ci le jugeaient digne d'être maintenu dans le corps, ils lui disaient : Traduc equum 328; si, au contraire, ils pensaient devoir l'exclure, soit parce qu'il était impropre au service 323, soit pour cause d'indignité 3"-7, ils lui retiraient son privilège 32e en lui disant: Vende equum. Ils complétaient alors la liste des chevaliers, en y insérant de nouveaux noms naient lecture de la liste nouvelle des cavaliers'''. Une monnaie de la gens Licinia (fig. 2'732) nous représente, semble-t-il, un cavalier amenant ainsi son cheval devant les censeurs 331 On devait pour pouvoir figurer, y satisfaire à certaines conditions : 1° Âge. On n'a point de texte relatif à l'âge où l'on pouvait prétendre à entrer dans la cavalerie, mais il paraît certain que le service à cheval n'était pas soumis, sous ce rapport, à d'autres règles que le service à pied : les pueri, c'est-à-dire les jeunes gens de moins de dix EQU 773 EQU sept ans y étaient regardés comme impropres au moins en fait 33'. Mais s'il y avait une limite inférieure, il n'y avait pas probablement de limite supérieure33' : on laissait aux censeurs le soin de voir à quel âge ils entendaient libérer du service à cheval chaque homme isolé; et cette libération devait arriver assez promptement, bien avant l'âge fixé pour les fantassins, le métier de cavalier demandant une plus grande vigueur que celui de fantassin''' En réalité la cavalerie active ne devait contenir que la fleur de la jeunesse (juventus)33s Aptitude physique. Les cavaliers étaient naturellement soumis, sous ce rapport, à une sévère revision : les infirmes et les faibles de corps ne pouvaient faire partie de la cavalerie. 3° Honorabilité. •Les hommes dont l'honorabilité n'était pas suffisante ne devaient pas non plus figurer dans le corps d'élite des equites. Cette recherche de l'honorabilité faisait partie des fonctions attribuées aux censeurs [cEVsoR] et les exemples sont nombreux de chevaliers dégradés pour cause d'indignité 3a5 4° Fortune. Certains auteurs, s'appuyant surtout sur un texte de Tite-Live qui conçoit le cens équestre comme établi par Servius Tullius337, ont émis l'idée que, sous la royauté et au début de la république, il y avait un minimum de fortune au-dessous duquel on ne pouvait prétendre au service dans la cavalerie 338. Mais les écrivains anciens autres que Tite-Live ne sont pas aussi affirmatifs. Cicéron dit que les centuries de cavaliers se composaient de ceux qui avaient la fortune la plus élevée (censu maximo)339 et Denys d'Halicarnasse s'ex Aussi M. Mommsen n'hésite-t-il pas à avancer qu'il n'y avait, à ce moment, aucun cens propre à la cavalerie. La conception d'un cens équestre est inconciliable, d'après lui, avec l'établissement de l'aes equestre et de l'aes hordearium, dont il sera question plus loin. Si l'on donnait au cavalier l'argent nécessaire à l'achat et à l'entretien de son cheval, c'est précisément pour rendre le service dans la cavalerie accessible à tous. Les textes de Cicéron et de Denys d'Halicarnasse sont donc l'expression non d'une loi théorique, mais d'un fait : il est certain que les jeunes gens les plus riches ont toujours été pris de préférence pour ce service, parce qu'il était plus considéré et, par suite, plus recherché 3bi. Ce cens fut pourtant introduit assez vite, ainsi que le prouvent le texte de Tite-Live auquel il a été fait allusion plus haut et un passage de Polybe. On le trouve établi vers le milieu du Ive siècle 342, au moment où l'on commence à recruter des cavaliers non seulement parmi les détenteurs du cheval public, mais encore parmi des volontaires, servant dans la cavalerie à leurs propres frais. On connaît mal, du reste, le montant de ce cens343. M. Mommsen pense que le chiffre de quatre cent mille sesterces, qui nous est seul connu et qui était spécifié dans la loi Ros cia de 687 344, a été aussi seul en usage dès le principe, quoiqu'il n'ait été probablement sanctionné par la loi qu'à cette époque 5° Naissance. Le cavalier doit être de naissance libre ; les fils d'affranchis étaient exclus du service à cheval 346. Mais c'est la seule condition absolue. A l'exception des sex su/fl'agia qui étaient réservés aux patriciens, au moins à l'origine 347, la cavalerie était accessible même aux hommes de la plus basse naissance 348. Toutefois, il en était de cette disposition comme de celle qui ouvrait les rangs de la cavalerie aux gens sans fortune : elle n'était point observée en pratique, et les cavaliers étaient choisis de préférence parmi les hommes appartenant aux anciennes familles 349. 6° Rang. Au début de la république, comme sous les rois, les cavaliers pouvaient appartenir soit au peuple (c'est une conséquence de ce qui a été dit dans les deux paragraphes précédents) soit au sénat. Mais, en fait, les gens du peuple servaient plutôt dans l'infanterie. Quant aux sénateurs, ils ne furent exclus des centuries équestres que par C. Gracchus 350. Celui qui remplissait les conditions énoncées ci-dessus pouvait donc être inscrit par les censeurs sur la liste des equites. Il lui fallait d'abord se procurer un cheval, sinon deux 39' et en acheter l'équipement ; car, dans l'organisation romaine républicaine, l'armement et l'entretien du soldat restent à ses frais. Mais afin de diminuer autant que possible les frais occasionnés de ce chef au cavalier, il lui était alloué une indemnité d'entrée au service, connue sous le nom d'aes equestre [AEs ÉQUESTRE] et une indemnité annuelle de nourriture pour son cheval, connue sous le nom d'aes hordearium [ARS HORDEAmcx]. L'aes equestre se montait à mille as ou cent deniers (87f,50) 332 et l'aes hordearium à deux mille as ou deux cents deniers par an (175 fr.)'53. Cet argent était accordé par les censeurs, suivant que le permettaient les ressources du budget"' et fourni à l'État par un impôt prélevé sur les viduae et les orbi'''. Si le cheval venait à être victime d'un accident, la perte en était, paraît-il, supportée par le cavalier356 ; s'il lui était retiré par une décision des censeurs, il est probable que l'argent d'achat devait être restitué à l'État, en tout ou en partie, puisqu'en ce cas, le chevalier le vendait 357 mais on n'a à ce sujet aucun texte positif; il devait en être de même, quand le cavalier, son temps de service terminé, était rayé des cadres de l'armée. Le fait d'être inscrit par le censeur sur la liste des equites et d'avoir reçu de l'État une somme nécessaire à l'acquisition du cheval explique l'expression par laquelle on désignait le chevaliercavalier de l'époque républicaine : eques romanus equo publier) 318 Tous ceux qui avaient droit à ce titre étaient appelés chaque année à figurer dans une procession solennelle que l'on appelait transvectio equi.tum. Cette cérémonie EQU 774 EQttequifes equo privafo 3G'. L'existence de ces cavaliers sup avait lieu le 15 juillet, pour fêter l'anniversaire de la bataille du lac Régine, où le dictateur Postumius avait fait voeu, s'il était vainqueur, d'instituer à cette date des jeux magnifiques qui seraient célébres tous les ans Le succès avant été décidé en cette occasion par le courage de la cavalerie n il était naturel que les equifes prissent part à la cérémonie commémorative 361. Après les sacrifices et les jeux, les equifes se réunissaient sur la voie Appienne, en dehors de la porte Capène, entre les temples de Mars et de l'Honneur. Ils traversaient à cheval le Grand cirque et le forum, en ordre de bataille na couronnés d'olivier et revétus de ces robes brodées de bandes rouges qu'on appelait THABBA. La richesse de leur costume était rehaussée encore par l'éclat des décorations militaires qu'ils avaient obtenues dans les combats. C'était, dit Denys d'Halicarnasse qui l'avait vue et y avait compté cinq mille cavaliers, une solennité magnifique et digne de la grandeur de Rome. Aussi les empereurs eurent-ils grand soin d'en maintenir la tradition, comme on le verra plus loin : au moment où l'ordre équestre était déjà presque entièrement disparu, sous Constantin, la transveclio equifurn se célébrait encore régulièrement tous les ans30° Dans les institutions serviennes, que nous avons examinées jusqu'ici, il n'y avait pas d'autres equiles que les dix huit cents equites es centuries, auxquels l'État donnait un a cheval public o, et dont le nombre est resté le mème jusqu'à la fin de la république. Mais on comprend que cette troupe, suffisante pour les besoins de la guerre au début, devint bientôt trop faible, surtout lorsque les batailles furent livrées en dehors de i'ltalie. On commença par remédier à cet inconvénient en diminuant le nombre des cavaliers affectes a chaque légion, et en les réduisant de trois cents à deux cents 36:; ce qui permettait de trouver l'effectif de cavaliers nécessaires à huit légions au lieu de quatre ; mais ce n'était là qu'un subterfuge et il fallut aviser à un autre moyen d'assurer le service de la cavalerie. Pour y arriver on pouvait faire appel, au moment de la levée des troupes, soit à des cavaliers dont le temps de service était fini, soit au contraire à des individus astreints au service, mais non encore exercés; les deux combinaisons offraient des inconvénients, la seconde, peut-être encore plus que la première; car il fallait alors improviser à la fois la monture et le cavalier. Aussi l'on se décida à adjoindre à la cavalerie réglementaire des equites equo publico, un certain nombre de cavaliers sachant déjà monter à cheval et ayant des chevaux; c'est ce qu'on appelle les plémentaires ne peut ètto mise en doute, en présence des textes formels qui l'attestent 306; toute la question est de savoir si ce mode de recruter la cavalerie en dehors des centuries équestres n'a été qu'extraordinaire et employé pour faire face à des difficultés temporaires, comme le pensent quelques uns, ou si, au contraire, il faut le considérer avec d'autres comme une institution habituelle, postérieurement à l'année 400 avant Jésus-Christ. Les textes que l'on peut citer ne sont pas suffisamment précis pour résoudre la question sans conteste, et, naturellement, chacun apporte à l'appui de sa thèse des arguments plausibles. La vérité pourrait bien n'être ni d'un côté ni de l'autre, ou plutôt des deux côtés à la fois. Tite-Live raconte que cette création des equifes equo primate emonte au siège de Véies, où des particuliers offrirent de servir à leurs frais dans la cavalerie'n, Ce témoignage ne doit sans doute pas être accepté sans restriction, un changement dans les institutions militaires de la république, ne pouvant être, comme on l'a fort bien remarqué 310 le résultat de l'initiative privée. Iï est probable que la première tentative, faite à cette date, a été suivie d'autres, qui auront prouvé l'excellence du système et auront amené postérieurement une réforme définitive. Elle aboutit à rendre obligatoire, pour tous les Romains dont le cens était estimé supérieur à une certaine somme, le service à cheval soit comme equifes equo 1)ublice, soit comme equifes equo privait) 3GO Ceux donc a qui le censeur n'avait pas attribué un cheval public pouvaient être pris par les généraux pour augmenter l'effectif de la cavalerie, au mentent d'une entrée en campagne. M. Mommsen estime que cette reforme était déjà appliquée avant la deuxième guerre Punique "0. Pour exposer les faits qu'il nous reste à signaler à propos des equites ntérieurs à la suppression de la cavalerie légionnaire, il nous faut distinguer nettement entre les deux sens du mot et étudier successivement la cavalerie attachée aux armées romaines risqua la fin de la guerre sociale et la chevalerie jusqu'à cette époque. 1° Cavalerie romaine jusqu'à la fin de la guerre sociale. Tant qu'il n'y eut pas d'autres cavaliers que les cavaliers légionnaires, ceux-ci furent pris exclusivement parmi les dix-huit centuries équestres, ainsi qu'il a etc expliqué plus haut. Contrairement à ce qui arrivait pour l'infanterie, la cavalerie légionnaire à Rome était permanente, puisque tous les cavaliers étaient choisis à chaque lustre par les censeurs et portés sur une liste qu on ne modifiait pas EQU 775 EQU pendant cinq ans, quoi qu'il arrivàt. La conséquence de cet état de choses est que, lorsqu'on voulait composer l'armée pour entreprendre une expédition, on ne procédait pas pour la cavalerie comme pour l'infanterie [nILrCTCS]. On se contentait, une fois la liste des fantassins dressée, de prendre dans les dix-huit centuries équestres le nombre de cavaliers nécessaire pour compléter l'effectif légionnaire 311. Postérieurement, après l'établissement des equites equo privato, il devint nécessaire d'agir autrement. On choisit dès lors, avant toute opération de recrutement, dans l'ensemble des juniores, ceux qui pouvaient légalement servir à cheval. Le censeur intervenait dans le recrutement des cavaliers, parce qu'il s'agissait de constater le cens des equites; mais toute la partie militaire de ce recrutement appartenait certainement au consul, général en chef, ou à celui qui le remplaçait 572. Les cavaliers étaient répartis, en vue du service militaire, par turmes de trente hommes, et chaque turme se composait de trois décuries de dix hommes37t. A la tête de chaque décurie était un décurion qui commandait à ses neuf"' compagnons. Le premier décurion nommé conduisait la turme ; en son absence, le deuxième prenait le commandement 375. Les décurions étaient, suivant M. Mommsen 376, nommés par les censeurs; mais le général n'en avait pas moins le droit de modifier ces nominations, si bon lui semblait, au moment de la mobilisation..Chaque décurie avait de plus un option choisi par le décurion 377. Au début de l'État romain, le cavalier ne recevait pas plus de solde que le fantassin, mais il avait droit, comme nous l'avons expliqué plus haut, à cause des frais qu'entraînait le service à cheval, à une indemnité de nourriture pour son cheval ((tes hordeari.ur). Les choses changèrent lorsque Camille eut introduit l'usage de payer les troupes 375. Les cavaliers qui avaient reçu l'equus publie cas furent admis à bénéficier de cette faveur, aussi bien que les autres 379 ; mais comme ils recevaient déjà des indemnités, la solde fut, pour eux, déduite de la somme à laquelle ils pouvaient prétendre pour la nourriture de leur cheval 38o Cette solde, au temps de Polybe, équivalait à une fois et demie la solde du centurion351 et à trois fois celle du fantassin', c'est-à-dire à six cents soixante d-,niers (310 fr.) 353. De même ils recevaient, dans les distributions d'argent, le double''` et plus souvent le triple 355 des pediles, et dans les distributions de terre une part beaucoup plus considérable que les autres 355 Si donc leur service était plus dispendieux, les bénéfices étaient plus considérables, ce qui rétablissait quelque peu l'équilibre. A l'époque primitive, les cavaliers combattaient, comme le firent plus tard, ceux du moyen àge : ils engageaient avec leurs ennemis des duels précédés de défis et divisés parfois en plusieurs passes, comme les tournois 387 ; ils amenaient même sur le champ de bataille deux chevaux, afin de trouver, après en avoir fini avec un adversaire, une monture fraîche pour courir à un second combat368 Les luttes comme celles de Brutus et d'Aruns 359, de Cornelius Cossus et de Lars Tolumnius 390 et d'autres encore 391 donnaient aux champions l'occasion de déployer leur valeur et d'augmenter l'éclat de la cavalerie romaine. Sur une monnaie de la gens Servilia 392, on voitM. Servilius Pulex Geminus, consul en 33'2 de Rome, courant, la lance en avant, contre son ennemi (fig. 2733). C'était un des plus vaillants cavaliers de l'armée à cette époque; il avait provoqué vingt-trois fois l'ennemi en combat singuFig. 2733. lier, et était toujours sorti vainqueur de la lutte 393. Mais les equites combattaient aussi en masse. Dans ce cas tantôt ils ouvraient la bataille, chargeaient l'ennemi et en enfonçaient les rangs, laissant à l'infanterie le soin d'achever la victoire 3n; tantôt, au contraire ils ne donnaient que dans les moments critiques. Il leur arrivait alors de descendre de cheval et de combattre comme des fantassins. C'est ainsi qu'ils décidèrent le gain de la bataille du lac Régille 300 et que Sex. Tempanius sauva le consul Sempronins en faisant donner les cavaliers démontés 336. En pareil cas, lorsqu'ils avaient rétabli la bataille, ils remontaient à cheval et chargeaient l'ennemi pour décider la déroute 397. Pour la charge, la cavalerie se rangeait en files serrées ; on enlevait le mors du cheval et on le conduisait au combat à coups d'éperon 393. Si cette manoeuvre assurait la victoire dans certaines occasions, dans d'autres elle amenait un désastre. Au Tésin399 elle jeta. le désordre dans les rangs des Romains; à Cannes400 elle coûta la plus grande partie des equites. Aussi, postérieurement à la seconde guerre Punique, la tactique fut-elle modifiée : les cavaliers restèrent toujours à cheval dans le combat et le rôle d'enlever les positions à l'arme blanche fut dévolu aux vélites qu'ils prenaient en croupe avec eux et qu'ils lançaient au moment décisif contre l'ennemi. Par suite l'armement des cavaliers fut différent aux deux périodes, plus léger au début, plus lourd ensuite et adapté au rôle de la grosse cavalerie. Polybe nous a gardé à ce sujet des détails d'autant plus précieux, que nous n'avons de cette époque aucune représentation figurée : «Aujourd'hui, dit-il '001, l'armure des cavaliers est semblable à celle des Grecs; mais autrefois ils n'avaient pas de cuirasse et n'étaient couverts que d'un vêtement serré à la ceinture, ce qui leur permettait de sauter de cheval et d'y remonter aisément; mais aussi, dans la mêlée, ils étaient fort exposés, dénués qu'ils étaient d'armes défensives. De plus, les lances anciennes étaient défectueuses pour deux raisons : d'abord elles étaient minces et trop légères; elles ne pouvaient donc atteindre le but et avant de pénétrer, elles se cassaient, rompues par le seul mouvement des chevaux; ensuite, comme elles étaient dégarnies de fer en bas, on ne pouvait frap en tout, au moins 43 000 cavaliers alliés : ce qui représente un effectif assez important. La cavalerie des alliés ne formait pas un corps indépendant 40B : elle n'a rien de commun avec les alae de l'époque impériale, dont il sera question plus loin ; elle représente une partie de l'armée légionnaire, qui pouvait, pour les besoins de la bataille, être réunie à la cavalerie des légions'0° ou être groupée à part en un seul tout 410, sous le commandement d'un chef temporaire 61. Elle se divisait en turmes de soixante hommes chacune 412, suivant le calcul de Marquardt 6f 3. Les officiers inférieurs étaient de même nationalité que les simples cavaliers 4", les officiers plus élevés, nommés praefecti sociorum, qui étaient communs à l'infanterie en même temps qu'à la cavalerie, étaient Romains 416 et nommés par les consuls Après la seconde guerre Punique, une nouvelle modification se produit encore dans l'organisation de la cavalerie romaine 517. A la suite des défaites éprouvées par Rome et dont une des causes était l'infériorité de la cavalerie, on commença à employer, outre des cavaliers italiens, des cavaliers auxiliaires que l'on recrutait chez les peuples soumis, chez ceux surtout qui avaient le plus l'habitude du cheval, les Numides et les Maures 648, les Étoliens et les Thessaliens "J, les Pergaméniens 420, les Thraces 421, etc. Leur nombre, d'abord assez restreint et proportionné aux besoins du moment, s'augmenta peu à peu ; c'est l'origine de la cavalerie auxiliaire [AUXILIA], qui joua un si grand rôle à l'époque de César et subsista presque seule sous l'empire : il en sera longuement question plus loin. 2e Chevalerie jusqu'à la fin de la guerre sociale. De même que les cavaliers, dans l'ancienne tactique, commençaient le combat, de même ils étaient appelés à voter les premiers 422 Pour le vote, les equites étaient organisés autrement que pour la bataille : en centuries. Ils gardaient ainsi le groupement antique qu'ils avaient reçu, suivant la EQU EQU FM per qu'un seul coup avec la pointe ; brisées, elles étaient sans utilité comme sans effet entre les mains du soldat. Enfin autrefois le bouclier était fait de peau de boeuf et semblable à ces gâteaux bombés que l'on offre dans les sacrifices; son peu de solidité le rendait incapable de résister aux coups de l'ennemi, et dès que la pluie l'avait détrempé et amolli, il n'était plus d'aucun usage. Aussi emprunta-t-on aux Grecs leur armement : la lance des Grecs, étant plus solide et plus ferme, est susceptible de frapper avec justesse et précision, et le second bout étant ferré, on peut porter des coups aussi certains et aussi forts d'un côté que de l'autre. Il en est de même du bouclier, qui est également disposé pour combattre de loin ou corps à corps. » Ces détails sont à compléter par ce qu'on sait de l'armement de la cavalerie grecque (voir plus haut pages 765-766), et par les quelques détails pris dans les auteurs sur celui des equites romains b02 On peut donc penser que la cavalerie légionnaire à l'époque de Polybe avait une cuirasse, des jambières, un casque, un bouclier, une lance avec pointe de fer, et une longue épée. Le cheval était sans doute aussi bardé de pièces garantissant la tête, la poitrine et les côtés 403 Cette cavalerie suffit aux Romains tant qu'ils n'eurent à combattre que des peuples aussi médiocres qu'eux comme cavaliers. Mais ils ne tardèrent pas à éprouver à leurs dépens que la cavalerie est un élément indispensable pour le gain d'une bataille. C'est ainsi que, à Héraclée et à Bénévent, la victoire de Pyrrhus fut due surtout aux charges qu'il fit exécuter à ses nombreux cavaliers. Il devint donc nécessaire au succès des armes romaines de réformer la cavalerie et d'adjoindre aux cavaliers légionnaires un effectif supplémentaire. On le demanda d'abord aux Latins. La cavalerie ainsi levée dans les cités unies à Rome par un traité d'alliance'" était divisée en trois parties ; deux étaient affectées au service légionnaire et formaient l'aile gauche et l'aile droite de l'armée [ALA], l'autre à la constitution d'une troupe d'élite, qui portait le nom de extraordiinarii 40', Le nombre de ces cavaliers supplémentaires nous est connu par certains textes d'auteurs. Le plus intéressant est un document fourni par le naturaliste Fabius 406, qui se rapporte à l'année 529 de Rome (225 av. J.-C.) c'est-à-dire au début de la deuxième guerre Punique. Ce document, analysé par Marquardt 407, donne pour l'effectif de cavalerie dont disposait Rome à cette date le tableau suivant : EQU 77'7 EQU tradition, de Romulus 423. On appelait ces centuries équestres praerogativae 424, à cause du privilège qu'elles avaient de déposer ainsi leurs votes avant les autres. Ce système fut réformé au commencement du vie siècle de Rome [c0MITIA]. La tribu devint la base de la division du peuple en centuries, et non plus la fortune. Il n'y eut plus lieu dès lors de concéder aux centuries équestres le droit de voter les premières; mais comme, aux yeux des Romains, ce droit n'était pas sans importance [oMUN-l, on décida qu'il n'y aurait plus qu'une seule centurie prérogative, désignée par le sort dans les centuries de la première classe. Les chevaliers votaient immédiatement après cette centurie42'. II est bien entendu que par ce mot de chevalier il faut entendre seulement les equites equo publico; les autres appartenaient à la première classe, mais non aux centuries équestres. Cette position privilégiée à l'assemblée était pour les equites une cause d'influence très sérieuse ; mais ce n'était pas la seule. Les sénateurs étaient exclus légalement de la ferme des revenus publics et de tout trafic, même pour des fournitures à faire à l'État ; c'était là une règle générale et qui ne souffrait que de rares exceptions 420. Par suite, les opérations de cette espèce ne pouvaient être faites que par des citoyens qui ne fussent pas au Sénat, mais qui possédassent en même temps un cens élevé, c'est-à-dire par les chevaliers''2T. La classe des publicains se recrutait donc surtout parmi les equites, ce qui ajoutait à leur pouvoir dans l'assemblée celui que donne la fortune toujours grandissante. C'est là l'origine véritable de l'ordre équestre, que C. Gracchus trouva tout formé en réalité, mais à qui ii donna une vie officielle et dont il fit un instrument politique. Pour bien comprendre les réformes qui sont attachées à son nom, il est nécessaire de rappeler tout d'abord, et comme complément de ce qui vient d'être dit, que les equites comprenaient à ce moment même des sénateurs, ceux qui, après avoir été equites equo publico, obtenaient des honneurs donnant entrée au Sénat sans renoncer pour cela au « cheval public »; on peut citer comme exemple les deux censeurs de l'année 550 de Rome, M. Livius Salinator et C. Claudius Nero42a. M. Mommsen suppose même que, par une disposition exceptionnelle de la loi, le sénateur qui avait revêtu une fonction curule, pouvait conserver le « cheval public » aussi longtemps qu'il le voulaitG29, et cela précisément pour lui permettre III. de profiter de la situation privilégiée faite aux quittes dans les comices. Pour atteindre son but, qui était d'opposer les chevaliers à l'aristocratie de naissance 43° C. Gracchus dut faire cesser cet état de choses ; de là la loi qu'il proposa ou fit proposer pour écarter des centuries équestres les membres du Sénat, sous le prétexte qu'ils prenaient la place de chevaliers, désireux d'obtenir à leur tour l'equus publicus 431, en réalité pour n'avoir pas à les admettre, même à titre de chevaliers, dans les jurys. C'est là, en effet, la réforme capitale de C. Gracchus, celle qui, en créant l'ordre équestre, en fit du même coup le rival du Sénat : par sa loi judiciaire, il enleva aux sénateurs le privilège d'être inscrit sur l'album judicum et le transféra aux equites âgés de trente ans et à ceux qui avaient le cens de la première classe432 [aumces]. Cette réforme n'était, en somme, pour C. Gracchus qu'un moyen de faire passer sa loi agraire, malgré l'opposition des riches ; il jugea que, pour y parvenir, le plus simple était de couper en deux cette classe des riches et de donner ample satisfaction à la portion la plus nombreuse; l'autre, restant en minorité, ne pouvait plus faire échec au tribun. La loi judiciaire fut le salaire dont C. Gracchus paya la connivence de l'ordre équestre. Il ne s'en tint pas là, il donna à cet ordre équestre des privilèges honorifiques qui le rehaussèrent aux yeux du peuple et qui l'égalèrent par certains côtés à l'ordre sénatorial. En premier lieu, il fit accorder à ses membres le droit de porter l'anneau d'or, qui était réservé jusque-là aux sénateurs 433 et qui devint dès lors commun aux deux ordres"; puis il leur concéda au théâtre des places particulières'. Cette dernière faveur fut supprimée par Sylla, puis rétablie, en 687, par un plébiscite proposé par le tribun du peuple L. Roscius .Otho 436; enfin Auguste l'étendit, non pas seulement comme auparavant aux spectacles dramatiques, mais aussi aux jeux du cirque 4". Par contre, on décida que la bande de pourpre, qui était la même jusque-là pour les deux ordres, par le fait que des sénateurs étaient equites, serait désormais un signe de distinction entre eux : les sénateurs eurent le droit d'en avoir une plus large (laticlavus), les chevaliers durent la porter plus étroite (angusti clavus) 438 [cLAvus]. Ayant ainsi reçu une consécration officielle par les lois Semproniennes 439, l'ordre équestre devint une puissance avec laquelle il fallut désormais compter; c'est ce 98 EQU 778 EQU que montre clairement le rôle qu'il joua dans les luttes qui marquèrent la fin de la République. JUSQU'A DIOCLÉTIEN. La querelle du Sénat et de l'ordre équestre n'était au fond que la lutte de la plèbe contre la noblesse; c'est ce qui l'explique et en fait comprendre l'acharnement. A peine dépouillés du droit de juger, les sénateurs ne songèrent qu'à s'en emparer de nouveau; une tentative faite en ce sens, en 106 avant Jésus-Christ, par Q. Servilius Caepio paraît avoir réussi "1, mais pour quelque temps seulement, car, par une loi contraire, Servilius Glaucia, en l'an 104, rendit aux chevaliers ce qui leur avait été enlevé"2. Quelques années plus tard une nouvelle tentative fut faite par Livius Drusus pour restituer la judicature au Sénat, et la loi qu'il proposait passa, grâce à des actes de violence et contre toutes les règles "3, ce qui amena son abolition, votée par le Sénat lui-même. Quand Sylla fut devenu tout-puissant il donna satisfaction à la noblesse sur ce point, comme sur bien d'autres : sa lex Cornelia rendit les tribunaux politiques aux sénateurs à l'exclusion des chevaliers", mais, en même temps, il fit entrer au Sénat trois cents chevaliers. des plus distingués et des plus influents, qu'il voulait détacher par là de leur partit'°. Ce fut aussi lui qui supprima la censure en l'an 86. Cette mesure frappa, par contre-coup, l'ordre équestre, puisque, ainsi que nous l'avons vu plus haut, les censeurs étaient chargés de conférer l'equus publicus. M. Mommsen admet que, dès lors, « l'acquisition du cheval public, et par suite de la place dans les centuries équestres, fut liée, de même que celle de sénateur l'était à la gestion de la questure, à quelque condition légale qui ne demandait pas l'intervention des censeurs »; il suppose donc que, depuis cette époque, les fils de sénateurs furent chevaliers de naissance, et que cette mesure ne remonte pas, comme on le pensait, à Auguste. Par là, ajoute-t-il, les centuries de chevaliers étaient sous la puissance directe du Sénat, ce qui est parfaitement d'accord avec la politique de Sylla "5. Cette double mesure, qui eut naturellement pour conséquence de supprimer tous les contrôles gênants pour le Sénat, devait faire naître une réaction. A la chute du gouvernement aristocratique de Sylla, les sénateurs perdirent le droit exclusif de siéger dans les tribunaux politiques ; la censure avait été rétablie déjà depuis quelque temps par Pompée'''. Dès lors les chevaliers reprirent place dans les jurys, mais, cette fois, à côté des sénateurs et d'une classe inférieure de citoyens, les TRIaUNI AERARII t4s. Ceux-ci, pourtant, ayant sinon l'equus publicus, au moins le cens équestre, c'était en réalité l'ordre équestre qui avait la majorité dans les tribunaux. Cette époque marque la grande puissance de l'ordre équestre, celle où. il fait décerner à Pompée, son idole. le commandement des guerres contre les pirates et contre Mithridate'", celle où Cicéron rêve d'en faire, grâce à son union avec le Sénat, le parti de la liberté menacée où il consacre le succès de César en épousant sa cause", où on le voit se soulever contre Antoine, à la parole de Cicéron1", et où il se prépare dans l'État la place importante que l'Empire lui accordera. Auguste et ses successeurs, en effet, suivant encore en cela l'exemple de César, comprirent quel parti ils pouvaient tirer de l'ordre équestre, en face du Sénat que l'Empire ne pouvait supprimer, mais auquel il ne voulait pas rendre la prépondérance passée; il en fit donc sa noblesse et lui confia de nombreuses fonctions, sinon très brillantes au moins très importantes, surtout assez grassement rémunérées. Tout d'abord il fallait l'organiser d'une façon définitive. Sous la République, l'ordre équestre comprenait en fait, sinon en théorie, non seulement les equites equo publico, mais aussi ceux qui étaient aptes à le devenir, ou ceux qui avaient cessé de l'être. Sous l'Empire, il n'en fut plus de même. Il n'y a plus d'autre eques que loques equo publico, que l'on trouve désigné sous les titres de eques romanus ', ou plus rarement eques ronenus equo publico'", très souvent equo publico tout court'54, equo publico honoratus, ornatus, exornatus "s equum publicum habens'." (en grec irrflus `P~~«ioç)4ss Cette conception n'a pas été approuvée par tous les auteurs qui se sont occupés de la question. M. Belot, par exemple, admet 450 qu'il n'en a été ainsi que depuis Hadrien, tandis que M. Madvig pense A50 que l'ordre équestre comprenait non seulement tous les equites equo publico, qui composaient en même temps les turmae equitum, mais encore les chevaliers en expectative. M. Mommsen '61, au contraire, ne veut faire aucune distinction entre les equites equo publico, l'ordo equesler et les membres des turmae equitum, à l'époque impériale. Cette théorie, qui paraît plus simple et plus vraisemblable que les autres, sera ici adoptée. Pour pouvoir prétendre au titre d'eques equo publico, il fallait, comme sous la République, satisfaire àdifférentes conditions de naissance, de cens, d'âge, d'honorabilité. 1° Naissance. Quand on était de famille sénatoriale, si l'on n'était pas encore entré au Sénat, on était, de droit, chevalier ; c'est cette catégorie d'equites que l'on trouve désignés sous le nom d'equites illustres'.62. Autrement, il fallait, pour arriver à l'ordre équestre, être ingénu et fils d'ingénu '+63. On ne naît pas chevalier, comme on naît sénateur'G'. 2° Cens. Le cens exigé pour l'entrée dans l'ordre 778 était de quatre cent mille sesterces '65. La perte de ce cens entraînait la perte du rang équestre 460 3° Age. 11 en a été question plus haut à propos des chevaliers de l'époque républicaine. Sous l'Empire, le principe ne fut pas modifié; mais, en réalité, on n'en tenait pas compte. On trouve des chevaliers de quinzeans''67, de douze ans »", même de huit 409 et de quatre ansr70 4e Honorabilité. L'honorabilité parfaite était exigée pour ceux qui se destinaient à la carrière équestre; ii semble même que certains empereurs se soient montrés particulièrement difficiles sur les questions demoralité'75. Quand on possédait toutes les qualités requises pour obtenir l'equus publicus, on se mettait :pur les rangs; mais, à l'époque impériale, la recognitio equitum quinquennale faite par les censeurs n'existait plus ; elle était remplacée par une cérémonie appelée probatio '72. L'examen de la capacité des candidats était conduit alors par les empereurs, en tant que censeurs, ou successeurs des censeurs, avec l'aide des anciens agents censoriaux, par exemple le rlotnenelator censorius, que l'on trouve cité dans des inscriptions 173. A partir du règne d'Hadrien, toute cette besogne se faisait dans des bureaux du ministère d'État; le chef de cette division se nommait praepositus a censibus 47+ ou ad census equitum romanorum 47o Ce bureau fut réuni, au moins temporairement, au bureau a libellis, où se concentraient toutes les demandes relatives à l'obtention de l'equus publicus, puisque nous trouvons des fonctionnaires qui portent le titre de a libellis et censibus [A CEASIBTS] 476 Quand le travail était ainsi préparé et la liste dressée à la chancellerie impériale, il y avait proetanïation du résultat dans une cérémonie solennelle. Les auteurs nous apprennent qu'elle avait lieu à l'occasion de la transveelio du 15 juillet "", bien qu'elle pût, en théorie tout au moins, être renouvelée plus souvent et à une date quelconque °°. Nous avons déjà décrit plus haut cette cérémonie. Les chevaliers y figuraient divisés en nysd'Halicarnasse481.Ces turmes étaient au nombre de six; on les trouve toutes mentionnées dans les inscriptions'°"Elles étaient columandees par des serin equitum romet norule, dont les textes épigraphiques nous ont conservé de nombreux exemples ; c'étaient surtout des personnages dordre sénatorial qui étaient appelés à cette fonction avant ou après leur questure "8; rarement on trouve parmi eux des membres 18' de l'ordre équestre ',8'. Ils EQU étaient nommés par l'empereur lui-même 486 et ne gardaient cet honneur que pendant l'année' '87 où ils avaient à préparer la célébration des ludi sevirales +n. Leur nombre total était de six, un par turine'"u. Il n'était pas rare que les princes de la famille impériale fussent honorés de cette fonction 490 ; mais il ne faudrait pas croire qu'en pareil cas ils prissent le titre de princeps juveniutis et fussent supérieurs aux autres seviri, comme on l'a dit quelquefois 491 [pRirrcEps JLYEITLTIS[. On ne sait pas qui commandait l'ensemble du corps équestre dans les cérémonies oit il paraissait en public; on peut croire ou que c'était le sévir de la première turme, ou que c'étaient ceux des sévirs qui figurent dans les inscriptions sous le titre de sévir equitum romanorum, sans que le numéro de la turme soit mentionne 492, ou même, et c'est peutêtre la meilleure solution à adopter, qu'il n'y avait pas de commandant suprême. Chaque turme était divisée, à son tour, en décuries''.93. Cette organisation de la chevalerie en faisait une sorte de corporation; aussi la voit-on élever des statues à des personnages illustres '9' décerner des titres, celui de pater pafriae à, Auguste 19J, des dons honorifiques, bouclier et lance, aux princes de la famille impériale: c'est un fait de cette nature que rappellent un grand bronze de Néron (fig. 2734) et différentes monnaies du même empereur'96. Elle offre des ex-voto à des divinités'157, envoie des députations aux empereurs"38, et prend part en armes, aux cérémonies officielles et aux jeux solennels qui se célèbrent à la mort de certains em sto[ Mais il faut observer avec M. Mommsen oUU que cette corporation n'était pas reconnue officiellement comme telle par les empereurs, qu'elle n'avait pas de fondement légal, et que, si la politique impériale se servit des chevaliers pour les opposer aux sénateurs, elle se garda bien d'opposer en même temps l'ordre équestre au Sénat; on ne reconnaît toujours que deux parties dans l'État, le Sénat et le peuple. Il ne faudrait pas croire cependant qu'à l'époque impériale, il n'y eût parmi les equites romani que des fils de famille sénatoriale ou de l'amide équestre. Les em EQU 780 EQU pereurs avaient intérêt à admettre dans l'ordre des chevaliers l'élite des provinciaux et d'en faire une noblesse inférieure, ouverte à ceux qui avaient rendu des services à. l'Etat, soit comme militaires, soit comme magistrats municipaux ; ils avaient intérêt surtout à employer comme procurateurs ceux qui s'étaient distingués, dans quelque partie de l'empire que ce fit, par leurs qualités. Aussi accordaient-ils l'equus publicus à d'anciens soldats, surtout à des primipiles 50', à des personnages qui avaient géré les plus hautes fonctions dans leur ville 5°2 ou dans leur province S03 pourvu qu'ils satisfissent, comme les autres, aux conditions exigées pour l'admission parmi les chevaliers 50'. Il y avait plus. Les empereurs pouvaient faire pénétrer dans l'ordre équestre, contrairement aux lois, les affranchis eux-mêmes. Pour cela, au début de l'empire, il suffisait qu'ils leur accordassent l'anneau d'or qui en faisait des ingénus et des chevaliers. C'est ainsi qu'Auguste agit pour Ménas J07 et pour Antonius Musa50', Galba pour Icelus 507, Vitellius pour AsiaticusJ08, et d'autres empereurs à leur exemple. Postérieurement, lorsque l'anneau d'or ne fut plus le signe de la dignité équestre, mais simplement celui de l'ingénuité [ANULUs AUREUS], c'est-à-dire à partir du règne d'Hadrien, il fallut une double opération : 1° celle par laquelle l'affranchi recevait l'ingénuité fictive (natalium restitutio), qui seule le dégageait des biens qui l'unissaient à son patron, le droit de porter l'anneau d'or, d'après les jurisconsultes . °9, le rendant ingénu mais salve jure patroni et la restitutio nataliam étant l'apanage de l'empereur 51° ; celle par laquelle on lui conférait l'equus publicus, ainsi que cela se faisait pour tous ceux qui remplissaient les conditions énoncées plus haut 511. Dans l'un comme dans l'autre cas, l'affranchi devenait l'égal des autres chevaliers et pouvait arriver aux mêmes honneurs 512 et aux mêmes prérogatives. Le costume équestre se composait de la trabée [TRAMA], vêtement de dessus bordé d'une étroite bande de pourpre5f3. En costume civil, les chevaliers se distinguaient par cette même bande des sénateurs qui en portaient une plus large [cLAvus] 51e et de ceux qui, n'étant ni sénateurs ni chevaliers, n'en portaient aucune. L'anneau d'or, ainsi qu'il a été expliqué quelques lignes plus haut, ne peut être considéré comme un des insignes de l'ordre équestre, d'autant plus qu'il lui a été commun avec l'ordre sénatorial. Les chevaliers avaient droit àdes places spéciales dans toutes les solennités'''. Cette faveur leur fut accordée dès l'an 67, pour les représentations théâtrales, par le tribun L. Roscius Otho. La loi qu'il fit passer réservait à l'ordre équestre les quatorze rangées situées derrière l'orchestre du théâtre'''. Les deux premières étaient destinées à ceux qui avaient exercé le vigintivirat ou le tribunat militaire J11. Il devait y avoir aussi certaines places attribuées aux vieillards et d'autres aux jeunes chevaliers Ut8. Cet usage passa même dans les villes municipales. On a retrouvé sur les gradins de certains théâtres ou amphithéâtres, à l'imitation de ce qui existait au Colisée 5s°, des marques qui prouvent qu'ils éLaient réservés auxequites52o Il faut ajouter encore que, comme les autres hone.stiores, les chevaliers avaient l'exemption de certaines pénalités réservées aux hurniliores'2t, Mais les prérogatives les plus importantes des chevaliers étaient de pouvoir arriver, a l'exclusion des membres de l'ordre sénatorial, à un grand nombre de positions financières ou administratives fort bien rétribuées, et dont quelques-unes donnaient une immense influence. Ces positions, propres à l'ordre équestre, sont trop nombreuses pour que la liste puisse en être donnée ici; il. suffira d'indiquer les traits généraux de la carrière 522. Sous le principat les sénateurs furent exclus des places d'officiers inférieurs, sauf du tribunat légionnaire : c'est l'ordre équestre qui en hérita; telle est même, militairement, à cette époque, la seule utilité de la chevalerie. Au début de la carrière, il fallait, au moins depuis Claude 523, exercer une ou plusieurs des charges, dites milices équestres U7 c'est-à-dire la préfecture ou le tribunat d'une cohorte auxiliaire, le tribunat légionnaire (angusticlave) et la préfecture d'une aile de cavalerie. L'ordre qui vient d'être énoncé, et qui est l'ordre hiérarchique, était plus ou moins strictement observé o25 ; tantôt une de ces fonctions était substituée k une autre 52c tantôt la même était gérée plusieurs fois de suite 527 tantôt enfin on était dispensé d'un ou même de deux de ces commandements 020, et cela, même après que les milices équestres eurent été régularisées au ue siècle, sous Trajan ou même postérieurement 523. Après Septime Sévère, le nombre des milices fut porté à quatre par l'adjonction du centurionat, que les apprentis chevaliers obtenaient au début de leur carrière, une ou plusieurs fois de suite J10. Dès lors, l'expression a militiis ou e tri à l'expression a quatuor militiis"" . Ordinairement, et c'est ce qui rendait précieux les services des officiers de l'ordre équestre, les jeunes chevaliers restaient employés dans l'armée pendant plusieurs années consécutives 532. Naturellement l'empereur, chef de l'armée, avait le privilège de nommer aux différentes charges dites milices équestres. Plus tard, le titre de a militiis devint purement honorifique; il fut accordé à ceux qui n'avaient exercé qu'une seule milice équestre ou même à ceux qui n'en avaient exercé aucune 533 ; c'est ce que prouverait le fait qu'un certain nombre de ceux qui ont obtenu ce titre n'arrivent ensuite à aucune autre fonction équestre 534 A la place de ces fonctions militaires, ou à côté d'elles et comme préparation à la carrière équestre, on autorisa, depuis Hadrien, quelques jeunes gens à exercer certains emplois civils, comme celle d'avocat du fisc ou certaines charges administratives inférieures'''. La carrière des chevaliers se continuait alors par la gestion d'un grand nombre de fonctions ou procuratèles [PROCURATOR], qui en faisaient tour à tour des agents financiers du prince ; les chefs de plusieurs grands services administratifs intéressant Rome et tout l'empire, comme celui de l'annone ou des finances générales; des commandants militaires (préfet du prétoire, préfet des vigiles); des gouverneurs civils et militaires dans certaines provinces; des officiers de la maison impériale. Toutes ces procuratèles, dont la liste a été dressée 536 n'étaient point également importantes : il existait entre elles une hiérarchie qui, pour ne point être absolue, se laisse néanmoins reconnaître 537. Cette hiérarchie se traduisait surtout par des différences de traitements o38, Les procurateurs inférieurs étaient payés soixante mille sesterces par an ; la classe immédiatement supérieure était de cent mille sesterces, et la classe la plus élevée de deux cent mille. M. Hirschfeld pense qu'au ]e2 siècle, ces deux dernières seules existaient; sous Hadrien seulement, les trois degrés financiers de la carrière procuratoriale auraient été nettement établis 539. On pouvait, d'ailleurs, être promu à une classe plus élevée tout en étant maintenu dans le même poste J50 ; la classe était donc attachée au fonctionnaire, non à la fonction. Les termes sexagenarius (= ad HS LX milia nummum), centenarius (ad HS G) ducenarius (ad HS CC), sont employés à partir de la fin du He siècle, pour désigner les différentes sortes de procurateurs dans les inscriptions 511. A partir du me siècle, on créa une ou plusieurs classes de procurateurs auxquelles était affecté un traitement supérieur à. deux cent mille sesterces ; il est question de trois cent mille sesterces dans un texte épigraphique 542 et peut-être même de cinq cent mille dans un autre 543. Il existait encore une autre division des personnages de l'ordre équestre. On les distinguait, suivant leur importance, en viii eminentissimi (préfets du prétoire), viii per fectissimi (les autres préfets depuis le préfet de la flotte jusqu'au préfet de l'annone, les chefs de division des finances et du secrétariat) 5''4 et enfin les viii egregii dont la première mention remonte au règne d'Antonin le Pieux 5'", Ce titre était donné en droit à tous les procurateurs u , et passait, par imitation de ce qui avait lieu dans l'ordre sénatorial, aux femmes 537 et aux enfants 540. Au-dessous des viii egregii, il n'y a plus que des equites romani, sans aucune distinction officielle 540. Les deux premières catégories de chevaliers avaient droit à certains privilèges juridiques, dont profitaient aussi leurs enfants 5u0 En dehors des charges financières et administratives dont il a été question plus haut, les chevaliers avaient accès, à l'exclusion des sénateurs, comme des plébéiens, à certaines fonctions religieuses et judiciaires. Si les pontifes, les augures, les quindécemvirs sacris faciundis, les septemvirs epulons, les grands curions, les fétiaux, les Saliens continuent, sous l'empire, à être pris parmi les hommes de rang sénatorial 551 ; si les curions sont tantôt des sénateurs 552, tantôt des chevaliers 553, l'ordre équestre fournit seul au recrutement des flamines mineurs 552, des pontifes mineurs 555 des tubicines oJB, des prêtres officiels latins, surtout ceux d'Albe, d'Aricie, de Caenina, de Lavinium et de Tusculum 557. Les lupe'ci sont aussi, la plupart du temps, des chevaliers 5Jd. Ces sacerdoces procuraient certaines immunités à ceux qui en étaient revêtus 559. Les fonctions judiciaires réservées aux chevaliers étaient plus importantes encore. Il a été dit plus haut qu'Aurelius Cotta, en 686 de Rome, partagea les places des jurés [auDICrs] entre les sénateurs, les chevaliers et les tribuni aerarii. Lorsque César eut écarté les tiiboni aerarii des tribunaux b80, les chevaliers formèrent les deux tiers de ceux qui étaient appelés à prononcer les sentences à Rome. Auguste compléta la réforme de César en dispensant, au moins dans certaines limites56', les sénateurs de cette besogne, qu'ils trouvaient du reste assez lourde 502. Dès lors les chevaliers restèrent en fait, sinon en droit, presque seuls maîtres des tribunaux. En même temps l'empereur créa une quatrième décurie, pour les affaires de moindre importance, qu'il composa de personnages ayant un cens inférieur, deux cent mille sesterces 563: d'où le nom de ducenarii donné à ces judices 564 Après lui Caligula fit appel à ceux qui n'avaient que la Efg" moitié du cens équestre et en créa une cinquième t bric' r ' Les hommes que l'on trouve désignés inscriptions sous le titre de j udict s c t' i aqu ou ïudices quad°ingenarii (CCCC) sont des chevali . s ; tes juges des deux dernières décuries ne spécifient pas leur qualité. Ces différents juceiees étaient ceux que l'on appelait â. Rome pour y prononcer la sentence dans les procès engagés; ils n'ont rien de commun avec les juges qui composent les tribunaux. d'État ou les tribunaux municipaux en Italie et dans les provinces "1. LLes judtces des trois premières décuries, lis seuls dont nous ayons à nous occuper ici, puisque ce sont les seul., qui fassent partie de l'ordre équestre, étaient désignés sur la liste des chevaliers chaque fois que celle-ci était établie : les deux opérations étaient d'ordinaire liées ensemble . après avoir =. ,piété la liste des equites on complétait celle de _°. De même on en était rasé., comme aussi de celle de: membres de l'ordre équestre, pour cause d'indignité ou de conduite scandale use ', ira pro ire par jury, axant fait place, au fille .à le y extraordinarie;, on ne trouve plus d1 f p s, ni par )nséquent de chevaliers jurés, à partir de celle date 570 Toutes les fonctions dont nous venons de faire I (OI1Un éra.tien suffisaient à remplir la vie des personnages de l'ordre équestre et à rendre enviable l'entrée dans la carrière ; ce n'étaient pourtant pas les seules que'le ré-. gime impérial confiai aux chevaliers. Ce fut une de ses principales préoccupations que d'opposer toujours l'or-. vire équestt ; à l'ordre sénatorial et de dimr:iuerle second au profit du premier. Mis comme certains honneurs ne pouvaient guère êtreente-rés aux sénateurs, tes empereurs s`avisèrent de ;dire arriver dans le Sénat des chevaliers éprouves, afin de le peupler sinon de créatures, au moins de membres fa;oraties a. leur politique et de diminuer par là l'opposition qu'ils croyaient avoir à. redouter. C'est en ce sens que l'on a pu dire de '.'ordre équestre, qu'il était la pépinière du Sénat'', Par suite, on établit certaines équivalencesentre le, différents degrés de la carrière équestre et des degrés correspondants de la carrière sénatoriale arrivés a un certain point d'avancement les chevaliers pouvaient devenir sénateurs par aileetion impériale, sort inter triLui'd je,,, ce qui 'st tares '. Ils étaient aussi appelés, suais tout à fait par exception, te entrer au Sénat non point par allection, mais par la gestion même d'une magistrature Le passage du rang de chevalier à celui de sénateur était un des moyens les plus honorables de sortir de l'ordre équestre; mais il en existait d'autres encore Ceux qui préféraient servir dans l'armée d'une ;.renon perma EQU neute et autrement que dans les mili ; équestres pouvaient cendre le cheval » et se faire nommer centurions. Cette permutation se produit assez fréquemment è. partir du règne de Trajan. Les centurions, anciens chevaliers, ont soin de prendre dans les testes épigraphiques le titre de (tir ej t ale "'. Ces textes nous prouvent qu'iic n'étaient pas classés tout de suite parmi les centurions les plus élevés T$ ; mais Dette considération ne les arrêtait point ; il. leur suffisait de participer aux avantages pécuniaires attachés à cette, position et da savoir qu'ils pourraient arriver en quelques années ai. grade de primipile, le plus lucratif de tors"'.. Emin cri était obligé de quitter l'ordre équestre si, par suite d'un événement malheureux, on ne satisfaisait plus aux conditions de fortune ou d'honorabilité exigées pour s entrer, si loti venait à perdre le cens de quatre cent mille sesterces 'o ou si l'on faisait quelque faute qui entraînait déshonneur ou bien condamnation"`.. IV. CAVALIERS DEPUIS LA FIN DE L.4 GUERRE SOCIALE JU30r'-i Diocc rirx, -flous avons expliqué plus haut comment on avait été amené peu à peu, pour renforcer la cavalerie légionnaire, à. lever des cavaliers auxiliaires chez les peuples soumis. La fin de le guerre sociale amena le développement de cettes institution. En effet, c partir de cette époque, les allies italiques ayant obtenu le droit de cité, cessèrent de former, comme auparavant., des corps distincts et furent versés dans les légions. Dès lors il n'y eut plus que deux sortes de soldats, les Id maires et des auxiliaires, 'liais la cavalerie )e ,touii .ire était très insuffisante; en n`hésita pas à ne plus y pee`I° . Les egettes romani furent rese'vés pour fret les ver 7clhe.,'nale.s du général et pour les postes d'officiers'E3; on n'employa plus comme cavaliers que des auxiliaires. La composition et l'organisation de la cavalerie jusqu'à l'époque de César nous sont mal connues dans le détail; à partir de cette date, au contraire, et grle'e aux nombreux récits de guerre qu'il nous e laissés, on 'ai-ut apporter des faits précis5''. La cavalerie se cont'ait alors de trois éléments distincts i' celle que 1 t ns levaient cillez les peuples étrangers et 'pi ils prenaient t' leur solde e c'est Lesar qui premier expérim t. ,e système "'`?e celle qu'on tirait les provinces soumises celle qu'on enrôlait. dan, le pais mémo ou se faisait la guerre rs", Nous voyons la cavalerie soldée par Rome soutient attachée aux légions, près desquelles elle tenait la place de l'ancienne casalerie légionnaire et cela non seulement dans l'armée de César.08,nais dans celle d'autres généraux, Pompée, par exemple "00, ou Lucullus 030, en pareil cas le nombre des chevaux affectés à une légion variait entre deux EQU 583 -EQU cents et trou cents6'". On pourrait clone presque dire que la cavalerie légionnaire ne disparut pas complètement avec la fin de la guerre sociale; elle fut seulement autrement composée. Cette cavalerie formait la partie la plus solide des effectifs montés ; elle était permanente et tenait la campagne hiver et été, comme les lé-. gions '92 ` tandis que la cavalerie auxiliaire, celle qu'on levait dans les provinces mêmes, était renvoyée dans ses foyers après la campagne d'été, quand les pâturages se faisaient rares 563. Naturellement il n'y avait pas, pour cette dernière, de règle numérale. On en levait plus ou moins suivant les circonstances ou la nécessité. Pendant la guerre des Gaules, César avait avec lui tantôt quatre mille cavaliers de cette sorte, ce qui paraît avoir été le chiffre le plus commun 5 t' tantôt cinq mille H96 Les peuples auxquels on s'adressait de préférence pour leur demander des contingents soldés étaient ceux qui étaient les plus fameux comme cavaliers : les Gaulois, les Germains, les Rhètes, les Numides, les Espagnols"' ; les Germains et les Gaulois étaient de beaucoup les plus appréciés; César les utilisa plus que tous les autres, dans les circonstances difficiles 697 ; et c'est pour cela que la cavalerie. mème légionnaire, de l'époque impériale est toute imbue des traditions militaires celtiques et que les termes mêmes dont on se sert pour désigner les manoeuvres sont celtiques 598 Comme précédemment, l'unité tactique de la cavalerie était la turme de dix hommes J09 ayant à sa tête un préfet"00 et divisée en décuries avec des décurions 501. Les termes sont quelquefois réunies en alae 6°E ; c'est le commencement de l'organisation que nous étudierons plus loin à propos de l'époque impériale. Les officiers supérieurs de cavalerie se nomment praefecti equitutt. Sous ce nom on trouve désignés dans César 660: 1' les chefs des contingents indigènes surtout gaulois 601. les légats ou les questeurs investis du commandement de corps de cavalerie 60'. Ils diffèrent donc des préfets de cavalerie de l'époque impériale en ce qu'ils peuvent appartenir à l'ordre -e roatorial ; il en était encore ainsi sous Auguste 506 M. Frdlich fait observer"' que lorsque toute la cavalerie était réunie sous les ordres d'un ou de deux officiers, ceux-ci ne prenaient pas le titre de préfets, mais de légats "0e. Les cavaliers, dans cette période.taier t armés d'tlne lance légère (1ragula), dont ils pouvaient se servir soit comme soit comma lavelot61°; la tragula étaitgénéralement munie d'une courroie qui permettait d'en augmenter la portée,AMF'TI'M 631. Comme bouclier, ils avaient la par comme casque, la eassis6t3qui semble avoir été plus massive que la GALEA des fantassins 612. Différents mionu ments figurés, antérieurs à. l'empire 6", nous les montrent revêtus d'une cuirasse. Les choses restèrent en cet état pendant toute la période qui s'écoula entre César et les réformes d'Auguste. Mais celui-ci fit subir à l'armée, comme a toutes les autres branches de l'organisation romaine, de profonds changements. En premier lieu, il reconstitua, suivant toute vraisemblance, la cavalerie de la legion61fi, qui persista pendant tout l'empire jusqu'à Dioclétien environ ; car on trouve mentionnés des équités legioltarü dans les textes littéraires ou épigraphiques datés à partir du début du EQU 784 -EQU 1" siècle jusqu'au Ive siècle'''. II faut remarquer pourtant que l'on n'en a pas encore, appartenant à la période qui s'écoule entre Vespasien et Hadrien, ni à celle qui suit l'année 240 et qui embrasse un nombre d'années que l'on ne peut déterminer. Aussi certains auteurs ontils supposé que la cavalerie légionnaire avait été supprimée pendant ces périodes 616. Son rétablissement au Lie siècle serait donc le fait d'Hadrien qui, on le sait, apporta dans l'organisation militaire de l'empire de nombreuses réformes 6". Mais une telle supposition, qui se base seulement sur l'absence de documents postérieurs à Vespasien et antérieurs à Hadrien, n'a qu'une valeur provisoire. Le nombre des cavaliers légionnaires est indiqué par l'historien Josèphe; il était de cent vingt à son époque 626 On croit que l'empereur Hadrien en augmenta le nombre ; mais il ne l'aurait pas élevé au delà de trois cents. M. Dehner qui a soutenu cette opinion 621 contre MM. Lange 622 et FCerster "3, partisans de Végèce, l'appuie sur le témoignage d'Arrien, qui parle des cavaliers légionnaires comme d'une quantité négligeable 62' et surtout sur une inscription de Mésie fi26, où l'on trouve une liste de vétérans; les cavaliers y figurent dans la proportion de un pour quinze fantassins ; par suite, la proportion devant être à peu près la même entre les cavaliers et les fantassins en activité, on peut croire qu'il y avait 4500: 15, ou environ trois cents cavaliers par légion. D'autres, au contraire, ajoutant foi aux paroles de Végèce, qui prétend donner des renseignements sur la légion telle qu'elle existait bien avant lui (antiqua ordinatio) 626, admettent le total considérable de sept cent trente cavaliers 627, De toutes façons on croit que le nombre des cavaliers de la première cohorte était double de celui des cavaliers affectés aux neuf autres. Tout cela présente beaucoup d'obscurités. Quant à la répartition des cavaliers entre les différentes cohortes légionnaires, elle est confirmée par les inscriptions, particulièrement par les listes légionnaires, qui nous présentent l'effectif de la légion par cohortes 626, ainsi qu'on le faisait sur les registres matricules de l'armée. Il paraît certain, d'autre part, que les cavaliers légionnaires étaient divisés par turmes 629, chacune d'elles comprenant, ainsi qu'il a déjà été expliqué plus haut, trente cavaliers. On dit d'habitude que ces turrnes étaient au nombre de quatre 630, ce qui peut être vrai du temps de Josèphe, mais ne l'est certainement plus à partir de l'époque où les cavaliers sont inscrits dans les cohortes et où leur nombre est augmenté, toutes modifications que l'on rapporte aussi à Hadrien. A partir de cette époque, il faut croire qu'il y eut au moins dix turmes par légion, une par cohorte. Si l'on admet les chiffres de Végèce, on sera conduit à supposer deux turmes par cohorte, et quatre turmes ou deux turmes doubles pour la première cohorte. On a avancé aussi que les cavaliers légionnaires étaient répartis dans les centuries 631; mais le seul texte sur lequel on s'appuie n'est peut-être pas correct 632 A la tète de chaque turme était un décurion 033 qui avait pour lieutenant un optionG3'. Comme officiers on rencontre encore un vexillaire 630. ce qui indique une séparation entre l'infanterie qui a des signa et la cavalerie à laquelle est réservé le vexillunz 636 Cette séparation n'était pas cependant administrative : la cavalerie légionnaire, comme l'infanterie, dépendait administrativement du princeps praetorii 631 Végèce mentionne aussi le duplarius et le sesquiplicarius 638, qui ont dû toujours exister; et une inscription fait connaître un exercitator (instructeur) 639 Nous savons, par Josèphe 680, que les cavaliers légionnaires portaient un large glaive du côté droit, et une longue lance [coNTVS] dans la main droite; un bouclier était suspendu obliquement sur le flanc du cheval ; ils avaient dans un carquois trois javelots ou plus même, à fortes pointes, presque aussi grands que des lances. Leur casque et leur cuirasse étaient semblables à ceux des fantassins. Arrien 641 de son côté s'exprime ainsi : « Les cavaliers romains portent les uns le contas, les autres des lances ordinaires. Un glaive large et épais est suspendu à leurs épaules; ils ont de grands boucliers, un casque de fer, une cotte de mailles et de petits brodequins. Leurs lances leur servent à deux fins et pour tuer de loin comme avec un javelot et pour combattre de près ; le glaive leur sert dans les combats corps à corps. Ils portent aussi de petites masses, garnies de pointes tout autour. » Les représentations certaines de cavaliers légionnaires que nous possédons confirment en partie ces renseignements. La plus intéressante et surtout la mieux conservée a été trouvée à Bonn, où elle existe encore aujourd'hui (fig. 2737) : elle est sculptée sur la tombe d'un Caius Marius, de la légion première (Gernzanica) qui fut licenciée par Vespasien : elle remonte donc tout à fait au début de l'empire. On y voit un cavalier galopant à droite. Son costume se compose d'une tunique, d'une cuirasse en cuir converte de décorations militaires [PHALERAE], CCMARW S 2.,FVOL' LVC OA\CVSTO EO !E5 LEC '1A N NCRXX,X T?PEN i4 XV° ~p S°E° SEX° S PRON V FRAT E FAC lE N'C° 4RAVFT EQU -785EQU d'une culotte ou braie et de brodequins ; ses armes sont un javelot et un bouclier hexagonal. La figure n'a pas de casque 682 A côté de la cavalerie légionnaire, on rencontre, sous l'Empire, deux sortes d'auxiliaires montés : ceux qui faisaient partie des ailes [ALA], et ceux qui appartenaient aux cohortes mixtes, dites equitatae [collons]. L'organisation de ces différents corps a été expliquée dans les articles spéciaux qui les concernent; nous n'y reviendrons pas ici. Une liste des ailes principales a été également donnée dans ce dictionnaire [ALA]; on la complétera aisément en se reportant à un travail récent de M. Mommsen6'•3. Nous insérerons seulement ici une liste des cohortes auxiliaires connues qui paraissent avoir renfermé un effectif monté : Coh. I Alpinorum "«en Pannonie inférieure). Coh. II Alpinorum. 646 (en Illyricum, l'année 60). Cohortes Batavorum 646 (en Germanie, Rétie, Bretagne). Cola. I Belgarum 647 (en Illyricum). Coh. VII Breucorum civium Romanorum 04â (à Chypre). Coh. I Chalcidenorum "«en Afrique à partir de 164). Cola. I Flavia Cilicum 860 (en Égypte). III. Coh. Z Civium Romanorum 651 (Germanie inférieure). Cola. II Civium Romanorum 652 (Germanie). Coh. Claudia 653 (Cappadoce). Coh. VI Commagenorum 654 (Afrique). Coh. Cgrenaïca 655 (Cappadoce). Coh. II Augusta Dacorum veterana miliaria 656 (Pannonie). Coh. I Delmatarum 657 (Bretagne). Cola. III Delmatarum civium Romanorum 653 (Dacie). Coh. VI Delmatarum G09. Coh. VII Delmatarum G6o Coh. I Flavia Damascenorum miliaria sagittariorum.6a1 (Germanie). Coh. I Flavia 662 (Germanie). Coh. II Gallorum 663 (Dacie). Cola. III Gallorum 6G4 (Bretagne). Coh. Ilispanorum 605 (Afrique). Coh. I Flavia Ilispanorum miliaria 66s Colt. Aelia Ilispanorum miliaria 667 (Bretagne). Colt. 1 Hispanoruni Colt. II I-lispanorum G69 (Illyricum, puis Pannonie, Afrique ?). Colt. IV Hispanorum 079 (Dacie). Colt. Italica6i0 (Cappadoce). Colt. Ilyraeorum 072 (Cappadoce). Colt. III Lusitanorum 672 Cola. VII Lusitanorum 674 (Afrique). Coh. miliaria Maurorum 675 (Pannonie inférieure). Colt. I Pannoniorum et Delmatarum civium Romano1'una 676 Coh. VII Raetorum (Germanie) C17. Colt. I Aelia sagittariorum miliaria (Noricum) 670 Coh. I Sequanorum et Raurricoruva (Germanie) 076. Coh. 177tebaeorum "«Égypte). Colt. 17'hracum 681 (Pannonie, Arabie). Colt. I Thracum Syriaca (Médie) 662 Coh. II 71o'acum (Bretagne) 663 Colt. III Augusta Thracum G". Colt. IV Thracum 086 (Germanie). Coh. VI Thracum "«Bretagne). Coh. Morula (Dalmatie, Mésie inférieure) 687. Coh. I Fida Vardullorum civium Romanorum (Bretagne) 688 Nous avons conservé, sur des monuments funéraires, un certain nombre de représentations relatives à des cavaliers auxiliaires. Nous en avons choisi quelques-unes parmi les mieux conservées, pour les reproduire ici. Le premiere89, qui vient de Chàlons-sur-Marne, montre (fig. 2738) un cavalier de l'aile desAstures, tête nue, monté sur un grand et beau cheval, dont le harnachement est remarquable; il est vêtu d'une tunique courte et tient du bras gauche un bouclier malheureusement assez 99 EQU -786 - L_r A/ Se EX CI E02i'ESi VRVMWATIONEP'V3iV sont chaussés d'une semelle qui est retenue au pied par un système de courroies. Le second G00 nous montre (fig. 2739) un cavalier de l'aile des Noriei, au galop, terrassant un ennemi; son casque derrière lui, en porte deux autres. Un autre monument"' N S ÂLA °N OR il C) CL! D«,A5~IT f-) IL efface ;à son coté droit pend un large glaive. Les pieds EQU ristiques; il tient en main un javelot; et un valet, placé à larges couvre-joues, sa cuirasse et son épée sont caracté relatif à un cavalier de la même aile (fig. 2740) nous met EQU -se 78'1 - ,,A,VRtAIVePstï'iI! "VERisSIAAIO, n Irlr?vir' é CVNDA1TAUCAT.,2S ,ARIVSANNv' en présence du défunt en costume ciel tendu sur un lit; dans le registre inférieur un valet nu armé le la lance mène par la bride son cheval recouvrir t d'une longue housse, L' riginel du monument est a Trèves. Nous possédons missi quelques tombes de cavaliers appartenant é" des cohortes auxiliaires. Ainsi, sur un basrelief de Cherchell "'z, qui représente un cavalier dalmate (f g, 2741), le personnage cet figuré à cheval terrassant un ennemi comme le cavalier Astuce de la ligure 2733 (c'est d'ailleurs là un type fréquent) et revêtu de la cuirasse imbriquée. Il tient de la main gauche un long bouclier, et de la droite une lance semblable à celle dont étaient armés les cavaliers des aile. Un glaive pend du côté droit, attaché à sa ceinture. La cavalerie des légions, des ailes et des cohortes, formait au ier siècle et constitua pendant tout le hautempire la cavalerie romaine réglementaire. Pour la compléter, on faisait appel aux éléments indigènes que renfermait le pars ou se faisait la. guerre ou que les rois des contrées de l'empire pouvaient fournir. A cette dernière cal gurie appartenaient, par exemple, les cavaliers maures que Lusius Quietus, à l'époque de Trajan, emmena avec lui à la guerre de Dacie 699 et qui sont figurés sur le colonne Trajane (fig. 2712) habillés comme des Arabes d'aujourd'hui; leurs petits chevaux ne portent 'ii 'pin ni selle ; les seules armes dont ils se servent sont un petit bouclier et une lance ou un javelot, Pelles sont ire les troupes qu'rt.rrien tira de la Petite-Arménie, de sonde, de Colchide, quand il marcha avec l'armée Cappadoce contre les Alans e9 `. La, première catégorie comprend les différents corps, mentionnés par les inscriptions, qui, comme les expjloi°atores Poinarienses d'Afrique 8 ", portent le nom du pays qu'ils étaient chargés d'occuper militairement, Ces corps étaient distingués EQ[ par lad ignation de .°tzi,ïtei'i, ou plus spécialement da: r,E.eil,ai.cnts au ii siècle et de cunei au 1110 revinrent de plus en plus nombreux dans l'armée romaine et finirent par constituer, au Ive et au. ve siècle, la partie la plus importante des effectifs montés. Ils se distinguent des corps réguliers de tontes l'acons; leurs chefs, qui étaient souvent des officiers détachés d'autres corps, légions ou troupes auxiliaires, s'appelaient paraepositi ; leur effectif était variable 696 ; enfin et surtout ils gardaient le costume et l'armement de la nation à lac' Ille ils appartenaient "7. Les Maures de Lusius Quie tus, Il u.t assez difficile de dresser une liste des corps de ,leri de cette espèce, car la pl' :.,rt d'entre aux r • , gent i perrs-anents; de plus, pan e même qu'ils ai it point régulièrement organisecomposés do R mains, ils ont laissé peu de. souvenirs dans les inscriptions. bas déposiillement des textes épigraphiques antérieurs a la fin du. rat' siècle ne m'a, donné que les noms suivants : "abenses 658; Equites auxiliares 899 • Cquites 11,' atis Eguites ('eltae Toi (Cappadoce); i toreies Ir iad, Ierhttionensïum (Bretagne)'; hgztïtes Plus (Dacie) ; Equites .Ilaur'i'"«(Afrique); Vexille,tio 7 .lfaurec"uno C'aesariensiue 7"' (Afrique) ; Equites. f ";'errici-oear rlxlorato7es I'arienses T"T (Afrique) ; Equites Si ',' ' Brentelenrtil'7, '7 (tiret.: uc) T ; E fuï tey ,Slr'at-,. 'etagne17019 A Rome même, il avait comme troupes d,. cavalerie lies quilles galures de l'empereur, dont il sera parle dans un article spécial [fioul cavaliersprétoriens.Ceuxci étaient répartis en termes, une par centurie, à ce que l'on supposez*0, ce qui explique pourquoi ils mentionnent, sur les inscriptions, la centurie à laquelle ils appartiens rient'''. On croit que chaque cohorte comprenait dix turnes. Les cavaliers prétoriens étaient assimilés comme rang aux principales, mais à ceux de la dernière classe ', c'était un. avancement pour eux de devenir tessea arius zi". Comme officiers inférieurs on rencontre des op tions 71' et. des exercitatoi'es equirum 7i . Les speculalores attachés aux cohortes prétoriennes, et dont il est fait sou EQU 788 EQU vent mention 716, étaient naturellement des cavaliers71i. Le costume des cavaliers prétoriens est assez mal connu. Les pierres funéraires nous les montrent avec la tunique 718 ou le sagum 716, la lance en main, le glaive au côté, conduisant un cheval qui porte leur bouclier; tel est le type que l'on remarque sur le monument de Rome reproduit ici (fig. 2743)1". Les auteurs nous apprennent de plus, qu'ils portaient une cuirasse faite de lamelles de fer superposées à la façon des écailles de poisson [LORICA] 72'. Ils sont aussi certainement représentés sur des monuments plus importants, la colonne Trajane, par exemple (fig. 2744), ou la colonne Antonine; mais il est très difficile de les y distinguer des equites singulares72. est le moment où l'ordre équestre atteint à sa plus grande puissance. Depuis le jour où, par une réforme attribuée à Gallien 723, les sénateurs ont été exclus des armées, les commandants en chef (duces) aussi bien que les commandants de légions (praefecti) ne sont plus que des chevaliers ; la séparation du pouvoir civil et du pouvoir militaire 721, leur a mis également entre les mains le gouvernement des provinces [PRAESIDES]; ils ont, nous l'avons expliqué plus haut, les plus hauts offices financiers et administratifs à Rome et dans le monde romain; enfin, ils peuvent être introduits dans l'ordre sénatorial et prétendre, à ce titre, aux rares fonctions qui sont réservées encore aux sénateurs. Cette fortune ne prend pas fin avec Dioclétien; nous possédons des inscriptions du début du Ive siècle qui nous montrent encore des chevaliers appelés à fournir une brillante carrière 725. Avec Constantin, au contraire, se produit un changement radical. L'ordre équestre cesse d'être le second ordre de l'État 726. Sans doute, il y a encore des equites romani soumis à une probatio, comme antérieurement 727, et qui prennent part, au 15 juillet, à une procession solennelle 718; il est même encore question de l'ordre équestre, comme ayant un rang imrnédiatement inférieur à l'ordre sénatorial729 ; mais l'ordre équestre est devenu, dans les deux capitales, une institution municipale privilégiée 730, soumise à la juridiction du préfet des vigiles 731. En dehors de Route, il n'y a plus d'equites romani. Les anciens fonctionnaires de rang équestre, les anciens viii egregii sont dès lors perfectissimi et bientôt ils se changeront en clarissimi, le titre d'egregius et de perfectissintus passant peu à peu à des hommes de condition inférieure 733. On a voulu voir dans cette révolution une réaction contre la politique inaugurée par les empereurs du Ier siècle et continuée par leurs successeurs; on pourrait y voir aussi bien les dernières conséquences de cette politique même et l'absorption définitive de l'ordre sénatorial par l'ordre équestre qui y pénètre tout entier en s'en appropriant même le nom. Quoi qu'il en soit, l'histoire de l'ordre équestre cesse en réalité avec Constantin. Celle des equites municipaux, qui en sofities épaves, n'existe pas. V. CAVALIERS DU BAS-EMPIRE. La cavalerie légionnaire dura encore quelque temps à partir de Dioclétien. On a la preuve qu'elle existait à son époque, au moins dans les légions palatines 733 ; mais il est possible que son importance fût déjà très diminuée, puisque cet empereur se crut obligé d'accroître considérablement les effectifs montés de l'armée 731,. Postérieurement à ce prince, sous Constantin sans doute 730, se produisit une séparation complète des deux armes, qui correspondit à la séparation du commandement entre un magister peditum et un magister equitum. Dès lors, la cavalerie se composa de quatre sortes de corps : les vexillationes, les equites, les cunei equitum et les alae. Vexillationes. Les vexillationes représentent l'effectif monté de l'armée romaine mobile, c'est-à-dire de celle qui était répartie dans l'intérieur des provinces et en Italie, toujours à la disposition de l'empereur pour le suivre dans ses voyages ou à la guerre (palatini, comitatenses). La liste de toutes ces vexillationes est donnée par la Notice des Dignités 736 ; les inscriptions en ont fait connaître deux qui n'y figurent pas, la vexillatio equitum Dalmatarum comitatensis Anchialitana737 et la vexillatio Mot hanorum 733 La cavalerie des armées des confins se composait, au contraire, de trois autres catégories. Equites. Cunei equitum. Les corps de cavalerie ainsi nommés remplaçaient, auprès des légions des confins, l'ancienne cavalerie légionnaire; ce qui caractérisait les equi tes, c'est qu'ils étaient organisés à la romaine 730, tandis que l'organisation des cunei, successeurs des numeri du haut-empire, était conforme aux habitudes barbares et surtout aux usages germains749. Les alae, à cette époque, tiennent dans l'ensemble du corps d'armée la place qu'occupaient les alae avant Dioclétien. La liste est donnée par la Notice 74t Les vexillationes se composaient de cinq cents hom EQU 789 EQU mes", de même sans doute quo les cunei et les equites" ; les alae, de six cents 74' ou quelquefois de cinq cents hommes'''. Les commandants de ces différents corps portaient le nom de praefectus ou de tribunus. Le premier titre était celui des chefs d'ailes', le second était pris par les commandants de vexillation 717. Au-dessous venaient dans l'ordre descendant, suivant saint Jérôme, les grades ce dernier titre, en réalité, ne correspondait pas à un poste d'officier, et répondait au nom usité autrefois de duplicarius7'°. Les inscriptions font connaître encore d'autres titres : celui de centenarius 756 et celui d'hexarchus 751; mais on ne saurait dire quelle était leur valeur'''. Il ne nous est parvenu de cette époque qu'un très petit nombre de représentations figurées ; celles que nous avons conservées sont pour la plupart grossières et par suite peu instructives. On doit faire exception pourtant pour un monument funéraire du musée de Lyon 753, qui est malheureusement assez fruste (fig. 2743). Il représente, comme nous l'apprend l'inscription qu'il porte, un centenarius de qué, vêtu d'une tunique qui semble serrée à la taille, les jambes protégées par des jambières et armé d'une lance, est le centenarius. A côté de lui on voit deux servants couverts l'un d'un vêtement qui parait s'enrouler autour de son corps, et l'autre d'une courte tunique Le premier tient à la main un glaive, le second une lance et un bouclier. Scholares. Les différentes troupes de cavaliers dont il vient d'être question constituaient la cavalerie active de l'armée. II nous reste à parler d'un corps particulièrement attaché à la personne de l'empereur, des scholares. Leur office propre était de monter la garde dans le palais : Procope 75'. On choisissait pour composer ce corps, comme on le faisait au haut-empire pour les equites singulares, des hommes de confiance, surtout des Germains7''; ils étaient répartis en scholae [scuoLA] qui se distinguaient par un nom particulier, emprunté la plupart du temps à l'armement des cavaliers; c'est ainsi que l'on recon sagittarii7'7, etc. Chaque schola comptait cinq cents hommes"' et était commandée par un tribun, person elles étaient soumises au magister officioruna76t Au-dessus de cette garde impériale étaient les protectores et les domestici, garde d'honneur certainement montée en partie 762, mais fort peu nombreuse, et qui ne doit être rappelée ici que pour mention [PROTEC ont toujours eu auprès d'eux une garde d'honneur [COnoRS PRAETORIA] qui donna naissance aux cohortes prétoriennes impériales ; mais, à partir de Sylla, ils s'entouraient, de plus, d'esclaves ou d'affranchis barbares, sur la fidélité desquels ils croyaient pouvoir compter entièrementl.Telle est l'origine des Germains d'Auguste et des empereurs suivants 2 [GERMANI]. Cette troupe, composée de cavaliers ', subsista sous Tibère, Caligula, Claude, Néron ' ; mais Galba la licencia' et depuis, il n'en est plus jamais question, ce qui permet de penser que ses successeurs ne se décidèrent pas à la rétablir. A la place de la garde germaine, on créa un corps de cavalerie composé à peu près des mêmes éléments, les equites singulares Augusti. L'institution de cette troupe remonte peut-être aux Flaviens', peut-être seulement à Trajan'; en tout cas, elle est certainement antérieure à Hadrien puisque le nom de Trajan figure sur un FC11J .-® '790 EQU On possède de nombreux monuments figurés relatifs ',,AVREL°DIZALA'EQ' SI. i;,'TVS RJFIi~1l1NI° NA`. , JlX°1ANN';C Sl1° Istt• A'CI ti,i16ET,AVREIIAEDSA Zh CON1~ texte épigraphique relatif à un eljues sngularis 9 et que. parmi ces soldats, on rencontre un certain nombre de Coccei, ce qui semble les désigner comme des contemporains de Nerva ". Le, recrutement des equites srngulareo se faisait de deux l'acons : soit directement dans les provinces que l'on considérait comme particulièrement favorables à alimenter le corps : Pannonie, Rétie, Aoricum, Thrace, Dacie, Mésie, Germanie tt; soit indirectement, en faisant entrer dans cette garde des soldats déjà enrôles dans la cavalerie auxiliaire i2. Le premier procédé fut surtout usité au début de l'institution 13 ; à partir d'Hadrien, au contraire, on employa de préférence le second. C'est ce que prouvent les nombreuses inscriptions ou il est question des singulares tegustil'. Dans l'un comme dans l'autre cas, les soldats, en entrant dans ce corps, recevaient, avec le nom de l'empereur régnant", le droit latin le qui leur donnait une position intermédiaire entre les légionnaires et les prétoriens, d'une part, entre les simples pérégrïns de l'autre : c'était toute la faveur que 1on pouvait accorder à des soldats qui n'étaient pas citoyens romains. La durée légale du service pour les equites singulares était non pas de vingt-cinq ans, comme pour les autres troupes, mais de vingt-sept ans, au début tout au moins: il fut réduit à vingt-cinq ans, vers 13917, et un diplôme militaire de l'an d3Ot" prouve qu'à cette époque le chiffre normal n'avait pas changé. Le commandant en chef des equites singulares était le préfet du prétoire 19, Sous ses ordres, à la tête du corps était un tribun 30 et depuis Septime-Sévère deux tribuns n , in nombre des cavaliers ayant été augmenté", sans que pour cela la troupe ait été dédoublée 23. Chaque turme, (on ne sait pas au juste combien il y en avait"), était commandée par un décurion 99. Au-dessous on rencontre tous les genres de principales qui existaient dans les autres corps de troupes, duplarius, sesquipliearius, signifer, arsnorum custos, ldirarius, etc." Les seuls sur lesquels il convienne d'appeler l'attention sont le has!iliar ius "7, le turmarius 29, le tector u et le tablife,' 30, dont il est assez difficile, d'ailleurs, de fixer la fonction précise et le rang. Le corps des equites sinqulares subsista pendant toute la durée de l'empire. M. Henzen a supposé qu'ils disparurent avec Constantin, lequel supprima, comme on le sait, les cohortes prétoriennes LPR.IETORIANI MIMES] ; M. Jullian, au contraire, pense qu'ils avaient cessé d'exister longtemps avant Carin". En fait, le dernier texte daté remonte à Gordien", et le dernier empereur dont le gentilice ait passé à des equites gulares est Maximin". L'époque qui vit disparaître ce corps ne saurait donc être établie que par conjecture. aux cites singulat'es Ils se divisent en deux groupes principaux. Sur les représentations qui appartiennent au EQU 79'1 EQU premier groupe, on voit le cavalier, à la chasse, poursuivant un sanglier; nous en donnons ici n un spécimen (fig. 2746). Sur celles du second groupe, Velues singulares ou un valet tient à la main un cheval (fig. 2717)J8. La comparaison de ces différents bas-reliefs permet d'établir que l'armement des equites singulares se composait d'un casque, d'un bouclier oblong avec ornements figurés, d'un glaive et d'une lance. Ils étaient sans doute aussi couverts, si ce sont eux qui figurent sur la colonne Trajane dans la suite de l'empereur" (fig. 2748 et 2749) d'un justaucorps en cuir dentelé, d'une culotte de cheval et de brodequins. Il semble aussi que la housse de leurs chevaux ftlt garnie d'une frange plus riche que celle des autres cavaliers. On a retrouvé assez récemment l'une des casernes 36, qui leur était assignée, la plus ancienne, sans doute, puisqu'on y a découvert des inscriptions antérieures a Septime-Sévère. Elle était située non loin de la « Scala Santa ». Les fouilles ont mis au jour les différentes parties subsistantes de la caserne et notamment une longue muraille avec niches, contre laquelle étaient adossés des piédestaux; on y lit toute une suite d'exvoto consacrés par les equites singulares aux divinités de leur patrie, Epona, Maires Sulevae, Hercules Magusanus, Deus Sabadius, Jupiter Beellefanus, etc. 37 Leur cimetière commun se trouvait sur la voie Labicane n ; c'est de là que proviennent les monuments qui les représentent et auxquels il a été fait allusion quelques lignes plus haut. À côté des equites singulares Augusli, qui formaient, ainsi qu'il vient d'être dit, la garde des empereurs, les textes épigraphiques font connaître des equites singulares dans la suite des préfets du prétoire '° et des gouverneurs de province40. C'étaient des ordonnances de condition supérieure, toujours aux ordres du commandant en chef, zvô?eç iv~çe'eiç, ditLydus°i, É7tl Tâç htz y aç ôn,u.act6;v Ëvsxx /a0 V x7:oaTe),ndyevot. Ils constituaient, avec les pedites singulares, un petit corps particulier, un numerus mixte, autour du général". Ils étaient empruntés aux différents corps qui constituaient l'armée d'occupation du pays 43, et détachés de là auprès du commandant en chef, d'où leur nom de singularis, qui équivaut à notre terme militaire d' a isolés » 44. On ne possède qu'une seule représentation figurée de ce genre d'eques singulares : c'est celle d'un soldat du corps d'armée de Numidie 65. R. CAGNAT.