Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EQUUS

EQUUS. On compte généralement' aujourd'hui huit races chevalines qui ont été domestiquées dans leurs aires géographiques naturelles: deux dans l'Asie centrale et six dans l'Europe occidentale. Les six races européennes ont été désignées, d'après leur patrie, sous les noms de germanique, frisonne, belge, britannique, irlandaise et séquanaise. Les hommes de l'âge de la pierre taillée ou de la période paléolithique chassèrent le cheval, et firent de sa chair une des parties principales de leur alimentation 2, Les hommes peut-être dès l'âge de la pierre polie, ou période néolithique, domestiquèrent le chevala; cette domestication semble avoir été faite surtout par d'antiques émigrants, qui introduisirent en Occident l'agriculture, l'usage des dolmens et des armes en pierre polie. Ces émigrants étaient probablement aryens ; ils précédèrent en Occident les Aryens aux aunes de bronze; ils connaissaient déjà ce métal. mais l'usage qu'ils en faisaient était très restreint. Il est probable que c'est aussi à l'époque néolithique que le cheval a dû étre utilisé comme moteur. Sans doute on n'a trouvé jusqu'ici que des mors en bronze', et ces mors appartiennent à la période suivante, à l'âge dit du bronze; mais rien ne prouve que, primitivement, on ne s'est pas servi de mors en bois ; il y a eu, même à l'époque historique, des peuples qui ont conduit leurs chevaux avec de simples cordes ou des baguettes 3. Des six races européennes, deux seulement ont dépassé les limites de leur patrie respective : la race germanique qui s'est solidement établie en Normandie et dans la Lombardie, et dont bon nombre de représentants se maintiennent dans le midi de la France, dans la pénine suie hispanique et dans les États barbaresques ; la race belge, qui compte une notable quantité de représentants en Italie. Les deux races asiatiques se distinguent au contraire par une grande facilité à émigrer et une aptitude parti seidon, on voit qu'aujourd'hui, pour les mythographes les plus compétents, le clic tel, dans la, religion de Poseidon, paraît être simplement «l'image des vagues bondissantes de la mer et des sources qui jaillissent du sol i0 u. D'autres mythes, celui de Pégase, s'expliquent naturellement par la comparaison du navire avec le cheval, sans qu'il soit nécessaire d' ajouter l'idée d'une migration. Le surnom d'icrztoç, nous le verrons, n'est point particulier à Poseidon ; il appartient aussi à n grand nombre de divinités, On ne peut donc tirer de toutes ces légendes aucune conclusion, qui soit môme simplement probable, pour la question qui nous occupe. Un fait seul semble devoir être accepté, au moins pour le moment, c'est que le cheval a été réellement importé en Grèce". Pour la plupart des anciens, des mythes comme celui de la dispute entre Poseidon et Athéna indiquaient que le cheval était né du sol sur quelque point de la Grèce. Cependant Pline avait déjà observé que les Grecs n'ont point parlé des chevaux sauvages, et il avait très justement, expliqué ce silence EQi? -795 EQ culière ia s'acclimater dans presque tous les pays. Les contingent des chevaux aryens se trouvait renforcé, représentants de ces deux races occupent une aire géoDeux voies s'ouvraient aux immigrants pour arriver graphique immense qui s'étend de la mer du ,Tapon jusdans l'Europe centrale; la voie de terre, en suivant la quia l'océan Atlantique ; et ils out même été.. transportés vallée du Danube, la voie de mer, en suivant les côtes. en mérique et en Australie depuis la découverte de ces Le premier pays qu'ils rencontraient, en traversant la deux continents. On peut dire qu'ils occupent à eux seuls mer, était la Grèce. Ils pouvaient y arriver, soit par le toute l'Asie, la Grèce, la vallée du Danube, la Ei.ussie, la, nord, où ils n'avaient qu'à franchir un détroit, soit par presqu'île armoricaine toute la partie de la France située l'est, où Ies Cyclades leur rendaient la traversée facile, au sud de la Loire, la péninsule hispanique et tout le Par laquelle de ces deux voies le cheval a-t-il été intro nord de l'Afrique. Ils ont donc envahi toute la partie duit en Grèce ? On a cru qu'on pouvait conclure de cor eivilisée de l'ancien continent, saut les aires i aphitains mythes, par exemple les mythes de Pégase, de Bel ques relativement restreintes des races cher ,li1pnilérophon, de Persée, d'Érichthonios, de Poseidon et de pries à l'Europe occidentale. Dans toute l'étendue de lent sa lutte avec Ath-éna, que le cheval était venu en Grèce aire géographique actuelle les deux races chevalines par ruer, é et on a indique tour li tour comme lieu. de pro asiatiques vivent cote è côte, dans une complète promisverranne la Libye, l'Égypte, la. Phénicie, Cypre, l'Asie cuité. Elles forment dans tes diverses localités, une porie ire mais, d'autre part, le mythe des Cen-taures9, initiation reposée de métis tenant m'l is ,u moins de localisé .n Thessalie, semble plutôt indiquer qu'il est l'une ou de l'autre, et d'un nombre plus ou moins grand venu par le nord, et les renseignements qu'on pourrait de sujets purs. tirer de ce mythe s' trouvent confirmés par ce que nous Ces deux races sont constituées par le cheval aryen et savons de l'histoire et des moeurs des Thessaliens et des le cheval moi.golique t i, premier a le front large et plat. Scythes. Si l'on prend d'ailleurs celui de ces mythes qui suivi sans aucune inflexion par un chanfrein droit, ce semble au premier abord le plus clair, le mythe de Poe qui donne un profil rectiligne à sa tète, sauf que les aime pbvses orbitaires ou arcades sourcilières, qui, sont tri" saillantes, dépassent de beaucoup le plan du front; aussi l'orbite est it grand et hMI tris exigé ssil. En raison. de la longueur dur crave, les oreilles sont très éloignées a la base ; elles sont courtes, fines et droits,s.. ln poitrine est large a entes arrondies la croupe 'et aussi I . -et arrondie, se rapprochant de rhorizontale, et la queue pi; tee loin du ;tort±, 1 cheval mongohq_m aie front bombé en segment de sphère et la partie io ,., e.ure du chanfrein légèrement convexe, ce qui lui dont:' une tète sensiblement busquée oui moutonnée. Ses arcades coureilii'"res sont peu saillantee. Les oreilles sont moins écartées ï+. la hase et plus longues que celle du cirec,;il amen ; son corps est moins ample, sa poitrine moins targe, ses cultes moins incurvées; sa croupe, plis étroite, est tranchante et rappelle celle du mulet ; sa queue est portée près du corps, et ses cens. es sont toujours un peu groles. Enfin le cheval. mongolique est moins près de terre c'est-à-dire qu'il a en disant que cette contrée ne produit pas de tels chie les membres plus longs, et il atteint, dans les mêmes vaux .111i La Grèce, en effet, est un des pays de l'Europe conditions, une taille plus élevée que le cheval aryen. ou l'on n'a pas constaté l'existence d'une race indigène Le cheval aryen a été introduit le premier en Europe ; it de chevaux ; jusqu'ici on n'a trouvé aucun débris de che y aurait été amené par les hommes des dolmens, si. l'on val fossile en Grèce ra. On est donc aujourd'hui autorisé admet du moins que ces hommes des dolmens sont de à supposer que le cheval a été importé dans ce pays par race aryenne et que la race aryenne vient réellement de des immigrants, sans qu'on puisse rien affirmer sur la l'Asie. Le nom qui désigne le cheval est le même dans route que ces immigrants ont suivie ; et même encore, les diverses familles de la race ind européenne'l; cela sur cette question. de l'importation du cheval en Grèce, semble indiquer que le cheval avait déjà été domestiqué convient-il d'être très réservé ; car, si l'or n'a pas jusqu'à par cette race, avant qu'elle se fût séparée dans les diprésent trouvé dans ce pays de débris dia cheval fossile, verses familles qui nous sont connues. Les hommes des rien ne prouve qu'on n'en trouvera pas. dolmens ont été, vraisemblablement, à de nombreuses Les deux grands peuples, qui se sont disputé si long reprises, les précurseurs des peuples aryens importatemps l'empire de l'Asie, les Assyriens et les Égyptiens, Leurs du. bronze, auxquels ils ont ouvert les chemins de ont dû titre les maîtres des Grecs dans l'art de se servir l'Occident. Tous ces immigrants emmenaient avec eux du cheval pour la guerre. Les Assyriens, dès une haute leurs chevaux; et ainsi, à chaque migration aryenne, le antiquité, sont en possession du cheval; non seulement EQU 796 EQU ils l'emploient à traîner le char de guerre, mais ils savent déjà le monter'''. Quant aux Égyptiens, on a dit qu'ils n'avaient connu le cheval qu'à l'époque de l'invasion des Hyksosf5; en effet, on n'a pas encore trouvé de reproduction du cheval sur les monuments de l'ancien empire et tout ce que les monuments nous apprennent sur l'armée égyptienne à cette époque n'a trait qu'à l'infanterie. A l'époque homérique, le cheval est depuis longtemps domestiqué en Asie Mineure et en Grèce 15. C'est un animal noble entre tous, le compagnon et l'ami de l'homme dans les travaux de la guerre, et c'est pour ces travaux seuls qu'il est réservé ; il s'intéresse à ce qui touche son maître, il pleure sur ses infortunes". Les princes troyens sont renommés pour la beauté de leurs chevaux. Erichthonios, fils de Dardanos, possédait sur les pentes de l'Ida trois mille juments : quelques-unes, disait-on, avaient été fécondées par le vent Borée et elles avaient enfanté une race d'une légèreté surnaturelle u. Tros avait reçu de Zeus un attelage de coursiers immortels f9. Les pâturages oil Priam nourrissait ses chevaux s'étendaient sur le rivage de l'Hellespont, vers Abydos '-°. Plusieurs des chevaux qui appartiennent aux héros grecs ont aussi une origine divine ; les chevaux d'Achille, Xanthos et Balios, sont nés d'une Harpye et de Zéphire ; le cheval Arion est né de Neptune23, d'autres chevaux sont nés de Borée n. Les dieux ont des chevaux comme les hommes; on connaît le magnifique quadrige du Soleil; Zeus, Poseidon, Arès, Athéna ont aussi des chars et des chevaux. Comme les Assyriens, les Grecs de l'époque homérique n'emploient le cheval qu'à la guerre ou à la chasse ; mais les Assyriens paraissent avoir monté le cheval plus volontiers que les Grecs. On ne trouve dans les deux poèmes d'Homère que trois passages24 dans lesquels il soit question de linnoç xéarlq ou cheval monté, et dans ces trois passages on peut voir qu'en réalité le cheval n'est monté que dans des circonstances tout à fait exceptionnelles. Partout ailleurs, dans Homère, le cheval n'est employé qu'à traîner le char de guerre des héros. Pour l'Italie, il faut d'abord observer que, contrairement à ce qui est arrivé en Grèce, on a trouvé des débris de chevaux fossiles à l'époque quaternaire; dans ce pays comme en France. en Allemagne, en Russie, il y a donc eu une race de chevaux antérieure à l'introduction des deux races aryenne et mongolique". Les légendes italiennes, bien moins riches que les légendes grecques, ne mentionnent que rarement le cheval. D'après Elien 36, les Centaures auraient existé aussi en Italie, où aurait vécu un certain Marès qui était moitié homme moitié cheval ; Ovide dit que Picus, fils de Saturne ou de Faunus, se servait déjà de chevaux pour la guerre et pour la chasse". Denys d'Halicarnasse attribue à l'Arcadien Évandre la fondation, sur le Palatin, d'untemple àNeptunus equeslris et l'institution de la fête des Consualia [coNsus], fi laquelle on faisait participer primitivement les chevaux et les mules que l'on couvrait de couronnes ; plus tard, la fête fut célébrée par des courses équestres au Circus Maximus2d. Virgile suit sur ce point les' traditions grecques : Érechthée est le premier qui ait attelé les chevaux à un char, les Lapithes ont inventé le frein29, Neptune a fait sortir le cheval en frappant le sol de son trident"; les héros de l'Enéide combattent sur des chars comme ceux de l'Iliade ; mais Virgile les fait aussi monter le cheval31. Avec les trois cents celeres, commence véritablement la Nous avons indiqué la division des races chevalines qui est aujourd'hui acceptée par la science; les anciens avaient, eux aussi, distingué diverses races, mais sans chercher à les classer. Voici les principales de ces races. Chevaux niséens et perses. Les premiers étaient ainsi nommés de la plaine niséenne, Nlaxtov, dont l'emplacement est contesté" : tous les chevaux élevés dans cette plaine appartenaient au grand roi. A l'époque d'Alexandre 33, il yen avait cinquante mille : auparavant il yen avait eu cent cinquante mille; encore du temps d'Oppien 34, au ne siècle après Jésus-Christ, e t du temps d'Ammien Marcellin 35, au Ive siècle, les chevaux de cette plaine avaient conservé leur ancienne réputation de force, de grandeur et de beauté. Dans l'armée de Xerxès, le char de Zeus était précédé de dix chevaux niséens très richement équipés, et celui du roi était attelé de chevaux de même race"; Masistios, le chef de la cavalerie de l'armée de Mardonius, montait un cheval qui était aussi très richement orné 37. Sous le nom de chevaux perses 38 sont compris les chevaux cappadociens 39, arméniens40, phrygiens4S, perses dans le sens propre du mot", arabes", phéniciens" et autres. Les plus renommés étaient les chevaux cappadociens qui étaient estimés surtout pour le trait. Les Romains les dressèrent pour le cirque", et, à cause de leurs nombreuses victoires, ils étaient tous marqués d'une palme, d'où le nom sous lequel ils sont souvent désignés, Palnlatii 46. Les chevaux arméniens étaient aussi très renommés. Les chevaux perses luttèrent en Grèce contre les chevaux thessaliens, estimés les meilleurs de ce pays, et furent vainqueurs67 ; c'est avec eux que les Parthes formèrent leur cavalerie. Chevaux scythes. Ils étaient distincts des chevaux grecs et macédoniens, puisque Philippe fit amener en Macédoine vingt mille juments de choix pour y faire élever cette race 48 : ces chevaux étaient petits et laids, EQU 797 EQU mais très rapides et très robustesY9 ; ils étaient habitués à camper en plein air, hiver et été 50. On voit des chevaux scythes parfaitement observés, figurés sur un vase d'argent de travail grec, trouvé en Crimée, actuellement au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg (voy. plus loin fig. 2760) 61 Chevaux grecs. Les meilleurs étaient ceux de la Thessalie, en y adjoignant la Thrace, l'Épire et l'Acarnanie ", et ceux du Péloponnèse. Les chevaux thraces sont toujours décrits par les poètes grecs et latins comme étant de couleur blanche outachetée ". Les beaux chevaux blancs de Rhésus étaient de Thrace u ; Xénophon parle avec éloge des chevaux des Odrysesu. Les chevaux d'Achille peuvent être regardés comme des chevaux thessaliens56 ; le Bucéphale d'Alexandre sortait du haras du Thessalien Philonicos 57; on estimait aussi les chevaux thessaliens pour le trait". Un proverbe grec disait que les plus belles femmes étaient à Lacédémone, les plus beaux chevaux en Thessalie 59. Phidias, dans la cavalcade de la cella du Parthénon (voy. EQUITES, fig. 2749), aurait pris pour modèles les chevaux thessaliens ; on peut comparer ces chevaux montés parles cavaliers Athéniens à ceux qu'on voit figurés sur les monnaies de Larissa (fig. 2752, 2753) et d'autres villes de ce pays, aussi bien que des rois de Macédoine (fig. 2754) On estimait aussi beaucoup les chevaux du Péloponnèse : Homère loue les chevaux d'Argos et d'Élis 61 ; Strabon, ceux de l'Arcadie, de l'Argolide et de l'Épidaurie62; ceux d'Élis sont aussi loués par Platon", Virgile u, Horace Oppien Gratins dit que les meilleurs chevaux pour l'hippodrome sont ceux de Thessalie et de Mycènes f7, et le cheval que Seius vendit à Dolabella était d'Argos88. L'élevage des chevaux fut aussi prospère dès un temps très ancien en Béotie 69 et dans l'île d'Eubée 70, où les propriétaires des terres appelés iintoÔôTxt formèrent une oligarchie au vlnesiècle avant Jésus-Christ. Chevaux libyens. Ceux de Cyrène et de Barca sont renommés pour leurs victoires olympiques71, ce qui prouve qu'ils pouvaient lutter avec les meilleures races; on dit qu'Hamilcar72 envoya à Carthage beaucoup do chevaux espagnols afin d'améliorer la race africaine. Chevaux siciliens. Leur rapidité est louée par Virgile 73, Appien" et Gratius u ; ils n'étaient pas beaux", ils se rapprochaient sous ce rapport des chevaux vénètes, les nuxdc-ixlEç77 dont Denys fit amener un assez grand nombre en Sicile pour l'amélioration de la race ; les plus beaux chevaux siciliens étaient ceux d'Agrigente7R; les plus forts ceux de Syracuse 79. L'élève des chevaux était florissante en Sicile 8°; dans beaucoup de villes 8', il y avait des jeux équestres ; il y a dans la liste des vainqueurs d'Olympie de nombreux Siciliens S3; la richesse de certaines villes siciliennes en chevaux était extraordinaire 83. Les chevaux vénètes, les 'Aux ée7cxlEç, chantés par Euripide 8'`, descendaient, d'après le Scholiaste, des chevaux vénètes de Cappadoce et de Paphlagonie ; ils remportèrent souvent des victoires olympiques. Du temps de Strabon, leur renommée avait baissé ". En Italie, Varron et Oppien 86 signalent l'élève des chevaux en Lucanie, en Apulie, à Rosée, dans l'Étrurie ; Horace 87 parle des chevaux saturéiens, près de Tarente ; d'après Tite-Live, Hannibal aurait, dans l'Apulie seule, levé quatre mille chevaux 88 En Espagne, il y avait une race particulière estimée pour sa rapidité et sa finesse, et c'est là qu'a été inventée l'allure de manège appelée le pas espagnol. Végèce 39 recommande le cheval espagnol, avec celui de Cappadoce et de Sicile, pour les courses de char. Au Ive siècle après Jésus-Christ, ils jouirent d'une très grande vogue 90. Les Lusitaniens avaient aussi une belle race de chevaux : plusieurs auteurs ont écrit qu'en Lusitanie, sur les bords du Tage, le vent féconde les cavales31; cette fable est née de la fécondité des juments, de la multitude des chevaux de la Galice et de la Lusitanie, où leur merveilleuse légèreté a pu faire supposer que le vent leur avait donné naissance. Les chevaux des Gaulois étaient très estimés, surtout les chevaux des Belges, qui étaient considérés comme les meilleurs cavaliers de la Gaule 92. Après la conquête romaine, le cheval belge fut introduit en Italie et c'est le type de ce cheval qui dominerait sur les monnaies et sur les monuments romains de l'époque impériale 93. Les chevaux germains ne sont remarquables, dit Tacite", ni par la forme, ni par la vitesse ; c'est aussi le jugement de César", qui ajoute qu'en exerçant ces chevaux tous les jours les Germains les rendaient infatigables. Il y avait enfin en Bretagne une race de chevaux, semblable à celle des chevaux germains 96. EQU -798 EQU Les anciens nous ont laissé d'assez nombreuses desdirent, sur tontes les eûtes de la lilédif.erra.née. Les che criptions du cheval et nous pouvons soh' ainsi les qualités vaux que les Romains semblent avoir préférés étaient qu'ils demandaient e un bon et beau cheval. Deus de. ces grands et gros, et ce sont ceux. sans doute que l'Italie pro descriptions surtout. sont importantes : l'une est de Xénoluisait : tels paraissent du moins ceux que l'on rencontre phon, l'autre de Virgile. Xénophon 97 avait sous les veux ordinairement sur leurs monuments [voy. moire, la description remarquable qu'avait déjà faite du cheval 2e partie, Rome]. Ii y en a cependant, comme les grands Simon l'hippologueV: Virgile°° avait eu pour devancier médaillons de l'arc de Constantin, exécutés au temps Varron '0°. 'fous les auteurs qui ont depuis voulu décrire de Tra.jan417, où l'on voit, employés pour la chasse, des le cheval n'ont fait que suivre Xénophon et Argile : chevaux longs. Ils ont, comme on l'a remarqué', la c'est Pollux 101, Columelle702, Crescentius701, Végece for, tète et l'encolure légère, les oreilles très petites, et les OppienPrine', Calpurnius707, l'auteur des Gi'opocrins coupés courte, niques10L Nenzesianus'0°. Palladius "°, et1. A ces auteurs Un point délicat à déterminer est la différence que les on peut encore ajouter Platon et Horace', De toutes anciens établissaient entre 1-`i-cToc ^o),iu c -;c et l'`l-aoç su ces descriptions il ressort que les anciens prisaient sur:xoc ou na;,-,r.é;1". L'i.,.;a, s .8iÿ est bien ce que nous tout le cheval qui présentait les caractères suivant, tète entendons par cheval de parade, mais 1 t ; aonEU:arf,ç petite et bien droite, de façon que le cou soit bien devant ne l'est pas moins. Xénophon (25, dans la description qu'il les yeux du cavalier "1; :gant large et oreille petites"; fait de ce cheval, se préoccupe surtout; des moyens à reins doubles, c'est-à-dire larges, ce qui et plus agréable prendre pour lui donner une bonne prestance ; i1 insiste pour le cavalier qu'une épine saillante ; ventre maigre ", en particulier sur la façon dont il faut s'y prendre pour poitrail large, poitrine large aussi et charnue Les l'habituer à relever le cou en ramenant la tète"; aussi plus importants de ces caractères, la finesse de la tète, Photius121 a-t-il pu affirmer que c'est moins un cheval la largeur du front, auxquels il faut ajouter le profil de guerre qu'un cheval de parade. Tout ce qu'on peut rectiligne de la tête, nous les retrouvons dans tee plus dire, c'est que l'in-os t:ib„ était peut'ètre plus bride belles des reproductions artistiques que l'antiquité tant, plus souple, plus propre à exécuter des mouve nous a laissées du cheval et notamment dans celles ]vents difficiles et que 1 -,o y v.1e r était plus fort, plus solide, et avait surtout l'allure plus, martiale. Pour ce qui concerne la, reproduction du cheval, nous voyons que les anciens pensaient qu'on doit tenir compte presque anbnrt de la bonté de la jument que de la bonté. de l'étalon 12' Celui-ci ne doit pis ètre trop vieux, car il produirait un poulain faible de jambes ; on b: nourrissait abondamment, il devait être fort et gras ; la ,jument aie contraire, quand elle lui était présentée, devait être maigrie par le jeûne et fatiguée par la course ". D'ail leurs, côté de procédés justes est bons, il en était d'autres qui n'étaient que de pures reeetIes d'empiriques 72', L'usage de couper le cheval. parait avoir esté connu assez tard des Grecs. Hésiode, en indiquant les animaux que l'on peut couper tel jour de la semaine, ne parle pas du cheval". Xénophon connaît déjà cette coutume et l'approuve, mais on peut voir, par sou propre témoignage, qu'elle n'était pas encore bien répandue'-'..Aris lote n'en dit rien. Cet usage paraît d'origine scythique; dont Phidias e orné les frontons et la frise de la cella I les Quades, les Sarmates et presque tous les peuples du Parthénon (fig 2!ti , etvoy. EQffires, fig. 271.0). scythes le pratiquaient afin d'avoir des chevaux plus Nous voyons ainsi que le cheval dont les Grecs se sont dociles '2°. ti égèee recommande cette opération contre le plus servis et qu'ils ont le plus admiré, appartient à la podagra130, Les Romains appelaient le cheval hongre cette race aryenne, dont nous avons indiqué plus haut cantei'ïus les traits caractéristiques. Sans doute, les anciens, les Quand on doit acheter un cheval, deux choses surtout Romains surtout, onteonnu le cheval mongolique; il fut I sont importantes à connaître, son àge et son origine. amené en Europe par des Aryens venus d'Asie postéPour l'âge, les anciens ne paraissent avoir connu qu'un rieurement au croisement des deux races aryenne et seuil moyen, la présence ou l'absence des premières mongolique, et aussi par les Phéniciens qui se répandents; c'est le seul procédé que nous trouvions indiqué EQU quelquefois justement, d'autres fois, au contraire, à faux'. Ce procédé est manifestement insuffisant, on le sait, car il ne fait connaître l'âge du cheval que jusqu'à sept ans. Quant à la question de provenance, nous savons qu'au moins à partir du ter siècle on tenait l'arbre généalogique des chevaux de race ; on indiquait les pères, les aïeux, etc. 733 Homère se contentait, nous l'avons vu, de faire remonter aux dieux, surtout à Poseidon, à Borée, à Zéphyre, aux Harpyes, l'origine des chevaux des héros. On se préoccupait surtout, en achetant un cheval, de la honte de la corne et de la solidité de ses jambes. D'après Horace '3s les riches acheteurs se faisaient montrer le cheval couvert afin de n'être pas séduits par la vue de sa croupe arrondie, de sa tête effilée et de ne s'occuper que de ses jambes et de sa corne, On savait d'ailleurs que le poulain qui, en naissant, a les jambes longues, sera un jour très grand 136 La coutume de donner des noms aux chevaux est très ancienne ; on la trouve déjà dans Homère. Ces noms sont intéressants pour nous, car ils indiquent presque toujours une des qualités, un des caractères du cheval. Grâce à ces noms nous pouvons attester l'existence des quatre sortes de robes, blanche, noire, rouge et jaune, et cette constatation suffit pour indiquer qu'il y avait chez les chevaux des temps héroïques de la Grèce et de l'Asie Mineure une aussi grande variété de robes que chez nos chevaux actuels". Les trois chevaux d'Achille i3 s'appellent nzvAoe,, Bxatoç, II-vèéz0ç ; les quatre chevaux d'Hectori18 s'appellent tàvtoç, Iléèc yoç, Ath,, Ax.usoç. Si nous laissons de côté les noms qui ont trait à la rapidité du cheval tel que II'tlv:aoç, le fougueux, le bondissant, IIéim yoç, le cheval aux pieds blancs ou aux pieds rapides, nous avons des noms comme Rciveoç qui peuvent ici désigner à la fois le cheval bai clair ou alezan clair, car il est douteux que les anciens Grecs aient distingué, comme nous, les chevaux de nuance rouge d'après la couleur de leurs crins et de leurs extrémités. Le mot A(Ow qui signifie ardent désigne très probablement un cheval rouge; un des chevaux du Soleil s'appelle aussi AIIOtov 139; cette couleur se trouve d'ailleurs indiquée par l'épithète 13(0x, dont le poète désigne un cheval de Diomède"o. De même le mot xeavoZaér' désignera un cheval bai 1°t ; d'ailleurs l'existence des chevaux noirs serait suffisamment attestée par le nom Mélanippe qui revient souvent dans l'Iliade '"2; comme le nom de Leucippe'" atteste 799 EQU l'existence des chevaux blancs, et le nom de Chrysipp'" l'existence des chevaux jaunes, fauves ou isabel. Le nom du cheval d'Alexandre, Bucéphale, pourrait indiquer cette largeur du front qui est un des traits caractéristiques de la race chevaline aryenne f1J; mais Pline et le Scholiaste d'Aristophane nous apprennent qu'il avait une classe de chevaux ainsi nommés à cause de la marque d'une tête de boeuf, qu'ils portaient imprimée sur la cuisse "6. D'autres noms de chevaux, qui sc rapportent, en général, soit à leur couleur, soit aux qualités qu'on leur attribuait, se lisent sur des vases peints'"7. La passion que les Romains avaient pour les chevaux et pour les jeux du cirque nous en a conservé, dans un autre temps, un très grand nombre, par des inscriptions placées sur des tombeaux, dans des mosaïques et d'autres monuments de toute espèce, où les chevaux sont eux-mimes représentés. Nous renvoyons à ce qui a été dit à l'article cuscus et aux figures de l'article EQUITIUMY8. Ces DORIS, chez les Romains, sont extrêmement variés et ne sont pas exclusivement tirés de l'extérieur du cheval ou de ses mérites. Nous rappelons simplement pour mémoire le nom de ce cheval de Caligula,lncitatus, qui fut honoré du consulat'", celui de Borysthène, le cheval d'lIadrien10 ainsi que le nom du cheval de Valentinien, Phosphorus, qui a été chanté par Ausone"'. D'après les passages de l'Iliade que nous avons cités plus haut, il semble que les chevaux rouges étaient très estimés au temps d'Homère. Nous voyons cependant dès une époque très ancienne que les chevaux blancs sont considérés comme le symbole du luxe, de la puissance et de la grandeur". Pour les Romains, deux divinités ont en particulier le privilège d'avoir leur char traîné par des chevaux blancs, c'est Jupiter et le Soleil. Aussi, comme dans le triomphe le général victorieux est identifié avec Jupiter dont il porte le costume, son char est-il souvent traîné par des chevaux blancs 13. Chez les Grecs aussi le Soleil avait un attelage blanc''"; dix chevaux blancs traînaient le char de Zeus dans l'armée de Xerxès S5J ; d'après Diodore, certaines processions à Agrigente comprenaient un défilé de trois cents chars attelés de deux chevaux blancs 156 ; c'est sur un semblable attelage que Denys alla au-devant de Platoni57. Pour la guerre, Homère vante la beauté des chevaux de Rhésus et ces chevaux sont blancs "a; il en est de même pour les chevaux que Virgile donne à, Turnus "s, Cependant cette EQU -800EQU couleur n'était pas toujours préférée pour tous les usages ; ainsi le même Virgile dit que les étalons blancs sont les plus mauvais i60 On aimait en général à atteler à un char des chevaux de même couleur; c'est ainsi qu'llomère représente le char d'Eumelos1n, mais Euripide attribue au même héros un attelage de couleur variée 162; les chevaux d'Achille, non plus, n'étaient pas de la même couleur, et nous savons que ce fait se produisait souvent aux courses des grands jeux". Les anciens pratiquaient aussi la coutume de marquer au fer rouge les chevaux. Dans Athènes, on marquait d'un signe particulier les chevaux qui étaient réformés dans l'inspection que passait le Conseil des Cinq-Cents mima xapxy za'ra) avaient pour objet d'indiquer la provenance des chevaux de race ; on employait deux lettres de l'ancien alphabet grec, le coppa et le sampi ; les chevaux marqués de l'une de ces deux lettres s'appelaient pas bien fixé sur la signification qu'avaient ici ces deux signes ; d'après Bdttiger, les chevaux xon txT(at provenaient de Corinthe, les aauydpat de Sicyone 1fio D'autres, marqués d'une tête de boeuf, étaient appelés [3caxEiaaot. Nous voyons sur des vases peints des signes analogues tels que celui-ci : X (voy. t. II, p. 251, fig. 2430)'", ou une croix enfermée dans un cercle 1", ou bien une marque qui ressemble au coppa, mais avec une croix au lieu d'un simple trait au-dessus 108 Sur un vase où est représenté le combat de Bellérophon contre la Chimère, un serpent est dessiné (fig. 2756) sur la croupe de Pégase 169 Sur une monnaie de Pausanias de Macédoine, un che val est marqué d'un caducée (fig. 2757). On rencontre assez fréquemment une palme ou une couronne 770 figurée sur la cuisse des chevaux des jeux publics, quelquefois une feuille cordiforme 171 un monogramme'', ou le nom entier du cheval ou de son maître 173 On rencontre les traces du même usage jusqu'à la fin de l'antiquité. Une épitaphe chrétienne est accompagnée de la figure d'un cheval portant imprimé de la même manière (fig. 2758) le monogramme du Christ 17' Nous avons assez peu de renseignements sur le prix des chevaux. Ce prix pouvait être très élevé selon la bonté du cheval ou le ca price de l'acheteur. On dit, par exemple, que Bucéphale, le cheval d'Alexandre, avait conté seize talents '73 ; Dolabella paya cent mille sesterces le cheval de Seins '". Mais c'étaient là des prix ex trêmes. Pheidippide, dans les Nuées d'Aristophane, paie douze mines un bon cheval, un coppatias"7 ; ce même prix est aussi indiqué par Lysias 178 pour un cheval de la campagne. Isée n'indique même que trois mines 170. Xénophon, après la retraite des Dix-Mille, vendit à Lampsaquei80 son cheval pour trente dariques ou six cents drachmes. A Rome, l'AEs EQUESTRE, que le cavalier recevait pour acheter deux chevaux, était de dix mille as = mille francs ; cela donnerait cinq cents francs par cheval ; c'était peut-être là le prix moyen. Le cheval acheté, il s'agit de l'élever et de le nourrir. Primitivement on se contentait de garder le cheval en plein air toute l'année ; c'est ainsi qu'agissaient les Scythes 181 et c'est ainsi qu'on agit encore aujourd'hui dans le sud de la Russie. Les Grecs et les Romains ne laissaient les chevaux en plein air que pendant l'été ; l'hiver ils les enfermaient 182. Nous connaissons les écuries des anciens par ce que nous en ont dit Xénophon, Varron, Végèce et La principale nourriture du cheval était, comme encore aujourd'hui en Orient, l'orgei"J, déjà nommé par Homère (xo;O 1, xcO1n ; il mentionne en outre le froment (rup6c)18., la rt1é et lDupa 186, qui paraissent être deux sortes d'épeautre, et plusieurs herbes, le arilTds (trèfle de lotus, mélilot), le aéatvov (ache) et le xérEpov (souchet) 117 La luzerne, medica, fut importée en Grèce par Xerxès1S' ; c'était un aliment de choix. Le foin est déjà mentionné par Hésiode18°; l'avoine paraît avoir été moins donnée qu'aujourd'hui, il en est peut-être ainsi de la paille, qui n'est guère nommée que par Pline 138 ; l'avoine le plus souvent était donnée verteS9'. Citons enfin la farrago, sorte de mélange d'herbes vertes où l'orge entraitpour une grande partis'. Comme boisson, on donnait naturellement de l'eau ; Homère fait donner du vin aux chevaux d'Hector 193, et le mélange de l'eau et du vin est indiqué par Végèce comme un remède pour certaines maladies io' Il est aussi question dans les auteurs d'aliments extraor pagne f57 ; c'est ce qu'on voit faire également (fig. 2759) aux Scythes sur un vase déjà cité 198 ; les Grecs et les Romains se servaient eux aussi des entraves 190 ; dans Homère, au contraire, les chevaux sont simplement attachés près des vaisseaux, il n'est question 0 d'entraves que a P p EQU 801 UQU dinaires pour les chevaux ; on nous dit par exemple que les Odrises, les Péoniens, les Macédoniens, les Celtes, etc., nourrissaient leurs chevaux de poisson° ; d'autres fois ces aliments extraordinaires ne sont qu'un fait exceptionnel imposé par la nécessité'''. Les habitants de l'Asie avaient alors comme aujourd'hui l'habitude d'attacher les pieds des chevaux en cam dans un passage qui paraît d'époquerécente20o Xénophon recommande expressément au palefrenier de mettre toujours la muselière au cheval quand il le conduit au pansage 201; la muselière [x-rl;i.dg, totp.éç, cAPISTRUM] permet au cheval de respirer, elle l'empêche de mordre (fig. 2760)202; on dirait, d'après divers témoignages 203, que les chevaux des anciens étaient plus portés à mordre que ceux d'aujourd'hui. Le pansage du cheval est décrit en détail par Xénophon204. a Il faut commencer, dit-il, par la tête et la crinière ; on passe ensuite au reste du corps, en relevant le poil avec tous les instruments de pansage et en abattant la poussière à contre-sens ; le poil des reins seul ne doit être touché avec aucun instrument, mais frotté et lissé avec la main dans le sens naturel ; de cette façon on ne risquera pas de blesser la place où s'assied le cavalier. La tête doit être lavée : comme cette partie est toute osseuse, si on la nettoyait avec du fer ou du bois, on ferait mal au cheval. II faut mouiller le toupet : la longueur des crins ne gêne pas la vue et sert à écarter de l'oeil les objets qui pourraient l'offenser ». Il faut noter en particulier la recommandation de supprimer le lavage des jambes et du dessous du ventre ; ce lavage peut nuire à la corne et il chagrine le cheval; il est d'ailleurs inutile, car le cheval n'est pas plus tôt sorti de l'écurie qu'il ressemble bien vite à ceux qu'on n'a pas nettoyés. Les instruments de pansage étaient l'étrille, l'éponge, la brosse. On voit par les passages cités plus haut que Xénophon veut qu'on laisse croître le toupet et la crinière : les chevaux du Parthénon portent la crinière longue. Dans les monuments, le toupet tantôt retombe sur le front, tantôt est détaché du reste de la crinière et soigneusement noué' ; ou au contraire, l'un et l'autre sont coupés court (fig. 2760). La crinière, quand on la laissait pousser20fi, était, à en juger par les monuments, indifféremment rejetée à droite ou à gauche V07; quelquefois, si elle était bien fournie, on la partageait sur les deux côtés 208. La queue, qu'on laissait volontiers longue et flottante 209, pouvait être ramassée et nouée 210 On voit aussi par quelques monuments que, en lui Iaissant toute sa longueur, on coupait quelquefois les crins de la A epartie supé g rieure : tel est, par exemple, le cheval figuré plus loin (fig. 2762) d'après un bronze du musée de Naples, dans lequel on avoulu reconnaître l'image d'Alexan dre 21. L'acte de couper la crinière et la queue était considéré par les Grecs et par les Perses comme un signe de deuil et de tristesse; on a vu plus d'une fois des armées entières pratiquer cette coutume pour montrer leur douleur de la mort d'un chef regretté 2'2. Pour ce qui concerne l'équipement du cheval, nous renvoyons aux articles spéciaux [EPBIPPIUM, FRENUM, FRON On peut considérer comme certain que les anciens ne connaissaient pas l'étrier; et que, à l'exception des Gaulois, ils ne pratiquèrent pas le ferrage du cheval213. C'était là une cause de graves difficultés. Dans les. soins à donner au cheval, un des plus importants concernait la corne 216. EQU 802 -EQU C'est une des grandes préoccupations de Xénophon que de chercher comment on pourra fortifier les pieds du cheval et durcir la sole ; il a là-dessus des idées personnelles; il connaît des procédés nouveaux qu'il a éprouvés et dont il atteste les bons effets 215. Ces procédés consistaient surtout à habituer le cheval à marcher et à piétiner sur un terrain couvert de pierres rondes assemblées dans un cercle de fer et ne pouvant par conséquent se disjoindre. Ce procédé fut mis en pratique par Paul-Louis Courier quand ii était en garnison à Naples; il donna de bons résultats pour un cheval jeune et qui n'avait pas encore été ferré; les résultats furent moins bons pour des chevaux plus âgés216 Xénophon dit qu'il est très important que le cheval ait toujours le pied sec à l'écurie. On devait veiller à ce que le pied fût toujours nettoyé après chaque marche (fig. 2761) et tenu sain pour l'application des remèdes s'il y avait lieu217. La taille de la corne, quand elle se desséchait ou quand se produisait un allongement, était aussi pratiquée par les anciens, et l'instrument appelé boutoir, qui sert à cette opération, leur était connu [MULoMEDlcus] 218. Tous ces soins étaient délicats et bien souvent on les négligeait, surtout dans les pays où l'équitation n'était pas un exercice national ; aussi arrivait-il souvent qu'en campagne les chevaux étaient vite estropiés ou épuisés 219. Cependant on avait essayé de bonne heure de protéger la corne du cheval. Il semble que le cheval porte parfois une espèce de chaussure [SOLEA] : les Arméniens en mettaient à leurs chevaux pour les empêcher de s'enfoncer dans la neige 220, comme aujourd'hui les Norvégiens ; les Romains employèrent de bonne heure les soleae qui étaient souvent en métal 221; Néron en voulut avoir en argent et Poppée, sa femme, en or 222. Quand les Romains eurent conquis les Gaules, ils employèrent en même temps les hipposandales italiennes et le ferrage tel qu'on le pratiquait en Gaule, mais, même dans ce dernier pays, le ferrage ne prit pas d'abord une grande extension. Le dressage du cheval regardait généralement le palefrenier; Xénophon engage le cavalier àne pas se charger lui-même de ce soin223 Virgile veut que l'on commence par habituer le jeune poulain au bruit des armes et des chariots 234 Dans certains pays, on exerçait le poulain dès l'âge de trois ans à porter des enfants, mais généralementle véritable dressage ne commençait qu'à quatre226 Aristote 226 Pollux2d7 et Pline 228 fixent le terme de la croissance à cinq ans pour la cavale, à six pour le cheval. Le dressage comprend surtout deux opérations : habituer le cheval à recevoir la bride, l'habituer à recevoir le cavalier. Pour la première de ces opérations, Xénophon recommande de ne pas mettre le frein trop près des molaires, car alors il durcit la bouche et la rend insen-, sible, ni trop bas, car le cheval peut alors le prendre aux dents et ne plus obéir ; la façon de présenter le mors, de le mettre dans la bouche, de placer la couverture sur la tête est décrite très en détail229. Il ne veut pas qu'on mène le cheval par la bride ce qui lui gâte la bouche 230; pour mener un cheval en main, il ne faut le faire marcher ni derrière soi, ni devant soi, il faut marcher à ses côtés 231 Pour la manière de monter, de se tenir sur le cheval et de le faire manoeuvrer voy. EQUITATIO. Chez certains peuples, le dressage était porté plus loin ; on raconte qu'à Sybaris et à Cardia les chevaux étaient dressés à danser au son de la flûte, en s'appuyant sur le train de derrière pendant que les pieds de devant, qui étaient levés, marquaient la mesure 232. Des chevaux de guerre étaient exercés à prendre véritablement part au combat, en frappant ou en mordant les ennemis, par exemple le cheval du Perse Artibios 233, les chevaux de peuples comme les Scythes234 et les Chaldéens 232. Au manège, on tenait habituellement les rênes avec les deux mains; à la guerre au contraire, à la chasse et en voyage, on ne les tenait plus que de la main gauche", la XAtc;ç Ei7'-ilvlav désigne le mouvement vers la gauche23^ On voit même très souvent, sur les monuments 232, les rênes reposer librement sur le cou du cheval; c'est là que le cavalier les prenait tantôt de la main droite, tantôt de la main gauche ; le cavalier devait avoir les mains libres pour tirer de l'arc, pour tenir le bouclier de la main gauche, la lance ou le javelot de la main droite ; il était donc nécessaire d'habituer le cheval à prendre facilement la direction qu'on voulait209. Certains peuples même se passaient de bride; ainsi les Numides, les Tdaurusiens '2. Les cavaliers numides étaient célèbres241 dans toute l'antiquité, et cette célébrité ils la devaient aux charges terribles qu'ils dirigeaient contre l'ennemi avec leurs chevaux sans bride; les cavaliers romains ont fait eux aussi des charges semblables,mais rarement et seulement pour se sauver du milieu d'un désastre 242 Dans tout le dressage, il y a un personnage qui joue un rôle important, c'est le palefrenier ou écuyer, i77.12COx4.oç [EQulso], c'est à lui le plus souvent que s'adresse Xénophon; tout homme qui s'occupe d'équitation, dit-il, doit avoir un écuyer qui connaisse son métier243. C'est lui qui doit s'occuper de tout ce qui concerne l'élevage et le dressage du cheval ; il panse le cheval, il le bride et il le présente à son maître ; il aide son maître dans l'opération, toujours difficile pour un ancien, de la mise en selle ; il l'enlève à la mode perse, si c'est nécessaire [EQUITATIO]. Quand le cavalier revient de la promenade ou de l'exercice, l'écuyer prend le cheval, il le fait rouler dans la poussière pour essuyer la sueur244, il le panse et il l'emmène à l'écurie. Le citoyen enrôlé dans la cavalerie avait un ir.rtoxéN.cs, qui le suivait en campagne, portant ses vivres, ses bagages et ses armes. Les écuyers se levaient de bon matin pour panser Q U --803 -EUU !es chevaux; ils le faisaient avec grand bruit, ce qui a permis plusieurs fois à l'ennemi d'arriver sur le camp sans ètre entendu et de le prendre à l'improviste 245. Les écuyers étaient montés comme leur maître, ils marchaient en dehors de la colonne; Xénophon propose de les accepter quelquefois dans la colonne afin de la faire paraître plus forte „i6 Peut-être est-ce auprès d'Agésilas qu'il avait appris ce stratagème'''. Les chevaux étaient employés à la chasse et à la guerre [EQP,1TES] et aux travaux de la vie ordinaire. En général cependant c'est surtout pour la chasse et pour la guerre que le cheval est réservé. Pour traîner la charrue, on emploie plutôt les boeufs °" voy. les figures de ['art. ARATRcM] et les mules [t. I. fig. 285] 2'9 ; pour les voyages, pour les transports on emploie les mules, les boeufs et surtout les ,'fines "Al n'est pas rare cependaanl de voir des chevaux attelés à des chars de voyage 251. Dans les divers pays où la poste fut instituée on préféra se servir du cheval à cause de sa rapidité [ctRSus rust.icvs]. Enfin le perfectionnement de la race était assuré par la grande institution des jeux publics et des concours dont le programme était bien mieux entendu pour cet objet que celui de nos courses [EourrEs]. On sait de quel éclat était entourée une victoire aux grands jeux de la Grèce ; une partie de cet éclat rejaillissait sur les chevaux qui avaient remporté la victoire : à Agrigente, les chevaux vainqueurs à Olympie étaient enterrés avec de grands honneurs20' ; les chevaux chu père de Miltiade, Cimon Coalêmos, qui remportèrent trois [ois le prix à Olympie, furent enterrés près du monument de la famille Cimon-Miltiade 203. Les auteurs qui lpi orte.rlt ce fait racontent la mène chose des chevaux du l acedémonien V)s igoras.On a une épitaphe consacrée à un cheval vainqueur dans de nombreux concours'''Le cheval était quelquefois offert en sacrifice aux dieux. Dans Homère, les Troyens offrent des boeufs et des chevaux au Scamandre et les jettent vivants dans ce fleuve "'; il n'y a pas, dans le même poète, d'exemple de ce sacrifice chez les Grecs. Mithridate, en commençant la guerre contre les Romains, fit jeter dans la mer un attelage de chevaux blancs en l'honneur de Poseidon 256 Sextus Pompée en fit autant"'; nous savons que les Ariens faisaient de semblables sacrifices en l'honneur de Poseidon 258 et les Rhodiens en l'honneur d'Héliosn9_ L'immolation du cheval dans le sacrifice se rencontre moins rarement. Achille immole aux martes de Patrocle douze hommes et quatre chevaux 260 ; les Spartiates du temps de Pausanias immolaient des chevaux à Poseidon sur le Taygète "1 ; Pélopidas immole une cavale alezane, au lieu d'une jeune fille que demandait l'oracle 2°2 ; les Athéniens sacrifiaient un cheval blanc sur le tombeau du héros Toxaris, évoç iz sdç, qui les avait secourus pendant la peste 26". Quand l'armée de Xerxès arriva près du Strymon, les mages sacrifièrent, selon l'usage perse'. , des chevaux blancs en signe d'heureux présage266; chez les Scythes, chez les Gaulois et chez les Germains, il était d'usage d'immoler des chevaux en temps de guerre, pour obtenir la victoire2G6. Les Romains sacrifiaient tous les ans un cheval à Mars267 et à d'autres divinités. Ce fut une croyance très répandue chez les anciens que l'homme continuait à mener dans le tombeau le genre de vie qu'il avait mené sur la terre; de là chez certains peuples l'usage de sacrifier sur la tombe du mort les êtres qu'il avait aimés ou dont il avait besoin, afin qu'il prit les retrouver dans la vie du tombeau; le cheval était souvent immolé sur le tombeau de son maître osa Le cheval occupe une place très importante dans l'histoire de l'art grec 26s ; cela tient sans doute aux qualités plastiques que les artistes de tous les pays ont aimées dans le cheval ; cela tient aussi à ce que le cheval a figuré dans les concours. L'agonistique a été un élément d'une importance capitale dans le développement de l'art et surtout de la statuaire en Grèce. L'usage se répandit de bonne heure d'honorer les vainqueurs des grands concours par des statues élevées auprès du temple du dieu sous la protection duquel était le concours. On commença naturellement par de simples statues en pied ; ;nais bientât les artistes se sentirent assez forts pour tenter de figurer des groupes dans lesquels devaient se trouver des hommes et des animaux; le cheval, par le rôle qu'il avait dans les concours et par la beauté de ses formes, s'imposa aussitôt à l'étude des statuaires. Les plus anciennes statues équestres que l'osa trouve mentionnées sont celles de Castor et Pollux, que Pausanias vit à Argos, oeuvres de Dipoenos etScyllis, exécutées vers 5811 avant Jésus-Christ'''". Dès la fin du VIe siècle, les écoles d'Égine, de Sicyone et d'Argos avaient acquis dans ce genre de travaux une renommée qui s'étendait dans tout le monde grec; elles possédaient de vastes ateliers pour les monuments commémoratifs des victoires; on y exécuta des chevaux de course avec une vérité étonnante. L'école argienne atteignit son apogée avec Agéladas'71, comme lécole éginétique avec Onatas'72 et EQU 804 EQU Glaukias 273. Il semble que l'étude et la représentation des animaux ont été une des traditions de l'école attique. Les monuments hippiques étaient très nombreux sur l'Acropole. Sans parler de ces petits piédestaux carrés, sur lesquels sont sculptés des chars traînés par deux chevaux, qui ont été trouvés entre l'Érechthéion et les Propylées, il faut citer le quadrige élevé en l'honneur de la Victoire sur les llippobotes274 de Chalcis en 505, le Doup oq'i7cnos du sculpteur Strongylion 27', les monuments de Callias, de Diophanès, d'Hégestratos, vainqueurs aux grands jeux 2i8. Parmi les sculpteurs nous citerons Hégésias ou Hégias, l'auteur des celetizontes pueri 217, Calamis sans rival, d'après Pline, dans les figures de chevaux 275, Démétrius qui avait fait le cheval en airain con_ sacré par Simon l'Hippologe 279, Strongylion l'auteur du ,10 toc; t"aareog 28o On le voit, le représentant le plus illustre de l'époque attique, Phidias restait fidèle à une des traditions de l'art national, lorsqu'au Parthénon, sur les frontons et sur la frise de la cella, il multipliait l'image du cheval. A l'époque macédonienne, les statues équestres sont particulièrement en faveur. Alexandre fit faire par Lysippe les statues de ses vingt-cinq hétaires tués à la bataille du Granique; la petite statue en bronze, trouvée à Herculanum 281 et dans laquelle on a voulu voir l'image d'Alexandre lui-même, est probablement une copie d'une de ces statues (fig. 2762). Un cheval de bronze trouvé à Rome en 1849, actuellement au musée du Capitole, peut encore mieux donner l'idée des ouvrages de cette période. On attribue aussi à Lysippe les chevaux qui sont aujourd'hui à l'église Saint-Marc à Venise, mais ils sont probablement d'un temps un peu postérieur. Pour l'époque romaine, nous rappellerons que dès le temps de Tarquin le Superbe, le temple du Capitole fut orné de quadriges en terre cuite et dorée, que le témoignage des auteurs anciens s'accorde à attribuer à l'art étrusque 282, et que ce genre de décoration se perpétua particulièrement pour le couronnement des arcs de triomphe 283. Nous citerons encore la statue de Marc-Aurèle qui est sur la place du Capitole à Rome 284, les chevaux de la place du Quirinal et les statues des Balbus qui ont été trouvées à Pompéi, actuellement au musée de Naples. Parmi les peintres, dont on a vanté l'habileté à peindre le cheval, il faut citer en première ligne Polygnote et Micon qui avaient représenté à la Stoa Poikilé le combat entre les Athéniens et les Amazones 28', celles-ci étaient représentées à cheval, les Athéniens à pied 286 ; Pauson se rendit célèbre par le tableau dans lequel il avait peint un cheval qui se roule dans la poussière 287 ; Euphranor de Corinthe peignit, au Céramique d'Athènes, l'engagement de la cavalerie athénienne contre la cavalerie thébaine à la bataille de Mantinée 28e Les chevaux ont aussi été reproduits avec un art admirable dans les ouvrages de la numismatique et de la glyptique. Il suffit de rappeler ici les belles monnaies de Syracuse (fig. 2763, 2764), d'Agrigente (fig. 2765), de Géla, de Catane et des autres villes de Sicile, où sont représentés des chars attelés de chevaux vainqueurs dans les grands jeux, celles aussi que des artistes grecs ont gravées pour les Carthaginois dans cette île, les monnaies de Tarente où l'on voit les Dioscures, Taras ou d'autres cavaliers, celles de la Thessalie et de la Macédoine où le cheval, soit en liberté, soit monté, sert si souvent d'emblème à ces pays dont les chevaux étaient renommés (voy. plus haut fig. 2731, 2732, 2753, 2754, 2761), etc. 289 L'art de la gravure en pierres fines s'est développé parallèlement à celui de la gravure en médailles et a produit des oeuvres qui ne sont pas moins remarquables. Les cabinets de Paris, Londres, Berlin, Vienne, etc., possèdent des pierres où des chevaux ont été dessinés avec une grande perfection 290