Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EXACTUS

EXACTUS. On donnait ce nom à des employés d'administration militaire dont les inscriptions latines nous ont gardé le souvenir. On estime, d'après leur nom même, qu'ils étaient chargés de certaines écritures [ACTA MILITARIA]. 011 les a confondus quelquefois 1 avec les actarii ou actuarii dont la mission était de noter sur des registres tous les détails du service journalier et d'émettre les bons de vivres nécessaires à la nourriture des troupes 2 ; mais c'est une assimilation qui n'est point acceptable en présence d'une inscription de Rome, oit il est l'ait mention d'un actarius cum immunibus et librariis et exactis Il y avait entre ces deux sortes d'employés une différence de détail qui nous échappe. Peut-être les uns étaient-ils seulement d'un rang supérieur aux autres. R. CAGNAT, primitive, ce mot signifie action de peser : vendre du bétail sub exagio, c'est le vendre au poids 2. De là est dérivé le sens figuré de poids exact, étalon pondéral, le plus généralement usité à la fin de la période romaine et dans l'empire byzantin. A cette époque, les exagia sont les poids officiels qui servent à l'ajustage et au contrôle des poids répandus dans le commerce, ainsi qu'à la 110 EXA --Ki EXA vérification du poids des monnaies d'or et d'argent. Chez tous les peuples, et partout où il y eut un système de poids et mesures régulièrement constitué, on établit un prototype ou premier modèle de ces mesures, qui fut confié à la garde de magistrats spéciaux, chargés en même temps d'en faire ta confrontation avec les mesures dont se servait le public, et qui devaient être la copie exacte du modèle. Les Grecs donnaient à ce prototype officiel des poids et mesures le nom de nom de mesure par excellence, mensura, quelquefois mensura Capitolin, quand on désignait l'exemplaire conservé au Capitole'; le nom d'exagium, pour désigner spécialement l'étalon pondéral, ne paraît pas avant la réforme monétaire de Constantin. A Athènes, les poids étalons étaient conservés dans la chapelle du héros stéphanéphore, à côté de l'atelier monétaire 4. li y avait là douze poids de bronze (crzOp.ta ya),xè.AII 5), que les autorités de laville avaient fait vérifier: on les désigne parfois sous l'appellation de a•câ0uta tiâ iv tiiP upyupoxoltEéo Pour faciliter la communication de ces étalons au public, un second exemplaire en était déposé sous la Sciade; un troisième était au Pirée, un quatrième à Éleusis'. La garde de ces précieux monuments était confiée à quinze METRONoMOT, qui devaient contrôler les mesures des particuliers et parfois y imprimer leur estampille, comme le font encore les vérificateurs de nos jours. Chaque ville grecque de quelque importance devait avoir, comme Athènes, dans l'un de ses temples, des étalons pondéraux qui étaient la garantie nécessaire des transactions commerciales; il est donc certain que parmi les poids grecs parvenus jusqu'à nous, il en est qui ont été des poids étalons, mais nous n'avons guère les moyens de les distinguer des poids du commerce. On peut cependant conjecturer que ceux sur lesquels se trouve la mention des agoranomes 3 ou des métronomes 9, ceux qui portent des inscriptions particulièrement développées 10, ceux enfin qui sont très ornés et d'un travail soigné et délicat, ont pu être des étalons officiels. L'hésitation est, ce semble, à peine permise, lorsqu'il s'agit des poids très rares qui portent les noms de divinités auxquels ils ont été consacrés, par exemple, le poids en bronze d'Héraclée de Bithynie sur lequel on lit l'ins des mesures étaient généralement conservés dans les temples, on doit reconnaître dans le caractère sacré du poids d'Héraclée la preuve de sa destination officielle. Vasques Queipo, Essai sur les systèmes métriques et monétaires des anEgger, p. 197; Wagener, dans les Mérn. de l'Acad. de Bruxelles; Savants Étrangers, XXVII (1856), p. 5. -8 Sur cent cinquante poids grecs étudiés ment huit qui portent la mention d'agorauomes; mais on en connaît aujourpoids anciens en plomb du musée du Louvre, dans les Mémoires des Antiquaires p. 589, n° 894 d; E. Michon, Op. cit. p. 20, note 1. 10 Par exemple. les deux magnifiques poids d'Antioche de Syrie, conserves au Cabinet des médailles et Les mêmes difficultés existent pour reconnaître les poids étalons de Borne et des villes de l'Occident, au milieu des nombreux monuments pondéraux parvenus jusqu'à nous. On peut cependant en citer quelques-uns. Le célèbre poids de bronze du musée du Louvre, trouvé à Feurs (Loire), qui porte l'inscription DEAE SEG (etiae) F(Ori) e(ondo) x(decem)1'; ceux du musée Kircher, l'un avec l'inscription : TEMPL. oP1s. AVG., l'autre avec cette mention : E. AD. CAST. (exactum ad Castoris templum) 13, sont certainement des étalons publics, comme le prouvent le noln de la divinité protectrice, et le remarquable travail d'incrustation d'argent dont les lettres sont ornées. Mais peut-on en dire autant de ceux qui portent seulement le nom de certains empereurs, ou de celui qui a la formule exactum ad Articuleiana pondera (Articuleius fut édile à Rome en l'an 117 de notre ère), ou encore du poids de bronze trouvé à Rome et publié par M. Mowat, sur lequel on lit seulement C. Ilelvius C. f. Valens, aed (ili.s)14? Bceckh cite un poids de marbre blanc qui porte l'inscription:TlB. CLAVDIO. CAESARE AVGVST. P. M. DIVI. FYLiO. III cos. PONCER. EXACT. IN. CAPITOL. CVR. AEDIL u. NOUS apprenons par là, que sous Claude ce poids fut contrôlé au Capitole, par les soins d'un édile 16 ; ainsi confronté avec le prototype du Capitole, ce monument dut à son tour servir d'étalon dans une autre ville ou sur un marché public. La formule exactum in Capitolin se rencontre sur d'autres mesures se rapportant aux différentes branches du système métrique. La mention exactum ad Castoris est aussi l'une des plus fréquentes sur les monuments pondéraux officiels : en 1888, on a trouvé à Brimeu x (Pas-de--Calais) six poids en forme de capsules de dimensions décroissantes, s'emboîtant les unes dans les autres et portant toutes la mention du contrôle dont elles ont été l'objet dans le temple de Castor ; il y a en outre sur ces étalons officiels les signes métriques correspondant respectivement au poids de chaque capsule : libra, semis, triens, quadrans, sextans, semiuncia". D'après ces observations, le mot exactum pourrait être l'origine du mot exagium, « poids vérifié, contrôlé, exact n. Le coffret ou l'édicule dans lequel étaient placées les mesures étalons s'appelait a'rsxmp.x, PONDERARIUM. On en a trouvé un, destiné aux mesures de capacité, en 1833, à Ouchak en Phrygie, sur les ruines de l'ancienne Trajanopolis : c'est un parallélipipède en marbre blanc qui contient à sa partie supérieure des cavités ou alvéoles hémisphériques, de grandeurs décroissantes, et la face antérieure porte le nom d'un certain Alexandre, qualifié ioxtuaéç, c'est-à-dire, comme l'a bien fait ressortir Émile publiés par A. de Longpérier, Œuvres ( éditées par G. Schlumberger), 11, p. 211 à 243; citons encore un autre poids d'Antioche donné par M. Waddington au «le Ph. Le Bas). 11 Ce poids est conservé nu Musée britannique; Corp. inscr. pr. pl. cxxxv; Mém. des Antiquaires de France, XVIII, p. 381; Aug. Bernard, Descript. du pays des Segusiaues, p. 12 et pl. n; A. de Longpérier, dans Revue gnas, Cours d'épigraphie latine (2° éd. 1890), p. 314; Mowat, loc. cit. p. 76. 15 Bceckh, Metrol. Untersuch. p. 181. 16 Les édiles avaient alors les poids et mesures dans leurs attributions. Cf. Pers. Sat. 1, 129; Juven. Sut. X, 190; R. Caguat, Cours d'épigr. lat. p. 314. V. l'article ounicas. 17 Voy. l'article conclus, p. 144; cf., Hase, dans les Abhandlungen de l'Acad. de Berlin, 1824; de poids antiques (Boulogne-sur-Mer, 1888); R. Cagne, loc. cit., et l'article CONmna. Egger, expert ou essayeur chargé de l'ajustage des étalons 1B. L'inscription gravée sur la face du célèbre ponderarium du même genre trouvé à Pornpei, en 1816, nous apprend que les duumvirs Aulus Clodius Flaccus et Numerius Arcaeus Arellianus Caledus ont procédé, en vertu d'un décret des décurions, à la vérification des mesures municipales et en ont fixé les étalons". Un autre ponderarium trouvé à Minturnes en 1841, nous informe de même que des duumvirs, sur une décision du sénat municipal, ont été chargés de la vérification des mesures et de la fabrication des étalons20. Citons enfin une inscription trouvée près de Rimini, et assignée par Borghesi au n° siècle de notre ère, qui raconte la confection d'un ponderarium payé sur les amendes et le produit des confiscations encourues par ceux qui avaient employé ou fabriqué de fausses mesures [PONnaRAHIUM]2S. On voit quelles précautions prenaient les anciens pour conserver intactl'étalon de leurs poids et mesures, qu'on plaçait sous la protection des dieux, la surveillance de vérificateurs spéciaux, et dont on garantissait l'inviolabilité par les lois les plus sévères. A Rome, la mensura Capitolina demeura dans le temple de Jupiter jusqu'à l'avènement de Constantin ; le premier empereur chrétien, ne pouvant laisser l'étalon des mesures sous la sauvegarde des dieux du paganisme, le confia à la garde du préfet du prétoire. Ce fut seulement Justinien qui rétablit l'usage de conserver les exagia dans les lieux saints. Il en fit placer le prototype dans la principale église de Constantinople, et il en envoya des copies au sénat de Rome 22. La Novelle cxxviii (chap. xv) prescrit qu'on doit garder des étalons dans une église de chaque cité : il y en avait en bronze et en pierre 23. A cette époque, les exagia sont nombreux et aisément reconnaissables ; ils s'échelonnent graduellement depuis la livre jusqu'à l'once, et ceux qui, dans cette graduation représentent le poids du sou d'or portent souvent inscrit le nom d'exagium solidi. On constate ainsi la relation étroite qui existe, à cette époque comme toujours, d'ailleurs, entre le système pondéral et le système monétaire, et il paraît évident que ce furent les réformes monétaires de la fin de l'empire romain qui nécessitèrent la création des nouveaux étalons pondéraux qui reçurent officiellement le nom d'exagia 2.. Le désarroi extraordinaire dans lequel se trouvait la monnaie de l'empire à l'avènement de Constantin, porta ce prince à réformer de fond en comble le système monétaire. On sait que ce fut lui qui créa le solidus aureus, dont il fixa la taille à 72 à la livre (4r2,55). Mais cette fixation légale n'eut pas pour effet de donner à tous les solidi aurei un poids absolument identique. Jamais, à aucune époque de l'histoire monétaire de Rome, on ne peut constater entre les pièces d'or la régularité pondérale que les modernes donnent aujourd'hui à leurs monnaies. Il y a toujours une variation assez sensible entre les différents exemplaires, si bien que M. Mommsen a pu écrire avec raison : « 11 y eut une telle discordance dans les poids (des pièces d'or) qu'il est impossible de retrouver le poids légal, ni même de fixer les limites approximatives des différentes espèces 26. » La fixation, par Constantin, de la taille de la nouvelle pièce d'or fut donc, comme le dit encore M. Mommsen, plutôt énonciative que dispositive 26 ; Constantin n'eut pour but que d'ordonner aux ateliers monétaires de fabriquer soixantedouze sols dans une livre d'or, sans se préoccuper de savoir si ces soixante-douze pièces auraient toutes exactement le même poids. L'inconvénient d'un pareil état de choses éclate au premier examen : les usuriers et les manieurs d'or devaient chercher à rogner les sous d'or qui dépassaient le poids légal et même ceux qui ne l'atteignaient pas. C'est ce qui arriva, et il en résulta pour le commerce l'usage nécessaire de la balance dans les moindres payements, personne ne voulant accepter la pièce d'or pour sa valeur nominale. De plus, les contribuables eurent une tendance à n'apporter aux percepteurs de l'impôt que des sous rognés, c'est-à-dire les moins pesants de tous ceux que renfermait leur bourse. Il en résultait, pour le trésor, un préjudice auquel Constantin lui-même voulut remédier en prescrivant aux agents du fisc l'usage de la balance, aussi bien pour l'or monnayé que pour les lingots apportés par les contribuables ; on lit, en effet, dans le rescrit à Eufrasius : « Aurum quod infertur a collatoribus, si quis vel solidos vel materiam appendere, aequâ lance et libramentis paribus suscipiatur 27. » Mais le remède parait avoir été insuffisant, car nous voyons Julien, en 363, établir, dans toutes les villes de l'empire, des zygos lattis, pour régler et surveiller le commerce des sous d'or (emptio venditioque solidorum) 26, et, en 367, Valentinien II était obligé de renouveler l'édit de Constantin qui fixait la taille du sou d'or à 72 à la livre n. Nous ajouterons que ce fut vraisemblablement dans cette circonstance que furent créés les exagia solidi, étalons officiels qui fixaient exactement le poids au-dessous duquel un sou d'or devait être refusé pour sa valeur nominale de un soixante-douzième de livre, et ne pouvait plus circuler que comme lingot. Le premier objet des exagia fut donc de régler le cours de la monnaie d'or et d'empêcher les usuriers de l'altérer en la rognant. Le second but des exagia fut de prévenir ou de réprimer l'altération des poids. C'est ce que dit formellement un édit de Théodose le Jeune et de Valentinien II : « De ponderibus quoque, ut fraus omnis amputetur, a nobis aguntur exagia, quae sub interminationo superius comprehensa sine fraude debet custodiri 30. » En effet, l'usage constant de la balance dans les payements rendait nécessaire l'existence de poids très exacts, officiellement étalonnés. Voici ce que dit un décret de Valentinien, Théodose et Arcadius : a Modios aeneos vel lapideos cum sextariis atque ponderibus per mansiones singulasque civitates jussimus collocari, ut unusquisque tributarius, sub oculis constitutis rerum omnium modis, sciat quid debeat susceptoribus dare 31. » La même préoccupation fiscale éclate, d'une manière plus explicite encore, dans un édit de Justinien que nous devons citer en entier, parce qu'il détermine et précise l'établissement des mesures étalons dans les églises de chaque cité : a Est autem qui publica tributa exigunt, justis ponderibus et mensuris uti praecepimus ut neque in hoc nostros tributarius laedant. Si auteur collatores putant gravari se, sive in mensuris sive in ponderibus, habeant licentiam specierum quidam mensuras et pondera a gloriosissimis praefectis, auri vero et argenti et reliquorum metallorum pondera a gloriosissimo per tempora comite sacrarum largitionum accipere : et has mensuras et pondera in sanctissima uniuscujusque civitatis ecclesia servari, ut secundum ea et gravamen collatorum, et fiscalium illatio, et militares et aliae expensae fiant 32. » Nous venons de voir que les exagia du sou d'or, conséquence nécessaire de la réforme de Constantin, ne furent cependant pas créés par lui, et qu'ils remontent seulement à 'Valentinien II 33. En effet, c'est à l'effigie de ce prince que sont frappés les plus anciens exagia solidi qui soient connus. Il y en a deux en bronze, au Cabinet des médailles ; ils ont la forme rectangulaire et présentent, sur l'une de leurs faces, les bustes affrontés de Gratien et de Valentinien II; au revers, l'un porte seulement deux cercles concentriques, l'autre a une couronne, au centre de laquelle sont les lettres DDNN (dominorum nostrorum) ; ils pèsent respectivement 4gr,21 et 4gr,093'`. On connaît le célèbre exagium du Cabinet des médailles au nom d'Honorius. Au droit, le buste impérial et la légende monétaire : D. N. IUONORIVS AVG. Au revers, l'inscription EXAGIV'M SoLIDI, avec la figure de l'Équité tenant une balance. Poids, 4st,203'. Il y a des exagia assez nombreux qui ont, au droit, les trois bustes d'Arcadius, Honorius et Théodose II ; les uns sont carrés comme ceux que nous avons cités jusqu'ici, les autres sont circulaires et ont tout à fait l'aspect de monnaies de bronze. Au revers est souvent figurée la figure de l'Équité sans légende, quelquefois avec la légende ExAGIUM sourit, ou même GLORIA ROMANORUM, comme un véritable solides aureus36. A titre d'exemple, nous donnons (fig. 2849) un curieux exagium de ces trois empereurs qui porte, au droit, autour des bustes impériaux : DDD NNN AAA VVV GGG (DOminorum nostrorum Augotstorum) ; et au revers, autour de la figure de l'Équité : ExAd. soin oiro inlustri Johanni comiti sacrarum largitionum). Bronze, 4err,78 n, On a reconnu dans ce personnage, comte des largesses sacrées, le comte Jean, qui, investi des plus hautes dignités sous Honorius, s'empara de la pourpre à la mort de ce dernier 33. Le poids de cet exagium est exceptionnellement élevé et dépasse le poids normal de 4g',55; tous les autres étalons du sou d'or que nous connaissons pèsent environ de 4gr,05 à 4gr,40, dans leur état actuel. L'écart entre ce poids réel et le poids légal du sou d'or constitue la tolérance officiellement reconnue pour que la pièce d'or conserve sa valeur nominale de un soixante-douzième de la livre; le poids des exagia solidi était fixé par une loi, et cette taxatio ayant varié suivant les époques et suivant le cours de l'or, c'est ainsi que nous nous expliquons les différences de poids des exagia, qui ont dû subir le contre-coup de ces fluctuations de bourse. Les exagia que nous venons de citer sont ceux du solidus aureus; mais il en existe pour toutes les autres divisions du système pondéral. En voici un d'une livre, établi sous Justinien en 532 ou 533: il est conservé au musée du Louvre (fig. 2850). L'inscription qu'on lit sur le flan se transcrit : Domino nostro Justiniano perpetuo Augusto, exagium factum sub vivo inlustri Phoca, praefecto praetorio, exconsule ac patricio senatore. Sur le plat supérieur, on lit A. A (AlTpv P6tx) et le monogramme du nom de Justinien. Les lettres sont incrustées en argent comme celles des légendes de la plupart des exagia. Poids 322x",5139. Le mot exagium ne se trouve pas toujours inscrit sur les poids étalons de l'époque byzantine, de sorte que nous éprouvons souvent, pour les distinguer des poids du commerce, les mêmes difficultés que pour la période grecque ou pour la période romaine, antérieure à Constantin. On ne saurait toutefois hésiter à reconnaître des étalons officiels dans certains poids particulièrement remarquables par leur décoration, témoin la livre suivante (fig. 2851) du Musée Britannique, ornée sur sa face principale de figures et de lettres incrustées en argent (poids, 323gr 75)40 On y lit A. A ()shl,,x N.la) ; les deux personnages figurés paraissent être saint Démétrius et saint Georges tuant le dragon, les deux saints protecteurs de l'empire byzantin. J. Sabatier a publié un autre exagium de trois onces (82 grammes) sur la face duquel sont incrustées, en argent, les figures assises de deux empereurs byzantins et la marque de valeur Fo (trois onces) ". Les poids byzantins du même genre, plus ou moins ornés d'incrustations d'argent, ne sont pas rares dans les collections publiques ; souvent ils portent la mention de leur valeur par rapport au solides On peut distinguer, au point de vue de la forme, deux séries d'étalons : ceux qui sont carrés, comme les précé dents, puis ceux qui ont la forme rhomboïdale, comme la livre de Justinien. Une livre du Cabinet des médailles, de cette dernière forme, porte en incrustation d'argent le nom PENNAMO ï ; un autre poids de deux onces, signalé par Schilbach, a pour inscription : + It ANNl3 S2; une once, au Musée du Louvre, et qui a aussi la même forme, porte BAKKOT. Enfin. il y avait encore les exagia monétiformes, spéciaux pour la taille des monnaies, et sur lesquels se trouvent des formules particulières. M. G. Schlumberger en a publié d'Andronic II (4282-1328) ; Fun d'eux, conservé au Cabinet des médailles, est en argent, aux effigies d'Andronic II et d'Andronic III ; au revers, « La monnaie frappée dans l'atelier impérial (sacré), décrie (d'elle-même) la fausse monnaie. » Poids 2g',10". Dans l'empire d'Occident, il y avait aussi des exagia analogues à ceux que nous venons de passer en revue pour l'empire d'Orient. Nous en citerons un en bronze, de forme carrée, qui pèse 53er,86 et porte l'inscription : II son XII (2 onces = 12 sous d'or) 4i. Il y en a qui ont seulement l'inscription son et pèsent le poids du solidus aureus ; le Cabinet des médailles en possède un, sur lequel on lit sep vi (six scripules) et pèse 68r,50. Wiczay a publié un exagium en bronze, de forme rectangulaire, sur l'une des faces duquel on lit, en trois lignes : sALVIS DD VALERI46. Un exagium en marbre, du poids d'une livre, trouvé à Rome au siècle dernier, a sur l'une de ses faces Les Barbares qui s'implantèrent sur le sol de l'empire romain, et qui cherchèrent à continuer les traditions impériales, firent fabriquer des exagia, comme ceux qui circulaient dans toute l'étendue de l'empire. Le Musée du Louvre possède un exagium, de forme carrée, au nom du roi des Ostrogoths, Théodoric. Sur l'un des plats, se trouve incrusté, en lettres d'argent, le chiffre III (= 3 onces) dans une couronne ; sur l'autre face, on lit en lettres également incrustées d'argent: D-N 1 THEOD 1 ERICI, Enfin, sur consularis et inluster, praefectus Urbis)4'. Le Cabinet des médailles possède un exagium au nom de Ricimer, ce chef suève qui disposa à son gré de la pourpre romaine de 459 à 472; sur un autre exemplaire, au Musée de PR. FECIT `R. Nous devons enfin citer, pour terminer, un certain nombre de poids, pareils pour la forme aux précédents, et qui paraissent a' ôir aussi été des exagia; mais ils ne portent que des monogrammes ou des noms propres, généralement sans mention de la fonction. Un poids du Musée du Louvre a, d'un côté, deux monogrammes, et de l'autre, CATHA I RIVS I PROC. ; un autre, publié par J. Sabatier, porte simplement le nom : MARI 1 Nvs 49. Nous ne pousserons pas plus loin cette énumération, bien suffisante pour faire apprécier le caractère et le rôle des exagia so Une question nous reste encore à examiner : de qui relevait l'administration des poids et mesures et l'établissement des exagia, vers la fin de l'empire romain? Tous les historiens répondent : du comte des largesses sacrées °1. En effet, nous avons cité plus haut un exagium aux noms d'Honorius, Arcadius et Théodose H, exécuté sous les ordres de Jean, tomes sacrarum largitionum. Et, cependant, le poids qui porte le nom de Julius Nepos contient la mention : Audax, vir consularis, praefectus Urbis, fecit. C'est un autre préfet de Rome, Catulinus, dont le nom se lit sur l'exagium de Théodoric ; nous pouvons encore citer deux poids de six livres romaines, en marbre, au Musée britannique, avec le nom de Q. Junius Rusticus, praefectus Urbis 52. Le préfet de Rome, qui avait autorité sur les changeurs', avait aussi la vérification des poids et mesures, car Ammien Marcellin dit de l'un d'eux : « Praetextatus praefectus Urbis pondera per regiones institua universas, cum aviditati multorum trutinas componentium occurri nequiret'''. » On pourrait donc croire que la surveillance des poids et mesures était confiée, tantôt au comte des largesses sacrées, tantôt au préfet de la ville ; ou plutôt, il semble que dans les temps réguliers, les exagia de la monnaie aient été sous le contrôle du comte des largesses, tandis que les exagia des autres mesures et des poids du commerce fussent dans les attributions du préfet de la ville. Mais voici un cas plus embarrassant : c'est l'exagium de Justinien, qui porte : e.tagium fec/um sui) taro iiil cstri Piioca praefecto prnetorio, etc. ; le préfet du prétoire signe donc aussi les exagin f Sur d'autres, enfin, nous trouvons inscrits les noms de, proconsuls''. Il nnble que nous ayons comme nit écho des convulsior:comiques qui agitèrent la fin de L'empira, romain. 1 délégué impérial chargé de surveiller les manieurs d'or, de contrôler les poids et mesures, de fixer les étalons pondéraux et monétaires, de régler la ta,xatie ou le cours de l'or sur le marché public, change suit ant les circonstances politiques et éconornignes; les lois qui règlent ces ratières délicates, se multiplient et restent à peu près sans effet: l'immixtion des Barbares dans les flaires de l'empire n'es' pas Laite pour contribuer à aclaircir les questions si o1 cures qui touchent aux poils et mesures et à la 'd des ttnprts dans le dernier siècle de l'empire .. dl dei 1, nt. E. I Asrnosv. EXt OIES IMEE.. --Le droit attique avait fnrtifié par plusieurs annelions pénales la prohibition des mariages entre Athéniens et étrangers. On a voulu ranger au nombre de cos sanctions une prétendue action liatic»t,ïIc "laser„ qui aurait trouvé son application dans des cas où un citoÿen d'Athènes, agissant en sa qualité de xucteç, avariait o vendait » une Athénienne à un étranger à claarg rr1lion. Cette théorie se fonde exclusive nient sur i f .iesdeDemosthène. L'un d'eux' critique a point t ae irai un pareil marché, sans mentionner qu'il Rd punissable. L'autre' parle bien d'un paiit à l'occasion d'une transaction de ce genre, m. is dito quels étaient l'objet t la natale du procès il est très possible qne le plaignant (le frère du xsasoç) réclame simplement sa part du primo stipulé. Dans ces conditions, il convient, jusqu'à nouvel ordre, de rayer 1'i a'1ts ,iç 1G'1 de la liste des actions athéniennes. Tu. Rosi am. EXAIIIÉSÉOS DIRE [APIIAIRESIS]. E.XALEJP'I`RON 'L n)Es tTpnv -L'aie: mofogie _ÿ amGû,, oindre indique un vase à parfums. On le trouve, effet, mentionné par Pollux au chapitre des tsnguenas ',, ' alabast.:e, le lécythe, etc.' Il avait place sur ,1 d" banquets parnsi les -,blets de toilette' et Mil Rille tin mede'tri ll figure parmi les ex--voto dans un temple " Il poissait être lie métal, en t eu en or'. Polluas t F cïc rus l'assimilent pour are t la 'ii ans , tandis que Suidas le compare a [XAMINEtTOR PER I ALIAM. -l'e rer,inratot' per Palatin n'est con ru quo depuis 1850, pian Finseriptinn contenant le pa'stis rhonotr^ttt (le C. C, rurnirtus, tt ou ,'t à Rome dans les fom d llce ' dupat i'itippani aujourd'hui au musée de gain' -Jean de'l atrau2. C. Caelius Saturninus n'appartenait pas 1 l' tdre séna torial, mais il exerça les fonctions les plus élevées de l'ordre équestre, Quand il devint eraarninalor per Italiam, il venait d'ètrepréfet de 1'annone, et la préfecture dupréLoire fut le couronnement de sa carrière. Il est évident qu'une fonction confiée à un préfet de I'annone devait avoir une certaine importance. Mais quelle en était exactement la nature? Il est bien difficile, sinon impossible, de le déterminer. Nous exposerons rapidement les opinions émises par les savants qui ont étudié le cursus honorant de C. Caelius Saturninus. Borghesi ", le P. Garrucci ", M. Mommsen', M. Cuq ° se sont occupés de ce texte. Borghesi pense que ce fonctionnaire peut avoir quelque analogie avec l'inquisitor Galliarum, agent financier de l'assemblée des trois Gaules et du culte provincial de Rome et d'Auguste. Ponr le 1'. Garruci, ce rapprochement n'est pas admissible; l'examinator devait être a un magistrat envoyé extraordinairement pour arranger le procès intéressant le fisc en Italie ». M. Mommsen n'admet pas davantage une analogie entre l'examincitor et l'inquisitor : à son avis, la fonction exercée par C. Caelius Saturninus doit plutôt être comparée à celle de l'e,xaclor auri argenti provinciarumtrium; per Italiam aurait été un personnage important, chargé par l'empereur d'une mission extraordinaire concernant les impôts, sans doute de la vérification du métal donné en payement par les contribuables. Que l'exanoinator ne puisse être comparé à l'inquisiior, c'est un fait qui semble certain et M. Mommsen en donne la raison en deux mots : l'examinator exerçait une fonction publique ; l'inquisiter, une fonction purement provinciale. M Cuq en fait une plus longue démonstration en étudiant, l'une après l'autre, toutes les inscriptions oit il est fait mention de l'inquisitor Galliarttm'. Mais, d'accord avec M. Mommsen pour réfuter Borghesi, M. Cuq s'en sépare lorsqu'il s'agit de déterminer les fonctions de l'examinator per Italiam. Il repousse le rapprochement de cette fonction avec celle de l'exactor ((uniargenti provinciarum tt'ium. La charge de vérificateur des monnaies n'est-elle pas en effet beaucoup trop modeste pour an personnage qui avait été comme C. Caelius Saturninus, vicarius e con,-''i, st ais, magister censuum, pr'aefectus annonce? L' atm" serait, selon M. Cuq, un inspecteur des finances, un fonctionnaire de l'ordre administratif et judiciaire à la fois, chargé d'une façon permanente de faire rentrer les rcligica de l'impôt', un fonctionnaire, en un mot, ressemblant fort au (lisciissor, dont il ne fut ailleurs que le précurseur°. A quelle époque appartient l'inscription de Saturninus? Borghesi démontre qu'elle fut gravée sous le règne de Constantin, entre les années 311 et 32,3 "0. M. Cuq a pensé trouver, dans un rescrit du 2 décembre 295 ", la preuve que cette fonction existait déjà sous les empereurs Dioclétien et Maximien. On pourrait contester EXA 879 -EXC l'interprétation que M. Cuq donne de ce texte t`, mais il n'en reste pas moins probable que cette fonction remonte en effet à Dioclétien dont Constantin ne fit que développer les institutions. En résumé, deux faits seulement semblent établis et admis par tous les auteurs : I° L'e.xaminator per Italiana existait sous Constantin et probablement dès le règne de Dioclétien. 2° Ses fonctions avaient trait au recouvrement de l'impôt. Nous n'essaierons pas de préciser davantage et de choisir entre les différentes théories analysées plus haut : dans l'état actuel de la science sur cette question, on ne peut que proposer des hypothèses plus ou moins spécieuses. H. 'fnïi LNAT.