Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EXAUCTORATIO

EXAUCTORATJO. Par ce mot, les Romains désignaient l'acte par lequel le chef d'armée renvoyait un soldat dans ses foyers. Mais comme un tel renvoi pouvait affecter deux caractères différents, le mot pouvait avoir deux sens. Il signifie souvent, dans les auteurs, la cessation du service par suite de l'accomplissement du temps légal ou de la suppression d'un corps expéditionnaire, après la victoire remportée ; c'est ainsi qu'il est pris, par exemple, dans certains passages de T ite-Livie' et de Suétone 2. D'autres fois il caractérise un licenciement infligé comme punitions; c'est même le sens qu'il finit par avoir dans le langage militaire de l'empire. Il faut pourtant se garder de le confondre avec le mot missio ; ce dernier est plus vague; le terme exauctoraiio, au contraire, est tout à fait précis : il indique l'opération par laquelle on dépouillait un soldat de ses insignes militaires, par conséquent celle qui en faisait véritablement un civil'. En pareil cas, le condamné déposait immédiatement ses armes et quittait le pays. Lampride raconte que telle fut la punition infligée par Sévère Alexandre à des légionnaires mutinés : a Quirites, leur dit-il, déposez vos armes et retirez-vous. Ils déposèrent donc leurs armes, ils déposèrent même leur manteau et chacun se rendit, non pas au camp, mais dans différentes auberges. Ceux qui accompagnaient l'empereur recueillirent les enseignes pour les rapporter au campement ; le peuple ramassa les armes et les porta au palais du prince 5 o Ailleurs, nous voyons César chasser d'Afrique, le jour même de leur condamnation, deux tribuns et un centurion e Cette punition pouvait s'appliquer soit à des soldats isolés, soit à. des corps entiers. Dans ce dernier cas le nord du corps était effacé des rôles de l'armée. C'est ce qui arriva pour la légion III" Gallica, qui s'était soulevée contre Elagabal et avait soutenu les ambitions de son légat' ; pour la III" Augusta, qui avait suivi le parti de Capellien 3 et pour d'autres encore ; elles furent licenciées et le nom de la légion fut martelé sur les monuments qui en faisaient mention. Mais les soldats de ces corps licenciés n'étaient pas, pour cela, renvoyés dans leurs foyers; on les versait, du moins en partie, dans d'autres troupes de fidélité éprouvée ou campée: .! Ails des pays où le service était pénible 10. Il n'y avait luctoi'atiO que pour le corps, les soldats riaient simple it dégradés et transplantés : les empereurs conciliaient par là les nécessités de la discipline et les besoins du recrutement. R. C:ccxAv.