Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article EXTRAORDINARII

EXTRAORDINARII

EXTRAORDINARII. Les extraordinarii constituaient, dans les armées de la république, un corps particulier composé de soldats d'élite empruntés aux légions d'alliés ; leur nom venait de ce qu'ils marchaient, opéraient et campaient à part, tout à fait en dehors de la troupe à laquelle ils appartenaient (extra ordinemt). Il en est question pour la première fois d'une façon certaine dans Tite-Live à propos de la bataille que Marcellus livra à Hannibal en 209 avant Jésus-Christ ; mais il ne paraît pas douteux que l'institution remonte beaucoup plus haut. M. Frélich 3, auquel on doit une étude minutieuse de cette question, estime que les extraordinarii durent être établis à une date voisine de 340, alors que, à la suite de la guerre Latine, on égalisa les droits des Latins et ceux des Romains. Mais les preuves manquent. Polybe nous apprend comment ce corps était levé 4 Les préfets, dit-il, commencent par désigner au consul, parmi tous les alliés, les fantassins et les cavaliers les plus propres à rendre de bons services. On les nomme,en latin, extraordinarii, dans notre langue, E7clasxT0t [EPILEKTOI]. Le nombre des alliés est presque toujours égal pour l'infanterie à celui des Romains, mais triple pour la cavalerie. On prend parmi eux le tiers de la cavalerie et le cinquième de l'infanterie d'élite. » Le nombre des extraordinarii dépend donc pour nous de celui des alliés et celui-ci du nombre des Romains. De là, des calculs différents suivant les auteurs. M. Mommsen admet pour les fantassins extraordinaires le chiffre de 2000' ; Marquardt celui de 1600', Nissen celui de 2400'. M. Frélich estime que ces chiffres sont trop faibles ; un relevé exact des différents passages d'auteurs, où la force des armées, romaines à l'époque républicaine est mentionnée 8, et une phrase de Plutarque 9 lui permettent d'avancer que l'infanterie des extraordinarii montait à 3000 hommes. Pour la cavalerie, les données de Polybe mènent au nombre 600, qui est adopté d'habitude par les auteurs modernes. Mais il ne faut pas oublier que ces chiffres ne sont qu'approximatifs et que le nombre des extraordinarii devait varier en plus ou en moins, suivant les circonstances particulières. Les fantassins « extraordinaires » étaient divisés en cohortes 10 ; le nombre de quatre cohortes pour une armée consulaire est donné par Tite-Live 11 et on n'a aucune raison pour ne pas le regarder comme le chiffre normal t2. La cavalerie formait deux groupes répartis 119 EXT 946 EXT entre les deux ailes de l'armée f3 ; chacun d'eux était divisé à son tour en cinq turmes de soixante chevaux chacune, suivant l'organisation adoptée par la cavalerie à cette époque [EQUITES]. Les extraordinarii étaient employés à toutes les besognes réservées d'habitude aux troupes d'élite ; on leur confiait les reconnaissances"; on choisissàit parmi eux les hommes chargés d'escorter les généraux ou les officiers supérieurs 16 ; dans le camp, leur mission était surtout de protéger le quartier général i6. Quand l'armée se mettait en marche, ils figuraient à l'avant-garde pour être les premiers à recevoir le choc de l'ennemi ; si, au contraire, le danger devait venir de derrière, ils se portaient à l'arrière-garde ". Les différentes fonctions aux quelles étaient destinés les fantassins et les cavaliers extraordinaires expliquent pourquoi ils avaient une place réservée dans le camp, auprès de la tente de général [CASTRA] : destinés à éclairer la marche, à faire le service des troupes légères, d'escorte, de patrouille, de conduite des convois, etc., il fallait qu'ils fussent toujours sous la main du commandant en chef, prêts à marcher au premier signal qu'il pourrait donner. Il est probable qu'en échange de ces services spéciaux on allouait aux extraordinarii une solde plus élevée qu'aux autres alliés et qu'on les exemptait des corvées journalières; mais on n'a, de ce fait, aucune preuve certaine; tout ce qu'on peut avancer à ce sujet est le résultat de conjectures 1A. R. CAGNAT.