Entrées proches
FAUTOR. On entendait par fautor flagitii ou nequitiae une sorte de complice par assistance, qui, sans pousser directement au délit comme le suasor ou AUCTOR, engage indirectement à le commettre, en fournissant à l'agent des moyens d'échapper à la peine, ou de profiter de l'infraction. Du reste, les actes du fautor se rattachent au délit, soit qu'ils le précèdent ou le suivent; en effet préparer un asile, un lieu de recel, ou faciliter la vente des objets volés, sont des faits qui, par leur ensemble, ou l'habitude chez leur auteur de les commettre, peuvent d'avance faciliter l'infraction et inviter à l'accomplir 2. Souvent la loi romaine appliquait au fauteur la même peine qu'au délinquant. Ainsi l'action pénale privée appelée actio furti, était donnée contre celui qui cachait le voleur'.
Le recéleur de brigands, latrones, était soumis à la même peine que ceux-ci4. De même, une constitution d'Ilonorius, Théodose et Arcadius, de l'an 415, prononça la peine capitale non seulement contre les magistrats qui, dans le cours de leur administration, auraient soustrait des deniers publics, mais encore contre ceux qui leur auraient prêté pour cela leur ministère, ou qui auraient recélé sciemment les sommes détournées 6. Quelquefois cependant les recéleurs étaient punis moins rigoureusement, ainsi dans le cas d'ABIGEATUS 6, Ulpien n'accordait pas l'action de vol, FURTUM, contre celui qui avait celé anillam meretricem libidinis causa ; il repoussait même l'application de la loi Fabia de plagio'. Paul au contraire punissait le recéleur comme un voleur 6. G. HUMBERT.
FAVISSAE (Or;aaupo(?)1. Si l'étymologie 2 du mot fa
vissae est restée obscure, le sens au moins en est précisé par des textes d'auteurs.
C'était, dit Aulu-Gelle, d'après Varron (il parle des favissae Capitolinae) des espèces de caves ou de fosses souterraines creusées sous le sol attenant au temple, où l'on déposait les images des dieux que la vétusté avait abattues et divers objets sacrés provenant des offrandes'.
On appelait favissae, dit Festus, des lieux où l'on conservait l'eau près des temples. Il en est, ajoute le même auteur, qui croient qu'il existe au Capitole des favissae semblables à des caveaux et à des citernes où l'on déposait les objets qu'un long usage dans le temple avait mis hors de service8.
Il semblerait, d'après le texte de Festus, que le nom favissae appartint d'abord à des citernes destinées à contenir les réserves d'eau nécessaires pour le service du temple; puis que, par extension, il fut étendu à des souterrains, souvent de même forme, où l'on déposait, pour en débarrasser le temple, les objets sacrés devenus encombrants ou hors d'usage.
Indépendamment des considérations philologiques, le mot favissae paraît très ancien. Les auteurs qui le mentionnent en recherchent non seulement l'étymologie, mais le sens, ce qui prouve que, de leur temps, il n'est plus en usage. Servius Sulpicius ayant rencontré, dans les livres censoriaux, l'expression favissae Capitolinae ne la comprend pas, et, pour en avoir l'explication, s'adresse au plus célèbre grammairien contemporain, à Varron
Et si le mot était déjà relégué dans la terminologie archéologique, il ne paraît pas que la chose même qu'il désigne ait été plus connue par les écrivains qui en parlent. Ils ne le font, en effet, qu'avec des formules dubitatives, alléguant des autorités étrangères; en outre, il n'est question, dans leurs textes, que des favissae Capitolinae; ils semblent ignorer qu'il en existe d'autres.
Les favissae eurent comme première origine une idée religieuse. Au temps où les croyances étaient profondes, on comprend qu'on ait été fidèle à la loi de ne pas livrer à des usages profanes les objets consacrés. Plus tard, avec l'affaiblissement des sentiments religieux, on fut moins scrupuleux; les temples eurent bien des lieux sôtrs, le plus souvent souterrains, où l'on conservait l'argent, les objets précieux et sans doute aussi certaines choses hors d'usage qu'on avait intérêt à ne pas détruire. Mais c'étaient des dépôts, des trésors et non pas, comme les favissae des temps antiques, des lieux où l'on cachait, uniquement pour les soustraire à un usage profane et sacrilège, des objets autrefois consacrés aux dieux ou à leur culte.
Si les favissae, dans le sens strict du mot, semblent avoir cessé de bonne heure d'être en usage, elles remontent, par contre, à une très haute antiquité. Nous le démontrerons en signalant quelques favissae connues soit par des textes d'auteurs, soit par des découvertes archéologiques. Toutes remontent à une haute antiquité,
C'était un usage chez les Grecs de débarrasser les sanctuaires, au bout d'un certain temps, des ex-voto sans valeur qui l'encombraient [Voy. noNARIUM, p. 300], en particulier des terres cuites de tout genre que les pèlerins apportaient et qui s'amoncelaient dans le téménos. D'autre part, on ne voulait pas, en rejetant purement et simplement ces offrandes, qu'elles pussent rentrer dans la circulation et être utilisées de nouveau pour la vente. Tout objet devenu la propriété du dieu était sacer et,
FAV '1025 FAX
comme tel, à jamais exclu du monde profane. On creusait donc une fosse dans un coin du téménos ou à peu de distance du temple et l'on enfouissait pieusement ces humbles présents, après les avoir préalablement brisés et mis hors d'usage, afin d'ôter toute envie aux spéculateurs de venir les rechercher. Des dépôts de ce genre ont été fréquemment constatés dans les pays grecs : ils appartiennent à des régions et à des époques très diverses ce qui prouve que ce rituel a été pratiqué fort longtemps par tous les peuples de race hellénique.
Ce sont bien des favissae qu'Ovide décrit dans les vers suivants qui méritent d'être cités ici. La scène se passe aux temps mythologiques :
Luminis exigui fuerat prope templa recessus Speluncae similis, nativo pumice tectus, Religione sacer tprisca; quo multa sacerdos Lignea contulerat veterum simulacra deorum2.
Les textes d'Aulu-Gelle et de Festus cités au commencement de cet article font mention des favissae Capitolinae qui s'étendaient sous le temple de Jupiter et sous son area. Ces souterrains mirent obstacle au projet de Q. Catulus qui aurait voulu donner à la base du monument, plus d'élévation en augmentant le nombre des degrés Ils datent sans doute de la première origine du temple et, comme lui, sont étrusques. L'expression favissae Capitolinae s'est conservée à Rome, par tradition, et il est probable que, sans cette tradition, le mot favissae, rapidement tombé en désuétude, ne serait pas parvenu jusqu'à nous4.
Festus dit que les favissae Capitolinae sont cellis cisternis quesimiles; ces mots peuvent nous donner l'idée de deux types de favissae : les unes semblables à des cellae; c'est bien la forme qu'affectent celles du temple de Curium si le plan qu'en a donné M. de Cesnola est exact. D'autres, ressemblant à des citernes ; à ce type appartiennent celles qui furent découvertes au commencement de ce siècle, à Fie
sole, sous l'église San Alessandro, élevée sur les ruines d'un monument très antique. Elles se composaientde trois puits voisins les uns des autres. Les objets qui en furent re
tirés rendent fort probable la conjecture de G. del Rosso, que c'était les favissae du temple «fig. 2900).
Enfin, à une époque beaucoup plus récente, M. Guardabassi mit au jour, près d'Ancarano di Porcia, sous les ruines et le terrain voisin d'un temple qui semble avoir
été détruit au milieu du v° siècle de Rome, des favissae d'un tout autre genre que les précédentes. C'est un labyrinthe, un dédale de caveaux ajoutés les uns aux autres, sans suite et sans ordre apparent. M. Fiorelli en
a publié une excellente description et un dessin que nous reproduisons (fig. 2901) 6.
Il paraît probable que, sous beaucoup d'anciens temples ou à côté, il existait des favissae; certains dépôts de statuettes religieuses briséescertains puits antiques que l'on a fouillés, étalent peut-être les favissae de quelque temple voisin ; il est probable que si les archéologues dirigeaient leurs recherches dans ce sens, de riches et nombreuses découvertes récompenseraient leurs efforts.