FERCULUM (pour fericulum). 1. Les Romains appelaient ferculum tout ce qui servait à porter les dépouilles des ennemis vaincus que l'on exhibait dans la pompe triomphale. C'était proprement, à l'origine, l'armature du trophée, si l'on en croit les renseignements donnés par Tite-Live et Plutarque sur le triomphe de Romulus après la défaite d'Acron, roi des Sabins. Tite-Live dit que Romulus fit suspendre l'armure des vaincus à un ferculum fabriqué exprès 1. Plutarque nous apprend que ce ferculum n'était autre chose que le tronc d'un chêne très élevé qui se trouvait dans l'enceinte de son camp, et qu'il transforma en trophée 2. C'est un ferculum primitif de ce genre qui est re
présenté sur une médaille de la gens Claudia 3. Il consiste dans une lance autour de laquelle sont disposées les dépouilles, et
que le héros porte de la main droite (fig. 2948). Nous reconnaissons aussi un ferculum à la main droite d'un triomphateur représenté dans une peinture de Pompéi
Ce ferculum élémentaire, hampe de lance ou simple croix de bois 5 dans beaucoup de monuments où des trophées sont figurés [TROPAEUM], devint insuffisant lorsqu'on se mit à porter dans les pompes triomphales, avec les dépouilles entassées des vaincus, les images des villes
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et des contrées conquises, quelquefois les chefs captifs eux-mêmes [TRlunelIus]. Les supports sur lesquels on les faisait figurer dans le cortège sont appelés par les auteurs fercula 1, et nous pouvons nous en faire une idée assez exacte par les monuments qui représentent la cérémonie du triomphe, par exemple les bas-reliefs de l'arc de Titus, où l'on voit ainsi promenée une effigie du Jour
dain personnifié (fig. 2949) sous les traits d'un vieillard couché, le bras appuyé sur une urne 2, et les instruments du culte enlevés au temple de Jérusalem 3; ou encore par ceux où l'on a figuré la pompe des ludi circenses, qui était imitée de celle du triomphe. Ce sont des civières ou brancards portés à bras, et le plus ordinairement sur les épaules au moyen de barres. On en a déjà donné un exemple à l'article concus (p. 1193,. fig. 1525) ; en voici un autre (fig. 2950) tiré d'un bas-relief en terre cuite du musée du Louvre 4. Des processions où l'on faisait paraître sur
des fercula des
statues de divinités ou d'autres images
symboliques faisaient d'ailleurs partie des
cérémonies de
divers cultes'.
Dans une peinture de Pompéi, aujourd'hui détruite, mais dont le dessin a été conservé, on voit dans un cortège, qui défile devant le temple de Vénus, figurer un petit temple et un arbre autour duquel s'enroule un serpent 6, chacun posé sur un ferculum (fig. 2951); le premier consiste en un plateau carré appuyé sur les épaules de quatre
hommes, le second est une table à quatre pieds portée à l'aide de deux barres. Dans une autre peinture de Pom
péi', quatre hommes, qui :-~ n
paraissent être , des me`~
nuisiers célébrant une fête de leur corporation, portent sur un ferculum une sorte d'édicule dans laquelle sont placées des images de dieux ou de héros leurs patrons.
Il. On appelait aussi ferculum un grand plateau sur lequel étaient disposés les plats qui formaient, dans un repas, ce que nous appellerions un service ou une entrée, et par suite, le mot a signifié l'ensemble de ce service ou missus. C'est dans ce sens qu'on le trouve surtout employé par les écrivains parlant de l'abondance des festins romains'. Quand Caton oppose à ce tte profusion l'antique simplicité et dit qu'autrefois, au temps où il n'y avait pas d'autre salle à manger que l'atrium, le plus important repas [1PtJLA] ne comprenait pas plus de deux fercula°, il entend sans doute les plats mêmes, le contenu de chacun suffisant à un service i0. Mais le luxe de la table croissant, il y eut des repas de sept services et davantage 11. On faisait honneur à Auguste de ce qu'il se contentait de trois, ou de six dans des occasions exceptionnelles S2. Chaque service se composant d'un grand nombre de plats, on comprend que les plateaux sur lesquels ils étaient rangés d'avance avec art 13 aient été assimilés aux fercula des cérémonies publiques : ils étaient introduits avec la même pompe (more pompae)14, et il ne fallait pas moins d'effort pour les porter, quand ils étaient chargés de grosses pièces ou de plusieurs plateaux s'étageant sur le meuble plus grand appelé REPO