Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

FORNACALIA

FORNACALIA. Fête des fours ou de la déesse FORNAX préposée à leur garde, une des fêtes les plus anciennes de Rome, à la fois privée et publique, associant l'idée du foyer, centre de la vie domestique, au souvenir des temps où l'épeautre (far) constituait le principal aliment du peuple romain. Avant l'introduction des boulangers de profession [P1sTOR], qui est de l'an 178 av. J.-C., chaque maison possédait son pistrinum où était installé le four'. C'est là quo l'on procédait à la dessiccation du grain par la chaleur, opération délicate qui préparait le broyage et qui pouvait aisément manquer son but. Les Romains, pour cette raison, y préposèrent-ils une divinité spéciale, Fornax, qui aurait tiré son nom du four? Le fait est affirmé par Ovide, et Lactance, plus tard, plaisante fort cette déesse qui n'est pas plus étrange que beaucoup d'autres personnalités du catalogue des Indigitamen#a2. Il est possible toutefois, comme Hartung l'a supposé, que Fornax fût une invention des antiquaires et que les Fornacalia s'adressassent primitivement à Volcanus ou à Vesta. Ovide lui-même constate les rapports du culte de Vesta avec la fabrication du pain'. Dans la famille même, la fête consistait en un sacrifice devant le four, sacrifice suivi d'un repas où la farine fournissait le principal élément'. Au dehors elle avait pour objet la purification des champs, en vue de la récolte nouvelle, et la consécration de leurs limites respectives'. Puis les trente curies se réunissaient au forum', chacune sur un emplacement spécial qu'une affiche rendait reconnaissable ; les Curiales, sous la présidence du Curio maximes, y procédaient à un sacrifice commun'. Cette fête des Curies n'était pas à date fixe, mais elle avait toujours sa conclusion le jour des Quirinalia, c'est-àdire le 17 février'. Ce jour-là, ceux qui, pour une cause ou pour une autre, avaient manqué aux Fornacalia dans leurs curies, s'acquittaient par une cérémonie spéciale. On appelait cette fête celle des fous ou des sots (stultorum feria'). Ovide et après lui Plutarque interprètent cette expression par l'ignorance ou l'imprévoyance des retardataires', tandis que Varron et Verrius Flaccus restent muets sur ce point". Il est possible que les Feriae stultorum aient été ainsi dénommées à raison de certaines distractions grotesques, analogues à celles de la fête des Fous au moyen âge et de notre carnaval moderne, qui tombe à la même époque ". Quoi qu'il en soit, des plébéiens seuls participaient à ce dernier acte des Fornacalia, les patriciens étant, par rapport aux curies, dans une situation nettement définie. Lange suppose, avec quelque apparence de raison, qu'aux Feriae stultorum figuraient les membres de la plèbe qui, n'étant ni curiales ni encore moins quirites, devaient néanmoins avoir leur place dans une fête d'un caractère universel12. Quant au sens de la fête, on n'y saurait voir avec Preller une manifestation de reconnaissance pour le bienfait de la moisson depuis longtemps mise en grange '3, mais bien un prélude aux semailles printanières, les Romains primitifs faisant commencer le printemps à la date du '7 février11. Par son caractère public qui résulte de la participation des Curies et du Curio maximus, les Fornacalia forment FOR 1255 FOR un pendant aux FORDICIBIA qui les suivent à deux mois d'intervalle et dont on rapportait également l'institution au roi Numa. Celles-ci ayant pour objet de procurer des moissons abondantes, celles-là devaient surtout consacrer les procédés primitifs pour les faire servir à l'alimentation et placer le droit de propriété, tant individuelle que collective, sous la protection des dieux ; farris torrendi feriae et aeque religiosae terminis agrorum'. J. A. HILO.