Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article FORNAX

FORNAX. Ce mot, qui est, dans presque tous les sens, synonyme du mot c niNus', semble cependant désigner plus souvent les fours industriels : hauts fourneaux pour la métallurgie, fours de potiers, fours à chaux. 1. Hauts fourneaux pour la métallurgie [FERRUM, III] 2. II. Fours de potiers. Les plus anciens fours de potiers sont connus par des vases grecs, ou des plaques peintes trouvées à Peudé-Skoupia, à deux kilomètres, sud-ouest de l'Acrocorinthe 3. Le musée du Louvre en possède deux 4. Nous ne connaissons guère les fours grecs que par ces dessins; les textes d'auteurs font défaut et les fours antiques dont on a pu étudier les restes sont romains. Le dessin d'un four à poteries grec a déjà été donné à l'article FIGLINUM (fig. 3034) d'après un vase du Musée de Munich. Nous reproduisons ici une des deux plaques de Corinthe du Musée du Louvre5 (fig. 3200). Le four se compose d'un foyer placé en avant du four. Une petite porte, placée au centre du four et ouvrant sur le labora toire permet au potier de surveiller la cuisson. La fumée et la flamme s'échappent par la partie supérieure. Le potier enfonce son ringard dans le foyer pour faire tomber les cendres et activer la combustion 6. Sur l'autre plaque le potier tient son ringard levé. Tandis que ces deux dessins nous donnent l'aspect extérieur du four grec, une autre plaque corinthienne, conservée au Musée de Berlin, nous montre l'intérieur du laboratoire couvert des poteries qui y subissent l'opération de la cuisson [FIGLINUM, fig. 3038]. Brongniart a décrit des fours à poterie romains, trouvés à Ieiligenberg près Strasbourg Nous les étudierons d'après lui. Les fours des potiers romains étaient construits en briques crues et cuites, souvent couvertes d'un enduit argileux et de masses d'argile pétrie ; les plus complets se composaient d'un foyer [PRAEFURNIUM], de tuyaux destinés à conduire la chaleur au labo ratoire et d'un laboratoire ou chambre chauffée dans laquelle étaient déposées les pièces destinées à la cuisson. Malheureusement, dans tous les fours qu'on a pu explorer, la voûte du laboratoire était complètement détruite, et, avec elle, la cheminée ou trou de dégagement de la fumée et des gaz produits par la combustion. Dans les fours de Heiligenberg, le foyer est un canal long, voûté en ogive, dont la bouche est à environ 2m,50 de l'espace où se rassemblaient la flamme et la chaleur au-dessous du laboratoire. Le laboratoire était séparé du foyer par un épais massif de maçonnerie, formant voûter Ce massif était traversé par de nombreux tuyaux en terre cuite, partant de la partie supérieure du foyer 8 (fg. 3201) ; les uns plus petits étaient à la circonférence; les autres, plus gros, au nombre de douze à quinze , allaient s'ouvrir dans le plancher du laboratoire pour répandre la chaleur autour des pièces qu'on y avait déposées pour la cuisson. On voit, sur le laboratoire que nous reproduisons ici (fig. 3202), les trous par lesquels arrivait la chaleur9. On pouvait régler la chaleur envoyée au laboratoire, ou la modérer en fermant les tuyaux conducteurs avec des tampons cylindriques en terre cuite 19. D'autres tuyaux, distribués dans toute la circonférence du laboratoire, y maintenaient une chaleur égale (v. la fig. 3202). Il est probable que ceux des tuyaux qui, comme on le voit dans la figure 3201, étaient en communication directe avec le foyer, servaient de passage à la fumée et établissaient le tirage. Nous reproduisons le dessin d'un autre four à poteries très bien conservé, découvert à Field-Castor(Northamptonshire) en Angleterre (fig. 3203). Il est complet, sauf la voûte du laboratoire" On a trouvé, à Pouzzoles, une lampe qui a fait partie de la collection Durand. On y a figuré un potier gro FOR 4256 FOR tesque près de son four, représenté très sommairement. Il se prépare à mettre au four un pot qu'il façonne encore avec les mains; à ses pieds sont les instruments de son métier, Ce petit monument est le seul document qui nous donne une idée du mode de construc tion appliqué aux che~, minées des fours romains (fig. 3204) '. Si l'on compare ces fours avec celui qui est représenté sur la plaque de Corinthe dessinée plus haut (fig. 3200), on verra que la forme ne s'était pas beaucoup modifiée pendant le cours des siècles. Les fours décrits cidessus étaient assez com pliqués. Il existait cependant des fours plus simples, sans tuyaux, dont la plaque du laboratoire était directement chauffée par le foyer. Brongniart décrit, d'après un dessin d'Artis, un four découvert en Angleterre, dont le laboratoire reposait directement sur un pilier solide, placé au milieu du foyer 2, à la manière des hypocaustes. Un four, également trouvé en Angleterre, à Castor, près de Norwich, ne ressemble en rien aux autres fours connus ; il se composait de plusieurs foyers, en voûte ogivale, un peu espacés et enfermés dans des parois en terre glaise; c'est entre ces parois qu'on plaçait les poteries dont plusieurs étaient encore en place3. Ce dernier four était chauffé avec de la tourbe 4 ; ceux d'Heiligenberg avec du bois de sapin C'est surtout dans l'Allemagne occidentale et méridionale 6, en Angleterre 7, en France' et en Italie9, qu'on a trouvé des fours de potiers. III. Fours à chaux 10. Caton donne des renseignements très détaillés sur j1} , I ~l~~ ,/il les fours à chaux etla mamère de los construire j1{ff~/'l~f~%~//~iq/ ,~• il faut donner au four à J_ ~~ „r!.//, l chaux 10 pieds de lar geur, 20 de hauteur en ti diminuant progressive ment la largeur jusqu'au sommet qui ne doit avoir que 3 pieds de large. S'il n'y a qu'un praefurnium, il faut ménager un trou pour que les cendres y tombent; s'ily aun double praefurnium, le trou est inutile, car on se sert d'un praefurnium pendant qu'on vide l'autre 1'. Que le four brûle sans inter ruption jour et nuit 12; que l'orifice soit bien vertical; qu'on bouche soigneusement, avec du mortier ou de la terre, toutes les fissures par où sortirait la flamme, qui ne doit s'échapper que par l'orifice supérieure ; que le praefurnium soit établi de telle sorte que le vent, surtout l'auster, ne puisse pas s'y engouffrer. On reconnaît que la chaux est faite quand les pierres supérieures sont cuites, quand celles du dessous tombent, enfin quand la flamme est moins mélangée de fumée 13 On donnait aussi le nom de fornax aux foyers des bains [BALNEIJ8I] et des hypocaustes [HYPOCAUSTUM], et aussi aux fourneaux de cuisine et autres [cAMINus]. II. TIIÊDENAT.