FORUM. Dans le sens le plus simple, un forum est une place découverte. A une époque très ancienne on donna ce nom aux places réservées devant les tombeaux'.
Des champs de foire situés dans la campagne, généralement sur le bord des routes et à portée de plusieurs
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centres d'habitation, furent aussi appelés fora, parce qu'ils étaient une grande place. Pour la même raison, dans les villes, le nom forum fut attribué à des marchés, à des places destinées aux tribunaux et aux manifestations de la vie publique ou municipale, enfin à des lieux de promenade et d'agrément uniquement construits pour l'ornementation des villes. Souvent le même forum servait à ces différents usages.
Dans les camps, aussi, à côté du prétoire, on réservait une place carrée, appelée forum.
foire étaient situés dans la campagne: ils desservaient plusieurs villages ou hameaux non encore constitués en commune ou attribués à une colonie ou à un municipe trop éloignés. Pour que l'abord en frit facile aux populations voisines, on les plaçait d'ordinaire au bord des routes. Et, comme ces populations avaient l'habitude de s'y réunir périodiquement, comme il était facile de les y convoquer, les forum devinrent en même temps le lieu des assemblées, le centre de la vie municipale, ou plutôt de ce qui en tenait lieu à ces populations non encore organisées. La construction des grandes voies de l'empire romain fut souvent l'occasion de la création de ces centres de commerce et de réunion. C'est ainsi qu'Appius, en même temps que la voie Appienne, établit le Forum Appii entre Rome et Terracine'. Le marché s'appelait forum, le lieu de réunion CoNCILIABULUit; mais il est probable que le plus souvent le forum avait ce double emploi. C'est 1à que jusqu'à la fondation d'une ville, la population habitant le territoire du forum ou conciliabulum tient ses marchés, lève ses troupes, rend la justice, accomplit ses cérémonies religieuses; c'est là qu'est le siège d'administration Fora et conciliabula avaient une organisation spéciale, un droit particulier dont le caractère essentiel était de ne pas former d'unité, juridique et de ne pas constituer, pour celui qui y habitait, un statut personnel survivant au changement de résidence6.
Grâce à leur situation avantageuse, grâce aussi à l'activité qu'y entretenaient le commerce et les réunions dont ils étaient le centre, un grand nombre de forum devinrent des villes importantes. Souvent alors on y envoya des colonies ou bien on les érigea en municipes'. Un très grand nombre d'entre eux conservèrent le nom Forum qui nous aide à les reconnaître. Telle est l'origine des villes antiques qui portaient les noms de Forum Sempronii (municipe d'Ombrie), Forum Julii (colonie de la Narbonnaise), Forum Segusiavorum (colonie de la Gaule), etc. Certains forum, Forum Appii par exemple, restèrent toujours de simples hameauxs.
Quelquefois les auteurs ont donné le nom de forum à des villes qui étaient le centre d'un commerce important6. Mais c'est une simple qualification qui n'entre pas
dans le nom officiel de ces villes. Celles-ci par conséquent n'ont aucun rapport avec les forum dont nous venons de parler, et cette appellation ne préjuge rien sur leur organisation municipale. C'est dans le même sens que nous appelons Tombouctou le marché du Soudan.
II. FORUM DES VILLES. On appelait ainsi les marchés
et les places où se tenaient les assemblées populaires et les tribunaux. Quelquefois le marché, surtout à l'origine, se confondait avec le forum judiciaire et politique ou municipal; quelquefois il était, comme à Pompéi, placé à côté. D'autres fois il en était complètement séparé. Une grande ville comme Rome n'aurait pu se contenter d'un seul marché. Quand la vie publique eut complètement envahi le forum romain, il se forma, dans différents quartiers de la ville, des marchés distingués par le nom des denrées qu'on y vendait 7 : le forum piscatorium ou marché aux poissons, le forum olilorium ou marché aux légumes, le forum boarium ou marché aux boeufs, le forum suarium ou marché aux porcs, le forum vinarium ou marché au vin, le forum cupedinis (marché de_coines tibles 9), etc. Plus tard, quand les marchands eurent ad ipté un lieu unique pour l'exposition et la vente des vivres, on construisit des halles qui furent appelées ntacella9. Aussi on voit à Rome le plus grand nombre des forum particuliers disparaître, et, peu à peu, de grands marchés s'élever : le macellum magnum sur le Caelius 10, le macellum Liviae sur l'Esquilin". La Notifia, en effet, ne mentionne plus que le forum boarium et le forum suarium16. Cependant l'appellation forum ne disparaît pas et le macellum Liviae s'appelait aussi forum Esquilinum 13. Suivant Acron chacune des régions de Rome aurait eu son marché ou forum ".
Le plus célèbre des forum politiques et judiciaires" est celui de Rome. Il a d'ailleurs servi de type aux forum provinciaux; les villes, se modelant à l'image de Rome, voulaient, comme elle, avoir leur capitole, leur forum et leur champ de Mars.
Dans les colonies, surtout dans les colonies militaires, qui devaient être, à la manière des camps, établies d'après des règles antiques et consacrées par la religion, le forum existait nécessairement. Théoriquement il devait occuper le centre de la ville, au point d'intersection du cardo maximus et du decumanus maximus 16. Je dis théoriquement, car, bien des fois, il fallait tenir compte d'une ville déjà existante ou de la nature du terrain; souvent même la ville était située sur une hauteur ou sur des rochers escarpés, qui, à cause de leur stérilité, ne figuraient pas dans la limitationt'.
Vitruve donne les règles que doivent observer les architectes dans la construction et la disposition des forum : « Les forum chez les Grecs sont carrés, entourés de doubles et amples portiques, dont les colonnes serrées
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soutiennent des architraves de pierre ou de marbre que surmontent des galeries. Ce n'est pas ainsi que doivent être construits les forum des villes d'Italie, parce que nos ancêtres nous ont transmis l'usage d'y donner des combats de gladiateurs ; les colonnes doivent donc, pour cette raison, être plus espacées. Sous les portiques, les boutiques des changeurs, et, au-dessus, les tribunes seront disposées de la façon la plus commode pourl'usage qu'on on doit faire et pour la perception des publica vectigalia. Il faut qu'il y ait proportion entre les dimensions du forum et la population ; sans cela la place pourrait manquer ou le forum, trop peu rempli, paraître vide. La largeur aura les deux tiers de la longueur, la forme sera donc celle d'un rectangle, disposition plus commode pour les spectacles. Les colonnes du second étage seront d'un quart moins grandes que celles du premier, qui, étant plus chargées, doivent être plus fortes'. » Vitruve s'occupe ensuite des monuments qui doivent entourer le forum : les temples, la basilique, le trésor public, la prison et la curie 2 dont les dimensions seront proportionnées à celles du forum.
FORUM DE ROME. Avant de décrire le Forum de Rome
nous exposerons brièvement ce que l'on sait de ses origines plus légendaires qu'historiques.
Après les combats auxquels mit fin l'intervention des Sabines, Romulus, roi de Rome, et T. Tatius, roi des Sabins, conclurent une alliance : les deux peuples, réunis en un seul, seraient gouvernés par les deux rois
Ceux-ci s'étaient rencontrés entre les deux villes, sur le lieu même oà leurs armées s'étaient livré bataille'. Cet endroit fut dès lors appelé comitium, du mot Coire 5 ; dans l'avenir il justifia plus encore ce nom en devenant le lieu de réunion des comices ou assemblées politiques °.
Le comitium était attenant à une vallée boisée, malsaine et marécageuse ; les eaux du Tibre, qui y arrivaient par le Vélabre, et les pluies en faisaient, au moins pendant la mauvaise saison, un véritable marais'. Sans doute, par suite de l'alliance, on construisit une route à travers le marécage; ce devait être une chaussée qui, partant des dernières pentes du mont Capitolin, rejoignait, à l'autre extrémité de la vallée, la Velia, lieu plus élevé qui se rattachait aux hauteurs du Palatin ; les deux villes unies se trouvaient ainsi reliées par une voie directe : ce fut l'origine de la Voie Sacrée g. Sur le comitium, Tullus Hostilius, le second successeur de Romulus, construisit le palais du sénat qui, du nom de son fondateur, s'appela caria Hostilia °. A Ancus Plarcius et à Servius Tullius, on dut la prison, Tullianum, voisine des comices10. Enfin en desséchant complètement, par la création de la cloaca maxima, le terrain déboisé par Romulus et Tatius ", les Turquins agrandirent le Forum
ou marché, lui donnèrent une forme régulière et l'entourèrent de portiques f2.
Telles sont les origines légendaires du comitium, du Forum et de la Voie Sacrée. Ce n'est pas le lieu de les discuter ici, après beaucoup d'autres ; les historiens ont cherché, avec plus ou moins de succès, à dégager l'histoire de la légende dans des ouvrages auxquels nous renvoyons le lecteur 13
Peut-être le Forum fut-il, à une époque très ancienne et antérieure au comitium, un marché ou champ de foire commun aux populations diverses qui occupaient les hauteurs voisines. Il est probable qu'il fut au moins contemporain du comitium, et certainement on n'attendit pas, pour y tenir un marché, l'achèvement par le dernier des rois de la cloaca maxima". En tout cas, l'époque historique nous montre Rome protégée par l'enceinte attribuée à Servius Tullius, pourvue d'un Capitole et d'une citadelle, d'un forum et du comitium.
Le forum est commun à Rome et à beaucoup d'autres villes. Il n'en est pas de même du comitium, qui ne se retrouve pas ailleurs qu'à Rome". Le comitium et le Forum sont donc absolument distincts. Ils étaient, l'un et l'autre, une place découverte, entourée d'édifices publics; mais leur origine et leur destination primitives sont aussi diverses que leur nom. On ne saurait cependant les séparer ni dans l'exposé des faits historiques ni dans les recherches archéologiques. Quand, après les rois, la vie publique prit à Rome une plus grande extension, quand, par suite, le Forum cessa d'être un simple marché, ses destinées furent tellement liées 'a celles du comitium, ily eut, de l'un à l'autre, un tel flux et reflux d'événements, qu'on ne pourrait pas traiter séparément de l'un ou de l'autre sans couper par moitié l'histoire de la république romaine.
Au comitium s'élève la curie, lieu ordinaire des séances du Sénati6; là aussi se réunissent les comitia curiata' 7, institution patricienne. Le comitium est la citadelle des traditions et du gouvernement aristocratiques. Au forum se réunissent les assemblées populaires et les comitia tributa'a. La tribune est dressée sur les-conlins du forum et du comitium 19. De là les tribuns dirigent le combat et conduisent le peuple à l'assaut du comitium et à la conquête des droits politiques. Aussi la lutte est souvent ardente; le Forum a ses « journées » plus d'une fois sanglantes2' : c'est la conquête du tribunat, puis du consulat ; c'est le retour périodique des propositions de lois agraires ; c'est la mise en accusation d'hommes soutenus ou attaqués par l'un ou l'autre parti. Tout cela ne va pas sans violences réciproques, sans que les tribuns se précipitent des portes de la curie à la tribune pour dévoiler au peuple les projets du Sénat 2t. Le peuple envahit le comitium et entoure la curie pour
peser sur les décisions des Pères Conscrits!. Les patriciens, à leur tour, descendent sur le Forum, maltraitent les tribuns, empêchent de procéder aux votes, dispersent la plèbe 2. Consuls et tribuns se disputent la tribune 3, et C. Gracchus, le premier, parle tourné non plus vers le comitium mais vers le Forum, transférant la souveraineté des patriciens aux plébéiens'. L'ennemi est-il aux portes de Rome, le peuple convoqué sur le Forum refuse de s'enrôler et arrache ainsi au Sénat qu'effraye le danger de la patrie des concessions depuis longtemps réclamées en vain 5. C'est au Forum aussi que se sont déroulés la plupart des drames qui ont accompagné la chute des décemvirs,la dictature de Sylla, la tyrannie des triumvirs; les luttes d'Octave et d'Antoine. Un jour même on vit le Forum se hérisser de fortifications en bois'. Pendant ces périodes troublées Marius' et après lui Sylla', puis les triumvirs exposaient, autour des rostres et du lac Servilius, comme de hideux trophées, les têtes des proscrits 9. Si le peuple est surexcité par la misère 10, par des charges nouvellement imposées 11, par les circonstances politiques ou par des meneurs1', c'est encore là qu'il vient manifester. Il porte au comitium et brûle avec la curie le cadavre de Clodius 13, puis célèbre au Forum un immense repas funéraire 14. On vit encore au Forum des émeutes de femmes soulevées par les lois somptuaires 15 et des émeutes d'usuriers 16. D'ailleurs, toutes les fois qu'un grave événement agite l'opinion, c'est au Forum et au comitium que la foule afflue. Quand le bruit se répand que des légions ont passé sous les fourches caudines 17, quand on apprend que les armées romaines ont été défaites par Hannibal à Trasimène 18 et à Cannes 19, les boutiques se ferment sur le Forum où les affaires sont suspendues20 ; le peuple s'y presse et, avide de renseignements, se précipite vers la curie. Pendant que les légions marchent contre Hasdrubal, les sénateurs au comitium, le peuple au Forum demeurent en permanence, attendant avec anxiété les nouvelles du combat; et quand enfin les messagers de la victoire se présentent, la foule est si compacte qu'ils ne peuvent pénétrer dans la curie 21.
Au Forum les magistrats font des communications au peuple 22, et c'est un usage que, après leurs campagnes, les chefs d'armées lui rendent compte de ce qu'ils ont fait23. C'est aussi au Forum et au comitium que se jugent ces grands procès politiques qui divisent et passionnent la foule et où parlent les orateurs en renom : les procès de Coriolan, de Manlius Capitolinus, de Scipion, de Jugurtha, de Verrès, de Milon, etc. On y fait aussi des
exécutions de prisonniers et de condamnés24, on y soumet des esclaves à la torture32 et les corps nus des suppllclés sont exposés aux insultes de la fôuie sur les marches des gémonies'-6.
Lesfastes consulaires et triomphaux sont gravés sur les murs de la Regia27; dans divers endroits du Forum, on expose les fastes20, des prescriptions religieuses29, des lois 3', des traités avec les peuples amis 3f, et aussi les listes des proscrits32.
On voit, par ce rapide exposé, que presque toute la vie intérieure de Rome affluait au Forum, que tous lès raiis événements extérieurs y avaient un écho, et que cette place de sept arpents n était bien le centre dum,onde.
Mais le._Forum n'était pas tous les jours troublé par de graves événements. Il avait aussi ses jours de fête. On y célébrait-des cérémonies religieuses et on y offrait des sacrifices34; il était traversé par des processions où l'on portait en grande pompe les statues des dieux35. On y donnait des revues 36, des combats d'animaux 17 et de gladiateurs 38, des jeux 39, de grands repas publics 40. On y faisait aussi des expositions de choses propres à exciter la curiosité : oeuvres d'art41, tableaux42 et, sous Auguste, un serpent long de cinquante coudées n. Enfin, les pompes triomphales se déroulant sur la Voie Sacrée, traversaient le Forum dans toute sa longueur. Ces jours de fêtes on ornait les boutiques u et les portiques 45, de riches citoyens prêtaient à la ville des oeuvres d'art et des tentures46 et parfois, avec des tableaux et des statues, on organisait de véritables scènes analogues à celles des théâtres47 ; la nuit venue, les jeux se célébraient à. la clarté de nombreuses lumières +8. Souvent, à ces occasions, des échafaudages et des tribunes provisoires s'élevaient autour du Forum, offrant les meilleures places à qui voulait les payer"; mais c'était aux dépens de l'espace dont le peuple pouvait librement disposer, et, une nuit, le fougueux tribun C. Gracchus fit renverser les tribunes50. Parfois, pour protéger la foule contre les rayons du soleil, on faisait couvrir le comitium, le Forum et la Voie Sacrée avec de longs voiles de lin o1.
Les jours ordinaires, le Forum n'est pas moins un lieu très animé qui a sa population spéciales Les boutiques occupées à l'origine par des bouchers G2 et aussi par des maîtres d'école 53 deviennent rapidement plus luxueuses"; des banquiers et des changeurs s'y établissent n. Les joailliers 56, les bijoutiers o7 de la Voie Sacrée attirent au Forum une clientèle riche et aristocratique. Les banquiers, les courtiers, les usuriers et
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leur inévitable cortège de spéculateurs de toute catégorie se rencontrent aux tabernae veleres et aux novae', dans les basiliques 2 près du temple de Castor3 et autour des Janus 4. Les tribunaux civils et criminels entretiennent tout un peuple d'avocats qui se réunissent près de la statue de Marsyas 5, de plaideurs 6, do témoins', de gens d'affaires' ; les ventes aux enchères, faites souvent par les argentarii, ont aussi leur public 9. Vers le milieu du Forum, dans un endroit que traverse le ruisseau par où s'écoulent les pluies, et appelé pour cette raison canalis10, se réunissent ceux qu'on appelle les canalicolae, pauvres diables, parasites hâbleurs, ivrognes" et aussi mauvais plaisants S2; les gens riches et bien posés fréquentent la partie basse du Forum13; le vicus Tuscus au contraire est
mal famé S4, Vers Subure sont les pickpockets et vers l'Argiletum les copistes et les libraires"; sur la Velia les fruitiers16; près de la basilique Aernilia, les marchands de vases en bronze" et, sous les portiques des basiliques, les marchands de poissons empestent les tribunauxf8. Un peu partout, circulent par groupes, les flâneurs, les habitués du forum, les foreuses; ils se livrent, au mépris des lois, à des jeux de hasard10. Les dalles de la basilique Julia et du Forum portent encore les marelles et autres jeux qu'ils y ont gravés. On les rencontre près du cadran solaire, au comitiunl près de la peinture représentant la victoire de M. Valerius Messala sur Hiéron de Syracuse20; les rostres qu'ils fréquentent les font appeler subrostrani21, et les basiliques subbasili
cani22; ils se promènent au-dessus du lac Curtius23 ; et partout ils fabriquent et colportent les fausses nouvelles24, critiquent les opérations des généraux, font des plans de campagne infaillibles. Paul Émile, avant d'aller combattre Persée en Macédoine, leur adresse de la tribune une verte réprimande et de fines railleries25.
Sous l'Empire il n'y a plus de distinction entre le Forum et le comitium26; les vieilles haines et les antiques discordes qu'ils représentaient sont oubliées; la paix s'est faite entre les classes réunies dans une commune servitude. Cependant le forum ne cesse pas d'être, de temps à autre, le théâtre de scènes tragiques et sanglantes. Pendant que le Sénat juge Pison, le peuple, entourant la curie, demande sa mort ou fait rouler ses statues sur les degrés des gémonies 27. Des têtes coupées paraissent encore sur les rostres28. Galba 29, Sabinus 3°, Vitellius'', Séjan et ses enfants 32, et bien d'autres, sont exécutés par
le bourreau, massacrés par les soldats ou par la multitude, puis, au milieu des outrages, leurs corps d'abord exposés aux gémonies" sont tirés avec des crocs jusqu'au Tibre. Mais ces troubles n'ont plus le même caractère qu'autrefois. Ce ne sont plus les luttes de la plèbe pour la liberté et la conquète,de ses droits politiques, mais des cruautés césariennes, des révoltes de prétoriens méontents, des déchaînements soudains et passagers de lpulace. Et, pendant ces agitatlôns du Forum, c'est le plus souvent dans les provinces, au milieu des légions, que se décide-,n les destiiiée's de l'Empire. La tribune est fermée aux orateurs populaires et politiques; on y vient recevoir des CONGIARIUM, écouter des allocutions impériales 34, des communications officielles, des oraisons funèbres35. Sur le Forum de l'Empire on brûle, il est vrai, les livres trop indépendants3G, ce dont Tacite s'indigne; mais parfois on y brûla aussi les registres por
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tant les noms des citoyens en retard avec le fisc et cela plaisait au peuple. Les tribunaux fonctionnent toujours dans les basiliques; le commerce et les opérations financières sont de plus en plus florissants, les cérémonies religieuses et civiles aussi pompeuses. Il n'est pas surprenant que le Forum reste encore à cette époque un -lieu très fréquenté. Les Romains ne retrouvaient-iI ...pas là, en él% ;des monuments dont l'origine remontait aux traditions mythologiques et aux temps des rois, des statues, des ms rptiol~s, des arcs de triomphe qui leur rappelaient, avec les souvenirs de la République, les victoires-de Rome et ses conquêtes, depuis la Gaule et la Germanie Jusqu'aux-peuples de l'Asie?
Nous donnons le plan du Forum sous la République
(fig. 3249), d'après M. Iiuelsen, le plan du Forum sous l'Empire (fig. 3251)2, une vue du Forum dans l'état où l'ont mis les dernières fouilles (fig. 3250). Cette vue comprend tout l'ensemble du Forum et les monuments qui l'entouraient. Le Forum était orienté de l'ouest à l'est, avec une assez forte déviation vers le nord 3. Les chiffres entre parenthèse se rapportent à la fois au plan du Forum impérial et à la vue; les lettres se rapportent au plan seul. La partie Ouest, qui formait le haut du Forum, était limitée par le tabularium (1) adossé au Capitole et, à son extrémité nord, séparé de la prison (2) par un escalier (3). Au pied du tabularium, en commençant par la gauche, s'élevait le portique des dii consentes (4), le temple de Vespasien (5) et le temple de la Concorde (6). En avant, et
limitant de ce côté le Forum proprement dit, l'arc de Septime Sévère Cl) et la tribune (8). La partie Nord n'est pas visible sur notre dessin. D'ailleurs elle n'a pas encore été fouillée ; le seul édifice antique qu'on y puisse voir est la curie (San Adriano) et nous la reproduisons plus loin (fig. 3257 et3258); les autres monuments qui bordaient cette partie du forum étaient : le Secretarium du Sénat (Santa Martina), la Graecostasis, le temple de Janus, le sanctuaire de Venus Cloacina, la basilique Aemilia (d'). Espérons que des fouilles nouvelles permettront bientôt de retrouver les restes de ces édifices. Le côté Est était terminé par le temple de César (9) et le temple de Vesta (11) en avant duquel se voient quelques débris que l'on a cru longtemps être les restes du puteal Libonis (12). Entre la rue qui longe le temple de Castor (15) à gauche et
le temple de César, la Voie Sacrée (13) pénétrait dans le Forum en passant sous l'arc d'Auguste (14). Le côté Sud était limité par le temple de Castor (15), puis par la basilique Julia (16) avec son portique (17), située entre le vicus Tuscus à l'est (18) et, à l'ouest, le vicus Jugarias (a'), qui la séparait du temple de Saturne (19). La Voie Sacrée (13), après avoir longé la basilica Julia, passait sous l'arc de Tibère (20), que contournait, vers la droite, le temple de Saturne, puis, tournant vers le Sud, montait les pentes du Capitole confondue avec le clivus capitolinus (a). Sur les hauteurs, à gauche, s'élevait le temple de Jupiter Capitolin (2l) et, à droite, la citadelle avec le temple de Juno Moneta (22) 4.
Les massifs en brique (23) qui bordent la Voie Sacrée du côté opposé à la basilique Julia sont des soubassements
de basse époque. Entre l'arc de Septime Sévère (7) formant l'area du Forum (26). Sur notre dessin la perspective en cache la plus grande partie; mais on peut, à l'aide du plan (fig. 3251) se rendre compte de sa forme et de ses dimensions.
Le Forum était, suivant la prescription de Vitruve un rectangle. Du mur semi-circulaire auquel sont appuyés les rostres (8) à la façade de la regia (10), il a 160 mètres de longueur. On ne pourra connaître exactement sa largeur qu'après le déblaiement de la partie nord. Dans l'état actuel, il est, à la hauteur des rostres et en ne tenant pas compte de la Voie Sacrée, large de 47 mètres, et de 35 mètres devant le temple de César (9).
Le pavage du Forum se eompôse de dalles de travertin, épaisses et larges, de dimensions diverses, inégalement ajustées et révélant plusieurs époques. Un texte assez obscur de Festus semble faire allusion au pavage du Forum 2. Jordan pense avec raison que ce pavage ne fut pas postérieur à l'an 458 (296 av. J.-C.), époque à laquelle les rues de la ville furent pavées 3.
La première impression qu'on éprouve en regardant le Forum et les monuments qui l'entourent, c'est le sentiment d'une dévastation extraordinaire. Les monuments abandonnés, détruits par le temps ou même par les hommes, sont, d'habitude, entourés de nombreux débris, de fragments d'architecture ; sur le Forum, il n'en est pas ainsi et le fait s'explique. Ruiné et abandonné depuis le me siècle, le Forum fut, au xve siècle, exploité comme une carrière de ;marbre. Le mot n'est pas impropre : parmi d'autres documents de ce
OBSERVATION. Les chiffres se réfèrent
aux figures 3250 et 3251, sauf les nia 21 et 22 qui ne se trouvent que sur la figure 3250. Les lettres ne se réfèrent qu'à la figure 3251.
1. Tabularium. 2. Prison. 3. Escalier montant au Capitole. 4. Portique des Dii consentes. 5. Temple de Vespasien. G. Temple de la Concorde. 7. Are de Septime Sévère. 8. Tribune aux harangues (Rostres). 9. Temple de César. 10. Begia. 10' Fastes consulaires. Il. Temple de Vesta. 12. Le prétendu Putéal de Libon. 13. La Voie Sacrée. 14. Arc d'Auguste. 15. Temple de Castor.
16. Basilique Julia. 17. Portique de la basilique Julia. 18. Vicus Tuscus. 19. Temple de Saturne. 20. Arc de Tibère.
21. Direction du temple de Jupiter Capitolin. 22. Direction de la citadelle. 23. Soubassements. 24. Bas-reliefs en marbre. 25. Colonne de Phocas. 26. Area du Forum. a. Clivus Capitolinus. b. Escalier et portes condamnées du tabularium.
IV.
1 et le temple de César (9) s'étendait la grande place libre
c. Édicule de Faustine. d. Bases de statues. e. Umbilicus.
f. Milliaire d'or. g. Schola Xanthi. h. Base. i. Comitium. i' Degrés du Comitium? j. Base de Stilicon. k. La Curie et ses dépendances.-1. Lignes tracées sur l'area du Forum. m. Emplacement du lacus Curtius; base d'une statue équestre. n. Monument de très basse époque. o. Monument indéterminé. p. Temple de Faustine et d'Antonin. q. Maison des Vestales.
r. Porticus margaritaria. s. Boutiques des margaritarii.
t. Substructions du palais de Caligula. u. Escalier allant du Palatin au Forum. v. Regard sur la cloaca maxima. x, y. Dallage en marbres précieux. z. Arc de Janus. (?) a'. Vicus Jugarius. b'. Boutiques. c'. Arsiletum. d'. Basilique Aemilia. e'. Via Nova.
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genre, M. E. Mtintz 1 a publié un acte régulier, de 1499, concédant l'exploitation d'un e carrière de marbre, depuis les Saints-Come-et-Damien jusqu'aux trois colonnes (temple de Castor). Les marbres à exploiter étaient donc ceux de l'arc de Fabius, de la Regia, d'une partie de la maison des Vestales, du temple de Vesta, du temple de César, de l'arc d'Auguste et du temple de Castor !
Heureusement on fit au Forum des fouilles plus désintéressées. LéonX en fit exécuter, sous la direction de Michel-Ange, autour de l'arc de Septime Sévère (7). Vers le milieu du xvle siècle, pour ménager à Charles-Quint une entrée triomphale et mettre en lumière les débris encore debout, Paul III fit raser toutes les tours et constructions du moyen âge qui encombraient le Forum. Ces travaux servirent à déterminer la topographie du Forum, mais exhaussèrent beaucoup le sol, car on se contenta de niveler les débris. En 1547, le cardinal Alexandre Farnèse entreprit de grandes fouilles dont le résultat fut considérable, mais qui aussi ornèrent ses palais. Ces fouilles, continuées en 1565, amenèrent la découverte d'ins
criptions importantes z . Après une longue interruption et les fouilles du baron de Fredenheim près de Sainte Marie Libératrice (1788), Pie VII, en 1803, commença, à la base du Capitole, un déblaiement systématique qui fut continué par le gouvernement français de 1811 à 1814,
par le gouvernement pontifical, sous la direction de Fea, par Léon XII (1827-1835) et par Pie 1X (1851-1852). Ces fouilles avaient dégagé tous les temples situés au pied du Capitole, une partie de la basilique Julia (16), les soubassements du temple de Castor (15), et la base de la colonne de Phocas (25). Dès 1871, le gouvernement italien confia à M. Rosa la mission de continuer les travaux. Il les poursuivit jusqu'en 1874 et mit au jour l'area du Forum (26), le temple de César (9) et le temple de Vesta (11). Les fouilles de 1876, dirigées par M. Fiorelli, et celles de M. Guido Baccelli en 1882, rendirent à la lumière tout le terrain compris entre les temples de César et de Vesta, Sainte-Françoise-Romaine et l'arc de Titus; ce sont ces dernières fouilles qui ont fait trouver la maison des Vestales (q) 3. Mais déjà nous ne sommes plus sur le Forum.
Ces fouilles diverses ont été l'occasion de travaux que nous ne nous attarderons pas à examiner ici. Donati a
bienrésumé et mis au point, auxvtle siècle, tout ce quïavait été fait et écrit avant lui 4. Malheureusement Donati le premier puis Nardini, orientèrent le Forum du nord au sud ',et furent suivis par un certain nombre d'archéologues des époques suivantes 6 ; la nécessité d'accommoder les textes avec cette topographie inexacte jeta dans l'étude des monuments du Forum une étrange confusion dont, même après l'erreur reconnue, on retrouve les traces dans des auteurs récents, On plaça les comices et la curie au pied du Palatin ; le temple de Jupiter Capitolin à la place de la citadelle et réciproquement ; maintenant encore on voit, même dans des livres classiques très récents, des restitutions du Forum où cette grosse erreur est commise. Il faut donc consulter avec une grande prudence les ouvrages du xvme et même du xlxe siècle relatifs au Forum '.
Monuments du Forum. A une époque ancienne, le Forum fut entouré de boutiques et de maisons privées. Tarquin avait partagé le terrain environnant entre des particuliers à condition qu'ils y bâtiraient en ornant leurs
façades de portiques couverts Mais peu à peu ces modestes constructions disparurent pour faire place à des édifices publics. C'est ainsi que la maison de Scipion et un certain nombre d'autres, ache
tées par Ti. Sem
pronius Gracchus,
furent absorbées
par la basilique
Sempronia 9. Aupa
ravant Caton avait acheté les maisons de Maenius, de Titius et quatre boutiques pour construire la basilique Porcia 1lLes édifices publics eux-mêmes, soit après des incendies, soit parce qu'ils étaient jugés insuffisants, furent reconstruits avec plus de magnificence. Vers la fin de la République la transformation était complète, et autour du Forum, s'élevaient des monuments dignes de la grandeur romaine. Nous étudierons ces monuments, autant que possible, dans l'ordre chronologique.
1° Temple de Saturne (19). Nous commençons par cet édifice parce que, d'après les traditions, il est le plus ancien du Forum. Comme première origine, en effet, les auteurs le font remonter à Hercule et au delà.
Il était situé entre trois rues : la Voie Sacrée (13) à l'est et au nordis; le Clivus Capitolinus (a) à l'ouest; le vicus Jugarius (a') au sud. Son identification avec le temple à colonnes ioniennes dont le portique hexastyle est encore debout dans l'espace circonscrit par ces trois voies
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antiques, est certaine. Plusieurs textes très explicites 1 et surtout un passage décisif de l'inscription d'Ancyre plaçant la basilique Julia (16) entre ce temple et le temple de Castor (15) 2 ne laissent subsister aucun doute. D'ailleurs les fragments du plan antique rapprochés dans la figure 3252, nous montrent, par la coïncidence des lignes qui se continuent de l'un à l'autre, la basilique Julia placée, comme le dit l'inscription d'Ancyre, inter aedem Castoris et aedem Saturni'.
Suivant Denys d'Halicarnasse des Grecs conduits par Hercule érigèrent au pied du Collis Saturnius (plus tard le Capitole), sur lequel ils s'étaient établis, un autel à Saturne A l'époque romaine, on continuait à sacrifier sur cet autel suivant le rite grec 6 ; et, dans le temple même, d'après un usage remontant à ces anciennes traditions, aux Pélasges et à Hercule suivant Macrobe 7, à Énée suivant Festus 8, on sacrifiait la tête découverte.
Les traditions sur l'époque à laquelle ce temple s'éleva au même endroit que l'autel, sont multiples : on l'attribua à Tullus Hostilius o. Selon d'autres, Tarquin en aurait ordonné la construction10, mais la dédicace en aurait été faite, après l'expulsion des rois, par T. Lartius ", dictateur en l'année 253 (501 av. J.-C.), ou par Posthumius Cominiusn consul la même année. Suivant une autre opinion, les travaux en auraient été adjugés par T. Lartius 13 consul de l'année 256 (= 498 av. J.-C.). Aulu-Gelle a retrouvé un sénatus-consulte chargeant de la construction du temple L. Furius, tribun des soldats 14 en l'an 373 (= 381 av. J.-C) 15. Mais la date qui semble devoir être admise pour la dédicace est le jour des Saturnales, le 17 décembre 16 de l'année 257 (= 497 av. J.-C.), datée par les noms des consuls A. Sempronius Atratinus et M. Minicius 17.
Le temple de Saturne fut reconstruit, à la demande d'Auguste 18, par L. Munatius Plancus, en l'année 712 (= 42 av. J.-C.) 19. Les débris qui en subsistent appartiennent probablement à cette reconstruction; mais, comme l'indique l'inscription qu'on lit encore 20, le temple fut, à la suite d'un incendie, de nouveau restauré. Cette dernière restauration dut être exécutée à une basse époque, car les colonnes redressées sans soin et sur des bases inégales et d'autres détails de la construction marquent un temps de décadence.
Il est probable, d'après un texte de Macrobe 21, que le faîte du temple était orné de tritons embouchant la trompette. La façade regardait le nord; on y montait par un escalier monumental.
Près du temple était une petite place appelée aea Saturni dont les p°aetores aerarii L. Calpurnius Tiso
et M. Salluius fixèrent les limites après avoir racheté Id terrain aux particuliers 22.
Le Trésor public était déposé dans le temple de Saturne23 [AERARIU➢I] et s'appelait pour ce motif aerarium Saturni. La chambre du Trésor se trouvait sans doute au-dessous de la cella du temple 2..
Les auteurs anciens font souvent mention d'un aerarium sanctius conservé dans le temple de Saturne 25. Ce n'était pas un second trésor avec un local spécial, mais un simple fond de réserve26
A côté du temple de Saturne,' probablement sur son arec, s'élevait, près du vicus Jugarius 27, un autel à Ops et à Cérès. Cet autel fut établi le 10 août de l'an de Rome
760 (7 après J.-C.)21, sans doute à l'occasion d'une
grande famine qui, cette même année, éprouva l'Italie 29. Le jour anniversaire de l'érection de cet autel était
férié "1.
Une inscription publiée par Gruter 31 et, d'après lui, parOrelli32, a longtemps autorisé l'opinion que le temple de Saturne était aussi sous le vocable d'Ops, sa femme d'après la mythologie u : aedes Opis et Saturni. Mais la fausseté de cette inscription est aujourd'hui démontrée".
Il n'est pas exact non plus qu'il ait existé, à côté du temple de Saturne, un temple d'Ops. Les textes qui mentionnent ce dernier se rapportent au temple d'Ops qui s'élevait sur le Capitole u, ou au sanctuaire d'Ops Consiva, dans la Regia 36. Pendant les Saturnales on célébrait les fêtes d'Ops à l'autel du Forum, le 19 décembre 37.
2" Le comitium. Le comitium (i) était au nord du Forum; c'est aujourd'hui un fait prouvé 38. Mais faut-il le placer devant l'église Saint-Adrien, la curie de Dioclétien? Ou bien faut-il croire que, sous la République, avant la création du forum Julium et la construction de la curia Julia, le comitium s'étendait beaucoup plus avant dans la direction du nord ? Sur ce point les archéologues sont partagés. La dernière opinion a été tout récemment soutenue par M. Huelsen 39 qui a apporté, dans la démonstration de cette thèse, des arguments nouveaux. C'est pourquoi nous reproduisons son plan du Forum sous la République (fig. 3249) 40, en le modifiant toutefois d'après les indications données par lui-même dans des travaux plus récents 41.
La question de la situation précise et de l'étendue du comitium sous la République étant intimement liée à celle du déplacement ou du non déplacement de la curie par César, nous y reviendrons plus loin en parlant de la curie.
Il n'y a pas lieu de revenir ici sur les origines traditionnelles du comitium exposées plus haut. Notons
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cependant que Cicéron en attribue la création à Tullus Hostilius et ajoute que, avec le produit des dépouilles ennemies, ce roi l'entoura d'une enceinte (saepsit) Si Tullus Hostilius entoura le comitium 2, ce fut pour en faire un lieu sacré, déterminé par les augures, c'est-à-dire un temple 3; et, dans ce cas, sa forme fut sans doute carrée.
Une interprétation fautive d'un texte de Tite-Live 4, mieux compris par Piale 5, a longtemps entretenu l'erreur que le comitium était un édifice pourvu d'une toiture. C'était au contraire une place découverte
qui s'étendait devant la curie ou palais du Sénat'. Son niveau était plus élevé que celui du Forums et on pense, sans que cela soit certain 9, que du Forum on y avait accès par plusieurs degrés dont on a cru retrouver les traces (i').
Tant que Rome fut gouvernée par les rois et pendant plus d'un siècle sous la République, le comitium fut, à Rome, le centre des affaires civiles et politiques; le Forum n'était alors qu'un marché, une place destinée aux jeux et aux combats de gladiateurs, un lieu de promenade. Mais, par suite de l'accroissement de la population, le comitium devint insuffisant pour les nombreuses causes judiciaires et des tribunaux furent établis au Forum; en outre, les progrès toujours croissants de la démocratie firent du Forum un lieu de vie politique de plus en plus active ; dès lors le comitium vit, d'une façon continue, son importance décroître; la nouvelle curie, construite par César et par Auguste, restreignit son étendue ; enfin, il fut absorbé complètement par le
Forum dont Tacite et Pline semblent ne plus le séparer f9
Les principaux monuments du comitium étaient la curie et les rostres, dont nous parlerons plus loin ; sur les degrés de la curie la statue de l'augure Attus Navius avait été érigée à l'endroit même où, défié par le roi Tarquin, il coupa une pierre à aiguiser avec un rasoir". Près de là, un putéal entourait le sol dans lequel on avait enfoui la pierre et le rasoir12. A côté, on conservait religieusement un figuier parce qu'il avait été frappé par la foudre, et aussi comme symbole du figuier ruminal sous lequel la louve allaita les deux jumeaux. L'augure Attus Navius consacra, sous ce figuier, un groupe en bronze représentant le prodige, comme si, dit Pline, cet arbre vénéré s'était spontanément transporté des bords du Tibre au comitium 13. Pour cette raison, on l'appelait quelquefois ficus Navia, du nom de l'augure 1'`. En l'an de Rome 459 (295 av. J.-C.), on fit, avec l'argent
provenant des biens confisqués aux usuriers, un nouveau groupe représentant le même sujet et destiné à être placé près du figuier 15. Quand celui-ci se desséchait, c'était un présage funeste jusqu'à ce qu'il eût poussé de nouveaux rejetons 16 ou eût été remplacé par les prêtres",
Le comitium était orné d'un certain nombre de statues : près des rostres, un lion en pierre marquait la place où le berger Faustulus avait été tué et enterré"; on voyait aussi au comitium une statue archaïque de Porsena 19, la statue d'Horatius Cocles, transportée plus tard au Vulcanal", celle d'Hermodore d'Éphèse qui avait aidé les décemvirs dans la rédaction de leurs lois 21 et, enfin, les statues en bronze de Pythagore et d'Alcibiade érigées par ordre de l'oracle de Delphes 22. Dans la partie du comitium plus voisine de la prison s'élevait la colonne Maenia, érigée en l'honneur de C. Maenius, vainqueur des anciens Latins 23. C'est près de cette colonne que les triumviri capitales avaient leur tribunal n et c'est au même endroit que se faisaient les exécutions". Enfin, sur le comitium, en un lieu qu'il est difficile de préciser, le préteur avait son tribunal26
3° Le Vulcanal. Après l'alliance conclue, Romulus et Tatius s'acquittèrent des voeux faits aux dieux pendant la guerre. C'est ainsi que Tatius, suivant Denys d'Halicarnasse 27 ou, d'après Plutarque 2s, Romulus éleva à Vulcain un autel ou un temple. De là le nom de Vulcanal", donné à l'area de ce temple ou de cet autel 30 Le Vulcanal était donc une place (area)" découverte", un peu plus élevée que le comitium 33. Il est difficile de déterminer ses limites avec précision. On sait que le premier temple de la Concorde fut construit sur le Vulcanal", et vraisemblablement le nouveau, dont le site est connu (6), occupa le même emplacement que l'ancien. Le Vulcanal était donc voisin du Forum et du comitium" ; il l'était aussi du lieu où plus tard César construisit son forum 36. Il se trouvait par conséquent au nord-ouest du forum et à l'ouest du comitium (i). En 1848, on trouva dans cette région un autel érigé par Auguste à Vulcain en l'an de Rome '745 (= 9 av. J.-C.) 3'. Romulus, après avoir triomphé des Camerini, dédia sur le Vulcanal un quadrige en bronze, pris à l'ennemi, et, à côté, sa statue couronnée par la victoire avec son elogium gravé en lettres grecques 38
D'après d'anciennes traditions, T. Tatius et Romulus auraient eu des rencontres secrètes sur le Vulcanal et y auraient convoqué les sénateurs 39. Cette place paraît aussi avoir été, avant le Forum, un lieu habituel d'assemblées populaires "0, on voit encore le
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décemvir Appius Claudius y convoquer le peuple'. Les constructions que l'on éleva dans ce coin de Rome diminuèrent beaucoup l'étendue du Vulcanal : on lui prit l'emplacement du temple de la Concorde et de son area ; la construction de la basilique Opimia le restreignit encore. Il était orné de statues 2 et on y admirait deux arbres aussi vieux que Rome d'après d'anciennes traditions : un cyprès qui périt sous Néron, et un lotus planté par Romulus, encore vivant au temps de Pline L.
h° Le temple de Janus. -D'anciennes traditions rattachent le temple de Janus et son érection par Romulus à un épisode des guerres des Romains contre les Sabins : Janus aurait mis en fuite les Sabins, prêts à entrer dans Rome, en faisant jaillir contre eux une eau bouillante et sulfureuse 4 (aquae lautulae) 5. Il semble d'après Ovide que Janus, en récompense de ce service, aurait eu un temple et un autel'. Mais le récit de Macrobe attribue au temple une origine plus antique : c'est en effet du temple même, déjà existant, que sortirent les eaux ' ; et ce n'est pas, comme l'ont cru plusieurs auteurs, la porte de la ville, appelée Janualis à la suite de cet événement, mais la porte même du temple que l'on décida d'ouvrir pendant la guerre « velut ad Urbis auxilium pro fecto deo ». Il existe d'ailleurs d'autres traces de traditions faisant remonter à une antiquité beaucoup plus haute le temple de Janus 3. Certains auteurs attribuaient, au contraire, à Romulus et à Tatius l'érection du temple, comme symbole de leur union 10 Mais Tite-Live " et Pline 12 regardent le roi Numa comme son fondateur.
Ce temple avait deux portes ", ouvrant l'une sur l'orient, l'autre sur l'occident15, appelées belli portae parce qu'elles étaient ouvertes pendant la guerre 15.
Des textes des auteurs, il ressort clairement que le temple de Janus était situé à l'entrée de la large rue appelée Argiletum (c'), à l'endroit où elle s'ouvre sur le Forum, entre la curie (K) et la basilique Aemilia (d') i6. Jusque-là les textes concordent. Mais un passage de Servius remet tout en question 17 et il a fallu toute la sagacité de M. Lanciani pour savoir le concilier à la fois avec les textes et les documents archéologiques 16. De ce texte rempli d'erreurs topographiques et historiques, M. Lanciani n'a retenu qu'un passage, confirmé d'ailleurs par d'autres auteurs : le temple de Janus « translatum est
ad forum transitorium et quatuor portarum... templum est institutum ». Voici comment M. Lanciani interprète ce texte : l'incendie de Néron ayant sérieusement endommagé la curie et probablement aussi le temple voisin de Janus, Domitien conçut un plan grandiose de restauration de ce quartier déjà embelli par César, Au
guste et Vespasien. La partie principale de ce plan, dans lequel entrait la reconstruction du temple de Janus, consistait à réunir par un nouveau Forum (Forum transitorium) (voy. plus loin fig. 3269), le Forum magnum et les Forum impériaux. L'exécution du plan commença par la reconstruction, avec quatre portes, du temple de Janus qu'on orna d'un Janus à quatre faces rapporté de Faléries, et qu'on appela pour cette raison quadrifrons 13. Ce renseignement, donné par Servius, est confirmé par Martial :
Pervius exiguos habitabas ante pelades
Plurima qua medium Roma terebat iter, Nunc tua caesarèis cinguntur limina Bonis
Et fora tot nunzeras, Jane, quot cira yeris 20.
Stace fait allusion aussi à la situation du temple de Janus par rapport au nouveau Forum et Lydus dit que le même temple était de son temps sur le Forum de Nerva".
M. Lanciani a trouvé et publié des dessins d'architectes du xve siècle donnant le plan d'un monument bien conservé qu'il croit être le temple de Janus quadrifrons. Ces plans confirmeraient la transformation du temple à deux portes en un temple à quatre portes. Un autre dessin de Sangallo, de la fin du xvle siècle, montre le même monument; mais, d'une note de Sangallo, il résulte qu'à ce moment cet édifice avait déjà cessé d'exister 22. En effet, ce qui en subsistait fut détruit à la fin du xve siècle et employé à la construction du palais du cardinal de Cornetto (Hadrianus Castellensis de Corneto), aujourd'hui palais Torlonia, place ScossaCavalli 23.
Il ne faut pas prendre à la lettre l'expression de Servius, que le temple de Janus fut translatum ad forum transitorium. Le temple, en effet, aurait été reconstruit à la même place; et ce fut le Forum qui s'étendit jusqu'à lui. Et encore le temple n'était-il pas dans l'enceinte même du Forum, mais dans cette partie de l'Argiletum (e'), longue de 50m,39, aussi large que le Forum lui-même et qui, bordée par la curie d'un côté et da l'autre par la basilique Aemilia, réunissait le Forum romain au Forum transitorium, dont elle peut être considérée comme le prolongement 24. Tous les textes sont ainsi d'accord; et ceux qui donnent au temple de Janus deux portes, et ceux qui lui en donnent quatre ; ceux qui le placent sur le Forum transitorium aussi bien que ceux qui le disent voisin de la curie, de la basilique Aemilia et du Forum romain.
Par suite d'un usage invétéré, peut-être aussi parce que l'ancienne statue de Janus bifrons resta dans le nouveau temple, on rencontre dans les auteurs, même après la construction du temple à quatre portes, les expres
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sions Janus geminus pour désigner le temple de Janus'. La vue que nous donnons ici du temple de Janus (fig. 3253) 2, sert de type au revers d'une monnaie de Néron. Elle représente par conséquent le temple à deux portes.
Le temple contenait une statue très antique de Janus bifrons ou geminus, dont les deux visages regardaient, comme les deux portes, l'un
Fig. 3253. = Temple de Janus. l'orient, l'autre l'occident' ;
on la disait dédiée par Numa' ; l'arrangement de ses doigts figurait le chiffre trois cent soixante-cinq, nombre des jours de l'année, indiquant que Numa était le dieu du temps. Auguste dédia dans le même temple une statue de Janus, couverte d'or, et rapportée d'Égypte 6. Enfin, devant le temple, se dressait un autel 7. Fermé pendant tout le règne de Numa', le temple de Janus ne le fut qu'une fois sous la République après la première guerre Punique 9. Auguste le ferma trois fois 10.
5° Le laces Curtius (m). Ce nom remonte aussi à la guerre des Romains et des Sabins. Varron mentionne d'après différents auteurs trois traditions d'où le lacus Curtius aurait tiré son nom f1. Un Sabin nommé Metius Curtius, sur le point d'être pris par Romulus et les siens, s'élança avec son cheval dans le marais qui occupait alors le centre du Forum et réussit à gagner, sain et sauf, la rive opposée 32. Suivant d'autres témoignages, un gouffre s'ouvrit au milieu du Forum. Les aruspices consultés répondirent que les dieux mêmes exigeaient qu'un citoyen courageux s'y précipitât. Curtius monta tout armé sur son cheval et, partant du temple de la Concorde, s'élança dans l'abîme qui se referma sur lui". Enfin, d'après une troisième tradition, le lacus Curtius aurait été un puteal élevé par le consul Curtius autour d'un lieu frappé de la foudre''. C'est sans doute cette dernière tradition qui est la vraie ; l'imagination populaire forgea des légendes reposant sur des similitudes de noms et sur les souvenirs de l'état antique du Forum.
Au même endroit on avait érigé un autel que César fit enlever pour donner un combat de gladiateurs". Mais l'autel fut ensuite rétabli, car il était en place au temps d'Ovide ts.
Le lac Curtius était un putéal construit au milieu du Forum 17. Chaque année, souvenir du temps où ce lieu n'était pas encore desséché, les citoyens de tout ordre venaient, au jour anniversaire de la naissance d'Auguste, y jeter des pièces de monnaie votives pour le
salut de l'empereur 18. A côté du putéal avaient poussé un figuier, une vigne et un olivier que le peuple aimait et soignait à cause de leur ombrage f0, Pendant le règne de Domitien, on lui érigea au même endroit une statue équestre 20. Elle fut sans aucun doute renversée quand, après sa mort, le Sénat eut condamné sa mémoire.
C'est auprès du lac Curtius que Galba fut mis à mort par les soldats".
6° Le sanctuaire de Venus Cloacina. Pline raconte qu'après le combat, les Romains et les Sabins se purifièrent avec des branches de myrte à l'endroit où furent érigées ensuite les statues de Vénus (Cloacina de cluere, mot qui, dans le vieux latin, signifie purifier 22). Vénus Cloacina était à côté des tabernae novae et près du comitium (i) L3, c'est-à-dire à peu près à l'endroit où la Cloaca maxima entre dans le Forum (v. le plan, fig. 3251).
Il est probable que Vénus Cloacina n'avait pas sur le Forum un temple, mais seulement un autel ou une base assez vaste pour porter les statues mentionnées par Pline. C'est bien l'idée que donne le type de la monnaie de la gens Mussidia désignée par le mot cloa
cina (fig. 3254) : une base ayant la forme
d'un vaisseau et deux statues dont l'une tient sans doute une branche de myrte, séparées par un cippe, peut-être un autel.
Plaute, on ne sait trop pourquoi, dit qu'on rencontre les menteurs et les vantards apud Cloacinae sacrum'. La monnaie qui reproduit le sanctuaire de Vénus Cloacina est de l'année 705 (= 49 av. J.-C.). On ne possède aucun renseignement sur le sort de ce monument pendant l'Empire. Les traditions par lesquelles on a essayé d'expliquer ses origines inconnues prouvent sa haute antiquité.
7° Le temple de Vesta (11). -Beaucoup d'auteurs, dit Denys d'Halicarnasse26, attribuent à Romulus la fondation du temple de Vesta. Fils d'une Vestale, venu d'Albe, où le culte de Vesta avait été apporté par les Troyens ses ancêtres 27, comment Romulus, homme versé dans les sciences sacrées, aurait-il fondé une ville sans y établir ce culte ? Tout en reconnaissant la justesse de ces observations, Denys maintient que le temple du Forum ne fut pas élevé par Romulus, parce qu'il est en dehors du pomerium de la Reina quadrata et Romulus n'aurait pas pu le bâtir en dehors de la ville. C'est donc Numa qui en fut le fondateur 28. Toutefois, avant que celui-ci construisît ce temple commun au Palatin et au Capitole déjà protégés par une même enceinte, chaque curie avait son feu et son temple de Vesta 2°.
Le temple de Vesta était sur le Forum 30, près de la fou
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taine Juturne 1 et du temple de Castor2, près de la Voie Sacrée 3, à côté de la Via Nova (é) 4. Dans le voisinage du temple un escalier (u), descendant du Palatin, réunissait la Via Nova au Forum ; Ovide en fait mention 5 et il figure sur le plan antique (fig. 3252; voy. aussi fig. 3251, u). Ces renseignements, la forme des substructions mises au jour à l'endroit désigné par les auteurs, le voisinage de la maison des Vestales (q) ne laissent subsister aucun doute sur l'emplacement de l'antique sanctuaire G.
Sa forme ronde avait pris, comme le feu perpétuel qu'on y entretenait, un sens symbolique :
Aussi, dès l'origine, ce fut toujours un édifice rond 3. Sa toiture, en airain de Syracuse, avait la forme d'un dôme 9. Le temple de Vesta n'était pas à proprement parler un temple, car son emplacement n'avait pas été déterminé par les augures 10. Le temple, au moins celui qui fut reconstruit après le dernier incendie et dont nous avons les maigres débris, était un périptère rond, avec dix-huit ou vingt colonnes ". Il fut retrouvé très bien conservé en 1489; puis trouvé une seconde fois et démoli complètement en 1549 42. Les fouilles de 1883 ont donné heureusement quelques débris de marbre échappés au désastre 33 et qui ont permis de se rendre compte de l'architecture. Le temple était élevé sur un podium ; les colonnes, d'ordre corinthien, supportaient une frise élégante ornée de bucranes, de rameaux d'oliviers, de vases et d'instruménts de sacrifice". Dans les fondations aujourd'hui découvertes, on voit des morceaux de tuf volcanique qui peuvent appartenir à la plus ancienne construction'°.
Le temple de Vesta est figuré sur beaucoup de monnaies: on y voit souvent la statue de la déesse, sous le temple, tantôt debout 'G, tantôt assise ". Ces monnaies, qui semblent en contradiction avec un texte bien formel, dans lequel Ovide avoue que pendant longtemps il avait cru que la statue de Vesta était dans son temple ", ont beaucoup embarrassé les archéologues. Je crois que la statue n'était pas en effet dans le temple même, mais au dehors, soit entre les colonnes, soit plutôt dans un vestibule ouvert19. Le temple lui-même était fermé
et on n'y pénétrait pas; la longue ignorance d'Ovide et prouve et il n'est pas probable que l'on ait représenté, ouvert sur les monnaies, un temple dont le mystère devait rester impénétrable à tout autre qu'aux Vestales20
La plus ancienne monnaie qui nous montre le temple de Vesta est un denier de la gens Cassia, appartenant au commen
cement du vile siècle de Rome. Le temple rond est couvert d'un dôme surmonté d'une statue; à droite et à gauche, la toiture se termine, à son extrémité inférieure, par une tête de dragon Sur une monnaie de Vespasien, le dôme est surmonté d'une fleur de lotus 22. La statue reparaît sur le dôme du temple que re
présentent les monnaies bien connues de Julia Domna23. Le dessin que nous donnons (fig. 3255) est pris sur un médaillon de Lucilie 2S
Outre les monnaies, M. Lanciani a cru reconnaître le temple de Vesta dans des bas-reliefs antiques 25. Un de ces bas-reliefs, conservé par des dessins de Peruzzi et de Sangallo 20, a été retrouvé plus complet dans l'album A de la collection de M. Destailleurs et publié par M. de Geymuller 27. Les compléments que le nouveau dessin ajoute à l'ancien, rendent l'attribution moins probable 23. Le second bas-relief a été conservé par un dessin de Canina 29; le troisième est encore au musée des Offices à Florence 30. Il est reproduit plus haut (fig. 2944) ". Ces monuments sont traités avec la licence que les sculpteurs de bas-reliefs apportent d'habitude dans la représentation des édifices; il est difficile de démontrer avec une certitude absolue qu'ils représentent vraiment le temple de Vesta ; en tout cas, si on les compare aux monnaies, aux descriptions et aux débris retrouvés, on ne peut nier la grande analogie 32. A l'aide de ces divers éléments, M. Lanciani a fait une reconstitution du temple de Vesta 33, M. Jordan en a donné une autre assez différente de la première 34.
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Le temple de Vesta fut plusieurs fois détruit. Il est fort probable que l'édifice bâti par Numa ne survécut pas à l'invasion des Gaulois'. A l'approche de l'ennemi, les Vestales enfermèrent dans deux dolium le Palladium et les choses sacrées et les enfouirent près de la demeure du flamen Quirinalis 2, à un endroit qui conserva depuis le nom de Doliola 3; puis elles se réfugièrent dans la ville étrusque de Caere 4 l'an de Rome 364 (= 390 av. J.-C.). L'an 513 (= 241 av. J.-C.), le temple de Vesta fut incendié une seconde fois. Pendant que les Vestales fuyaient, le pontife Caecilius Metellus se précipita dans les flammes et réussit à sauver le Palladium, mais il y perdit la vue et eut un bras à demi brûlé Le temple faillit encore être consumé en l'an 541 (= 210 av. J.-C.) ; il fut sauvé par le zèle de treize esclaves, qui, comme récompense, furent affranchis 6. Le temple représenté sur les deniers de la gens Cassia7 est peut-être le même qui fut reconstruit après l'incendie de l'an 513, car on ne connaît pas de nouveau désastre avant l'émission de ce denier. Sous le règne d'Auguste, le temple de Vesta fut renversé, ou tout au moins très endommagé par une inondation
du Tibre Auguste l'enrichit avec les dépouilles de l'ennemis. Complètement détruit dans l'incendie de Néron i0, il fut presque aussitôt reconstruit par le même prince". Des monnaies de Vespasien ", de Titus", de Domitien', de Lucille, femme de Verus75 (fig. 3255) semblent témoigner de restaurations ou de largesses dont l'histoire n'a pas conservé le souvenir. Enfin le terrible incendie qui éclata sous le règne de Commode, l'an 944 (= 191 ap. J.-C.), dévora entièrement le temple de Vesta avec le temple de la Paix et les monuments voisins 16. Alors, pour la première fois, depuis qu'il avait été apporté de Troie par Énée, on put voir le Palladium que les Vestales transportèrent par la voie Sacrée, du temple en flammes au Palatin". Le temple fut reconstruit par Julia Domna ; ses monnaies nous ont conservé, avec le souvenir de cette reconstruction, la vue du nouveau temple 18. C'est celui dont on voit encore les substructions sur le Forum (II). Le décret de Gratien, de l'an 383, supprima les allocations faites aux Vestales par l'État. Le temple ne fut cependant pas encore fermé. Cet événement arriva à la fin de l'année 1147 (= 394 ap. J.-C.), après la défaite d'Eugène par Théodose II. Alors le temple et la maison des Vestales furent confisqués par le domaine et le feu, entretenu depuis plus de mille ans, s'éteignit 19
Sur le culte de Vesta et le collège des Vestales,
8° Le locus Vestae et l'autel d'Aius Locutius. Près du
temple de Vesta, au pied du Palatin d'où il descendait vers la Via Nova (e'), était un bois sacré, le locus Vestae. De là, peu avant l'arrivée des Gaulois, une voix surhumaine annonça aux Romains le danger qui les menaçait. Par reconnaissance et aussi en expiation dg n'avoir pas tenu compte de l'avis du dieu, on lui érigea, au même lieu, sous le vocable d'Aius Locutius (celui qui a parlé), un autel qui subsista longtemps, près du temple, sur la Via Nova 20. Il semble, d'après le silence des auteurs, que le lucus Vestae disparut de bonne heure pour faire place à des édifices; en effet, après Cicéron, il n'en fut plus question 21.
9° La fontaine de Julu;'ne. Nous n'avons pas à nous occuper ici de l'histoire mythologique de Juturne, que Virgile rattache aux origines romaines en en faisant la soeur de Turnus 22. La fontaine qui portait son nom se trouvait près des temples de Castor et de Vesta 23. Il est probable que l'emplacement du temple de Vesta fut déterminé par le voisinage de cette source, car Numa avait confié aux Vestales le soin non seulement du feu, mais aussi des sources 24. La fontaine de Juturne était célèbre par l'apparition des Dioscures qui y firent boire leurs chevaux après la bataille du lac Régille et annoncèrent la victoire aux Romains rassemblés sur le Forum 25. Le même prodige se renouvela près de la
fontaine après la défaite de Persée par Paul-Émile 2G. Un denier de la famille Postumia offre comme type la représentation de l'apparition des Dioscures (fig. 3256) 27. On y voit que la fontaine Juturne était une vasque que supportait une petite colonne posée sur plusieurs degrés. Ses débris, s'il en existe encore,
sont probablement sous la partie non encore déblayée, entre le temple de Castor et le temple de Vesta.
10° La Regia (10). -Comme le temple de Vesta, la Regia fut fondée par le roi Numa 23. Elle était située sur la Voie Sacrée 20 et sur le Forum dont elle formait, à l'est, la limite 30, au pied du Palatin 31, près du temple de Vesta 3, et de la maison des Vestales". Ces nombreuses indications topographiques ne permettaient guère aux recherches de s'égarer ; MM. Nichols et Jordan leur ont donné une précision complète en pratiquant, en 1886, des fouilles heureuses qui ont mis au jour les fondations de l'antique édifice 34.
La Regia était la demeure du souverain pontife u ou tout au moins le centre de son administration 36. C'est là que se tenaient les réunions du collège des pontifes37.
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C'était un lieu consacré' et.il renfermait des chapelles vénérées : un sanctuaire où l'on conservait des armes de Mars (hastae Martis) ; quand elles s'agitaient d'ellesmêmes, c'était un présage funeste qu'il fallait conjurer par des sacrifices 2 ; un sanctuaire d'Ops Consiva où les Vestales et le sacerdos publicus pouvaient seuls entrer 3. On y célébrait un sacrifice le 25 août . Les actes des Frères Arvales nous ont conservé le souvenir d'une séance tenue dans la Regia6, le 14 mai de l'an 740 (= 14 av. J.-C.), pour la cooptatio de Drusus César, fils de Tibère, à la place de L. Aemilius Paullus.
La Regia devait renfermer de riches archives ; sans
doute les ANNALES, les libri et les COII9IMENTARII des pon
tifes. Les fastes consulaires et les fastes triomphaux furent gravés sur l'angle sud-ouest (10') de son mur extérieur; les premiers en l'année 718 (= 36 av. J.-C.), les seconds entre les années 736-742 (= 18-12 av. J.-C.) 6.
La Regia, voisine du temple de Vesta, subit les mêmes vissicitudes; elle fut sans doute détruite par les Gaulois. Elle périt dans ce grand incendie de l'an 544 (=210 av. J.-C.) où le temple de Vesta faillit brûler'. En l'an 606 (a 148 av. J.-C.), elle fut consumée par un nouvel incendie ; toutefois, le sacrarium (probablement celui des armes de Mars) et un des deux lauriers qui poussaient à côté de la Regia furent miraculeusement préservés 8. Après un autre incendie, elle fut, en l'an de Rome 718 (= 36 av. J.-C.), reconstruite avec un grand luxe par Cri. Domitius Calvinus Vingt-quatre ans plus tard, Auguste élu Grand Pontife donna aux Vestales la Regia qui était bu.G'rotéo; avec leur maison 10
On avait déjà retrouvé les fondations de la Regia reconstruite par Calvinus, sous Auguste 11. Des fouilles récentes ont mis au jour les substructions de la Regia du temps de la République, qui, placée près de la maison des Vestales, peut justifier l'expression b(1.drotzoç. De ces faits, M. Jordan tire la conclusion nouvelle que la Regia donnée par Auguste aux Vestales est l'ancienne Regia, la Regia de la République devenue inutile par suite de la construction de la nouvelle 12. Il faut toutefois supposer, pour admettre cette opinion, que l'incendie qui précéda la reconstruction de Calvinus ménagea assez l'ancienne Regia pour qu'elle ait pu être restaurée.
La Regia de Calvinus fut incendiée, comme le temple de Vesta, sous Néron 13. Si elle ne périt pas complètement dans cet incendie, celui de Commode dut l'achever 14 et il est probable qu'elle ne fut pas reconstruite 16.
Aucune monnaie, aucun monument ne représente la Regia ; un fragment du plan antique en donne quelques
IV.
traits, sans valeur pour sa reconstitution 15. Nous savons que Calvinus l'avait ornée de statues extorquées à César 17 et que devant elle étaient placées deux des quatre statues qui soutenaient la tente d'Alexandre i8. Les dernières fouilles ont permis de reconnaître sa distribution intérieure i3 et nous ont appris que Calvinus l'avait reconstruite en marbre massif20. A l'aide des débris retrouvés, plusieurs archéologues ont essayé de la reconstituer"l
I1° La Curie, l'Atrium Minervae, le Secretariurn senatus
(K). Le lieu où plus tard s'éleva la curie était, à l'origine, occupé par un bois, un antre tapissé de lierre et une source où s'abreuvaient les chevaux de guerre; Tarpeia venait y puiser l'eau pour le culte de Vesta quand elle vit Tatius22. A ces temps éloignés, quand le temple de la déesse n'était qu'une cabane où l'on entretenait le feu public 23, c'est, nous dit Ovide, dans une hutte de chaume" que se réunissaient les rustiques sénateurs vêtus de peaux de bêtes25. Plus tard nous voyons deux rois alliés les convoquer sur le Vulcanal.26. Tullus Hostilius le premier éleva un palais du Sénat" qui, de son nom, jusqu'au temps de César28, s'appela Curia Hostilia 29. Celle-ci fut construite sur le comitium ; on y montait par des degrés33; la façade était tournée vers le Forum, c'est-à-dire vers le sud 32. Et, comme le Sénat ne pouvait légalement prendre de décisions que dans un temple", la curie fut augurée 34.
On sait très peu de chose sur cette première curie; après avoir franchi les degrés, on y pénétrait par un vestibule ". M . Valerius Messala , en l'année 490 (= 264 av. J.-C.), fit peindre sur un de ses murs, ou tout à côté (in latere curiae) 36 un tableau représentant sa victoire sur Hiéron de Syracuse. Dès lors, ce coin du comitium, connu sous le nom de Ad tabulam Valeriain, est plus d'une fois mentionné par les auteurs37.
Après un incendie la Curia Ilostilia fut reconstruite par Sylla, en l'année 674 (= 80 av. J.-C.), sur un plan nouveau 38, sans doute plus grandiose 39. Deux statues qui se trouvaient jusque-là in cornibus comitii disparurent par suite de cette construction40, ce qui prouve bien que, tout au moins, le nouvel édifice dépassait l'emplacement de l'ancien. Il semble résulter d'un texte de Cicéron41 que le monument de Sylla succéda directement à celui d'Hostilius. Pas plus que l'ancienne, la nouvelle curie n'était pourvue d'appareils de chauffage, et on fut un jour obligé de lever la séance à cause du froid42. Cette nouvelle curie n'eut pas une longue durée; en l'année 702 (52 av. J.-C.), les partisans de Clodius
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apportèrent sur les rostres le cadavre du tribun ; puis lui ayant fait, dans la salle même des séances du Sénat, un bûcher avec les sièges des sénateurs, les bancs, les tables et les livres des archives, ils allumèrent un incendie qui, en même temps que le corps, consuma la curie, plusieurs maisons voisines et la basilique Porcia'.
Peu de temps après ces événements, Pompée, rappelé à Rome, convoqua le Sénat dans le portique attenant à son théâtre, au Champ de Mars. Là, il fut décidé que le soin de reconstruire la curie incendiée serait confié à Faustus, fils de Sylla, et que, du nom de cette famille qui, deux fois, l'aurait relevée, la curie s'appellerait désormais Curia Cornelia 2. Il est difficile de savoir jusqu'où Faustus poussa ses travaux. En tout cas, quelques années plus tard, on fit détruire de nouveau la curie sous prétexte de construire un temple à la Félicité; temple dont l'exécution fut confiée àLepidus pendant qu'il était maître de la cavalerie'. En réalité, César ne voulait pas que le nom de Sylla demeurât attaché à la curie à laquelle il désirait au contraire donner la dénomination de Curia Julia. Aussi, en l'année 710 (=44 av. J.-C.), il se fit charger de relever la Curia Hostilia t qui désormais s'appellerait Julia. Les travaux ne commencèrent pas tout de suite; d'ailleurs la mort de César, arrivée cette année même, explique parfaitement ce retard. L'année suivante, le Sénat, effrayé par une série de prodiges funestes, après une délibération de trois jours, décréta de nouveau que la Curia Hostilia serait relevée 5 ; en 712 (=42 av. J.-C.) ; les triumvirs se mirent à l'oeuvre, donnant à la nouvelle curie, conformément au décret de l'an 710, le nom de Curia Julia°.
La Curia Julia occupa-t-elle exactement le même emplacement que l'ancienne curie? C'est une question difficile, qui divise les archéologues. Les documents ne sont pas assez clairs pour permettre d'établir une opinion qui s'impose 7. Ce qui est certain et admis par tous, c'est que la Curia Julia remplaça la Curia Hostilia qui disparut 8; qu'elle fut construite sur le comitium, plus somptueuse et plus grande9, et, probablement, différemment orientée 10. En dehors de ces points acquis, on n'a rien de nouveau à demander aux textes. Ici encore nous
devons attendre les fouilles; étant donnée la manière dont bâtissaient les Romains, on retrouvera les substructions, superposées ou espacées, des divers édifices qui se sont succédé. Alors seulement on saura avec certitude si les deux curies occupaient le même emplacement; on saura aussi quelles étaient les dimensions du comitium, et si, placé devant la curie, il s'étendait cependant aussi loin vers le nord que le pense M. Huelsen (fig. 3249).
La Curia Julia, commencée par les triumvirs, fut achevée par Auguste" qui la dédia en l'année 725 (= 29 av. J.-C.); cette même année Auguste célébra trois triomphes et ferma le temple de Janus. Il orna la nouvelle curie de deux grands tableaux signés l'un par Nicias, l'autre par Philocharès12. Au centre de la curief8 il plaça une magnifique statue de la Victoire, apportée autrefois de Tarente et ornée avec les dépouilles de l'Égypte"; et, devant la statue, il érigea un autel qui fut consacré le 28 août de la même année'°. C'est ce même autel qui, à la fin du Ive siècle, souleva de si vives discussions entre les païens et les chrétiens qui demandaient qu'il disparût du Sénat où siégeaient des sénateurs de leur religion1G. La curie était encore ornée de boucliers offrant, en bustes, les portraits des citoyens auxquels le sénat avait décrété cet honneur" (imagines clipeatae, CLIPEI, p. 1259).
A. la curie, Auguste ajouta un portique [CHALCIDICUM] y attenant (curiam et continens ei chalcidicum18), appelé chalcidicum Minervae par Dion Cassius19. Ce portique fut sans doute ajouté à la curie pour lui donner, conformément au précepte de Vitruve 20, des proportions harmonieuses. Il est probable qu'il faut l'identifier avec l'atrium Minervae2t que les catalogues placent près du Sénat". M. Lanciani croit le retrouver dans un dessin de Sangallo 23 : c'était un portique rectangulaire dont un des petits côtés, composé de trois colonnes, ouvrait sur l'Argiletum (e') derrière la curie (San Adriano, fig. 3257), dans la direction du forum de Nerva dont il était séparé par un grand arc servant de passage entre le Forum de César et 1' Argiletum. Quant aux longs côtés du portique, ils se composaient de huit colonnes parallèles au mur de derrière de la curie. Au delà du grand côté le plus éloigné de la curie, s'ouvrait
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une grande niche avec un piédestal supportant la statue de Minerve. Une inscription, d'origine inconnue' , mentionne l'érection, après un incendie, d'une nouvelle statue de Minerve; elle provient sans doute de l'atrium
Minervae 2.
M. Huelsen croit, au contraire, que l'atrium Minervae occupait le portique couvert et la grande salle qui séparent la curie (San Adriano) du Secretarium (S. Martina, fig. 3'258)3.
La Curia Julia dut souffrir de l'incendie de Néron ; si elle y périt complètement, au moins put-on sauver la statue de la Victoire et les deux peintures dont Auguste l'avait ornée; car Pline décrit plus tard ces peintures comme existant encore `'. En tout cas, une reconstruction de la curie est attribuée à l'empereur Domitien 5. Elle fut de nouveau détruite par un incendie sous Carinus" et reconstruite par Dioclétien'. On a retrouvé, à différentes époques, des inscriptions et des bas-reliefs' qui ont dû appartenir à ce nouvel édifice. Une inscription monumentale, entre autres, mentionnant une voûte auri fulgore decoratam paraît à M. Lanciani avoir fait partie des inscriptions commémoratives de la reconstruction de Dioclétien". La curie de Dioclétien resta à peu près intacte jusqu'au vie siècle. C'est à cette époque que le pape Honorius ler en fit l'église de SaintAdrien'".Cette église, au moins àl'extérieur, est encore la curie de Dioclétien. Nous empruntons à Middleton" un dessin (fig.3257) exécuté en grande partie d'après du Perrac qui a vu le monument au xvie siècle, dans un temps où il était plus dégagé qu'aujourd'hui12. La maçonnerie était revêtue de briques couvertes de stuc sur lequel on avait imité les joints des pierres de taille; il en existait encore quelques restes au temps de du Perrac. La corniche en briques, recouverte de stuc, est supportée par une série de consoles en marbre. Aujourd'hui l'encadrement en marbre de la porte a disparu; la porte de bronze, vue par du Perrac, a été enlevée, et c'est probablement celle qu'Alexandre VII transporta à Saint-Jean de Latran 13
L'identification de l'église San Adriano avec la curie de Dioclétien a été démontrée par Lanciani, qui, aux raisons topographiques et autres, ajoute ce fait que l'édifice actuel présente encore les caractères de l'architecture des monuments construits par Dioclétien'".
Mais on possède, sur la curie de Dioclétien, des documents d'une bien plus grande importance que le dessin de du Perrac. Ce sont des dessins d'Antonio da Sangallo, de Baldassare Peruzzi et de son fils, trouvés et publiés par Lanciani15. Nous reproduisons un de ces dessins, auquel nous avons déjà renvoyé plus haut, donnant le plan de la curie de Dioclétien et de ses dépendances, relevé au xvie siècle (fig. 3258) 1e. L'ensemble de ces bâtiments formait un rectangle long de 51m,28 et large de 27m,54. La façade s'ouvrait sur le comitium (i) ; du côté opposé, les constructions étaient adossées à un mur de tuf et de travertin qui appartenait à l'enceinte du Forum de César; à droite était l'Argiletum (c') et le Forum de Nerva; à gauche une place que longeait la rue qui passait devant la prison (2), clivas argentarius ". La curie ou salle des séances du Sénat est occupée par l'église San Adriano. C'est une salle longue de 25E8,20 sur 17m,61. Les dix colonnes qui divisent l'église en trois nefs et l'abside sont modernes; aux murs sont appliqués des pilastres corinthiens antiques en marbre, deux de chaque côté, et en plus ceux des coins. Chaque angle de la salle est flanqué, à l'extérieur, de massifs de maçonnerie carrés, qui soutenaient sans doute cette voûte auri fulgore decoratam dont il a déjà été parlé plus haut; dans l'un de ces massifs était un escalier. Il est difficile de déterminer l'usage précis de la salle suivante; c'était un vestibule ou peut-être une cour; elle est traversée aujourd'hui par la via Bonella, qui ne date que de la fin du xvie siècle'". Il est probable, quoique les dessins ne l'indiquent pas, que cette partie communiquait avec la curie et aussi avec la salle suivante '9. Celle-ci était un portique couvert, long de 26 mètres, large de 7m,47, séparé en deux nefs par six piliers carrés, correspondant à des pilastres appuyés aux murs, et soutenant sans doute une voûte à arêtes. Ce portique communiquait, par une grande arcade montant jusqu'au toit, avec la dernière salle dont la destination nous est connue : c'était le Secretarium senalus, aujourd'hui l'église Santa Martina. Le Secretarium était une salle longue de 18m,17, large de 8m,92, en forme de basilique, terminée par une abside circulaire. C'est là, si l'on en croit une note de Sangallo, que furent trouvés les bas-reliefs exposés aujourd'hui dans l'escalier du palais des Conservateurs, qui ornaient l'arc de Marc-Aurèle20. On a retrouvé en place l'inscription mentionnant
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la reconstruction, sous Honorius et Théodose, du Secretarium amplissirrli senatus, qui avait été construit par Flavianus, vir inlustris, puis détruit par un incendie 1. L'inscription nous donne à peu près la date de la restauration; quant à la con
struction, on ne sait pas auquel des Flaviani, qui furent préfets de Rome, il faut l'attribuer. Une autre note de Sangallo nous apprend que le Secretarium était construit en travertin; d'où il faudrait conclure que le Fiavianus du Ive siècle, à qui l'inscription attribue la construction du Secretarium, se serait borné, comme on le faisait souvent
de son temps, à adapter à un nouvel usage une dépendance de la curie2.
M. Mommsen 3 a émis l'opinion partagée par M. G. B. de Rossi et Gatti' que, au vie siècle, le Secretarium senatus avait changé de destination et était devenu l'Atrium Libertatis.
12° Le Senaculum. On ignore complètement à quelle date remonte le senaculum, mais il est naturel d'en parler après la curie, car il fut, comme elle, à l'usage des sénateurs'. Il était situé entre le Capitole et le Forum 6, vers l'endroit où s'élevèrent le temple de la Concorde (6) 7 et la basilique Opimia, plus haut que la Graecostasis 8, devant l'autel de Saturne 0 situé sans doute près de son temple (19). Tous ces renseignements nous permettent de placer le senaculum sur le Vulcanal, ou peut-être, comme le fait M. Iluelsen (fig. 3249), sur l'extrémité sud-ouest du comitium qui confinait au Vulcanal. Il est impossible de marquer avec probabilité un emplacement précis.
On ne sait pas davantage si le senaculum était une place découverte, un portique ou un édifice 10. Son usage n'est pas déterminé avec plus de précision. C'était, suivant quelques auteurs, un simple vestibule ou salle d'attente du Sénat 1i. D'autres pensent, avec plus de vraisemblance, que le senaculum du Forum était le lieu où les sénateurs conféraient avec les tribuns, auxquels l'entrée de la curie était interdite l2; cette opinion est autorisée par un texte de Festus i3, et aussi par le fait que les sénateurs entendaient, dans un autre senaculum, au temple de Bellone, ceux des ambassadeurs des nations étrangères auxquels on ne permettait pas d'entrer dans la
ville " ou les personnages soumis à la même défense 1'. Il existait un troisième senaculum près de la porte Capène16.
13° La pila Horatia, Après la défaite des Albins, ou plutôt des trois Curiaces par le dernier des Horaces, le roi Tullus Hostilius fit attacher, en guise de trophée, les armesdes Curiaces à un pilier que, au temps d'Auguste, on voyait encore àl'angle d'un des deux portiques du Forum t7. Le vieil Horace, pour exciter la pitié du peuple et lui arracher une sentence favorable à son fils, montrait ce trophée en rappelant la victoire qui.avait sauvé Rome i8 Le temps avait détruit les armes, mais au temps de Denys d'Halicarnasse et de Tite-Live, le pilier existait encore et avait conservé le nom de pila Horatia 19. Les deux portiques existant sous Auguste au Forum étaient sans doute ceux des deux basiliques. On s'est demandé s'il ne fallait pas reconnaître ce pilier dans une base carrée, située à l'angle du portique de la basilique Julia (17), au point d'intersection de la Voie Sacrée (13) et du vicus Tuscus (18) 20.
14° La prison (2), le Tullianum, les Lautumiae, les scalae Gemoniae. La prison était située à un endroit d'où elle dominait le Forum 21, à côté du temple de la Concorde (6) 22, près d'un escalier qui descendait du Capitole (3)". Ces indications et les restes qui subsistent concordent parfaitement avec l'attribution de la prison aux églises S. Pietro in Carcere et S. Giuseppe de Falegnami.
A la suite d'un accroissement de la population, Ancus Martius fut contraint à la construire à cause de l'audace croissante des malfaiteurs 16dt pour réprimer les crimes et les attentats16, Elle était composée d'une série de chambres dont une subsiste encore, partie creusée dans le roc, partie construite de grosses pierres bien appareillées et avec une voûte26. Sous la cellule conservée est une partie souterraine, de forme ronde, voûtée. Un trou, pratiqué dans la voûte, était la seule communication de ce cachot avec la chambre supérieure [CARCER, fig. 1183, 11811. C'est par ce trou que l'on précipitait les criminels pour les étrangler 27 ou les laisser mourir de faim 28. La construction de ce cachot souterrain était attribuée à Servius Tullius et, pour cette raison, on l'appelait Tullianum 29. Salluste nous en a laissé une horrible description, encore exacte aujourd'hui 30. Sur la
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façade qui regarde le Forum on lit encore une inscription gravée en souvenir d'une restauration faite pendant le règne de Tibère, sous les consulats de C. Vibius Rufinus et M. Cocceius Nerva 1. L'appellation vulgaire de la prison désignée aujourd'hui sous le nom de prison Mamertine date du moyen âge seulement.
A côté de la prison d'Ancus Marcius, il existait une autre prison appelée Lautumiae, par analogie avec les célèbres prisons de Syracuse, parce que, comme elles, elle était établie dans d'anciennes carrières 2. On y emferma des prisonniers de guerre 3 et Sabinus demanda comme une faveur d'y être transféré' ; elle était sans doute moins rigoureuse que l'autre.
On arrivait à la prison par un escalier dont l'emplacement exact n'est pas encore bien déterminé. C'était les scalae Gemoniae. Leur nom revient souvent dans les récits des historiens. On y exposait les cadavres des suppliciés G. Pline les appelle grades gemitorii a, nom qui rappelle le pont des Soupirs.
15° La Cloaca Maxima. La Cloaca Maxima, commencée par Tarquin l'Ancien et continuée après lui, se rattache à tout un système d'égouts, dont elle est le plus considérable, destiné à dessécher non seulement le Forum, mais toute la plaine 7 où s'établissaient peu à peu les populations descendues des hauteurs. Elle entrait sous le Forum près de l'Argiletum (e'), passait sous la base de la statue qui occupe l'emplacement présumé du laces Curtius (m). sous la Voie Sacrée (13) et sous l'extrémité de la basilique Julia (16) où l'on a pratiqué un regard (v) qui permet de se rendre compte de son admirable construction. Dans un travail récent, M. Lanciani a déterminé le trajet de la Cloaca Maxima sous les Forum d'Auguste et de Nerva et le point précis of elle pénètre sous le Forum romain 8. Pour plus de détails et pour les illustrations, voir le mot cLOAcA, p. 1261 et les figures 1674 et 1675.
16° Les portiques, les boutiques, les illaeniana. Tarquin orna le Forum de portiques; c'est-à-dire qu'il distribua aux particuliers le terrain qui entourait le Forum, avec charge d'y bâtir des boutiques et de les orner de portiques9; il est probable que toutes ces constructions devaient être édifiées sur un plan uniforme. Les portiques avaient un étage supérieur formant une galerie couverte ou des loges d'où l'on pouvait suivre les jeux qui se donnaient sur le Forum 10. On appelait ces loges maeniana, du nom de Maenius, le premier qui en ait fait construirelt. Les maeniana du Forum romain, situés à l'endroit appelé sub veteribus, c'est-à-dire près des tabernae veteres dont nous parlerons tout à l'heure, étaient ornés de peintures de Sérapion 12.
Parmi Ies boutiques qui s'élevaient sur le Forum, deux groupes sont particulièrement connus : ce sont les tabernae veteres et les tabernae novae. Nous savons par un texte de Tite-Live que la basilique Sempronia occupait l'emplacement de la maison de Scipion, près de la statue de Vertumne et à côté des tabernae veteres 13. Or,
la statue de Vertumne était sur le vicusTuscus (18)1+ et on sait que la basilique Sempronia fut absorbée dans la construction de fa, basilique Julia. Ce texte nous permet donc de placer les tabernae veteres le long de la Voie Sacrée (13) à peu près à la place où fut plus tard le portique(17) de la basilique Julia(16)(Voy. le plan fig. 3249). Lorsque le soleil devenait insupportable aux promeneurs qui erraient sub novis, c'est-à-dire devant les tabernae novae, ils allaient chercher un peu de fraîcheur sub veteribus, c'est-à-dire devant les tabernae veteres 'a. Que conclure de ce fait, sinon que les tabernae veteres étaient en bordure sur le côté sud du Forum où elles projetaient leur ombre? Renseignement qui concorde avec les précédents. Quant aux tabernae novae, le même texte démontre que, inondées par les rayons du soleil, elles étaient sur le côté nord du Forum. Et en effet Tite-Live dit que, derrière elles, on construisit la basilique Aemilia I6 (d'). On sait aussi que le père de Virginie, après avoir entraîné sa fille près du sacrarium de Vénus Cluacina, à côté des tabernae novae, saisit, pour l'en frapper, le couteau d'un boucher qui occupait l'une de ces boutiques (B)17; or ce sanctuaire était également sur le côté nord du Forum (Voy. plus haut, p. 1288, n° 6). Les tabernae novae étaient ainsi appelées parce qu'elles avaient été reconstruites après un incendie18. On connaît sur le Forum un autre groupe de sept boutiques, qui fut aussi détruit par le feu 13.
Nous avons vu plus haut que les boutiques furent construites par des particuliers sur le terrain que leur avait donné le roi; cependant certaines appartenaient à l'État, car, après l'incendie des sept boutiques, leur reconstruction fut mise en adjudication par les censeurs 20.
Les boutiques souffrirent, plus encore que les grands édifices, des incendies fréquents qui dévastèrent le Forum romain; il serait sans intérêt de rechercher les désastres qui détruisirent ces humbles constructions. Simples boutiques d'un marché à l'origine, elles devinrent plus riches à mesure que le Forum devint lui-même un centre de promenade et d'affaires; des banquiers y remplacèrent les bouchers, les marchands de comestibles et les maîtres d'école 21. On ne peut pas fixer de date pour ce changement qui se fit sans doute lentement et progressivement; la mention la plus ancienne qui soit faite des boutiques des banquiers remonte au triomphe de L. Papirius Cursor, en l'année 445 (= 309 av. J.-C.) 22. Les jours de deuil public et les jours de comices, on les fermait23; on les ornait les jours de fêtes et de triomphes 2". Elles disparurent peu à peu vers la fin de la République pour faire place aux magnifiques constructions du Forum impérial. (Pour l'emplacement des tabernae novae et veteres, voy. fig. 3251; v. des représentations de boutiques de changeurs et de banquiers, ARGENTAHII, p. 406, fig.494, 493).
170 Le temple de Castor (15). L'expulsion des 'farquins fut suivie d'une série de complots et de guerres auxquels mit fin la bataille du lac Régille en l'année 258 (-496 av. J.-C.). Pendant le combat, le dictateur
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A. Postumius fit voeu d'élever un temple à Castor' ; et on vit les deux Dioscures, sous la forme de jeunes gens d'une taille et d'une stature surhumaines, combattre à la tête des Romains2; longtemps on montra sur un rocher du champ de bataille, l'empreinte du pied d'un de leurs chevaux3. Puis , l'ennemi vaincu , ils apparurent sur le Forum, à la tombée de la nuit, abreuvant à la fontaine Juturne leurs chevaux baignés de sueur et annoncèrent la victoire à la foule rassemblée devant eux 4. C'est au lieu même de l'apparition qu'on construisit le temple voué par Postumius 5. Le temple de Castor était donc sur le Forum et près de la fontaine Juturne 6; c'est bien là en effet que le placent le plan antique de Rome (fig. 3252)' et le renseignement fourni par l'inscription d'Ancyre 3. Il en subsiste encore des ruines imposantes et particulièrement trois belles colonnes corinthiennes (fig. 3250,15). Quoique dédié aux deux Dioscures, Castor et Pollux, on le désignait généralement sous le nom de temple de Castor; c'est ainsi qu'il est nommé sur le plan antique et par de nombreux auteurs. Bibulus, édile avec César, et dont le nom était effacé par celui de son illustre collègue, disait plaisarnment qu'il était sacrifié comme Pollux, dont le nom était omis dans le vocable du temple, dédié cependant aux deux Dioscures 9. La dédicace eut lieu le 27 janvier 10 de l'an de Rome 270 (= 484 av. J-C) ; elle fut faite par le fils du dictateur Postumius auteur du voeu, nommé duumvir à cette occasion"
Le temple de Castor fut reconstruit 367 ans plus tard, avec le butin, par L. Caecilius Metellus Dalmaticus'2, consul en l'année 637 de Rome ( =117 av. J.-C.) qui l'orna de statues, de tableaux et du portrait de la courtisane Fiera". Cicéron accuse Verrès d'avoir profité de cette construction pour faire des gains illégitimes". Une seconde reconstruction fut faite sous Auguste, par Tibère qui dédia le nouvel édifice en l'année 747(= 7 av. J.-C.), au nom de son frère Drusus et au sien ". Caligula fit ouvrir dans la cella du temple une porte qui donnait accès à son palais du Palatin, disant que les deux Dioscures, fils de Jupiter et de Léda, seraient désormais ses portiers". Lui-même, assis entre Castor et Pollux, venait recevoir les adorations des visiteurs". Claude remit le temple dans l'état primitif' 8.
Au jour anniversaire de la dédicace, c'est-à-dire le 27 janvier, on célébrait à Ostie des jeux en l'honneur des Dioscures ". Le 15 juillet, jour anniversaire de la bataille du lac Régille et de l'apparition des Dioscures, les chevaliers couronnée de rameaux d'olivier, vêtus de robes de pourpre et portant les décorations gagnées sur le champ de bataille, au nombre de cinq mille, se rendaient en
procession au temple de Castor après avoir célébré un sacrifice solennel 20
Le temple de Castor, placé sur un podium élevé, était un temple octastyle, avec onze colonnes environ sur les côtés. Il était complètement revêtu de marbre pentélique; toute son ornementation était pure et d'une élégante simplicité 21. On y montait de la Voie Sacrée par un large escalier; deux escaliers latéraux descendaient l'un vers le virus Tuscus (18), l'autre vers l'arc d'Auguste (14), Il avait une cella où était déposée une partie du trésor; on y avait établi un bureau où l'on conservait des types des poids autorisés; et ceux que les par ticuliers y avaient fait vérifier portaient l'inscription Cxactum ad castoris22, Sur le Forum, en face du temple, on érigea une statue à Marcius Tremellus, vainqueur des Herniques".
La situation élevée du temple de Castor lui donna une grande importance dans les troubles politiques et il fut le théàtre de scènes violentes 2°. Le Sénat y tenait des séances"; c'était un centre d'affaires très fréquenté"; Cicéron l'appelle « celeberrimum clarissimumque monumentum » 27 et il salue Castor et Pollux comme « omnium rerum forensium, consiliorum maximorum, legum judiciorulnque arbitri et testes» 26.
Le temple de Castor est représenté sur un des basreliefs du Forum (fig. 3267, 15)".
Tel était l'état du Forum romain quand les Gaulois, maîtres de Rome, le ravagèrent et en détruisirent presque tous les monuments, en l'année 364 (= 390 av. J.C.).
18° Le temple de la Concorde (6). Le vote des lois liciniennes fut un grand événement dans l'histoire de Rome ; en rétablissant l'union entre les deux ordres, elles permirent à la République pacifiée à l'intérieur de s'étendre au dehors (an de Rome 387 = 367 av. J.-C.). Mais ces lois, vivement combattues par les patriciens, ne passèrent pas sans graves désordres. Au milieu d'un tumulte plus violent que tous ceux que le Forum avait vus jusqu'alors, Camille fit voeu d'élever, aussitôt que la paix serait faite, un temple à la Concorde. Dès le lendemain du jour où les lois furent votées, on décréta l'érection du temple voué par Camille 3D.
Ce temple fut construit dans un lieu d'où il dominait le Forum et le comitium 31, près de la prison 32, du temple de Saturne et du clivus Capitolinus 33, entre le Capitole et le Forum 34, près des grades Illonetae 35. Ces renseignements sont confirmés par le fragment du plan antique sur lequel on lit son nom (fig. 3252). L'emplacement attribué à cet édifice (6) est donc certain.
On ignore la date de la dédicace du temple de Camille. Une Victoire, qui en couronnait le faîte, fut renversée par la foudre ; les antéfixes étaient ornées de Victoires 36
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En l'année de Rome 633 (= 121 av. J.-C.), le Sénat, après la défaite et la mort de C. Gracchus, décréta que le temple serait reconstruit par Opimius 1. Le peuple, mécontent de la défaite de Gracchus, le fut plus encore de voir un monument, érigé en souvenir d'une victoire plébéienne, reconstruit comme témoignage du triomphe de l'aristocratie; et, une nuit, on écrivit au-dessous de l'inscription du temple ces mots : « La Discorde élève ce temple à la Concorde»). Sous le règne d'Auguste, le l°' janvier de l'an de Rome 747 (= 7 av. J. C), Tibère inaugura son consulat en convoquant le Sénat à une séance où il se fit charger de reconstruire le temple de la Concorde 3. L'édifice fut, comme le temple de la Concorde, dédié par Tibère, en son nom et au nom de Drusus son frère 4 déjà mort, le 16 janviers de l'année 763 (= 10 ap. J.-C.) °, sous le vocable nouveau de Con.cordia Augusta
Pendant un voyage à Paros, Tibère avait contraint les habitants de cette ville à lui vendre une statue de Vesta qu'il destinait à l'ornementation du temple encore en construction 3 ; Livie, sa mère, avait donné l'autel et d'autres présents °. On admirait, dans le temple de la Concorde, un Marsyas lié, peint par Zeuxis 70, un Bacchus de Nicias 11, quatre éléphants en obsidienne, pierre qu'Auguste aimait à cause de sa transparence 12, enfin une sardoine qui, s'il faut en croire les traditions, provenait de la bague que Polycrate, tyran de Samos, avait jetée dans la mer pour désarmer la Fortune 13. Il était orné aussi d'un grand nombre de statues d'artistes grecs en renom : Baton 14, Euphranor I5, Niceratus 16, Piston 17, Sthennis 18. On voit que Tibère avait fait du troisième temple de la Concorde un des plus beaux édifices de Rome 19 et un véritable musée.
Les restes du temple de la Concorde, quoiqu'ils ne se composent guère que du podium, permettent de se rendre compte de sa disposition. La cella, plus large que longue, a encore les piédestaux de deux statues (d'). En avant, était un très vaste portique ; on y arrivait par un escalier divisé en deux parties 2G. L'inscription, aujourd'hui disparue, nous a été conservée par l'anonyme d'Einsiedlen 2'. Devant le temple s'étendait une area, à laquelle le mur circulaire qui se voit encore derrière les rostres (8) servait sans doute de soutènement.
Comme le temple de Castor, le temple de la Concorde eut une grande importance politique : il fut le théâtre d'événements tumultueux 22; le Sénat s'y réunissait souvent" : c'est là que Cicéron confondit les complices de Catilina, dévoila au Sénat tout le complot, et prononça sa quatrième Catilinaire 24. Un procès-verbal des Actes des Frères Arvales nous a conservé le souvenir d'un suri
fice à la déesse Dia offert pour le salut de l'empereur Antonin in pronao aedis Concordiae, le 7 janvier de l'année 898 (= 145 ap. J.-C.) n. C'était un des lieux où les Frères Arvales se réunissaient pour les cooptatio 26 et où ils prononçaient l'indictio solennelle des sacrifices 27. Les auteurs mentionnent plusieurs pluies de sang qui tombèrent, pendant deux jours, sur l'area du temple de la Concorde 2s.
19° Les rosira vetera; le milliaire d'or; l'umbilicus.
Nous avons vu que, après le Vulcanal, le comitium fut le lieu où les magistrats haranguaient le peuple; on ignore à quelle époque une tribune y fut construite à cet effet. En l'an de Rome 416 (= 338 av. J.-C.), C. Maenius triompha des Antiates et orna la tribune avec les rostres des vaisseaux pris à l'ennemi29. C'est le premier témoignage historique que l'on ait de l'existence de la tribune, qui, depuis cette époque, s'appela les Rostres 3°. Tite-Live nous dit bien que les statues des ambassadeurs tués par les Fidénates furent placées sur les Rostres en l'année 316 (= 438 av. J.-C.) 31 ; mais ce texte, où la tribune est, par anticipation, appelée Rosira, ne prouve pas qu'il y ait eu, dès cette époque, une tribune proprement dite. Peu auparavant, nous voyons en l'an de Rome 305 (= 449 av. J.-C.) Appius Claudius convoquer encore le peuple au Vulcanal32. 11 semble donc probable que la tribune fut construite entre la chute des décemvirs et la victoire de C. Maenius sur les Antiates.
Elle était située sur les confins du comitium et du Forum 33. Les orateurs pouvaient ainsi se faire entendre à la fois des patriciens et des plébéiens. Ce fut longtemps un usage que l'orateur parlât tourné vers le comitium; mais C. Gracchus34 ouLicinius. Crassus 3s introduisirent l'habitude de se faim.
tourner vers le peuple comme vers le véri
table souverain. La tribune était en outre très rapprochée de la curie, car Cicéron raille ces tribuns qui, pendant les funérailles de Clodius, continuèrent, de la tribune, à exciter le peuple par leurs discours, jusqu'à ce qu'ils furent obligés d'en descendre par le feu qui consumait la curie".
La tribune avait été consacrée par les Augures; c'était donc un temple 37.
Les rostres du comice étaient ornés ou entourés de nombreuses statues : celles des ambassadeurs tués par les Fidénates, dont nous avons déjà parlé30; la statue de Camille 39, la statue équestre de Sylla, en bronze doré 40, la statue de Pompée 4t; deux statues de César, l'une avec la couronne civique, l'autre avec la couronne obsidio
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pale' ; à ces rostres se livrèrent les combats incessants entre l'aristocratie et la démocratie' ; Cicéron y prononça deux de ses Catilinaires; on y exposa la tête d'Antoine, orateur et soldat, qui avait illustré la tribune par son éloquence, et l'avait embellie avec le butin conquis sur l'ennemi 3, les têtes du consul Octavius ° et des victimes de Marius et de Sylla ; 6 les cadavres de Sylla 6 ; et de Clodius' y furent exposés avant leurs funérailles. C'est aux rostres qu'étaient fixées les douze tables de la loi 6. On y avait aussi érigé la colonne rostrale de Duilius', vainqueur des Carthaginois en l'an de Rome 494 (= 260
av. J.-C.)'°. Uni fragment considérable dé l'inscription de cette colonne, trouvé près de l'arc de Septime Sévère", est aujourd'hui déposé aux palais des Conservateurs ".
L'année même de samort, en l'année 710 (=44 av. J.-C.), César transféra les rostres du comitium sur le Forum", à l'endroit où l'on en voit encore aujourd'hui des restes considérables (8). L'attribution de ces ruines aux rostres de César est certaine; Tocco l'a prouvé le premier10; ils formaient l'extrémité du Forum à l'ouest, comme l'arc de Fabius la formait à l'est 15. Un bas-relief de l'arc de Constantin, déjà signalé par Canina, et depuis par de
nombreux auteurs 1G, en donne une démonstration tout à fait évidente (fig. 3260). L'empereur y figure, debout sur les rostres (8), haranguant le peuple; la foule se presse autour de la tribune; à droite on voit l'arc de Septime Sévère avec ses trois arcades (7); à gauche l'arc de Tibère (20) avec son arc unique sous lequel passait la Voie Sacrée (13); puis la basilique Julia (16, 17). Sur un
autre bas-relief, du temps de Trajan ou d'Hadrien, qui a certainement servi à l'ormentation de la tribune reconstruite par César, l'empereur fait brûler devant les rostres" les livres où sont inscrits les noms des citoyens en retard avec le fisc (fig. 3261). La tribune y est représentée d'une façon symbolique et non réelle, par des rostres ; mais ce bas-relief a l'intérêt tout particulier
de nous donner les vues de plusieurs monuments du Forum. Derrière la tribune (8), en effet, apparaît le temple de Vespasien (5) dont trois colonnes sont encore
debout (fig. 3250, 5); à côté un arc qu'on n'a pas encore déterminé d'une manière satisfaisante; peut-être est-ce tout simplement une des arcades du premier étage
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du Tabularium (1). On voit ensuite une partie du fronton et les six colonnes ioniques du temple de Saturne (19), puis' la basilique Julia (16-17)1. A la suite la statue de Marsyas et le figuier ruminai, symboles du Forum et du comitium 2.
Les restes de la tribune retrouvés et identifiés avec certitude, on chercha à la reconstituer telle qu'elle subsista sous l'empire. On fit, à cette intention, en 18821883, des fouilles spéciales dont Jordan a rendu compte d'après un rapport de Fabricius'. Ces fouilles donnèrent de bons résultats, mais incomplets, parce qu'on ne s'occupa pas de rechercher quelle pouvait être la profondeur de la tribune. M. Richter, par des fouilles nouvelles, compléta les informations sur ce point. Il arriva ainsi à démontrer que la tribune était une vaste plate-forme, élevée de trois mètres environ au-dessus de l'area du Forum, présentant, sur cette même area, une façade de 23,69, ornée de deux rangs de rostres et regardant vers l'est; quant à la profondeur du monument elle était de 10 mètres. Le sol même de la tribune était soutenu par des pilastres que les fouilles de M. Richter ont mis au jour 1. A l'aide de ces documents et du bas-relief de Constantin (fig. 3260), M. Richter a fait une intéressante reconstitution de la tribune Aux extrémités, deux statues colossales , assises, reposant sur des bases, probablement celles de Stilicon', dont l'une est encore sur le Forums (j) ; tout le long de la façade, sauf au centre, règne une balustrade en marbre. Cinq colonnes supportent des statues'. On avait accès à la tribune par un escalier, situé en arrière, du côté de l'area du temple de la Concorde, à laquelle le mur demi-circulaire qui existe encore (8) servait sans doute de soutènement; en gravissant cet escalier, on passait entre les deux beaux bas-reliefs qui se voient encore sur le Forum (24, fig. 3261 et 3267); ils appartenaient à une restauration de la tribune faite par Trajan ou Hadrien 10. Il est probable que la construction de basse époque, en briques, accotée au côté nord des restes de la tribune (h) était une base destinée à supporter des statues".
César, après avoir décrété le déplacement de la tribune, laissa à Antoine l'honneur de la reconstruire et la gloire d'inscrire son nom dans l'inscription '2. Il y fit replacer les deux statues de Sylla et de Pompée, ce dont on lui sut gré 13, car elles avaient été enlevées des rostres du comitium après la bataille de Pharsale"; toutefois
1V.
Cicéron fait remarquer avec malice qu'il se donnait ainsi le droit d'y rétablir aussi les siennes 15. Aux statues transférées des anciens rostres, on ajouta une statue équestre du jeune Octavianus, âgé alors de dix-neuf ans16. Enfin on admirait, près des rostres, une magnifique statue, en bronze, d'Hercule expirant sous la tunique de Nessus 17. Nous voyons sur le bas-relief de Constantin (fig. 3260) la tribune ornée de colonnes supportant des statues ; or on sait que le Sénat, entre autres honneurs, décréta qu'on élèverait à l'empereur Claude II, sur les rostres, une colonne ornée de palmes et surmontée de sa statue en argent, du poids de quinze cents livres 16. Une inscription de Rome mentionne l'érection sur les rostres d'une statue en bronze et en argent de l'empereur Honorius ". Enfin il y avait, près des rostres, un édicule au génie du peuple romain 2° qu'Aurélien orna d'une statue en or 71; on y sacrifiait le 9 octobre 22. C'est sur ces rostres que furent exposés, par ordre d'Antoine, les mains et la tête de Cicéron 23; c'est de là aussi qu'Antoine parla au peuple devant le cadavre de César 2é
Les rostres sont représentés sur deux monnaies. Un denier de la famille Lollia montre la tribune posée sur une série d'arcades que supportent des piliers auxquels sont fixés les éperons (fig. 2339) 25. Cette
attribution a été contestée `6. Il est probable cependant que ce type représente les anciens rostres du comitium, et que la forme ovale qu'ils semblent avoir sur cette monnaie est due uniquement au graveur 27. Une autre monnaie, appartenant à la gens Sulpicia, frappée vers l'an de Rome 718 (= 36 av. J.-C.) représente deux magistrats
siégeant sur la tribune figurée sous la forme très rudimentaire d'un simple suggestus symbolisé par trois rostres (fig. 3262) 2e,
A la tribune étaient attenant deux monuments dont on ne peut guère la séparer, quoiqu'ils soient, l'un et l'autre, d'une époque plus récente : le milliaire d'or (f) et l'umbilicus Bondie (e).
Le milliaire d'or était une colonne à laquelle venaient aboutir toutes les routes qui traversaient l'Italie 29. Ce n'était pas cependant de ce milliaire, mais des extrémités de la ville que, légalement, on devait compter les distances 30. Le milliaire d'or fut élevé par Auguste
164
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en vertu de sa charge de curateur des voies des environs de Rome 1. Il était situé à l'extrémité du Forum', près du temple de Saturne (19)3; dans les catalogues il est mentionné immédiatement avant le vicus Jugarius (a» qui, seul, le sépare du temple de Saturne' ; ou avant la basilique Julia (16) 6. Ces indications concordent bien avec l'emplacement que les archéologues attribuent au milliaire d'or. On a d'ailleurs trouvé à cet endroit, dans les fouilles de 1849-50, les restes d'une base en marbre, cylindrique, encore en place, concordant parfaitement par sa forme, son style et sa situation avec ce que l'on sait du milliaire d'or. Cette base, d'abord enlevée de son lieu d'origine, a été ensuite remise là où on l'avait trouvée 6. Un seul souvenir historique s'attache au milliaire d'or : c'est là qu'Othon avait donné rendez-vous aux quelques soldats qui commirent envers Rome le double crime de le porter à l'empire et d'assassiner Galba'.
L'Umbilicus Romae est un monument de beaucoup plus basse époque. On est maintenant d'accord pour ne pas l'identifier, comme l'a fait Becker avec le milliaire d'or. A l'extrémité nord de la tribune, on voit les restes d'une base circulaire, en briques, autrefois, sans doute, recouverte de marbre (e). Ce sont, d'après l'opinion généralement admise, les restes de l'Umbilicus Rornae. L'itinéraire d'Einsiedlen confirme cette attribution : S. Sergii ibi umbilicum 9. Or l'église de Saint-Serge était située derrière les rostres (8) sur l'area du temple de la Concorde (6) et sur le vicus Jugarius 10. Le Curiosum ne mentionne pas l'umbilieus, mais le De regionibus le nomme immédiatement après le temple de la Concorde". Ce monument, réminiscence sans doute de l'ïip.pci))o; des Grecs, fut probablement élevé à l'époque de Constantin.
20° La statue de Marsyas. Il existait sur le Forum, près des rostres 12, du tribunal et du putéal de Libon 13, une statue célèbre du satyre Marsyas. Le satyre était représenté nu, portant une outre sur l'épaule, la main levée. Il figure sur les bas-reliefs trouvés au Forum (fig. 3261, 3267), symbolisant, avec le figuier ruminal, le Forum et le comitium; il sert aussi de type à une monnaie de L. Martius Censorinus, monétaire vers l'an de
Rome 670 (= 84 av. J.-C.)1+, à côté d'une colonne surmon
tée d'une statue. Autour de la statue de Marsyas se réunissaient les avocats et les plaideurs 16. Un jeune homme fut condamné aux fers par les triumvirs pour
s'être couronné de fleurs enlevées à cette statue i6; la fille de l'empereur Auguste venait, la nuit, s'y livrer aux plus honteuses débauches l7. Sur les forum provinciaux 18, la statue de Marsyas indiquait la possession du droit italique et souvent elle figurait, comme type et comme symbole de leur droit, sur les monnaies de ces villes (fig. 3263)19.
sis était, nous dit Varron 2e un lieu où les de Marsyas. députés des nations étrangéres atten
daient les audiences du Sénat". C'était un locus substructus situé à droite des rostres en regardant du comitium (v. fig. 3249) 22, par conséquent près du Sénat n, et découvert, car on y signale des pluies de sang et de lait". Des textes qui viennent d'être cités, il ressort que la Graecostasis était sur le comitium ou un peu au-dessus2°; elle fut, à une époque qu'on ignore, transférée sur le Forum 26. Le régionnaire de P. Victor en fait mention immédiatement avant le temple de Saturne" ; mais cette indication est bien peu certaine, car ces catalogues ne suivent pas toujours un ordre rigoureux.
En l'an de Rome 430 (= 304 av. J.-C.), au milieu de troubles graves, Cn. Flavius, à l'exemple de Camille, fit voeu d'élever un temple à la Concorde s'il réconciliait les ordres avec le peuple. Comme des fonds d'État ne furent pas votés pour cette construction, il se contenta d'élever, avec le produit des amendes infligées aux usuriers, une chapelle en airain dans la Graecostasis". Il la dédia l'année suivante 29 ; l'inscription, gravée sur une plaque de bronze, indiquait que cette dédicace avait été faite deux cent quatre ans après celle du temple du Capitole 30. 11 y avait aussi sur la Graecostasis un édicule ou autel à la Lune, devant lequel on faisait un sacrifice le 24 aoùt 31. Le nom de la Graecostasis se lit sur un des fragments du plan antique (fig. 3252).
22° Le solarium. Les Romains ne connurent que tardivement l'usage de diviser le temps en heures; la loi des douze tables fait seulement mention du lever et du coucher du soleil; quelques années après on ajouta l'heure de midi ; le crieur public annonçait cette dernière heure, quand, de la curie, il apercevait le soleil entre les rostres et la Graecostasis ; il annonçait la dernière heure du jour quand le soleil était descendu entre la colonne Maenia et
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la prison (2)'. 11 en fut ainsi jusqu'au temps des guerres Puniques. L. Papirius Cursor établit bien, auprès du temple de Quirinus, un cadran solaire en l'an 461(293 av. J.-C.); mais Pline, qui nous fournit ces renseignements, dit qu'on ne sait rien de précis sur ce cadran ni sur le lieu exact où il se trouvait. Il ajoute, d'après Varron, que le premier cadran solaire public fut établi auprès des rostres, sur une colonne, par M. Valerius Messala, consul, après la prise de Catane en Sicile (491 = 263 av. J.-C.). Ce cadran, bien imparfait puisque les lignes ne concordaient pas avec les heures, servit pendant quatre-vingt-dix-neuf ans, jusqu'à ce que le censeur L. Marcius Philippus en fit poser, à côté de l'ancien, un autre mieux construit 2. Quand le temps était couvert l'heure devenait incertaine, le crieur publie ne pouvant, pas plus que le cadran, exercer sa fonction. Ce ne fut qu'en l'année 595 (= 159 av. J.-C.), que le censeur P. Scipio Nasica dédia la première clepsydre à eau, marquant les heures du jour et de la nuit 3.
23° Les septa du Forum. La première fois qu'on réunit par surprise les comilia tri buta sur le Forum, rien n'étant préparé pour le vote, on suppléa aux septa par des cordes tendues I1 semble que plus tard on établit de vrais septa pour les jours de vote 5 et nous voyons même leurs débris servir d'armes improvisées à une troupe de partisans de Clodius 6.
M. Middleton a émis l'hypothèse que les lignes tracées sur le pavé de l'area du Forum (1) marquaient peut-être l'emplacement de ces septa '. Eckhel croit que la monnaie au type de Vénus Cloacina (fig. 3254) représente les septa du Forum 8 : mais il semble bien que les personnages figurés sur cette monnaie sont des statues et non des citoyens procédant au vote.
24° La basilica Porcia. La justice se rendit d'abord à Rome devant des tribunaux en plein air; le nombre toujours croissant des habitants faisait les procès plus nombreux et aussi le Forum plus encombré. C'est pour ce double motif qu'on commença à construire des basiliques : palais de justice, lieux de réunion et d'affaires.
La première basilique ° fut élevée par Porcius Cato 70 (Cato Major) en l'année 570 (= 184 av. J.-C.), près de la Curia hostilia". Elle était à l'ouest de la curie, car, pour faire l'emplacement nécessaire à sa construction, Caton acheta, outre quatre boutiques, deux maisons situées in Lautumiis 12, c'est-à-dire du côté de la prison (2). Le Trésor public fit la dépense de la construction". Caton mena l'oeuvre à bonne fin malgré une vive opposition " i et, de son nom de famille, appela la nouvelle basilique basilica Porcia". Les tribuns du peuple y avaient leur tribunal 1G
et c'est en plaidant contre eux, pour les empêcher d'enlever un pilier qui gênait leurs siégés, que le jeune Caton (Cato Miner) fit, comme orateur, des débuts très remarqués ". La basilique Porcia fut incendiée avec la curie par le bûcher de Clodius18, et on ignore si elle fut restaurée.
25° Basilica Fulvia et Aemilia, basilica Paulli (d'). En
l'année 575 (179 av. J.-C.), M. Fulyiug Nobilior, censeur en même temps qu'Aemilius Lepidus, fonda, derrière les Tabernae novae (fig. 3249), une basilique qui, de son nom, s'appela basilica Fulvia ; il l'entoura de boutiques qui furent louées à des particuliers 19 Sylla y établit un cadran solaire 20 ; M. Aemilius Lepidus consul en l'année 676 (78 av. J.-C.), l'orna de
boucliers représentant les portraits de ses ancêtres" et adopta comme type d'une de ses monnaies la façade latérale de la basilique avec ces boucliers (fig. 3264)22. Il semble même, d'après la
légende de cette monnaie M.`Lepidus, Aemilia ref(ecta) s(enatus) c(onsulto), que M. Aemilius Lepidus aurait non seulement orné, mais restauré complètement la basilique; il est probable qu'elle prit, à cette époque, le nom d'Aemilia. Il faut croire cependant que cette restauration ne fut pas aussi complète que semble l'indiquer l'expression refecta de la légende; en effet, moins de vingt-cinq ans plus tard, nous voyons un autre Émile, L. Paullus, fils du précédent, reconstruire la basilique. Pour faire face à cette dépense, César lui donna, sur l'or provenant de la Gaule, quinze cents talents", achetant ainsi l'abstention d'un homme jusque-là hostile à sa politique Dans une lettre datée de l'an de Rome 700 (54 av. J.-C.), Cicéron envoie à Atticus les nouvelles de Rome : Paullus a déjà presque achevé sa basilique ; il emploie de nouveau les anciennes colonnes ; mais quel beau monument, agréable au peuple, glorieux pour celui qui le fait construire"! Plutarque 26 et Appien 27 louent également la magnificence du nouvel édifice, que les auteurs désignent dès lors sous le nom de basilica Paulli". Quoique presque achevée en 699, au témoignage de Cicéron, la basilique ne le fut complètement que vingt et un ans plus tard, en l'an de Rome 720 (= 34 av. J.-C.) sous le consulat et par les soins du fils de L. Aemilius Paullus, Paullus Aemilius qui en fit la dédicace cette même année 2°. Vingt ans plus tard, en 740 (= 14 av. J.-C.), à la suite d'un incendie qui menaça aussi le temple de Vesta, la basilique fut restaurée sous le nom d'Aemilius Paullus, représentant de la famille qui avait donné son nom à la basilique, mais, en réalité, par Auguste et par des amis de la famille Aemilia 30. C'est sans doute à cette restauration qu'appartiennent les magnifiques colonnes phrygiennes qui, au dire de Pline, faisaient de la basilique de Paul un des plus magnifiques monuments de Rome". Sous le règne de Tibère, Aemilius Lepidus obtint la permission de réparer et d'embellir à ses frais, malgré la médiocrité de sa fortune, ce monument qui portait le nom de ses ancêtres et en perpétuait la gloire 32. La basilica Pauli est encore mentionnée dans les régionnaires".
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Il n'y a pas de doute à émettre sur l'emplacement occupé par la basilique Aemilia (d'). Elle était située sur le Forum', derrière les Tabernae novae2, du côté opposé à la basilica Julia 3, près du temple de Janus 4.
M. G. B. de Rossi a communiqué à l'Institut archéologique de Rome les photographies d'un dessin représentant des vues de Rome, conservé à la bibliothèque de l'Escurial6 et déjà signalé par M. Mtintz 6. Sur ce dessin, on voit des représentations du temple de Vespasien, du temple de Saturne et de l'arc de Septime Sévère. Au delà d'une des arches de l'arc de Septime Sévère, on aperçoit l'angle d'un édifice soutenu par des pilastres sur lesquels repose une frise dorique. M. Ilülsen a cru reconnaître dans ce monument la basilique Aemilia dont il aurait par conséquent existé des restes considérables à la fin du xv° siècle'. Un fragment du plan antique, avec le nom (A)emili(a), concerne probablement cette basilique, mais sans donner aucun renseignement sur sa forme ou son emplacement 3.
26° Basilica Sempronia. On sait très peu de choses sur cette basilique. En l'an de Rome 585 (= 169 av. J.-C.), Ti. Sempronius Gracchus, censeur, acheta, avec la part des impôts qui lui avait été attribuée, la maison de P. Scipio Africanus et quelques boutiques et boucheries y attenant. Tite-Live, qui nous fournit ce renseignement, ajoute que la maison de Scipion l'Africain était située près des Tabernae veteres et de la statue de Vertumnus 9. Nous pouvons tirer de ces renseignements topographiques la conclusion que la basilique Sempronia occupait, près du vicus Tuscus (18), à peu près l'extrémité de l'emplacement sur lequel s'éleva plus tard la basilique Julia (16). Comme les historiens n'en parlent plus, il est probable qu'elle disparut, absorbée par la grande basilique de César.
27° La basilique Opimia. Cette basilique est moins connue encore que la précédente. On suppose, avec toute vraisemblance, que le consul L. Opimius la construisit en même temps qu'il réédifia le temple de la Concorde en l'année 633 (= 121 av. J.-C.). Varron, en effet, dit que ces deux monuments étaient voisins l'un de l'autre et situés sur le Vulcanal10. Ce texte et deux inscriptions du musée de Vatican de l'époque républicaine, mentionnant des servi publici de la basilique Opimia", sont les seuls renseignements que nous possédions. Comme aucun autre auteur ne parle plus de cette basilique, il est probable qu'elle disparut dans la reconstruction du
temple de la Concorde par Tibère entre les années 747 (= 7 av. J.-C.) 763 (=10 ap. J.-C.) 12
28° L'arc de Fabius. C'est le plus ancien des arcs de triomphe du Forum romain 13. Il fut érigé par Q. Fabius; vainqueur des Allobroges'', on ne sait pas exactement en quelle année, sans doute pendant celle de son consulat
(633=121 av. J.-C.)i2. Un de ses descendants, proba
blement son petit-fils, portant les mêmes noms que son ancêtre, le restaura vers l'année 698 (= 56 av.J.-C.)'° Il était orné des tutuli" et des statues de la gens Fabiaf3 et aussi de bas-reliefs représentant des boucliers et des insignes de victoire 79,
L'arc de Fabius formait, à l'est, l'extrémité du Forum, comme les rostres à l'ouest 20, et y donnait accès 2f par la Voie Sacrée sur laquelle il était posé 22, plus bas que l'endroit appelé summa sacra via" ; il s'élevait près de la Regia (10) 2', du temple de Faustine (d) 25, du putéal de Libon26 qui, lui-même, était voisin des rostres21 (les rosira nova ou Julia du temple de César) et du porticus Julia 26. Ces renseignements, complétés par des documents relatifs à des fouilles anciennes29 et par les résultats de fouilles récentes 30, autorisent l'opinion que l'arc de Fabius se trouvait entre la Regia (10) et le temple d'Antonin et de Faustine (d). Une fresque de Sodoma, dans le cloître de Monte Oliveto Maggiore près de Sienne 31, un dessin de Martino lleemskerk 32 conservé à la bibliothèque impériale de Berlin, et un dessin de la bibliothèque de l'Escurial 33, datant tous de la fin du xve ou de la première partie du xvl° siècle, représentent la vue d'une partie du Forum et un arc à demi enfoui que l'on peut, non avec une entière certitude 3` mais au moins avec une grande vraisemblance, regarder comme l'arc de Fabius non encore détruit à cette époque.
290 Le puteal Libonis ou Scribonianum. Les tribunaux.
Un denier de L. Scribonius Libo, monétaire vers l'an 700 (= 54 av. J.-C), représente la margelle d'un putéal orné de deux lyres et d'une guirlande de lauriers, avec la légende : Puteal scribonian(um) 35 (fig. 3265). Un texte de Festus3e nous donne l'explication
de ce type monétaire : le Sénat confia Fig. 3265. P,deat à un Scribonius la mission de reSeribonianum.
chercher les lieux frappés de la foudre; car ces lieux devenaient religiosi, on ne devait ni les fouler aux pieds ni
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les couvrir d'une construction, mais les entourer d'un mur et les laisser à ciel ouvert 1 [BIDENTAL]. Un putéal fut, à cette occasion, élevé par Scribonius à un endroit que Festus désigne par l'expression peu claire ante atria2. Scribonius Libo avait donc adopté comme type monétaire le monument construit par son ancêtre.
Le puteal Scribonianum, appelé aussi par les auteurs puteal Libonis, était sur le Forum3 près de l'arc de
Fabius des rostres du tribunal du préteur 6 et du
porticus Julia C'était un lieu très fréquenté où se rencontraient, attirés par le tribunal, les plaideurs 8, les marchands 9, les usuriers 10.
Pendant longtemps les archéologues ont été d'accord pour reconnaître les restes du putéal de Libon dans des débris de forme circulaire gisant entre les temples de Castor et de Vesta et assez semblables à la base d'une margelle (12). Mais des fouilles récentes ont permis à M. Richter de reconnaître que ces pierres, ne reposant sur aucun fondement, sont des débris tombés là par hasard, et provenant de l'arc d'Auguste (14) ou de quelque autre édifice ".
Un Scribonius Libo, peut-être le même qui consacra le putéal, établit à côté, pour la première fois, le tribunal du préteur 12 qui, jusque-là, avait été uniquement sur le comitium. Il ne faut pas cependant tirer la conclusion certaine que, pour cette raison, le tribunal du comitium disparut13. Il y avait d'ailleurs plus d'un tribunal sur le Forum. Cicéron fait plusieurs fois mention d'un tribunal Aurelium qui semble, de son temps, avoir tenu une grande place dans les troubles politiques et judiciaires du Forum Deux des procès plaidés devant ce tribunal sont des années 680 (74 av. J. C.) et 695 (59 av. J. C.)15. Il y avait, près de ce tribunal, des degrés appelés gradus Aurelii, qui étaient récemment construits en 680, et d'où le peuple pouvait assister aux procès 16. Si l'on doit admettre que les expressions tribunal Aurelium et gradus Aurelii sont synonymes, ou que le tribunal et les degrés ont été construits en même temps et forment un tout, on peut, avec Becker 17 et Jordan 13, attribuer l'érection et le nom de ce tribunal à M. Aurelius Cotta, consul cette même année. Ces tribunaux durent rapidement disparaître du Forum, à mesure que les basiliques se construisirent ou devinrent plus spacieuses, et que les empereurs créèrent de nouveaux forum. On n'en a retrouvé aucune trace sur l'area du Forum; et cela n'a rien de surprenant car ils devaient être en bois, mobiles et d'un enlèvement facile pour les jours où des jeux, des assemblées populaires ou des fêtes rendaient nécessaire le déblaiement du Forum. Et, ce qui prouve bien qu'ils étaient en
bois, c'est que nous voyons le peuple briser les tribunaux et les sièges, et se servir de leurs débris pour dresser les bûchers qui consumèrent les corps de Clodius la et de César 29.
30° La basilique Julia (16,17). Le lac Servilius. L'époque à laquelle nous arrivons acheva la transformation du Forum romain. César changea complètement l'aspect du comitium, transporta les rostres à l'extrémité ouest du Forum et commença la basilique Julia. Auguste continua, avec plus de magnificence encore, l'oeuvre de César : il reconstruisit la Curie et les deux basiliques, qu'il fit plus belles et plus vastes; il restreignit, à l'est, l'étendue du Forum, mais il le termina par un grand temple flanqué de deux arcs de triomphe; plus tard, quand, à l'autre extrémité, les arcs de Tibère et de Septime Sévère feront pendant à ceux d'Auguste, le Forum romain formera cette belle place régulière, dont, malgré son état de ruine, nous pouvons encore admirer aujourd'hui les heureuses proportions et les superbes édifices, modèle et type de tous les forum de l'empire.
La basilique Julia occupait une grande partie du côté sud du Forum; elle était, nous dit l'inscription d'Ancyre21, située entre les temples de Castor (15) et de Saturne (19),et ce témoignage de l'empereur qui l'a terminée et reconstruite est confirmé par les fragments du plan antique parvenus jusqu'à nous (fig. 3252) 22. Elle fut commencée par César. C'est peut-être d'elle que parle Cicéron dans une lettre à Atticus, datée de l'an 700 (= 54 av. J. C.) où il est question aussi de la basilique Aemilia 23. César la dédia, sans qu'elle fût complètement achevée, en l'année 708 (= 46 av. J. C.) 2a, en même temps que son forum et que le temple de Vénus Genitrix 25 ; les derniers travaux furent achevés par Auguste 26 ; mais bientôt un incendie contraignit cet empereur à la reconstruire ; il le fit sur un plan plus vaste 27, en y ajoutant un portique (17) et donna à, ce double édifice les noms de ses petits-fils Gaius et Lucius Caesar 2d. La dédicace eut lieu en l'année 765 (= 12 av. J.-C.) 29. Il est probable que le portique seul fut dédié alors, la basilique n'étant pas encore achevée au moment où, quelques mois avant sa mort, Auguste écrivit dans ses lies gestae : « Et si vivus non perfecissern per/ici ab lieredibus [eneis iussi] » 30. On sait
peu de chose sur l'histoire de la basilique Julia. Il est probable qu'elle supportait une partie du pont par lequel Caligula avait réuni à son palais le temple de Jupiter Capitolin31. De là cet empereur jetait quelquefois des pièces d'or et d'argent au peuple qui se les disputait sur le Forum 32 avec un tel acharnement qu'il y eut souvent mort d'homme 33. La basilique fut incendiée sous Cari
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nus' et reconstruite par Dioclétien2. Elle fut, en l'année 1130 (377 ap. J.-C.), restaurée et ornée de statues par Gabinius Vettius Probianus, préfet de Rome 3.
Les centumviri avaient, dans la basilique Julia, quatre tribunaux 4 que, pour les causes importantes, on réunissait en un seuls. Pline le Jeunes nous a laissé le récit d'une cause plaidée par lui; il y peint sur le vif la physionomie de la basilique un jour de grand procès : « Le procès était porté devant les quatre tribunaux des centumvirs réunis. Cent quatre-vingts juges siégeaient dans cette affaire : c'est tout ce qu'en renferment les quatre tribunaux. De part et d'autre les avocats remplissaient en grand nombre les sièges qui leur avaient été destinés. La foule des auditeurs environnait de cercles redoublés la vaste enceinte du tribunal. On se pressait même autour des juges, et les galeries hautes de la basilique étaient encombrées, les unes de femmes, les autres d'hommes, avides d'entendre, ce qui n'était pas facile, et de voir, ce qui était fort aisé. Grande était l'attente 7. » L'empereur Trajan rendit quelquefois la justice dans la basilique Julia'. On connaît plusieurs inscriptions de nummularii de basilica Julia 2. Dans la basilique elle-même on a trouvé un certain nombre d'inscriptions, et aussi des graffites et des jeux tracés sur le pavé par les désoeuvrés qui y passaient leurs journées ou y cherchaient un refuge contre les pluies d'orage 10.
Les restes de la basilique Julia furent déblayés pendant les années 1848-1849 et 1870-1871 ". Mais, au xve siècle et aussi au xviii°, on les avait exploités comme une carrière, fouillant jusqu'aux fondements pour en extraire les piliers dont les bases même, jusqu'à deux ou trois mètres au-dessous du sol, furent enlevées. Les pilastres en briques que l'on voit aujourd'hui, de même forme que les anciens, ont été construits après les dernières fouilles pour que les visiteurs puissent se rendre compte de la disposition intérieure de l'édifice. Les pierres enlevées au xvie siècle furent employées à la construction du palais du cardinal de Corneto, aujourd'hui palais Torlonia, place Scossa-Cavalli 12.
La basilica Julia (16) formait un rectangle, long de 109 mètres et large de 48, y compris le portique (17) qui longe la Voie Sacrée (13); elle était située entre le viens Tuscus (8), la Voie Sacrée (13) et le vicus Jugarius (a'). Des marches, dont le nombre diminue à mesure qu'on s'élève en remontant la Voie Sacrée, conduisent à un trottoir très étroit d'où l'on pénètre, par deux autres marches, dans le portique (17) qui est en communication directe avec la basilique; celle-ci est au même niveau que le virus Jugarius, tandis qu'un escalier assez élevé la relie au virus Tuscus. La façade opposée à la Voie Sacrée était garnie de boutiques ouvrant sur le Vélabre (b'). Nous voyons, par la description de Pline le Jeune 13, que l'area centrale de la basilique (x, y), où siégeait sans
doute le tribunal, était dominée, à l'étage supérieur, par des galeries ou loges; elle était pavée de marbres précieux dont on a retrouvé des restes: porta Santa (pour les compartiments x, y) et marbres orientaux (pour les autres compartiments) 14. Les tribunaux, construits sans doute en bois, n'ont pas Iaissé de trace. La basilique Julia est representée sur trois bas-reliefs (fig. 3260, 3261, 3267) donnant la vue de la façade qui longe la Voie Sacrée. C'est un monument d'ordre toscan, entouré d'une série d'arcades à plein cintre surmontées d'un mascaron représentant une tête de lion (fig. 3267). Les arcades sont séparées par un pilastre sur lequel repose une demicolonne dont le chapiteau monte jusqu'à la corniche.
La basilica Julia est mentionnée dans le Curiosum et le
De regionibus 1'
A. l'entrée du virus Jugarius (a') et attenant à la basilique Julia, existait le lacus Servilius, ainsi appelé du nom de celui qui l'avait établi en cet endroits. Il acquit, au temps de Sylla, une triste célébrité : on y exposait les têtes des proscrits. Cicéron le compare au lac Trasimène, si funeste aux Romains " et Sénèque l'appelle le spoliarium proscriptionis Sullanae t 8. Agrippa l'avait orné d'un bas-relief ou d'une statue représentant une hydre 19. Il n'est mentionné par aucun auteur, ni avant Sylla, ni après Agrippa. On n'en a retrouvé aucune trace quand on a déblayé la partie du virus Jugarius voisine de la basilique.
31° Le temple de César et les rostra Julia. A l'endroit of' avait été brûlé le corps de César, c'est-à-dire sur l'area(26) du Forum, entre les rostres (8) et la Regia (10) "0, on dressa un autel où le peuple se mit à célébrer un culte non autorisé 21, et, à côté de cet autel, une colonne en marbre de Numidie, haute de près de vingt pieds, et portant l'inscription parenti patriae 22. Mais Antoine fit périr, contrairement aux lois, C. Amatius, usurpateur du nom et de la descendance de Marius et promoteur principal de l'érection de ces deux monuments 23; cela fait, Dolabella, gendre de Cicéron, reconquit les bonnes grâces de son beau-père en faisant enlever autel et colonne 21. Il en en résulta une violente émeute, le peuple réclamant le rétablissement de l'autel et un sacrifice célébré par les magistrats; on la réprima par la force; le sang coula, et un certain nombre de manifestants furents condamnés, les esclaves à être mis en croix, les citoyens à être précipités de la roche Tarpéienne 2'. Un peu plus tard, Cicéron s'inquiétait du nombre des vétérans réunis sur le Forum pour manifester dans le même sens "s. L'agitation tomba quand, en l'année 712 (= 42 av. J.-C.), les triumvirs décrétèrent qu'on élèverait un temple à César sur le Forum, à l'endroit même où son corps avait été brûlé, et que ce temple jouirait du droit d'asile27. Construit par Auguste 28, il devait être terminé vers l'année 721 (= 33 av. J.-C.), car il figure comme type
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sur les revers d'un aureus et d'un denier où Auguste est consul iterum, designatus tertio. A côté du temple s'élève un autel, peut-être l'autel qu'avait fait enlever Dolabella'. La dédicace eut lieu le 18 août' de l'année 725 (= 29 av. J.-C.) 3. A cette occasion, on célébra les jeux troyens; on donna au peuple des combats et des spectacles; on lui montra des animaux qu'il ne connaissait pas encore 4. Auguste orna le temple de son père de riches dons provenant du butin de l'Égypte' ; il y plaça plusieurs tableaux entre autre les Dioscures 6, une Victoire', une Vénus Anadyomène peinte par Apelle; mais ce dernier tableau ayant été détruit par le temps et par l'humidité Néron le remplaça par un autre, de la main de Dorothée8.
Le temple de César était un des lieux où les Frères Arvales procédaient aux cooptatio, et nous voyons dans leurs procès-verbaux que, dans la séance du 26 février 822 (=019 ap. J.-C.) tenue dans ce temple et présidée par Othon, on pourvut au remplacement de Galba
Le temple de César était placé sur un podium artificiel très élevé"; c'est la seule partie qui en subsiste. L'extrémité de ce' podium, s'avançant, en avant de la façade du temple, sur l'area du Forum, formait le suggestus des rosira Julia ornés par Auguste des éperons des vaisseaux égyptiens pris à la bataille d'Actium s'. Au centre de la façade de cette tribune, on avait ménagé une niche demi-circulaire (fig. 3251, 9) ; les éperons étaient distribués sur le mur à droite et à gauche de cette niche; à chacun des deux angles de la façade, un escalier72 conduisait sur la plate-forme d'où. l'orateur parlait à la foule
répandue sur l'area du Forum 13. C'est là qu'Auguste, à la mort de sa soeur Octavie, prononça son éloge, pendant que Drusus la louait aux rostra
vetera 14. T. Quinctius Crispinus,
consul de l'année 745 (= 9 av. J.-C.), y promulgua une loi très sévère contre ceux qui manqueraient aux prescriptions relatives aux aqueducs 15. Aux funérailles d'Auguste, Tibère y prononça son éloge 16. Des monnaies datées du troisième consulat d'Hadrien représentent le temple de César et
l'empereur, debout sur les rostres, haranguant la foule qui l'acclame " (fig. 3266).
Le temple de César était, nous dit Vitruve, pycnostylos 48 ; il était aussi prostylos, avec une cella occupant toute la largeur du temple; sur les deux côtés, comme sur le devant, régnait une terrasse, avec balustrade interrompue seulement devant la tribune, à l'endroit d'où parlait l'orateur, comme aux rostra vetera (fig. 3260). Les chapiteaux étaient sans doute ioniens comme ceux du temple de Saturnes°. D'après une des monnaies d'Hadrien, il semblerait que le temple était, à; droite et à gauche, orné d'un quadrige 20. M. Richter a fait une belle reconstitution du temple de César21
L'emplacement attribué au temple de César (9) est certain, et les débris qui subsistent encore sont bien ceux de son podium élevé. On sait qu'il était sur le Forum L2, faisant face au Capitole 23, voisin du temple de Castor et
de Pollux (15) 2i et de la Regia(10) 25 et que, en face de lui, se dressait la statue équestre de Domitien (m)26. Le second des bas-reliefs (24) qui ornaientlesrostravetera
confirme ces renseignements topographiques (fig. 3267). L'empereur, en effet, y est représenté sur un suggestus garni d'éperons symbolisant les rostra Julia. A gauche,
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un peu en arrière, l'arc d'Auguste (14), puis le temple de Castor (15); suit un espace libre, sans doute le vicus Tuscus entrant à cet endroit sur le Forum (18), enfin la basilica Juliai (16, 17), que l'autre bas-relief (fig. 3261), si on le place à la suite de celui-ci, continue pour nous donner ensuite la vue des monuments qui terminaient le Forum à l'ouest'. Sur ce bas-relief, comme sur l'autre, le Marsyas et le figuier ruminai ont une valeur symbolique et non topographique.
32° Les arcs de triomphe d'Auguste. En l'année 725 (29 av. J. C.), Auguste triompha trois fois en trois jours des Dalmates, de l'Égypte et des vaincus d'Actium 3. A la suite de ce triple triomphe, le sénat décréta qu'on lui élèverait un arc sur le Forum 4.
Une seconde fois, quand Auguste eut reconquis sur les Parthes les enseignes et les prisonniers qu'ils avaient pris à Licinius Crassus, le Sénat lui décerna les honneurs d'un arc de triomphe 5 qui fut élevé à côté du temple du divin Jules 6. Cet arc figure comme type sur un denier de l'an 736-737 (-18-17 av. J. C.) ; il est à trois arches, orné de colonnes et de pilastres ; sur le sommet, Auguste dans un quadrige, entre deux Parthes qui lui présentent, l'un une enseigne militaire, l'autre une aigle légion
naire 7.
On n'avait sur l'emplacement de ces arcs que des renseignements bien vagues, fournis par les auteurs : l'un était sur le Forum, l'autre près du temple de César (9); mais, en pratiquant des fouilles pour explorer les fondations de ce temple, M. Otto Richter a retrouvé, tout à côté, les substructions d'un bel arc de triomphe à trois arches (14) 8. M. Richter pense que les deux arcs d'Auguste se faisaient pendant de chaque côté du temple de César'. Il inclinerait à croire que l'arc dont il a retrouvé les bases est celui d'Actium plutôt que celui des Parthes, car, à peu près au même endroit, près du temple de Castor, on a mis au jour une inscription 10 datée de l'an 29, qui se rapporte, sans aucun doute, à la bataille d'Actium; peut-être provient-elle du premier arc de triomphe, malgré ses dimensions peu considérables11. S'il en était ainsi, le n° 14 de notre plan se rapporterait à cet arc ; et celui qui fut élevé après le triomphe sur les Parthes aurait été construit sur le côté nord du temple, à un endroit qui n'est pas encore déblayé.
Ici se présente de nouveau la question des dessins dont nous avons parlé plus haut, à propos de l'arc de Fabius. Il est difficile, dans l'état actuel, de décider s'ils représentent l'arc de Fabius ou celui d'Auguste 12.
33° L'arc de triomphe de T ibère (20). L'arc de Tibère fut élevé près du temple de Saturne ob recepta signa cum Var.) amissa, ductu Germanici, auspiciis Tiberii, en l'année 769 (-16 ap. J. C.) 13. En 1848-1849, en déblayant l'extrémité ouest de la basilique Julia, on en mit au jour
des substructions qui furent aussitôt détruites. Au moins son emplacement est certain 1a. L'arc de Tibère est représenté sur le bas-relief de Constantin, reproduit plus haut (fig. 3260). Il servait d'entrée au Forum; après être passée sous sa voûte, la Voie Sacrée (13), quittant le Forum,. se dirigeait vers la droite pour contourner le temple de Saturne (19) et se confondre avec le clivas Capitolinus (a). Tout à côté de l'arc de Tibère, à l'endroit où le vicus Jugarius (a') et la Voie Sacrée (13) se rencontrent, s'élèvent, de chaque côté de la rue, des fragments de murs (z) que beaucoup d'archéologues ont pris à tort pour les restes de l'arc de Tibère. C'était probablement un Janus (Voy. plus loin, n° 42, p. 1309).
34° Le temple de Vespasien (5). Le temple de Vespasien, peut-être commencé par Titus, fut achevé par Domitien qui le consacra aussi à Titus; c'est en effet sous ce double vocable que le chronographe de l'an 354 l'attribue à Domitien 76 et qu'il figure dans le Curiosum 16 et dans le catalogue de P. Victor". 11 en subsiste encore trois élégantes colonnes corinthiennes qui supportent le dernier mot de l'inscription, aujourd'hui disparue, mais dont une copie nous a été heureusement conservée par l'anonyme d'Einsiedlen : il y est dit que l'édifice fut restauré par Septime Sévère et Caracalla18.
Longtemps on a pris ce temple pour le temple de Saturne et réciproquement. Nous ne reviendrons pas sur ce que nous avons dit à ce sujet en parlant du temple de Saturne 10. C'était un temple corinthien, hexastyle et prostyle, avec une cella carrée dont les murs intérieurs et le sol étaient recouverts de marbres orientaux; les sculptures ont beaucoup de grâce et de finesse; on en peut admirer un beau spécimen dans le musée du Tabularium. L'extérieur était recouvert de marbre penté
lique 20
35° Les statues du Forum. La statue de Domitien (m).
A plusieurs reprises, à propos des monuments qu'elles ornaient ou entouraient, nous avons parlé des statues érigées sur le Forum. Il serait peu intéressant d'en faire l'énumération; elles étaient très nombreuses et si le Forum devint rapidement insuffisant pour les vivants, il le fut bientôt aussi pour les statues des défunts. Aussi des revisions devenaient nécessaires, et, en l'année 596 (158 av. J. C.), Scipion Nasica, pendant sa censure, fit enlever du Forum toutes les statues d'anciens magistrats qui n'avaient pas été décrétées par le peuple ou le Sénat 21. Nous les abandonnerons à leur sort, ne faisant exception que pour celle de Domitien : Stace en a fait une description qui lui donne un grand intérêt et, en ce qui concerne l'emplacement des monuments du Forum, une valeur topographique égale à celle des bas-reliefs des rostres 22
La statue équestre de Domitien occupait l'emplace
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ment du lac. Curtius «m). Elle regardait le temple de César (9) :
Elle était placée entre la basilique Émilienne ou de Paule (d') et la basilique Julia (16, 17) :
Derrière elle étaient les temples de Vespasien, père de Domitien (5), et de la Concorde (6).
Enfin elle paraissait surveiller le Palatin et le temple de Vesta (11) :
On voit combien la topographie du Forum, telle qu'elle est établie aujourd'hui, concorde avec les renseignements fournis par le poète contemporain de Domitien.
Après la mort de Domitien, sa mémoire fut condamnée par le Sénat, et ses statues, y compris sans aucun doute celle du Forum, furent renversées.
36° Le temple d'Antonin et de Faustine (d). Quand
Faustine, femme de l'empereur Antonin le Pieux mourut en l'année 894 (-141 ap. J C.), le Sénat lui décréta les honneurs divins, des jeux publics, un temple, des flammes, des statues d'or et d'argents. Le temple fut construit près du Forum, et, sur le fronton, on grava la simple inscription : Divae Faustinae ex s. c. A la mort d'Antonin, en 914 (-161 ap. J. C.), le Sénat lui décréta aussi tous les honneurs divins et un temple'. Mais, au lieu d'élever un temple nouveau, on associa l'empereur défunt à Faustine et, au-dessus de l'inscription on ajouta les mots Die. Antonino et, qui semblent, en effet, n'avoir pas été gravés en même temps que la seconde ligne a.
Il n'y a aucune preuve à produire pour établir l'emplacement occupé par le temple d'Antonin et de Faustine. Il est encore debout avec son inscription; c'est aujourd'hui l'église S. Lorenzo in Miranda. Si l'intérieur a été, au temps de cette transformation, dénaturé et en partie détruit, la façade au moins est restée intacte. Le temple d'Antonin est corinthien, hexastyle et prostyle; on peut encore admirer les belles colonnes monolithes en marbre cipolino de son portique. Sur les côtés règne une frise en marbre, ornée de griffons et de candélabres d'un beau travail s.
Le temple de Faustine est représenté sur des monnaies avec ses six colonnes, un fronton orné de sculptures et surmonté d'un quadrige avec une Victoire à chaque angle 10.
IV.
37° La chapelle de Faustine (c). Au fond d'un long couloir formé par l'étroit espace laissé libre entre le temple de la Concorde (6) et celui de Vespasien (5) existent, adossés au tabularium (1), les restes d'un édicule (c) ; on l'a cru dédié à Faustine parce qu'il s'y trouvait un piédestal portant une dédicace à cette impératrice déifiée"; mais cette attribution est très incertaine; M. Middleton croit ce petit monument contemporain du temple de Vespasien 12.
38° L'arc de Septime Sévère (7). Cet arc de triomphe a été, comme l'indique l'inscription i3, érigé en l'honneur de Septime Sévère et de ses deux fils, Caracalla et Géta, en l'année 956 (= 203 ap. J. C.). Plus tard, après le meurtre de son frère, Caracalla fit marteler son nom et ses titres. Les sculptures dont cet arc est orné, peu remarquables au point de vue artistique, ont, pour l'étude des choses militaires, un grand intérêt. Elles représentent en effet les principaux épisodes des campagnes de Septime Sévère en Orient. La partie inférieure est ornée de groupes composés de soldats romains conduisant des prisonniers barbares enchaînés.
L'arc de Septime Sévère subsiste encore en entier, sauf les groupes en bronze qui
en ornaient le faîte; mais une monnaie nous en a conservé la représentation (fig. 3268)1. La base est en travertin plaqué de marbre ; l'arc lui-même est en marbre pentélique massif", et les colonnes en marbre plus précieux. Le faîte était couronné d'un groupe en bronze représentant Septime Sévère dans un char
à huit chevaux, entre deux trophées et, à chaque angle, une statue équestre.
L'arc de Septime Sévère est situé au nord de la tribune ; il forme de ce côté l'entrée du Forum, comme l'arc de Tibère du côté sud; il donne accès, à la sortie du Forum, sur l'area du temple de la Concorde (6), entre le clivus Argentarius qui passait devant la prison (2) et le clivus Capitolinus (a).
39° La schola Xantha (g). Cette schola était, comme l'indique son inscription10, l'o f ficium des scribae, librarii et praecones aedilium curulium. Elle fut construite, d'après l'inscription vers l'époque de Caracalla, par C. Avillius Licinius Trosius 17. D'autres personnages, parmi lesquels A. Fabius Xanthus, dont on lui a donné le nom, la refirent ab inchoato et, après sa dédicace, l'enrichirent de dons : une Victoire, des sièges en bronze, les statues en argent des sept dieux, etc. '$.
Jusqu'à présent les archéologues ont été à peu près d'accord pour placer la schola .Xantha dans une série de petites pièces situées au-dessous du portique des Dii
165
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Consentes (4), local incommode et peu approprié à cet usage. Après une étude attentive des documents concernant les fouilles faites à différentes époques dans la partie sud-ouest du Forum, M. Huelsen est arrivé à démontrer, avec beaucoup de vraisemblance, que la schola Xantha était construite en bordure sur la Voie Sacrée, entre les rostres (8) et la basilique Iulia (g), tout à côté de l'arc de Tibère (20)'.
40° Le portique des Dii Consentes (4).Ce portique fut découvert en 1834 et restauré par Canina. Ses colonnes corinthiennes, en marbre cipolin, supportent une inscription qui indique que Vettius Praetextatus, préfet de Rome en l'année 1120 (367 ap. J. C.) rétablit dans leur portique restauré les douze dii consentes'. Ce sont sans doute ces mêmes douze dieux, ses mares et feminae totidem, dont Varron signale déjà les statues dorées sur le Forum 3. Vettius Agorius Praetextatus fut un des plus ardents défenseurs du paganisme expirant; il s'efforça de réveiller la foi païenne en favorisant les cultes anciens et fut, à ce titre, le bienfaiteur des Vestales qui lui élevèrent une statue récemment retrouvée dans leur atriums. La restauration du portique eut pour but de ramener les Romains au culte oublié des douze divinités antiques.
41° La colonne de Phocas (25). -La colonne de Phocas fut, comme l'indique l'inscription gravée sur sa base,érigée en l'année 608 ap. J.-C., par Smaragdus, exarque d'Italie, à Phocas, avec une statue auri splendore fulgentem 5.
La colonne est d'un style plus élégant que ne le comporte l'époque de Phocas. On a pensé ou qu'elle a été transportée d'un autre édifice6 ou que le monument, élevé en l'honneur d'un empereur précédent, a été, par Smaragdus, attribué à Phocas Qu'il s'agisse d'un déplacement de colonne ou d'une désaffectation de monument, il reste certain que la colonne de Phocas est beaucoup plus ancienne que la statue qu'elle portait au vite siècle. On pourrait facilement être fixé en déplaçant une partie du grossier escalier qui l'entoure 8.
Au bord de l'area du Forum, le long de la Voie Sacrée, s'élèvent plusieurs bases en briques (23). On s'accorde pour reconnaître qu'elles devaient être recouvertes de marbre et surmontées de colonnes° et de statues; elles sont de l'époque de Constantin 70.
42° Les rues du Forum. Les Janus. -Le Forum, centre des affaires et lieu fréquenté, était par plusieurs rues en communication avec les divers quartiers de Rome.
La Voie Sacrée, Sacra via et, chez les poètes, Sacer clivus (13) ", le traversait de l'est à l'ouest dans toute sa longueur, et y entrait en passant, depuis le vie siècle de Rome, sous l'arc de Fabiusf2; c'est un fait admis. De là elle se dirigeait vers le Capitole, en suivant un tracé qui devait être assez direct puisqu'elle avait précédé les monuments qui, plus tard, s'élevèrent sur ses bords. Il
semble donc qu'il faut écarter, ou plutôt reculer jusqu'à une époque assez tardive, l'opinion qui la fait descendre en ligne droite, laissant à gauche la Regia (10) et le temple de César (9), pour rejoindre, en passant devant ce temple, le temple de Castor (15). Il n'y avait pas de raison, au temps où le temple de César n'existait pas encore, pour faire contourner cet édifice par la Voie Sacrée; en outre il ne me paraît pas probable qu'Auguste ait construit, pour lui donner accès sur une impasse étroite, le magnifique arc de triomphe (14) dont on a récemment retrouvé les restes. Ce premier point écarté, nous nous trouvons en face de deux opinions : la Voie Sacrée longeait le temple de Vesta (11), passant entre celui-ci et la Regia (10)
pour gagner directement le temple de Castor (15)'3. Mais,
dans les fouilles faites récemment pour retrouver les restes de la Regia, M. Nichols' et M. Jordan" ont cru reconnaître, à l'examen des substructions de toutes les époques qui se trouvent entre la Regia et le temple de Vesta, que jamais la Voie Sacrée n'a pu y passer. M. Huelsen a proposé, pour résoudre cette difficulté, de faire descendre la Voie Sacrée entre le temple d'Antonin (d) et la Ilegia (10), puis tourner à gauche entre celle-ci et le temple de César (9) pour prendre ensuite (en 13) la direction de l'arc d'Auguste (14) 16. Mais cette opinion est aussi contestée, et l'on a dit qu'entre la Regia et le temple de César, il n'y avait pas place pour une voie Il n'est pas possible de résoudre ces difficultés à distance, et je suis loin d'en avoir la prétention, laissant ce soin aux topographes plus savants et mieux placés ; mais il me semble probable que, sous la République, la Voie Sacrée passait là où Auguste éleva plus tard son arc de triomphe (14) entre le futur emplacement du temple de César (9) et le temple de Castor (15), et qu'il en fut ainsi au moins jusqu'au moment où, à la suite des incendies de Néron ou de Commode, de nouvelles constructions modifièrent complètement la disposition des lieux 18. A dater de cette époque, il est très possible que la Voie Sacrée, entrant sur le Forum par le côté nord du temple de César (9) puis tournant brusquement à gauche pour passer devant la façade de ce temple, là où il existe encore une route pavée (voy. le plan), ait ainsi regagné le temple de Castor (15) près du vicus Tuscus (18). Là, retrouvant son ancien parcours, elle longeait la basilique Julia (16, 17), passait sous l'arc de Tibère (20) et gagnait avec le clivus Capitolinus (a) les hauteurs du Capitole (21) [TRIUMPIuS, SACRA VIA].
Au sud-ouest, le virus Jugarius (a'), qui tirait son nom d'un autel à Iuno Iuga 1° entrait sur le Forum, près du temple de Saturne (19). Il venait de la porte Carmentalis; ce fut, jusqu'à la création du forum de Trajan, le chemin qui reliait le Forum au Champ de Mars. Il était orné d'une fontaine appelée lacus Servilius (voy. plus haut, n° 30, p. 1304).
Le virus Tuscus (la rue Étrusque) (18), qui débouchait
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sur le Forum (18) entre la basilique Zulia (16) et le temple de Castor (15), doit son nom à des légendes diverses suivant les auteurs, mais qui, pour le fond, se rattachent toutes aux Êtrusques'. La grande procession des ludi Romani, entrée dans le Forum par le vicus Jugarius, en sortait par le vicus Tuscus 2. C'est à l'entrée de cette rue, près de la basilique Julia, que se trouvait la statue du dieu étrusque Vortumnus ou Vertumnus3. Le vicus Tuscus réunissait le Forum au Vélabre et au Cirrus Maximus; on y faisait un commerce de parfums' d'où lui vint sans doute, à une basse époque, le nom de virus Turarius C'était un lieu mal famé.
De l'autre côté du temple de Castor (15), et parallèle au vices Tuscus, était, suivant M. Lanciani, une rue appelée vices Vestae7.
La via Nova (e'), découverte dans les dernières fouilles, rue très ancienne malgré son nom 6, longeait le côté sud du Forum. Elle n'a pas été explorée, vers l'ouest, au delà de Sainte-Marie-Libératrice et on ne sait pas jusqu'où elle continuait dans la direction du Vélabre 9 ; un texte de Varron nous dit cependant qu'elle communiquait avec ce quartier 10. Elle était au pied du Palatin (1)", au-dessus du temple de Vesta''-, et, à cet endroit, s'appelait in fima nova via 13. Nous savons aussi par Varron que, de la porta Romanula au Palatin (t), un escalier (u), très reconnaissable aujourd'hui encore, descendait vers la via Nova" ; et un fragment du plan de Rome découvert il y a quelques années" (fig. 3252) montre que, de la via Nova, une seconde partie de cet escalier, descendait au Forum, entre les temples de Castor (15) et de Vesta (11) ; Ovide fait mention de cet escalier "
Sur le côté nord du Forum, une rue dont on ignore le nom passait entre le temple d'Antonin et de Faustine (d) et la basilique Aemilia (d').
Entre cette dernière basilique et la curie (k), l'Argiletum (e')" mettait en communication le Forum avec le quartier de Subure; c'était la rue des libraires" et, paraît-il, aussi des cordonniers". Domitien et Nerva changèrent complètement la partie de l'Argiletum qui touchait au Forum en y créant leur forum transitorium (voy. plus bas, p. 1314, 4).
Une autre voie, appelée au moyen âge clivas Argentarius, sans doute d'après son nom antique, entrait sur le Forum près de l'arc de Septime Sévère (7), après être passée devant la prison (2). Il est probable qu'elle devait son nom à la basilica Argentaria, située dans cette région.
Enfin une voie parallèle à la portion de la Voie Sacrée qui longeait la basilique Julia, au lieu dit sub veteribus, devait border le côté nord du Forum du temple de
César (9) à l'arc de Septime Sévère (7); on sera fixé sur ce point quand cette partie du Forum sera déblayée.
Les principales voies entraient sur le Forum en passant sous des arcs de triomphe, comme la Voie Sacrée, ou sous des arcs appelés Janus. Les auteurs en font plusieurs fois mention; ils citent, entre autres, un Janus primus (mais on n'est pas certain qu'il appartienne au Forum) et un Janus medius qui était, sur le Forum, un centre de commerce et d'affaires 20; à l'entrée du vices Jugarius (a') on voit encore les débris d'un de ces arcs (z).
devenu insuffisant à cause de l'augmentation de la population, de l'expansion de la vie publique, et du nombre des procès, s'était, peu à peu, déversé sur le Forum où des tribunaux s'étaient établis de divers côtés; ensuite les grandes basiliques fournirent aux juges et aux plaideurs des locaux nouveaux et plus commodes ; mais le Forum romain lui-même et les basiliques devinrent insuffisants pour rendre la justice; ce fut un des principaux motifs de la création des deux premiers forum impériaux, celui de César et celui d'Auguste ; les tribunaux du Forum romain ne cessèrent pas pour cela de fonctionner; aussi l'ancien Forum et les deux nouveaux sont-ils souvent associés dans les textes relatifs aux choses judiciaires :
Causas, inquis agam, Cicerone disertius ipso Atque erit in tripliei par mihi nerno foro 22.
Sénèque fait une longue énumération de crimes que les trois forum ne suffisent pas à juger23, et Stace parle d'un jeune avocat dont la voix puissante assourdissait les trois forum 24. Les deux premiers forum impériaux dont nous allons nous occuper sont donc, avant tout, des forum judiciaires 2u. Les temples auxquels ils servaient d'area leur donnent aussi un caractère religieux.
1. Le forum de César. En l'an de Rome 700 (= 51, av. J.-C.), pendant que César se préparait à descendre en Bretagne, Cicéron, qui, en ce temps-là, était fier de son amitié, s'occupait à Rome de ses affaires : « Oppius et moi, écrit-il à Atticus, nous avons décidé que le forum (de César) s'étendra jusqu'à l'Atrium Libertatis; nous avons payé le terrain soixante millions de sesterces ; il n'y a pas eu moyen d'obtenir des propriétaires de meilleures conditions. Mais nous ferons quelque chose de magnifique 26. » Il est probable que les propriétaires se montrèrent encore plus exigeants, ou que d'autres achats furent faits, car, suivant Pline, le prix du terrain atteignit cent millions de sesterces", somme confirmée par le témoignage de Suétone28.
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M. Mommsen a démontré que, au vie siècle, cet Atrium Libertatis, jusqu'où devait s'étendre le forum de César, était dans le local occupé aujourd'hui par l'église Santa Martina (voy. fig. 3258)1; il n'est pas probable qu'il en ait été de même au temps de Cicéron 2; en tout cas, le passage de sa lettre à Atticus prouve bien que l'Atrium libertatis était alors dans ce quartier.
César était par Iule et Énée descendant de Vénus 3 ; aussi il avait une dévotion spéciale pour cette déesse 4. Il la représentait souvent sur ses monnaies avec son étoile',
et son forum servit d'area au temple de Vénus Genitrixe qu'il avait voué avant la bataille de Pharsale'.
Le forum et le temple furent dédiés, encore inachevés a, en l'année 708 (= o6 av. le 214 ou le 2) septembre 10. César y vint couronné de fleurs, précédé d'éléphants qui portaient des torches et donna, à l'occasion de cette dédicace, des jeux magnifiques 11. Auguste acheva, après la mort de César, le temple et le forum".
Antonio da Sangallo a laissé les dessins d'une partie du mur d'enceinte du forum de César existant encore de
son temps. C'était, une forte muraille en pierres de tuf et de travertin, dont il subsiste des restes dans la rue del Ghettarellol3. Le forum de César était, nous dit Dion, plus beau que le vieux Forum romain ; celui-ci, cependant, crut en dignité, car, désormais, pour le distinguer du nouveau, on l'appela Forum magnum". Le commerce était exclu du forum de César, qui avait voulu donner aux Romains un forum analogue à ceux des Perses où l'on rendait la justice et où l'on enseignait le droit". César y avait laissé ériger sa statue revêtue d'une cuirasset6; lui-même y avait dédié, devant le temple de Vénus, sa propre statue montant le célèbre cheval dont
le sabot, fendu en forme de doigts, avait l'apparence d'un pied humain; la possession de ce cheval, d'après les haruspices, assurait à son maître l'empire de l'univers i7, Près du temple aussi étaient les monuments appelés Appiades, probablement des fontaines avec des Nymphesit sculptées par Stephanus, élève de Pasitèle".
Quant au temple de Vénus Genitrix, il était, d'après Vitruve, pycnostyle 20. Palladio 21, d'après les restes qui existaient de son temps, en a fait une reconstitution: c'était un temple corinthien, en marbre, périptère, octastyle et pycnostyle; il était orné de sculptures riches et d'un art élégant22, construit tout en marbre23, resplen
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dissant de l'éclat de l'or'. La statue de la cella était l'oeuvre d'Arcésilaus, fils de Tisicrate 2, et, à côté de la déesse son aïeule, César avait placé la statue en or de sa maîtresse Cléopàtre3; elle y était encore à l'époque d'Antonin 4. Dans le même temple on conservait aussi six dactyliothèques' ou collections de pierres gravées
et une cuirasse en perles de Bretagne"; sur sa façade, on pouvait admirer la Médée et l'A jax de Timomachus de Byzance, tableaux que César avait payés cinquante talents$.
Brûlé sous Carinus9 le forum de César fut restauré par Dioclétien10. L'emplacement qui lui est attribué est aujourd'hui admis par tous et incontestable (fig. 3269) ".
2. Le forum d'Auguste. Suétone expose les raisons qui déterminèrent Auguste à créer un nouveau forum : La foule toujours croissante des plaideurs et des jugements l'avait rendu nécessaire pour suppléer à l'insuffisance des deux autres; aussi on se hâta de l'ouvrir, même avant l'achèvement du temple de Mars 12, et Auguste se consola par un bon mot des lenteurs de son architecte".
Comme César à Pharsale, Auguste, à Philippes, avait fait voeu d'élever un temple et de le dédier à Mars Ultor qui, en lui donnant la victoire, devait venger le meurtre de César''. Voué en l'an '712 (= 42 av. J.-C.), le temple ne fut consacré que le ter août 15 de l'an 7b2 (= 2 av. J.-C.), et sans être complètement terminé16. Auguste délégua, pour cette cérémonie, ses deux petits-fils Caïus et Lucius qui présidèrent ensuite, avec leur frère Agrippa, les jeux troyens; on célébra, à cette occasion, avec une grande magnificence, un combat naval, des combats de gladiateurs et des venationesl7.
Le temple de Mars Ultor était, d'après Palladio, octastyle et périptère avec une cella en forme d'abside' 0. Il subsiste encore une partie de son côté est ; ces magnifiques colonnes en marbre, cannelées, avec leurs chapiteaux et leur architrave d'un si beau travail (fig. 3270) 19, le tout formant un ensemble de plus de vingt mètres de hauteur, justifient l'admiration de Pline qui écrivait que cet édifice était, avec le temple de la Paix, ce qu'on avait construit de plus beau 20. Ovide" représente Mars descendantluimême visiter ce temple digne de sa grandeur : et deus est ingens, et opus ; le dieu voit, sur le faîte du temple, les statues des dieux ; il admire, aux portes, les trophées composés avec les armes des peuples vaincus ; il lit, dans l'inscription, le nom d'Auguste et l'édifice lui en paraît plus majestueux encore".
Des oeuvres d'art de grande valeur contribuaient à la beauté de ce temple. Auguste l'avait enrichi d'une partie des dépouilles ennemies23. La statue du dieu Mars, vengeur de César, était groupée avec celle de Vénus, mère
du dictateur déifié 24. A gauche, en entrant, une peinture représentait Alexandre sur un char de triomphe, et, à côté, la Guerre, les mains liées derrière le dos, oeuvre d'Apelle lb dont il semble que Virgile se soit inspiré dans son Enéide26; un autre tableau du même peintre, encore Alexandre sur un char triomphal avec Castor et Pollux, faisait sans doute, à droite, pendant au premier". Claude eut l'idée bizarre, blâmée d'ailleurs par Pline, de faire effacer, sur les deux peintures, la figure d'Alexandre pour y substituer celle d'Auguste2°. On conservait aussi dans le temple deux coupes en fer 29.
Par les privilèges qu'il accorda à ce riche sanctuaire, Auguste en fit l'égal des temples vénérés de Jupiter Capitolin et d'Apollon Palatin30. On-y avait aussi établi
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un dépôt du trésor et Juvénal raille Mars d n'avoir su sauver des voleurs ni la caisse dont il avait la garde, ni même son casque'. Enfin, comme au temple de Castor, il y avait un bureau pour la vérification des poids2.
Comme le forum de César pour le temple de Vénus Genitrix, le forum d'Auguste servait d'area au temple de Mars Ultor; temple et forum avaient été construits avec le butin de Philippes3 sur un terrain acheté aux particuliers 4; Auguste même avait dû restreindre ses plans, reculant devant des expropriations ". On employa pour ces constructions des matériaux de premier choix; tout le bois avait été coupé à la canicule et sous certaines constellations, parce que, dit Pline, dans ces conditions il se conserve indéfiniment'. Le mur d'enceinte était bâti en gros blocs de tuf et de travertin', avec colonnes et revêtement de marbres précieux à l'intérieur a. Le temple était adossé à la partie centrale du mur d'enceinte qui fermait le forum au nord-est (fig. 3269) ; ce mur
enfermait une place carrée avec hémicycle à droite et à gauche du temple. La figure 3270 nous donne déjà une vue d'une partie de l'enceinte, attenant au temple; l'arcade sous laquelle passe aujourd'hui la via 13onella, rue
moderne (fig. 3270, G), est antique, mais elle est aujourd'hui à cinq mètres environ au-dessus de l'ancien sol du forum. A droite de cet arc, du côté opposé au temple, on a complètement déblayé une partie de l'hémicycle, jusqu'au sol, où on a retrouvé l'ancien dallage en marbres. Nous donnons, d'après M. Huelsen'0, une vue de ce mur d'enceinte, haut de trente-six mètres, une des plus belles ruines de Itome (fig. 3271). Il dut contribuer à sauver le forum et le temple des incendies qui ravagèrent ce quartier ". Et en effet, on n'en connaît qu'une restauration, sous Hadrien f 2.
Le forum d'Auguste était, nous l'avons dit, un forum judiciaire, spécialement réservé aux publica judicia et aux sortitiones judicum13. Les empereurs y rendaient la justice 14
Auguste orna son forum de nombreuses statues : « Il voulut, nous dit Suétone, que, après les dieux immortels, on honorât surtout les illustres généraux qui avaient fait Rome, de si petite, si grande; ... c'est pourquoi il érigea leurs statues, en appareil triomphal, dans les deux portiques de son forum, déclarant dans son édit qu'il voulait ainsi proposer aux citoyens des modèles pour le juger lui-même, de son vivant, puis les princes des âges suivants ". » Ces statues, en bronze 10, occupaient des niches rectangulaires ménagées dans le mur; le nom et le cursus honorum du personnage étaient gravés sur la plinthe supportant la statue ; au-dessous une plaque en marbre portait l'elogiunt". Les niches étaient protégées par un portique, qui, de chaque côté du temple, courait tout le long du mur d'enceinte ; ce portique était composé d'une seule rangée de colonnes auxquelles correspondait un pilastre". On peut voir quelques niches très bien conservées dans la partie du mur encore debout (fig. 3271). La statue d'Énée, portant son père, commen= çait la série; suivaient les rois d'Albe" ancêtres de la gens Julia20 ; puis Romulus et, après lui, les grands généraux de la République 21.
Une inscription, trouvée dans les dernières fouilles et gravée sur un piédestal, mentionne une oeuvre d'art en or, sans doute un vase, du poids de cent livres, dédiée à Auguste par la province d'Espagne pacifiée22. Nous savons, par Auguste lui-même, que, en l'année de son treizième consulat (752 = 2 av. J.-C.), le peuple lui décerna par acclamation le titre de Père de la patrie, et décréta que ce titre serait gravé sur les quadriges qui lui avaient été, en vertu d'un sénatus-consulte, érigés sur son forum 23. On ne sait pas quel endroit du forum
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occupaient ces quadriges; M. Borsari pense que c'était peut-être le centre de chacun des hémicycles'. En l'an 772 (= 19 ap. J.-C.), le Sénat, après la pacification de l'Arménie, décerna l'ovation à Germanicus et à Drusus, et décida que deux arcs de triomphe, ornés de leurs statues, leur seraient érigés de chaque côté du temple de Mars Ultor 2.
Le forum n'était pas moins que le temple lui-même riche en oeuvres d'art; on y voyait un Apollon en ivoire' ; à l'entrée, Auguste avait placé une statue archaïque de Minerve, en ivoire aussi, oeuvre d'Endoios, qu'il avait rapportée d'Alep." d'Arcadie, avec les défenses du sanglier de Calydon 3. Enfin, devant le temple, on avait dressé deux des quatre statues qui supportaient la tente d'Alexandre le Grand ; les deux autres étaient devant la Regia 6.
Les actes des Frères Arvales contiennent la mention de plusieurs sacrifices célébrés soit dans le temple, soit dans le forum d'Auguste 7.
Le forum d'Auguste est appelé Forum Augustum dans les Res gestae 8 ; ce fut donc son nom officiel ; après la mort d'Auguste on le désigna sous le nom de Forum divi Augusti; la magnificence du temple de Mars lui fit aussi donner le nom de Forum Martis 9; le nom, si populaire à Rome, de Marforio, porté encore aujourd'hui par la via di Mar forio qui passe devant la prison Mamertine, dérive de Martis forum".
Le forum Augusti figure encore dans lesrégionnaires.
3. Templum et forum Paris. Aussitôt après avoir triomphé des Juifs 824 (= '71 ap. J.-C.), Vespasien et Titus fermèrent le temple de Janus et résolurent d'élever un temple à la Paix 12. Les travaux furent poussés avec une grande activité, car le temple put être dédié dès l'année 828 (= ap. J.-C.) 13. C'était un édifice d'une magnificence extraordinaire'; ; Vespasien prodigua l'argent, dépouilla les autres temples pour l'enrichir et en fit un musée oit l'on voyait réunies des merveilles jusque-là dispersées dans tout l'univers 16. C'est là que furent déposés les vases sacrés et les objets en or provenant du temple de Jérusalem16, Néron avait dépouillé la Grèce de ses oeuvres d'art pour en orner sa maison dorée, Vespasien en transporta une grande partie dans le nouveau temple 17. Les auteurs nous ont transmis les noms de quelques-uns de ces chefs-d'oeuvre : un héros, oeuvre parfaite de Timanthe qui excellait dans l'art de peindre les figures héroïques18; l'Ialysus, le plus estimé des tableaux de Pro le gène 19, une Scylla de Nicomaque 20,
une Vénus d'auteur inconnu mais digne de son antique renommée 21 ; une statue de Cheimon par Naucydès, transportée d'Argos à Rome 22; la statue colossale du Nil en basanite (pierre de touche), représentant le fleuve autour duquel jouent seize enfants, symbole des seize coudées que le fleuve doit atteindre quand sa crue est complète 23; une statue de Ganymède 2i. Enfin Vespasien avait dédié dans ce temple et en même temps dans le temple du Capitole une couronne de cinname, enfermée dans de l'or ciselé 25. Il y avait aussi, dans le temple de la Paix, une bibliothèque 26; Trebellius Pollion se plaint de quelques critiques dirigées contre lui par des érudits ou gens de lettres qui s'y réunissaient27. Le temple de la Paix était situé près du Forum romain 28 et du forum de Nerva 2° (Voy. fig. 3269.)
Quant au forum de Vespasien, son nom n'apparaît qu'à une époque tardive dans les auteurs 30. Ammien Marcellin l'énumère encore parmi les belles choses de Rome : Ijecora ur'bis aeternae31.
En l'année 944 (= 191 ap. J.-C.), à la suite d'un tremblement de terre peu violent, soit par l'effet du tremblement de terre lui-même, soit qu'il eût été frappé de la foudre, le temple de la Paix fut incendié" ; d'autres crurent que le feu éclata d'abord dans des boutiques, puis gagna le temple 33 ; malgré les efforts des citoyens et de la troupe animés par la présence de l'empereur Commode, l'incendie s'étendit avec rapidité jusqu'au temple de Vesta et au Palatin où il dévora les bibliothèques publiques 3.. Ce fut un désastre pour les arts et les lettres ; c'en fut un aussi pour des particuliers qui, suivant un usage fréquent à Rome, avaient déposé dans le temple leurs richesses qu'ils y croyaient plus en sûreté".
La plus grande incertitude règne sur le sort du temple après cet incendie; beaucoup pensent qu'il ne fut pas reconstruit. J'ai peine à croire qu'il fut excepté des grands travaux par lesquels Septime Sévère répara les dommages de cet incendie; Trebellius Pollion, en parlant de la bibliothèque certainement reconstituée du temple de la Paix, aurait-il employé les mots delubrtlm Pacis si le temple eût été de son temps une ruine abandonnée36? Ce temple figure encore dans la Notitia comme monument principal et éponyme de la quatrième région37; autour de lui, le forum Pacis avait été reconstruit"; peut-être même est-ce seulement au temps de cette reconstruction, sous Septime Sévère, que l'ancienne area du temple de la Paix fut transformée en forum 33. Il semble qu'au temps de Procope le temple était en ruine ; mais faut-il
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supposer que pendant plus de trois siècles il était resté en cet état au milieu de son forum reconstruit?
Toutes les oeuvres d'art accumulées dans le temple de la Paix et sur son forum ne périrent pas dans l'incendie : on put sauver les dépouilles du temple de Jérusalem'. Procope vit encore sur le forum de la Paix une fontaine ornée d'un boeuf en bronze, oeuvre, croit-il, de Phidias ou de Lysippe ; plusieurs statues de ces mêmes artistes, une, entre autres, dont l'inscription attestait qu'elle était l'oeuvre de Phidias ; une génisse de Myron 2.
Vespasien avait aussi construit un édifice qui devint le templum Sacrae Urbis; sa façade, que Maxence, à la fin du 1II° siècle, masqua par le temple rond de son fils Romulus, se trouvait près de la Voie Sacrée, un peu avant.le temple d'Antonin et de Faustine (p), c'est-à-dire en dehors du Forum romain ; de l'autre côté il s'étendait jusqu'au Forum Pacis 3. Brûlé en même temps que le temple de la Paix, il fut reconstruit par Septime Sévère; son mur de derrière, sans abside, formait, du côté du Forum Pacis, une grande surface plane sur laquelle Septime Sévère fixa son grand plan de Rome gravé sur marbre. Il est probable qu'un premier plan, exécuté par ordre de Vespasien, avait péri dans l'incendie. [Sur ce plan de Rome, voy. FORMA, IV, p. 1249.] Le templum sacrae Urbis et le temple de Romulus existent encore aujourd'hui; c'est l'église des saints Cosme et Damien. Les travaux de voirie et de construction ont mis au jour, à différentes reprises, des restes du temple et du forum de la Paix 4.
Une rue, qui fut fermée plus tard par la basilique de Constantin, mettait le forum de la Paix en communication avec la Voie Sacrée, à côté du temple de Romulus 5.
4. Le forum de Nerva (ou transitorium). Les forum
d'Auguste et de César étaient séparés du temple de la Paix et de son area par une rue, l'Argiletum (C'), qui mettait le Forum romain en communication avec le quartier de Subure. Pour qu'il n'y eût pas de lacune entre ces groupes de monuments, dont les temples, les places et les portiques formaient déjà un ensemble remarquable, Domitien résolut de transformer en un nouveau forum la partie de l'Argiletum confinant au Forum romain6 ; et, comme il avait pour Minerve une vénération toute particulière ce fut à elle qu'il voulut consacrer le temple qui devait s'élever sur son nouveau forum 8. La dédicace du temple et du forum, que Domitien ne put achever, fut faite par Nerva en l'année 851 (98 ap. J.-C.) 9. Le temple de Minerve était très beau ; Aurélius Victor l'appelle eminentior et magni ficentior f0 ; on a retrouvé le fragment du plan antique de Rome sur lequel il est dessiné"; il en existait encore des restes considérables au commencement du xvli° siècle dont du Pérac et
Palladio nous ont conservé des. vues; c'était un temple corinthien, prostyle, hexastyle avec abside; en 1606 le pape Paul V le démolit et ses matériaux servirent à construire la fontaine de l'Aqua Paolo sur le Janicule 1Z; la destruction s'arrêta à la base des colonnes, et les substructions existent encore sous la maison qui forme l'angle de la via Alexandrina et des Colonnacce t3
Le forum de Nerva était un rectangle. dont les deux petits côtés affectaient une forme curviligne (fig. 3269). Tout le long du mur intérieur, sur les petits côtés aussi bien que sur les grands, courait un portique composé d'une seule rangée de colonnes corinthiennes cannelées, avec des avancés qui servaient de piédestaux à des statues. Au-dessus des colonnes régnait une frise ornée de sculptures d'un bon travail, et surmontée, de distance en distance, d'une image de divinité en relief. La portion encore existante, connue sous le nom de Colonnacce (fig. 3269, C) permet de se rendre compte de cette belle architecture 14 ; des découvertes partielles ont démontré que l'ornementation était la même sur tout le périmètre du forum 15. Le petit côté regardant le Forum romain était percé de grands arcs monumentaux, qui servaient d'issue de ce côté 16 ; on se trouvait, après les avoir franchis, dans un boulevard aussi large que le forum lui-même, long de cinquante mètres environ, et qui débouchait sur le Forum romain entre la curie (lé) et la basilique Aemilia (d) 17. A l'intérieur du forum de Nerva, au pied des murailles des longs côtés, à droite et à gauche, existait une rue pavée avec de gros morceaux de lave de forme pentagonale; l'area était couverte de grandes dalles'". Pour continuer la série des statues qui ornaient le forum d'Auguste, Sévère Alexandre fit dresser sur le forum de Nerva les statues colossales, soit en pied soit équestres, des empereurs qui avaient reçu les honneurs de l'apothéose; à côté de chaque statue, sur une colonne en bronze, étaient gravéeslesresgestae dudivus 19.
M. Lanciani a pu, à l'aide de dessins inédits de la fin du XVe siècle, reconstituer le forum de Nerva 20. Il y a trouvé la preuve que les forum d'Auguste et de Nerva se touchaient, et que l'architecte de Domitien avait su, avec une remarquable habileté, bâtir son forum et son temple dans un endroit resserré et les adapter merveilleusement à des édifices déjà existants et offrant des lignes courbes"
Le forum de Nerva porte dans les auteurs des noms très différents : Il s'appelle Forum Nervae, du nom de l'empereur qui l'a dédié"; forum transitorium 23 et forum pervium24 parce qu'il servait de lieu de passage entre les différents forum ; forum Palladium25 à cause du temple de Minerve.
5. Le forum de Trajan. Au temps de Trajan, il existait à Rome deux vastes emplacements couverts d'édi
C l'~ 'dit'
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fices somptueux : les forum, que nous venons de décrire, situés au pied des palais impériaux et des temples du Capitole, et prolongés vers l'est par l'amphithéâtre et parles Thermes de Titus; puis, de l'autre côté, le Champ de Mars. Mais ces deux centres, séparés par une sorte de promontoire que le Quirinal projetait vers le Capitole, ne communiquaient que par un étroit défilé. Trajan conçut le projet grandiose de faire disparaître la colline et de réunir le Champ de Mars aux Forum romain et impériaux par un nouveau forum dont la beauté surpasserait celle de tous les autres 1.
Telle fut l'origine du Forum Trajani, appelé quelquefois aussi, mais rarement, Forum' Ulpium2. L'exécution en fut confiée à l'architecte Apollodore de Damas, qui, déjà, avait construit pour firajan le célèbre pont du Danube 3. Il fallut, pour faire ce forum, acheter environ 275 000 pieds carrés de terrain et, pour aplanir la colline, dont la colonne Trajane devait égaler la hauteur
enlever environ huit cent cinquante mille mètres cubes de terre et de roche, qui furent transportés près de la via Salaria, sur les confins des jardins de Salluste, au lieu dit Ad nucem (Vigna Naro-Bertone) °.
Le forum de Trajan était en communication directe avec celui d'Auguste (fig. 3269, H) ; on y entrait en passant sous un arc de triomphe décrété à Trajan par le
Sénat, l'année même de sa mort', et dont on a, à plusieurs reprises, découvert des débris Une monnaie nous a conservé la vue de l'arc, qui servait d'entrée au forum de Trajan (fig. 3272). Sa façade est ornée de six colonnes, avec une grande porte au milieu, surmontée d'un médaillon; de chaque côté, deux niches, surmontées elles-mêmes d'un médaillon, renferment cha
cune une statue debout. Sur la plate-forme, l'empereur est couronné par la Victoire, dans un char à six chevaux, placé entre des trophées, des soldats ou des Victoires 9.
L'arc de triomphe franchi, on entrait dans une vaste area10 (ou atrium") au milieu de laquelle se trouvait la statue équestre en bronze de Trajan 12. Cette area, d'une superficie de 126 mètres, était circonscrite par un portique de forme carrée, en dehors duquel elle se prolongeait, à droite et à gauche, par deux hémicycles dont l'un (fig. 3269, D) existe encore aujourd'hui; le faîte des portiques était orné de chevaux et d'enseignes militaires en bronze doré, érigés ex manubiis 13.
Le côté de cette area opposé à l'entrée était occupé par la façade de la basilique Ulpia ik qui nous a été conservée comme type monétaire (fig. 3273) 15. Une autre monnaie représente la même façade avec des variantes 1s On voit, en comparant ces monnaies, que la façade de la basilique Ulpia était surélevée sur plusieurs marches
IV.
dont les restes existent encore 17. Dix colonnes de face et six petites en haut soutenaient trois' frontons surmontés chacun d'un quadrige portant un triomphateur ; le quadrige du milieu était conduit par deux Victoires debout tenant une palme; l'édifice était couronné sur toute sa longueur par une plate-forme garnie d'antéfixes. Comme la basilique Julia du Forum romain, la basilique
central, rectangulaire, entouré
d'une double rangée de colonnes qui la divisaient en trois nefs précédées d'un portique parallèle à la façade; les colonnes, dont il reste des fragments considérables, étaient en granit gris. Un fragment du plan antique de Rome représente la basilique Ulpia (fig. 3274) is. Nous y voyons que, comme l'area, la basilique se prolongeait, à droite et
à gauche, par deux absides (fig. 3269). Sur l'une de ces absides, on lit le mot Libertatis. La plus grande incertitude règne sur l'interprétation de ce mot; on a voulu y voir la preuve que l'Atrium libertatis avait été transporté en cet endroit; d'autres auteurs ont rapproché cette inscription d'un texte où Sidoine Apollinaire dit que c'est au forum de Trajan qui s'accomplissaient les formalités de l'affranchissement f9. Il semble que ce nom de divinité, seul,au génitif, devrait être, d'après les habitudes de parler des Romains, l'indication d'un temple ou d'un sacrarium.
En sortant de la basilique, du côté opposé à la façade, on se trouvait dans une petite cour, en face de la colonne Trajane. Sa hauteur égale celle de la colline disparue, comme l'indique l'inscription gravée sur la base 20. Elle est représentée sur un grand bronze de Trajan (fig. 3275)21. La colonne, encore debout, est en marbre; elle se compose d'un piédestal quadrangulaire, orné d'armes, de trophées et de Victoires supportant l'inscription ; le fût porte un développement de bas-reliefs disposés en zone spirale, représentant les expéditions de Trajan; près de 2500 personnages entrent dans cette
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composition. Le fût se termine par un amortissement ou acrotère qui supportait la statue, Creuse à l'intérieur, elle renferme un escalier à vis qui lui a fait donner par les auteurs anciens le nom de columna coclis [COLUMNA, p. 1351 et s.]. Elle était destinée à servir de sépulture à Trajan, et, en effet, après sa mort, on y enferma ses cendres 2 recueillies dans une urne d'or 3.
De chaque côté de la colonne étaient deux édifices (fig. 3269, E, F) que l'on croit avoir été les
bibliothèques grecque et latine Ces bibliothèques, connues sous le nom de Bibliotheca Ulpia et de Bibliotheca templi Trajan sont souvent mentionnées par les auteurs. Les livres, au moins les livres précieux, y étaient classés dans des armoires numérotées 7 ; les écrivains célèbres y avaient, même de leur vivant, des statues8. La bibliothèque Ulpia fut plus tard transférée au Thermes de Dioclétien 9.
En face de la colonne, Hadrien éleva un temple à Plotine et à Trajan f0; le seul de ses nombreux édifices sur lequel il ait mis son nomi1.
Le forum de Trajan était orné de nombreuses statues dont on a retrouvé quelques inscriptions et quelques piédestauxf2. On y continua la série des statues qui ornaient le forum d'Auguste 13. Marc-Aurèle y fit ériger celles des officiers morts glorieusement à la guerre"; et Sévère Alexandre l'orna de statues apportées de tous les endroits de la ville 15; Aurélien y eut une statue en argent votée par le Sénat16. Parmi les oeuvres d'art les plus belles que contenaient ce forum, Pausanias mentionne une statue d'Auguste en electrum, et une statue en ivoire de Nicomède, roi de Bithynie 17.
« Tel était, écrit M. C. de la Berge 13, le forum de Trajan qui resta debout jusqu'à la fin du ixe siècle 19. Il est souvent mentionné dans les auteurs de la décadence, et, en effet, il fut longtemps un centre de réunions et de promenades. Bien des souvenirs populaires se rattachaient à cette place qui portait le nom du meilleur des princes. On y avait vu Hadrien brûler les créances non recouvrées du fisc d0, Marc-Aurèle vendre les meubles les plus précieux du palais des Césars pour épargner de nouveaux impôts aux provinces et défrayer la guerre contre les Marcomans21, Aurélien détruire toutes les tables de proscription22. C'est là que les consuls venaient rendre la justice 23, c'est là qu'on affranchissait les esclaves". D'ailleurs, la bibliothèque Ulpia, riche en documents de haute importance, attirait les historiens et les philosophes.
Surl'area voisine, Favorinus25 parlaitmorale ou grammaire avec ses amis, et Fronton, Dion Chrysostome, Hérode Atticus, avaient groupé leurs disciples. C'est sur le forum de Trajan que la poésie latine fit entendre ses derniers accents 26. Les grands édifices élevés par Apollodore avaient été ornés de statues représentant les hommes de guerre, les légistes, les littérateurs les plus célèbres27. Le Romain pouvait être fier en jetant les yeux sur ces monuments, d'un art original et puissant. Pausanias, familiarisé avec les merveilles encore debout sur le sol hellénique, n'a pas refusé son admiration au forum de Trajan28. On sait qu'il arracha un cri de ravissement à l'indifférence byzantine de Constance29, et les débris qu'on y retrouve, à de longs intervalles, sont placés, par les critiques du goût le plus difficile et le plus sûr, peu au-dessous ou à côté même des oeuvres grecques. n
C'est à Strabon que nous emprunterons la conclusion de cette longue étude sur les forum de Rome : on n'en pourrait trouver de meilleure. Après avoir décrit Rome et ses plus beaux monuments, le géographe ajoute
Supposons pourtant que d'ici l'on se transporte dans l'antique Forum e t qu'on y promène ses regards sur cette longue suite de basiliques, de portiques et de temples qui le bordent ; ou bien que l'on aille au Capitole, au Palatin, dans les jardins de Livie, contempler les chefsd'oeuvre qui y sont déposés, on risque fort, une fois entré, d'oublier tout ce qu'on a laissé dehors. Telle est Rome"! n
daient une colonie, une colonie militaire surtout, dans un lieu non encore habité ou tout au moins non encore pourvu d'une ville, tout se passait suivant des règles rigoureuses, et le point d'intersection des deux voies principales, le cardo maxirnus et le decumanus maximus marquait l'emplacement du forum3l
Le forum de Timgad, si consciencieusement exploré et ensuite si bien décrit par MM. Boeswilwald et R. Cagnat32, nous offre un excellent exemple de ces forum créés tout d'une pièce et entièrement conformes au type traditionnel; Timgad en effet est une colonie militaire fondée sous Trajan. Nous donnons ici le plan de son forum d'après MM. Boeswilwald et Cagnat 33 (fig. 3276).
Si au contraire la colonie s'établit dans une ville assez importante et déjà pourvue d'un forum, peu à peu ce forum se transforme à l'image du Forum romain ; ainsi nous voyons, de bonne heure 3., les forum de Calatie, d'Auxime, de Potentie e t de Pisaure s'entourer, à l'exemple de celui de Rome, de boutiques et de portiques35. Le forum de Pompéi est un exemple instructif et bien complet de ces forum transformés (fig. 3277) as.
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Tandis qu'à Timgad, tout se tient dans un plan unique l'area sa forme régulière et y rattacher les monuments
et bien combiné, à Pompéi il a fallu, pour donner à déjà construits, recourir à des raccordements, et donner
aux portiques des profondeurs inégales'. Cela est surtout visible devant le marché
(B), le monumentd'Eiimachia (E), la basilique (G) et le temple d'Apollon (II).
Près du forum, dit Vitruve, on doit trouver les temples, la basilique, l'aerarium, la prison et la curie. Ces monuments se rencontrent, en effet, autour des forum qu'on a pu étudier, et spécialement autour de ceux de Timgad et de Pompéi.
Le forum de Timgad ne possède qu'un petit temple (D) dédié on ne sait à quelle divinité 2. A Pompéi au contraire, le forum est dominé par le temple de Jupiter (A), qui, avec son escalier monumental, s'avance sur le forum, comme le temple de Mars Ultor sur le forum d'Auguste, et le temple de Minerve sur le forum de Nerva. Un bas-relief
curieux, trouvé dans une maison de Pompéi, représente le côté nord du forum; il permet de constater que la plate-forme qui sépare en deux la partie inférieure
de l'escalier du temple portait un autel, et, par conséquent, n'était pas, comme on l'a dit, une tribune ; à droite et à gauche de l'escalier, on avait érigé une statue équestre 3. Sur le côté ouest du forum de Pompéi, se trouve aussi le temple d'Apollon (II), indépendant d'abord et rattaché au forum par des portiques. Sur le côté est, la prêtresse Mamia avait dédié un petit temple au Génie d'Augustes (D) ; à côté un autre édifice (C), que l'on a longtemps regardé comme la Curie, était plus probablement consacré aussi au culte impérial 6.
La basilique du forum de Timgad (B) occupe une partie du côté est du forum ; comme la basilique Ulpia sur le forum de Trajan (voy. fig. 3269), elle a son plus long côté en
façade sur le forum; le tribunal
ii est composé d'une grande plate
forme à laquelle on accédait par deux marches ; la basilique n'a pas d'abside, mais
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l'extrémité nord est terminée par une pièce en forme d'exèdre, où se trouvait sans doute une statue. Tout le côté est, opposé à l'entrée, est terminé par six pièces dont il est difficile de déterminer l'usage 1. La basilique du forum de Silchester offre une disposition tout à fait analogue 2; le tribunal aussi y occupe une place semblable, et à l'extrémité opposée se trouve également une niche en exèdre; enfin, pour compléter la ressemblance, les deux basiliques n'ont qu'une seul nef. On est surpris que les architectes qui ont fait le plan du forum de Timgad, n'aient pas placé leur basilique au centre du côté qu'elle occupe, la prolongeant à droite et à gauche par des portiques, d'après le conseil de Vitruve 3. C'est ainsi qu'on a procédé pour la basilique de Veleia, à laquelle ses deux portiques donnent une façade égale à la largeur du forum 4. La basilique de Pompéi (G) a une tout autre disposition que celle de Timgad; elle a trois nefs, le tribunal est en face de l'entrée, et sa façade, précédée d'un portique et placée sur un des petits côtés, est seule en contact avec le portique du forum. La basilique de Pompéi est spécialement intéressante à cause de sa haute antiquités. La basilique du forum de Lindum (Lincoln) en Grande-Bretagne, occupe, par rapport au forum, une situation analogue à celle de la basilique de Pompéi 6,
L'aerarium ou Trésor public est un monument qui existait sur les forum, mais difficile à reconnaître. M. Cagnat, sans regarder la question comme tranchée, se demande si la crypte ménagée sous le petit temple de Timgad (D) ne serait pas l'aerarium de la colonie 7. Cette opinion est très plausible, car les trésors étaient conservés dans les temples : il y en avait un à Rome dans le temple de Saturne ; il yen avait aussi dans les temples de Castor, de Mars et de la Paix. On connaît un trésor dont l'emplacement est parfaitement certain, car une inscription, encore en place, ne permet aucun doute à cet égard' ; c'est le trésor du forum de Préneste; or il est dans la crypte d'un temple 3. Ce fait donne une grande probabilité à l'opinion de M. Cagnat, le temple D étant d'ailleurs le seul qui existe sur le forum de Timgad. On a cru aussi, mais sans autre preuve qu'un dépôt de monnaies, retrouver l'aerarium du petit forum de la station militaire de Cilurnum dans la Grande-Bretagne 10. On ne connaît pas avec certitude l'emplacement de l'aerarium de Pompéi ; peut-être était-il sous le podium qui supporte le temple de Jupiter".
Le forum de Timgad n'a pas fourni de prison; on a cru reconnaître cet édifice à Pompéi dans le bâtiment qui se trouve au-dessus de l'endroit désigné par la lettre J, sur le bord de la rue 12, et quelques auteurs ont cru à l'existence d'un cachot sous le tribunal de la basilique (G)13.
Une des plus heureuses découvertes de MM. Boeswilwald et Cagnat est celle de la Curie (C); cette attribution paraît certaine, car l'album des décurions était encore en place". De plus, le monument paraît tout à fait adapté à sa destination 15 ; des inscriptions d'Afrique nous apprennent que les curies des municipes étaient comme la Curie de Rome, des lieux consacrés, des temples". A Pornpéi on a plusieurs fois repris et abandonné l'opinion qui plaçait la Curie dans l'édifice située à l'extrémité sud du forum (K); c'est à cette opinion que s'est finalement arrêté M. Mau dans son édition d'Overbeck17 et la ressemblance de ce monument avec la curie de Timgad lui donne du crédit; la découverte de M. Cagnat aidera désormais à reconnaître, sur les autres forum provinciaux, la curie qui jusqu'ici n'avait été déterminée avec certitude que sur le Forum magnum de Borne.
Les monuments signalés par Vitruve reconnus, il reste sur nos forum un certain nombre de pièces plus ou moins grandes demeurées sans attribution; il faut en répartir un bon nombre, partie entre les boutiques des argentaril et autres 13, partie entre les scholae des corporations. Beaucoup de ces dernières, en effet, avaient leurs scholae sur les forum; à Rome nous avons, sur le Forum romain, la schola Xantha, et on sait qu'elles étaient très nombreuses sur le forum d'Ostie 1°.
Devant le petit temple du forum de Timgad (D), s'étend une plate-forme assez vaste ; c'est la tribune 20. Placée près de la curie, elle est à portée des magistrats qui ont à faire des communications au peuple. Timgad n'est pas la seule ville d'Afrique dont on connaisse les rostres; les inscriptions nous apprennent que les rostres de Rusicade u et ceux de Zattara 22 furent, sous les empereurs Constance et Constant, restaurés par des citoyens généreux. A Pompéi, Jordan a cru reconnaître les rostres dans deux suggestus, pris par d'autres pour des piédestaux 23. Fiorelli croit que les tribunaux de Pompéi servaient à l'occasion de tribune 21.
Les forum étaient très fréquentés ; les Romains y passaient une partie de la journée ; aussi les latrines publiques qu'on y rencontre, ne sont pas des monuments superflus. Celles de Timgad (E) étaient très bien aménagées', les sièges, au nombre de vingt-cinq environ, étaient séparés par des dauphins en pierre, où les bras pouvaient s'appuyer; une rigole en pente, creusée devant les sièges, recueillait les matières liquides que l'eau fournie par le trop-plein d'un bassin poussait à l'égout 25. Les latrines du forum de Pompéi (J) n'étaient ni moins vastes ni moins bien organisées; des eaux, amenées par des tuyaux encore existants, traversaient les fosses et entraînaient tout dans un égout voûté que l'on voit près de
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là 1. Des portes doubles à Timgad, à Pompéi deux murs parallèles contrariés défendaient l'intérieur des latrines contre les regards des passants 2.
Un des plus curieux monuments que l'on ait trouvés à Pompéi est une série de mesures publiques, conservées dans une chambre ménagée dans le mur du portique du forum, en face l'angle nord-est de l'enceinte du temple d'Apollon (H), avant une autre chambre un peu plus grande et l'escalier et la rue qui précèdent le marché aux fruits et aux légumes (I). On conservait aussi des poids étalons dans le temple de Castor sur le Forum romain et dans le temple de Mars Ultor sur le forum d'Auguste; il y en avait encore au marché d'Ostie ainsi que dés mesures publiques au forum vinarium de la même ville 4; l'endroit où l'on conservait les poids publics s'appelait ponderarium
Le portique de Timgad était formé d'un rang de colonnes à chapiteaux corinthiens, dont un petit nombre a disparu; il était plus élevé de deux marches que le niveau de l'area couvert d'un beau dallage de grandes pierres rectangulaires Le portique du forum de Pompéi, élevé au temps de l'autonomie, était en pleine reconstruction quand survint l'éruption. On élevait un second ordre au-dessus du premier, car les escaliers destinés à donner accès à l'étage supérieur sont encore visibles; là sans doute, suivant le conseil de Vitruve on avait l'intention d'établir des loges ou galeries ; de Rome en effet cet usage s'était introduit dans les provinces où ces loges s'appelaient aussi maeniana 8. Le forum de Timgad avait, sur le côté nord, une entrée monumentale' ; deux arcs de triomphe, placés de chaque côté du temple de Jupiter (A) donnaient accès au forum de Pompéi. Enfin, pour compléter la ressemblance avec le Forum magnum, nous voyons des forum provinciaux pourvus de ces arcs appelés Janus si connus sur le Forum romainl0
Le forum de Pompéi avait un marché aux vivres (B), un marché aux fruits et aux légumes (1), et enfin, suivant une conjecture de M. Mau", le monument construit par Eumachia i2 (E) était une halle pour le commerce des draps. Il existe encore sur le forum de Pompéi un monument resté sans attribution (F); on a voulu, sans preuve suffisante, y voir une école 13. Il y eut en effet, sous la République, des écoles sur le Forum romain ; à Timgad, M. Cagnat a rencontré un édifice qui pourrait être une école", mais là aussi les preuves font défaut; une peinture antique de Pompéi représente une scène d'école
sous les portiques du forum de cette ville"Le Forum romain n'avait pas seul le privilège d'être
encombré de statues ; on en trouvait de nombreuses sur les forum provinciaux. Sur beaucoup de ces derniers, en Italie
surtout, on reproduisit les statues et les elogia dédiés par Auguste, sur son forum, aux grands hommes de guerre qui avaient fait la grandeur de Rome. C'est ainsi qu'on retrouva à Pompéi les statues d'l née et de Romulus, ou plutôt leurs bases avec les inscriptions 16, et à Arretium toute une série de sept elogia17. Les forum étaient ornés aussi de statues de divinités, offertes souvent par de riches citoyens i8 et quelquefois placées dans un édicule 19. Les empereurs et les princes des familles impériales, des particuliers aussi avaient des statues à pied ou équestres, votées par le conseil des décurions ou autorisées par lui 20; si le personnage était un empereur, un patron de la colonie ou un bienfaiteur insigne, le décret ajoutait souvent que la statue devait être érigée dans l'endroit le plus fréquenté du forum 21 ; et, comme nous avons vu, à Rome, les censeurs procéder à l'enlèvement des statues qui encombraient le Forum, nous voyons aussi, dans un municipe africain, un remaniement des statues entre lesquelles il devenait difficile de se frayer un passage 22. La statue la plus enviée par les forum de province était sans aucun doute celle de Marsyas, dont la présence attestait que la ville jouissait du droit italique 23. MM. Boeswilwald et Cagnat ont trouvé la base du Marsyas du forum de Timgad 24; on connaît les inscriptions de deux autres Marsyas de villes africaines 25.
Les monuments des forum portaient aussi, de toute part, les inscriptions des bienfaiteurs de la cité qui les avaient élévés, ornés ou restaurés ; d'autres citoyens avaient construit, embelli ou réparé le forum lui-même 26 ; ils avaient fait ou refait le dallage de son area27 et le pavé des rues y aboutissant ou le traversant 28; ils l'avaient entouré de trottoirs 29; ils avaient réparé ou complété ses portiques 30, reconstruit en marbre son tribunal, etc. 3', et ils n'avaient pas négligé de graver le souvenir de tous ces bienfaits sur la pierre ou le bronze.
La comparaison entre les monuments et la disposition du Forum romain et des forum provinciaux, révèle donc la plus grande analogie ; il en sera de même si nous les comparons au point de vue moral. Le théâtre était moins vaste; ce n'étaient plus les destinées du monde qui s'y jouaient; mais comme les honneurs qu'on y briguait étaient, aussi bien qu'à Rome, les plus élevés auxquels les candidats pouvaient aspirer, la lutte n'était pas moins vive sur les modestes forum de province, et les mêmes passions s'y agitaient. C'est en effet au forum que se faisaient les élections, et, à Pompéi, on voit la différence du droit entre les anciens habitants et les colons amenés par Sylla créer, comme à Rome, la lutte entre deux classes 32; à Nola, un des anciens habitants (ex veteribus), élu décurion, croit la victoire assez importante pour la mentionner dans son inscription". Comme à Rome,
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le forum est le centre de la vie publique ; c'est là que le gouverneur de la province tient ses assises [coNVENTus] ; il y a, comme au Forum romain, des rostres d'où l'on écoute les communications officielles et où l'on prononce des oraisons funèbres; en effet, avec l'autorisation des décurions ou en vertu d'un décret spontanément porté, les restes des citoyens qui ont illustré ou enrichi leur cité .peuvent reposer un instant au forum et c'est de là que partira la pompe funéraire C'est au forum que les magistrats prêtent serinent' ; on y célèbre des sacrifices`; on y met en adjudication les travaux publics° ; on y paye les impôts 6 ; on y distribue des sportules 7 ; dans les basiliques on fait du commerce 8, des affaires d'argent 9, on juge les procès 10 et on vient entendre des conférences 11. Les élections des magistrats, les inaugurations ou dédicaces des monuments ou des statues érigés par les particuliers, sont l'occasion de repas publics, de fêtes qui souvent se célèbrent au forum. iNous avons le programme très attrayant et très varié de jeux donnés sur le forum de Pompéi par des magistrats nouvellement élus : la fête commence par un défilé ou procession (pompa); puis viennent des courses de taureaux avec taurarii, taurocentae et succursores; des gladiateurs comiques ( pontarii); des athlètes combattant par couples, à la mode grecque (pyctae) et à la mode romaine (pugiles) et des athlètes combattant en troupe (pugiles catervarii); des pantomimes; de nombreux couples de gladiateurs; une venatio avec des taureaux, des sangliers, des ours, des animaux variés; des intermèdes de chant et de musique 12.
Outre ceux que leurs affaires amenaient au forum, les désoeuvrés aussi en faisaient leur promenade favorite; à Timgad comme à Rome, ils ont laissé gravées sur les dalles du Forum les traces de leurs jeux 13; désirait-on rencontrer quelqu'un, c'est là qu'on, était sûr de ne pas le manquer 15 ; en même temps que l'on apprenait les nouvelles peu sûres répandues par les flâneurs, on pouvait, sur les album,trouver le moyen d'occuper son temps pour les jours suivants : en effet, sur les albums du monument d'Eumachia (E), les foreuses de Pompéi pouvaient lire les annonces des ventes et des adjudications, le programme du prochain spectacle i5; une peinture de Pompéi représente le portique du forum, avec une longue affiche devant laquelle s'arrêtent les passants16 [ALBUM, fig. 209, 210]. Cette peinture fait d'ailleurs partie d'une curieuse série trouvée à Pompéi et représentant les scènes les plus variées de la vie populaire sur le forum 17 : on y voit des marchands de draps 18 et de toilesf9, des boulangers et des pâtissiers20, des fruitiers 21; des cordonniers prennent les mesures de leurs pratiques ou vantent leur marchandise"; un gargotier a allumé son fourneau ambulant et sert ses clients23; un marchand de ferraille et
de pots a 'étalé sa marchandise 21; un aveugle en haillons, conduit par un chien, reçoit l'aumône25; un amateur dessine une statue équestre d'après nature26; un chaudronnier couvre, avec le bruit de son marteau27, les hurlements d'un gamin qui reçoit, dans l'école voisine, une correction sans doute salutaire28 ; et, au milieu de ce tapage, des magistrats exercent gravement leurs fonctions29.
Dans les villes de province il y avait, souvent comme à Rome, plusieurs places qui portaient le nom de forum. A Pompéi il existe une petite place, entourée d'un portique, appelée, à cause de sa forme, le forum triangulaire, quoi qu'on n'ait aucune preuve qu'elle ait porté ce nom dans l'antiquité (fig. 3278) 36. La partie centrale de
ce forum ou portique est occupée par un temple grec, ancien; il communique avec un des théâtres de Pompéi. Les théâtres antiques n'étaient pas couverts, aussi Vitruve recommande de les mettre en communication avec un portique qui puisse donner asile aux spectateurs pendant un orage31. A Timgad 32 et à Ostie 33 le théâtre était voisin des portiques même du forum.
II existait un forum vivarium à Ostie"; un forum pecuarium à Aquilée3E, à Atina36 et à Ferentinum 37; un forum olitorium à Tignica 38 ; un forum novum à Calama 39, ce qui est peut-être simplement le nom de l'ancien forum reconstruit; un forum transitorium à Lambèse"; est-ce le nom d'une des deux places dont se compose le forum de cette ville"?
FORUM DES CAMPS. On donnait le nom de forum à une place ménagée devant le prétoire, ou quelquefois de chaque côté. La tribune y était représentée par un suggestus d'où l'on parlait aux soldats [CASTRA, p. 9M, fig. 1219; CASTRORUM METATOR, p. 964].
On appelait aussi forum la partie du pressoir sur laquelle on posait le raisin ou les olives destinés à être
On donnait le nom de forus au pont d'un navire
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