Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article FRITILLUS

FRITILLUS. Le cornet à jeter les dés, aussi appelé phimus, pyrgus, turricula, en grec pt'.bç, xrjlt.ôç, xiiOEtov, à celle des formes données à cet objet. Seul fritillus aurait une origine différente, s'il faut le faire dériver, comme on le fait généralement, de fritinnio: il rappellerait le bruit que font les dés agités dans le cornet'. Le nom de forme latine, fritillus, qui se rencontre le plus fréquemment, paraît être un terme général applicable à tous les cornets à dés; phimus et pyrgus, employés souvent comme ses synonymes 2, désigneraient, à les prendre dans leur sens strict, des objets qu'il faut distinguer. Phimus est la transcription latine de pi J..ôç ; c'est le nom de la muselière de jonc ou d'osier, resserrée à son ouverture, que les Grecs mettaient à leurs chevaux [CAPISTRUM, fig. 1140] ; ce nom devint celui du cornet à dés 3; on peut en induire que l'instrument à l'usage des joueurs avait à peu près la même forme. Les Grecs l'appelèrent aussi xe i.l;, d'un autre nom de la muselière : ou plutôt xreb;, aussi bien que xs O1ov et x-dxptov, employés dans le même sens, signifient proprement une sorte d'entonnoir à travers lequel les juges, à Athènes, faisaient tomber les suffrages dans l'urne, afin d'éviter toute fraude, et dont on se servait pareillement au jeu, quand on voulait se prémunir contre l'adresse des tricheurs 4. Ainsi par phimus, x-,i4Ecov, il faut entendre tan tôt le gobelet où l'on mêlait les dés et d'où on les jetait ensuite', tantôt un vase ayant deux ouvertures, celle du bas, i O clç, plus étroite que celle du haut, et qui servait à introduire les dés dans le gobelet. Pyrgus, a3pyo;, turricula 6 a de même deux significations : ou bien c'est un terme général, qui se confond avec fritillus 7, ou bien il s'agit d'une boîte spéciale, dont la forme cylindrique ou carrée rappelait celle d'une tour' et qui présentait à l'intérieur des arêtes sail dégringolaient les dés avant de tomber sur la table de jeu, nouvelle précaution pour déjouer les ruses des tricheurs. Ce pouvait être un cornet que l'on prenaità la main pour jeter les dés; on en voit un (fig. 3297) FR0 1342 F110 avec des intervalles ainsi gradués, qui a été trouvé à Rome'; ou une gaine fixée au tablier et que l'on ne pouvait agiter, mais dans laquelle on jetait par l'embou chure supérieure les dés qui / _N ressortaient après avoir des ,`1 tendu tous les degrés' par une ouverture placée en bas. L'image qui caractérise le mois de décembre, dans un calendrier de l'an 3544, en offre un exemple 3. On y voit (fig. 3298), debout sur une table une petite tour carrée; elle est surmontée d'un faîte en pyramide, que l'on doit supposer mobile pour qu'on pût introduire par en haut les dés; ils sortaient par le devant, où une porte s'ouvre sur un escalier, dont ils avaient à franchir les degrés. Le pyrgus est appelé ,L1po6Odaov chez les Grecs du BasEmpire 4. On a fait à tort du mot orca un synonyme des précédents : il désigne, dans le vers de Perses que l'on cite à ce propos, un vase à col étroit où le jeu était de faire entrer d'un seul coup des dés, des osselets ou des noix