Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article FUNAMBULUS

FUNAMIHULUS, -otvoU rlç, Funambule, danseur de corde. On trouve aussi le mot grec sous la forme latinisée schoenobales'; elle est restée en usage à côté de funambulus, malgré les efforts que faisaient pour la bannir certains écrivains, qui auraient voulu que la langue latine se suffit à elle-même 2. il est très probable que l'art,des funambules (afotvoGa,itxii) se développa chez les Grecs bien avant d'être connu à Rome; car Juvénal le classe avec dédain parmi ceux oit les Grecs excellaient et qui pouvaient leur procurer un gagne-pain dans la capitale 4. En 163 av. J.-C., le jour oit Térence faisait jouer pour la première fois son Hécyre, la foule abandonna le théâtre et se porta autour d'un funambule, qui s'était installé près de là ; elle y demeura « saisie d'admiration et n'eut d'yeux que pour lui », Si bien que la représentation de la comédie n'alla pas jusqu'au bout Depuis lors, les funambules ne cessèrent pas d'être en honneur auprès du peuple; on disait, en manière de proverbe, « marcher sur la corde raide », pour dire : accomplir une chose difficile et périlleuse 6. Beaucoup d'auteurs anciens ont décrit avec une grâce ingénieuse les exercices du funambule, qui s'avance sur la corde à pas comptés, tenant en main un balancier, ou les deux bras étendus à droite et à gauche pour garder son équilibre. Ils ont dépeint aussi l'émotion dont les spectateurs étaient saisis en contemplant les prodiges d'adresse exécutés par les funambules dans les théâtres'. La fresque d'Herculanum que reproduisent en partie les figures 3320 et 33218 peut nous en donner une idée; on y voit des danseurs de corde portant la queue de cheval et la nébride, attributs des Satyres, compagnons de Bacchus; ils exécutent une danse de caractère en rapport avec leur rôle; les uns agitent un thyrse en prenant tour à tour diverses attitudes; les autres jouent de la double flûte ou de la lyre ; d'autres versent du vin dans une coupe. On remarquera la coiffure qui couvre leur tête; elle semble être de peau. On a supposé que c'était une sorte de calotte particulière à leur profession, et qui avait pour utilité d'amortir les chocs, lorsqu'ils venaient à tomber; mais rien n'est moins certain'. Une autre peinture, trouvée à Pompéi, représente une femme nue et un homme vêtu d'une tunique courte, qui dansent tous deux sur la corde en tenant à la main des vases à boire 10. Les funambules anciens marchaient aussi sur une corde tendue obliquement depuis le sol jusqu'à l'extrémité supérieure d'un poteau plus ou moins élevé, effectuant la montée (adversis funibus subire) jusqu'à une plateforme disposée au sommet, redescendant ensuite par le même procédé. On donnait au câble qui servait à la descente le nom de xarl oti.oç (ayoïvoç); cet adjectif pris substantivement a été latinisé sous la forme catadromus". Quelques-uns poussaient la hardiesse et l'habileté jusqu'à accomplir, dans ce double parcours, des tours extraordinaires, tels que de s'habiller et de se déshabiller, «comme s'ils eussent été assis sur un lit". » On voit ici repors duite (fig. 3322), d'après un exemplaire du Cabinet des FUN -1362 FUN médailles, une monnaie de Cyzique, frappée en l'an 212 de notre ère, oit l'on a représenté des exercices de funambules. Deux cordes ont été tendues sur des chevalets; elles aboutissent à deux grands vases en forme de forteresses, remplis de palmes. De chaque côté monte un funambule tenant d'une main son balancier, tandis que de l'autre il s'apprête à saisir le bord du vase. Au-dessous de l'appareil, figuré dans des proportions évidemment conventionnelles, s'empressent plusieurs hommes, dont les uns peuvent être des concurrents évincés, les autres des serviteurs du théâtre, chargés de maintenir l'ordre, ou d'assujettir les montants du chevalet'. En 160, au milieu des réjouissances célébrées po-ur le triomphe de L. `Verus et de Marc-Aurèle, un jeune garçon tomba du haut de l'appareil où il faisait ses tours; MarcAurèle décida que dorénavant on placerait des matelas (culcilas) au-dessous de la corde des funambules. On cite ce trait comme un témoignage de l'humanité de l'empereur philosophe. Au temps de Constantin cette précaution était toujours en usage à Rome, sauf qu'aux matelas on avait substitué un filet (rete) 2. Mais là où la surveillance de l'autorité ne s'exerçait pas aussi sévèrement, il arrivait encore à des funambules imprudents ou maladroits de s'estropier ou de se tuer. Le jurisconsulte Paul se pose cette question : Si un esclave danseur de corde a été vendu et s'il se casse la jambe en descendant le catadromus, son ancien maître, qui l'a dressé à cet exercice, est-il responsable? Paul se prononce pour l'aftirmative3. On vit quelquefois dans les théâtres, à l'époque romaine, certains animaux marcher sur la corde raide, par exemple des chèvres '. Des éléphants même, d'après des témoignages dignes de foi, accomplirent ce prodige à plusieurs reprises sous les yeux du peuple. Ce fut Germanicus qui lui en donna le spectacle pour la première fois, en l'an 12 ap. J.-C.5 Cet exemple fut suivi en l'an 30 par Galba, qui n'était alors que préteur°. En 59, dans les jeux qui furent donnés par Néron après la mort d'Agrippine, un éléphant, portant sur son dos un chevalier très connu, fut conduit à la partie la plus élevée de l'abside d'un théâtre, et de là il dut redescendre dans l'orchestre par le catadromus'. Sénèque vit aussi un cornac éthiopien obtenir d'un éléphant qu'il montait cette preuve extraordinaire d'obéissance et d'adresse 8. On a cherché à atténuer ce qu'elle a pour nous de merveilleux en supposant que le catadromus se composait de plusieurs câbles très épais, réunis les uns aux autres de façon à former une sorte de sentier suspendu; on a fait remarquer que les auteurs qui parlent de ces éléphants funambules disent au pluriel per Tunes ambulare, funibus subire°. Cependant Sénèque dit au singulier : per funem1Q; On a retrouvé à Rome l'épitaphe d'un catadr onaarins, qui s'était fait applaudir dans les jeux Romains : « catadromum decurrit, dit l'inscription, CCXXVI in Glauce. s On conjecture que Glauce était le nom d'un cheval, dressé, comme les éléphants mentionnés par les auteurs, à descendre le catadromus avec un homme sur son dos. Une palme, gravée à côté de l'inscription, montre qu'il y avait à Rome, aussi bien qu'à Cyzique, au moins dans les bas temps, un prix spécial pour les funambulesf1. On s'est demandé s'il fallait considérer comme de véritables danseurs de corde les neurobatae (vsvpo6âtiz;), qui sont mentionnés par quelques textes 12. En 284, dans les jeux Romains, l'empereur Carin fit paraître un de ces acrobates chaussé de cothurnes ; il était si agile « qu'on l'aurait cru porté par les vents ». Saumaise voyait là un funambule, qui dansait, non sur une corde épaisse, comme tous ses confrères, mais sur une corde assez mince pour être presque invisible à une certaine distance ; c'est ainsi que quelques-uns aujourd'hui emploient un fil de fer dans leurs exercices 73. Boissonade a pensé que ces neurobatae étaient plutôt des pantomimes, qui, au milieu de pièces à grand spectacle, traversaient les airs, soutenus par des cordes fixées autour de leurs corps, comme le font certains figurants dans les ballets de nos opéras ;_le neurobata de Carin aurait joué un rôle de Mercure : de là ses cothurnes'`. Cette explication ne vaut cependant pas celle de Saumaise; si le neurobata dansait sur la corde, on comprend beaucoup mieux pourquoi l'historien insiste sur ce détail qu'il portait des cothurnes; car sa chaussure augmentait la difficulté ; il avait bien moins de prisé sur la corde que les funambules qui dansaient les pieds nus ou couverts simplement d'une étoffe souple et légère. Ii est à remarquer qu'en 284 ce spectacle devait être encore nouveau, ou au moins peu commun chez les Romains; car on en avait conservé le souvenir au Palatin, dans une peinture qui décorait le portique des écuries1t. La même année, et aussi à titre de curiosité exceptionnelle, parut un tichobata (ratXoââ'r'11ç) qui courait sur la crête d'un mur, poursuivi par un ours f6. II faut citer enfin l'oribata (b,etôâtiïlç)11; revêtu d'un costume mythologique, il devait exécuter des prodiges d'équilibre sur des parois élevées, qui figuraient les escarpements des montagnes, où les adeptes de certains cultes orgiastiques se laissaient emporter par leur délire en des courses vagabondes et périlleuses18. Ce genre particulier d'acrobates n'apparut que sous le Bas-Empire, lorsque, pour réveiller le goût d'un public blasé, on eut multiplié les spectacles extraordinaires. D'une façon générale on a appelé ai8epoeOâtiat 19 et xpiulvoglTet 20 tous ceux qui exécutaient ainsi leurs tours sur des appareils placés à une grande hauteur au-dessus FUN 1363 FUN du sol. D'autres, tels que le CERNUUS, le GRALLATOR et le PETAURISTA se mêlaient quelquefois aux funambules; on trouvera leurs exercices décrits dans les articles spéciaux qui se rapportent à chacun d'eux [V. aussi CINAEDUS, tude de lancer à la main des projectiles se soit conservée dans les armées romaines jusqu'aux derniers temps de l'empire', l'idée de substituer à la main dans cet office une arme d'une portée plus grande s'est de bonne heure présentée à l'esprit des peuples primitifs. Les tribus barbares qui entouraient l'Égypte et les Asiatiques 2 ont connu l'usage de la fronde. Les peuples sémitiques, Israélites et Phéniciens, l'ont maniée avec une rare habileté. Pline affirme même que cette arme est une invention phénicienne 4; les autres auteurs qui l'attribuent aux habitants des îles Baléares 7 sont, au fond, du même avis; en effet, au témoignage de Strabon G, l'incroyable adresse des frondeurs baléares était un legs de la domination phénicienne. Le cas devait être le même pour les Rhodiens et les Siciliens. D'après le même auteur', la fronde fut importée en Grèce par les Étoliens, au moment de leur émigration en Élide et de leurs luttes contre les Épéens. Il n'est pas certain qu'Homère fasse mention de la fronde; les deux passages que l'on cite d'ordinaire pour prouver que cette arme était connue des guerriers homériques ne sont pas probants. Dans le premier 8, il est question d'une c?svidv-fi, faite d'une laine bien tressée (_iiczpdy oib; â STy,), que tient l'écuyer d'Agénor et dont il se sert pour bander la blessure d'IIélénos; dans le deuxième le poète parle des Locriens d'Ajax, fils d'Oïlée : ils combattaient de loin avec des arcs et « la laine bien tressée ». Ces expressions peuvent être interprétées comme désignant, dans le premier cas, une bandelette ; dans le second, la corde des arcs. C'est Archiloque 10, vers 700 avant Jésus-Christ, qui mentionne le premier la fronde, dont il oppose la longue portée à celle de l'épée et de la lance. Toutefois, si le témoignage des poèrnes homériques reste équivoque à ce sujet, la question de fait est tranchée par les découvertes de Troie et de Mycènes. Schliemann a retrouvé à Hissarlik des balles de fronde ". Mais le document le plus probant et le plus curieux est donné par le fragment de vase en argent trouvé à Mycènes (fig. 3323) 12. Il représente le siège d'une ville. Des frondeurs figurent parmi les défenseurs rangés au pied des remparts. L'usage de la fronde en Grèce remonte donc à la période mycénienne. La fronde la plus simple se composait d'une seule lanière élargie au milieu pour contenir le projectile, ou d'une pièce de cuir en forme de pochette fixée à deux brides (xd) u, habena 1' , funalia 13) en peau 1° ou en cor delettes de lin 17, de crin 18, de boyau tordu 13, de mélancranis 70 ou même en chaînettes de métal 2f. Le projec IV. tile déposé dans la pochette, on rapprochait les deux brides dont les extrémités étaient ramassées dans la main droite ; puis, avec la main gauche tenant la poche tte, on tendait l'autre extrémité à hauteur des yeux pour viser le but; après quoi, on imprimait avec la main droite à la pochette chargée un triple tour de rotation rapide, au-dessus de la tête 222, et on laissait le projectile s'échapper, emporté par la force centrifuge, en lâchant brusquement l'une des brides. Au lieu de trois tours, Végèce recommande d'habituer les soldats à n'en faire qu'un 23. La figure 3324, empruntée à une amphore de Nola, représente la fronde simple, chargée d'une grosse pierre n. Les figures suivantes nous montrent des frondeurs au moment où ils ajustent leur tir u. La figure 3323 172 FUN 1364 FUN reproduit une monnaie d'Aspendos'. La figure 33262 montre un frondeur du Ne siècle en attaque, accroupi. Les auteurs mentionnent différentes espèces de frondes dont les effets étaient appréciés des tacticiens. La fronde achéenne se composait de trois courroies cousues en plusieurs endroits comme une sangle : ce système de brides avait l'avantage d'être plus compact et rigide, et de donner, pendant la rotation, un rayon toujours tendu 3. Une fronde est aussi figurée parmi d'autres armes sur un bas-relief de Pergame'; on distingue une pochette de cuir ovale, rattachée à ses deux bouts à d'épais cordons. Polybe et Tite-Live 5 décrivent une fronde à lancer des traits : elle a été étudiée à l'article CESTROSPHENDONÈ. Végèce 3 parle souvent d'une fronde à manche de bois qui se maniait à deux mains : c'est le FIISTIBALUS. Enfin la fronde transformée en machine de guerre devenait une véritable baliste, du genre des dibalus. Les projectiles étaient tantôt des pierres brutes plus ou moins grosses, du calibre du poing comme celles qu'employaient les Perses 8, du poids d'une mine (1i36gr,60) comme celles que lançaient les frondeurs baléares 9, tantôt des cailloux naturellement polis et triés avec soin, au point de vue de la forme et des dimensions 10. Les frondeurs achéens, dans leurs exercices, se servaient de galets qu'ils lançaient dans la mer ". Mais de bonne heure on inventa des projectiles artificiels, comme des biscaïens en argile cuite, de la grosseur d'un oeuf de poule i2 : rougis au feu, ils devenaient de véritables gre nades capables d'incendier des baraquements 13 Dès le ve siècle, on connaissait déjà en Grèce l'usage des balles de fronde métalliques, en bronze '' et surtout en plomb (glandes, N.o),ueôiô=s) [GLANDES], dont a trouvé un certain nombre sur le champ de bataille de Marathon. Ces projectiles perfectionnés paraissent être d'invention grecque. Leur poids considérable sous un faible volume et sous la forme la mieux appropriée à leur destination i5, donnait à la fronde des qualités balistiques très supérieures à celles de la fronde à pierres, de l'arc et du javelot. De plus, outre la longue portée, ils avaient l'avantage d'être invisibles et de frapper sans qu'on pût se garer au préalable 16. Le maniement de la fronde demandait un long apprentissage. Aussi était-il, chez les Grecs, le monopole de certains peuples, oà les enfantsy étaient exercés dès l'âge le plus tendre. Il se créait ainsi des écoles de frondeurs SE.vov~Tcit) dont l'adresse tenait du prodige : les villes grecques les prenaient à leur service comme mercenaires. Ils combattaient dans les troupes légères(poti)'7, car la fronde ne fut jamais une arme noble, au même titre que la lance, le javelot ou même l'arc 58, Par exception, les hoplites ajoutaient parfois la fronde à leur armement 1°. Dans certaines armées ils entraient cependant pour une assez forte proportion. Ainsi Gélon de Syracuse, sur un effectif de 20 000 hommes qu'il offrait de mettre à la disposition des Grecs pour combattre les Mèdes, comptait 2000 frondeurs 20, Dans la Grèce propre, ce sont surtout les peuples montagnards qui fournissaient au vesiècle les meilleurs frondeurs. Thucyd ide cite à plusieurs reprises les Acarnaniens 2f, qui excellaient à désorganiser de loin les lignes des hoplites, et les Maliens 23 auxquels on doit ajouter les £Enianes 23, les Étoliens 2° et les Thessaliens 25.liyavait aussi des frondeurs dans les troupes éléennes 26 et béotiennes 27. Mais ce sont les Achéens qui acquirent dans cette arme une supériorité éclatante. Pendantla guerre sociale, en 219, Philippe V employa trois cents frondeurs d'Achaïe 28. Leur renommée était telle et l'excellence de leur arme, décrite par Tite-Live, si bien établie, que le consul M. Fulvius, en 189, ne pouvant venir à bout de Samè, ville de Céphalonie, manda cent frondeurs d'.iEgion, de Patras et de Dymé : grime à eux, les sorties furent empêchées et la ville réduite à capituler 29. L'expression â.atxv (iiXoç était devenue proverbiale pour désigner les bons tireurs 3° Hors, de la Grèce, les frondeurs rhodiens sont cités par Thucydide 31 et par Xénophon dans l'expédition des DixMille 32. Ils se servaient de balles de plomb, et dépassaient de beaucoup la portée des frondeurs barbares, qui n'employaient que des pierres ". Ala suite des guerres FUN -1365 FUN Puniques, ce sont les frondeurs gymnésiens ou baléares, employés par Hannibal', qui se distinguèrent plus particulièrement. Leur réputation devint populaire et l'antiquité tout entière les a exaltés'. Diodore 3 et Servius prétendent même que l'étymologie de Baléares vient de xaaois. Ils étaient les plus habiles à lancer de grosses pierres avec la force de catapultes. Ils se munissaient de trois frondes de longueur différentes, suivant les distances auxquelles ils devaient atteindre : l'une à longues brides (N.ar.EôxwXoç) pour les longues portées, une autre courte (NEaxuxwaoç) pour tirer de près,. l'autre moyenne (1.1.ésri) pour les distances intermédiaires 5. Ils les portaient l'une autour de la tête, en diadème, l'autre en ceinture, la troisième à la main G. Rien ne résistait à leurs projectiles, ni cuirasses, ni boucliers, ni casques 7. Ils ne manquaient jamais le but. On les forçait tout jeunes à l'adresse en les affamant : leurs mères attachaient leur pain en manière de cible au bout d'une perche, et ne leur permettaient d'y goûter que lorsqu'ils l'avaient atteint. Cependant, d'après Tite-Live, les Baléares étaient inférieurs aux Achéens. Ils avaient surtout pour eux la force brisante de leurs lourds projectiles (une mine, voy. p. 1364); mais les Achéens possédaient une précision de tir telle qu'ils pouvaient frapper de leurs balles la partie du visage qu'il leur plaisait de viser 8, En Italie,la fronde était connue des Étrusques° (voy. plus loin, fig. 3329) et des peuples italiotes que Rome employai t comme auxiliaires. Dans l'ancienne armée romaine, les frondeurs (funditores) faisaient partie de la cinquième classe de Servius; ils étaient placés hors de la phalange, parmi les accensi, les rorarii et les ferentarii, qui fundis ac lapidibus pugnabant 1°. Ils devaient alors être fournis par les contingents auxiliaires des peuples italio tes. Leur rôle était très secondaire. Ils ne cessèrent pas, sous la République, d'appartenir à la levis armatura qui faisait partie de la légion ; ils étaient placés derrière les principes et les hastati 11. Cependant, après la deuxième guerre Punique, leur importance s'accrut et les Romains comprirent la nécessité d'opposer aux Baléares et aux Maures d'Ilannibal 12 des frondeurs plus experts que les anciens ferentarii. Ils firent alors appel à des mercenaires étrangers, Siciliens 13 et Baléares 14, puis dans les guerres de Macédoine, de Syrie et de Galatie, à des Achéens 15 et probablement à des Grecs d'Orient 76. Bien que le maniement de la fronde fût réservé à ces corps spéciaux, les légionnaires, par occasion, étaient appelés à user de cette arme 77. Végèce recommande de la donner aux jeunes soldats, parce qu'elle n'est point embarrassante et qu'elle peut leur rendre dos services, s'ils se trouvent en terrain pierreux ou bien au sommet d'une hauteur d'où il leur faut atteindre l'ennemi de loin 1B. Sous les empereurs, les funditores étaient recrutés parmi les auxiliaires provinciaux 19. Végèce comprend souvent parmi les funditores, les fustibalatores ou frondeurs armés non de la funda, mais du fustibalus 20. Mais il ne parle plus que de pierres comme projectiles, comme si l'usage des balles avait été abandonné. Dans la tactique grecque et romaine, le rôle des frondeurs étai t le même. Ils étaient placés aux ailes 21, avec les archers 22, et devaient préparer l'attaque de la grosse infanterie en désorganisant la ligne ennemie, qu'ils accablaient d'une grêle de projectiles. Ils devaient d'abord se porter en avant des hoplites ou des légionnaires, quitte à se réfugier dans leurs rangs ou à regagner les ailes si l'ennemi tenait bon. Ainsi opèrent les frondeurs acarnanions, dans Thucydide 23, les Thessaliens d'Épaminondas à la bataille de Mantinée en 362 24 et les funditores de Manlius dans sa campagne contre les Galates 25. Durant le combat, ils devaient continuer à harceler ]'ennemi,-en quelque point qu'ils fussent du champ de bataille 28 Ils rendaient surtout les plus grands services pendant les sièges, en dégarnissant les créneaux de leurs défenseurs, pour préparer l'assaut, ou en repoussant les sorties, comme ils firent au siège de Samè 27. De même dans les combats navals, ils avaient pour mission de préparer l'abordage 28. Végèce les considère aussi comme la meilleure troupe à opposer aux éléphants, dont ils peuvent de loin atteindre les cornacs 29. L'équipement des funditores est représenté par quelques monuments. Ils figurent sur la colonne Trajane so avec les vélites, hors du vallum, et repoussent une attaque de barbares. Ils portent la tunique, le sagum, une épée courte et un bouclier ovale (fig. 3327). Leurs pierres sont contenues dans un pli du sagum; les frondeurs grecs se servaient d'un sac de l; Ot cc) 31 ; on voit aussi un frondeur avec son sac à mu nition sur une stèle funéraire romaine (fig. 3328)32; ceux de la colonne Antonine paraissent être des barbares 33 Derrière les funditores de la colonne Trajane, appa Petit sac, bourse 12 [CRUMENA], Diadème, bandeau de coiffure l3 [SPIIFNDONÈ]. FUN 136(iFUN missent les lanceurs de pierres à la main, vêtus de même, mais sans armes. Ils sont mentionnés par Thucy dide' parmi les 4it),o( qui attaquent les Spartiates à Sphactérie, et, sous le nom de 7cstii,oU7,ot, parXénopllon', parmi les troupes de Thrasybule. Même après l'invention des fustibales, des arbalètes, et autres armes de jet, Végèce recommande toujours d'habituer les soldats à lancer des pierres avec la main Pour déterminer la portée des frondes à balles, on a les données de Xénophon Les arcs perses ne portaient pas à 5 plèthres (154 mètres); les frondeurs rhodiens, avec leurs balles de plomb, portaient deux fois plus loin que les frondeurs persans avec leurs pierres, et même ils atteignaient les archers barbares. Végèce 6 considère une distance de 600 pieds, c'est-à-dire de 177 mètres, comme une bonne portée pour le fustibalus, puisque c'étai t la distance réglementaire des cibles pour les exercices de tir Ce chiffre doit être considéré comme un maximum. En dehors de la guerre, la fronde était employée à la chasse particulièrement à la chasse aux grands oiseaux de marais, ainsi qu'on la voit représentée sur quelques peintures. C'est pourquoi elle est, par exception, substituée à l'arc entre les mains d'Hercule massacrant les oiseaux de Stymphale'. La figure 3329 8 représente, d'après une fresque étrusque, une chasse aux oiseaux d'eau. La figure 3330, empruntée au vase François 9, représente un Pygmée à cheval sur un bouc et armé d'une fronde chargée; il donne la chasse aux grues; on en voit d'autres dans la même peinture, qui ont enroulé leur fronde au col des oiseaux pour les étrangler. La fronde est parfois donnée comme attribut à Némésis, pour indiquer que la justice divine sait atteindre le coupable même de loin f 6. II. Filet à prendre le poisson'' [RETS]. V. Monture dans laquelle est serti le chaton d'une bague [ANULUS, p. 293-294]. G. FouG1;RES.