Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

AGORANOMOI

AGORANOMOI (Ayopavôµot). Magistrats que l'on peut, à quelques points de vue, comparer aux édiles des Romains et que l'on trouve dans presque toutes les républiques grecques. Nous constatons, notamment par les inscriptions, leur existence à Andania, Aphrodisias, Argos', Astypaléa, Athènes, Chypre, Cos, Crète, Délos, Égine, Lesbos, Mégalopolis, Mégare Mésembria, Milet, Nyza, Olbia, Paros, Philadelphie, Samothrace, Sardes, Sicile, Smyrne, Sparte'', Ténare Ténos, Thasos, Thyatira, Tralles, etc. Les papyrus égyptiens mentionnent également leur présence dans l'Égypte ptolémaïque 6. «Il faut, disait Aristote', qu'il y ait partout une magistrature chargée de veiller à la police des marchés et de connaître des transactions entre citoyens. n A Athènes, il y avait dix agoranomes, désignés chaque année par la voie du sort probablement à raison d'un par tribu. Cinq exerçaient leurs fonctions dans la ville; les cinq autres étaient employés au Pirée 9. Ils étaient chargés de veiller sur l'agora, d'y faire régner la décence et le bon ordre, et de prévenir, autant que possible, les fraudes dans les petites transactions commerciales, soit de la part des vendeurs, soit de la part des acheteurs10. Ils devaient soigneusement inspecter toutes les marchandises autres que les céréales, pour le contrôle desquelles une magistrature spéciale, celle des SITOPHYLAIES, avait été instituée''. Ils délivraient aux citoyens, à titre gratuit, et aux métèques et aux étrangers, moyennant le payement de certaines taxes, l'autorisation de vendre au détail leurs denrées sur la place publique. Ils avaient compétence pour juger les petites contestations qui s'élevaient à l'occasion des achats et des ventes, et pour prononcer de légères pénalités contre les personnes qui se rendaient coupables de contraventions aux règlements du marché 1'. Ils pouvaient même veetig. IV, 49. B,uuocnarnrE. Bbckh, Staatshaushaltung der Athener, 2° éd. infliger de légerschàtiments corporels, au moins lorsque le délinquant était un étranger ou un esclave, et voilà pourquoi, s'il faut en croire le scholiaste d'Aristophane 73, ils portaient habituellement tin fouet. Lorsque le délit était grave, ils devaient renvoyer le coupable devant les tribunaux ordinaires. Pour les contestations qu'ils ne voulaient pas immédiatement trancher à cause de leur importance, ils étaient chargés d'instruire le procès, et, lors du jugement, ils présidaient le tribunal. Si nous devions en croire Suidas 1" et Zouaras 15, les agoranomes avaient encore dans leurs attributions le soin de fixer le prix que chaque hétaïre pouvait mettre à ses faveurs. Mais cette détermination d'un maximum, si elle eût été en harmonie avec l'esprit général du droit athénien, aurait dû, à plus forte raison, leur être confiée pour le prix des marchandises exposées en vente 1", ou pour le salaire que les gens de service réclamaient des personnes qui s'adressaient à eux. Aussi est-il vraisemblable que les grammairiens ont fait une confusion, et que les agoranomes fixaient non pas la somme que les courtisanes pouvaient demander à leurs amants, mais bien le chiffre de la taxe (1opvtxv réaoç) que ces femmes étaient tenues de payer annuellement à l'État et qui était graduée suivant l'importance présumée de leurs profits. A Sparte, le nom primitif des agoranomes fut celui d'Eµi éàmpot"; les inscriptions de l'époque romaine mentionnent plusieurs fois un agoranome à vie (4opav6µoç ultilvtoç) ; ailleurs, les agoranomes spartiates sont présentés comme formant un collége de sept membres sous la présidence d'un 71p oPuç. E. CAILLEMEI:.