Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

GALEA

GALEA, Kuv-71. L Le seul équivalent usité en latin est cassis, devenu en bas-latin cassicum, d'où le français casque; le mot conus est rare' et paraît avoir désigné plus particulièrement l'appendice conique surmontant le casque auquel le panache était attaché'. En grec, les prosateurs emploient surtout la forme xpxvo;; les mots usités; ceux de 2Tapxv-fl et de xaTCÛTU ont des acceptions spéciales dont il sera question plus bas. Galea désigne proprement le casque de cuir et cassis le casque métallique 4, mais les écrivains, même les écrivains militaires, n'observent pas toujours cette distinction'. Étymologiquement, xui est une coiffure en peau de chien (xuwv); dès l'époque d'Homère, l'origine du mot était assez oubliée pour que l'on parlât d'une xuv' en peau de chèvre, en peau de martre ou en peau de boeuf, xuvé-1 aiyefr,, xr1Sérl, Taupairl 6. La martre ou belette se disant aussi en grec ya),‘-q, yuM-zi, on a supposé qu'il existait une relation entre ce mot et les vocables latins galea, galerus'. Cassis (forme primitive `cat-ti) est inexpliqué et a été emprunté par les langues germaniques, comme galea l'a été par les langues slaves'. Kdpo; et xocivo; sont des mots spécifiquement grecs, qui se rapportent certainement à xapa, tête. Comme tous les noms d'armes défensives, celui du casque n'est pas commun au grec, au latin et aux autres langues de la famille indo-européenne, ce qui permet de conclure que ces armes n'étaient pas encore usitées à l'époque indivise'. Mais l'étymologie transparente de xuvi nous apprend ce fait important, que les premières armures de tête ont été des peaux d'animaux10 Nous en avons encore d'autres preuves. Jusqu'à la fin de l'antiquité, Hercule paraît souvent avec la dépouille du lion de Némée sur la tête [HERCULES]. Dans plusieurs statuettes découvertes en Gaule, où l'on reconnaît le Jupiter infernal des Celtes, le dieu porte la dépouille d'un loup". Hadès, sur une peinture étrusque, a la tête couverte d'une peau de loup [ETRUSCI, fig. 2772]. Junon Sôspila porte de même une peau de chèvre, dans un bronze étrusque de Pérouse (fig. 1023), qui fait pendant à une image d'Hercule revêtu de la dépouille du lion 12, et sur les monnaies de plusieurs familles romaines (fig. 3393)t3. La coiffure nationale des Thraces, l'ALOPEKIS, n'était autre qu'une peau de renard, où la queue de l'animal formait panache derrière le cou, les pattes étant croisées sous le menton comme une jugulaire. Properce attribue à Romulus une galea lupina"; Ies vélites romains avaient une peau de loup sur leurs casques16 et les augures, par une survivance d'un antique usage, ne portaient sur la tête qu'une peau d'animal [FLAMEN, p. 1167]. L'art plastique a parfois attribué à certaines figures un casque métallique imitant la dépouille d'un animal. Ainsi la belle statue des frontons d'Égine (fig. 3394), où l'on voit ordinairementS6 Her GAL -1430GAL cule jeune tirant de l'arc, est coiffée d'un casque dont la partie antérieure figure un mufle de lion; c'est bien un casque en métal, témoin les trous carrés, creusés à la hauteur des tempes, qui étaient destinés à recevoir les tenons des garde-joues'. Il en est de même pour l'Athéna de la villa Albani qui ne porte point, comme on l'a cru autrefois, une peau de lion sur la tête: M. Furtwaengler a montré que c'est une sorte de casquette faite avec une peau de chien ou de loup, comme l'avait déjà soupçonnéWinckelmann3. Cette coiffure nous est connue par l'épopée : t'est la calotte d'Hadès, "Aïôos xuvÉ'c, qui répandait l'obscurité autour d'elle et qu'Athéna, dans l'Iliade, revêt pour lutter contre Arès 4. Suivant la légende, Hadès l'avait reçue des Cyclopes 6, et cette conception très ancienne se retrouve dans les diverses images où le dieu infernal paraît revêtu d'une peau de loup 6. Nous verrons plus loin, en étudiant la décoration des casques, que l'art s est plu à rappeler leur origine en les modelant en forme de têtes d'animaux. II. Les coiffures en peau, en cuir ou en feutre ne sont pas, à proprement parler, des casques, bien qu'on les trouve quelquefois désignées ainsi et qu'il soit souvent très difficile, sur les monuments, de distinguer les bonnets coniques en métal de ceux de cuir'. Pline parle de casques fabriqués en peau d'hippopotame, qui étaient impénétrables aux traits8. Mais la matière par excellence des casques antiques est le bronze, xpccvos )!aXxoo'v, Xaaxi 7rEptx8CpaXI(a4, d'abord employé seulement pour garnir et fortifier le couvre-chef en cuir ou en treillis, puis servant à la confection d'armures de tête entièrement métalliques. Cependant l'usage des casques de cuir garnis de bronze ne cessa jamais entièrement; dans une inscription attique qui contient les comptes des trésoriers d'Athènes vers 320, il est question de casques en cuir de Hésiode parle le premier d'un casque d'acier 11 ; à Rome, le casque de fer ne fut introduit que par Camille12. Un inventaire de Délos mentionne un casque én fer doré, les casques romains sont souvent en bronze et en fer. Nous connaissons, en particulier par les fouilles du Bosphore Cimmérien, des casques en fer argenté, plaqués d'argent ou dorés 1°; le tumulus d'Ak-Bouroun, dans la même région, a fourni une sorte de casque tout en or, de travail ajouré, qui était sans doute porté au-dessus d'un bonnet de cuir (fig. 3395)13. Xénophon fait donner par Panthée à son mari Abradate un casque d'or avec un panache couleur d'hyacinthe 16. De ce goût barbare pour les armes en or, nous avons conservé en Occident un monument précieux, le casque gaulois d'Amfreville 17, qui doit être rapproché d'une espèce de tiare en or découverte à Schifferstadt près de Spire et conservée au musée de Munich i8; mais ce sont là des coiffures d'apparat, des insignes plutôt que des armes, pour lesquelles l'antiquité classique ne paraît avoir eu que peu de go11t19. Les fabricants de casques s'appelaient cassidarii10; ceux qui travaillaient spécialement les paragnathides étaient dits buccularii21. En Grèce, les fabricants sont les xpavo otoi22, les xpavoupyo(23; ceux qui font les cimiers sont les noyntotoi2'. Nous avons déjà reproduit une peinture de Pompéi, représentant un ouvrier qui cisèle les ornements dorés d'un casque (fig. 661) et une peinture de vase montrant la manière dont on donnait aux casques le dernier poli (fig. 1466). Un jeune homme martelant un casque est représenté sur un vase «peint". Un vieillard assis, polissant un casque à grand cimier, paraît (fig. 955) sur un bas-relief du Louvre qui représente la forge de Vulcain 26. L'art romain a emprunté à l'art alexandrin l'ingénieuse idée des Amours forgerons que l'on voit, sur divers bas-reliefs, fabriquant des armes, des boucliers et des casques27. Deux pierres gravées, publiées l'une par Gori, l'autre par Mariette, représentent des ouvriers martelant des casques28. L'étude des formes si variées que l'on a données aux casques ne saurait être faite exclusivement au point de vue chronologique ou géographique, car pour un grand nombre de casques qui se trouvent dans les musées, on ne peut déterminer avec certitude ni l'époque ni le lieu de Ieur fabrication. Les monnaies mêmes, qui sont le meilleur guide, ne nous renseignent pas exactement, parce qu'elles reproduisent souvent des types traditionnels. Avant donc d'esquisser, dans la mesure restreinte de nos connaissances, l'histoire du casque dans GAL 1431 GAL l'antiquité, nous croyons devoir nous arrêter à la description des différentes parties du casque, de ses éléments constitutifs, abstraction faite de leur décoration artistique sur laquelle nous reviendrons plus loin. Nous laisserons également de côté, pour le moment, l'explication des termes que fournit l'épopée homérique, cette explication devant trouver sa place dans la partie de notre travail où il sera question du casque homérique et mycénien. Nous avons dit que le casque dérive, en dernière analyse, de la dépouille d'un animal employé pour protéger la tête, mais le passage de la peau à l'armure n'a pas été immédiat. Les types intermédiaires sont des couvre-chefs très variés en cuir, en laine, en feutre, même en bois et en treillis [CAUSIA, PILEUS]. Ce sont les formes de ces objets qui ont déterminé celles de la plupart des casques, avec les modifications que comportait te passage d'une matière souple à une matière résistante. A la calotte de cuir ou d'étoffe, qui suit le contour de la tête, répondent, en général, les casques antiques, ceux oit le profil du timbre est un demi-cercle, un demi-cercle surbaissé ou un fer à cheval. Au bonnet élevé correspondent les casques ovoïdes, en cône ou en dôme; on a même imité en métal le type du bonnet appelé phrygien, où la partie supérieure, au lieu de former une pointe, s'incline en avant sous l'action de la pesanteur. Certains casques triangulaires, dont nous citerons des exemples, paraissent dériver d'un chapeau en treillis peu élevé. Enfin les rebords que l'on donnait aux chapeaux, et qui tantôt protégeaient le front, tantôt la nuque, tantôt couraient tout autour de la coiffe, ont été imités en métal : on en a déjà vu un spécimen (fig. 1264). Quant au casque qui recouvre entièrement la tête et le visage, en laissant seulement des ouvertures pour la vue et pour la respiration, ce n'est pas autre chose qu'une tête de bronze, xpxvos dont l'invention peut être attribuée à quelque tribu grecque chez qui la technique du martelage était développée. Pollux distingue, dans le casque, les parties suivantes : celle qui est au-dessus du front et qui porte le même nom (le frontal, u,érwscov); celle qui est au-dessous (les sourcils, ilypltç); celle qui les surplombe (l'avance, yiaov); celle qui couvre la tête même (la calotte ou coiffe, i éxpavov) ; ce qui domine la coiffe (le cimier avec sont insuffisantes et ne tiennent pas compte de certaines parties essentielles du casque, telles que les paragnathides et le couvre-nuque. Il nous est donc impossible de les prendre pour point de départ. La seule partie du casque qui ne manque jamais est naturellement la coiffe, que l'on peut appeler aussi calotte ou timbre. Elle se compose généralement d'une seule pièce de métal, quelquefois aussi de plusieurs pièces soudées ou jointes par des rivets. La décoration proprement artistique de la coiffe du casque nous occupera plus loin, lorsque nous traiterons des casques de luxe et d'apparat : pour l'instant, nous laissons de côté tous les ornements, incisés ou en relief, où intervient la figure humaine ou animale. La coiffe est d'ordinaire tout à fait lisse; cependant on la trouve parfois décorée d'écailles comme dans une statuette en bronze de Mars découverte à Marzabotto3 et sur un vase grec du ve siècle (fig. 3396)'', ou, à l'époque romaine, affectant l'aspect de la chevelure qu'elle recouvre, comme dans des stèles de Mayence (fig. 2007 et 2739) représentant des cavaliers'. Nous parlerons, à propos du cimier et du pa ques qui sont parfois fixées sur le timbre. A la partie supérieure, il présente souvent un oeillet ou bouton saillant, tantôt destiné à recevoir le panache, tantôt ser vant à suspendre le casque. Cet oeillet se voit très nettement sur diverses figures de la colonne Trajane (fig. 798); il s'est conservé sur un beau casque (fig. 3397) du Ter siècle après J.-C., pesant 1x,500, qui a été découvert au bourg de Jart en Vendée 6. Ce casque en bronze, dont le métal a près de 2 millimètres d'épaisseur, est renforcé sur la coiffe par quatre côtes saillantes, dont deux correspondent aux tempes, les deux autres au milieu du front et à'la nuque. Certains casques présentent des saillies latérales qui répondent à des usages divers : les unes étaient destinées à recevoir des ornements, plumes ou panaches; d'autres sont simplement décoratives ; d'autres servaient à fixer la jugulaire ou les garde-joues; d'autres enfin étaient des sortes de bosses ou de plaques circulaires, ayant pour objet, comme l'umbo du bouclier et les côtes dont il vient d'être question, de renforcer le casque. Nous donnons comme exemple un très ancien casque grec découvert dans l'intérieur du Samnium (fig. 3398) 7. L'origine de ces bosses ou plaques doit être cherchée dans les casques primitifs, en cuir ou en toute autre matière non métallique, qui étaient recouverts extérieurement de clous de bronze et de quelques grands disques de métal, plats ou en saillie. Il nous en reste deux spécimens caractéristiques, appartenant à cette civilisation celtoillyrienne qui a conservé intacts tant de traits de la GAL 1432 GAL civilisation homérique Le premier est un casque conique en treillis découvert en Carniole, le second un casque presque hémisphérique, en treillis également, de la même région 2. VIII. Le frontal ou fronton 3, ce que Pollux appelle (,.f'tcato , n'existe pas dans tous les casques. Destiné à en fortifier la partie antérieure, il peut être mobile : alors, quand on le rabat sur le devant, il forme comme un couvre-vue ou une avance, que l'on qualifie parfois à tort de visière 4. Un vase en terre cuite de Cos, dont la forme est celle d'une tête casquée, nous offre untrès ancien exemple du frontal saillant (fig. 3399) 5, formant un plan distinct de la convexité du timbre; on comprendra le progrès accompli en comparant ce spécimen à un aryballe analogue en faïence égyptienne, portant le cartouche du roi Apriès (fig. 3400) 6. L'avance mobile se distingue très bien sur un casque romain provenant du castellum d'Osterbucken (fig. 3401) 7. Sur un vase peint par Douris, on a signalé un dispositif jusqu'à présent fort rare : le casque d'un guerrier, à sa partie antérieure, présente, entre les garde-joues relevés, deux autres plaques mobiles destinées à se rabattre sur le front (fig. 3401) 6. IX. Le nasal constitue une partie essentielle de ces casques, couvrant à la fois la tête et une grande partie du visage, que les modernes appellent casques corinthiens à cause de leur fréquence sur les monnaies de Corinthe. Sur l'exemplaire trouvé en Grèce, que nous reproduisons (fig. 3403) 9, le nasal présente une arête médiane qui vient rejoindre la ligne des sourcils, indiqués à leur place naturelle. A Olympie, on a découvert un assez grandnombre de lames de bronze qui sont certainement des nasals de casques de ce genre. Avec le développement du type de casque dit corinthien, le nasal tend à diminuer de grandeur; sur les vases', où les figures sont généralement dessinées de profil, il se confond souvent avec la ligne du nez et paraît absent. Le casque dont nous venons de parler couvre les oreilles, mais il est parfois échancré pour les laisser libres. Ces variétés se rencontrent à la fois sur certaines oeuvres d'art, par exemple sur un vase chalcidien de Berlin, présentant deux têtes de guerriers qui se font face où l'on remarquera aussi la différence de forme des garde-joues 10. Un casque ro main, découvert à Niederbiber, dans la Prusse rhénane, présente, de part et d'autre, une plaque destinée à couvrir les oreilles sans les gêner (fig. 3404)11. Dans les casques dits corinthiens, du type de la figure 3403, le couvre-nuque n'est que le prolongement postérieur de la coiffe; dans d'autres casques au contraire, du type dit attique, parce qu'il est celui de Minerve sur la plupart des monnaies athéniennes, le couvre-nuque est souvent figuré comme une pièce à part (fig. 2336 et 3417)". Dans des peintures de vases, on voit Athéna tenant son casque par le couvrenuque 13. Le couvre-nuque peut aussi faire complètement défaut, comme sur une monnaie d'Hiéron Il de Syracuse 14. Dans les casques grecs, le couvre-nuque est ordinairement de dimensions modestes; il est au contraire très long sur certains casques que l'on voit sculptés sur le piédestal de la colonne Trajane II, D'autres casques, qui sont certainement de fabrique romaine, découverts à Kiel, à Nierstein près de Worms et en Angleterre, offrent la même particula trophée auprès duquel une Victoire est debout, groupe récemment découvert à Carthage 1;, Le casque corinthien de Pallas, sur certaines monnaies grecques, présente trois agrafes ou oeillets : l'attache supérieure est destinée à fixer le panache, les deux autres paraissent avoir donné passage à la jugulaire quand le casque était abaissé sur le visage pour le combat (fig. 3407)15. Aristophane se moque d'un Athénien qui, devant conduire une GAL 1433 GAL rité'. Le couvre-nuque présente parfois une bélière ou une chaînette pour le suspendre : ce détail s'observe tant dans les casques grecs2 que dans les casques romains (fig. 3405 3). Les garde-joue, 7apau:d, papa; va0(oi;, bucculae 4, que l'on appelle parfois improprement géniastères5, sont les parties du casque qui protègent les deux côtés du visage. Dans les anciens modèles elles sont d'une seule pièce avec l'armure et généralement angulaires (fig. 3403) : parmi les guerriers des frontons d'Égine, un seul porte des paragnathides arrondies 6. Le progrès consistant à les rendre mobiles fut réalisé, en Grèce, vers le milieu du vl.e siècle av. J.-C. (fg, 3399). Les paragnathides purent alors être remontées verticalement, de manière à constituer comme de grandes oreilles sur les côtés du casque : c'est ce qu'on voit, par exemple, sur la tête de l'Athéna Farnèse à Naples, et sur plusieurs des casques ici reproduits (voy. les fig. 3392, 3406) où le sculpteur a indiqué avec précision les charnières'. On peut aussi s'en faire une idée nette par des paragnathides de bronze découvertes à Olympie et à Dodone 8. Assez souvent, les paragnathides n'étaient fixées au casque que par des tenons passant dans des ouvertures pratiquées sur le bord inférieur de la calotte ; dans certains casques très simples, coniques ou hémisphériques, il paraît n'en avoir jamais existé. Dans le casque du type dit corinthien, qui couvrait le visage pendant l'action et que l'on rejetait ensuite sur le derrière de la tête, il n'y a pas de paragnathides mobiles ; cependant, sur une monnaie de Byzance, on remarque un casque de ce type muni de paragnathides qui pouvaient protéger les joues lorsque le casque était rejeté en arrière9. Cette disposition est si singulière qu'on peut se demander s'il ne s'agit pas plutôt de grosses courroies, qui se nouaient ou s'attachaient en avant sous le menton. Ainsi Jason, dans le poème de Valerius Flaccus, défait les liens de son casque, galeae nexus ac vincula dissipai imae" XIII. La jugulaire ou mentonnière (ôzeéç, l~âs)" était tout à faitindispensable avec des casques pesant parfois deux kilogrammes et dont la partie supérieure était surchargée de panaches; cependant elle est rarement visible sur les monuments, où elle se confond avec les paragnathides, et, comme elle était en cuir, il ne s'en est pas conservé d'exemplaires. On la reconnaît sur val, figuré sur une urne étrusque f2; elle est très clairement indiquée sur un buste de marbre du Musée de Naples (fig. 3406) 13 et dans un procession, commença par attacher de Corinthe. la mentonnière de son casque et essaya ensuite d'y fixer le panache : c'est le seul témoignage littéraire que nous connaissions de l'emploi de ce dispositif à l'époque classique ". .. La visière est la partie du casque qui protège le visage. Au vue siècle, comme on le voit notamment par les vases à figures noires découverts à Caeré, on fabriquait, probablement dans la Grèce ionienne, des casques dont la partie antérieure formait un véritable masque, ne laissant qu'une ouverture pour l'oeil (fig. 3408) 17, Encore cette ouverture 18 fait-elle quelquefois défaut : on s'est contenté de graver le contour d'un oeil sur la visière, de sorte que le guerrier portant un pareil casque aurait été dans l'impossibilité de voir devant lui. Nous donnons ici comme spécimen un beau casque découvert à Vulci, aujourd'hui au British Museum, où le nasal et les oeillères sont seulement indiqués par la gravure (fig. 3409)'3. On en connaît d'analogues trouvés dans le royaume de Naples 20, à Canosa 21 et dans le Caucase 22. Le musée de Rouen possède un casque en bronze, recueilli dans la forêt de Brotonne, où les yeux sont des cavités remplies d'un émail blanc et bleu et où le nasal est indiqué en relief". La petitesse de ce dernier exemplaire semble prouver qu'il a servi d'ex-voto, et la même conclusion paraît s'imposer pour les autres spécimens du même type24. Les visières mobiles sont de deux espèces : tantôt elles sont percées de trous et ne suivent que d'une manière générale la forme du visage; tantôt elles constituent des espèces de masques où tous les traits du visage GAL 4434 GAL sont indiqués, des ouvertures étant ménagées pour les yeux et pour la bouche. Les visières de la première catégorie ne se trouvent que dans les casques des gladiateurs, dont nous parlerons avec quelque détail plus loin Les visières imitantla forme du visage,qui étaient adaptées à des coiffes dessinant les cheveux, posent un problème difficile : faut-il voir dans les objets de cette série des pièces d'apparat, sans utilité pratique, ou de véritables armures? La première opinion a été soutenue par M, Benndorf 2, la seconde par MM. Lindenschmit 3 et A. Müller'.. Les partisans de celle-ci peuvent alléguer une visière de casque qui figure, parmi des armes detout genre, dans les trophées de la balustrade de Pergame (fig. 3410) b et un objet ressemblant à un casque à visière que porte sur son épaule un signifer romain sur une stèle funéraire de Mayence Mais ce dernier argument n'est pas probant, M. Benndorf ayant proposé de reconnaître dans l'objet en question la partie supérieure de la dépouille d'animal dont les signiferi se couvraient la tête 7 : l'aspect des oreilles écartées paraît lui donner raison. On peut ajouter que les anciens, comme le rappelait déjà Dodwell 3, distinguaient les armes de guerre, S7t),a Il nous paraît très improbable qu'un Romain se soit jamais présenté devant l'ennemi avec un casque comme celui de Ribchester (fig. 2011). C'est surtout dans la vallée du Rhin qu'on a découvert ces masques, dont les mieux conservés sont ceux d'Hellange (Luxembourg) 10, de Wildberg (Wurtemberg) (fig. 3411)", de Gràfenhausen, des environs de Mayence et de Stuttgart 12. On nous signale un spécimen inédit au musée de Bucarest et M. Doublet en a récemment publié un qui, trouvé à El-Grimidi en Algérie, appartient au musée d'Alger 13. Peut-être faut-il compter parmi les armures dé ce genre le casque espagnol à double aigrette, présentant l'aspect d'une face humaine stylisée, qui figure sur les deniers de P. Carisius, propréteur sous Auguste et vainqueur des Cantabres et des Astures (fig. 3412) 74. Le camp romain d'Ileddernheim, près de Francfort, a fourni un casque de parade, avec partie antérieure imitant la forme du visage, mais laissant la région des yeux, du nez et de la bouche à découvert (fig. 3413)10. On peuty voir un type intermédiaire entre celui du casque ordinaire et le casque à Visière complète, qui ne Pouvait guère servir devant len nemi. Le devant d'un casque analogue, orné de figures en relief, a été découvert en 1862 à Rodez (fig. 3414)". L'étude du cimier et du panache présente des difficultés particulières à cause du grand nombre de combinaisons variées auxquelles ces accessoires du casque ont donné lieu. Plus que les autres éléments de l'armure de tête, elles autorisaient des arrangements où la fantaisie avait sa part. Il serait vain de vouloir les classer chronologiquement, puisque des types divers se trouvent, dès une haute antiquité, réunis sur les mêmes monuments. Sur un vase très archaïque de Mélos, où sont figurés deux combattants, l'un porte un casque non pédonculé surmonté d'un énorme cimier, l'autre un casque à cimier sans pédoncule, et entre les deux combattants est un autre casque, posé sur une armure comme prix de la lutte, dont le type diffère encore de celui des deux autres 17. Un vase à figures noires représentant des hoplitodromes nous montre l'un des concurrents avec un casque à crête, l'autre avec un casque à pédoncule18. Citons encore les bas-reliefs de l'arc de Constantin, datant de l'époque de Trajan, où l'on trouve, dans la même composition, jusqu'à trois types de cimiers différents 10. Le cimier, apex20, conus2t, xesvoi22, se compose de deux parties, le support et le panache (crista, ),cipc;, aolftïov, ao(p() ; ce dernier est appelé plus particulièrement, à cause du crin du cheval qui sert à le former, juba,zai'rr),ï7r7rouptçç23. Grèce. Nous avons dit que le ci mier se compose d'un support et d'un panache. Le support est tantôt 'inc tige ou un bouton, tantôt une crête. La tige parait avoir été très légère sur quelques casques corinthiens d'Olympie, où sa présence n'est plus attestée que par de très petits trous percés au sommet du casque pour l'insertion du porte-panache, qui n'était pas nécessairement en métal 12. Un type curieux, que l'on rencontre aussi à Olympie, est celui de la tige bifide; il reparaît sur plusieurs casques découverts dans l'Italie méridionale et dont l'un, trouvé à Canosa, muni d'espèces de cornes latérales, est reproduit ici (fig. 3415)13 Fiô. 3416. casque à double A côté des petits supports dont panache. il vient d'être question, on trouve, et en bien plus grand nombre, des pédoncules creux, sortes de tubes plus ou moins recourbés à leur extrémité qui supportent les panaches 1 %Al y a souvent deux pédoncules, portant chas GAL 1435 GAL Un casque est dit i7:rda«eu; et Homère parle de casques à crinière de cheval, t7:17oxdp.ot xdpuOEç1. Théocrite compare le panache à une chevelure, ) nv GOetp«t2; Eschyle avait déjà employé la même métaphore, xpxvou; x«itiwtl«3. Les plumes qui ornent le cimier se nomment pinnae, Le cimier est un ornement', mais il est aussi une protection pour le timbre 6; les anciens lui ont encore assigné pour but de grandir les guerriers', de terrifier leurs adversaires'l et de servir de signe de ralliement pendant le combat 3. Pour en augmenter l'effet, on teignait le panache et les plumes de couleurs vives, tantôt en rouge, tantôt en rouge et en noir°; Xénophon parle d'un panache qui avait reçu la couleur de l'hyacinthe et qui surmontait un casque en or10. Le cimier et le panaché ne sont pas des parties indispensables du casque. Si, sur les vases peints, les casques du type dit corinthien sont généralement pourvus de panaches, cela tient aux préoccupations artistiques des peintres ; en revanche, il n'y en a pas trace sur beaucoup de monnaies de Corinthe, de Mantinée, d'Argos, de Tégée, où paraît Athéna coiffée du casque corinthien". La plupart des casques du même type découverts à Olympie ne présentent aucun vestige d'un cimier. IV. cun un panache; nous citerons la peinture d'un vase d'Amasis 1s et celle d'un vase chalcidien i6. Dans ces exemples, la direction divergente des panaches ne répond sans doute pas à la réalité : c'est un effet de l'inexpérience de l'artiste. Quand les figures sont dessinées de profil, ce qui est le cas le plus fréquent, on ne voit qu'un pédoncule, mais la présence du second support se trahit parfois par l'indication de deux panaches (fig. 2581). Les deux tubes prennent quelquefois l'aspect de cols de cygne, par exemple sur une amphore ionienne (fig.3116)17 et dans une statuette archaïque d'Athéna Polias (fig. 3417) S6. Un casque en forme de chapeau hémisphérique à larges bords, découvert à Watsch en Carniole, présente au sommet deux petites figures aux ailes recoquevillées !0. Notons enfin un support ayant la forme d'une tige terminée par un croisillon, sur le casque d'un guerrier dans une peinture à figures rouges 20, où l'on a proposé de reconnaître Diomède pendant son expédition nocturne, coiffé du casque sans cimier, no ?os, que l'épopée lui attribue dans cette circonstance 21. A défaut d'une tige, le panache peut être fixé directement à la coiffe, soit par un bouton, soit par un ou plusieurs tenons. Un casque archaïque trouvé à Olympie présente deux tenons au sommet et, sur l'occiput, un oeillet, qui servait sans doute à y adapter un panache adhérent22. Dans un casque de bronze découvert au Caucase, et qui paraît de fabrication grecque, la calotte offre un simple trou pour l'insertion du plumet23. La seconde espèce de supportpour les panaches est une crête métallique courant sur la coiffe d'arrière en avant. Nous avons déjà reproduit un casque qui présente deux côtes de ce genre (fig. 3398) ; en voici un autre découvert à Watsch (fig. 3418) 24. A l'époque Classique, il y a souvent trois crêtes supportant autant de cimiers : c'est avec un Phidias avait figuré 1'Athéna Parthénos, mais les crêtes étaient remplacées, dans cette statue, par des images d'animaux(voy. p. 1451). Le triple panache, rpt),ocpsi«, étai t probablement un insigne 181 GAL 4436 GAL de commandement'; en tous les cas, nous savons par Aristophane qu'un taxiarque portait un casque à triple cimier2. A partir du ve siècle, la -rFtaops(x est très fréquente dans les images d'Athéna, tant dans la sculpture que sur les monnaies3. Il existe une très intéressante série de casques coniques où la crête, suivant la forme de la calotte, présente un profil triangulaire. Ces casques, que les uns considèrent comme étrusques, tandis que d'autres, au nombre desquels nous nous comptons, les attribuent à la civilisation illyro-celtique ou euganéenne, se sont rencontrés à Falaise, où l'on en découvrit une dizaine à la fois en 4823 4, à. Mayence dans le Rhin 5, puis, sous une forme un peu différente, à Corneto (fig. 3449) 6, à Asti' et tout récemment en Podolie 8. Dans deux casques analogues, non plus coniques mais ovoïdes, la crête pré sente une forme elliptique: l'un a été découvert au Theil (Loir-et-Cher)', l'autre dans la Seine à Paris10. Enfin, dans un exemplaire célèbre découvert à Pass-Lueg, près de Salzbourg, et qu'on considère encore généralement comme étrusque, la crête se rapproche de la forme triangulaire, alors que la calotte du casque est hémisphérique (fig. 3420)11. XVII. Passons au panache. Il est très difficile, d'après les monuments, d'en déterminer exactement la composition. Dans bien des cas, il paraît être tout entier en métal ou en cuir, souvent décoré d'ornements en creux; d'autres fois (voy. plus haut, fig. 3041), on distingue nettement une queue de cheval faisant suite à un panache d'une autre substance. Beaucoup de casques correspondent à ce que les modernes appellent des casques à chenille, celle-ci étant formée soit de poils courts et rudes, soit d'une matière plus compacte. C'est peut-être par l'effet d'une simple convention que, dans l'art archaïque, l'extrémité inférieure des panaches est souvent pointue 12. Quelques statuettes en bronze d'Olympie, qui remontent probablement au vne siècle, présentent des dispositifs singuliers, qui peuvent être dus à la maladresse de l'artiste : ici c'est un lourd panache qui semble fixé directe. ment à la tête (fig. 2212) 13; ailleurs, un casque élevé, avec gros support et petit panache en croissant 14 Lorsque les figures sont représentées de face sur les vases, il arrive souvent que le panache semble transversal 15. On peut hésiter à ne voir là qu'une marque de l'inexpérience du peintre, parce qu'on trouve aussi le panache transversal sur un casque dessiné de profil16 et que la même particularité s'observe dans une statuette archaïque d'Olympie. On voit une crête transversale, avec des panaches de crin de part et d'autre, sur le casque figuré au revers d'une monnaie de Mésembria (fig. 3421) ". A l'époque romaine, au témoignage de Végèce i 6, les centurions portaient des cristae transversae : on en pos sède une représentation suris stèle funéraire d'un centurion découverte à Petronell (fig. 3422)'9. Il est possible qu'il y ait là un ancien usage que les Romains auront seulement renouvelé; mais la question devra rester incertaine tant qu'on n'aura pas trouvé une cristn transversa sur un monument grec de la belle époque de l'art 20 XVIII. Il nous reste à parler des plumes et s, des ailes, qui sont un des principaux éléments des panaches et qui paraissent souvent asso ciées aux crins de cheval dans leur composition. Un des exemples les plus anciens que nous connaissions est de Pergame, casque dont la forme rappelle celle du bonnet dit phrygien, présente un panache qui, à sa partie supérieure, semble bien formé d'une aigrette de plu roi de Péonie, qui ap voit sur les monnaies de plusieurs familles au temps de la République 11. Le casque de la Valeur (Vi1'1us), personnifiée sur les monnaies des familles Aquillia et déesse Rome, sur celles la GAL 1.437 GAL fourni par une peinture de vase où un panache à queue de cheval, supporté par une longue tige, est comme encadré par deux grandes plumes (fig. 3423)'. Sur les belles monnaies de Velia, représentant la tête d'Athéna de face, on voit une aile de part et d'autre de son cimier 2. Aristophane mentionne les deux plumes d'un Casque' et nous savons par Plutarque qu'Alexandre, à la bataille du Granique, portait sur son casque, de chaque côté d'une longue crinière, une plume remarquable par sa grandeur et par son éclat `. Un casque figuré sur un des trophées mes 5. Une monnaie d'Audoléon, partient au début du Ive siècle avant J.-C., offre une tète d'Athéna dont le casque est orné de trois aigrettes de plumes réunies à des panaches de crins (fig. 3424) 0. Nous empruntons à un vase peint un curieux exemple d'un casque conique surmonté d'un panache et encadré de Fig. 3426. Monnaie grandes alles droites (fig. 34'25)7. On de la famille Axis,. trouve un autre exemple sur un vase d'Asstéas, où Hercule paraît coiffé d'un casque avec trois aigrettes et deux grandes plumes (fig. 2501). C'est surtout en Italie que se développa l'habitude d'orner les casques avec des plumes. Du temps de Varron, l'addition d'ailes au casque des soldats était considérée comme une récompense militaire 8. Au dire de Pline, on couronnait parfois les casques avec des plumes d'autruches. Chez les peuples italiques, los Samnites en particulier, les casques ornés de deux plumes semblent avoir été fort en faveur ; c'est de là qu'ils pénétrèrent à Rome. Valère Maxime, décrivant l'apparition de Mars Gradivus en 282 avant Jésus-Christ, dit que son casque était orné de deux plumes10. Tel on le Axia (fig. 3426)12, celui de des familles Licinia, Lutatia, Manlia, Minucia13, joignent aussi au panache qui les surmonte des plumes placées sur les côtés. Ce sont sans doute les gentinae cristae avec lesquelles Virgile se représentait Romulus 11.. Les peintures qui nous font connaître le costume des guerriers samnites nous les montrent portant tantôt trois plumes séparées (fig. 3427)1, tantôt trois plumes réunies par la base 18, tantôt, et plus souvent, deux grandes plumes de chaque côté du casque (fig. 794), parfois avec un panache entre elles 1', d'ordinaire sans autre ornement' 9. Les plumes se voient aussi sur les casques des gladiateurs, sur ceux des Saliens dans le bas-relief d'Anagni 19 et sur de nombreux monuments étrusques"o Dans l'armée impériale, les casques présentent deux sortes de panaches, tantôt une crinière émergeant d'un petit support et retombant souvent en deux touffes (fig. 342821, et plus loin fig. 3467), tantôt une aigrette de plumes courtes fixée sur un petit support. Des dis GAL 1438 GAL positifs analogues se rencontrent dans Ies bas-reliefs de l'arc de Constantin' (fig. 3468). Notre figure 3429 est un bas-relief du Louvre qui représente, d'après l'explication ordinaire, des prétoriens 2. Sur la colonne Antonine on voit des casques ornés d'un bouquet de plumes réunies par la base (fig. 179). XIX. En dehors du cimier et des bosses latérales dont il a été question, certains casques présentent des appendices en forme de cornes, fixées soit auprès du sommet, soit de part et d'autre du frontal. Dans l'art assyro-babylonien, on voit fréquemment représentés des personnages dont la coiffure est ornée de cornes3 : c'est un ancien symbole de force physique et de puissance. A l'extrémité opposée du monde antique, en Gaule, les monuments nous révèlent la conception d'un dieu cornu, Cernunnos ;. D'autre part, nous avons déjà vu en Étrurie l'image de Juno Sospita, la tête recouverte d'une peau de chèvre munie de ses cornes (fig. 1023). Peut-être l'origine des casques à cornes doit-elle être surtout cherchée dans les coiffures primitives de ce genre, auxquelles de vieilles conceptions religieuses d'ordre zoomorphique peuvent avoir eu aussi quelque part. L'art mycénien fournit quelques exem ples incontestables du casque à cornes : cornes de bélier sur une gemme de Va phio (fig. 3430) 5, cornes de taureau (?) sur un fragment de vase découvert à Mycènes dans les ruines d'une maison 6. M. ReiGemme deVaphio. chel croit également reconnaître des cornes de part et d'autre du casque d'un personnage sur un vase mycénien qui représente une chasse au taureau'. Les casques à cornes paraissent fréquemment sur les anciennes figurines de bronze de la Sardaigne 6. Il est moins certain qu'il faille reconnaître des cornes des deux côtés de la calotte très basse surmontée d'un disque que porte, sur un monument d'Ipsamboul, un Shardane de la garde royale égyptienne 9. Nous trouvons ensuite le casque à cornes, avec la corne fixée au bas de la coiffe, sur un sarcophage peint de Clazomène, produit très ancien de la peinture ionienne. Sur quelques peintures de même provenance, on voit des casques surmontés d'un ap_ pendice vertical dont l'extrémité supérieure se recourbe en formant crochet 10. La frise du trésor des Siphniens à Delphes, datant environ de l'an 500 av. J.-C., offre des figures de géants coiffés de casques à cornes de taureaux Des exemples de casques à cornes ont été signalés dans l'art étrusque et italique12. Pyrrhus, roi d'Épire, et Philippe V de Macédoine portaient des casques à cornes de bouc 11. Plusieurs rois syriens sont également représentés avec des casques à cornes sur leurs monnaies'". Une curieuse statuette de bronze, où l'on doit peut-être voir le dieu syrien Dolichenus, porte un grand casque orné de trois cornes15. Les textes signalent encore des casques à cornes chez les Garamantes 16 et chez les Chalybes "; mais c'est surtout parmi les peuples celtiques de la Gaule orientale, où l'on trouve aussi le culte du dieu cornu, qu'ils paraissent avoir été en faveur. Diodore mentionne, comme un caractère du costume guerrier de ces peuples, de grands casques en bronze ornés tantôt de cornes, tantôt de figures d'oiseaux ou de quadrupèdes 18. Le témoignage de cet historien s'applique sans doute aux peuples de la vallée du Rhin dont les Cimbres avaient adopté la civilisation matérielle; comme l'a fait observer M. Bertrand 19, les armes des Cimbres devinrent, aux yeux des Romains, celles des Gaulois en général, alors que rien n'atteste, chez les Gaulois de l'Ouest et du Centre, l'usage d'armes défensives analogues. Sur le monument des Jules à SaintRemy et sur l'arc d'Orange, qui datent l'un et l'autre du ter siècle de notre ère, on voit des guerriers gaulois portant des casques à cornes, ainsi que des casques, faisant partie de trophées, que surmontent des cornes et des rouelles (fig. 3431, 3432, 3433) 20. Un des casques de Saint Itemy est couronné de cornes de bélier. Les casques à cornes paraissent également sur le revers des deniers romains représentant des trophées gaulois ou cimbriques (voy. aussi fig. 1615). Pour les Gaulois du Danube et d'Asie Mineure, les documents font dé faut; j'ai lieu cependantde prendrepour des corneslesdeux appendices mutilés du casque conique placé aux pieds de la statue de guerrier gaulois que j'ai découverte à Délos2a. veurs de monnaies, n'ont pas manqué d'indiquer les bords de cette capote de cuir émergeant du casque corinthien d'Athéna S1. On peut citer comme exemples un buste colossal qui est au Vatican (fig. 3434), la belle tête d'Athéna conservée à Glienicke ainsi que des monnaies de Corinthe et de ses colonies où un long couvre-nuque en cuir, faisant suite à la calotte, est in GAL 1439 GAL Au nord-est du Rhin, les casques à cornes se rencontrent sur le grand vase d'argent de Gundestrup (Jutland), où ils sont associés à des casques surmontés de sangliers et d'oiseaux'; à une époque bien plus ancienne, voisine de celle de l'art mycénien, on trouve une figurine danoise en bronze et une gravure rupestre de la Scanie qui représentent, l'une et l'autre, des guerriers coiffés de casques à cornes 2, C'est peut-être à un des peuples barbares riverains du Danube qu'il faut attribuer un casque sculpté sur la base de la colonne Trajane, à la partie antérieure duquel on distingue nettement une corne de bélier 3. Ce casque est analogue à celui qui figure sur la monnaie du roi de Syrie Tryphon (fig. 1263). Dans d'autres casques, oeuvres étrusques suivant les unes, euganéennes ou celto-illyriennes suivant d'autres, on remarque ces cornes déjà stylisées, c'est-à-dire dont l'artiste a oublié la nature et qu'il tend à transformer en ornements. Tels sont le casque de Canosa (fig. 3415) et celui qui est offert en prix sur le fragment de la situle de Matrei représentant un combat'. Dans ce dernier exemple, les deux cornes forment comme un croissant de part et d'autre d'un cimier en forme de losange. Je ne crois pas qu'il faille compter dans la même série le prétendu casque de Waldalgesheim, fruit d'une tentative de restitution très aventureuse 5. L'idée de décorer un casque avec des cornes d'animaux est d'ailleurs si naturelle qu'elle a reparu spontanément au xive siècle e. XX. Il nous reste à traiter la question de la doublure. On conçoit qu'un casque de métal ne pouvait être porté sur la tête sans l'emploi d'une substance destinée à en amortir le contact; cela était surtout nécessaire pour les parties du casque qui touchaient la peau du visage 7. La doublure se faisait en cuir, en peau, en feutre, ou même en éponge $. Bien qu'on n'en ait naturellement conservé aucune, l'existence d'une doublure est nettement attestée pour beaucoup de casques, non seulement par les trous pratiqués sur le rebord des nasals et des paragnathides, mais par la présence, constatée sur quelques exemplaires, de pointes de bronze qui fixaient le cuir ou le feutre au métal'. Il y a cependant nombre de casques bien conservés où il n'y a aucune indication d'une doublure 10 : pour ceux-là il faut admettre qu'on les portait audessus d'un bonnet de cuir ou de feutre comme celui dont Patrocle est revêtu sur la coupe de Sosias (fig. 1400). Le casque ovoïde, avec ou sans rebord saillant, qui était propre aux Laconiens et aux Arcadiens, comportait évidemment l'emploi d'une coiffe de ce genre, pour ne pas blesser ceux qui s'en servaient. D'ailleurs, au ive siècle av. J.-C., les artistes, tant sculpteurs que gra . terPosé entre le couvre-nu ue en métal Fid 3435 a et le cou de la déesse (fig. 3435) 12. mise. Les détails circonstanciés où nous sommes entrés touchant les différentes parties des casques nous permettront d'abréger la partie historique de notre étude, qui va maintenant nous occuper. XXI. Lorsque les Égyptiens se trouvèrent pour la première fois en présence des hoplites ioniens et cariens, ils les appelèrent des « hommes de bronze 13 », traduisant ainsi l'étonnement que leur causait le spectacle des armes défensives en métal dont ils étaient à peu près dépourvus eux-mêmes. C'est sans doute sous l'influence des Carions et des Grecs, c'est-à-dire vers l'an 650 avant Jésus-Christ, que les Égyptiens adoptèrent les casques de bronze, ou du moins que les chefs commencèrent à en faire usage. Hérodote nous montre Psammétique et les onze rois pourvus chacun d'un casque d'airain 14, mais, en revanche, dans l'énumération des troupes de l'armée de Xerxès, il n'attribue au contingent égyptien que des espèces de bonnets de mailles, xpc vEx ZT))\EV'ri 15, peut-être recouverts, comme l'a supposé M. Heuzey, d'anneaux et de plaques en métal 15. On a apporté en Europe, il y a quelques années, une collection d'armes de bronze qui passait pour avoir été découverte par les Arabes dans le Fayoum : parmi ces armes était un grand casque conique 17, qui peut fort bien avoir été importé du dehors. Mais c'est sans doute en Égypte même, probablement dans la ville ionienne de Naucratis, qu'a été fabriqué le petit aryballe à légende hiéroglyphique (fig. 3400) qui atteste, vers le milieu du vie siècle, la pénétration du casque corinthien dans ce pays. Les Shardanas, ennemis d'abord, puis mercenaires des Égyptiens, dont l'identité avec les habitants de la Sardaigne est probable, mais non prouvée, portaient des casques, espèces de calottes basses, que l'on connaît par les monuments égyptiens; la Sardaigne même a fourni toute une série de figures de guerriers, coiffés les uns de casques à longues cornes, les autres de casques à base dentelée surmontés d'un panache qui fait saillie en avant 18. Si le casque proprement dit ne paraît que tardivement en Égypte, il ne se trouve pas non plus très anciennement en Assyrie. Au Ix° siècle, à Nimroud, on rencontre des guerriers portant un bonnet conique sans gardejoues; les chefs portent un camail qui leur couvre les joues et s'adapte à leur cotte de mailles, exactement GAL 1!i.!Io GAL comme au moyen âge en Occidents. Au vuie et au vue siècle, à Khorsabad et à Koujoundjik, le casque se complète par l'addition de deux couvre-oreilles qui ne parais_ sent pas mobiles. Enfin, les troupes légères ont un casque hémisphérique analogue portant une aigrette 2. Quelques casques coniques du type assyrien, avec pa ragnathides non mobiles, ont été découverts à Chypre; un spécimen de même genre a été recueilli à Olympie (fig.3436)3. De très anciennes terres cuites recueillies dans l'île montrent que le casque hellénique y a été employé de bonne heure, concurremment avec celui de forme assyrienne Sur une coupe gravée chypriote les soldats de la première ligne portent un casque analogue à celui des vases corin thiens, tandis que les archers, les cavaliers et les guerriers dans les chars sont vêtus et armés à la façon des Assyriens et des Perses 6. Les terres cuites de Chypre montrent le développement du type conique dans cette île. Une figurine de l'ancienne collection Piot présente un garde-joue mobile, à charnière non pas horizontale, mais verticale (fig. 3437) 7 ; sur une autre, on trouve des garde-joues fixes, avec courroies attachées sous le menton (fig. 3438). Le type conique paraît avoir passé de Phénicie à Carthage. Sur une stèle de cette ville est gravée grossièrement l'image d'un guerrier portant un casque conique en forme de triangle ; M. Ph. Berger, qui l'a signalée, a rappelé à ce propos certains casques coniques attribués aux Carthaginois que l'on a recueillis sur le champ de bataille de Cannes$. On a émis l'hypothèse que les Grecs auraient reçu le casque des Héthéens par l'entremise des Cariens, mais il n'est nullement prouvé que le bonnet héthéen soit un casque métallique°. Ajoutons cependant que des observations, encore inédites, ont été faites récemment sur l'analogie des armures de tête des Héthéens avec celle des Mycéniens 10. Du casque carien, nous savons seulement par Hérodote qu'il était pourvu d'un panache, dont l'invention était attribuée à ce peuple'', et, par Plutarque, que les Perses appelaient les Cariens xÀExTOoveq, c'est-à-dire coqs, à cause des cimiers de leurs éasques 12 Le casque carien ne différait peut-être pas beaucoup du casque phrygien, dont nous pouvons nous faire une idée parle bas-relief de la tombe brisée d'Ayazinn (fig. 3439) 13 : c'était un casque à bord en spirale, à couvre-nuque recourbé, à timbre demi-circulaire, surmonté d'un panache en croissant attaché par un pédoncule en forme de col d'oiseau. Un type analogue se constate sur un bas-relief de Xanthos". Quant au bonnet que nous appelons phry gien, il a donné lieu à des imitations en métal dont nous parlerons plus bas. La variété des armures de tête en usage chez les peuples connus des Grecs, à l'époque où l'influence hellénique commençait à se répandre parmi eux, est bien mise en évidence dans le passage célèbre où Hérodote décrit l'armement des troupes de Xerxès15. Les indications qu'il donne peuvent se résumer ainsi : Les Perses et les Mèdes portent des tiares, 77ti,ou â7ay x; ; les Cissiens, des mitres ; les Assyriens, des casques de bronze tressés (w 7t)■Eyv.évu) suivant une. mode barbare difficile à exposer enparoles1°; les Saces, des cyrbasies droites se terminant en pointe1T; les Éthiopiens d'Asie, une tête de cheval dont les oreilles étaient dressées et dont la crinière formait panache ; -les Paphlagoniens, des casques tressés (7rE,n),E yN.Évx) ; les Mysiens, des casques à la mode du pays (7rt7c sz) ; les Thraces, une peau de renard [ALoPt rüs]; les (Chalybes? Bithyniens?)18, des casques de bronze avec cimier, munis d'oreilles et de cornes de boeuf; les Milyens, des casques de cuir; les illosques et les Colques, des casques de bois; les Mares, des casques tressés à la mode du pays ; les cavaliers perses, des armures de tête (7otjp.u'cz) martelées, en fer ou en bronze; les matelots phéniciens, des casques analogues à ceux des Grecs; les matelots égyptiens, des casques de mailles; les matelots ciliciens, des casques à la mode du pays; les matelots lyciens, des bonnets décorés de plumes. Nous laissons de côté les peuples dont Hérodote dit simplement qu'ils étaient armés à la mode des Grecs. Ces renseignements suffisent à prouver qu'au début du ve siècle, l'usage du casque métallique était encore peu répandu chez les populations qui n'étaient pas depuis longtemps en rapports GAL GAL 4441 avec les Grecs; or, ce que nous avons à dire de l'époque mycénienne montrera qu'il y a de fortes probabilités pour que la Grèce, en matière de casques comme pour les fibules, ait été l'institutrice et non pas l'élève de l'Orient. XXII. Dans son ouvrage sur l'épopée homérique (1884), M. IIelbig avait critiqué les opinions de ses devanciers sur le casque des héros d'Ilomère et substitué à leurs vues des idées nouvelles qui dominèrent sans conteste pendant dix ans. En 1894, la question a été reprise par M. Reichel qui est arrivé, sur beaucoup de points, à des résultats tout à fait nouveaux'. La méthode de M. Reichel consiste à expliquer le texte de l'épopée par les monuments de l'époque mycénienne, alors que M. Helbig avait eu plus souvent recours à ceux de l'art grec archaïque. M. IIelbig se figurait le casque homérique (vd?u;)'comme un casque corinthien du plus ancien style, enveloppant la tête à la manière d'un masque et toujours en bronze (fig. 3402). Pour M. Reichel, le casque homérique est un bonnet de cuir, exceptionnellement de métal, qui ne couvrait que la partie supérieure de la tête et qui était bordé, en bas, par une bande de métal, cTEp«vr ; une courroie, ôysé;, lp.«ç, parfois plaquée de bronze, servait de mentonnière Le casque portait un panache, ),dcpo;, de crins de cheval'', une fois mêlés de fils d'or", ailleurs teints d'une couleur brillante ' .Le panache était fixé sur un support assez élevé ou directement adapté à la calotte. Le pa),d; n'est pas une crête, mais un ornement en saillie, servant d'âroTpd7catov; il consistait généralement en une ou plusieurs paires de cornes. Les é,«aapa étaient des bossettes de métal qui consolidaient le casque; quelquefois aussi on arrivait au même résultat en superposant plusieurs couches de la matière employée. Ces conclusions comportent quelques développements. La preuve que le casque homérique n'est pas à visière, c'est que les blessures reçues portent souvent sur le nez, les tempes, les joues et les oreilles; par suite, il n'y a pas non plus de nasal'. Le casque est expressément mentionné comme couvrant le front, les tempes et le haut de la têtes. La mentonnière, nommée une fois°, aurait été inutile avec un casque à visière. Le fait que le casque vacille sur la tête d'un guerrier qui marche" s'explique par le poids du panache : un -casque enveloppant la tête aurait été plus fixe. M. Helbig avait invoqué, à l'appui de sa manière de voir, les trois arguments que voici : 1° Les héros casqués ne se reconnaissent pas de loin, ou plutôt ils se reconnaissent seulement à leurs armes". Mais cela s'explique seulement par la distance qui les sépare ; quand les héros sont en présence, ils se connaissent toujours, à la différence des chevaliers du moyen âge enveloppés dans leurs casques à visière, ou dont le visage est à moitié caché par un énorme nasal12. 2° Le casque homérique est dit yaaxor«pboç, aux joues d'airain. Mais cela peut s'expliquer par l'existence des plaques de métal qui couvrent les tempes, xdpuç xpoT«potç âpapuïa, et parles plaques de bronze de la mentonnière !3 3e Le casque homérique est dit aôXwat;. Ce mot obscur a été expliqué par les anciens" de deux façons, soit comme s'appliquant aux ouvertures de la visière (c'est l'interprétation adoptée par M. Helbig), soit comme désignant le tube qui porte le panache. M. Reichel hésite entre cette dernière explication et une autre, non fournie par les scholiastes, d'après laquelle le casque aô) r1; serait un casque à deux tuyaux faisant saillie : ces tubes seraient les paaolf5, comme sur le vase mycénien de la figure 344016 Les casques, dit M. Reichel, étaient généralement de cuir. Il est vrai que des casques de cuir sont mentionnés expressément deux fois17, mais le silence du poète à cet égard dans beaucoup d'autres passages laisse entendre que le cuir était bien la substance ordinaire des casques. Quatre fois le casque est dit de bronze, yaaxsirl xdpuç, xuvérl 7C«Y7aaxo;, mais ce sont précisément des casques exceptionnels. L'épithète fréquente de xdpuç et de xuveii, yaax i,prls, s'applique aussi dans Homère aux flèches, aux lances et aux boucliers, qui avaient seulement une garniture de métal. La Tpup«Xsta -pirTUyo; d'Hector16 ne se com pose pas de trois couches de métal, mais de trois couches de cuir ". Les monuments de l'époque mycénienne nous montrent, en guise de casques, des bonnets en forme de kilos, avec bouton à la partie supérieure, paraissant faits avec des courÇeroies tressées et entrelacées; le spécimen le plus instructif à cet égard surmonte une tête en ivoire découverte dans une tombe de la ville basse à Mycènes (fig. 344 t) 20, La eTEp l , qualifiée d'EÛyaaxo;, de ya),xeir), de yaaxo«pEta2t, n'est pas une sorte de casque, comme le croyait M. Helbig, mais une bande de métal qui fortifie le casque à sa partie inférieure. Si, dans un passage 22, ce mot désigne clairement l'ensemble du casque, c'est parce qu'elle en constituait la partie la plus résistante 23. Dans l'Iliade 2t, Mégès frappe de son javelot le sommet du casque de Dolops : le panache se détache et roule dans la poussière. Cela semblerait prouver que le panache devait être, au moins dans certains cas, inséré dans un tube qui dominait le casque. Cependant deux casques 25 figurés sur un vase d'argent de la quatrième fosse de Mycènes montrent (fig. 3442, 3443) un panache fixé au bouton du casque et un double cimier (ou panache) que GAL 1442 GAL nous rapprocherons du type illyrien mentionné plus haut (p.1431-1432). Ailleurs le porte-panache est un cône assez large dans l'axe du casque. Les gravures des gemmes insu laires sont trop indistinctes Fig. 3143.casque mycénien pour qu'on puisse en tirer des conclusions. Une des rares exceptions est le casque à cornes de béliers de notre figure 3430. Pour M. Ilelbig, le panache s'adaptait au c?a),ds, qui serait une crête pareille à celles que présente le casque de la figure 3398. Un casque pouvait avoir deux pa)ot Les crêtes servaient non seulement à soutenir le cpcAd;, mais à renforcer le casque3. A cela M. Reichel répond, d'abord, que le scholiaste de l'Iliade' entend par pa),; non pas une crête, mais un tube qui supporte le panache; puisque d'après l'épopée elle-même, le ?1M; est creux, placé sur le front', qu'il a une pointe et s'élève très haut6. L'hypothèse de M. Ilelbig ne s'accorde pas avec l'existence de quatre pctXot; elle a encore contre elle le pas sage où la xuvErl de Diomède est dite ioa),o; xai )ocpo;7, car si le pa),d; était le support du Acpo;, il suffirait de dire âpx),o;. Enfin, les guerriers pressés les uns contre les autres$ se touchent de leurs ?aloi, ce qui serait impossible si les «Ao( étaient des supports de )dcpot, auquel cas les panaches seuls se toucheraient. M. Reichel conclut, à notre avis avec raison 9, que les cp«Aot sont les appendices saillants, généralement des cornes (fig. 3440), qui font probablement donner au casque l'épithète de fistuliforme, aô)w7tc;. Les casques mycéniens des figures 3430, 3440 sont p.p(cp«Aot; on ne connaît pas encore d'exemple certain du casque TETp«paAo;. Les p)«pot, mentionnées une seule fois 10, sont, suivant le scholiaste, des bossettes décoratives ornant les côtés du casque; un casque pourvu de quatre bossettes de ce genre était dit 'r€ Tp«cpxA,'po; f 1. M. Ilelbig s'est rallié à cette explication et l'a définitivement établie. Seulement, il allègue à cet effet le casque de la figure 3398, tandis que M. Reichel pense que ces petits boucliers, avant d'être purement décoratifs, avaient pour but de renforcer les côtés d'un casque en cuirl2. Il n'a pas songé à rappeler à ce propos les casques illyriens dont il a été question plus haut; ces exemples confirment, ce nous semble, l'opinion d'abord exprimée par Brunn et développée par nous13 sur les rapports étroits qui existent entre le celte-illyrien et le mycénien. L'épopée mentionne des dents de sanglier insérées, comme ornements, dans un casque 1'". Les monuments n'en ont pas fourni d'exemple certain, mais il est très probable que les dents de sanglier recueillies dans la troisième fosse de Mycènes proviennent d'un casque de ce genre 16. Enfin, la xatzt' u; homérique, couvre-chef de Diomède pendant son expédition nocturne", n'est probablement qu'une casquette en cuir, analogue au cudo des Latins. XXIII. Les casques des vases du Dipylon n'ont jamais de pa),o(, mais, à d'autres égards, ils ressemblent aux casques mycéniens. M. Pernice croit avoir reconnu des casques du type corinthien sur quelques vases dipyliens de basse époque 17 La grossièreté de la peinture de ces céramiques ne permet guère de distinguer les détails; cependant M. Reichel admet deux types : 1° sorte de bonnet couvrant le front et descendant sur le cou, avec un panache attaché sans support (fig. 2203) f 8 ; 2° casque avec stéphanè faisant saillie sur le nez et présentant un petit support pour le panache 19. Ce second type conduit directement à celui que l'on observe, par exemple, sur un très ancien vase de Caere,' où le casque a la forme d'un bonnet avec une tige recourbée qui porte le panache 20. En étudiant les diverses représentations d'Athéna sur les Nases à figures noires, on se rend compte des phases de la transformation de la calotte en casque de métal. Mais, alors même que la casquette de cuir fut remplacée par le casque de bronze à visière, sur les vases attiques d'ancien style elle continua d'être attribuée à Athéna, dont les images conservèrent aussi les plus anciens types de boucliers21. Sur les vases à figures noires, la déesse paraît encore souvent coiffée d'une simple casquette, faite de courroies entrelacées, avec la stéphanè et le lophos (fig. 3444) 22. Il n'y a encore ni garde-joues ni couvre-nuque. Bientôt le cimier se com plique et devient une énorme crête, constituée probablement, du moins en partie, d'une pièce de cuir artistement ornée : en même temps, la stéphanè devient diadème (fig. 3445)". Puis la calotte, entièrement métallique, se prolonge par un couvre-nuque 24 et les paragnathides, mentonnière agrandie et métallisée, font leur apparition sous l'influence du type corinthienY9. A l'époque qui précède immédiatement Phidias, Athéna GAL 1443 GAL est représentée avec un cimier très élevé et un frontal qui ne dessine pas encore un angle sur le milieu du front 1. Telle est aussi l'Athéna du fronton d'Égine. A la plus belle époque de l'art, le cimier diminue de hauteur et le frontal, détail caractéristique du casque attique, présente une ligne brisée, légèrement arrondie. Sur les vases rouges du style sévère, le panache est plus souvent supporté par une crête que par une anse 2; dans les monnaies, dont les plus anciennes remontent au début du vie siècle, on trouve la crête à titre exclusif (fig. 3446)3. Plus tard, le casque corinthien tend à dominer dans les images de la déesse : en 375, nous en trouvons le plus ancien exemple daté sur un bas-relief athénien 4 ; vers la fin du Ive siècle, il paraît sur les monnaies 5, peutêtre sous l'influence des statères d'Alexandre au type d'Athéna', pour être presque exclusivement employé sous les empereurs'. XXIV. Le casque attique laisse généralement l'oreille découverte. Les paragnathides manquent très souvent sur les vases, régulièrement sur les monnaies. Elles ont une tendance à devenir mobiles; un des plus anciens exemples de paragnathides à charnière est fourni par l'aryballe de Cos (fig. 3398). De très bonne heure elles prennent une forme arrondie, dont les vases chalcidiens offrent les premiers spécimens 3. Quand elles sont relevées, elles présentent l'aspect de grandes oreilles d'une' forme très élégante (fig. 3447). Le nasal est petit ou fait défaut. Les frontons d'Égine nous fournissent d'excellents modèles de casques attiques vers le début du ve siècle. Plusieurs guerriers ont déjà les paragnathides articulées ; le nasal existe, mais est petit"; le frontal est encore peu développé ". Nous citerons comme exemples complémentaires deux casques attiques, l'un en bronze doré, trouvé à Kertch 12, qui pèse moins d'un kilogramme, l'autre en bronze, provenant de la Basilicate (fig. 3448)!3, enfin une tête en bronze du musée de Volterra, où les paragnathides sont encore fixes et dégagent complètement l'oreille ". IV. Nous sommes fort mal renseignés sur l'armement des soldats athéniens. On sait que les troupes légères, n ot, n'avaient pas de casque"; quant aux hoplites, comme avant Périclès ils devaient s'équiper eux-mêmes, il en résulta une grande variété dans les armures. La frise du mausolée de Trysa en Lycie, oeuvre d'artistes athéniens vers le dernier tiers du ve siècle, est très instructive à cet égard : M. Benndorf y a compté 77 casques attiques, dont 4 seulement avec garde-joues (mobiles ou non), 23 casques corinthiens et 143 en forme de pilos, qui ne sont pas nécessairement tous en métal 16. Ce dernier type de couvre-chef n'est nullement propre, comme on l'a dit parfois, aux Arcadiens et aux Laconiens; il n'est pas moins répandu que le chapeau ou casque à larges bords, que portent les cavaliers sur un bas-relief athénien (fig. 2718)17. L'hoplite de la stèle d'Aristion 16 est coiffé d'un petit casque attique sur lequel on aperçoit les traces d'une crête; un guerrier d'une stèle contemporaine 19 porte un casque corinthien ; un autre, sur une stèle du ve siècle, porte un casque conique 20. Les cavaliers de la frise des Panathénées, au Parthénon, portent en général le casque attique, avec ou sans cimier, ou une casquette de cuir dont les garde-joues paraissent se rejoindre au-dessus de la tête (fig. 2719) ; un guerrier de la frise méridionale porte cependant un casque corinthien2i. Les monnaies d'Athènes, un camée du Cabinet de France (fig. 3449) 22, le bas-relief de Kréusis en BéotieL3 fournissent des exemples du casque attique à la belle époque, avec son frontal élevé, son panache fixé sur une crête et son garde-nuque de petite dimension. Dans les répliques que nous avons conservées du portrait de Périclès par Crésilas 24, le stratège athénien porte toujours le casque corinthien rejeté sur le sommet de la tête. La désignation de casque corinthien n'est pas antique, mais peut être maintenue sans inconvénient. C'est le type d'un casque découvert à Olympie, portant une dédicace à Zeus par les Argiens qui le qualifie de « butin de Corinthe » 25. Le même modèle se trouve sur les monnaies d'argent d'Argos au début du ve siècle 26 et, dès le vie siècle, sur les monnaies de la Grèce du Nord" ; il paraît constamment sur les monnaies corinthiennes. Nous le voyons également sur les céramiques de style 182 GAL 1444 GAL corinthien, comme un aryballe découvert à Rhodes' et un pinax de Corinthe 2. En dehors des représentations figurées, nous possédons une riche série de casques de ce genre retirés du lit des rivières ou du sol à Olympie; ces casques, dont nous avons donné déjà un spécimen (fig. 343G) 3, auquel nous ajoutons les figures 3450 et 3451, permettent de se rendre compte des Louvre, Cadmus, combattant le Dragon, porte un casque à paragnathides mobiles t6. En général, le type du casque progrès du type 4. Ceux qui font l'impression la plus archaïque ont été martelés dans des feuilles de bronze épaisses de Om,001 à Om,0015; ils présentent une silhouette large et informe, descendant en ligne droite du sommet de la tête vers les épaules. Un peu plus tard, on indique les sourcils par la gravure e, on dessine la ligne rentrante de la nuque 6, on fortifie le nasal et une partie des joues, soit en épaississant la feuille de métal, soit en superposant deux ou trois feuilles 7. Les gardejoues formaient anciennement des saillies très prononcées, à angle aigu" ; avec le temps, la saillie disparaît et la silhouette des paragnathides tend à s'arrondir 9. Comme exemple du casque corinthien modifié par le retrait des paragnathides et dont la forme se rapproche de celle du visage, nous citerons, outre la figure 2728, deux statuettes de guerrier en bronze trouvées l'une à Dodone (fig. 3452)10, l'autre près de Sparte". Sur les frontons d'Egine, plusieurs guerriers sont coiffés du casque corinthien : ils combattent tous le casque relevé12, particularité que l'on observe aussi sur la frise du mausolée de Trysa 13, et que l'on explique par la préoccupation des artistes de ne pas dissimuler les traits du visage. On constate de même que des combattants, coiffés du casque attique, sontreprésentés, sur les vases, avec les garde-joues relevés". Les paragnathides des casques corinthiens sont presque toujours fixes : cependant, sur une coupe cyrénéenne du corinthien domine sur les vases à figures noires, dans les représentations guerrières, tant chez les fantassins que chez les cavaliers (fig. 2725) ; les héros au repos, comme Achille jouant aux dés sur un vase d'lixékias (fig. 3453)16, se contentent de le rejeter sur le sommet de la tête. La céramique à figures rouges de style sévère affectionne le même type et le beau modèle attique ne paraît sur les coupes que vers la fin du vie siècle (fig. 3402). Une recherche détaillée sur les formes des casques dans les peintures céramiques, travail qui n'a pas été fait encore, conduirait sans doute à des résultats intéressants. XXVII, Suivant Pline, qui répète évidemment une tradition sans valeur, l'invention du casque était attribuée aux Lacédémoniensi7. Nous savons par Tyrtée que les hoplites spartiates portaient un casque surmonté d'un « panache terrible », ad?oç 8elvdç'a, mais on ignore si ce casque était en feutre garni de plaques de métal ou bien entièrement métallique19. Photius l'appelle un piles de bronze et dit qu'il se terminait en pointe; tels étaient, ajoute-t-il, les piloi des Laconiens et des Arcadiens20. Les bonnets de bronze ne sont pas rares dans les col couvre-nuque (fig. 3458)35; 2° un type plus ou moins circulaire avec un garde-nuque et une avance, couronné ou non d'un bouton 15. Dans un exempaire il y a, outre le gardevue, une pièce métallique paraissant mobile autour d'un pivot et qui éveille l'idée d'une visière. Un autre paraît cerclé d'un large bord. Nous avons déjà mentionné la visière reproduisant les traits d'un guerrier barbu (fig. 34410) ; M. Droysen paraît disposé à la considérer comme gauloise, mais nous la croyons gréco•syrienne. Signalons Fig. 3454. DidraFig. 3455. Didra chme de Larisse en chmed'Alexandrede Thessalie. Phères. Xénophon recommande pour la cavalerie le casque béotien, (3otwroupy(Ç 5, mais on n'a aucun renseignement sur sa forme B. Quelques savants ont pensé que certaines armures de tête de style oriental, en forme de très hauts bonnets coniques avec garde-nuque, représentaient l'ancien type du casque béotien 7, mais cette opinion n'est pas fondée et il est certain que le casque en forme de bonnet n'était pas spécial aux Béotiens, car les monnaies prouvent (fig. 3454) qu'il était aussi employé en Thessalie Le casque des cavaliers thessaliens, en forme de chapeau, nous est connu par la didrachme d'Alexandre de Phères s encore un fragment de casque de r t COrlntlllen17. Fig. 3458.-Casque destro YPe pliées de Pergame. Dans les casques de la seconde série, les paragnathides sont fixées à l'intérieur, sans charnières ; celles des simples bonnets métalliques sont attachées par une charnière à l'extérieur. Comme ornements, on trouve une fois une plume et deux fois une queue de cheval l8. L'exemplaire reproduit par notre figure 345919 est remarquable par la forme recourbée du sommet, qui rappelle, en métal, le type du bonnet dit phrygien. Le modèle en existe, comme on l'a vu, parmi les casques assyriens20 Un guerrier figuré sur le sarcophage Ammendola, au musée du Capitole, GAL 4445 --GAL lections : nous citerons celui qui a été découvert à Dodone (voy. aussi fig. 24432)'. Il est cependant probable que les piloi spartiates n'étaient pas généralement en métal, sans quoi Thucydide n'aurait pas dit qu'ils ne supportaient pas le choc des javelots2. Élien compte les casques et les piloi laconiens ou arcadiens parmi les pièces del'équipement de la grosse infanterie Sa phrase semble indiquer qu'il n'y avait pas qu'une différence de forme entre les cas ques et les piloi. Une stèle attique, représen° tant un soldat de Tégée en Arcadie, nous donne une représentation pré cise du pilos al'cadien 4, tout à fait semblable au spécimen de Dodone et à celui de Pella (fig. 3456). Fig. 3156. Stèle de Pella en Macédoine. (fig. 3455) 9. Une monnaie de Patraos, roi de Péonie, nous montre un cavalier portant le casque attique 10. La belle stèle de Pella, en Macédoine, conservée au musée de Constantinople, reproduit l'image d'un jeune guerrier coiffé d'un bonnet cylindrique, qui peut être en cuir ou en métal (fig. 3456) ". Un casque plus bas, avec une avance assez marquée, paraît sur les monnaies de la Macédoine (fig. 3457) 72. Nous savons par Arrienf3 que les cavaliers d'Alexandre appelés hé ',aires portaient le casque, mais on en est réduit à des conjectures sur la forme de cette arme. XXVIII. Pour l'époque hellénistique, les trophées de la balustrade de Pergame fournissent des renseignements abondants; mais parmi tant d'objets d'armement qui sont réunis sur ces bas-reliefs, on ne sait pas lesquels sont grecs, lesquels gaulois, lesquels syriens. Les casques affectent deux formes principales i4 : 4° un bonnet de métal conique, avec ou sans rebord, sans avance ni Fig. 3459. Casque des trophées de Pergame, imité, comme nous avons essayé de l'établir, de compositions pergaméniennes, porte une coiffure du même genre 21. Un beau casque de ce type a été découvert en Crimée 22; un autre, quelque peu différent, à Herculanum u. A. de Laborde en a reproduit plusieurs d'après des bas-reliefs antiques encastrés dans les murs de Narbonne24. Comme le plus ancien exemplaire de cette curieuse série est assyrien, on peut être autorisé à la considérer comme asiatique, sans qu'il y ait, pour le moment, moyen de préciser davantage. XXIX. L'étude des casques italiques et étrusques ne peut être séparée de celle des casques découverts dans l'Europe centrale et occidentale. On sait, en effet, qu'une école d'archéologues, dont le plus connu était Lindenschmit, a voulu que ces derniers fussent tous des objets importés d'Étrurie. D'autre part, la théorie opposée à celle-là, qui admet l'existence d'une industrie du métal propre aux barbares, doit reconnaître que les produits un homme en costume asiatique au fond d'une coupe représentant la docimasie de la cavalerie athénienne, Arch. Zeit, 1880, pl. xv (notre fig. 2484). 21 S. Reinach, les Gaulois dans l'art antique, pl. 1, 22 Kondakof,'rolsloi, Reinach, Antiquités Monuments de la France, t. I. pl. Laie. Ces gravures sont d'une exactitude suspecte. GAL 11146 -GAL de cette industrie se rencontrent également des deux côtés des Alpes. Nous laisserons de côté la question ethnographique, qui est très complexe, pour nous occuper seulement des types. Les écrivains romains n'avaient pas perdu le souvenir d'une époque où le casque métallique était inconnu en Italie; les guerriers se coiffaient alors avec des calottes de peau ou de cuir appelées cudo 4 ou GALERUS. Le cudo était probablement analogue à la xccraru homérique' et à la calotte qui resta en usage pour les chasseurs, galea venatoria3; la même forme fut imitée plus tard en métal. Virgile nous décrit les Latins portant des galeri de couleur fauve en peau de loup4; nous avons déjà vu que cette coiffure était prêtée par la légende à Romulus Rien ne prouve que le casque métallique ait été importé de Grèce en Italie, car nous rencontrons, dans ce dernier pays, des formes primitives qui accusent l'imitation directe de modèles en peau 'ou en cuir. Un des types les plus anciens, formé de plaques rivées ensemble, est celui d'un casque conique découvert à Oppeano, décoré de gravures dans le style des situles euganéennes (fig. 3160) 0. Une coiffure analogue, à bords légèrement concaves, orne la tête d'un guerrier exécuté au repoussé sur l'umbo d'un bouclier de Forli 7; les deux côtés de la coiffe conique paraissent cerclés de gros clous. Nous avons déjà parlé d'un casque triangulaire en treillis garni de plaques de métal, qui a été découvert en Carniole; ce casque ressemble beaucoup à celui des cinq fantassins qui forment le dernier groupe sur la situle de la Certosa de Bologne. A cette forme triangulaire se rattachent les casques franchement coniques, comme celui d'un cavalier samnite (fig. 793), un casque portant une inscription osque et un autre découvert à Pizzughi en Istrie'. Des casques de ce genre, surmontés d'un bouton simple ou multiple, sans couvre-nuque ni garde-joues, se sont rencontrés en Hongrie °, à Beitsch en Lusace i0, à Selsdorf dans le Mecklembourg (fig. 3461)11, etc. Nous avons déjà parlé (p. 1435, 1436) de la curieuse série de casques où la crête suit le profil de la coiffe conique et de ceux où une crête triangulaire surmonte une calotte hémisphérique (fig. 3419, 3420). Le couvre-nuque paraît, sous la forme d'un petit rebord horizontal, dans un casque conique, à garde-joues mobiles, découvert en Apulie (fig. 3462) i2, Ce type ne se retrouve guère que dans l'est de la Gaule, où les tombes de la Gorge-Meillet 13 et de Berru14, l'une et l'autre dans le département de la Marne, ont fourni deux casques coniques richement décorés. Ces casques ont généralement été considérés comme importés, mais à tort : l'ornementation, en particulier les plaques de bronze et les cabochons de corail, présentent le même caractère, que celle des autres objets de bronze trouvés dans cette région. Pline mentionne d'ailleurs expressément des casques gaulois ornés de corail16. Il faut ajouter qu'un casque en cuir du même type, garni de pièces de bronze ajourées et surmonté d'une boule de corail, a été signalé dans une tombe du département de la Marne, à Cuperlyi6. L'analogie que présentent les casques de la Marne avec les casques coniques assyriens du Ixe siècle n'autorise pas les conclusions qu'on en a tirées17; ce sont des imitations indépendantes d'un même type en peau. Un motif un peu différent est celui d'un casque en bronze, surmonté d'un bouton de fer, qui a été découvert avec une fibule du type de la Tène à Weisskirchen près de Sanct•Margarethen en Carniole". La forme du couvrenuque est la même. A côté de ces imitations en métal des bonnets élevés, nous trouvons celles des calottes en peau ou en cuir, suivant à peu près le contour de la tête et surmontées ou non d'un panache. Des calottes de ce genre, de forme surbaissée, se sont rencontrées à Este1°; on en connaît une, entourée d'un rebord circulaire, provenant de Hallstatt20. Le fourreau gravé découvert à Hallstatt21 et la situle de Moritzing (Tyrol)" offrent des cavaliers et des fantassins pourvus de la même coiffure. Les fouilles de Vetulonia ont donné des calottes hémisphériques présentant, à leur partie inférieure, un léger évasement; l'une d'elles porte des attaches qui servaient à fixer un cimier et quelque objet latéral, peut-être une plume (fig. 3463)23. Ces casques primitifs, tenant à la fois du cade et du pilous t1, en rappellent d'autres, ornés de gra GAL 1447 GAL rires à la pointe, qui ont été recueillis dans une très ancienne sépulture de Tarquinia; des spécimens analogues, provenant d'Étrurie, figurent au musée Grégorien (fig. 3461)". Quand les casques sont pourvus d'un rebord saillant', ils suggèrent à tort l'idée d'une casquette de jockey, nom que leur ont donné quelques antiquaires, car ici le rebord n'est pas une avance, mais un couvrenuque (cf. fig. 3462 et 3466). Le casque consacré à Olympie par Hiéron sur les dépouilles des Tyrrhéniens (474 av. J.-C.) est un spécimen très intéressant des armures de tête étrusques au ve siècle (fig. 2545). Ce type ne se rencontre pas seulement en Étrurie : c'est celui des casques avec inscriptions euganéennes qui ont été découverts au commencement de ce siècle en Styrie', caractérisés par un long rebord circulaire qui les fait ressembler à des chapeaux de bronze, comme celui d'Eucratidas roi de Bactriane (fig. 2264). Watsch en Carniole, Hallstatt dans la Basse-Autriche, Ambras près d'Inspruck et la Tominzhiihle près de Trieste, ont fourni des casques analogues'. D'autres ont été découverts à Sesto-Calende, dans l'Italie du Nord', à Robarello dans la même région 7, à Sempach en Suisse8, dans les environs de Laibach9; plusieurs musées en possèdent qui passent pour provenir d'Étrurie, sans que l'on sache à cet égard rien de positif 10. Un beau casque orné de gravures, découvert à Igis dans les Grisons et conservé à Coire, se rapproche par la forme de celui de Hallstatt, mais n'est pas pourvu d'un rebord". A l'encontre de l'opinion générale, qui voulait que ces casques fussent d'importation étrusque, Hochstetter a fait observer qu'ils se rencontraient dans la région des Alpes Autrichiennes, non seulement à l'état d'objets isolés, mais figurés sur des situles et des plaques de ceinturon qui représentent des scènes de la vie militaire et religieuse de ces contrées 12. Les casques hémisphériques, coniques et en forme de chapeau, qui paraissent ainsi à la fois dans les sépultures et sur les monumentsf', sont donc les produits d'une industrie locale, et cette industrie semble, à bien des égards, être la continuation, à l'ouest de la presqu'île des Balkans, de la civilisation des temps homériques l4. Le casque en forme de calotte hémisphérique est tantôt en bronze, tantôt en fer; un spécimen en fer, caractérisé par l'indication des sourcils au bas de la calotte, a été découvert à Vié-Coutat dans le Gard15. Nous verrons que ce type a persisté à l'époque romaine. Sur les plus anciens monuments étrusques représentant des guerriers, ceux-ci ont généralement la tête nue le. On trouve aussi de petites statues en bronze, ressemblant, par le style, à celles des couches profondes d'Olympie, où des guerriers portent des casques caractérisés par des panaches énormes17. Sur les monuments étrusques de la belle époque, ce sont les formes grecques qui dominent; nous citerons comme exemple une tête casquée, en relief sur un vase de bucchero 18 et les têtes de deux statues en bronze (fig. 1649 et 2J17). Une variante propre à l'1 trurie est fournie par le casque de la figure 3465 19, qui est orné sur le devant d'une rangée de clous. Sur les peintures de Paestum et celles des vases de l'Italie méridionale 20, on voit souvent des guerriers samnites coiffés de casques grecs slirmontés de plumes. Nous en avons déjà donné des exemples 21. XXX. On est fort à court de renseignements sur l'armée romaine au temps de la République, parce que les monu ments figurés font défaut. Nous savons que, dans l'armée de Servius, les citoyens des trois premières classes étaient armés à la grecque et portaient un casque de bronze2Z; ceux de la quatrième classe n'avaient pas d'armes défensives. Camille introduisit le casque de fer23.Al'époque de Polybe, les hastati, principes et triarii portent un casque de bronze avec panache, 7t'rÉptvo; aTÉCpavoç, orné de trois ailes droites rouges ou noires, longues d'un pied, qui augmentaient la taille des hommes et leur donnaient un aspect formidable 2'.. Les vélites ont. un petit casque, attbç ircptx,cpx),atoç, galericulum qui n'est peut-être qu'un cudo et sur lequel on place souvent une peau de loup, à la fois pour les protéger et pour qu'ils puissent être reconnus de leurs chefs pendant labataille2s Les soldats ne mettaient leur casque qu'au moment de combattre : cela s'appelait galeari 27. Une des légions de César fut surnommée Alauda, du mot gaulois signifiant alouette, parce que les soldats qui la composaient se faisaient remarquer par les crêtes de leurs casques28. C'est là presque tout ce que nous apprennent les textes pour l'époque antérieure à l'Empire. On a cité plus haut des monnaies de la République où des divinités sont coiffées de casques avec panaches et plumes. Il faut aussi rappeler la figure de Rome constamment représentée avec un casque surmonté d'une crête et pourvu d'ailes sur les côtés [DENARIUS]. Sous l'Empire, l'introduction dans les armées de nombreux auxiliaires, sans doute aussi la diversité des climats où étaient stationnées les légions, eurent pour résultat que l'équipement des troupes présentait une grande variété. Végèce nous apprend, et ce témoignage a été confirmé par la découverte d'un monument (fig. 3422), que les centurions portaient des casques à crêtes transversales et argentéesS9;il nous dit aussi que les porte-enseignes avaient des casques couverts de peaux d'ours avec le poil, pour se donner un air plus terrible30. Les centurions et les triaires avaient des casques en fer". On peut inférer du même passage que les GAL 1448 -GAL cavaliers avaient des armes défensives plus massives que les fantassins'. Tout cela est peu de chose; on en est donc réduit à l'étude des casques qui se sont conservés et des bas-reliefs qui représentent des guerriers en armes. Mais, en présence d'un casque trouvé sur le Rhin ou sur le Danube, on est bien embarrassé de dire s'il est romain ou barbare; et, en ce qui concerne les monuments figurés, les grandes compositions historiques paraissent d'une exactitude médiocre, ayant évidemment subi l'influence de modèles helléniques, tandis que les stèles funéraires, qui n'inspirent pas la même méfiance, sont en général d'une grossièreté telle qu'on y distingue difficilement les détails. Parmi les casques que nous avons conservés (à l'exclusion des casques d'apparat dont il sera question plus loin), le type dominant est celui du cudo avec bouton plein, oeillet de suspension ou tige porte-panache au sommet. Nous avons déjà donné un dessin de l'exemplaire découvert à Jart en Vendée (fig. 3397); nous en rapprocherons un casque en fer d'Agen, identique à un autre moins bien conservé qui a été trouvé à Alise 2, un casque découvert à Martres de Veyres (Auvergne) et qu'on a pu considérer aussi comme gaulois 3, enfin un exemplaire découvert en Angleterre dans l'Hertfordshire 4. Ces casques ont un très petit couvre-nuque presque horizontal. Cette partie est beaucoup plus développée dans les spécimens découverts près de Kiel (fig. 34.66), à Osterbucken (fig. 3401), près de Straubing' et à Nidau 6. Dans ce dernier casque, qui est en fer, il y a une saillie indiquant les sourcils, comme dans celui de ViéCoutat dont il a déjà été question (p. 1447). Le casque de Niederbiber, qui présente des caractères exceptionnels, a été reproduit plus haut (fig. 3404): Parmi les grandes compositions en relief, les plus anciennes sont celles de l'arc d'Orange et du monument des Jules à Saint-Remy (premier tiers du 1°r siècle ap. J. C.) 7. On a déjà vu les casques de types barbares qui sont représentés sur ces monuments (fig. 3431-3433). A Saint-Remy, dans les scènes de combat, l'équipement est presque identique de part et d'autre8: c'est celui des légionnaires romains, peut-être modifié par l'influence de quelques oeuvres grecques prises pour modèles. Certains spécimens de casques ont la forme simple du cudo (fig. 3467). Les guerriers de l'arc d'Orange portent des casques analogues, la plupart sans panaches; les gardejoues sont quelquefois indiqués et quelquefois omis. La colonne Trajane, la colonne Antonines l'arc de Septime Sévère et celui de Constantin, formé avec les débris d'un arc de Trajan, présentent de très nombreux exemples de casques; celui de la figure 798 peut être considéré comme typique. Le frontal élevé etle couvre-nuque de dimension modeste accusent l'influence du modèle attique, qui a prévalu à l'époque impériale à l'exclusion du type corinthien. Au sommet du casque est un anneau de suspension (cf. les fig. 1659, 2748, 2749), qui permet au soldat en marche de le porter suspendu par une courroie 9 ; au camp, ou quand il travaille à des retranchements, il le fixe à son bouclier posé à terre 10. Au lieu du bouton de suspension, les centurions et les officiers portent une aigrette de plumes; comme les textes ne nous apprennent rien à cet égard, nous pouvons admettre que les simples soldats en faisaient parfois autant (fig. 179 et 3168)". Les musiciens portent aussi des casques à aigrettes (fig. 874) ou bien ils ont sur la tête une peau d'ours (fig. 1953, 1956) ; d'autres fois ils paraissent la tête nue (fig. 1954), sans qu'aucune circonstance accessoire puisse être invoquée pour justifier ces divergences. Beaucoup de casques de la colonne Trajane n'ont, à la partie supérieure, ni anneau, ni bouton, ni cimier (fig. 2744) "; dans les uns, la calotte est protégée par des bandes de métal, qui manquent dans d'autres ; les oreilles sont tantôt libres, tantôt cachées par les garde-joues. A côté du type au frontal élevé, on en voit de presque triangulaires (fig. 2744) et d'autres aplatis comme celui du casque de Kiel (fig. 3466) 13. La variété est encore plus grande parmi les casques qui ornent les trophées de la base ; on y trouve, par exemple, un type ovoïde 1' qui ressemble à celui d'un casque parthe conservé au musée Britannique et aux casques des cavaliers sarmates figurés tant GAL --1449 GAL sur la colonne Trajane 1 que dans une fresque de Panticapée 2. La plupart des armes qui composent les trophées doivent reproduire des modèles barbares; c'est là une question qui n'a pas encore été suffisamment étudiée. Un bas-relief du musée du Louvre (gravé plus haut fig. 3428) nous montre deux soldats dont les casques sont ornés de grands panaches; sur un autre bas-relief du même musée (fig. 3429), les casques sont surmontés d'une aigrette de plumes insérée dans une crête. Sur le bas-relief du temple de Préneste, qui représente un navire de guerre romain, on trouve le casque à frontal droit, le casque à frontal abaissé et enfin un casque de type grec avec crête longitudinale Ces exemples, qu'on pourrait multiplier à l'infini, montrent que l'idée de l'uniforme, telle qu'elle s'est imposée à l'esprit des modernes depuis les réformes de Louvois, est restée étrangère à la plus grande puissance militaire de l'antiquité. Sur les stèles funéraires, le casque est relativement rare ; les soldats se présentent généralement la tête nue (fig. 2737, 2738, 2741). Une curieuse stèle, monument d'un cavalier découvert dans la Messe rhénane, offre un casque à frontal et à garde-joues dont la calotte est modelée à l'imitation des cheveux'. Nous avons déjà reproduit le casque d'un cavalier sur une stèle de Mayence (fig. 2739). Sur une stèle de Wiesbaden, la tête casquée d'un légionnaire paraît porter une double crista et les oreilles sont protégées par deux saillies'. XXXI. Les casques de gladiateurs romains nous sont fort bien connus, tant par les magnifiques exemplaires découverts à Herculanum et à Pompéi 6 que par les nombreux monuments, bas-reliefs, peintures, mosaïques, lampes et statuettes de bronze, qui représentent des gladiateurs [GLADIATOR]. I1s ne combattaient pas tous avec des casques; quelques-uns portaient des casques de petites dimensions qui laissaient leur visage à découvert 7. Cependant le casque à visière était si caractéristique de leur armement que Juvénal a pu dire galea faciem abscondere pour « embrasser le métier de gladia teur » 8. Une autre particularité que nous apprennent les textes, c'est que les casques de gladiateurs dits sam nites étaient ornés d'ailes 9 Nous connaissons, par une peinture de Pompéi, l'aspect que présentaient les casques ainsi décorés (fig. 3469)10. Le couronnement des casques de gladiateurs est d'ailleurs très variable ; on trouve des cimiers ornés de panaches, des figures d'animaux; parfois aussi le cimier manque tout à fait, comme dans le casque de la figure 3470 reproduit en relief sur une stèletl. Quelques statuettes de gladiateurs .sont remarquables par l'énormité des cimiers qui couronnent leur casque, par exemple une statuette en bronze du musée de Vienne en Autriche f z. Plusieurs casques présentent à leur base une partie évasée, destinée à protéger le cou et les épaules des combattants (fig. 3470, 3471) 13. Il n'y a pas moins de variété dans les visières qui couvrent entièrement le visage des gladiateurs, tant fantassins que cavaliers 1+. Sur les reliefs en stuc du tombeau d'Umbricius Scaurus à Pompéi ", on distingue plusieurs types sur lesquels il est inutile d'insister. Il n'y avait parfois qu'une seule oeillère, formée d'un trou unique ou de plusieurs trous, sur un des côtés de la vi sière; mais, en général,les petites ouvertures nécessaires à la vision étaient percées également des deux côtés 16. Des lampes en forme de casque de gladiateur !7 et les beaux casques trouvés à Pompéi dont un est ici reproduit (fig. 3472) 38 donnent une idée nette de la disposition usuelle des visières,enmême temps que de la richesse de décoration qui caractérisait ces casques d'apparat. Les visières se composaient de quatre pièces, deux plaques massives, couvrant la partie inférieure du visage, et deux plaques percées de nombreux GAL 1450 GAL trous 'qui, placés à la hauteur des yeux, permettaient de voir tout en offrant une protection contre les coups. Il est facile de constater que des visières de ce genre peuvent s'ouvrir suivant l'arête médiane, mais non se lever ou s'abaisser, ce qui les distingue des visières du temps des croisades i. Deux autres plaques, ajustées sur les côtés, ont pour but de parer les coups visant la région des tempes.. L'ornementation des casques de Pompéi n'appelle pas de longs commentaires. L'un présente un cimier terminé par une tête de griffon et n'a probablement jamais eu de panache ; deux étuis, placés sur les parois latérales, étaient destinés à recevoir des plumes. La même disposition se remarque dans un autre casque. Le cimier d'un troisième, creux à la partie supérieure et percé de petits trous sur les bords, était certainement couronné d'une puissante crinière, fixée à l'aide de fils de métal que l'on passait à travers les trous 2. Les sujets qui décorent les calottes des casques et le cimier de l'un d'eux sont tous exécutés en relief. Sur un des casques conservés à Naples, les reliefs du timbre représentent des scènes de la prise de Troie 3. XXXII. Il ne peut être question d'étudier en détail la décoration sculpturale des casques: nulle part, peut-être, la fantaisie brillante des artistes ne s'est donnée plus librement carrière et n'a créé des modèles plus variés, Contentons-nous donc d'une tentative de classement, en réservant pour la fin les trois chefs-d'oeuvre du genre, le casque de l'Athéna Parthénos et ceux qui figurent sur les deux camées de Saint-Pétersbourg et de Vienne. Nous avons déjà vu, dans l'art archaïque, des supports de panache en forme de col d'oiseau (fig. 3416, 3417). L'emploi des figures d'animaux comme supports des panaches commence de très bonne heure. Sur la frise du trésor des Siphniens à Delphes, les panaches des casques des géants reposent sur un bouquetin, un serpent, un escargot' ; sur des vases, on trouve à la même place des têtes d'oiseau et de chien 5; le cimier du casque d'Athéna, dans le fronton occidental d'Égine, est porté par un serpent '; ailleurs, c'est un sphinx (fig. 3473) 7; c'est un hibou sur une belle statuette en bronze inédite, qui est conservée au musée du Louvre 3. Le serpent figure comme support sur un grand nombre de monnaies d'Alexandre, de Lysimaque, d'Hiéron II, sur des monnaies étoliennes, de Tarente, de Velia 9. Exceptionnellement, sur certaines monnaies de Byzance, le cimier d'un casque corinthien est supporté par un lion '0. Il arrive souvent que la place du cimier est occupée par un animal tel était le casque de Turnus, qui portait une chimère 11. On trouve ainsi un griffon (fig. 155, 555)12, un dragon (fig. 2319)13, un dauphin 1', etc. Le vase de Gundestrup offre des casques surmontés de sangliers et d'oiseaux 15. Cette tradition n'était pas perdue au xive siècle 15. Bien plus fréquemment encore, la partie antérieure de la coiffe présente l'aspect d'une tête d'animal ou d'un animal entier. Il y a lieu de croire que l'exemple en a été donné par l'art ionien 17. Un fragment de Caere, au musée de Berlin, offre un casque dont la partie antérieure est une tête de lion; c'est d'après un modèle analogue que le sculpteur d'Égine a composé le casque de l'Hercule du fronton oriental (fig. 3394)16. On trouve de môme le griffon sur les casques d'Athéna 19 et de Mars20, le sphinx (fig. 2575) et Pégase sur le casque d'Athéna2i, un aigle tenant un serpent dans son bec sur le casque d'un guerrier23, un aigle avec couronne sur le devant d'un casque romain, dont le revers et les paragnathides sont décorés de petites édicules (fig. 3405). Jusque dans le nord d'Europe, nous voyons les Cimbres orner leurs casques de mufles de bêtes sauvages 23, et le même usage se retrouve dans le moyen âge occidentale'. Au lieu d'animaux, on trouve aussi des êtres fantastiques, comme Scylla sur le casque d'Athéna (monnaies d'Héraclée et de Thurii, fig. 3474) 25, ou des sujets complexes, comme le quadrige au galop sur le casque de Massinissa 20 et les compositions à plusieurs personnages figurées sur le casque de Ménélas dans le groupe du Pasquino 27, sur le casque de bronze de Nicopolis au musée de Vienne 23. Ailleurs, c'est une tête humaine qui paraît sur le devant de la coiffe 29 ou sur le frontal 30 ; les graveurs de pierres fines se sont même amusés à réunir ainsi plusieurs têtes, l'une sur le devant, l'autre sur la partie postérieure du casque d'Athéna 31. Sur un petit vase de bronze très archaïque, en forme de tête casquée, qui a été trouvé près d'Olympie, les paragnathides sont décorées de figures de sangliers 32. La paragnathide d'un casque de géant, dans la frise du trésor ta forme d'une tête de che val33. Le Cabinet des médailles a reçu du duc de Luynes un casque avec paragnathide décorée d'un GAL 1451 GAL sphinx (fig. 3475)'. Un casque de Ruvo, à Carlsruhe, a des paragnathides en forme de têtes de griffon 2; un objet semblable, décoré d'une figure de griffon, a été découvert à Chypre 3. Nous citerons encore une belle figure de Scylla sur la paragnathide d'argent d'un casque en fer découvert. à Kertch', des paragnathides en forme de col d'aigle sur un casque étrusque de tête de bélier sur un casque de Locres 6. Dans le monument des Néréides à Xanthos, le casque d'un personnage offre une paragnathide ornée d'une tête de bélier en relief'; on distingue un animal courant sur la paragnathide levée d'un casque sur un vase de Douris 8. Les figures humaines sont plus rares; nous pouvons cependant alléguer une figure d'Ulysse sur une paragnathide en bronze du musée de Berlin et un buste de Minerve sur la paragnathide argentée d'un casque romain9. Enfin, une paragnathide découverteà Dodone présente l'aspect d'un profil humain 10. Une belle monnaie de Thurii, au type d'Athéna, offre un dauphin sur le garde-nuque du casque". Des ornements végétaux, en particulier des couronnes d'olivier, décorent le casque d'Athéna sur presque toutes les monnaies d'argent athéniennes; il en est de même en Campanie12 et à Syracuse13. Le Musée du Louvre possède un casque conique provenant de la Grande-Grèce, qui est entouré d'une couronne 'de laurier en or (fig. 2004). Le casque de l'Athéna Parthénos de Phidias, qui nous est connu surtout par la petite copie athénienne', par la pierre gravée d'Aspasios [GEMMAE, fig. 3522] t6 et par le IV. médaillon en or de Koul-Oba (fig. 3476)16, était décoré avec une merveilleuse richesse. « Le timbre du casque est bas et se prolonge par un couvre-nuque garni d'écailles; le cimier est formé de trois aigrettes, celle du milieu supportée par un sphinx, les deux autres, plus basses, soutenues par des Pégases ailés. Les garde-joues, relevés, sont décorés de griffons en relief, et au-dessus de la visière prend place une rangée de chevaux lancés au galop, qui se retrouve sur les monnaies attiques représentant la tête de la Parthénos 17 » Dans ces saillies latérales, encadrant le cimier, on a voulu voir ingénieusement une réminiscence des pltaloi de l'époque homérique (cf. p. 1442) i8. Les casques des Ptolémées, sur le camée Gonzague aujourd'hui à l'Ermitage '9 et sur le camée du Musée de Vienne 20, doivent être cités en terminant comme exemples du luxe et du goût avec lequel on comprenait, à l'époque hellénistique, la décoration des casques d'apparat. Une description en serait superflue [GEMMAE, fig. 3314]. XXXIII. 11 est certain que les casques, en dehors de leur usage à la guerre et comme ornement, ont été portés dans certains jeux 21 et offerts aux dieux à titre d'exvoto22. On est cependant allé trop loin23 quand on a voulu considérer comme agonistiques ou votifs les casques dont le métal semblait trop mince pour répondre aux nécessités pratiques. Les casques voués aux dieux, dont nous possédons plusieurs exemplaires avec inscriptions 2', étaient, en général, des pièces de butin prises sur l'ennemi et fixées sur des trophées26. D'autre part, l'usage de fabriquer des casques purement votifs est attesté par l'existence de spécimens qui sont trop petits pour avoir été portés26. Des casques en terre cuite ont été recueillis dans des tombes près de Tarente27 et un casque de la même matière faisait office de couvercle sur un ossuaire de Corneto 26, Il nous reste à dire que les casques servaient parfois à tirer au sort entre soldats29 et qu'on pouvait aussi, en cas de besoin, Ies employer comme vases à boire ou pour faire des libations30. Enfin, ils étaient attribués comme prix dans les jeux31 et sont figurés, en cette qualité, sur divers monuments représentant des combats 32. Au moyen âge également, le casque, regardé comme la plus honorable des pièces de l'armure, était donné pour prix dans les tournois et les pas d'armes; les autres genres de présents ne venaient qu'après 33. SALOMON REINACH.