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GLUTEN', glutinum 2 et plus rarement glus 1, Kda1.a 4 colle. On entend par ces termes non seulement la colle forte, appelée plus spécialement taupoxd).))a «gluten, glutinum taurinum) 6 et plus tard ;u),oxd),),x 7, mais aussi la colle de farine 3.
Il ne paraît pas certain qu'il soit fait allusion à l'emploi de la colle ni dans les poésies homériques, ni chez Hésiode 9. C'est dans Hérodote qu'il est nettement question pour la première fois d'une substance agglutitante appelée xdaari, au lieu de laquelle les embaumeurs égyptiens se servaient le plus souvent de gomme (x'i sut) pour enduire les bandelettes des momies '0. De quelle
espèce de colle l'historien veut-il parler ici? Nous ne savons ; car les anciens connaissaient la colle de gélatine
ou colle forte (rscupoxd),ia, ;u),oxd)3ce, gluten, glutinum facolla) t2 et la colle de farine (xdXX , glutinum volgare)1'.
On faisait remonter à Dédale l'invention de la colle forte et de la colle de poisson ". Le détail' de la préparation antique nous est inconnu; mais nous savons que la première se fabriquai t en faisant bouillir (excoquere, i'ttEty) des peaux de boeufs et principalement de taureaux11; la meilleure était celle que l'on préparait avec les oreilles et les parties sexuelles de ces derniers. Mais il paraît que des industriels 16 peu scrupuleux la falsifiaient souvent en employant aussi n'importe quelles vieilles peaux et même de vieilles chaussures ". Celle que l'on tirait de Rhodes était la plus belle et regardée comme la plus sûre, c'est pourquoi les peintres et les médecins la préféraient. Moins elle était colorée plus elle était estimée ; on faisait peu de cas de celle qui était brune et fibreuse".
La colle de poisson la plus recherchée provenait des régions voisines de la mer Noire et de la mer Caspienne, où vivent diverses espèces d'esturgeons (i,dpuyiot) dont la vessie natatoire sert encore aujourd'hui à fabriquer ce genre de colle. On vantait sa blancheur, sa limpidité, sa ténacité; elle séchait rapidement et, une fois sèche, devenait presque insoluble f9. Pour s'en servir on la faisait macérer dans de l'eau ou du vinaigre pendant un jour et une nuit après l'avoir concassée, puis on achevait de la dissoudre en la battant avec des cailloux de mer20.
La gélatine et la gomme ayant le défaut d'être cassantes, on préparait une colle plus souple avec la fleur de farine (yGts, rEu(Sa),tç, flos pollinis) délayée dans de l'eau chaude et additionnée de quelques gouttes de vinaigre. Un autre procédé, qui donnait une colle extrêmement fine, consistait à délayer dans de l'eau chaude de la mie de pain fermenté et à filtrer la liqueur ainsi obtenue. Cette colle ne s'employait que fraîchement préparée ; elle ne devait avoir ni plus ni moins d'unjour a1
Usages. On peut soupçonner que l'usage industriel de la colle forte et de la colle de poisson était assez étendu, mais, à ce sujet, nous n'avons que peu de renseignements. La première était très employée par les menuisiers pour l'assemblage des bois, le placage et les ouvrages de marqueterie. On s'en servait pour unir intimement les deux planchettes dont se composaient les boucliers des soldats romains. Pline cite comme une merveille les portes en bois de cyprès du temple de Diane, à Éphèse, restées quatre ans assemblées à la colle avant d'être posées et qui, après quatre cents ans, paraissaient encore neuves. L'emploi de la colle, dans ces divers
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genres de travaux, était limité à certains bois qui, en outre, devaient être un peu secs, car on avait remarqué de bonne heure que quelques espèces ne se laissaient lier par ce moyen ni entre elles ni avec d'autres'. On prisait fort dans la statuaire chryséléphantine la colle de poisson tirée des régions de la mer Caspienne [EBUR]2.
La colle de farine (et surtout celle de mie de pain) était préférée dans l'industrie du papier, dont elle ne diminuait pas la souplesse, pour encoller le papier,°faire adhérer l'une à l'autre les deux couches de bandes de papyrus dont se composait une feuille et pour coller bout à bout les feuilles dont on constituait des rouleaux
[MEMBRANA, PAPYRUS] 3. Les ouvriers chargés de la confec
tion des rouleaux et des livres étaient désignés par le nom deglutinatores. C'étaient généralement des esclaves: Atticus, l'ami de Cicéron, en avait un atelier chez lui 4.
En mêlant à la colle forte du noir de fumée ou en la pilant dans un mortier avec des charbons de sarments ou de copeaux de pin on faisait l'atramentum tectorium [ATRANENTURI]. La lie de vin calcinée et broyée avec de la colle donnait aussi un beau noir 5.
Les trois sortes de colles dont nous venons de parler entraient encore dans diverses préparations médicinales. La colle de peau (glutinum taurinum), dissoute dans de l'eau chaude, s'ordonnait, en boisson, contre les crachements de sang invétérés, en lavement contre la dysenterie 6 ; elle s'appliquait aussi en topiques : fondue, sur les plaies récentes faites par le fer 7; on vantait son efficacité contre les brûlures e ; bouillie dans l'eau, c'était un remède pour les dents, son application devait être suivie de l'emploi d'un collutoire fait d'une décoction d'écorces de grenades douces dans du vin 0 ; sa dissolution dans du vinaigre, avec addition de chaux, était recommandée contre la gale 10. Entre autres remèdes pour le traitement du lichen on cite une décoction de racine de guimauve avec de la colle forte et du vinaigre, bouillie jusqu'à réduction au quart ". La cendre de cette même colle servait de succédané à la spode (oxyde de zinc) " dans la préparation des collyres et des médicaments contre les ulcérations. On se procurait cette cendre en enfermant la colle dans un vase de terre crue qu'on laissait ensuite au four jusqu'à ce que la terre fût cuite
L'ichthyocolle, prise en boisson, passait pour soulager les maux de tête et les crampes'; elle s'employait en topique contre les plaies de mauvaise naturel' et pour faire disparaître les rides de la peau. A cet effet on la faisait cuire dans l'eau pendant quatre heures, puis on broyait et évaporait jusqu'à consistance de miel. Quatre drachmes de cette décoction, deux de soufre, deux d'an
chuse et huit de litharge arrosées d'eau et triturées ensemble, servaient à composer un enduit que l'on appliquait sur le visage quatre heures durant 'G. Pour guérir les brûlures causées par l'eau bouillante on préparait des emplâtres en incorporant à la colle de poisson de la cendre de grenouilles, et pour faire repousser les poils de la cendre d'écrevisses de rivière 17. Enfin on voit recommander même la colle à papier (farina chartaria), prise tiède, comme un remède efficace contre l'hémoptysie i6; on en faisait aussi des emplâtres f9. ALFRED JACOS.