Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

GLYRON

GLYICON. Serpent à tête humaine, adoré dans la ville d'Abonotichos, en Paphlagonie, sous le règne d'Antonin le Pieux. Cette divinité, présentée comme une incarnation nouvelle d'Esculape, avait été créée de toutes pièces par un thaumaturge, Alexandre, dont Lucien a narré les nombreuses fourberies dans un traité spécial' ; c'était un serpent apprivoisé, affublé, diton, d'une espèce de masque peint de façon à figurer une tête humaine sous une coiffure en crins de cheval'. La fraude réussit à merveille. Pendant un siècle au moins Glykon eut un culte, des prêtres et des dévots. On institua des mystères de Glykon avec des représentations qui mettaient en scène la naissance d'Esculape, celle de Glykon et l'union du devin Alexandre avec Séléné. Marc-Aurèle lui-même fit exécuter les prescriptions d'un oracle de Glykon 4. Un proconsul de la province d'Asie, Itutilianus, épousa la fille de l'imposteur et recueillit la prêtrise du dieu quand son beau-père fut mort 5. La véracité de l'incroyable roman, raconté par Lucien, est attestée d'autre part par des inscriptions en l'honneur de Glykon 6 et par des monnaies qui le représentent soit avec sa tête humaine 7, soit sous l'apparence d'un simple serpent 8. Nous avons reproduit plus haut [DRACO, fig. 2583] une intaille d'Antioche qui montre Glykon réuni à Esculape; son nom figure comme talisman sur une autre pierre gravée 9. On a voulu identifier Glykon avec le Deus amabilis d'une inscription de Rome i0; mais cette épithète pourrait convenir à un autre dieu H. E. POTTIER.