Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article GRADUS

GRADUS. Ce mot recevait, en droit romain, plusieurs acceptions différentes. 1. Il désignait la distance entre deux parents dont l'un descend immédiatement de l'autre'. On comparait ceux-ci aux personnes placées sur les différents degrés d'un escalier ou d'une échelle 2. En ligne directe, on comptait autant de degrés que de générations; ainsi, le père était séparé de son fils par un degré, par deux de son petit-fils (nepos), par trois de l'arrière petit-fils (pro-nepos); le fils de ce dernier, (abnepos) était au quatrième degré. On appelait COGNATI parents collatéraux, a latere, ceux qui, sans descendre l'un de l'autre, avaient un auteur commun. Ils étaient considérés comme placés sur des échelles différentes, s'unissant au même point, savoir la souche commune. Pour calculer entre eux les degrés de parenté, on partait de l'un des collatéraux, et l'on comptait les généra tions jusqu'à l'auteur commun, puis on redescendait de ce dernier à l'autre collatéral, en faisant le même calcul. La somme des degrés ainsi comptés de chaque côté formait la distance entre les deux collatéraux. On nommait aussi gradus 3 l'ordre suivant lequel un héritier était appelé ab intestat à la succession civile En matière d'hérédité testamentaire [TESTAMENTOM], le testateur pouvait établir, au moyen de la substitution vulgaire', plusieurs séries d'héritiers appelés à prendre la place les uns des autres en cas de défaillance. Celui qui, ne suppléant personne, était suppléé par d'autres occupait le premier gradus hereduln; ceux qui étaient appelés au défaut des institués formaient le second degré, les institués conditionnels ou substitués. Au point de vue du droit public, le mot gradus était souvent employé pour désigner le rang qu'une certaine classe de la société occupait dans l'ordre constitutionnel, par exemple le rang de chevalier gradus equestris ou la série ascendante des magistratures et des emplois publics élevés qui formaient la carrière des honneurs 6, cursus honorum. Enfin, on désignait par gradus l'ordre hiérarchique assigné aux membres du Sénat à Itome1, depuis le princeps senalus jusqu'aux pedarii, et aux sénateurs des villes municipales 8. Ce rang indiquait la préséance et déterminait le mode de votation. Gradus était aussi le nom d'une mesure de longueur, qu'on rencontre seulement chez les auteurs qui ont écrit sur la métrologie. Elle équivalait à la moitié du PASSUS (ou deux pieds et demi), qui était la mesure usitées. G. HUMBERT.