Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article GRALLATOR

GRALLATOR, l OEX(Axucov, xa1,ogOxTTIç. Nom que l'on donnait à un homme monté sur des échasses (xxX6PEOpx, grallae). On l'appelait encore calobathrarius. Les échasses étaient déjà connues au temps de Plaute'. Varron les définit très clairement « une paire de bâtons, sur lesquels est montée une personne qui les met en mouvement 2 ». Suivant une tradition, elles auraient été inventées par les acteurs qui jouaient des rôles d'Égipans dans les pièces du théâtre grec; adaptées à leurs pieds sous les attributs du costume mythologique, elles avaient l'avantage de figurer plus exactement les jambes minces et sèches du bouc, que la Fable attribuait à ces êtres monstrueux 3. Mais l'art d'évoluer sur des échasses (mi' ogxala) 4 fut aussi cultivé pour lui-même et il eut ses virtuoses parmi les faiseurs de tours qui parurent dans les jeux publics, au moins au temps de l'Empire; ce furent toujours des acrobates d'un ordre inférieur, qui risquaient souvent de s'estropier pour un très modique salaire 5. GRA 1646 -GRA Pollux mentionne des saltimbanques du même genre, qu'il appelle y67mveç ; ils se servaient de leurs échasses avec tant d'adresse qu'ils exécutaient en f ublic des figures de danse ; ils étaient vêtus d'étoffes transparentes, destinées sans doute à faire valoir la grâce de leurs mouvements'. Les grallatores ont été quelquefois confondus à. -tort avec les funambules [FUNAMBULUS] par suite d'une fausse étymologie; on a pris le mot xâ)`ov (bâton) pour le mot GRAIUMA (Ppz~tta). Poids du système attique cor respondant au tiers de l'unité de poids ou drachme (40r,366) et pesant par conséquent, 1sr,166 environ. Il n'était en usage que pour la médecine'. E. S. tous les collèges de magistrats étaient assistés dans leurs fonctions par des scribes ou secrétaires, ypau.tl.vrsiç, qui étaient chargés de la tenue des écritures incombant au collège. L'énumération de tous les ypatt.tuxTeïç, que l'on rencontre dans les inscriptions, dans les auteurs anciens et dans les lexicographes, serait très longue et fastidieuse. Nous nous bornerons à mentionner, à titre d'exemples, le secrétaire des archontes et les secrétaires du Sénat, auxquels il convient de faire une place exceptionnelle parmi les ypame.v'eiç, et sur lesquels nous reviendrons bientôt avec détails; puis, au ve siècle, le secrétaire des Hellénotames (ô ypa~t~aTEÛç (rwv `E) 'rlvoTatl.twv) 1, le secrétaire des trésoriers (ô yp. Twv Tatt.tù i) 2, le secrétaire des ]pistates des travaux publics (ô. yp. Twv É7CtTC2.Twv) 3, qui paraissent avoir eu encore une certaine importance; car le nom du secrétaire de chacun de ces collèges est gravé en tête des inscriptions pour permettre de discerner l'année où la pièce a été rédigée. Au Ive siècle, nous pouvons citer, dans la foule des ypau.11crat; auxquels un texte épigraphique fait allusion, Tot; des stratèges (ô yp. Twv rrpaTrly6iv)5, le secrétaire des directeurs des arsenaux maritimes (ô yp. Twv É7Ctt1.E)1tyr v Twv vE(Op(wv) le secrétaire des Onze (ô yp. 'rùv Ëvôex(x) 7, le secrétaire des inspecteurs de l'Emporion (ô yp. Tô'v i 7COp(au i7CtU.E).'t'ITCnv) 8, etc. Les plus petites magistratures (âp-z(ôta) avaient leurs secrétaires '. Lorsque la tâche qui devait incomber au secrétaire d'un collège n'était pas très lourde, un seul ypatIu.aTebç suffisait pour l'accomplir. Mais certains magistrats pouvaient avoir besoin de plus d'un collaborateur, et on leur donnait alors, soit un second secrétaire, soit un soussecrétaire. Dans une inscription trouvée au Pirée, il est question d'un collège de cinq membres, c'est-à-dire, suivant toute vraisemblance, des agoranomes, ou des métronomes, ou des sitophylaques, magistrats qui, en effet, étaient pour le Pirée au nombre de cing10, et ce collège, chargé de veiller à la bonne tenue du marché et de constater les petites contraventions, a un secrétaire désigné par le sort, un secrétaire choisi et un sous-secrétaire". Les ypaµE.aTeïç qui étaient vraiment de simples collaborateurs des magistrats, de vrais scribes ou greffiers, étaient-ils choisis par les magistrats eux-mêmes i2? Leur étaient-ils imposés? Les documents nous font défaut pour répondre nettement à cette question. Peutêtre n'y avait-il pas de règle générale. C'est ainsi que les textes nous parlent, tantôt de secrétaires tirés au sort (x)c pu'Toi), tantôt de secrétaires choisis (aiperui), tantôt de secrétaires élus (zEtpOTOVritoi), et même élus par l'assemblée du peuple. Eschine, avant de devenir un homme jouissant de privilèges que l'on n'accordait pas aux greffiers subalternes, et en particulier du droit de prendre leurs repas aux frais de l'État dans le Tholosf3. Ce qui prouve bien qu'il est impossible de rien préciser, c'est que, pour le même collège et dans la même inscription, Tdç ". On serait même presque tenté de croire que le plus estimé des deux est le secrétaire désigné par le sort. Une couronne est décernée à l'un et à l'autre; mais, si le fait ne tient pas au hasard de la gravure, on peut lire que la couronne est offerte au r.aripcoTdç par ses ao ctpgovTes, ses collègues dans l'exercice de la magistrature, tandis que, pour l'aépxToç, il n'y a pas de doute, il reçoit la couronne des magistrats, âpZovTeç. Les greffiers de profession et les sous-greffiers étaient loin de jouir d'une considération égale à celle qui entourait habituellement les magistrats. Il y aurait sans doute exagération à dire qu'on appliquait à tous les épithètes de scélérat (d),oOpoç)' de propre à toutes les mauvaises actions (rxvoupyoç) ", et autres analogues, que Démosthène prodigue à Eschine, lorsqu'il parle du temps où son adversaire était y pau errE6S. On ne doit pas non plus généraliser ce que le même orateur dit de la facilité avec laquelle, pour deux ou trois drachmes, on pouvait corrompre Eschine t7. Mais ces greffiers professionnels, ces scribes, étaient souvent des esclaves publics (3mi.ciosce) ou des affranchis Se; ceux mêmes qui étaient de condition libre appartenaient aux classes les plus humbles de la société athénienne. On voyait en eux, non pas des collaborateurs des magistrats, mais des agents subalternes, des salariés, des serviteurs (û7trip Tat), et leur considération devait naturellement en souffrir". Eschine, devenu l'un des grands hommes d'Athènes, s'indignait lorsqu'on rappelait devant lui qu'il avait été ypxu.t,.nTEt1g". Et, cependant, par la force même des choses, les ypatp.tt.aTECS de profession devaient exercer une réelle influence sur la marche du gouvernement. Leur science du droit, l'expérience qu'ils avaient acquise dans l'exercice de leurs fonctions, leur assuraient presque toujours, pour l'expédition quotidienne des affaires, une supériorité marquée sur des magistrats qui pour la première fois entraient en charge. Ce que l'on voit dans nos admi 16-17 GIIA Glaukippos, en 410 (ol. 92, 3), le premier secrétaire du Sénat fut Kleigénès d'Hala 8 ; on trouve, en outre, Philippe, secrétaire pour la tribu OEnéide 9, Lobon, secrétaire pour la tribu ilippothontide 10, Sibyrtiadès, secrétaire pour la tribu Léontidell, et peut-être un cinquième secrétaire pour la tribu Érechthéidei2. En 39i (ol. 96, 3), Aristokratès est secrétaire pour la tribu Égéide i3, Platon pour la tribu Pandionide !4, etc. Chaque tribu exerçant la prytanie a donc son secrétaire particulier, distinct du secrétaire des autres tribus. Nous avons dit, en second lieu, que ce secrétaire, bien qu'il fût membre du Sénat, n'appartenait pas à la tribu pour laquelle il remplissait les fonctions de secrétaire. Il suffit, pour s'en convaincre, lorsque, ce qui n'arrive pas toujours, le nom du dème auquel appartient le secrétaire est indiqué, de rapprocher ce démotique de la tribu qui exerce la prytanie ; le dème fait partie d'une autre tribu. Nikophanès de Marathon appartient à la tribu 1Eantide, et il est secrétaire pour la tribu Cécropide 15. Diognès de Phréar est de la tribu Léontide, et il est secrétaire pour la tribu Acamantidei5. Proklès, fils d'Atarbos, est secrétaire de la tribu Ilippothontide, à laquelle est étranger le dème d'Évonyme dont il fait partie 17. Il en est de même au commencement du ive siècle. En 394 (ol. 96,3), sous l'archontat d'Eubulidès, Aristokratès, du dème de Képhalé, qui est de la tribu Acamantide, est secrétaire de la tribu Égéide1e. La même année, Platon, du dème de Phlya, qui est de la tribu Cécropide, est secrétaire de la tribu Pandionide 19, etc. Nous sommes donc autorisé à dire que le Sénat, au commencement de chaque prytanie, désignait, pour remplir les fonctions de secrétaire pendant la durée de cette prytanie, un sénateur pris en dehors des prytanes. Quel était le titre exact de ce secrétaire? Plusieurs historiens pensent qu'il s'appelait officiellement b x«rx seule inscription dans laquelle il porte ce titre. La restitution conjecturale, sur laquelle repose cette opinion, n'a pas rencontré d'adhésions nombreuses. Elle a été jugée peu vraisemblable, et presque tous les auteurs disent qu'il était simplement qualifié secrétaire du GRA nistrations publiques, où des chefs nouvellement arrivés subissent fatalement la loi de leurs bureaux, se produi sait à Athènes. Les ypatt.tt.x'r Tç savaient exactement ce que les magistrats pouvaient en partie ignorer, quelles étaient leurs attributions légales et comment ils devaient en user. On avait bien essayé de paralyser cette influence quelquefois abusive, de remédier à ce que nous appelons aujourd'hui le mal de la bureaucratie, en défendant aux ypau.tt.xre ç de rester deux années de suite dans le même poste'. Mais un secrétaire de profession, au bout de quelques années, et après avoir été successivement attaché à plusieurs magistratures, revenait forcément à ses emplois antérieurs, et, pour peu qu'il fût laborieux et intelligent, son influence devait être plus grande encore, parce qu'il avait l'expérience, non plus d'un seul service, mais de beaucoup de services publics. On le vit bien, à deux reprises, à la lin du ve siècle, lorsqu'une revision générale des lois parut nécessaire. Avant et après le gouvernement des Trente, ce fut à un ypatt.tt.xrEéç, à celui que les historiens appellent le scribe Nicomaque, que fut confiée une oeuvre si compliquée et si délicate. S'il faut ajouter foi au témoignage de ses ennemis 2, la façon dont il s'acquitta de son mandat a pu contribuer au mauvais d'Athènes, la place d'honneur appartient incontestablement aux secrétaires du Sénat, dont quelques-uns, nous dit Aristote °, furent des hommes éminents dans la république. Malheureusement, l'histoire de ces secrétaires du Sénat est pleine d'obscurités et il n'est presque pas un point sur lequel l'accord soit établi entre les historiens. Pour exposer aussi clairement que possible l'état actuel de nos connaissances sur les yp«t,.pxrctç 'r ç [.3ou),-iiç, il faut adopter un ordre chronologique, basé sur les témoignages des inscriptions. 1. A la fin du ve siècle et pendant les trente premières années du ive siècle, le Sénat avait un secrétaire, dont les fonctions duraient autant qu'une prytanie, sans que, cependant, il fût membre de la tribu à laquelle appartenaient les prytanes. Ce secrétaire était pourtant lui-même sénateur. Il y avait donc, chaque année, plusieurs secrétaires du Sénat, en principe autant de secrétaires que de prytanies. Ce qui le prouve bien, c'est d'abord la formule par laquelle, dans les inscriptions, sont datés beaucoup de décrets du Sénat : Décret du Sénat qui eut pour pre mier secrétaire un tel, 'E7rl T7~ç Bou),liç (b ôEtva) tpwroç ÉypZtf.tt.xTEUE 5. C'est ensuite la mention de secrétaires différents, dans des décrets que les épigraphistes rapportent à la même année, mais qui ont été votés dans des prytanies différentes. Ainsi, sous l'archontat de Dioklès, en 409 (ol. 92,4), Nikophanès de Marathon fut le premier secrétaire du Sénat pour la tribu Cécropide 6, et Diognès de Phréar fut secrétaire pour la tribu Acamantide 7. L'année précédente , sous l'archontat de Aristote dit qu'autrefois le secrétaire du Sénat était élu et que Ilélection portait sur les sénateurs les plus distingués par leurs mérites et les plus dignes de confiance; mais, comme la plupart des autres magistrats, il finit par être désigné par un simple tirage au sort". Les attributions du ypCt12.11.ZTEUç TŸ)ç oua'r)ç sont indi quées dans beaucoup d'inscriptions. C'est lui qui a la direction et la surveillance des sacrifices offerts pour le Sénat et pour le peuple. C'est lui qui dresse les procèsverbaux des séances du Sénat et de l'Assemblée. Son nom sert, sinon à dater les décrets, au moins à leur donner l'authenticité. C'est lui qui est chargé de faire graver ces décrets sur des stèles de pierre, pour qu'on GRA 1648 --GRA puisse les afficher, soit sur les murs de la ville soit dans le Bouleutérion 2. C'est lui qui doit faire retranscrire ou regraver les monuments législatifs, lorsque, le texte en est altéré 3 ou devenu illisible 4. D'autres inscriptions nous disent qu'il doit avoir entre les mains une liste aussi complète que possible des noms des triérarques° ; qu'il effacera, en présence des prytanes, les noms des otages et des cautions que les Sélymbriens ont dû fournir après la prise de leur ville par Alcibiade, en 409 6. La surveillance du Métrôon et la garde des archives de l'État devaient aussi rentrer dans les attribu A côté du secrétaire du Sénat, du ypxp.peurEÛç Tris j3ouX-71ç, n'y avait-il pas, dès le v° siècle, un autre secrétaire, ce secrétaire, dont parle Aristote ', qui ,était élu par le peuple et dont les fonctions se bornaient uniquement à donner lecture au Sénat et à l'Assemblée des pièces et documents qui devaient leur être communiqués? A semble bien que Thucydide a en vue ce secrétaire, et qu'il nous le montre dans l'exercice de ses fonctions, lorsqu'il nous dit qu'une lettre, apportée par les messagers de Nicias, fut lue, au peuple assemblé, par le ypap.uxTaûç T-iiç r6Àewç 6. Tel est, en effet, l'avis de beau coup d'historiens, M. de Wilamovvitz-Méllendorf °, M. Curt Wachsmuth f0, M. Max Freenkel M. Busolt 12 Mais, même depuis la découverte de I"AOr,vatnv 11o)itta(x d'Aristote, quelques savants persistent à croire que le secrétaire dont parle Thucydide n'est pas un personnage distinct du secrétaire du Sénat et qu'il n'y avait réellement alors qu'un seul secrétaire '3. u. Sous l'archontat de Nausigène, en 368 (ol. 103,1), le secrétaire du Sénat change encore à chaque prytanie''. Mnésibule est secrétaire de la tribu Cécropide pour la première prytanie, et Moschus de Cydathénée de la tribu FEantide. Cinq ans plus tard, sous l'archontat de Charikleidès, en 363 (ol. 104, 2), le secrétaire du Sénat reste en fonctions pendant l'année tout, entière. Nicostrate, du dème de Pallène, est secrétaire, pour la deuxième prytanie, de la tribu Acamantide, et, pour la sixième, de la tribu OEnéide15. C'est donc entre 368 et 363' que le changement s'est produit. Mais bientôt, à côté du ypxp zirEi); Triç (3oo)dIç, qui reste en charge pendant une année, apparaît un autre secrétaire, le secrétaire de la prytanie, le ypaNtuc reûç xxTx, 7rpuTxve(av, qui est l'un des prytanes et qui naturellement n'a de fonctions que pendant la durée de la prytanie à laquelle il appartient. Ce qui prouve bien qu'il est un des prytanes, c'est l'examen des décrets par lesquels les prytanes sortant de charge votent des félicitations à leur secrétaire. Les pu),iTxt de la tribu rEgéide ont eu pour secrétaire Antisthène, du dème de Tithras, faisant partie de la tribu ./Egéide 16. Ceux de la tribu Léontide ont eu pour secrétaire Apollophane, du dème de Kettos, faisant partie de la tribu Léontide 17, etc. Voilà donc simultanément en fonctions deux secrétaires, le secrétaire du Sénat" et le secrétaire des prytanes. C'est dans un décret, dont la date oscille de338 à 333, que l'on trouve, pour la première fois, bien nettement opposés l'un à l'autre, le ypap.p.9tTaûç T7jç (3ou),;ç Nous venons d'exposer, d'après de nombreuses inscriptions, monuments d'une autorité incontestable, le droit qui était, presque certainement, encore en vigueur à l'époque où Aristo te écrivit son histoire, naguère re trouvée, de la Constitution d'Athènes. La dernière date citée par Aristote est celle de l'archontat de Céphisophon en 329 (ol. 112,4), et les inscriptions nous conduisent jusqu'en 322 (ol. 114,3) sans nous révéler aucune innovation. Il semblerait donc naturel de trouver, dans le passage où Aristote traite des secrétaires du Sénat, les deux secrétaires dont nous avons parlé, le ypxup..TEÛç T7,ç (3ou), et le ypap.p.aTeûç xarle Fi.u'rasisfu.v. Eh bien ) en réalité, Aristote nous dit que le Sénat a pour auxiliaires trois secrétaires : 1° le ypaEu.x-raJ x3T2'. îrpu'rave(xv, qui est désigné par le sort, qui, assiste aux séances du Sénat, qui a la direction des écritures du Sénat, qui est préposé à la garde des archives, et qui contrôle tout ce qui intéresse le Sénat; 2° le ypap.p.aTeûç ilti 'roûç vdp.so;, qui est également désigné par le sort, qui assiste également aux séances du Sénat, et qui copie toutes les lois; 3° un secrétaire, qui est élu par le peuple, et dont la seule mission est de donner lecture au Sénat et à l'Assemblée des pièces qui les intéressent20 On peut, assez facilement, reconnaître dans ce dernier secrétaire le ypap.p.xTt); tif; 7t6)($mç, que nous avons ren contré, au v° siècle, dans Thucydide, et qui a continué à exercer ses fonctions électives pendant tout le ive siècle. Ces fonctions étaient si limitées et de si peu d'importance que les historiens et les textes épigraphiques l'ont habituellement passé sous silence. difficultés, bien qu'il soit à peu près certain pour nous qu'Aristote applique à ce secrétaire des observations qui ne sont vraies que pour le ypapp.zre) ç T71ç [3ou)4r,ç du v° siècle. C'est de ce dernier seul qu'on peut dire qu'il a été autrefois élu et que l'élection portait sur les citoyens les plus illustres et les plus dignes de confiance. Le ypxp.lA.aTEÎ)ç x c l TpuravEiav a toujours été tiré au sort parmi les prytanes. Mais qu'était-ce que le ypxu.i,.xTavç Irri Toû; vôp.ouç d'Aris tote? L'historien d'Athènes a-t-il désigné sous ce nom le secrétaire annuel du Sénat, celui qui va bientôt se eu, au temps même où Aristote a écrit son petit livre, un quatrième secrétaire, dont la carrière a été de très courte durée? Il n'est pas possible de confondre le ypap. ypâp.y.aaty mentionnés dans une inscription que l'on rattache aux olympiades 103 ou 1062'. Il pourrait plus GRA 1619 GRA facilement être identifié avec un fonctionnaire qui figure dans une inscription de l'année 343 (01. 109, 2), sous cette simple indication : E7ct "Cà. 11etFm(5'tu.xr21. Mais il fau drait alors rechercher ce que devint, pendant l'existence de ce magistrat, le vrai secrétaire du Sénat. Le texte d'Aristote soulève, comme on le voit, des questions qui nous paraissent actuellement insolubles, en face des renseignements fournis par les recueils d'inscriptions. Pour nous, s'il faut choisir entre Aristote et les monuments épigraphiques, nous nous attacherons de préférence à ces derniers. dont l'identification est à peu près certaine, la décou verte de l'ABrtva()v 7CO).tTe(3 a fait surgir un autre pro blème. On avait toujours dit que le tirage au sort de ce yFy.u.xTef)ç avait lieu par les soins du Sénat. Pollux, qui a puisé ses renseignements dans Aristote, le déclare expressément : ce fonctionnaire est x)cq(oOElç irnb 'ri (3oua'riç 2. Et voilà que du texte original d'Aristote il résulte que c'est le peuple qui fait le tirage au sort 31 Il y aurait même eu un temps où ce ypau!.aTEbç xaT c 7CpuTavc(av aurait été l'élu du peuple ! Nous avons déjà dit ce que nous pensons de ce dernier renseignement. Mais l'objection ne porte pas sur le premier, le tirage au sort parle peuple. M. de Wilamowitz-Mùllendorf attache une grande importance à ce fait tout nouveau de l'intervention du peuple dans la désignation du secrétaire. Il le considère dès maintenant comme parfaitement établi 4. Nous serons moins affirmatif que lui et nous ne le suivrons pas dans les déductions qu'il en tire 5. ment pour but d'alléger les fonctions du ypap,N.aTEb; TŸl; 0u)cr,ç, fonctions devenues très lourdes, depuis qu'elles étaient annuelles. Aussi peut-on constater un partage, entre les deux secrétaires, des anciennes attributions du secrétaire du sénat. C'est le ye2p.paTEb; T11; (iou),riç qui con tinue à dresser les procès-verbaux des séances. Son nom figure toujours en tête des décrets, avec l'ancienne bien que cette formule ne soit plus en harmonie avec le nouvel état des choses et paraisse, à première vue, mieux convenir au secrétaire qui change de prytanie en prytanie, c'est-à-dire au secrétaire des prytanes. Mais, par com pensation, c'est le ypatp.arcbç b xcTà 7couravE(av qui a, concurremment avec le trésorier des prytanes, la direction des sacrifices offerts au commencement des séances du Sénat et de l'Assemblée du peuple 6. Quant à la publication des décrets par la gravure sur des stèles et par l'affichage, jusqu'en 340, le secrétaire du Sénat seul en est chargé; mais, à partir de cette époque, mandat est souvent donné à cet effet au secrétaire de la prytanie et, plus on avance, moins souvent on rencontre le secrétaire du Sénat. M. Hartel, qui a patiemment relevé tous les cas dans lesquels on rencontre soit l'un, soit l'autre des secrétaires, s'est demandé s'il y avait une règle présidant à cette répartition, ou si la décision était due au hasard, et il n'a pas pu donner de réponse'. On trouve même des cas dans lesquels la publication d'un décret est ordonnée, sans que le texte dise quel secrétaire en sera chargé. Enfin, au témoignage d'Aristote, c'était le secrétaire des prytanes qui était le véritable garde des archives publiques de l'État, de ces archives dont la clef était chaque jour, honoris causa 3, remise à l'Épistate. ni. En 322 ((M. 114, 3), sous l'archontat de Philoklès, on trouve encore le secrétaire annuel du Sénat. Euthygène, fils d'Héphtestodore, du dème de Céphise, est secrétaire successivement pour la tribu OEnéide et pour la tribu Érechthéide 3. Mais, dès l'année suivante, en 321 (el. 114,4), à la place qu'il occupait habituellement dans les inscriptions, nous voyons figurer un ctvuypapcu;. C'est le nom d'un âvaypamn; qui est cité dans l'intitulé des décrets : de faire graver sur des stèles les décrets du Sénat et de les exposer dans l'Acropole 11. C'est à un xvaypameû; que le Sénat adresse des éloges pour le soin avec lequel il a exécuté des tâches qui, autrefois, incombaient au secrétaire annuel du Sénat t2. Qu'est-ce que cet âvaypamenç? Est-ce un troisième secrétaire, qui se superpose au secrétaire annuel du Sénat et aux secrétaires mobiles des prytanes, pour alléger leurs tâches f3 ? Est-ce simplement l'ancien secrétaire du Sénat que l'on va maintenant désigner sous un titre nouveau'? Les deux opinions ont des partisans. Les vraisemblances nous paraissent toutefois en ce sens que 1'âvaypapeuç est l'ancien secrétaire annuel du Sénat. Pendant toute la période durant laquelle existe l'âvaypcep€t, on ne trouve plus de mention du ypap s.zTeiç Trl; (3ou),-7i;. Que serait-il donc devenu? Quelles attributions aurait-il donc conservées? Ce qui est vrai, c'est que les inscriptions continuent à parler d'un secrétaire de la prytanie ; mais ce ne peut pas être à l'ancien secrétaire annuel que cette formule est appliquée. Il est notable, en effet, que ce secrétaire, lorsque le nom de son dème est indiqué, appartient toujours maintenant à la tribu qui exerce la prytanie. C'est donc le secrétaire des prytanes. Nous sommes au torisé à en conclure que, au moment où le ypaN.It.aTebç Trlç (3ou)A7qç achangé son titre contre celui d'âvaypamev;, une nou velle partie de ses anciennes attributions a été transférée au secrétaire des prytanes, et que ce dernier a été chargé de la rédaction des procès-verbaux des séances 15. Iv. A partir de l'année 307 (ol. 118,2), le secrétaire annuel du Sénat ne porte plus le titre d'ctvxypapEU;; il reprend son ancien titre de ypap.lt.arEbç 'r 1ç (3ou1i1s, en y ajoutant, comme l'avaient fait déjà, mais à titre exceptionnel, quelques-uns de ses prédécesseurs : xal. Tou S-itou. Sa désignation officielle et. régulière est maintenant : secrétaire du Sénat et du peuple. Mais, par brièveté, on l'appela souvent : secrétaire du peuple, ypap La coexistence, à la fin du Ive siècle et au commencement du me siècle, du secrétaire annuel et du secrétaire GRA 4656 GRA des prytanes est attestée par plusieurs inscriptions. Nous en citerons seulement une qui rappelle que des et qui charge de l'exécution du décret le ypap.p,aTEb; xcTl. Le secrétaire des prytanes ne restait naturellement en charge que pendant le temps durant lequel sa tribu jouait un rôle actif; il cédait la place au secrétaire de la prytanie suivante. Comme il y avait alors, grâce à Démétrius Poliorcète, douze tribus et non plus seulement dix, il y avait forcément, chaque année, douze secrétaires des prytanes. Ils se succédaient de mois en Sp.oo était nommé pour l'année tout entière. En 303 (ol. 119, 2), Diophante, fils de Dionysodore, du dème de Phégousia, figure dans les inscriptions comme secrétaire pour la Se, la 10e et la 12e prytanie 2. Le secrétaire du Sénat et du peuple a, d'ailleurs, re couvré l'ancien privilège du ypapp.aTEb; (louav;ç : c'est lui qui rédige les procès-verbaux; c'est son nom qui figure dans l'intitulé des décrets. A partir de l'archontat d'Eubule II, dont la magistrature doit être probablement datée de l'une des années 276 à 272 (ol. 126-127), on rencontre plusieurs fois, dans les 'décrets du Sénat, un sous-secrétaire ou û71oypap.112tTE2k 3. Dans une inscription, les pu),ÉTat votent des félicitations et des remerciements à leur yeau.p.aTEé;, chement de ces personnages autorise à penser que le sous-secrétaire était, non seulement un homme de condition libre, mais encore un citoyen honorable. Dans une autre inscription, si l'on admet la restitution de M. Kahler, le nom de l'ûaoypauuaTEé; est suivi de l'indication du dème auquel il appartient : Protoménès, du dème d'Ita preuve qu'il était citoyen, et ce Protoménès d'Ita fut plus tard archonte polémarque S. Rien ne permet toutefois de prétendre que l' ncoypau i.otTEéç fût membre du Sénat. Dans une inscription datée de l'archontat de Métrophane et qui nous fait descendre jusqu'à l'année 130 avant notre ère (ol. 162,3) 7, on trouve un âv7typacpE, dont le nom figure en tête d'un décret, à la suite du nom du secrétaire du Sénat pour la prytanie 8. Dans une autre inscription, l'üvTtypapEé; est cité après le secrétaire du Sénat et du peuple 9. S'agit-il, dans ces inscriptions de l'âvTtypapEb; T ç f ou))7i; ou contrôleur du Sénat, dont nous avons parlé au mot ANTICRAPnEus 702 Est-ce un personnage d'un ordre moins élevé, dans lequel il faut se borner à voir un secrétaire du Sénat, adjoint au secrétaire proprement dit pour l'assister dans sa tâche"? M. de Wilamowitz-Môllendorf croit que, soit au temps d'Aristote, soit ultérieurement, les âvTtypapEi; n'ont jamais été que des fonctionnaires subalternes, de véritables û7c71ps'at f2. On sait qu'Athènes conserva, longtemps après la soumission de la Grèce aux Romains, ce que Pline appelait reliquam umbram et residuum libertatls nomen 13. Le Sénat continua a siéger, sans avoir d'attributions bien importantes, et l'on a des preuves de son existence même au Ive siècle de notre ère 14. Ce Sénat, si peu lourde qu'ait été sa tâche, a eu, jusqu'à la fin, comme à l'époque classique, des ypap,p.aTsi;, et presque tous ces secrétaires ont conservé, sans modification, les titres qu'ils portaient au temps de Démosthène. A la fin du ne siècle de notre ère, on rencontre fréquélnrnent, dans les inscriptions, le ypap paTEb; ou),'r",ç 15, appelé aussi en outre, un ypauucTEbç (3ou),EUTCÛV 20, qui ne doit être con fondu avec aucun des secrétaires précédents pour deux raisons : d'abord, on le trouve cité dans des inscriptions où figurent tous les autres secrétaires ; en second lieu, il est en dehors des âict'o(, tandis que tous les autres ,jouissent de ce privilège. On rencontre aussi un personnage ainsi désigné : b 7rEp. Tb pu.a21. Bôckh a démontré que l'b =pi Tb (3-iea est un secrétaire; car, dans une seule et même inscription, un citoyen est tout à la fois ypap.p.cTEu; et =El Tb gua. D'un autre côté, partout où on le rencontre dans la liste des â etro(, le ypapp.a'EÛç xa7â 7reuTavE(siv fait défaut. On a pu en conclure légitimement que ces deux fonctionnaires sont identiques z2. Les décrets portent comme autrefois : 'E7rl'r ; cipuravE(aç rI b âeiva Eypaup,aTEt1523. Dans un de ces décrets, le magistrat ainsi désigné est précisément l'b 7rEpl Tb ft ua, que nous venons d'identifier avec le ypau.p.a:Eb; xctx 7ipuTavE(av. L'inscription est du temps de Septime-Sévère. Elle autorise à dire que les procès-verbaux des séances étaient, à cette époque, rédigés par ce ypap.uxTEb; xcT des Thesmothètes n'était pas plus que le secrétaire du Sénat un secrétaire de profession. Nous connaissions déjà ce fonctionnaire par Pollux et par les scholiastes d'Aristophane 24 ; mais nous ne savions pas trop comment il était nommé. On avait bien observé que le nombre des archontes ne correspondait pas à celui des tribus et l'on s'était demandé comment le tirage au sort de neuf magistrats, à raison d'un par tribu, tirage affirmé par quelques historiens 20, pouvait se concilier avec l'existence de dix tribus. M. Sauppe proposa d'abord l'explication suivante : Le tirage au sort, qui, tous les ans, fixait l'ordre dans lequel les tribus seraient rangées, déterminait quelles tribus fourniraient les archontes. Les neuf premières en fournissaient chacune un. La dernière n'était pas, cette année-là, représentée dans le collège 2s. Plus tard, le même savant émit cette idée que l'on prenait dans la dixième tribu, pour la dédommager de ce qu'elle n'avait pas d'archonte, l'hiéromnémon, qui devait, au nom d'Athènes, siéger dans le conseil des Amphictyons 27. M. Télfy avait été mieux inspiré. S'appuyant sur les scholiastes d'Aristophane, il avait écrit que le ypap.p.cTEG; dont parle Pollux était probablement GRA 1651 GRA le secrétaire du collège tout entier, et qu'il était une sorte de dixième archonte, pris dans la dixième tribu, si bien que toutes les tribus étaient représentées dans le collège'. M. Schômann déclara inadmissible l'opinion de M. Télfy, parce qu'elle faisait dire aux scholiastes ce qu'ils ne disent pas en réalité, comment était choisi le 7to).tTEia d'Aristote, le problème est maintenant résolu. Le Yeau.p,«TEÛç dont parlaient les anciens n'était pas, comme l'a cru M. Télfy, le secrétaire du collège des neuf archontes ; c'était le secrétaire des Thesmothètes. Les autres, l'éponyme, le roi et le polémarque, avaient chacun deux 7r4e pot, qui les assistaient dans l'accomplissement de leur tâche. Mais le secrétaire des Thesmothètes était bien, comme l'avait deviné M. Télfy, le représentant de la dixième tribu : « On tire au sort, dit Aristote, le collège des neuf archontes ; ce collège comprend les six Thesmothètes et leur secrétaire, l'archonte, le roi et le polémarque ; chaque tribu fournit à tour de rôle l'un de ces magistrats. » Il y avait toutefois, malgré la communauté d'origine, une différence entre les neuf archontes et le secrétaire des Thesmothètes. Les archontes étaient soumis à une double ôoxtp.«alx, la première devant le Sénat, la seconde devant les héliastes 3, tandis que le ypa zi.aTE6ç des Thesmothètes était, comme presque tous les magistrats, examiné par le tribunal seulement. E. CAILLEMER.