Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

GYMNASIARCHIA

GYMNASIARCIIIA. La question de la gymnasiar chie est une des plus obscures que soulève l'histoire des institutions grecques. Les préposés aux gymnases surveillaient au nom de la cité les jeunes gens qui s'y exerçaient, ou bien préparaient à leurs frais des concours et des fêtes ; selon le lieu et le temps, ils pouvaient être magistrats ou liturges ; tandis que les uns étaient investis par la ville ou par une tribu, las autres, souvent dans la même ville, représentaient des associations ou des collèges. Pour Athènes on peut essayer de classer et de décrire les différentes gymnasiarchies que révèlent les documents ; pour les autres villes, il faut se contenter de présenter des types de gymnasiarchies avec des tableaux synthétiques de leurs attributions. A Athènes et dans ses dépendances. I. A la belle époque d'Athènes, la gymnasiarchie était une liturgie annuelle 1, une de celles qu'on imposait aux plus riches à tour de rôle et qu'on appelait yxux),(ou; ).scroupy(x; 2. Le gymnasiarque représente sa tribu 3 dans une course aux flambeaux : quand il est vainqueur, son nom est proclamé après celui de la tribu , et c'est à la tribu d'honorer comme il convient celui qui lui a fait honneur '. IV. Le gymnasiarque est donc désigné par les membres de sa tribu, qui tous savent son nom °. Encore faut-il que la république l'agrée par l'organe du magistrat chargé d'organiser toutes les lampadédromies, l'archonte-roi'. Il n'y a aucune contradiction entre les textes qui attribuent la nomination des gymnasiarques au roi et ceux qui la font dépendre de la tribu : celle-ci dresse une liste de proposition (pape;) 8 ; celui-là choisit un nom. Les gymnasiarques ne sont pas élus à mains levées, ils sont )prlpt.Évot 9. On comprend ainsi comment il peut encore être question des dèmes dans leur désignation. Les épimélètes de la tribu, que le roi chargeait de trouver des titulaires pour chaque gymnasiarchie, les demandaient aux dèmes de la tribu 10. Les obligations du gymnasiarque ne sont pas bien connues. Les grammairiens confondent volontiers le gymnasiarque public de la belle époque avec le gymnasiarque éphébique de l'époque romaine. Ils parlent d'huile à fournir pour les exercices gymnastiques 11 : c'étaitune des charges qui incombaient au gymnasiarque, mais une des moindres. La principale était la préparation d'une lampadédromie. Le peuple athénien avait le goût le plus vif pour ces courses12 [LAMPADEBBOMIA]. Il en existait de temps immémorial 13 aux Panathénées et aux fêtes des dieux du feu, Héphaistos et Prométhée; on en institua une nouvelle pendant les guerres Médiques en l'honneur de Pan 14 ; une autre, qui avait lieu au Pirée pendant les Bendidies 12, se fit à cheval vers l'époque de Socrate1G. Chaque gymnasiarque était délégué à la préparation d'une seule lampadédromie. Les inscriptions nous montrent les gymnasiarques en fonction pendant les Panathénées f7, la fête d'Héphaistos 13 et celle de Prométhée"; les lexicographes les font encore intervenir dans la fête de Pan 2° ; mais ils n'ont jamais participé aux Anthestéries ou aux Hermaia 21. Le gymnasiarque est le chef des lampadéphores. Quand sa troupe consacre le flambeau, prix de la victoire", son nom précède 23 ou remplace 24 tous les autres dans les dédicaces, et les lampadéphores lui votent des hommages comme à un supérieur23. C'est lui qui recrute les champions de sa tribu, leur cherche des instructeurs, les nourrit pendant la période des exercices, les pourvoit des accessoires nécessaires 2°, torches et porte-flambeaux 27. Pour certaines lampadédromies, sinon pour toutes, la dépense était double : il fallait présenter une iii GYM 1676 GYM troupe d'enfants et une troupe d'hommes'. Peut-être le gymnasiarque avait-il encore à illuminer le stade, puisque la course aux flambeaux se faisait de nuit'. Vainqueur, il avait à consacrer aux dieux un monument de sa victoire. La gymnasiarchie ne pouvait donc convenir qu'aux grandes fortunes 3. Au ve siècle, elle fut exercée par Nicias' e t Alcibiade 5. Au début du ive siècle, la dépense d'un gymnasiarque pour la fête de Prométhée s'élevait à un total de douze mines Isée 7 range la gymnasiarchie parmi les liturgies les plus coûteuses; Aristote 8 la flétrit comme onéreuse aux particuliers et inutile à l'État. Doit-on admettre qu'un personnage dont le nom implique la direction des gymnases ait pour toute fonction l'organisation d'une course? On a souvent prétendu que la gymnasiarchie n'est qu'une lampadarchie ° : c'est la définition qu'en donne un lexicographe: yuti.v«st«E7ot, o) courses aux flambeaux ne pouvait pas être sans rapports avec l'administration des gymnases. Pour recruter, com mander, exercer tout un personnel de yu!Jv26tCW.015 J.EVOt 11, il fallait bien certains droits dans les gymnases et les palestres". On avait besoin, en tout cas, de pouvoirs disciplinaires. Ce n'est pas un gymnasiarque assurément qui chassa du Lycée le sophiste Prodicos, coupable d'avoir tenu devant les jeunes gens des propos inconvenants 13 ; mais, à la fin du ive siècle, Télés 1. représente les éphèbes tremblants devant le fouet du gymnasiarque. II. La détresse matérielle qui accompagna la décadence politique sous l'hégémonie macédonienne transforma chez les Athéniens bien des institutions agonistiques. Si la gymnasiarchie ne disparut pas, elle dut se modifier. Contribuer au luxe extraordinaire des grandes fêtes, c'était moins urgent que d'exonérer la république et les particuliers d'une dépense lourde et quotidienne. On demanda aux fortunes privées des largesses utiles. Tel est le caractère commun aux deux gymnasiarchies qu'on distingue à l'époque de la domination romaine, l'une publique ou politique et l'autre éphébique 15. 1° La gymnasiarchie publique est-elle devenue magistrature ou continue-t-elle d'être une liturgie? Les documents ne fournissent pas de réponse certaine. Mais il n'y a pas lieu à un second magistrat à côté du cosmète, collaborateur constant du gymnasiarque : ce per sonnage, dont les attributions connues sont d'ordre liturgique, est apparemment un liturge. En tout cas, il n'y a plus qu'un gymnasiarque à la fois 36. Lorsqu'une liste porte désormais douze ou treize noms, on ne saurait voir là des gymnasiarques publics, à raison d'un par tribu; ce sont des gymnasiarques éphébiques, à raison d'un par mois. La fonction de gymnasiarque est annuelle17, mais renouvelable 18. Elle peut être cumulée avec une charge importante 19. On la confie aux premiers de la ville 20, aux gens les plus illustres, fussentils étrangers : Antoine n'en a pas dédaigné les fonctions ", qu'Hérode Atticus a peut-être exercées douze fois 22. Les relations que le gymnasiarque semble avoir eues dès l'ancien temps avec la jeunesse des gymnases sont désormais sa principale affaire. Il figure comme éponyme en tête d'un catalogue éphébique 23; il con sacre aux éphèbes ce qu'il dépense ix tiuov iS:wv 2+. Hé rode Atticus leur offre des vêtements blancs"; d'autres fournissent l'huile26 ou dédient des bains 27. Le gymnasiarque maintient l'ordre et la discipline dans les gymnases 28. Plutarque 29 représente Antoine se mêlant aux exercices des jeunes gens et portant les insignes de la gymnasiarchie (Tx yoN.v«st«Eytxâ), le manteau, les chaussures blanches et les Pvvôot qui symbolisent le droit de punir. Le gymnasiarque prépare aussi certains concours : de là vient souvent que le même personnage est simultanément ou successivement gymnasiarque et agonothète30. Mais il ne donne plus ses soins spéciaux aux lampadédromies: les seuls lampadarques mentionnés dans l'épigraphie attique de la période romaine sont des éphèbes" 20 Ni le trésor ni la gymnasiarchie publique ne pouvaient se charger de tous les frais imposés par l'éphébie. L'éphébie elle-même devait y pourvoir. Sa caisse, qu'alimentaient des cotisations (y6Eot), devait subvenir à des dépenses spéciales 32. Mais on en était arrivé à ne plus trouver dans la caisse de quoi offrir un des sacrifices accoutumés33, faire relever un mur 3., réparer une vieille catapulte 36. Les cosmètes y mettaient du leur 36. Ils recherchèrent pour les grosses dépenses, pour la préparation des fêtes et pour la fourniture de l'huile, les jeunes gens les plus riches 37. Comme elle avait ses magistrats, la république des éphèbes eut ses liturges, lampadarques et chorèges, agonothètes et gymnasiarques 38. Ces gym GYM 1677 GYM nasiarques ne détenaient donc aucune parcelle d'autorité publique. Les noms de ceux que mentionnent les documents éphébiques se retrouvent sur les catalogues annexes des éphèbes, à moins que ces catalogues ne suivent la liste des gymnasiarques et ne portent ce titre significatif : oi Û71ôaot7LOt TIÔV ÉCpè cov1. Les éphèbes louent et couronnent leur camarade gymnasiarque. Dans une inscription2, un éphèbe, comme pour définir le caractère de sa gymnasiarchie, déclare qu'il a voulu être à la fois gymnasiarque, phylarque et chorège pour éviter le plus possible de charges à ses camarades. La gymnasiarchie éphébique était donc assumée de plein gré par celui qui pouvait s'offrir cet honneur coûteux. Nulle distinction de tribus': on prenait dans tout le collège quiconque se présentait, et il est à présumer qu'on avait souvent à faire la chasse à ces volontaires. Pour leur forcer la main ou leur donner une récompense anticipée, on les nommait aux dignités de l'éphébie. On n'avait aucune raison de refuser les largesses des étrangers : neuf Milésiens payèrent une fois l'un après l'autre -les frais de l'huile'. Seulement, si l'on admettait les métèques aux fonctions onéreuses de la gymnasiarchie, par un scrupule quasi constitutionnel, on ne leur laissait pas le titre de gymnasiarque : quand le donateur n'était pas citoyen, on disait de lui ao4iv, au lieu de iyuu.vxct7oz7lesv. A des libéralités facultatives on ne pouvait assigner de durée fixe. C'était bien la coutume d'exercer la gymnasiarchie éphébique pendant un mois : l'épigraphie présente fréquemment des listes de douze ou treize noms par an 5. Mais parfois un père riche permet à son fils 6 ou à ses fils 7 de reprendre la gymnasiarchie la même année : on voit deux éphèbes s'y succéder huit mois durant' ; on en voit qui la gardent onze mois 9 et même l'année entière (yup.vacioce o; 8t' iaou brou;) 10. D'autres, au contraire, ne s'engagent que pour une partie du mois, quinze jours 71, dix jours 72, moins encore 13 En ce cas, la plupart du temps, on se met à plusieurs pour suffire à la dépense mensuelle ; on exerce à frais communs une gymnasiarchie commune : yu[i.vzctâpxrlexv xotvv(, telle est la formule officielle. Voici une association entre les fils des sophronistes "i. Voilà les six gymnasiarques des mois précédents obligés de faire encore les frais d'une gymnasiarchie collective, et les dépenses d'un mois réparties sur quatorze têtes 15. Malgré tout, les fonctionnaires préposés à l'éphébie étaient encore obligés de soutenir l'institution de leur propre mouvement. Un anticosmète vient en aide à un éphèbe"; souvent le cosmète 17 ou des sophronistes 18 se dévouent pour un ou deux mois; une fois même ils s'entendent tous pour ne laisser aux éphèbes que six mois de dépenses 19. S'il est vrai que « l'admission des personnes étrangères à l'éphébie ne fut qu'une exception 20 », il arriva pourtant qu'on dut s'adresser aux Aréopagites 21. On dut même demander des subventions au fisc impérial : le fonds des 5'EGx6TO'pOptX 22 vint souvent au secours du collège éphébique, non pas seulement pour les charges extraordinaires de la gymnasiarchie, sacrifices Y3, jeux 2', distributions d'argent2', mais pour toutes les dépenses courantes 26 et pour la consécration même de l'hydrie 27, emblème de l'huile offerte. Une inscription 28 réunit presque toutes les espèces de gymnasiarchie éphébique : un éphèbe a été gymnasiarque quatre mois; six autres et un sophroniste, un mois chacun ; deux éphèbes, un certain nombre de jours ; le reste de l'année a été porté III. Institution de l'État ou des collèges, la gymnasiarchie a suivi les Athéniens hors d'Athènes. Depuis le ne siècle av. J.-C. jusque sous le règne d'Hadrien, on trouve des gymnasiarques publics en Attique, à Éleusis, et dans les clérouquies athéniennes, à Salamine et à Délos, 9. Aux fonctions des gymnasiarques athéniens ceux-là joignent toutes les attributions du cosmète 30. Ce sont des magistrats 31 élus par l'assemblée de la métropole 32. Leurs fonctions sont annuelles". Elles sont importantes : le gymnasiarque de Délos est éponyme 3' et figure sur une inscription fameuse 3'' en compagnie des plus hauts magistrats d'Athènes. L'empereur Hadrien ne crut pas déchoir en acceptant la gymnasiarchie d'Éleusis ; il est vrai qu'il se fit représenter par un épimélète 3s Les attributions des gymnasiarques en mission sont déterminées par les lois 31: ce sont à la fois celles des cosmètes et des gymnasiarques athéniens. Ces gymnasiarques ont, avant tout, la direction générale du gymnase 38 : celui de Délos porte officiellement le titre de sont sous l'autorité de ces magistrats. Sur les monuments éphébiques de Délos, ils apparaissent toujours comme les supérieurs des paidotribes'0. Ils sont les chefs de tous les .? e p6pavot 41 : les éphèbes, en particu GYM '1678 GYM lier, voient toujours à leur tête celui qu'ils appellent « leur gymnasiarque ». En leur nom, il consacre des dédicaces 2 ou élève des statues 3 aux bienfaiteurs du collège. 11 préside aux marches 4 et exercices militaires aux courses et concours, consacre les armes offertes en prix et fait graver la liste des vainqueurs 6. Au nom du gymnase, il offre des sacrifices périodiques ou extraordinaires 7 et célèbre des fêtes, entre autres les Hermaia $. Il a le maniement des deniers publics: aussi rend-il des comptes à l'expiration de son mandat °. Toutes ces fonctions expliquent que les décrets honorifiques louent en lui la justice et la piété". Ils proclament encore sa bienfaisance, parce que sa fonction fait un appel incessant à sa générosité : ce magistrat est aussi un liturge. Il ajoute de son bien aux crédits mis à sa disposition par l'État et le collège. Il prend à sa charge une partie de l'huile nécessaire au gymnase", les victimes consacrées aux dieux et les banquets qui suivent les sacrifices 12 ; il institue des concours et offre des prix f3. Non content de dépenser beaucoup d'argent dans tous ses actes officiels, un gymnasiarque de Salamine fait bâtir à ses frais un mur de portique 14. Tant de zèle et de générosité vaut à ces magistrats-liturges des honneurs décernés à la fois par le peuple d'Athènes 10, d'où ils émanent, par la ville où ils sont envoyés et par les éphèbes dont ils sont les chefs 17. Les collèges de Délos avaient, comme l'éphébie d'Athènes, leurs gymnasiarchies particulières. On connaît du moins celle des enfants pour les Hermaia1e : elle figure sur le catalogue dressé par un paidotribe désireux de rappeler les élèves qui avaient exercé des charges à ces fêtes 19, Elle est distincte de l'agonothétat et de la lampadarchie 20. Cependant les enfants très riches acceptent d'être en même temps gymnasiarques et lampadarques pour obtenir en récompense une double couronne. Par contre, ceux qui étaient de famille modeste acquittaient la fourniture d'huile à frais communs 21. Hors des pays athéniens. Hors d'Athènes et de ses dépendances, la gymnasiarchie publique se présente sous deux formes différentes. Tantôt c'est la direction des établissements d'instruction gymnique et littéraire; tantôt c'est la charge de régler certaines dépenses du gymnase ou de préparer certaines fêtes avec ou sans crédit de l'État. D'une part, une magistrature identique à la gymnasiarchie-cosmétat des clérouques athéniens; d'autre part, une liturgie analogue à la gymnasiarchielampadarchie d'Athènes. Il est rare toutefois que dans les cas particuliers on retrouve des caractères aussi néttement tranchés. Le gymnasiarque du premier type est continuellement entrainé à des largesses d'ordre somptuaire; celui du second porte parfois le titre de magistrat et paraît fréquemment en relations avec les collèges. Ce qui domine, c'est une gymnasiarchie mixte. Mais, les trois derniers siècles avant l'ère chrétienne et quelque temps après, le gymnasiarque a pour principale attribution la direction de la jeunesse, surtout dans la Grèce continentale 22, dans les Cyclades23 et en Sicile 24 ; à partir du Il' siècle ap. J.-C., et presque uniquement dans les villes de l'Asie Mineure 25 et dans les voisines, il a pour mission à peu près exclusive de faire profiter ses concitoyens de sa fortune. 1. La gymnasiarchie-cosmétat est une âp,'26 conférée par l'assemblée 27. Parfois le gymnasiarque doit avoir un âge déterminé, trente ans à Céos 28, peut-être quarante à Téos 29. Nommé pour un an 30, il est rééligible31 : on cite à Cos 32 ,et à Mégare 33 des personnages dont les pouvoirs furent renouvelés jusqu'à six et douze fois. Que l'on recherche dans le gymnasiarque des capacités administratives ou des habitudes de libéralité, on le choisit dans l'élite politique ou dans l'aristocratie de la ville. Il a fait ses preuves dans d'importantes fonctions 34 et, à sa sortie de charge, il est tout désigné pour les premiers postes 3'. Le fils succède au père 36. Le gymnasiarque est souvent loué « d'avoir accompli des actes dignes de lui-même et de la vertu de ses ancêtres 37 ». La gymnasiarchie compte donc parmi les hautes magistratures de la cité. Elle a presque toujours le privilège de l'éponymat pour les actes des collèges 38, spécialement de l'éphébie 39 ; elle l'a même quelquefois pour tous les actes de la vie publique 40. A Cos, le gymnasiarque jouit de la GYM 1679 GYM proédrie et a sa part des victimes dans les sacrifices solennels 1. Le gymnasiarque a dans ses attributions tout ce qui concerne les gymnases, personnel et matériel. Son titre même le prouve, et, comme pour en préciser le sens, émoussé par l'usage, une ville l'appelle c"tEywv trou yuwa atou Des termes comme Irtl.tE.),et'a de la jeunesse', É7REAE),E(a des gymnases4, reviennent constamment dans les inscriptions où il est question du gymnasiarque. En général, tous les gymnases de la ville sont sous sa dépendance. Sans doute les éphèbes et les néoi attirent le plus son attention : il n'est souvent question que de ses rapports avec ces deux collèges 6 ou même avec un seul'. Le gymnasiarque n'en a pas moins la direction des autres collèges, celui des enfants et celui des hommes mûrs : le silence des inscriptions n'autorise pas de conclusion négative. D'ailleurs, l'autorité universelle du gymnasiarque peut être établie explicitement. La plupart du temps il laisse toute liberté au paidonome', et c'est ce qui fait que le paidonome apparaît souvent comme chef suprême des enfants, à côté du gymnasiarque, chef des éphèbes et des néoi 8. Mais la supériorité hiérarchique d'une charge sur l'autre semble déjà démontrée, lorsqu'on voit arriver à la gymnasiarchie un ancien paidonome 9 ; elle est indiscutable à Iasos, où, le paidonome, qui peut être un affranchi 10, est forcément subordonné au « gymnasiarque des quatre gymnases » 11, et à Téos, où le gymnasiarque semble avoir un droit de proposition pour la paidonomie 12 et associe les enfants dans les dédicaces aux éphèbes et aux néoi 13. Cette autorité théorique du gymnasiarque, on la voit s'exercer effectivement sur les enfants 14, ainsi que sur les hommes mûrs de la gérousia t s. Comme le dit une inscription 1E, le gymnasiarque a a l'épimélie des éphèbes, des néotéroi et généralement de tous ceux qui s'exercent dans le gymnase et toutes les autres affaires qui concernent le gymnase ». Soit que la gymnasiarchie-cosmétat donne trop d'occupation, soit qu'elle devienne honorifique et qu'il faille quelqu'un pour les fonctions réelles, très souvent le gymnasiarque est doublé d'un auxiliaire. Quelquefois il s'associe son fils17 ou son frèrel8. On voit fréquemment à côté de lui un sous-gymnasiarque (b7soyu(l.va.aia,)(oç)i9. Ce n'est pas un fonctionnaire régulier, mais plutôt un adjoint que le gymnasiarque se donne à lui-même. Sa charge n'est pas permanente, et ses attributions sont variables. Au gymnasiarque-liturge, qui fournit les fonds, il sert d'intendant 20. Là où le gymnasiarque fait fonction de cosmète, l'hypogymnasiarque se montre parfois en rapports avec les néoi 21 ; le plus souvent il figure en tête de catalogues éphébiques 22 : c'est un délégué extraordinaire que le gymnasiarque, désireux de se consacrer spécialement à une partie de ses multiples fonctions ou de conserver toute sa liberté, place à la tête de tel ou tel service ou choisit pour fondé de pouvoirs 23 Le même rôle est joué quelquefois par l'éphébarque. L'éphébarchie, quoique réunie par moments entre les mêmes mains à la gymnasiarchie-liturgie Ii, ne doit jamais être identifiée avec la gymnasiarchie 25, puisqu'elle est toujours l'objet d'une mention spéciale. D'ailleurs, la plupart du temps, chacune des deux dignités a son titulaire 26. Que le gymnasiarque fasse office de liturge ou de cosmète, l'éphébarchie peut n'être qu'un titre honorifique 27 accordé par l'éphébie elle-même 28 ; elle peut, lorsque le gymnasiarque est simplement un liturge, prendre la place de la gymnasiarchie-cosmétat 29 ; elle peut aussi, à côté de la GYM 1680 GYM gymnasiarchie-cosmétat, être une fonction réelle, rnais restreinte et subordonnée'. La même nécessité amena dans certaines villes le démembrement de la gymnasiarchie. Au lieu ou au-dessous du gymnasiarque général on trouve parfois plusieurs gymnasiarques particuliers. Quand les inscriptions mentionnent deux gymnasiarques pour la même année, que cette double gymnasiarchie soit permanente 2 ou facultative3, les deux magistratures ne se partagent pas l'année 4, mais les pouvoirs et les dépenses. On pouvait cumuler plusieurs gymnasiarchies particulières 5, de même que chacune pouvait avoir plusieurs titulaires 6. A Chios 7, à Épidaure 8, à Halicarnasse9, chaque gymnase, chaque collège avait son gymnasiarque. A Cos, le gymnasiarque, assisté d'abord d'un hypogymnasiarque, eut ensuite sous ses ordres des gymnasiarques chargés des éphèbes10, des néoi", des presbytéroi 12, et sans doute un quatrième fonctionnaire chargé des enfants : il fut alors appelé « gymnasiarque de la cité13 ». Aussi, quand il est question dans un document d'lasos d'un personnage qui a exercé la « gymnasiarchie des quatre gymnases 14 », on est fondé à voir en lui un gymnasiarque général, d'autant plus qu'on ne connaît à Iasos, comme à Cos, que trois gymnasiarques particuliersf5 et que le quatrième gymnase, celui des enfants, est dirigé par un paidonome 76. Lé gymnasiarque agit comme chef de tous les collèges dans toutes les circonstances officielles. Quand néoi ou éphèbes rendent hommage à une personne de distinction 17 ou consacrent une dédicace 18, quand on procède à l'érection d'une statue offerte à un gymnase ou par un gymnase l9, c'est le gymnasiarque qui préside. Au nom des collèges et du peuple, il offre des sacrifices périodiques aux dieux des gymnases 20 et des sacrifices extraordinaires à l'occasion des fêtes" ou en l'honneur de quelque illustre protecteur 22. Les gymnasiarques particuliers sont de même les représentants de leur collège. On voit un gymnasiarque, à Iasos, demander à l'assemblée, de la part des presbytéroi, une autorisation d'ester en justice 23. Un seul texte nous renseigne sur les relations du gymnasiarque et des maîtres : c'est un décret de Téos 24, où le gymnasiarque et le paidonome sont chargés, sous réserve des droits de l'État, de choisir et de payer aux prix du tarif officiel les trois maîtres préposés aux exer cites militaires. Impossible de tirer de là une conclusion générale. Les relations du gymnasiarque avec les éphèbes sont un peu mieux connues. Il est a leur o gymnasiarque 25, comme ils sont « ses » éphèbes 26. II prononce leur admission. Est-il seul chargé de cette docimasie, ou fait-il partie d'une commission nommée à cet effet ? A Mégare, ilsemble assisté du yp«p.i7ere)ç trot ôdEttou27 ou du yp«p,N.«ieûç 'wv auv€opcev28 ; mais à Narycé 29, à Tégée 30, il tient le registre des inscriptions sans aide, et dans bon nombre de villes3' son nom seul certifie la date et l'authenticité des catalogues éphébiques. Avant tout, le gymnasiarque exerce une action morale. Quand on le voit « prendre soin de la bonne conduite et de l'éducation des éphèbes32 », « veiller à ce que les enfants et les éphèbes s'appliquent avec soin à leurs études33 », il ne faut pas se le figurer occupé au détail journalier de l'enseignement. Sa compétence, quelquefois fixée par les lois 36, est d'un ordre plus général, plus élevé35 : il prépare la jeunesse en corps à paraître dans la cité avec honneur. « Nommé gymnasiarque, il a veillé à la bonne tenue des éphèbes et des néoi et généralement au bon état du gymnase »; voilà ce que dit du gymnasiarque Ménas une inscription de Sestos36. A Pergame, le gymnasiarque fait cesser le désordre augriel la jeunesse se livrait dans les rues 37. L's ce (ce 38 et le maintien de la discipline sont donc la préoccupation ordinaire du gymnasiarque. Mais il veille aux travaux littéraires33, surtout aux exercices militaires et gymnastiques. Rarement il paraît en personne frotté d'huile 40. Sa surveillance est plus haute. A Téos, il nomme l'hoplomaque et les maîtres de tir à l'arc et au javeloti1. A Sestos, Ménas organise des luttes d'enfants42 et des courses mensuelles d'éphèbes et de néoi 43 ; il institue des concours d'hoplomachie 44 et de tir à l'arc et au javelot "; il encourage les vertus du bon soldati6; il donne en prix des armes enfermées dans des étuis et marquées au nom des vainqueurs i7. A Céos 48, le gymnasiarque est tenu de mener trois fois par mois les néôtéroi au tir au javelot, à l'arc et à la catapulte 40, de rnarquer les absents, de décerner les récompenses. On voit pourquoi, dans une ville de Sicile, le gymnasiarque, à la tête de ses éphèbes, est en rapports avec l'armée 50. A une époque où la Grèce conquise renonce volontiers aux utiles fatigues de l'instruction militaire, le gymnasiarque GYM 1681 GYM cherche donc à secouer cette torpeur dans la jeunesse et à « faire tourner l'éducation à la gloire de la patrie 1 ». Il fallait une sanction aux ordres donnés par le gymnasiarque. Ce gymnasiarque de Pergame qui réprimait « les désordres des jeunes gens augmentant dans la ville » et les « ramenait à la discipline qui convient 2 » devait être suffisamment armé. On sait que le gymnasiarque de Thèbes faisait respecter son autorité à coups de fouet 3. Celui de Thespies semble avoir laissé à Plutarque d'amers souvenirs 4. Celui de Céos infligeait une amende d'une drachme au maximum à tout néôtéros porté absent aux exercices militaires sans excuse valable 5. Ce sont ces pouvoirs disciplinaires qui permettaient de louer dans les gymnasiarques la « justice») et 1' « équité 7 ». Chargé des gymnases, le gymnasiarque intervient dans l'acquisition de l'huile et la réparation des accessoires et agrès. Il surveille les travaux d'entretien, de construction et d'aménagement. Épistate 8 ou épimélète9, il se met en rapport avec les architectes 10, Corps de bâtiment", exèdre 12 et portique 13, bain 74, egkonima" et étuve 16, toutes les parties du gymnase, quand ce n'est pas l'ensemble ", sont, aux termes des inscriptions, exécutées sous sa direction ou dédiées par lui. Le gymnasiarquc-cosmète avait des attributions financières. La cité lui allouait un crédit 18, destiné parfois aux traitements des maîtresl9 et toujours à l'achat de l'huile. Nous possédons un extrait de la comptabilité tenue par les gymnasiarques de Taui-oménion 20. Quand les fonds publics suffisaient, on disait que la gymnasiarchie était exercée par la cité (yult.vxctxp-oucriç ou âleupoûerlç Tilç 7t6),swç21/ Mais d'ordinaire il y avait un déficit que le gymnasiarque comblait à ses dépens". Il faisait des distributions d'huile supplémentaires, des É7tx)tE(Nu.2'cx 23, pendant des jours24 et des mois24. Il exerçait la gymnasiarchie ix 'càv il(a»v 26. En un mot, par ses largesses, le gymnasiarque-cosmète ne se distingue plus du gymnasiarque-liturge. II. Ce qu'il faut appeler gymnasiarchie-liturgie, faute d'un terme plus clair, n'est pas toujours une liturgie dans le langage officiel". Transformée insensiblement, cette charge a parfois gardé son rang d'âppi 28; mais elle est rarement éponyme29. On peut y être porté par une tribu 30 ou s'y porter de soi-même (xûOx(1Etio; 31). La seule condition requise, c'est la richesse; le seul mérite nécessaire, la générosité. Le gymnasiarque est presque toujours un grand personnage qui a déjà passé par les charges municipales32 ou les cumule avec la gymnasiarchie" : on l'appelle une fois « le premier de la ville 34 ». Il appartient à l'une des grandes familles, « à la première de toutes », disent quelques inscriptions 35. Dans une fable 30, le crocodile vante l'éclat de ses aïeux, en termes qui semblent empruntés à l'épigraphie, et déclare, argument suprême, que ses pères ont été gymnasiarques. On voit exercer la gymnasiarchie par le descendant d'une dynastie 37, par le triumvir Antoine 38, par des parents de l'empereur n, par l'empereur lui-même40. Aussi la gymnasiarchie devient-elle souvent le monopole collectif et transmissible d'une famille (yivoç iv yui.tvxctxp (atç y5y0v6ç 41, 7to),Ââç yuti.vxctxpzà.; 7te7rotrixdç 42, yuuvxct2pétx6v) 43. Non seulement le gymnasiarque s'adjoint son fils", sort frère45, son gendre 46 ; mais le père laisse au fils un titre dont lui-même fait les frais 47 et lie d'avance son héritier par un engagement public 48. La gymnasiarchie reste ainsi attachée au même patrimoine durant plusieurs générations ". Voilà pourquoi on l'obtient dès la jeunesse 50, « dès le premier âge » 51. Voilà pourquoi, en Asie Mineure et dans les îles, les femmes n'en refusent pas plus les charges qu'on ne songerait à leur en refuser les honneurs 52. L'épouse partage le titre de son mari "; les jeunes gens se font aider par leur 1. 6-7 ; 2771, I, 1. 5 ; 2814 ; Le Bas-Waddington, n° 1601 A, 1. 7-8 (Aphro 1887, p. 157, n° 63 (Lagina) ; Ib. p. 3;5-376, 383-384; XII, 1888, p. 83, n° 9; p. 264, n° 49; XV, 189i, p. 186, n' 110; p. 187, n° 131; p. 191, ue 135; p. 198, ne 140; p. 199, ne 141; p. 203, ne 111 (Panamara); cf. lb. XII, 1884, p. 193, ° 3 GYM 1682 GYM mère ou leur grand'mère 2 ; les femmes s'acquittent même toutes seules de l'onéreuse et glorieuse liturgie 3. Ici' un gymnasiarque associe à ses oeuvres sa femme et toute sa famille, jusqu'aux petits-enfants, et la famille de sa femme. Là une gymnasiarchie demeure dans la même famille au moins pendant cinq générations et passe au moins deux fois à des femmes Le plus souvent le gymnasiarque est nommé pour un an 7. Les inscriptions d'Apamée nous révèlent, à l'époque impériale. une gymnasiarchie ôt'âyopataç 8, c'est-à-dire ayant la durée des assises provinciales9; mais, en réalité, on garde cette fonction toute l'année 10. Il en est probablement ainsi de tous les gymnasiarques chargés de préparer une fête annuelle ". Ceux qui ont exercé la gymnasiarchie en sont dispensés de droit ; mais souvent ils la redemandent '3, et ils restent en place tant que leur munificence ne se lasse pas 74. On les nomme d'avance pour plusieurs années 15. On leur confère parfois le titre de gymnasiarque à vie 16 ou à perpétuité f7. A Sparte 18, cette gymnasiarchie perpétuelle pouvait appartenir simultanément à trois personnages 19, sans préjudice de la gymnasiarchie temporaire20. A cause des frais énormes qu'entraînait la gymnasiarchie, on dut souvent la scinder en plusieurs liturgies partielles. Outre les gymnasiarques-liturges « de la cité » 21, on en voit qui sont chargés d'organiser une fête spéciale ou de pourvoir un des gymnases22. A Milet, le « gymnasiarque de tous les gymnases » 23 a, en réalité, des acolytes au moins pour la gérousia et les néoi 2'. A Cypre on voit détacher de la gymnasiarchie générale une gymnasiarchie des enfants 26. Il est parfois impossible de discerner si les gymnasiarques particuliers, surtout ceux de la gérousia 26, sont désignés par la cité ou par le collège. On peut être titulaire de plusieurs gymnasiarchies à la fois 27, et chacune peut être partagée à son tour entre plusieurs titulaires 28. La fourniture de l'huile destinée aux gymnases, aux stades et aux bains était l'occupation la plus ordinaire du gymnasiarque 29, celle qui mettait d'abord sa générosité à l'épreuve. Comme pour indiquer que ses autres attributions étaient secondaires, on l'appelait dans une ville yuu.vae(apyoç l),a(ou Oie6t 30. Il y avait presque partout un crédit pour les distributions gratuites d'huile : il était constitué par le budget municipal 31 ou par les revenus gymnasiarque lui-même. Mais rarement le gymnasiarqueliturge se contente d'imputer ses débours sur les fonds du trésor R4 ou de faire exécuter pendant la répartition les volontés des donateurs 35. Il lui arrive de ne pas toucher l'indemnité allouée 36, de laisser accumuler les intérèts des yup.vxcaxpytx.37. Presque toujours la provision d'huile est insuffisante38, et le gymnasiarque y met du sien (ex zwv iô(wv) 34. Ce sont des E7ra),E(U.(2.xT01 pendant des jours 41, GYM 1683 GYM des mois 1, l'année entière A Apamée, le gymnasiarque a droit à 15 000 deniers pour tout l'exercice; mais quand il fait bien les choses, il dépense 19000 deniers pour l'huile du semestre le moins coûteux, celui où n'ont pas lieu les fêtes3. On peut suivre pendant plus d'un quart de siècle l'augmentation continuelle du nombre des concours et des provisions d'huile à Tauroménion` : de vingt-quatre épreuves, en l'an 69, on passe à quarante et une, en l'an 92 ; il faut pour le moins cent cadoi d'huile par an, et en moyenne environ deux cents (65 hectolitres). « Dans une ville, après tout de second ordre, comme Iasos, la dépense afférente à cet article représentait pour un seul des quatre gymnases une somme mensuelle de 450 deniers, soit 5400 deniers par an'. » On voit ce que déboursait un gymnasiarque, quand il offrait l'huile, non seulement à tous les citoyens mais encore aux étrangers 7 et aux esclaves 8, quand il allait jusqu'à pourvoir d'huile et de myrrhe les bains réservés aux femmes 9. Les solennités religieuses revenaient cher aux gymnasiarques. Leur charge a souvent des rapports avec le culte. A Cos, le gymnasiarque général siège à côté des prêtres 10, et les gymnasiarques particuliers ont affaire dans les temples 11 ; à Lesbos on trouve un yup.vac(aczo 'r v viwv x«l TU) (lés) 12. La piété des gymnasiarques est vantée fréquemment73. En Asie, on voit habituellement attaché à la gymnasiarchie un sacerdoce, non pas un de ces petits sacerdoces voués aux dieux du gymnase 1Y, mais un des grands sacerdoces publics 1'. Le gymnasiarque est parfois prêtre à vie16, souvent de « famille hiératique » 17, et dans les villes dont toute l'importance tient à un sanctuaire, le titre de prêtre ou de prêtresse semble entraîner celui de gymnasiarque 18 : c'est vrai ment alors Tot ~eoû yuNv«ct«Fê(«19. Si donc la célébration de quelques grandes cérémonies occupe toujours le gymnasiarque, c'est souvent sa • préoccupation presque IV. unique, surtout quand sa fonction est, pour ainsi dire, enfermée dans un temple. Il semble employer toute l'année à préparer les fêtes des assises provinciales à Apamée, et à Panamara une fête de dix jours 20. On devine ce qu'il en coûte au gymnasiarque, lorsqu'il est en même temps agonothète 21, panégyriarque22 ou lampadarque n. En général, il est vrai, la lampadarchie est distincte de la gymnasiarchie 24 ; mais, même dans ce cas, le gymnasiarque est chargé des lampadédromies 25. II organise des processions 26, donne toutes sortes de jeux n, jusqu'à des combats de taureaux 28 et des chasses 29. Déjà en temps ordinaire il partage aux assistants la chair des victimes offertes en sacrifice 30 et traite chez lui les cXe;pdLIVot 31. Mais en temps de fêtes ce sont d'interminables prodigalités. Ce sont des EcTtxcctç pour tout le gymnase 32, pour toute la ville33, des festins où sont invités les étrangers avec leurs enfants, les citoyens avec leurs esclaves 3+. Ce sont des distributions de bois, de vivres et d'argenta'. Dans une fête de Panamara, on offre aux femmes une ration de vin et quelques drachmes; puis, dans une autre, un banquet avec force vin et douceurs 36. Toute la population de Syllion reçoit d'une veuve, de son fils et de sa fille, des sommes variables, à raison de 200 deniers par géronte marié, sans compter un modius de froment 37. Les travaux consacrés au nom des gymnasiarques sont souvent payés par eux. Ils ajoutent aux crédits alloués 38 ou suppléent à l'absence de crédits. A leurs frais ils installent" ou entretiennent40 les bains; ils construisent", aménagent" ou réparent"' les gymnases. Le gymnasiarque Ménas commande pour Sestos un corps de bâtiment avec décoration artistique, une salle de bain et tout le matériel nécessaire 44. Les gymnasiarques-prêtres consacrent de grosses sommes aux édifices et objets sacrés. On en voit un, à Lagina, qui ajoute au temple plusieurs portiques et un vestibule et offre un buffet à 212 "GYM 1684 GYM la déesse'. A Syllion, une femme gymnasiarque fait les frais d'un naos avec iepx en argent et d'un temple plaqué d'or et d'ivoire 2. Ces largesses ont souvent un objet plus pratique. Un gymnasiarque d'Apamée constitue un capital de 34 000 deniers dont le revenu doit alléger le budget municipal 3. Un autre, de Cibyra, affecte 400 000 drachmes rhodiennes à la dotation perpétuelle de la gymnasiarchie`. Il y en a qui désignent leur ville comme légataire 6, quelquefois universelle e. La fortune des gymnasiarques allait à de véritables oeuvres de charité. On en connaît dont la générosité secourait la misère en temps de famine', dont la prévoyance créait des fonds destinés à l'assistance publique' ou à l'éducation des enfants abandonnés 9. On peut s'attendre à voir la reconnaissance des Grecs aller pour les gymnasiarques jusqu'à l'adulation. C'est ôtaTaét2 leur consacrent des dédicaces. Dans les villes où les honneurs sont gradués, il est rare qu'on ne leur accorde pas les premiers S3. Les récompenses d'usage leur sont prodiguées. Les décrets qui les exaltent sont gravés sur des stèles érigées ordinairement dans les gymnases', leur éloge est proclamé dans les concours gymniques; les couronnes leur sont décernées par les collèges 15 et associations" aussi bien que par le peuple et le conseil. Leurs statues sont rarement dressées aux frais de la ville : des corporations de quartiers s'en chargent quelquefois17 ; le plus souvent ce sont les gymnasiarques eux-mêmes ou leur famille 18. Ils obtiennent aussi un droit de proédrie viager 10 et héréditaire 20, une place au prytanée27. On leur décerne souvent des honneurs posthumes22 : on s'engage à placer leur tombe dans le gymnase, témoin de leur généreuse activité 23. Un Romain, Labéon, après avoir exercé la gymnasiarchie à Cymé 24, dut décliner l'offre qu'on lui faisait par décret de lui dédier un temple et de le proclamer fondateur de la ville. Il se contenta modestement de la proédrie, d'une couronne d'or, de l'éloge dans tous les jeux publics, d'un portrait gravé sur un bouclier, de trois statues en bronze, en marbre et en or, enfin de la promesse qu'après sa mort il serait porté par les éphèbes et les néoi sur l'agora, couronné par le héraut et enseveli en bonne place au gymnase. III. Dans quelques villes, les gymnasiarques figu raient parmi les dignitaires nommés par les collèges. La gymnasiarchie éphébique se présente rarement hors des pays athéniens 23. La gymnasiarchie de la gérousia est quelquefois conférée par l'association. Dans ce cas, elle ressemble à la gymnasiarchie "des thiases 20 La gérousia d'Hiérapolis a plusieurs gymnasiarques investis pour un an de fonctions administratives : ils ont la gestion de certains fonds et surveillent les tombes des anciens sociétaires27. A Sidyma, le gymnasiarque de la gérousia tient les archives 28. G. GLOTZ.