Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article GYMNASIUM

GYMNASIUM (Fuuvâctov, gymnase). -Ce terme dé signe, d'une manière générale, l'ensemble des locaux spécialement affectés chez les Grecs à l'éducation physique de la jeunesse', aux exercices corporels que les bons citoyens s'imposaient comme un devoir envers eux-mêmes et envers la patrie 2, à l'entraînement méthodique des athlètes de profession, bref à toutes les variétés de la gymnastique, telle que les Grecs de toute race la comprenaient et la pratiquaient. L'importance du gymnase dans l'organisme de la cité équivalait à celle que la gymnastique avait prise dans les moeurs et que les législateurs lui attribuaient dans l'éducation nationale. Aucune ville digne de ce nom ne se serait dispensée de posséder au moins un gymnase avec un stade, un hippodrome et un théâtre 3. En dehors même des villes, certains sanctuaires en étaient pourvus, quanti même ils n'étaient habités en permanence que par le personnel sacerdotal préposé au service du culte. Mais au programme des fêtes périodiques qui attiraient en ces lieux sacrés la multitude des pèlerins, figuraient presque toujours des concours gymniques. A Olympie, le gymnase où les concurrents devaient s'exercer avant de se mesurer en public sur la piste du stade, était une annexe nécessaire du sanctuaire. Il est permis de supposer qu'à l'hiéron d'l pidaure le gymnase avait, en outre, le caractère d'un établissement médical. 1. Dès qu'ils s'adonnèrent régulièrement aux exercices gymniques, les Grecs aménagèrent à cet effet des emplacements spéciaux, en plein air. Les gymnases primitifs consistaient en de simples pistes ou ôçd;,.ot, pour la course à pied, le disque, le javelot, le ballon, en aires finement sablées (le TuxTOv Ôi7IEÔOV homérique) pour la lutte, le pugilat et le pancrace. On cherchait de préférence quelque esplanade, voisine d'une rivière, afin de GYM 1685 -GYM permettre aux lutteurs de se rafraîchir en prenant un bain. Des allées d'arbres, surtout de platanes, couvraient de leur ombre athlètes et spectateurs. Tels étaient sans doute ces cours spacieux (ôp dit.ot EupéE,) dont il est question dans l'Odyssée 1, et ces ôpduot dont l'invention était attribuée aux peuples doriens, aux Crétois d'abord, ensuite aux Lacédémoniens, et que Platon qualifie de gymnases 2. Au dire de Thucydide 3, c'est à Sparte que parurent les premiers athlètes nus et frottés de graisse. Un historien lacédémonien, Hippasos, cité par Athénée attribuait aussi à ses compatriotes l'invention même des gymnases. En réalité, les lieux d'exercices les plus fréquentés et les plus anciens de Sparte, le Dromos 5 et le Platanistas 6, ressemblaient à des Champs de Mars, pourvus de pistes naturelles, ornés de statues de dieux et d'autels. A une époque plus récente, on éleva sur le .Oromos des édifices auxquels Pausanias donne le nom de gymnases. 'De même à Athènes, les trois gymnases les plus anciens, le Lycée, l'Académie et le Kynosarges étaient nés, hors de la ville, dans un berceau de verdure, sur des terrains consacrés à des divinités. Primitivement, l'Académie [ACADEMIA] n'était qu'un bois sacré, voisin du Céphise, avec des pelouses, des platanes et des oliviers sacrés7. Hipparque le fit entourer d'un mur ou péribole; Cimon le dota d'un aqueduc dérivé du Céphise et y fit tracer des avenues et des ôpeEe.ot ombragés Au temps d'Hypéride, il possédait une palestre 10; Tite-Live 11, Pausanias 12 et Diogène Laërte 13 le désignent formellement comme un gymnase. L'emplacement du Lycée, ancien téménos d'Apollon Lykios 1:, situé à l'est d'Athènes, hors de la porte Diocharès et près du confluent de l'Éridanos et de l'llissus 15, avait été aménagé une première fois par Pisistrate, suivant Théopompe, par Périclès suivant Philochore 16. Pausanias et le Pseudo-Plutarque attribuent ensuite à l'orateur Lycurgue la construction, au même endroit, d'un gymnase et d'unepalestre 17. Le Kynosarges, situé un peu plus loin que le Lycée, possédait un bois sacré attenant à un sanctuaire d'Hercule 18 ; dès le ve siècle, il servait aux exercices des vdOot 19, mais on ignore exactement à quelle époque furent élevés les bâtiments de la palestre et les autres constructions incendiées par Philippe V en même temps que celles du Lycée 20 Ces exemples, et certaines lois attribuées à Solon", attestent que dès le vle siècle, on appliquait le terme de gymnase à des emplacements choisis, où la jeunesse s'exerçait aux jeux athlétiques, sous le patronage d'une ou de plusieurs divinités. Mais le type architectural et définitif du gymnase, formant un organisme complet et logiquement ordonné, ne s'est pas improvisé de toutes pièces 22. Il s'est constitué peu à peu, morceau par mor ceau. L'exemple fut sans doute donné par les villes les plus riches. A mesure que leur prospérité et leur population augmentaient, que les progrès de la démocratie obligeaient les États à pourvoir à l'instruction et au bienêtre de tous les citoyens, que les exercices gymniques cessèrent d'être le sport d'une classe privilégiée pour devenir un élément obligatoire de l'éducation populaire, les antiques ôpip.oc à la mode dorienne, les pistes naturelles et les arènes sablées à ciel ouvert se convertirent peu à peu en installations plus luxueuses. On s'appliqua à concentrer dans un même enclos, à l'intérieur d'un péribole, les manifestations éparses de l'athlétisme, de façon à assurer l'unité de direction, à éviter la dispersion des efforts et à faciliter le contrôle des magistrats 23. En même temps que les règles de la gymnastique, vers l'époque de Clisthène 2;, s'ordonnaient en un code d'entraînement méthodique, il devenait nécessaire de mettre à la disposition des intéressés des locaux plus commodes et mieux appropriés à leur destination complexe. Il ne suffisait plus de leur assurer la jouissance de l'espace, de l'air et de l'ombre. Les gymnases, dans les républiques démocratiques, devenaient institutions d'État, et devaient, comme établissements d'instruction et d'éducation publiques, être pourvus de l'outillage auxiliaire le plus favorable à l'enseignement des maîtres, au travail et à la santé des élèves. Certains exercices exigeaient des installations spéciales ; c'est à ces besoins qu'on dut d'abord donner satisfaction. La lutte à main plate (7rx),ri), le pugilat et le pancrace demandaient des locaux fermés et de dimensions assez restreintes où les athlètes pussent se frotter d'huile ou de graisse, de sable et de boue, lutter deux à deux et se laver après leurs exercices. La tradition athénienne faisait remonter à Thésée, avec l'invention de la lutte, la création des premières écoles où l'on s'y exerçait 2'. De fait, un premier groupe se constitua sous le nom caractéristique de palestre, c'est-à-dire local des lutteurs 26. Il comprenait forcément un vestiaire, une fontaine ou un bassin, un magasin à huile, une arène sablée (xov(5'rp«), un dépôt pour le matériel des autres jeux, ballons, disques, javelots, cibles, haltères, cordes, torches, etc. La palestre n'était donc qu'une partie du gymnase, mais la plus importante, celle qui prit la première la forme d'un édifice clos et couvert. C'est pourquoi les auteurs anciens ont souvent pris la partie pour le tout et désigné des gymnases complets par le terme de palestre 27. Dans le langage courant, les deux mots, semble-t-il, étaient synonymes. Toutefois, on doit entendre que, s'il pouvait exister de nombreuses palestres sans gymnases, c'est-à-dire sans ôpdt.ot, il n'y avait guère de gymnases sans palestre. Nombre de villes, à côté des GYM 1686 GYM gymnases officiels, véritables phalanstères des exercices gymniques, possédaient des palestres isolées, les unes publiques, les autres privées et appartenant à des particuliers : celles-ci étaient destinées à une clientèle spéciale de jeunes gens, d'amateurs ou d'athlètes professionnels. Les unes jouaient le rôle de ce que nous appelons les institutions libres ; le nom de plusieurs chefs de ces établissements nous sont connus par les textes et par les inscriptions' ; les autres appartenaient à de riches particuliers désireux d'éviter dans leurs exercices la promiscuité du public ou de s'y entraîner à leur guise, sans être astreints aux règlements qui régissaient les établissements de l'État. On a tout lieu de supposer que certaines familles d'athlètes, où se transmettait de père en fils la tradition des triomphes agonistiques, telles que les Diagorides de Rhodes, les sept familles athlétiques d'Égine, les Oligaithides de Corinthe, s'étaient fait construire leurs palestres spéciales. A Ægion, l'athlète Strabon s'était fait construire un portique pour ses exercices. On montrait, aux environs de Mantinée, sous le nom de stade de Ladas, la piste où ce coureur légendaire s'entraînait à son exercice favori'. L'auteur de la République des Athéniens fait allusion à ces gymnases en quelque sorte aristocratiques et fermés, et leur oppose ceux que le peuple se fait bâtir pour les ouvrir à tous les citoyens 3. Quant aux autres exercices, dont la réunion avec la lutte constituait le pentathle, c'est-à-dire la course à pied, le saut, le jet du disque et du javelot, ils voulaient de vastes espaces, des pistes longues d'au moins un stade olympique (192m,27). Il n'est donc pas surprenant qu'on se soit longtemps contenté pour eux d'allées ombragées, d'arènes à ciel ouvert, de pdN.ot en plein air, qui se développaient à l'aise dans les jardins entourant la palestre'. C'est ainsi qu'on doit se figurer les trois grands gymnases d'Athènes au ve siècle. Les premières palestres, installées au milieu des parcs où s'ébattait la jeunesse, paraissent être l'oeuvre des Pisistratides. Après les guerres Médiques, le gymnase grec est déjà constitué en un système complet, où l'on pourvoit aux besoins de l'éducation physique et de la haute culture intellectuelle 6. On relève dans les Dialogues de Platon la mention des principaux locaux que signale Vitruve dans sa description du gymnase grecs. Mais Platon ne parle qu'incidemment de l'alto ur7)pto', du xxTâ6TEy0ç leit1.oç, de l"i ôpdu.oç, de l'aè),7e; il ne nous apprend rien de leurs positions respectives ni du plan général de l'édifice, ni des matériaux dont il était construit. On peut admettre qu'il présentait encore bien des disparates, des parties incomplètes ou rudimentaires, telles que les bains, et que, dans les pistes couvertes (xaTx dont les causeurs faisaient leurs promenoirs favoris ', le bois était largement employé. On semble alors se préoccuper surtout de l'entretien des plantations, qui sont le premier luxe d'un gymnase 8; la nature est mise à contribution encore plus que l'architecte. Au temps de Périclès, la sollicitude de l'État se portait surtout sur les édifices religieux. C'est au siècle suivant, sous l'administration de l'orateur Lycurgue, que l'architecture civile prit son essor. Cet habile organisateur conçut, sur un plan grandiose, les travaux d'utilité publique, entre autres ceux qui concernaient les plaisirs du peuple. Il projeta et réalisa en partie la métamorphose des installations primitives de l'Odéon, du théâtre de Dionysos, du Stade panathénaïque, de la palestre et du gymnase du Lycée9. La pierre devait se substituer au bois ou à la brique crue. Il créa ainsi des édifices d'un type nouveau, combinés de toutes pièces sur un plan logique. A dater de cette époque, le gymnase prend place parmi les monuments de l'architecture attique, qui furent aussitôt imités dans toute la Grèce. Partout où l'on disposait des ressources nécessaires, on remplaça par ces constructions durables les installations économiques et légères où l'on tirait parti du terrain sans chercher à faire oeuvre d'art. Dès lors, et particulièrement à l'époque hellénistique, où se répandit le goût des vastes constructions, on prit l'habitude de bâtir en pierres même les immenses portiques des pistes couvertes, où les coureurs pouvaient s'exercer par tous les temps. Ces annexes de la palestre (8p6vot, xari6T5yot ou 1.)6TOi ôpoli.ot) semblent, d'après la description des édifices d'Olympie par Pausanias, avoir reçu le nom de gymnase pris dans un sens restreint 10 : ce qui n'empêchait pas l'ancien terme de yuuv1 6tov de s'appliquer à tout l'ensemble, y compris la palestre, de même que, nous l'avons vu, le terme de palestre pouvait aussi désigner le gymnase tout entier. Il y a là, dans ]a terminologie des auteurs anciens, une source de confusions et d'inexactitudes dont les commentateurs modernes doivent prendre leur parti. En résumé, on distingue quatre périodes dans l'histoire du développement organique du gymnase grec : 1° Période primitive, celle des ôpdpot crétois et lacédémoniens, simples pistes et Champs de Mars dépourvus de constructions fixes. 2° Période archaïque, à laquelle appartiennent les plus anciens gymnases d'Athènes. Ce sont des jardins entourés d'un péribole, avec des pelouses, des avenues ou ôpdpt.oc pour les courses, et une palestre rudimentaire pour la lutte, telle qu'on les construisait à l'époque des Pisistratides, et même sous Périclès. Dans ces palestres, les bains tenaient peu de place et les pistes couvertes du gymnase, dont parle Platon, n'étaient, sans doute, que de longs hangars en bois. 3° Période hellénique et hellénistique (Ive au ne siècle av. J.-C.). Le type architectural du gymnase de pierre avec ses pistes abritées sous de longs portiques contigus à la palestre, telles que devaient être les constructions de Lycurgue au Lycée, est représenté d'une manière complète par les édifices d'Olympie, et, avec des perfectionnements empruntés aux thermes, par le spécimen décrit dans Vitruve. 4° Période gréco-romaine, caractérisée par un dispositif nouveau. La palestre, noyau de l'édifice de plus en GYM 1687 GYM plus compliqué par les installations balnéaires, occupe le centre d'un cadre de portiques. Ce plan, représenté par les gymnases asiatiques d'Éphèse, d'Hiérapolis, d'Athènes sous Hadrien, contient en germe les immenses thermes romains de l'époque impériale, combinaison du gymnase grec et des bains romains [TDERMAE]. Seuls les monuments des deux dernières périodes peuvent être étudiés dans le détail de leur construction. A cet égard, on trouve un guide précieux dans le chapitre xi du cinquième livre de Vitruve : le modèle que l'architecte romain avait dans l'esprit, représente, il est vrai, un type plus récent que les gymnases d'Olympie. Nous devons néanmoins faire passer l'analyse de sa description avant l'étude de ces ruines plus anciennes, parce qu'elle nous fournit, avec la terminologie spéciale à cette classe d'édifices, des points de repère et des principes fort utiles à l'intelligence des ruines elles-mêmes. Celles-ci, en retour, éclairent avec la précision de la réalité concrète un texte que l'absence de plans rend souvent obscur. II. C'est bien le gymnase grec dont Vitruve se propose d'expliquer le plan : a Ce genre de construction dit-il, n'est pas familier à l'Italie. n II le désigne sous le nom de palestre, employant ce mot dans le sens général que lui attribuaient les Grecs, car, en réalité, le bâtiment qu'il décrit est un gymnase complet'. Du reste la plupart des termes qu'il emploie sont grecs. Avait-il dans l'esprit, en rédigeant son chapitre, un modèle déterminé? La précision de l'orientation et de certains détails accessoires, tels que la position des pièces annexées à droite ou à gauche de l'ephebeum, le donnent à penser. Mais on ignore à quel pays appartenait ce gymnase idéal, digne d'être proposé à l'imitation des constructeurs. Car l'hypothèse d'Ignarra, qui identifie le gymnase de Vitruve avec la palestre de Naples, ne paraît mériter aucune créance 2. En tout cas, le luxe des installations balnéaires et l'ampleur des proportions indiquent un édifice de l'époque alexandrine. L'ordonnance en était la suivante : 1° On trace d'abord un péristyle carré ou rectangulaire sur un pourtour de deux stades olympiques (ô(auXoç), soit 384 mètres de périmètre ou 98 mètres de côté. 52.0 Des quatre portiques qui bordent les côtés, trois sont à colonnade simple ; le quatrième, qui fait face au midi et occupe par conséquent le côté nord, est à colonnade double, de façon que les averses ne puissent pénétrer à l'intérieur. 3° Sous les trois portiques simples se répartissent des exèdres [EXEDD.A] spacieuses, garnies de sièges, pour permettre aux philosophes, aux rhéteurs et à leurs auditeurs de converser commodément. 4° Sous le portique double, on dispose les pièces suivantes (fig. 3666) : au milieu (A) l'ephebeum, vaste exèdre munie de bancs, d'un tiers plus longue que large ; à droite (B) le coryceum, et, à la suite (C), le conisterium, puis à l'angle du portique (D) le bain froid ou )m'rpdv des Grecs; à gauche de l'ephebeum, l'elaeothesaum (E), puis le frigidarium (F), et un couloir (G) qui conduit au propnigeum (II), à l'angle du portique. Contigu au propnigeum, on placera en retour, et sans la faire toucher au frigi darium, l'étuve voûtée (proxima autem introrsus e regione frigidarii conlocetur concamerata sudatio) (I); elle aura une longueur double de la largeur et renfermera à l'un des bouts le laconicum, à l'autre le bain chaud (calda lavatio). Voilà pour la palestre proprement dite, le cœur du gymnase. Le plan général en est clairement indiqué par la phrase finale du texte : « In palaestra peristylia... ita debent esse perfecte distributa. n Les péristyles sont disposés en dedans de la palestre, ce qui implique l'existence d'une cour intérieure à ciel ouvert (uX-i~, 1`1iratOpov)5. Ce tracé, qu'on retrouve dans les ruines de Messène, d'Olympie, de Délos, de Pergame, d'Épidaure et de Pompei, a été rejeté à tort par M. Petersen qui reporte la cour, non plus au centre de l'édifice, mais tout autour, et transforme les péristyles intérieurs en péristyles extérieurs'. La comparaison des figures 3666 et 3670, où nous mettons en regard le plan qui nous semble le mieux convenir à la description de Vitruve et celui d'Olympie nous dispensera d'une plus ample discussion sur ce point. Aucune ruine grecque ou gréco-romaine ne justifie le plan de M. Petersen et l'on doit descendre jusqu'au gymnase d'Hadrien à Athènes et aux thermes de Caracalla pour en retrouver l'équivalent. On reconnaîtra d'autre part la façade et l'intérieur d'une palestre sur le revers d'une médaille de Caracalla reproduite parla figure 36675. En bas, au premier plan, une colonnade corinthienne antérieure indique l'entrée du monument sur la rue. Entre les colonnes on aperçoit, GYM 1688 GYM grossièrement figurées, des statues de gymnasiarques, d'athlètes ou de dieux. Au-dessus, les côtés de la cour s'allongent suivant une perspective de convention imposée par le cadre de la monnaie. Les colonnades du péristyle ont été supprimées pour plus de clarté. La scène qui se passe à l'intérieur de cette cour semble être une distribution de récompenses. Sous une édicule à fronton un personnage central tient une couronne levée et d'autres s'avancent vers lui les bras tendus. Le long des côtés, les spectateurs font galerie. Les noms et la destination des différentes pièces énumérées par Vitruve demandent quelques éclaircissements. Sur les exèdres qui bordaient les trois portiques simples, on trouvera des renseignements détaillés à l'article EXEDRA. Ces pièces, garnies de sièges, servaient, comme le dit Vitruve, au public de causeurs, d'auditeurs et de spectateurs à qui la palestre offrait un lieu de réunion. On sait que les Grecs passaient au gymnase une bonne partie de la journée, non seulement pour s'y livrer aux exercices athlétiques, mais aussi pour y entendre des conférences : les sophistes et les philosophes les plus célèbres y réunissaient leurs disciples, soit dans les exèdres de la palestre, soit dans les allées ombragées des jardins. Platon enseignant à l'Académie, Socrate et Aristote au Lycée, Antisthène au Kynosarges eurent sans doute de nombreux imitateurs La partie véritablement organique de la palestre est renfermée dans le portique double 2. Le centre de ces locaux, l'ephebeuln est une exèdre remarquable par ses dimensions. Son nom signifie la salle des éphèbes. Ce mot d'iefer ztov ne se rencontre avec le même sens chez aucun auteur grec. Il désigne dans Strabon une classe de jeunes gens 3. L'ephebeum de Vitruve correspond, semble-t-il, à l'ancien aaoÔur ptov plusieurs fois mentionné dans Platon et dans la République des Athéniens attribuée à Xénophon 4, comme la pièce principale de la palestre. C'est dans l'a'.7roôur'tptov que Socrate, sans doute pendant les intervalles des exercices, assemblait la jeunesse. Qu'il y eùt une grande salle réservée aux exercices des éphèbes, c'est ce qui ressort de l'Anacharsis de Lucien' : Solon est censé conduire le Scythe dans l'éphéoeton ou l'apodytérion du Lycée; là il lui montre les jeunes gens se donnant des crocs-en-jambe, se prenant à bras le corps et roulant ensemble dans la poussière « comme des pourceaux ». On traduit d'ordinaire le mot â7oôuri tov par vestiaire, d'âaoUsty, suivant l'étymologie donnée par Isidore 6. Mais cette explication, acceptable pour les bains, paraîtra trop étroite appliquée à la plus grande pièce du gymnase. Lrl effet, dans le Lysis de Platon' on voit les jeunes gens jouer aux osselets dans l'apodytérion, devant une galerie de spectateurs assis en cercle sur les bancs, ce qui n'empêche pas Socrate et ses auditeurs de trouver place dans un coin paisible de la même salle. L'auteur de la République des Athéniens et Pollux 8 citent l'apodytérion comme une des parties essentielles de la palestre. On serrera donc de plus près la vérité en remarquant avec Pollux' qu'aaohia O t, dans Thucydide S0, est synonyme de yup.vci s 7Oo t. L'apodytérion est donc la salle où l'on combattait déshabillé, et le mot a le même sens étymologique que yi.y.vxc;ov. Les vêtements des lutteurs, enfermés dans des filets ou dans des sacs 11 étaient suspendus aux murs, aux colonnes ou aux arbres, comme on le voit sur des vases peints (fig. 745), ou posés sur une table, sous une bâche qui les protégeait contre la poussière iz. Des peines sévères et même la mort punissaient les voleurs d'habits dans les palestres comme dans les bains 13. xsipuxoç, sac de cuir. Le jeu de la xwpuxo;a.az(a a été décrit à l'article coaxcus. Le coryceum serait donc la pièce où l'on jouait au corycos. Toutefois, vu l'importance secondaire de cet excercice, on s'étonne à bon droit de lui voir affecter une salle spéciale. Aussi a-t-on proposé de transformer le coryceum en un jeu de paume et de l'identifier avec le ospatptc-c-tov. Mais certains textes indiquent que le jeu de paurne avait lieu en plein air, dans la cour de la palestre 14. Les Romains furent les premiers à s'offrir le luxe de jeux de paume couvertsl". M. Petersen suggère une hypothèse plus satisfaisante : xoipuxo; signifie aussi besace â provisions7f. Néron le premier installa un buffet dans son gymnase" : les palestres grecques n'en avaient pas. Le public apportait ses provisions de bouche dans ces sacs variés que Pollux18 énumère parmi le matériel des gymnases. Le coryceum serait donc l'endroit où l'on déposait ces sacs, en attendant le moment du repas. Le conisterium (xovteti'liptov) désigne l'endroit où les lutteurs se frottaient de sable fin (xcvfbo». Sur certaines inscriptions, il porte le nom de xdvtclta 10 et d'Eyxdvtp.as0 Le sable de palestre compensait les effets de l'huile, en assurant la prise des mains sur la peau. Il facilitait aussi le nettoyage de l'épiderme enduit de matière grasse, et préservait le corps des refroidissements 21. Il représentait une certaine valeur, parce qu'on était obligé de le faire venir de loin, en particulier d'Égypte22. Certains généraux d'Alexandre, Perdiccas, Cratère, Léonnatos, Méléagre, en emportaient des voitures pleines pendant leurs expéditions, soit pour leur usage personnel 23, soit pour les fêtes gymniques où concouraient leurs soldats. Le conisterium, simple dépôt ou magasin où le sable était conservé dans des corbeilles (xdvato; caup(;) 24, diffère de la xovictpa, arène sablée probablement à ciel ouvert (voy. p. 1691). La frigida lavatio (),outipdv, ),our1tv, nouipoly) désigne le bain froid. Les athlètes avaient besoin, après leurs exercices, d'ablutions pour rafraîchir leurs corps et le débarrasser de la graisse, de l'huile et du sable mêlés à la sueur. Les gymnases même les plus rudimentaires GYM 1.689 GYM devaient être pourvus d'eau et posséder, sous forme de fontaine, de vasque ou de piscine une installation propice à cette toilette nécessaire'. A Sparte, l'Eurotas pourvut longtemps à ces besoins 2. Les travaux d'adduction de l'eau dans les gymnases d'Athènes, autant pour l'entretien des plantations que pour le bien-être du public, furent commencés par Cimon qui dériva un canal du Céphise dans l'Académie 3. Un autre aqueduc alimentait le Lycée 4. A Corinthe, la source Lerne jaillissait dans l'enceinte du gymnase' et la source Képhissa près de celui d'Apollonie 1pidamnienne 6. Les dispositions du nooTp6v ont dû varier suivant les lieux et les époques. La figure 745, empruntée à un vase peint du musée de Leyde, représente une fontaine à deux bouches, en forme d'édicule à fronton et qui paraît située dans la cour d'un gymnase. Il y en eut aussi en forme de bassins ou de piscines (7réE),oç, i.xxTpa, ôESay.ÉYTO de dimensions assez spacieuses pour qu'on y pût nager (xoauN.ôrlOpa). Lucien nous a laissé un tableau pittoresque de celle du Lycée ' : « C'est à avoir peur de se tremper dans la piscine souillée par un tas de Carimantes qui se bousculent en pleine crasse. Plus loin, il compare à des dauphins les plongeurs qui piquent une tête dans l'eau froide. La frigide lavatio de Vitruve désigne sûrement une piscine de ce genre. Dans les palestres anciennes, qui ne possédaient pas d'autre bain, c'est là que les athlètes, au sortir de l'eau, se grattaient avec la strigile et se parfumaient d'essences, comme le montre la figure 745. L'elaeothesiuln (ÉnxtoOis ov) 3 est encore un terme qu'on ne trouve que chez Vitruve. On est tenté de le traduire par dépôt d'huile. De Biou19 résume clairement l'idée qui a longtemps prévalu sur la destination de cette pièce : « Lieu où l'on conservait l'huile et où s'allaient oindre ceux qui s'exerçaient, non seulement pour rendre leurs membres plus glissants et moins capables de donner prise, mais encore pour les rendre plus souples et plus propres aux exercices. Outre l'huile dont nous venons de parler, il y en avait d'autres qu'on employait après la lutte, sur les membres qui avaient été froissés, et d'autres encore, qu'on prenait avant d'entrer dans le bain. » La consommation de l'huile dans les gymnases entraînait des frais considérables ; aussi une des libéralités les plus appréciées et qui est célébrée en termes reconnaissants par les inscriptions, consistait à faire au gymnase un cadeau d'huile en nature, ou bien à offrir une somme d'argent ou à constituer une rente pour en assurer la fourniture 10. Ceux qui briguaient les honneurs municipaux négligeaient rarement cet élément de popularité. Les textes épigraphiques, en Grèce et en Asie Mineure, sont innombrables qui ont perpétué jusqu'à nous le souvenir de semblables congiaires [GYMNASIARCHIA]. On conservait l'huile dans de grandes amphores ou dans des réservoirs de bronze et on la distribuait aux athlètes dans des lécythes 11 On voit sur le monument funéraire d'un gymnasiarque nommé Diodoros, entre autres insignes de sa charge, un grand bassin qui re pose sur trois pieds en griffes de lion (fig'.3668) '3. Au bord du bassin sont suspendues trois cuil Tatvat) au manche long et étroit [CYA Tuos]. On suppose que cet objet devait rappeler les distributions d'huile dont le gymnasiarque Diodoros avait fait les frais durant l'exercice de sa charge. Ce réservoir d'huile était sans doute placé dans l'elaeothesium. L'expression s),atov TtOsvat (oleum ponere), à laquelle correspondent OsT€w, se rencontre souvent dans les inscriptions agonistiques pour désigner une distribution d'huile13. L'huile destinée à l'onction s'appelait 'acuov ôpxxTw ou AEtutua ôFner6v 1'i. On lit sur une inscription de Stratonicée en L'elaeothesium est donc la pièce où l'on distribue l'huile et les onguents. Quant aux onctions elles-mêmes (tiptat;, tq/tç), celles qui précédaient la lutte pouvaient avoir lieu sous les portiques ou dans la cour; celles qui suivaient, accom pagnées de frictions et de massage (TN('.it;, âvcr9t4.e;) se faisaient dans une salle spéciale, l'â),st7'r'è ptov ou Û;7t'r1 p;ov souvent mentionnée comme une pièce importante du gymnase et des bains i6 [ALIPTA]. Le mot latin unctuarium 17 en serait la traduction la plus exacte. Cette pièce devait être légèrement chauffée, de façon à provoquer la transpiration 18, en sorte qu'on serait fondé GYM 1690 GY1YI à l'identifier avec le tepidarium romain. L'absence de l'âaEtrTr1etov dans la description de Vitruve comporte plusieurs explications : 1° dans certains gymnases de l'époque hellénique, cette pièce s'identifiait avec l'elaeothesium, et, pour ce cas particulier, le commentaire de de Bioul serait parfaitement exact; 2° ou bien on doit rechercherl'â,Emr-4ptov parmi les installations balnéaires du gymnase dont Vitruve ne donne que les noms romains. Alors, la pièce qui répondrait le mieux à la destination de l'ÀEtrTeiptov serait le frigidarium contigu à l'elaeothesium. Toutefois, comme le frigidarium est d'ordinaire une piscine froide [BALNEUM, p. 659] et fait double emploi avec la frigida lavatio située à l'autre bout du portique, Becker propose au texte de. Vitruve la correction tepidarium, au lieu de frigidarium. On peut, sans aller jusque-là, considérer le frigidarium de la palestre de Vitruve comme une pièce tenue à une température plus basse que les étuves voisines, sans toutefois être pourvue d'une piscine froide. On voit en effet, à la figure '752, que le frigidarium de la villa de Diomède à Pompéi servait non de bain froid, mais de salle de transition entre la cour et le tepidarium. Dans ces conditions, le frigidarium pouvait tenir lieu d'unctuarium 2. On ne doit pas oublier que, dans le gymnase hellénique, les bains sont réduits au strict nécessaire : on n'y trouve pas ce luxe de subdivisions savamment graduées qui étaient de mise dans les gymnases gréco-romains et dans les thermes proprement dits. La simplicité ou le développement luxueux des installations balnéaires divisait, au temps de Pausanias, les gymnases en deux catégories : ceux que l'on appelait à l'ancienne mode, et les gymnases modernes. La ville d'Antikyra possédait un yupvxctov âp aïov et un autre Év, w xod Tâ )■ourpj. rEro('çro;. Le propnigeum (reorvt yeïov) séparé par un couloir du frigidarium désigne la pièce qui précédait le rvtya ; ou étuve 4. On le traduit d'ordinaire comme un équivalent du latin praefurnium et l'on en fait une annexe du calorifère ou un bûcher. Mais on remarquera que Vitruve ne mentionne aucune des pièces qui servaient au chauffage, ni l'hypocauste, ni le calorifère proprement dit (xâp.tvoç) e ni les réservoirs d'eau chaude. Et pourtant il ne pouvait exister ni étuve ni bain chaud sans cette installation spéciale. Il est probable que Vitruve a, sur ce point, écourté sa description pour ne pas répéter ce qu'il avait dit à propos des bains. Aussi pour la disposition technique de l'appareil de chauffage, pour celle de la concamerata sudatio (rup(a, rup(«p.«, rupt«Tritov) avec ses subdivisions, le laconicum et la calda lavatio, nous renvoyons à l'article BALNEUM. Vitruve ne dit rien de l'entrée (eicoôo;) de la palestre. Nous l'avons rétablie par conjecture, d'après le bronze de Caracalla reproduit par la figure 3667, et d'après le plan du gymnase d'Hadrien à Athènes (fig. 3676). Tel devait être, 1 Becker-Gêll, Charib:lès, II, p. 232. 2 Au Laurentinum de Pline, les compartiments se suivent ainsi : cella frigidaria, unctorium, hypocauston, propnigeon (Ep. Probl. 2, 29. 7 Le texte original est altéré. J'adopte la leçon : a altera simples ita fada ut.... », au lieu de : « alterae simplices ita factae ut... ». En effet, ce pluriel rend toute la description inintelligible, et le singulier est commandé par les phrases suivantes : haec autem porticus tsnré; apud Graecos vocitatur... Proxime autem xystum... 8 Le texte porte : « ut gradus sint in descensu a marginibus sesquipedem ad planitiem » (ed. Valentin Rose et Hermann MiillerStriibing). Peut-être doit-on lire : e uti grades bini sint in descensu a marginibus en effet, le dispositif le plus commun, car celui d'Olympie s'explique par des circonstances locales, la grande entrée étant commune au gymnase et à la palestre. III. Telle était la palestre. Le reste de la description de Vitruve s'applique au gymnase proprement dit (fig. 3666) : « En dehors de la palestre, on construira trois portiques, l'un contigu au péristyle, les deux autres s'allongeant à droite et à gauche sur une longueur d'un stade 7. Le premier, qui regarde le nord, sera double et très large (L); le second simple et disposé comme suit (M): de chaque côté, le long du mur et de la colonnade, on établira des trottoirs ou plates-bandes latérales (margines) larges d'au moins 10 pieds; au milieu, on ménagera une chaussée creuse (M, M), large d'au moins 12 pieds, et dont le niveau sera de deux marches de 1 pied 1 /2 en contre-bas des trottoirs 3. De la sorte, les gens habillés qui circuleront de chaque côté sur les trottoirs ne seront pas gênés par les mouvements des athlètes frottés d'huile. Les Grecs appellent urT6ç ce genre de portique parce que c'est dans ces stades couverts que les athlètes s'exercent pendant la mauvaise saison. Le long du xyste et du portique double, on tracera des allées découvertes (hypetroae ambulationes), que les Grecs appellent 1Tapxôpou.iaEç° et à qui nous réservons le terme de xysta10 (N, N). Aux beaux jours d'hiver, les athlètes pourront sortir du xyste (couvert) pour s'y exercer. On établira ces xysta (découverts) tout en plaçant des bosquets et des groupes de platanes entre les deux portiques et en disposant des avenues sous les arbres (p, p,) avec des stations en opus signinum. Derrière le xyste, on construira un stade (S) assez vaste pour que des foules de spectateurs y contemplent à l'aise les luttes des athlètes. » Les constructions énumérées dans ce passage étaient destinées à remplacer les antiques ôpdp.ot à ciel ouvert et correspondent au xr..Tfier Eyo; Ôpdp.O; ou à l' ce 4611o; des auteurs grecs. Le xyste simple servait de promenoir (reprz'oç) pour les amateurs 11 et de piste pour les athlètes, en particulier pour les coureurs et les pentathles 13 ; çurTi; ôpdp.oç signifie la piste raclée 13. Il mesurait un stade de longueur. Le xyste double permettait de courir sous ses galeries la course double ou ôiau),oç. Plus tard . ur.r6; devint synonyme de gymnase. Le xystarque est qualifié de chef du gymnase par les lexicographes'. Un des gymnases d'Élis s'appelait le Xystei6. La cour intérieure du gymnase (i ziOpov) 1°, plus vaste que celle de la palestre, ressemblait plutôt à un parc, avec ses allées d'arbres, oliviers, ormes, peupliers et surtout platanesi7. Les rapa'pop.(as; rappelaient les pp.ot primitifs '$. Par les stations ex opere signino, on doit entendre des ronds points pavés en ciment dit de Signia 19, peut-être garnis de bancs et équivalant à la xprr(ç du gymnase d'Olympie ou bien aux hémicycles où Plutarque nous représente les nouvellistes d'Athènes, avant l'expé était entrée dans les habitudes des Athéniens ; Xcn. Ment. 1, 1, 10, Iscbomachos (Xen. Oeeon. XI, 15) déclare lui préférer la promenade sur les routes de la campagne. p. 398-390. Pausanias (VI, 23, 1) rapporte qu'un gymnase d'Élis s'appelait le Xyste parce qu'Hercule avait débarrassé (4vatuav) la piste des acanthes qui Pen vahissait. yspaaawv Iroécvu aai Ia3rosvv. Sur les platanes du gymnase de Rhegium, Tbeophr. Hist. plant. IV, 5-6; Diod. XIV, 3 ; Plia. Hist. net. XII, 3. Sur les plantations dans les gymnases, Plat. Leg. VI, 3, p. 761. Pausanias (X, 8, 8) dit qu'il y avait jadis un bois sauvage dans la cour du gymnase de Delphes. -13 Inser. de Pergame : GYM 1691 GYM dition de Sicile, s'asseyant pour tracer des cartes de l'île sur le sable. Des sièges (8ixot), des bancs placés sous les arbres, offraient un asile à ceux qu'importunaient les cris des lutteurs t. La position du stade dans le gymnase vitruvien reste incertaine :post xystum peut s'entendre derrière le xyste et parallèlement à lui, ou au bout du xyste. La première explication se justifierait par l'identité des longueurs, le xyste devant mesurer un stade. Mais ce dispositif manque d'harmonie et rompt l'équilibre entre les deux ailes du gymnase. Aussi ai-je préféré la seconde explication, par laquelle on dispose le stade à l'extrémité, restée libre, de la grande cour. D'aucuns, comme M. Wernicke 2, ont disposé la piste du stade dans le prolongement de la cour et les gradins dans le prolongement des xystes. Mais ce plan allonge jusqu'à l'invraisemblance les dimensions du gymnase, en mettant bout à bout les bâtiments de la palestre, les xystes et le stade dans leur plus grande longueur: de plus, il donne au stade une largeur inusitée. Le plan le plus rationnel me paraît être de placer le stade en travers de la cour en l'appuyant, vers ses deux extrémités, aux deux xystes. On obtient ainsi un ensemble mieux équilibré, et une clôture architecturale pour la cour du gymnase. De fait Vitruve n'indique pas comment le jardin était clos du côté opposé à la palestre. Il faut toutefois supposer hors du parc et des allées fréquentées, de grands espaces libres, de vrais polygones (e$puzdptcc) 3 pour le jet du disque, du javelot, le tir à l'arc et à la fronde, et même le tir à la catapulte. On passait dans les gymnases, c'est-à-dire dans les champs de manoeuvre qui leur étaient annexés, des revues de l'infanterie et de la cavalerie Le stade du gymnase ne devait pas servir aux exercices ordinaires, mais aux représentations athlétiques données à l'occasion de certaines fêtes. Dans bien des cas, il se trouvait séparé du gymnase [sTADIUSI]. L'esquisse générale du gymnase grec, tracée par Vitruve, laisse de côté quelques parties secondaires dont nous connaissons l'existence par les textes ou par les inscriptions. Je me suis déjà expliqué au sujet de nier, c'est-à-dire le jeu de paume, qu'on ne doit pas confondre avec le coryceum, semble bien, d'après un passage de Théophraste, avoir occupé une partie de la cour de la palestre : il était donc à ciel ouvert et n'apparaît, comme local fermé attenant aux bains, que chez les auteurs de l'époque impériale 5. confond pas avec le conisterium. Ce devait être aussi une partie de la cour de la palestre 6, affectée aux exercices des lutteurs 7; on pouvait aussi désigner par ce terme les IV. pistes sablées, soit des xystes, soit des paradromides. On étendait sur ces pistes une couche profonde de sable, dans le double dessein d'amortir les chutes et de rendre la course plus pénible 8. Après avoir ameubli le sol de la palestre avec la pioche, on l'égalisait au rouleau9. On luttait en plein air sur la xovio-cFa et non plus dans l'ephebeum, quand il faisait chaud, de même que les coureurs désertaient le xyste couvert pour courir en plein air sur les paradromides. Un autre terme, qui paraît dans les auteurs et les inscriptions de basse époque et chez les Pères de l'Église pour désigner le lieu où les athlètes s'exercent et gagnent leurs lauriers, c'est le cxxy.a 10 ; on le trouve souvent associé à la palestre et au stade. Il signifie l'arène creusée, la piste ameublie, le fossé. Krause 31 veut l'identifier avec la chaussée creuse du xyste couvert. Petersen 12 admet qu'il était primitivement un fossé, et que plus tard il désignait les parties de la cour distinguées et séparées par des tranchées et des fossés. D'après Pollux 13, le cxclpp.z ou les Éax«q. t.Ev« marquent le but où doivent atteindre les sauteurs [SALTUS]. L'existence, dans la cour de la palestre, d'une fosse pleine de sable, où se roulaient les lutteurs, est attestée par Lucien 14, qui les représente se plongeant à même le sable profond iv Tc) ôpûyti.cc t. Mais on ne saurait décider si cet Spuylu« se confond avec la xov:cTpa, ou avec le excl a a«. Les athlètes se frottaient non seulement de sable, mais aussi de boue (7rradç)15 et d'une pommade composée d'huile et de cire qu'on appelait ceroma (xrIpo i..a). Ce mot désigne aussi, à l'époque impériale, un local spécial de la palestre [CEROMA]. Les exercices du saut, avec ou sans haltères, demandaient des fossés et des obstacles 16. 11 y avait donc un Tâc poç et une levée de terre ((3xTrip)17 à cet effet. Les éphèbes faisaient un grand usage de la pioche, que plusieurs vases peints représentent entre leurs mains [GYMNASTICA]. Vitruve n'a rien dit non plus des locaux affectés au culte dans lès gymnases. Pourtant, chacun de ce's établissements avait un ou plusieurs patrons divins. Ceux-ci y possédaient des statues, des autels et des temples18. Des exèdres leur étaient consacrées et des fêtes se donnaient en leur honneur. Les bancs des exèdres de la palestre de Délos portent des dédicaces à Apollon i9. Hermès, Asklépies, Apollon, Héraclès, Éros, les Muses comptaient parmi les principaux protecteurs des gymnases. Le gymnase n'était souvent qu'un sanctuaire métamorphosé, et il tirait son nom, comme l'Académie et le Lycée d'Athènes, le Kylarabis d'Argos, du dieu ou du héros qui l'habitait 20. Parfois il enfermait un ou plusieurs iepi entre ses portiques 21. Au Lycée, l'éphébeum faisait face à la statue GYM 1692 GYM d'Apollon Lycien située dans la palestre'. Dans toutes les palestres, les enfants honoraient d'un culte particulier Hermès, l'idéal éphèbe 2. Plus tard, le culte d'Antinoiis se répandit aussi dans les gymnases. Outre les statues des dieux, celles des athlètes vainqueurs ou de certains protecteurs princiers complétaient la décoration sculpturale du gymnase et en faisaient de véritables musées. On a retrouvé les dédicaces de plusieurs statues données au gymnase de Délos par Mithridate lvergète et par son fils Mithridate Eupator 3. La sépulture dans le gymnase était un grand honneur accordé à la mémoire des gymnasiarques les plus généreux et des évergètes de l'établissement". Dans les gymnases de l'époque impériale, on voit désignées sous le nom d'oixot des salles d'apparat, souvent construites et décorées avec un grand luxe par de riches bienfaiteurs. Pausanias cite, dans le gymnase de Mantinée, l'oixoç consacré à Antinoüs; il était orné de marbres et de peintures; on y voyait une copie de la bataille de Mantinée, d'après le tableau d'Euphanor exposé au Céramique d'Athènes 5. Des locaux affectés au logement du personnel, fonctionnaires et esclaves, nous ne savons rien ; toutes les restitutions concernant leur destination et leur distribution font la plus grande part à la fantaisie''. IV. Si nous passons maintenant à l'examen des ruines découvertes dans les divers pays grecs et grécoromains, nous n'hésiterons pas à placer en première ligne, comme le spécimen le plus ancien et le plus original de gymnase hellénique, les édifices de Messène relevés par la Commission de Morée et dont le véritable caractère nous semble avoir été jusqu'ici méconnu. L'ordre de la description de Pausanias 7 indique que le stade et le gymnase de Messène se touchaient, dans le voisinage du théâtre. Or, on doit, à notre avis, reconnaître sur la figure 3669 empruntée à l'Expédition scientifique de Morée', le plan d'une palestre dans le péristyle quadrangulaire ABCD, pourvu au nord d'un portique triple. Les portiques latéraux AC et BD sont à colonnade dorique simple. Le portique sud, qui devrait rejoindre leurs extrémités par une galerie continue, se réduit à deux saillies Cc et Dd, à double colonnade posée elle-même, en guise de soubassement, sur une colonnade de rez-de-chaussée 9. Les deux longs portiques divergents CEF et DG représentent les xystes du gymnase; le premier, au lieu de se prolonger en ligne droite s'arrête devant une dépression de terrain I et se rabat à angle obtus vers l'ouest, de E en F. Les recherches de Blouetse sont bornéesà reconnaître les bases des colonnes, dont le style appartient au ive siècle. Des fouilles plus complètes permettraient sans doute de relever les traces des exèdres et autres locaux intérieurs de la palestre ; on n'en aperçoit que des arrachements en h,h,h,h. L'originalité du plan général est due à la position du stade, logé en partie dans la cour de la palestre, en partie dans celle du gymnase. La cour de la palestre (L) forme une terrasse échancrée par l'extrémité en hémicycle (ccpevôdv O du stade (M), pourvue de seize gradins divisés en xsExtaeç par de petits escaliers ; là étaient les places d'honneur. Les autres côtés du stade, réservés au peuple, consistent en simples talus de terre, dont le faîte est couronné par les longues colonnades des xystes. L'arène du stade, située à 8 mètres environ en contre-bas de la cour de la palestre, s'évase entre ces deux talus et occupe ainsi toute la cour du gymnase. Une autre cour annexe (I), également en contre-bas et d'un péribole irrégulier, a été aménagée dans la dépression de terrain qui a arrêté le prolongement du xyste de gauche. Au sud le péribole est constitué par les murs de la ville (0, 0) : un édicule (K), en forme de petit temple 10, fait face à la acpavo6v-il et se loge à l'extrémité de l'arène, dans un bastion saillant de l'enceinte. Pour les détails de construction et les profils d'architecture, nous renvoyons le lecteur aux admirables gravures de Blouet. Mais, d'après la figure 3669, on se rend compte que l'ensemble de ce dispositif, d'une conception aussi ingénieuse qu'architecturale, était imposé au constructeur par des nécessités pratiques. Messène occupe un versant très abrupt et très accidenté de l'Ithome. Pour asseoir des édifices d'aussi vastes dimensions qu'un gymnase et qu'un stade, on ne disposait que d'un fond de ravin étroitement encaissé". On a tiré un excellent parti de ce site en établissant le péristyle et la cour de la palestre sur un terre-plein mi-naturel, mi-artificiel, dont la cavea de la sphendoné constitue le soutènement. L'économie de place, réalisée par l'insertion du stade dans l'intérieur du gymnase, trouvait sa compensation dans le fait que l'arène élargie pouvait servir aux exercices ordinaires, ainsi que la cour I. Quant aux plantations, elles devaient en être exclues et reléguées soit dans la cour I, soit sur les pentes supérieures du ravin. Un ruisseau (p, p), alimenté par la source Clepsydre, traverse actuellement la palestre et la piste dans toute sa longueur. Sans doute, il servait jadis à alimenter le aouTp6v de la palestre. Le gymnase de Messène a dû être construit dans les années qui sui GYM 1693 virent la fondation de la ville par Épaminondas (371-370). Dans leurs grandes lignes, les édifices d'Olympie, mis au jour par les fouilles allemandes, reproduisent un type analogue, mais plus normal et plus étendu; on peut le considérer comme le spécimen le plus pur jusqu'ici connu du gymnase hellénique. C'est en tout cas celui qui correspond le mieux à la description de Vitruve, et qui fixe clairement le plan qui doit lui être approprié. Quelques lignes de Pausanias ne laissent aucun doute sur l'identification de ces ruines, reproduites par la figure 3670 i. « Le prytanée des Éléens est situé à l'intérieur de l'Altis, près de la porte qui fait face au gymnase. Celui-ci contient les ôe6N.ot et les palestres des athlètes 2. Dans le gymnase d'Olympie ont lieu les exercices du pentathle et de la course. Au milieu de la cour (iv T(i) 15-2a(Opy), il y a un soubassement (xpv:(Ç) de pierre, qui portait jadis, un trophée en souvenir de la défaite des Arcadiens. A gauche de l'entrée du gymnase, il y a un autre péribole plus petit, qui renferme les palestres des athlètes. Au mur du portique du gymnase qui regarde l'orient, s'adossent les chambres des athlètes, exposées au vent Libas et au soleil couchant'. » Pausanias distingue donc nettement trois parties : 1° le gymnase proprement dit avec sa cour, ses deux portiques et les logis des athlètes ; 2° l'entrée ; 3° la palestre située à gauche de cette entrée. Bien que les savants allemands n'aient pas achevé le dégagement de ces immenses constructions, ils en ont relevé toutes les parties organiques. Le gymnase et la palestre occupaient, entre la rive gauche du Kladéos et le mur occidental de l'Altis, une vaste esplanade sablonneuse protégée contre les débordements de la rivière par un quai de pierre. Cette GYM ares, devait être, avant les constructions dont nous nous occupons, un lieu d'exercice en plein air analogue au Platanistas spartiate. Le véritable gymnase destiné à l'entraînement des concurrents, avant le in' siècle, se trouvait à Élis4; les Éléens avaient réglé minutieusement et tenaient à diriger eux-mêmes, par l'intermédiaire de leurs Hellanodices et de•leurs Nomophylaques, la période préparatoire de dix mois qui précédait l'entrée en lice des concurrents inscrits. Olympie ne fut pourvue d'un gymnase qu'au IIIe siècle av. J.-C., sans doute par Ptolémée Philadelphe qui voulut, par cette libéralité, diminuer l'importance d'Élis et faciliter la fusion de la jeunesse orientale e t de la jeunesse hellénique, près du sanctuaire le plus fréquenté de la Grèce s. A dater de ce moment, le dixième mois d'entraînement se passa à Olympie et même la période tout entière y put être accomplie. La palestre, qui paraît avoir été construite la première, forme un péribole carré de 66 mètres de côté. Une cour intérieure, de 41 mètres de côté, en occupe le centre, entourée d'un péristyle quadrangulaire à colonnes doriques, cannelées seulement du côté de la cour. Entre le péristyle et le mur de fond règnent quatre corps de bâtiments, subdivisés en une série de pièces plus ou moins spacieuses, les unes ouvertes et communiquant avec le péristyle par des colonnades intérieures d'ordre ionique, les autres fermées et desservies par des portes. Plusieurs des salles ouvertes sont garnies, le long des murs, de banquettes en marbre. Elles occupent surtout les côtés sud, est et nord : on y reconnaîtra les exèdres de Vitruve. C'est dans le côté nord que sont groupés les autres compartiments énumérés par Vitruve. Mais leur identification n'est pas certaine, parce que toutes les palestres ne se ressemblaient pas dans les moindres détails : l'ordre adopté par Vitruve tient à des circonstances particulières dont on n'a pu faire qu'après coup une règle absolue. Il est possible que le modèle par lui décrit fût unique en son genre, et qu'aucun autre édifice ne lui répondît exactement point pour point. On peut toutefois proposer les assimilations suivantes. -1 et 2. Aux deux angles du portique sud sont deux petites entrées de la GYM 1694 GYM palestre, composées chacune d'un vestibule (7tp60ueov) orné de colonnes corinthiennes in antis, et d'un cabinet ouvert sous le péristyle (la, 2a). Ces pièces assuraient l'isolement de la cour intérieure par rapport à la rue : précaution prise contre les regards indiscrets et peutêtre aussi contre le vent du sud. -3. Grande salle ( to Trr-l tov) servant de promenoir et dont la longue colonnade intérieure constitue avec le péristyle un véritable portique double analogue à celui que prescrit Vitruve avec une orientation différente. 4. Ce cabinet fermé convient à l'elaeothesium. 5. Exèdre ou âJ,t7tT-il ptôv. 6. Ephebeum (?). 7. Salle fermée, peut-être le coryceum. -8. Conisterium. 9. Aou-rpdv? Cette dernière pièce n'a pas été complètement dégagée, mais on reconnaît qu'elle s'ouvrait seulement sur la précédente. Ce fut là sans doute le bain chaud primitif, consistant en une simple vasque qu'on remplissait avec l'eau du Kladéos ou de l'eau de puits. A l'époque romaine, après qu'Ilérode Atticus eut amené dans l'Apis l'eau qui lui manquait', toutes les parties du sanctuaire furent abondamment pourvues par une canalisation complète. Un bassin carré, garni de briques, d'environ 4 mètres de côté et de 1m,38 de profondeur, fut alors aménagé dans la pièce de l'angle nord-est (13) de la palestre. Il n'y a pas trace de concamerata sudatio ni des autres raffinements balnéaires du modèle vitruvien. Des thermes, installés dans le voisinage immédiat du gymnase, suppléèrent plus tard à cette insuffisance. Les autres subdivisions du côté nord comprises entre les deux pièces d'angles, c'est-à-dire au centre une vaste exèdre (11) flanquée de deux grandes salles fermées (oixot? 10, 12) ne sauraient recevoir de nom particulier. On appellera exèdres les compartiments (14, 15, 16, 17) du portique oriental. Dans quelques salles (2a, 5, 14, 17), ont été retrouvés en place des autels et des bases de statues. Les murs de la palestre étaient en briques sur un socle de pierres de taille. La peinture rehaussait la décoration sculpturale de l'entablement. Le style des chapiteaux atteste la recherche de la variété ; il s'affranchit des modèles canoniques et se rapproche, par ses formes un peu grêles, des types de l'époque hellénistique retrouvés en Asie. L'area de la cour intérieure présente une particularité bizarre. C'est, parallèlement au péristyle nord, un dallage de tuiles, large d'environ 5 mètres sur une longueur probable de 25 mètres et disposé comme suit: sur le bord nord court une ligne de tuiles à rebords surélevés, large de Om,50, puis un dallage de tuiles striées de Im,60 de large, ensuite une double bande de tuiles lisses à rebord saillant large de 1 mètre, et un deuxième dallage strié de lm,60 (voy. fig. MM'. On a beaucoup discuté la destination de cet ouvrage. Un plancher aussi dur ne convenait guère aux lutteurs; l'hypothèse d'un aqueduc est encore moins plausible. On a pensé à un jeu, dans le genre du dallage en plaques de tuf installé dans la palestre des thermes de Pompéi et sur lequel on a retrouvé deux lourdes boules de pierre3. Cavedoni 4. a supposé que ces boules servaient à éprouver la force des gens qui s'exerçaient à les faire rouler sur les dalle. C'était donc un jeu de force analogue à celui du disque. A Olympie, la fragilité des tuiles exclut une semblable conjecture. Il s'agit plutôt d'un jeu n'exigeant qu'un matériel léger : des boules de bois seraient encore trop lourdes et s'accorderaient mal avec l'existence des stries. On pensera donc, en dernière analyse, à une manière de rsy«tptrttov: les joueurs, obligés de prendre leur élan pour lancer le ballon, avaient moins de chances de glisser sur un dallage strié. Quant aux rainures latérales, peutêtre servaient-elles à renvoyer le ballon aux joueurs. On sortait de la palestre par l'ouverture percée dans le mur au fond de l'exèdre centrale du portique nord et l'on pénétrait dans le gymnase. De celui-ci on n'a encore reconnu que le portique simple, au sud, contigu à la palestre (Vitruve dit: « atna ex peristylio exeuntibus »), et un portique double, incomplètement déblayé, qui s'allonge au nord, sur une longueur de 210m,50. Le portique simple, à colonnade dorique, communique à l'est par une petite porte à escalier avec un bassin ouvert sur la rue, en face de l'Apis. Le portique double répond incontestablement au xyste de Vitruve. Il mesure 11m,30 de largeur, et se subdivise en deux galeries séparées par une colonnade médiane, dorique ainsi que la rangée latérale. A chaque extrémité le mur de fond se rabat en crochet sur le stylobate jusqu'à l'alignement de la troisième colonne médiane. La distance qui sépare ces alignements, indiquée sur le dallage par des lignes de trous destinés à recevoir des poteaux de départ, mesure exactement un stade olympique (192m,27) : la longueur totale du xyste équivaut à celle de la piste du stade d'Olympie, mesurée du pied des deux talus extrêmes. Ceci explique clairement le sens de l'épithète stadiatae appliquée par Vitruve aux xystes'. Elle signifie, non pas en forme de stade, mais de la longueur d'une piste de stade. Il n'y a pas de margines à l'intérieur du xyste olympique. Entre les deux portiques du gymnase s'ouvre un propylée ou porte monumentale (l'entrée signalée par Pausanias), qui fait communiquer la rue avec la cour du gymnase. Cette construction, datant de l'époque d'Auguste, remplace une porte plus ancienne et plus simple. Le xyste occidental, parallèle à celui qui subsiste, devait être à simple colonnade. Il a disparu, sans doute emporté par le Kiadéos dont le lit a envahi la moitié du gymnase. Mais son existence résulte formellement du texte de Pausanias. La figure 3672', qui présente un croquis restauré de l'ensemble du gymnase, montre la disposition probable de ce portique avec les chambres d'athlètes qui le bordaient vers l'ouest, et celle de la Quant au stade, il était séparé du gymnase et situé de l'autre côté de l'Apis. On ignore comment était constituée, du côté du nord, la clôture de la cour du gymnase. GYM 1695 GYM La palestre du gymnase de Délos (fig. 3673) t, qui existait, dès le début du lue siècle av..1.-C., présente beaucoup d'analogie avec celle d'Olympie. Encombrée de constructions modernes, elle n'a pu être complètement dégagée. On reconnaît toutefois le dipositif canonique de la cour carrée entourée d'un péristyle quadrangulaire. Les colonnades du péristyle n'ont pas été reconnues, mais leur existence ne fait pas doute. On retrouve l'ephebeum dans la grande exèdre du portique Nord (B) et la série des pièces spéciales dans les subdivisions du portique Sud (C, D, E). Il resterait encore à vérifier si le portique Nord ne se prolongeait pas à l'ouest par un xyste. C'est, en effet, de ce côté, que la palestre devait communiquer avec le gymnase. Quant au stade, il se trouve isolé à quelque distance de là, dans une autre direction. Les comptes déliens retrouvés par M. Homolle mentionnent à différentes époques des réparations à diverses parties de la palestre et du gymnase : l'exèdre vers 280, le aou'rPdv en 268, la couverture en 2562. Sur le gymnase d'Épidaure, déblayé par M. Cavvadias en 1892, les renseignements actuellement publiés 3 indiquent qu'il appartenait au même type hellénique. Mais il fut remanié à l'époque romaine, et l'on installa un théâtre au milieu de la cour de la palestre. Il faudrait rattacher à la même catégorie l'édifice découvert à Assos en 1881, si la qualification de gymnase, proposée par les archéologues américains, méritait créances. Mais celle d'agora ou de marché lui convient beaucoup mieux, étant donnée l'absence de tout compartiment intérieur entre le péristyle et le mur de fond. V. A partir de l'époque romaine, on constate dans la disposition des gymnases une révolution complète. Le corps des bâtiments de la palestre se complique au point de ne plus pouvoir se loger dans l'étroite bande comprise entre le péristyle et le mur de fond. Il déborde au dehors, pour former un groupe annexe rattaché à l'un des côtés de la palestre, comme on l'observe à Pergame ; puis il se détache complètement pour venir occuper le centre de la cour intérieure, jadis vide. Là se massent en un groupe compact l'ephebeum, les olxot, les cpatptar'iptx couverts et clos, et les bains. Ce corps de bâtiment se modèle de plus en plus sur la disposition des établissements balnéaires : aussi les termes de palestre et de bains deviennent-ils synonymes 5. Les archéologues discutent encore, à propos de certaines ruines, comme celles d'Éphèse, d'Hiérapolis et d'Alexandrie en Troade, pour savoir quelle qualification leur convient le mieux, celle de gymnase ou celle de bains. En réalité, comme Texier le fait justement observer à cette époque les deux opinions peuvent être conciliées dans bien des cas, puisqu'il y a identité entre la palestre et les thermes. Toutefois, on réserve la qualification de gymnase aux établissements pourvus de xystes et de stade 7 ou seulement d'un péristyle quadrangulaire, lequel,dégagé des locaux intérieurs ordinaires aux anciennes palestres, rendait inutile l'adjonction de ces interminables xystes qui allongent démesurément les constructions d'Olympie. Tel est, par exemple, le gymnase dit d'Hadrien, à Athènes. D'une manière générale, le gymnase gréco-romain présente un plan plus ramassé et plus carré, à partir du moment où les subdivisions de la palestre, reportées au centre de la cour, permirent d'utiliser comme promenoirs ou comme xystes les galeries du péristyle quadrangulaire établi sur une plus vaste échelle que celui des anciennes palestres. Dans ce cas, les ôpdtt.ot extérieurs, couverts ou bordés d'arbres, se raccourcissent, comme à Éphèse et à Hiérapolis, ou bien disparaissent comme à Athènes. Ce dernier plan convient particulièrement aux gymnases urbains, à qui la place manquait pour se développer au milieu de parcs et de jardins. Il conduit directement aux grands thermes de l'époque antonine dans lesquels se fondent en un type grandiose et harmonieux les éléments de la palestre et du gymnase grecs, et ceux des bains romains. Le gymnase de Pergame 8, découvert en 1879, et dont la figure 3674 reproduit le plan d'après le croquis de M. R. Bohn 3, offre l'intérêt d'un type de transition GYM 169G GYM entre le système hellénique et le système romain. II rentre dans la catégorie des gymnases urbains. On y retrouve encore le péristyle ancien (A, A), entourant une cour rectangulaire et vide. Derrière les portiques, règne sur trois côtés une série de salles rectangulaires (h, h) incomplètement conservées. Les nécessités locales ont imposé ici une dérogation au plan canonique, en obligeant l'architecte à sacrifier la galerie sud de la cour, à cause des escarpements qui limitent le terrain de ce côté. Un long couloir extérieur (B, B) remplace le péristyle; il pouvait servir de xyste. Vers l'est, ce passage donnait accès sur une rangée de cellules (C, C), logis d'athlètes comme à Olympie, ou chambres du personnel. Dans le coin nordouest une vaste exèdre en hémicycle (D) s'adosse aux pentes supérieures : c'est une sorte d'odéon ou de salle de conférences, dans le genre de ces scholae dont parle Vitruve à propos des thermes'. La cavea faisait face à une scène ou estrade supportée par le toit du péristyle. En arrière, au nord, de gros murs (0, 0) de soutènement contiennent les terres de l'Acropole. Au sud-ouest, la construction s'appuie au mur d'enceinte (p, p) de l'Acropole. Ce qui est particulier au gymnase de Pergame, c'est le groupement, en dehors et à l'est du péristyle, des locaux destinés aux bains et des olxot. On peut reconnaître un apodyterium (1), un sudatorium (3), un tepidarium (5), un caldarium (G), un fornax (7), un ),Emniptov (4), un frigidarium (5). Quant aux locaux proprement gymniques, coryceum, conisterium, ephebeum et autres exèdres, c'est dans les salles carrées rangées autour du péristyle qu'il convient plutôt de les chercher. Le gymnase de Pergame, construit vers le début du rie siècle apr. J.-C., est en somme une palestre hellénique, avec adjonction de bains romains 2. Les inscriptions y mentionnent un àXEt,.Tiptov, une tt«px op..(ç, un portique 3. L'édifice d'l phèse représenté par la figure 3675, montre en Asie le développement luxueux des gymnasesthermes à l'époque d'Hadrien et des Antonins. Les bâtiments occupent le centre de la cour, et les péristyles de la palestre sont remplacés par des couloirs ou galeries voûtées (cryptoporticus). Les salles intérieures, couvertes de voûtes ou de coupoles, avaient des parois plaquées de marbres et de stucs. On n'a maintenu sur notre figure que les parties subsistantes et éliminé les restitutions partout adoptées depuis Canina, en particulier celles des xystes et du stade installés dans le grand espace vide entre le corps de bâtiments et le péribole (M, M). Le désir d'accorder l'état des ruines avec le texte de Vitruve n'a pas peu influencé l'imagination des restaurateurs, qui croyaient retrouver dans les édifices similaires des copies du gymnase vitruvien. En réalité, ils s'en écartent peutêtre encore plus que les thermes de Caracalla. Toutefois, comme ils sont partout cités et qu'on ne saurait leur dénier la qualité de gymnases dans une certaine mesure, nous n'avons pas cru devoir exclure ce spécimen. Toutefois rien de plus incertain que les identifications proposées par les archéologues et les architectes au sujet de ce monument. L'ensemble du bâtiment est limité, par un péribole extérieur (M, M) séparé par des cours du corps central. Autour de celui-ci règne, en guise de péristyle, un corridor voûté à quatre côtés (A, A, A, A) sur un rectangle d'environ 100 mètres de largeur sur 80 mètres de profondeur.' Aux deux angles, en haut de la figure, des absides indiquent la place d'exèdres, d'oixot ou de scholae. En bas, le corridor A communique par deux entrées avec une aire découverte B, de 68 mètres de long, peut être une arène pour les lutteurs. De là, on pénètre par des couloirs brisés à angle droit dans une salle centrale (C), d'ordinaire assimilée à l'ephebeum. A droite et à gauche quatre compartiments rectangulaires (D, D), ouverts seulement sur B, représentent peut-être un apo dyterium, un elaeothesium, un coryceum et un conisterium. En arrière, un couloir plus étroit terminé par deux petits cabinets (a, a) conduit aux bains : frigidarium (F), tepidarium (H, H). Au milieu, en I, une salle de rez-de-chaussée à la voûte enfumée paraît représenter une concamerata sudatio, ou un propnigeum, ou encore un caldarium, d'où un escalier (c, d) menait à la pièce supérieure, le aviTs1h ou le laconicum. Dans la longue salle K on place le sphaeristerium flanqué d'apodyteria (G, G). Le prétendu gymnase d'Hiérapolis 5 longtemps considéré comme le type accompli du gymnase vitruvien, n'est pas plus instructif et peut être négligé ici. GYM 1697 GYM Nous terminerons cette revue par la mention d'un bâtiment de style plus pur, sinon de caractère moins ambigu ; nous voulons parler du grand édifice carré situé à Athènes aux environs de la Tour des Vents et dégagé partiellement en 1885 et 1886 par la Société archéologique «fig. 3676). On en connaissait de longue date un fragment, en bordure sur la rue d'Éole, sous le nom traditionnel de Portique d'Hadrien. Depuis qu'il a été relevé dans ses grandes lignes, on lui a appliqué la qualification de Gymnase d'Hadrien, en se fondant sur un passage assez confus de Pausanias Koumanoudis préfère y reconnaître une bibliothèque, et plus récemment, M. Ussing a proposé d'y retrouver le Ptolémaion, le gymnase des éphèbes à l'époque hellénistique, construit vers 275 par Ptolémée Philadelphe ' et qui contenait la bibliothèque des éphèbes. Il serait ici hors de propos de discuter ce délicat problème d'identification, que des fouilles intégrales pourraient seules résoudre. On constate, d'après le plan de M. Dérpfeld ci-dessus reproduit, que l'édifice se compose d'un péristyle tétragone (A, A) sur lequel s'ouvrent, à la manière des anciennes palestres, des exèdres carrées ou hémicycliques et d'autres salles fermées. On pourrait reconnaître un ephebeum dans la grande pièce qui fait face à l'entrée. A la rigueur, toute cette partie conviendrait à une palestre de l'époque alexandrine. Le corps de bâtiment isolé au milieu de la cour peut, au contraire, dater seulement de l'époque impériale. Contenait-il des bains ou une bibliothèque? Il est difficile de se prononcer encore à ce sujet. Quoi qu'il en soit, il n'est pas sans intérêt de comparer les dispositions de cet édifice avec celles des grands thermes romains [THERMAE] 5. VI. Le régime intérieur des gymnases est très mal connu. Chaque époque et chaque pays suivait en cela des règles particulières dont le détail nous échappe. Le plus clair de nos renseignements à ce sujet provient d'une source assez suspecte, les règlements cités par Eschine dans le Discours contre Timarque et placés par lui sous le patronage de Solon. Il s'agit surtout des pré cautions prises par le législateur athénien pour sauvegarder la morale publique et protéger la jeunesse contre les contacts corrupteurs. Encore ces prescriptions s'appliquent-elles plutôt aux palestres libres des pédotribes [PALAESTRA] qu'aux gymnases d'État; de plus, la teneur même des décrets ne paraît pas toujours authentique. Sous ces réserves, on peut les résumer ainsi 6 : 1° Les palestres doivent être fermées la nuit et ouvertes du lever au coucher du soleil, mais pas avant le lever du soleil'. On les fréquentait, semble-t-il, surtout le matin avant et après le déjeuner ou ptTrov 3. 2° L'entrée de la palestre est interdite aux hommes faits pendant que les enfants célèbrent les fêtes des Muses et celles d'Hermès. Le gymnasiarque qui n'aurait pas exclu les contrevenants s'exposait à des poursuites pour excitation à la débauche 9. Mais plusieurs textes, en particulier Eschine lui-même10, contredisent cette assertion et prouvent que ce règlement tomba vite en désuétude. Les vases peints nous montrent constamment, mêlés à la palestre ou au gymnase, des hommes de tout 3° Interdiction aux esclaves de lutter et de se frotter d'huile dans les palestres des hommes libres" 1° Le voleur qui aura dérobé dans une palestre un objet d'une valeur supérieure à 10 drachmes sera puni de mort''. A ces règlements, Aristophane ajoute une indication piquante 13 : les enfants bien élevés, après s'être assis sur le sable de la palestre, devaient effacer l'empreinte de leur personne. Les savants qui ont étudié les institutions gymniques et agonistiques, ainsi que l'éphébie, ont longuement discuté la question de l'âge du public admis dans les palestres et dans les gymnases'`. On suppose généralement que les aaisç et âyévstot, c'est-à-dire les enfants et adolescents de douze à dix-huit ans, recevaient l'éducation physique et intellectuelle dans les palestres libres des pédotribes, tandis que les gymnases de la cité s'ouvraient surtout aux éphèbes et aux vioc, de dix-huit à vingt ans et au-dessus'. On doit toutefois admettre que, dans des circonstances spéciales, à l'occasion des Hermaia et d'autres concours,.les éphèbes ou «vapes pouvaient retourner à la palestre des enfants et ceux-ci pénétrer au gymnase sous la conduite de leur pédotribe. On ne saurait d'ailleurs établir une règle absolue. Enfin les hommes faits ayant dépassé l'âge de l'éphébie et les athlètes professionnels avaient le droit, sans doute en dehors des heures réservées aux exercices des éphèbes, de disposer du gymnase. Les villes soucieuses d'isoler la jeunesse lui consacraient des gymnases spéciaux : tels,à Athènes, à partir du III° siècle, le Ptolémaion et le Diogénéion, où la promiscuité des anciens gymnases publics, Académie, Lycée, Kynosarges, n'était plus tolérée. Élis réservait aux éphèbes le Maltho16 pendant les fêtes Olympiques. Pergame possédait six gymnases dont un réservé aux viot, celui qui est reproduit parla figure 3674. Mais toutes les villes n'étaient pas aussi bien pourvues : en GYM 1698 GYM maint endroit, un seul et même gymnase servait à l'éducation de la jeunesse, à celle des hommes faits et à l'entraînement des athlètes professionnels. D'autre part, à Élis et à Olympie, les athlètes candidats aux palmes olympiques composaient la clientèle ordinaire des gymnases athlétiques, soumis à une réglementation particulière'. Sans doute devaient-ils payer un droit d'entrée. L'administration des gymnases était confiée à des magistrats spéciaux, gymnasiarques [GYMNASIARCHIA], cosmètes [COSIIIETAE], secondés par des hypogymnasiarques, des hypocosmètes, des pédonomes et des épimélètes. Sur ces fonctionnaires, et sur le personnel enseignant, gymnastes, pédotribes et professeurs divers, on trouvera des renseignements aux articles spéciaux qui leur sont consacrés 2. Le personnel subalterne comprenait des employés chargés de l'entretien du bâtiment et du matériel, tels que l'épistate de l'Académie ;' et l'épimélète du Lycée', un gardien de palestre ou 77aaataTpotpua«,un portier (Oupcipdç), des garçons (u7trip€T«t) et des employés divers, la plupart esclaves, chargés du service des bains, de la cuisine : aliptes [ALIPTES], xaavsi ç, denudator gimanasius !i.ystpo;, etc. Les comptes déliens montrent que le gymnase de Délos, administré par les hiéropes d'Apollon, était surveillé par des agents salariés du sanctuaire. Le palaistrophylax Midas, sans doute un esclave acheté par les hiéropes, touche une indemnité de 120 drachmes pour sa nourriture 6. Pour les exercices et les concours, nous renvoyons le GY11 LNASTÈS (Puil.va6Trlç). Personnage qui dirigeait les exercices de gymnastique d'une façon méthodique; il est souvent confondu par les anciens eux-mêmes avec le PAIDOTRIBÊS. Le gymnaste avait surtout à déterminer le genre d'exercice auquel chacun devait se livrer selon sa constitution ; il s'attachait à mettre le corps et les muscles dans un état déterminé'. Le pédotribe enseignait les manoeuvres, faisait exécuter les exercices prescrits, sans: s'occuper des effets qu'ils devaient produire sur la santé ; ce qui suppose naturellement que tout gymnaste possédait la science du pédotribe et lui était supérieur. Il était chargé aussi d'examiner ceux qui voulaient devenir athlètes, d'apprécier leurs aptitudes spéciales et de surveiller le régime de ceux qui se livraient aux excercices. Les gymnastes étaient très habiles à reconnaître, à certains signes extérieurs, les écarts de régime dont les athlètes se rendaient coupables et indiquaient les moyens de remédier aux conséquences de ces irrégularités 2. Ils accompagnaient les athlètes ou les adolescents aux jeux publics ; ils les guidaient probablement dans les exercices préparatoires, et pendant le concours Iui-même ils tâchaient de leur être utiles, en les excitant, les menaçant, les réprimandant; quelquefois même ils avaient recours à la ruse pour leur faire remporter le prix. Au temps de la dégénérescence des institutions athlétiques, on en vit prêter, à gros intérêts, de l'argent aux athlètes qui voulaient acheter de leurs adversaires une victoire facile On érigea des statues à certains d'entre eux aussi bien qu'aux vainqueurs olympiens eux-mêmes, probablement pour reconnaître l'excellent enseignement qu'ils leur avaient donné . Il y eut des gymnastes spéciaux pour la course, d'autres pour la lutte et le pancrace, pour les exercices « légers » et pour les exercices « lourds » [ATIILETA] 5. Les soins qu'ils donnaient se rapprochaient à beaucoup d'égards de ceux des médecins ; sans doute leurs prescriptions étaient surtout hygiéniques, mais parfois ils ordonnaient' des purgations ou des remèdes pour assouplir les parties du corps endurcies, pour en fortifier d'autres, les tranformer ou les échauffer. Ils guérissaient les fluxions, l'hydropisie, la phthisie, l'épilepsie, non pas comme les médecins par des affusions, des potions et des topiques, mais par les exercices et les frictions. On en vit quelques-uns étendre beaucoup plus loin l'exercice de leur art 7. Les gymnastes étaient très souvent d'anciens athlètes forcés par l'âge à renoncer aux concours et à chercher un gagne-pain dans l'enseignement de la gymnastique. On peut citer comme les plus célèbres : Iccus de Tarente, qui avait remporté le prix du pentathle à Olympie' ; Hippomaque d'Élée, qui remporta le prix du pugilat des adolescents, après avoir vaincu successivement trois adversaires sans recevoir une seule blessure9 ; Mélésias d'Athènes qui remporta, à Némée d'abord, un prix comme adolescent, puis un autre au pancrace comme homme fait; il s'établit à Égine et eut l'honneur de compter parmi ses disciples j usqu'àtrente vainqueurs 10 D'autres athlètes se faisaient gymnastes, parce qu'ils n'avaient pas réussi dans les jeux publics. Enfin il y en avait aussi qui n'avaient jamais été athlètes. Le moyen le plus ordinaire de débuter dans la carrière consistait sans doute à acheter une palestre et à y donner des leçons pour de l'argent. D'après Philostrate", le gymnaste était recouvert d'un manteau (Tp( wv), quand il oignait les athlètes, sauf à Olympie, où les gymnastes étaient obligés d'accomplir leurs fonctions dans un état de nudité complète. Les'monuments de l'antiquité représentent fréquemment des personnages en manteau et armés de la verge, qui dirigent les exercices gymnastiques [GYMNASTICA, fig. 3679 à 3682]: ce sont des pédotribes ; olé n'y reconnaît à aucun signe GYM 1699 GYM certain des gymnastes, qui pourraient être figurés dans la même attitude. On mentionne des progymnastes 1, qui étaient probablement des employés inférieurs du gymnase. BUSSEMAKER.