Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

HARA

IIARA. Ce terme chez les Romains désigne : 1° Une partie séparée de l'étable à porcs [sUILI:]. Les agronomes latins qui se sont occupés de l'élevage en grand font tous les mêmes recommandations pour la porcherie. La truie, lorsqu'elle arrive au terme de la gestation, doit être isolée : elle courrait de grands dangers en restant avec le troupeau'. Les petits, pendant la période d'allaitement, seront enfermés avec leur mère, sinon elle nourrira indifféremment tous ceux qui se présenteront, et les porcelets des différentes portées se mêleront les uns avec les autres2 ; il faut empêcher cette confusion et en même temps faciliter les soins et la surveillance. C'est d'après ces vues qu'était dirigée la construction des étables séparées, harae. Elles étaient placées les unes à la suite des autres sous une galerie ouverte ou hangar, porticus, et adossées au mur qui soutenait le toit'. Les animaux étaient mis ainsi à l'abri des vents froids et de la pluie. La clôture de chaque étable devait être assez élevée pour empêcher la truie de s'échapper ou de se blesser en l'essayant` : Varron conseillait une hauteur de 3 pieds (Om,887) 6, Columelle de 4 pieds HAR (1'1,18)'i D'hara n'était point couverte : on pouvait donc aisément voir quand les soins de propreté étaient nécessaires, donner la nourriture, empêcher les petits d'être écrasés par la mère ou les enlever quand ils étaient morts'. La porte, établie du côté opposé au mur de la galerie, était placée au-dessus d'un seuil élevé d'un pied et d'une palme (0'1,369) : les petits ne pouvaient donc le franchir lorsque la mère sortait pour aller boire ou paître'. 2° Le mot para ne se trouve chez les classiques que dans la précédente acception. Il fut cependant appliqué à une partie du poulailler aux oies (chenoboscion), lorsque l'élevage de ces volatiles réclama les mêmes précautions que l'élevage des porcs. Vers la fin de la République, la basse-cour devint un des produits les plus importants de la ferme. De grands personnages, comme Metellus, Scipion, Seins, eurent d'immenses troupeaux d'oies °. Il fallut isoler les mères au moment de l'incubation 7, les petits tant qu'ils étaient faibles et sans défenses. Pour les premières, on construisit, avec du ciment ou des briques 9, des cellules qui devaient avoir deux pieds et demi (0'1,739) dans tous les sens, suivant Varron f0; 3 pieds (0'1,887), suivant Columelle 11. Chacune était munie d'une porte solide afin d'empêcher toute évasion'. Elles étaient disposées sous un hangar, porticus, et appuyées contre un mur en pierres sèches qui avait 9 pieds de hauteur (2°',66) f3. Pour les petits, on se contentait de construire un réduit soit sur terre, soit sous terre 14 (Varron appelle ce dernier du nom caractéristique de spelunca 15) où on les parquait par groupes de vingt i6. Quelle que fût la forme de l'hara, on veillait à ce que le sol fût bien sec et on le couvrait de paille ou de foin 17. Emme JuLLIEN. 11ARMA11AXt1 (ipp.âi cc), voiture de voyage, affectée chez les nations asiatiques, notamment chez les Perses', au transport des personnes. Les Grecs virent ce véhicule pour la première fois à l'époque des guerres Médiques'; ils le désignèrent par un mot composé, rappelant à la fois leur char léger (xplt.u, connus) et leur chariot pesant (xu.açu, PLAUSTRUM). On pourrait se demander comment ces deux éléments étaient conciliables; la figure 3701 le fait com V. prendre de la façon la plus claire ; elle reproduit un basrelief assyrien, conservé au musée Britannique 3. Le véhicule qu'on y voit représenté se compose de deux parties : le train d'avant, porté sur deux petites roues, devait avoir une forme demi-circulaire; il était découvert et fermé par devant; ici il semble entouré d'une sorte de treillis; il servait de plate-forme au cocher, qui pouvait s'y tenir debout; comme on voit, c'est exactement le petit char dont les Grecs se servaient dans Ies combats et dans les courses (âplt.a). Le train de derrière est beaucoup plus volumineux; il repose sur deux roues d'un plus grand diamètre que celles de devant; il est quadrangulaire, couvert, entièrement fermé, et dépasse la hauteur d'un homme debout sur le plancher; c'est ce train qui est proprement le chariot, où se tiennent les voyageurs. L'harmamaxa des riches et des personnages de haute condition était généralement de dimensions beaucoup plus considérables; plusieurs personnes pouvaient s'y coucher à l'aise'. Elles étaient cachées à tous les yeux par des courtines et des tapis (rxrly-t , 772pa77ET«7g.zrx, aÛ)x:ac) 5, que l'on pouvait tirer du dedans°. La caisse était ornée d'applications de métal, quelquefois d'or ou d'argent'. Ces véhicules splendides servaient surtout aux monarques et aux grands seigneurs de l'Orient pour transporter leur harem avec le personnel d'eunuques et de servantes qui y était attaché; c'est ce qui explique qu'ils fussent si jalousement défendus contre les regards indiscrets'. Pourtant les hommes se faisaient aussi voiturer dans l'harmamaxa quand ils accomplissaient un long voyage. La coutume chez les Perses était d'emmener avec eux à la guerre, dans le plus grand apparat, ces énormes carrosses chargés de leurs femmes légitimes, de leurs concubines, de leurs enfants et de leurs domestiques. Le char funèbre qui transporta de Babylone à Alexandrie les restes d'Alexandre, était construit sur le modèle de l'harmamaxa orientale; il faut en lire la description dans Diodore; c'était un véritable monument; on y attela, pour l'amener jusqu'à Alexandrie, soixante-quatre mulets à la fois. On lui avait donné la forme d'un temple péristyle; quoique les motifs de la décoration paraissent avoir été empruntés en majeure partie à l'art grec, il devait rappeler l'harmamaxa des Perses par l'agencement des pièces du train et par la splendeur de l'ensemble 9. Les Grecs et. les Romains ne semblent pas avoir adopté l'harmamaxa en dehors des pays où elle était d'un usage séculaire ; Quinte-Curce écrit encore : « quas [Persee] armamaxas appellent 10. » Cependant à partir du temps des Antonins, ce mot est appliqué par quelques auteurs aux chars de parade qu'occupaient les images des dieux et les ministres de certains cultes dans les processions religieuses". Lucien s'en sert même pour désigner les brillantes voitures des riches particuliers; il semble le considérer comme tout à fait synonyme de CARPENTUM12. On 2 IIAR 10 IIAR ne peut nier du reste que l'harmamaxa présentât des analogies avec le carpentum des Romains. GEOOGEs LAFAYE.