Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

HELIOS

IIELIOS [soL]. IIELLANODIItiAI (`E),),avoôixxt). Magistrats dont l'autorité s'étendait sur tous les Hellènes assemblés dans les jeux olympiques. Leur titre faisait allusion à cette juridiction universelle' et à la règle qui repoussait des concours tout autre que les Grecs Le nombre des 1[ellanodikes varia suivant les vicissitudes de l'État éléen 3. A l'origine, Iphitos, le fondateur des jeux olympiques, en fut le seul ordonnateur 4. Il légua ce privilège à son '1ivoç, celui des Oxylides 6. Selon Pausanias 6, on attendit la Le olympiade (580 av. J.-C.) pour nommer deux IIellanodikes, pris indistinctement dans les grandes familles d'Élis Mais l'innovation doit être rapportée au temps où Élis partageait avec Pise la direction des jeux' : dès la KXVIIIe olympiade (668) 61 II EL chacune des deux villes fut représentée à Olympie par un président 1. De la Le olympiade datent seulement l'exclusion de Pise 2 et le monopole des Éléens. Pour la LXXVe olympiade (480) on nomma neuf Hellanodikes 3. Ils fonctionnaient par groupes de trois : on suppose que ce nombre de trois correspondait à celui des tribus patronymiques dans un temps où l'H lide était dominée par l'aristocratie Huit ans après (472), onarriva au nombre de dix 5. Comme chaque Hellanodike était alors sans nul doute le délégué d'une tribu 6, il faut croire que les Éléens venaient de substituer dix tribus locales aux trois tribus religieuses et accommodaient leurs institutions administratives aux besoins politiques de la démocratie'1. Dans la CIII' olympiade (368), les Éléens divisèrent leur pays, agrandi par la conquête, en douze tribus et le nombre des Hellanodikes fut porté à douze 8. Contraints de céder aux Arcadiens une partie de leur territoire °, ils ne formaient plus, dans la CIV' olympiade (364), que huit tribus : il n'y eut plus que huit Ilellanodikes 10. Mais dès la CVIIP olympiade (318) on rétablit le nombre de dix tribus et de dix Hellanodikes Ce changement fut le dernier. Les Hellanodikes conservèrent longtemps ou toujours quelques attributions qui rappelaient la royauté dont ils étaient primitivement investis. On voit, d'après une vieille inscription12, l'Hellanodike intervenir dans des sacrifices offerts par les Éléens. Ainsi s'explique que les Hellanodikes aient de tout temps procédé à des purifications 13 et reçu des serments devant l'autel ". Un autre document 15, qui remonte à la lointaine époque où il n'y avait encore qu'un Hellanodike éléen 1G, nous le montre à la tête du tribunal constitué par les démiurges : il inflige l'amende légale aux rois des tribus et au magistrat suprême pour irrégularité dans la procédure introductive ; il prononce la sentencé d'après le verdict rendu; s'il ne le fait pas, il est passible d'une amende au double lors de la reddition des comptes. Voilà l'origine des peines corporelles 17 et pécuniaires f 8 qui sanctionnèrent de tout temps l'autorité des Hellanodikes. Enfin, ils ne cessèrent jamais de porter dans les cérémonies la pourpre, insigne de la dignité perdue 79. Depuis que le privilège des Oxylides avait été aboli, tous les Éléens pouvaient prétendre à la charge d'Hellanodike 20. Mais, en fait, le tirage au sort21 portant sur les candidats désignés par le peuple 22 devait écarter quiconque n'était pas issu des familles nobles et riches". IIEL On préférait sans doute les amateurs d'exercices gymniques et de chevaux : nous connaissons un llellanodike qui, enfant, avait remporté un prix aux jeux olympiques et qui voyait son nom sur cette liste de vainqueurs qu'il faisait mettre à jour2'. Les Ilellanodikes étaient nommés tous les quatre ans, probablement au début de la quatrième année de l'olympiade, puisqu'ils entraient en fonctions dix mois avant les fêtes25. Mais on ne saurait dire si, les fêtes une fois terminées, ils conservaient trois ans un titre sans attributions. Le collège des Hellanodikes se partageait en trois commissions qui se chargeaient respectivement d'organiser et de surveiller les courses de chevaux, le pentathle et les autres concours. Ces commissions, chacune de trois membres, avaient été instituées à l'époque où le collège comprenait neuf magistrats 26. Elles continuèrent de fonctionner, quand les Hellanodikes furent au nombre de dix : on en voit une 21aux courses de la XCVIe olympiade 28 (396). Peut-être est-ce le président d'une de ces commissions qu'une inscription mentionne comme « épimélète des concours hippiques n 29. Quant au dixième Hellanodike, celui qui ne figurait pas dans les commissions, il avait la présidence de tout le collège30 Dignitaire éponyme 31, il faisait fonction d'athlothète 32, c'est-à-dire distribuait les prix 33 Il y avait à Élis un local affecté aux Ilellanodikes, l'Hellanodikéon 3'. Ils y demeuraient dix mois. Là, sous la direction des nomophylaques, conservateurs des règlements, ils apprenaient les devoirs de leur charge. C'est que les règlements étaient singulièrement compliqués. Le fonds primitif remontait à Iphitos et se lisait sur le fameux disque de l'Héraion 35: il laissait sans doute aux Hellanodikes un pouvoir large et vague comme celui des atsymnètes phéaciens dans l'Odyssée. De bonne heure, il s'était augmenté d'articles nouveaux, puisqu'on racontait que les Éléens avaient, sous le règne de Psammis, soumis aux sages de l'Égypte la législation olympique 36. Chaque siècle y avait ajouté son contingent, et les Hellanodikes devaient avoir fort à faire pour débrouiller une jurisprudence aussi touffue. De leur demeure, les Hellanodikes avaient vue sur l'agora, d'où les séparait une rue 31, et cette rue les menait directement à une porte latérale du gymnase, entrée qui leur était spécialement réservée. Ils allaient au gymnase avant le lever du soleil, pour surveiller les courses ; ils y retournaient à midi pour le HEL -62HEL pentathle et les autres exercices de fond'. Au vieux gymnase, dans le Pléthrion, ils classaient les concurrents par genre d'exercices et par âge 2. Ce classement était bien plus difficile à établir qu'il ne semblerait. L'ambition précoce essayait de surprendre une admission prématurée 3; les concurrents de l'âge intermédiaire entre celui des enfants et celui des adultes tàchaient de se glisser dans une catégorie où ils avaient une supériorité trop facile 4. Pas d'acte public pour fixer une date de naissance : les Ilellanodikes devaient aller aux informations, et surtout voir les jeunes gens à l'oeuvre, pour se rendre compte de leur force réelle. Il y avait souvent contestation : Euripide, par exemple, ne fut pas admis aux concours définitifs de la LXXIXO olympiade, parce que, pendant les exercices préliminaires, il ne s'accorda pas avec les Hellanodikes sur la catégorie qui convenait à ses dix-sept ans 5. Au sortir du gymnase; les Hellanodikes allaient à l'agora : ils y passaient la plus grande partie de la journée, dans le portique Sud, celui qui était coupé en trois nefs par des rangées de colonnes doriques et occupé par des autels de Zeus : de cette place, ils assistaient à l'entraînement des chevaux sur les pistes aménagées entre les portiques'. A l'Hellanodikéon, au gymnase, à l'agora, partout ils achevaient d'acquérir les connaissances théoriques et l'expérience dont ils avaient besoin pour classer hommes et chevaux et devenir de bons juges du camp. Quelque temps avant les fêtes, ils partaient avec les athlètes pour Olympie. A quel moment? Nos documents n'en disent rien. Peut-être en était-il à Olympie comme à Delphes, où la présence des ambassadeurs sacrés se constate déjà un mois avant les fêtes pythiques. On comprend, d'ailleurs, qu'après un long voyage, une rude traversée, il fallait aux chevaux un bon repos, des soins continus et un entraînement méthodique. Pour le voyage solennel, les Hellanodikes ne prenaient pas le chemin le plus court, celui qui traversait la région montagneuse; ils suivaient la voie sacrée qui longeait le littoral. Le premier jour, ils faisaient halte à la source Piéra, sur l'ancienne frontière d'Élis et de Pise. Là avaient lieu les cérémonies purificatoires, sans lesquelles nul ne pouvait exercer de fonction sur le territoire de l'Attis : ils immolaient un porc et accomplissaient les lustrations avec le sang de la victime et l'eau de la source 7. Ils passaient la nuit à Létrinoi. Ce n'est que dans la seconde journée qu'ils faisaient leur entrée à Olympie. A Olympie, ils avaient leur local, comme à Élis. C'était sans doute 8 un des édifices situés en dehors de l'Attis et voisins de la porte par laquelle entraient les cortèges °. A peine arrivés, ils se rendaient au Bouleuterion, devant l'autel de Zeus Herkeios. Ils sacrifiaient un verrat. Debout près des chairs de la victime, ils recevaient les serments des concurrents, de leurs parents et maîtres, qui tous s'engageaient à ne point commettre de fraude f0. A leur tour, ils juraient de juger en toute équité, de ne pas se laisser corrompre et de garder le secret sur les motifs de leurs arrêts 12. Ils avaient à prendre des mesures pour remettre en état le gymnase f2, les constructions et les champs de course abandonnés depuis près de quatre ans. Ils accordaient probablement les autorisations nécessaires à ceux qui voulaient faire des discours ou des récitations pendant les fêtes 12. Ils exerçaient une surveillance plus rigoureuse que jamais sur les exercices des jeunes gens et des chevaux 1', avant de dresser les listes définitives des concurrents''. A ce moment, le jeune homme qu'ils rejetaient de la classe des enfants pouvait encore demander son inscription dans celle des adultes15; le propriétaire dont la bête était reconnue trop âgée pour courir comme poulain pouvait encore se décider à la faire courir comme cheval en pleine croissance 17. Les Ilellanodikes étaient tenus d'exclure les esclaves et les barbares", les repris dejjustice condamnés pour homicide ou sacrilège, 49, les individus qui n'avaient pas acquitté une amende prononcée contre eux à Olympie et les citoyens des États qui se trouvaient dans le même cas 20. Ils refusaient d'admettre quiconque ne s'était pas présenté dans les délais légaux"l n'avait pas accompli le stage obligatoire de trente jours22 ni prêté le serment exigé. Durant les fêtes, les Hellanodikes étaient partout au premier rang. Au moment même où le soleil se lève, salués par un coup de trompette, ils s'avancent à pas lents et majestueux 23, vêtus de pourpre, et derrière eux s'allonge la file de ceux qu'ils vont juger''. Ils entrent dans l'Attis par la porte voisine du prytanée. A travers des flots de curieux, ils se dirigent vers l'allée souterraine, la Crypte, qui fait suite à la rangée des zanes et mène au remblai du stade 23. Par ce chemin invisible ils gagnent l'estrade officielle. Leurs sièges élevés dominaient l'extrémité du stade vis-à-vis de la borne. Ils en avaient d'autres à l'entrée de l'hippodrome 2G. Autour des Ilellanodikes venaient siéger les prêtres et les magistrats d'Élis, les députés des cités, les hôtes publics. Comme les simples particuliers de chaque nation avaient leur place marquée autour de la piste, une place près des Hellanodikes était un honneur très recherché : la vanité mondaine intriguait pour obtenir la satisfaction de se pavaner dans la tribune réservée 27; heureux les étrangers qui avaient pour proxène un Hellanodike28 et le connaissaient personnellement 1 Les Hellanodikes font un signe : une fanfare retentit, puis ce cri lancé par un héraut : « Que les coureurs se présentent ! » Les juges font procéder à l'appel des concurrents. Chaque nom est proclamé tout haut : docimasie suprême, où l'on invoque le témoignage de la foule. L'un des Hellanodikes adresse aux candidats quelques mots HEL G3 HEL d'encouragement' et ordonne une dernière fois aux indignes de se retirer. Sous le contrôle des présidents, l'alytarque fait tirer au sort les coureurs, pour leur assigner leur place. Enfin un coup de trompette donne le signal du départ 2. La borne sert toujours de but : dans la course simple, on part de l'autre bout du stade : dans la course double, on pari des Hellanodikes pour revenir à eux. De tous les concours, c'est la course simple qui excite le plus d'émotion et demande chez les juges la plus scrupuleuse attention : celui qu'ils proclameront vainqueur donnera son nom à l'olympiade. Pour la lutte, le pugilat et le pancrace, le tirage au sort exige une surveillance minutieuse : il s'agit d'apparier les athlètes. A chacun d'eux les présidents attachent un alyte, qui l'empêche de regarder la lettre qu'il a prise dans l'urne de Zeus : il faut attendre que tous aient retiré leur jeton, pour que l'alytarque ou l'un des Hellanodikes vienne accoupler les adversaires d'après la lettre qu'ils ont amenée 3. Les juges avaient l'entière direction des concours. L'ordre des épreuves était peut-être déterminé par le règlement ou par l'usage; mais les Hellanodikes pouvaient y apporter quelque changement. Dans la CCXLI ' olympiade (188 ap. J.-C.), ils décidèrent que le pancrace précéderait exceptionnellement le pugilat, pour permettre à un candidat qui se présentait aux deux concours de prendre part au premier en bonne forme 4. Surveillant toutes les phases des concours, les Hellanodikes notaient toutes les infractions au règlement. Ils déclaraient disqualifié tout concurrent qui avait porté un coup déloyal'. Si l'on se montrait notoirement inférieur à soi-même, ils appréciaient si ce n'était pas l'effet d'une complaisance vénale : une victoire achetée ne comptait pas. Ils n'acceptaient pas non plus comme valable la victoire acquise à la lutte ou au pugilat par la mort de l'adversaire 6 ; ils pouvaient, au contraire, faire couronner le cadavre de la victime'. Après chaque concours, les Hellanodikes faisaient proclamer par un héraut le nom du vainqueur 8, de son père et de son pays : l'athlète ou le maître du char venait recevoir de leurs mains une branche de palmier 9. Le dernier jour des fêtes avait lieu la distribution des prix. Devant les députés de la Grèce entière qui se pressaient dans le grand temple de Zeus, le président des Hellanodikes posait sur le front des olympioniques les fameuses couronnes " 6 cueillies sur l'olivier sauvage d'Héraclès" et ornées de bandelettes. Puis les juges se mettaient en tête du cortège officiel qui se rendait aux autels des douze dieux pour un sacrifice solennel et au prytanée pour le banquet de clôture 12. Pour assurer l'exécution de leurs ordres et faire la police des jeux, les Hellanodikes avaient à leur disposition des agents armés de fouets. Ces rhabdouques ou ntastigophores s'appelaient alytes. Ils étaient commandés par l'alytarque 13. Ce préfet de police, haut magistrat dont le zèle était souvent récompensé par une statue était chargé par les Hellanodikes d'opérer les tirages au sort, pour placer ou apparier les rivaux, et de faire respecter les barrières par les curieux. Aidés des alytes, les Hellanodikes faisaient prévaloir en toute circonstance'le règlement. De par la Ioi, ils interdisaient aux femmes, sous peine de mort, d'assister aux jeux et même de traverser l'Alphée pendant les fêtes' ; ils exigeaient, pour faciliter la surveillance, que les maîtres des concurrents fussent nus pour suivre les exercices 16; ils ne toléraient aucune manifestation contre leurs arrêts. Les Hellanodikes exerçaient une juridiction disciplinaire. Le Lacédémonien Lichas fit courir son char sous le nom du peuple thébain, à une époque où l'accès des jeux olympiques était interdit à ses compatriotes ; mais quand son cocher fut vainqueur, il courut le ceindre d'une ténie, pour faire voir à qui était le char primé. Les Ilellanodikes lui infligèrent la peine du fouet '7. En général, ils condamnaient à payer des amendes au dieu. Ils avaient souvent à réprimer des actes de corruption' 8. La première fois qu'ils eurent à sévir contre ce délit, ce fut dans la XCV1IIe olympiade (388), où un pugiliste thessalien avait acheté trois de ses rivaux 19. Ils punirent pour le même motif, dans la CXIfe olympiade (332), un athlète athénien et ses complices 20 ; puis deux fois, à une date inconnues' et dans la CLXXVIII0 olympiade 22 (68 av. J.-C.), des lutteurs rhodiens ; dans la CXC1P olympiade (12 av. J.-C.), les pères de deux lutteurs qui avaient conclu une entente frauduleuse au nom de leurs fils 23; enfin, dans la CCXXVIe olympiade (124 ap. J.-C.), des pugilistes égyptiens 24. D'autres fois, leur juridiction était mise en mouvement par des voies de fait. Dans la CCXVIII° olympiade (92 ap. J.-C.), Apollonios Rhantès d'Alexandrie avait été forclos, aux termes du règlement. Son concurrent Héraclide, n'ayant plus d'adversaire, obtint la couronne sans lutte. Au moment où il allait la chercher, Apollonios, les mains armées du gantelet de combat, se précipita sur lui et le poursuivit jusqu'auprès des Ilellanodikes. Cet emportement lui coûta cher ".11 arriva une seule fois qu'un athlète fut condamné pour lâcheté : ce fut un pancratiaste d'Alexandrie, qui, dans la CCP olympiade (211 ap. J.-C.), s'était sauvé de peur la veille du concours 20. Les Hellanodikes étaient encore très sévères pour toute manoeuvre déloyale. Dans la LXXVe olympiade (480 av. J.-C.), Théagénès de 'Masos concourut à la fois pour le pugilat et le pancrace. Au pugilat, il l'emporta sur Euthymos, le vainqueur de la précédente olympiade; mais, déjà battu par son rival dans la lutte, il ne pouvait remporter le prix du pancrace. Les Hellanodikes, considérant qu'il ne s'était présenté au pugilat que dans l'intention de faire injure à Euthymos, le condamnèrent à payer deux talents, l'un au dieu comme amende sacrée, l'autre à l'offensé comme dommages-intérêts Y7. Les amendes prononcées par les Ilellanodikes servaient à faire fondre ces statues de Zeus en bronze que les Eléens nommaient zanes. On en voyait toute une rangée dans l'Altis, au pied du mont Kronios, le long de la terrasse des trésors28. Sur les piédestaux, des inscriptions rappelaient le châtiment et l'équité des juges. On a remarqué, par l'exemple de Théagénès, que les Hellanodikes exigeaient des coupables de fortes sommes; leurs sentences en matière de corruption rapportaient toujours 11EL exemple les Propylées, qui devaient orner l'Acropole consacrée à Athéna'. Après le prélèvement du soixantième, quel usage font les hellénotames du reste des tributs? Ce point est encore très obscur. Cependant il est vraisemblable que les hellénotames fournissaient euxmêmes, directement, sur leur propre caisse, les sommes nécessaires d'abord pour les guerres et les fêtes fédérales, puis, de plus en plus et cela au grand mécontentement des alliés 2, pour les besoins propres des Athéniens, pour leurs constructions 3, leurs fêtes, leurs distributions publiques. Mais en temps ordinaire il y avait des excédents qu'on utilisa de la manière suivante pour constituer ce qui avait manqué jusque-là à Athènes un trésor de guerre : les hellénotames remettaient les sommes restantes soit dans le courant, soit à la fin de chaque année aux trésoriers d'Athéna qui les gardaient et les administraient, en même temps que le trésor particulier de la déesse, dans leur nouveau local, l'opisthodomos du temple du Parthénon '. Les deux trésors étaient-ils entièrement confondus ou avaient-ils seulement un local et des administrateurs communs? Il est difficile de répondre à cette question 6. Il paraît cependant probable que le trésor de l'Iitat était absolument confondu avec celui d'Athéna qui comprenait ainsi, outre ses ressources personnelles, telles que les produits du fermage de ses biens, la dîme des biens confisqués et le soixantième des tributs, la réserve de l'État formée des excédants soit des tributs, soit des autres revenus. L'emploi des sommes ainsi incorporées au trésor d'Athéna était subordonné à certaines formalités ; le citoyen qui voulait faire voter par le peuple une dépense importante, payable sur ce trésor, devait préalablement obtenir l'autorisation spéciale dite SEta 7. Les versements ainsi obtenus étaient des prêts à intérêt que l'État devait régulièrement rembourser 8. Les trésoriers d'Athéna remettaient les sommes votées par le peuple aux différents magistrats compétents, par exemple aux stratèges', et surtout aux hellénotames qui à leur tour les utilisaient selon les besoins du moment, en particulier pour les frais des campagnes, la solde des troupes, la triérarchie, l'entretien, en temps de paix, des chevaux des chevaliers (cf' oç) 1°, l'indemnité des athlothètes des Panathénées " , la distribution de la diobélie pendant les fêtes 1'. En somme la plus grande partie de l'argent dépensé pour la guerre et les fêtes devait passer par les mains des hellénotames 13. A certaines époques de détresse financière les trésoriers d'Athéna leur remettaient même des objets précieux pour les vendre et en affecter le produit aux opérations militaires 1« Les hellénotames subsistent jusqu'à la fin de la guerre du Péloponèse; en 411, au moment du coup d'état des Quatre-Cents, ils figurent dans le plan de la nouvelle constitution parmi les magistrats qui devaient être nommés par le Sénat 1U; ils disparaissent avec le premier empire maritime d'Athènes et ne sont pas rétablis dans la seconde confédération". Cu. LÉcIIVAIN, IIELLOTIA(`Gaa Acta). I. Fête annuelle de l'Europe Crétoise [EUROPA], unie à Zeus sous le platane de Gortyne, par le EEOÔç yzu,o;. 'Nous n'en savons que ce que nous raconte Athénée' : l'épisode principal était une procession dans laquelle on portait une guirlande de myrte colossale (vingt coudées de tour), qui portait le nom d'llellotis, comme la déesse elle-même ; la guirlande était censée renfermer les ossements d'Europe. L'origine, peut-être phénicienne, du nom lui-même reste obscure'. II. Fête d'Athéna IIellotis à Corinthe. C'était une fête importante ; Pindare célèbre un athlète qui y a remporté jusqu'à sept victoires'. Elle consistait surtout en une course aux flambeaux pour les jeunes gens'. Les anciens ne s'accordaient pas sur l'origine de ces jeux ; les uns la rapportaient à la victoire d'Athéna sur le cheval de Bellérophon, Pégase; les autres rappelaient la légende d'une jeune Corinthienne, llellotis, brûlée vive dans le temple d'Athéna, lors de l'invasion dorienne ; un temple nouveau aurait été alors consacré à Athéna Ilellotis, et des jeux solennels institués'. Enfin, d'après une autre interprétation, Athéna IIellotis serait d'origine phénicienne6; le culte d'Athéna Hellotis serait venu de Crète; cette déesse, comme l'Europe de Gortyne elle-même, serait une personnification de la lune; et la course aux flambeaux rappellerait précisément le mythe lunaire III. Athéna Hellotis était adorée à Marathon, oit il LIIL -67I1EL semble que des jeux aient été célébrés en son honneur 1. IV. On a supposé quelquefois que le mot `A),d'r' , qui désigne des fêtes en l'honneur d'Athéna Aléa de Tégée, n'était qu'une variante du mot `E),a,Ttx ; mais l'hypothèse est hasardée [HALOTIA] 2. LOUIS Couve.